Certifiée conforme
À quoi ça me servir d'aller me faire couper les tif' ? Est-ce que ma vie sera mieux une fois que j'aurai mon certif' ?
En ces temps de récession économique et d'effondrement moral de la société, il ne fait pas bon être jeune pas-encore-diplômée-mais-bientôt-promis, surtout avec un CV atypique par rapport aux postes que l'on prétend être capable de tenir.
Malheureusement, je suis dans ce cas, c'est pour ça qu'il ne me semblait pas prématuré de commencer à chercher sérieusement en septembre dernier un emploi pour septembre prochain.
Et je me suis pris échec sur échec sur échec. J'ai parlé du résultat d'une
des premières tentatives dans Premier d'une longue série. D'ailleurs
avec le recul, j'ai conscience que j'avais dans cet article sous-estimé la
valeur de simplement avoir une réponse : si c'était bien le premier d'une
longue série de refus, c'était la première et dernière réponse explicite
que j'ai eue à mon racolage mes sollicitations.
Au début de l'année civile, en voyant les résultats catastrophiques de mes offres de travail, je me suis dit que le plus facile à arranger serait peut-être de mettre dans mon CV des trucs en rapport avec les postes que je vise, histoire de mettre en confiance un éventuel recruteur.
On dirait qu'à ce stade la clarté m'interdit de continuer de laisser dans le flou les postes que je visais : le développement logiciel, ou l'administration système UNIX. Des trucs très geeks, que j'ai appris à faire surtout pendant mes loisirs, et aucune formation officielle ni aucun diplôme n'appuie mes prétentions à être capable de tenir ce genre de postes.
J'aurais peut-être mieux fait de me souvenir de ce que je disais vers 2003, qu'il vaut mieux pour moi que l'informatique reste un loisir, vu mes idées plutôt arrêtées sur certains sujets et ma vision des choses assez particulière et très peu répandue parmi les « vrais » informaticiens (enfin ceux qui gagnent leur vie avec ça, quoi) que j'ai pu rencontrer de près ou de loin.
Bref, dans l'espoir d'amadouer du recruteur et de finalement trouver une source de revenus, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de passer une certification BSD. Vu que j'utilise FreeBSD au quotidien depuis presque deux ans, et que je connais plutôt bien le standard POSIX qui sert de base à tous les BSD, je pensais que ce serait à ma portée.
J'étais beaucoup plus sceptique quant à l'intérêt pratique de cette
certification : je sous-estime peut-être les recruteurs français, mais j'ai
l'intuition que la plupart d'entre eux n'apporterait pas trop de crédit un
diplôme en anglais attestant de compétences sur un système obscur
qu'ils ne connaissent pas. Mais bon, pour deux heures et 75$, c'est
toujours bon à prendre et ça ne peut pas faire de mal, au pire ça ne sert
qu'à rien.
En sortant de l'examen, j'étais persuadée de l'avoir complètement raté. C'était un QCM, et je ne savais que trop à quelle proportion de questions j'avais répondu au hasard. Les connaissances POSIX ou UNIX ou de presque tout ce qui est commun aux quatre BSD est d'une utilité assez limitée, les questions portaient plus sur les spécifiés de chaque BSD. Et malgré même si je connais assez bien FreeBSD, je n'ai qu'entr'apperçu NetBSD et OpenBSD, et je n'ai jamais vu de DragonflyBSD. Ça ne fait peut-être pas tout-à-fait trois quart de questions répondues au hasard, mais certainement plus des deux tiers.
Pour avoir le certificat, il faut un score normalisé d'au moins 500, sachant que les scores possibles vont de 200 à 700. Donc à ce stade il me semblait clair que c'était mort, et que j'allais devoir m'en passer pour convaincre un recruteur de bien vouloir être assez gentil pour me laisser accéder au stade de l'entretien d'embauche.
Donc j'ai laissé tomber cette histoire, qui m'est complètement sortie de la tête, jusqu'à récemment, quand j'ai trouvé ça dans ma boîte aux lettres :
Finalement, j'ai réussi cet examen, je suis certifiée conforme BSD
Associate \o/
J'imagine que l'explication est soit que j'ai eu beaucoup de chance, soit que lorsque j'ai répondu au hasard, ce n'était pas complètement au hasard : même si POSIX et FreeBSD ne permettent pas d'avoir la bonne réponse sur la majorité des questions, ils permettent de détecter une partie des mauvaises réponses. Du coup le hasard n'intervient plus qu'entre les réponses plausibles restantes, et le résultat est significativement meilleur que le hasard pur.
Et si on a répondu juste à un tiers des questions, et répondu au hasard au reste mais en ayant une chance sur deux d'avoir la bonne réponse, on se retrouve quand même avec les deux tiers des points.
Je ne sais pas si ce bout de papier va me servir un jour, mais il a l'air assez joli pour être encadré (tous mes autres diplômes ne peuvent pas en dire autant).
Paroles : Laurent Voulzy – Rockollection
Commentaires
1. Le samedi 8 mai 2010 à 12:27, par Roberto :
C'est bien.
2. Le mercredi 12 mai 2010 à 12:23, par W :
Rien a ajouter qui ne soit évident mais allons-y quand même : c'est cool, bravo !
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