Blogoversaire

Je sais que ce n'est plus tellement dans l'air du temps de regarder les URL, mais si vous le faites en passant vous avez peut-être remarqué que mes billets de weblog commencent par un nombre à trois chiffres hexadécimaux, et que le précédent portait le numéro 0FF.

Le présent billet, qui porte le numéro 100, est donc le deux‐cent‐cinquante‐sixième dans ma numérotation. Ça reste un nombre rond, quoiqu'hexadécimalement, et c'est l'occasion de se poser et de partager mes pratiques bloguesques, telles qu'elles se sont stabilisées après plus de quinze ans de blogage.

Le cas du vrac

Je vais commencer par évoquer le cas des billets de liens en vrac parce qu'il est dans la zone floue de mon sujet, un peu billet de weblog mais pas complètement non plus.

Le billet En vrac (1 ?) est clairement bloguesque, car en plus de m'essayer à l'exercice je commente dessus, et je donne des tenants et des aboutissants. Il a le numéro 0CE (deux-cent-six).

À partir du billet En vrac 2 il n'y a plus que le tas de liens, mais je lui ai encore attribué un numéro (0D1, soit deux-cent-neuf).

J'étais tiraillée entre la tradition bloguesque, qui consiste à mettre ça dans son blog dans un billet comme un autre ; ma ligne éditoriale, qui met dans le weblog toutes les informations qui « périment », comme un journal, qui a formé le mot « weblog », alors que le reste du site contient des choses plus intemporelles, ou du moins dont l'intérêt pour les gens-du-futur et les gens-du-présent est similaire ; et mon intuition que c'est un exercice trop différent du reste de la rédaction de weblog pour vivre dans la même partie.

À partir du billet En vrac 3 j'ai adopté le compromis de les laisser dans le « dossier » du weblog, mais sans leur attribuer de numéro (ni de fichier dédié dans l'espace de stockage).

Pour honorer cette ambigüité, je vais soigneusement glisser ce problème sous le tapis et confondre allègrement les ensembles différents que sont les billets sous le dossier weblog et les billets rédigés dans une intention bloguesque.

L'espace et le temps

L'évolution la plus flagrante depuis l'ouverture de ce site début 2009, c'est la diminution du rythme de publication, depuis le foisonnement bloguesque de 2009, jusqu'à un plancher à un billet par mois depuis 2014, à quelques exceptions près.

Graphe du nombre de billet publiés chaque
mois

Le plancher est facile à expliquer : il évite le « trou disgracieux dans les archives » que j'évoquais en passant dans les billets 0A9 et 0F6.

Le logiciel que j'utilise comme moteur de weblog gère les archives comme des tags, et les tags n'existent qu'implicitement quand une page s'en sert. Donc si je ne publie pas de billet pendant un certain mois, ce mois n'apparaît pas du tout dans le cadre « Archives » juste à droite du billet.

Le dernier trou dans les archives remonte à 2014, qui contient par exemple des idées en vrac sur la lecture, et le cadre « Archives » passe directement de « Septembre 2014 » à « Juillet 2014 » et de « Mars 2024 » à « Janvier 2014 ».

Je n'ai pas encore eu l'impression de devoir aller jusqu'à produire du filler juste pour tenir le rythme mensuel, j'ai toujours eu assez de choses à dire. J'aime croire que le jour où je n'aurais vraiment rien à dire j'aurai le courage d'accepter le trou dans les archives, ou de corriger le moteur de blog pour afficher explicitement les mois vides, plutôt que de recourir à des contenus que moi‐du‐futur ou copie‐imaginaire‐de‐moi‐qui‐ne‐me‐connait‐pas trouveraient inintéressants.

En revanche, la deadline de fin du mois a un net effet déclencheur de billets, et l'immense majorité de mes billets, celui-ci compris, sont publiés en fin de mois.

J'aime bien cette façon d'équilibrer mon emploi du temps entre la relativement faible importance que l'entretien de ce weblog a dans ma liste de priorités et la continuité de cet entretien.

Parallèlement à ce ralentissement, il y a une inflation exponentielle de la taille des billets :

Graphe du nombre de mots de chaque billet en fonction de sa
date de publication

Je triche un peu, j'avais déjà fait ce constat il y a deux ans, et David Madore a constaté la même chose chez lui, au point de se demander si c'est un phénomène généralisé.

J'imagine qu'il y a, au moins chez moi, un parallèle inverse dans la diminution de la fréquence des commentaires. Je n'ai honnêtement pas le courage de sortir des nombres pour regarder un graphique, car je ne suis pas complètement isolée émotionnellement des preuves que mes écrits sont lus.

Je ne sais pas trop à quel point ces mesures de commentaires indiquent quelque chose sur le nombre d'humains qui me lisent. J'imagine que l'éviction des blogs par les rézosocio et le mépris général envers les commentaires diminuent leur envoi à lectorat constant, mais je ne me rends pas trop compte de l'impact direct des rézosocio sur la quantité de lectorat bloguesque, surtout pour un weblog comme le mien.

Ciblage

À l'époque de l'ouverture de ce site, c'est-à-dire avant la fin de la grande période des blogs, c'était avant tout un moyen de communication avec un groupe plus ou moins amical, une sorte de salon numérique persistant et asynchrone.

C'est ainsi que dès les débuts de ce weblog, forte des itérations précédentes, je le voyais déjà comme une façon pratique (pour moi) et efficace (pour les lecteurs qui s'en donnent la peine) de donner des nouvelles à ceux qui se considèrent comme (numériquement) proches de moi.

Je ne me souviens plus exactement à quel moment j'ai commencé à écrire pour moi‐du‐futur en plus d'écrire pour les proches‐du‐présent, car ce glissement est trop assimilé et intériorisé pour que j'arrive à retrouver mon état d'esprit précédent. J'aimerais beaucoup savoir si j'ai développé cette cible secondaire par imitation de David Madore ou si je l'ai fait indépendamment, peut-être après vécu la déception de ne pas retrouver assez de moi‐du‐passé dans mes archives. Même si je ne vois pas du tout ce que je ferais de cette information.

Aujourd'hui, et depuis plusieurs années, je n'arrive pas à me défaire de l'impression de publier dans le désert. Je ne sais pas trop dans quelle proportion il s'agit d'autodévalorisation de base et de doutes légitimes, et cette impression est d'autant plus douteuse qu'elle évacue la question de combien de personnes il faut pour qu'un lectorat cesse d'être un désert. Est-ce que ça changerait quelque chose si j'étais lue par une seule personne ou par trente ?

Bref, malgré tous les défauts de cette impression d'avoir perdu mon lectorat, sans l'aura de moi‐du‐futur qui trouverait peut-être avec joie des traces d'un état d'esprit disparu depuis longtemps, je pense que ce weblog aurait déjà périclité il y a plusieurs années.

J'espère que cet aveu ne va pas causer trop de sentiments négatifs dans (ce qu'il reste de) mon lectorat. Ça fait longtemps que je ne suis plus en train de projeter des choses vers vous dans l'espoir de faire naître des étincelles de joie, je ne fais plus que vous proposer une place dans mon wagon sur les montagnes russes de ma vie, peu importe ce que vous y trouvez.

La fabrique de saucisses au blog

Si on regarde de plus près mon processus de fabrication de billet de weblog, il faut reconnaître que ce n'est pas joli-joli. C'est généralement l'équivalent textuel de la vidéo face caméra téléversée sans montage.

Il y a évidemment quelques exceptions, mais j'ai du mal à en trouver en cinq minutes en dehors des inventaires et quelques jouets.

La seule chose qui fait que mes billets ont un peu plus de structure que les flux de conscience qu'on rencontre parfois sur certains supports, c'est qu'ils sont conçus loin du clavier, dans un coin de ma tête où les concepts sont forgés et assemblés sans les contraintes d'une langue, et une fois devant mon vim préféré je ne fais plus que sérialiser (et souvent étoffer) cette construction mentale.

J'ai prévu un article de natologie qui développe cette idée, mais comme ça fait trois éternités et demie qu'il mijote et il n'est toujours pas cuit, je le résume à la hache ici un paragraphe.

La conséquence concrète est que la grande majorité de mes billets ne sont pas vraiment relus. J'essaye toujours de relire, par principe, même si je sais pertinemment que le plus souvent je me remémore ce que j'ai voulu écrire au lieu de relire ce qui est effectivement écrit.

J'imagine que ça ne vous surprendra pas, vu toutes les coquilles qui persistent dans toutes les pages du présent site. (Et le fait qu'elles servent de « preuve d'humanité » dans cet internet pollué aux LLM ne va pas améliorer la motivation pour les corriger.)

Ce qui m'embête un peu, c'est que j'ai l'impression de plafonner depuis longtemps dans cet exercice. À force de faire toujours pareil, écrire un billet de plus ne me donne plus l'impression de me faire progresser en écriture.

Ce n'est pas un mal tant que je me satisfais des bénéfices d'avoir un nouveau billet sans le bénéfice de l'avoir écrit, mais si je peux bénéficier des deux ça m'intéresse. Et ça m'intéresse d'autant plus que la communication écrite est une partie importante de ma vie professionnelle et de ma vie personnelle en dehors de l'entretien d'un weblog, et encore plus fort depuis que j'ai lu les opinons de Dan Luu sur l'écriture.

J'adorerais pouvoir utiliser mon temps de blogage comme un temps de perfectionnement à l'écriture, mais je n'arrive pas à imaginer de façon d'y arriver sans un investissement initial prohibitif et très risqué. Je suppose que je peux profiter de ce billet pour faire un appel au public, tous les conseils seront bienvenus (mais pas forcément suivis).

Conclusion

Je ne sais pas trop comment finir ce billet, alors j'ai demandé à ChatGPT, et sa réponse ne rend pas optimiste sur la contribution de LLMs à ce weblog (ou rend optimiste sur la persistance du texte 100 % humain).

Il suggère de parler de mon développement personnel grâce à ce weblog, et j'ai immédiatement rejeté l'idée, même si en vrai il y en a peut-être eu et je suis juste mal placée pour la percevoir.

Autrement, il parle ou suggère de parler d'engagement, de croissance, et de communauté, qui semblent être complètement dans l'air du temps sur les « gros » sites (voire les sites « réussissent » ?), mais qui sont à l'inverse de ce qui arrive sur le présent weblog, et même ce que je souhaite à ce site.

Certes, je ne serais pas contre avoir ce que ces mots désignent littéralement, mais je suis opposée à leur érection en tant que valeurs, ou même comme objectifs. Ou au moins aux pratiques généralisées ces jours-ci qui revendiquent ces valeurs ou objectifs.

Donc sans vouloir tourner le dos au conseil de finir sur une phrase pleine de possibilités, j'aime bien la niche dans laquelle ce site se retrouve enfermé, et je n'ai pas tellement l'intention d'essayer d'en sortir.

Publié le 30 septembre 2024

Tags : Évènement

Mon deuxième carton

Vous connaissez l'histoire de Pav la voiture ?

À ce stade je tire peut-être un peu sur la définition de « carton », donc je vais commencer par mettre de l'ordre dans tout ça. Je parle ici d'Aliens Versus Predator Accident sur la Voie Publique, mais si je comptais toutes les fois où j'ai subi des dégâts matériels sur une voie publique, j'en serais à mon quatrième :

Donc pour ne pas utiliser une définition de « carton » éhontément ad-hoc comme « accident évoqué sur ce weblog », on va dire que j'appelle « carton » un accident de la circulation avec des blessures, même mineures.

Je constate quand même une certaine accélération de ce type d'évènements dans ma vie, et ça soulève quand même quelques questions inconfortables.

Le choc

C'est l'histoire d'une voiture arrêtée sur l'autoroute.

L'histoire se déroule sur une autoroute française, alors que mon homme et moi revenions de deux semaines de vacances, et que nous avions parcouru moins du tiers du trajet. Mon homme était au volant, et j'étais à la place du mort passager.

Nous avions choisi un jour de semaine pour éviter le pire du trafic de la fin août, et nous étions plutôt satisfaits de ce choix, car nous n'avions rencontré encore aucun ralentissement notable, et la densité de voitures était plutôt légère jusqu'à assez peu de temps avant tout tourne mal.

Il y a eu un ralentissement marqué devant nous, et nous avons ralenti.

Ça ralentissait étonnamment fort, et le freinage est devenu inhabituellement appuyé. J'étais penchée en avant et retenue par ma ceinture de sécurité.

Je n'arrive pas à saisir la mémoire de ce moment pour déterminer s'il y a eu une phase entre « freinage appuyé » et « piler », mais je n'ai jamais de ma vie connu de freinage aussi fort dans une voiture. Et je ne suis pas sûre d'avoir connu un freinage aussi fort en moto, physiquement ce serait vraisemblable, mais entre la position différente et le fait que je sois conductrice en moto, la force ressentie de mes freinages en moto a toujours été plus faible que celui-ci.

Nous nous sommes arrêtés contre la remorque de la voiture devant nous.

Là encore, je ne suis pas complètement certaine que nous étions vraiment complètement arrêtés, mais c'était subjectivement arrêté par rapport aux 110 km/h quelques dizaines de secondes plus tôt.

Je ne suis pas non plus complètement sûre que nous ayons touché la remorque devant, mais tout le reste du monde semblait d'accord sur le fait que c'était le cas. Je crois que j'avais senti ou entendu une touche, mais plutôt du niveau de ce qui peut arriver dans un créneau et qui ne conduit à aucune conséquence matérielle.

À ce stade, je prends mon souffle, je ne ressens guère plus que la contrariété habituelle de quelqu'un qui est arrêté sur une autoroute. Ce moment de contrariété mineure a probablement duré moins d'une seconde. J'aimerais beaucoup savoir exactement dans quelle position j'étais pendant ce moment-là.

Ma mémoire n'a pas l'air en parfait état sur ce qu'il s'est passé ensuite.

Je crois qu'il y a eu un bruit de glace pilée en même temps que je me retrouvais projetée vers l'avant. Ma tête a heurté le montant entre le pare-brise et la portière.

Je crois que j'avais conscience que j'étais cognitivement diminuée. Peut-être seulement « un peu sonnée ». J'imagine que je voulais laisser du temps à la machine biologique pour récupérer.

Factuellement, je suis restée à ma place, attachée à mon siège. J'ai descendu le pare-soleil pour y regarder mon visage, et j'ai vu une grosse bosse sur la droite de mon front. Je l'ai prise en photo.

Pendant ce temps, mon homme est sorti pour aller voir la situation. Je ne me souviens plus comment il m'a dit qu'on avait l'arrière un peu abîmé, mais je n'avais pas compris la gravité de la situation, j'imaginais que c'était une question de faire un constat et de reprendre la route ensuite. Il m'a répondu que la voiture ne pourrait pas repartir, mais ces mots n'avaient pas de sens.

Plus de cinq minutes après le choc, je me suis sentie en état de sortir de la voiture pour aller voir. J'ai éteint le moteur, je me suis détachée, j'ai traversé l'habitacle sans plus de difficultés de coordination que d'habitude, et je suis sortie par la portière gauche. J'ai pris des photos.

Ma voiture avec l'arrière droit enfoncé et la roue déformée Elle va marcher beaucoup moins bien, forcément.

Et comme on dit après la récré', t'aurais dû voir la tête de l'autre…

Prises en charge

Et Pav, la voiture.

Ma mémoire n'a pas voulu conserver grand-chose de la suite immédiate.

Je crois que je n'avais pas l'impression de confusion au sens neurologique, mais je sentais que ça n'allait pas fort du tout, et je n'ai pas cherché à faire quoi que ce soit d'autre qu'attendre.

Les gens devant nous, avec la remorque, étaient repartis et s'étaient arrêté à la borne d'appel un peu plus loin.

Les gens derrière nous ne pourraient pas repartir non plus, et nous avons tous attendu une éternité et demie que les différents services publics arrivent.

Un motard s'est arrêté pour aider, et c'est la seule personne non-impliquée qui ait participé avant l'arrivée des services publics. Je me demande s'il y a un lien entre cette intervention et le fait que ce soit un motard ; un automobiliste ou un scooteriste aurait-il fait de même s'il n'y avait pas déjà un tiers ? Ou un motard quelconque aurait-il la même probabilité de s'arrêter que n'importe quel automobiliste ? Et moi en tant que motarde, serais-je à ce niveau une honte pour la motardie ? Je crois qu'il est parti juste après l'arrivée des pompiers.

À un moment les pompiers ont bloqué la circulation pour nous faire attendre à droite de la glissière extérieure, au lieu de entre les voitures cassées et la glissière centrale. Il m'a fallu du temps pour comprendre les signes du pompier et surmonter l'impression de super-mauvaise-idée pour traverser l'autoroute.

Il me semble que j'ai été la première à avoir été examinée par les pompiers. À ce moment-là j'avais surtout un mal de tête, d'un niveau de douleur que j'étais incapable de chiffrer (au grand dam du pompier) mais de l'ordre de mes crises hémorroïdaires habituelles, et une douleur nette mais plus faible au niveau de la bosse. J'ai eu droit à un « pack de froid » qui a opportunément calmé ces deux douleurs.

Toutes les autres personnes impliquées ont été examinées par les pompiers, et en parallèle la police faisait son travail, que je n'ai pas vraiment compris, en dehors de la verbalisation de mon homme pour non-respect des distances de sécurité.

De ce que j'ai compris, c'est moi qui ai pris le plus cher, les autres n'ont pas eu plus que des marques de ceinture de sécurité.

Au bout d'une éternité trois-quarts, le pompier m'a annoncé que le médecin du SAMU a considéré qu'aucune hospitalisation n'était nécessaire. J'ai du droit à un deuxième pack de froid pour quand l'autre serait vide, et les services publics nous ont laissés avec le dépanneur (privé).

Environ 75 minutes après le choc, les voitures étaient chargées sur le camion et nous sommes partis en direction du garage.

Une fois au garage, nous nous sommes répartis les tâches : mon homme s'est occupé du constat et du déchargement, pendant que je téléphonais à l'assistance et à l'assurance.

Je suis un peu grincheuse parce qu'il a oublié de récupérer la trousse de premier secours, le verre pliant que Sea-to-Summit n'a plus l'air de faire, et le support de téléphone Ram Mount qui est probablement overkill pour un intérieur de voiture. Objectivement, il a pensé à tellement d'autres choses que je ne peux pas lui en vouloir, et je n'aurais peut-être pas fait aussi bien à sa place. Je me souviens de plusieurs occasions où j'ai été surprise qu'il ait pensé à récupérer telle ou telle chose.

La voiture a été emmenée vers un garage agréé pour attendre le passage de l'expert, et je ne m'attends pas à la revoir (ni son contenu).

le Rapatriement

Si je me sentais presque en forme en arrivant au garage, les choses ont commencé à se dégrader lorsque mon deuxième pack de froid a expiré.

Entretemps j'ai eu le temps de passer tous les coups de fil nécessaires pendant que ça allait encore. L'assistance de la Maif s'est révélée très efficace, et je me suis retrouvée avec la promesse d'un taxi qui nous emmènerait à la gare avec une bonne marge, et des billets de train électroniques.

Ça me semblait logique que le froid atténue la douleur, et qu'en son absence la douleur revienne, donc tant que c'était à un niveau inférieur à ce dont je me souvenais dans le camion de pompier, je ne m'inquiétais pas.

J'ai commencé à m'inquiéter quand il n'y avait pas que la douleur qui revenait, mais aussi une sensation que « houlà ça ne va vraiment pas là ».

J'ai fini de m'inquiéter quand j'ai vomi tout ce que j'avais avalé dans les six heures qui ont précédé, à savoir deux verres d'eau.

Je ne sais pas trop quel est le niveau général d'information dans la population, ni parmi le lectorat de mon weblog, mais un principe de base qui m'a été inculqué en secourisme et en cours de neurophysiologie, c'est que les vomissements après un traumatisme crânien, ça pue grave.

Donc j'ai appelé le 15 pour demander conseil auprès du médecin-régulateur.

Il a jugé que des vomissements trois heures après le choc, sans aucun autre symptôme neurologique, ça ne justifie pas de foutre en l'air les plans de rapatriement. Et comme j'avais eu ma dose de tracasseries administratives, je n'avais aucune envie de renoncer à arriver chez moi le soir même, donc j'ai accueilli volontiers ce conseil.

Je n'en menais pas large du tout dans le taxi vers la gare, j'ai regretté de ne pas avoir demandé de sac en papier, mais j'ai réussi à tout garder dans le ventre le temps du trajet.

Quelques minutes plus tard, environ quatre heures après le choc, j'ai vomi dans un caniveau entre le parking de la gare et son entrée.

Le trajet en train n'a pas été confortable du tout, malgré les places en première classe. En regardant dehors j'étais à peu près aussi nauséeuse qu'en lisant dans une voiture, et c'était un effort continu de lutter contre ces nausées.

En sortant de la gare, le coup de stress pour retrouver le taxi réservé par l'Assistance a été diaboliquement efficace pour clarifier l'esprit et réduire les nausées, mais je me demande dans quelle mesure je l'ai payé ensuite.

Nous sommes arrivés à la maison sans encombre ni vomissement, avec un trajet 60 % plus long que prévu, ce qui n'est finalement pas mal du tout pour une épave qui a fait un peu moins du tiers du trajet.

Incertitudes du soir

Donc j'étais physiquement chez moi, et dans une forme relative.

Je sentais la fatigue, le coup de fouet du stress de sortie de gare commençait à s'estomper, mais la douleur était gérable et les nausées encore très faibles.

D'ailleurs je ne me souviens plus tout à quel moment du voyage la céphalée est passée à un niveau de douleur inférieur à la bosse, mais c'était le cas pendant toute la soirée. J'imagine que j'étais trop occupée à gérer les nausées pour prêter attention à la texture des douleurs.

J'ai commencé par me dire qu'il était peut-être temps d'avaler des choses, parce qu'avec trois verres d'eau vomis depuis le choc, et aucune nourriture solide depuis le croissant du petit-déjeuner, mon corps était sans doute sur réserves.

J'ai prudemment mangé le sandwich préparé pour la route, en prenant une demi-heure pour manger la demi-baguette. Et ça se passait plutôt bien.

Pour ajouter quelques calories et du soutien moral, j'ai pris une demi-tablette de chocolat, en cinq bonnes minutes. Et la nausée est revenue en force, et avec elle le pas‐en‐forme général.

En parallèle de ça, une partie de mon cercle amical semblait s'insurger contre ma perspective de passer une soirée chez moi sans voir de médecin après avoir manifestement subi un traumatisme crânien significatif.

Je n'étais honnêtement pas rassurée non plus, mais l'intuition que j'ai tirée de mes études, de mes formations, et du passage aux urgences après mon premier carton, me laissait penser qu'une situation grave se manifesterait par des symptômes autrement plus graves.

J'ai quand même briefé mon homme sur les symptômes à observer (surtout convulsions et confusion, je m'attends à pouvoir gérer le reste moi-même), je suis quand même allée me coucher, sans avoir la complète certitude que je me réveillerais le lendemain.

Incertitudes du matin

Le lendemain matin, je me suis réveillée.

Les douleurs ont disparu pendant la nuit, et ne suis pas réapparu depuis. Sauf évidemment quand j'appuie sur (ce qui reste de) la bosse, mais pourquoi est-ce que je ferais ça ?

La nausée avait disparu aussi, mais elle est revenue en force après avoir bu un café sucré (histoire de refaire le stock de calories), alors que le café précédent et le café suivant, tous les deux sans sucres, n'ont pas eu de conséquence.

Donc je me suis dit que tout n'était peut-être pas si normal que ça. Et peut-être que mon intuition sur la rapidité et la spectacularité des dégâts neurologiques n'est pas si bonne que ça.

Entre la persistance de la nausée et la pression d'un peu partout dans mon entourage pour être vue par un médecin, j'ai redemandé au conseil au médecin-régulateur du 15.

J'aimerais beaucoup savoir pourquoi celui-ci a jugé pertinent de m'envoyer aux urgences, contrairement au précédent, aussi bien pour ma culture personnelle que pour faire face plus sereinement à une situation similaire dans le futur.

Les soignants font-ils ce qu'ils peuvent

Je me suis donc présentée aux urgences les plus proches, qui se trouvent être les mêmes que là où les pompiers m'ont emmenée après mon premier carton. Il me semble que j'y ai vu le même traumatologue qu'à l'époque, mais je ne suis pas complètement certaine.

J'essaye très fort de garder la même bienveillance qu'à l'époque envers ce service public, parce qu'ils ont clairement un lot de problèmes évitables qu'ils doivent négocier en plus de leur activité nécessaire, et j'aimerais de tout cœur qu'ils aient les moyens de faire leur travail correctement.

Au moins, j'ai été vue par un médecin, mon état de santé est certifié et tamponné conforme.

Je ne sais pas exactement ce qu'il a eu le temps de voir en moins de quatre minutes et trente secondes, explications comprises, mais j'en suis sortie avec une ordonnance dafalgan-primpéran-arnica et un dépliant avec le chat de Geluk. Et un compte-rendu sur lequel il a dû corriger au stylo la cause de « chute » en « AVP ».

D'après lui, les nausées et les vomissements ne sont pas significatifs seuls, et mon cas relèverait uniquement du « stress post-accident ».

J'essaye très fort d'y croire, parce qu'en plus ça a l'air vraisemblable : ce sont des symptômes qui peuvent avoir des tonnes de causes différentes, et des problèmes d'intégrité structurelle du cerveau devrait avoir des conséquences plus spécifiques, quoique peut-être plus tardives. Donc ce serait tout à fait cohérent que le « ça pue grave » soit inculqué aux secouristes pour qu'ils fassent attention au tout début, lorsque les symptômes spécifiques sont trop subtils ou pas encore manifeste.

Malheureusement, j'ai beaucoup de mal à tirer cette leçon de mon expérience.

Entre le ratio du temps que ça m'a pris au temps utile, qui est pas loin de soixante, les erreurs manifestes dans la situation évaluée par le médecin, le ton et la communication non-verbale qui ont accompagné son discours, et l'ambiance générale de ce service d'urgence qui me donne littéralement l'impression que mourir n'est pas une alternative si pénible, j'ai juste envie de mettre l'ensemble de l'expérience aux oubliettes.

La gueule du lendemain

J'ai beau tourner en dérision l'ordonnance que j'ai reçue, il est de fait que je n'ai plus vomi, et j'ai pu manger de façon habituelle dès le lendemain.

Il me reste des vagues de nausées mineures, encore au moment d'écrire ces lignes, mais c'est tout à fait supportable sans soutien chimique, et ça n'affecte pas mon appétit.

Les douleurs ne sont pas réapparues, mais la bosse s'est élargie, et sa couleur est descendue dans les yeux. J'ai donc un très joli déguisement de panda, juste à temps pour la nouvelle extension de World of Warcraft.

Concrètement, la bosse s'est élargie au point d'enfler presque tout le front, et mon casque à vélo est trop petit. Je ne peux donc pas utiliser mon vélo pour aller travailler.

J'ai fait un trajet pendulaire en bus, et les regards que j'y ai reçus n'avaient pas l'air d'y voir un déguisement de panda, et ce n'était pas super-confortable. J'ai pu négocier du télétravail en attendant de retrouver un visage moins marqué.

L'impact psychologique

Vis-à-vis de la route

Dans tout ce qui précède, je n'ai parlé que de ma santé physique. Et le mental dans tout ça ?

Je n'ai pas l'impression d'avoir été traumatisée par cet accident. Je ne suis pas retournée dans une voiture particulière depuis, mais le taxi est une expérience très similaire, et le bus aussi dans une moindre mesure.

Il faudra vérifier, parce que la dernière fois j'ai eu des vagues d'angoisse assez surprenantes dans des jeux assez étroits de circonstances. Je ne suis pas complètement sûre de l'impact de telles vagues si je suis conductrice, mais ça ne me rassure pas complètement.

Le plus marquant, c'est que j'ai l'impression de devoir ma vie à la carrosserie de ma voiture.

J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, je ne vois aucun choix personnel qui puisse éviter cet accident, ni aucun équipement personnel qui puisse en rendre les conséquences acceptables.

Exactement la même situation en moto, je ne vois aucune façon de s'en sortir.

Je le savais déjà théoriquement, mais il y a bien une différence psychologique entre savoir qu'une situation peut se produire et la vivre pour de vrai.

Donc autant je me sens capable de reprendre la route en voiture, quitte à serrer les dents le temps que le cerveau reptilien se calme, et quitte à toujours considérer les voitures comme des objets en sursis (c'était déjà plus ou moins le cas) ; autant je ne sais pas trop à quelle échéance je pourrai reprendre la moto sur des axes rapides en circulation dense.

Tant que ma tête ne rentre pas dans le casque la question ne se pose pas, et pour les balades dans la campagne il ne devrait pas y avoir de problème, mais je me demande vraiment si je pourrai refaire des trajets pendulaires en moto. Et cette question n'est pas anodine pour mon avenir professionnel.

Vis-à-vis des gens

Une autre dimension psychologique, c'est la pénibilité de raconter encore et encore la même histoire à chaque fois que je rencontre un groupe de gens différents, après l'avoir racontée encore et encore à tous les professionnels impliqués et à tous les cercles familiaux et amicaux.

D'ailleurs il y aura peut-être des gens qui vont apprendre cette histoire par le présent billet, alors que la bienséance aurait voulu que je leur en parle directement et plus tôt. Je leur présente mes plus plates excuses.

Pourtant je n'ai objectivement pas l'impression de l'avoir racontée plus souvent que les évènements majeurs passés. Je ne sais pas s'il y a quelque chose de particulier dans cet évènement, peut-être dans l'insistance des premières réactions le soir même, ou si c'est moi qui ai évolué, mais là je n'en peux juste plus.

J'ai même failli ne pas du tout rédiger ce billet, pour économiser une répétition de cette histoire. J'ai pris sur moi uniquement en pensant à moi‐du‐futur qui voudrait autant de détails que possible sur cette histoire, de la même façon que moi‐du‐présent a été contente de retrouver autant de détails sur mon premier carton.

Il m'est arrivé plusieurs fois de bloguer en espérant plus ou moins un effet cathartique, et je l'ai effectivement obtenu plus de fois que je ne l'ai espéré, mais ce n'est pas le cas ici. Je suis passée de la catharsis au saoulage pur il y a un bout de temps.

Je ne sais pas trop comment arranger ça ou en prévenir les occurrences futures.

Conclusion

Je continue de penser que j'ai eu de la chance, aussi bien dans l'ensemble de ma vie sur le nombre d'accidents que dans les dernières années sur leur gravité (même la chute en moto, commencer avec du verglas et finir avec juste une facture totale de 700 €, c'est clairement le mode « facile » pour ma première (et pour l'instant unique) chute).

J'ai listé les conséquences négatives que j'ai subies, et ça reste quand même très léger par rapport à la violence du choc.

Maintenant se pose la question du remplacement de la voiture.

Elle était très pratique pour les vacances, que ce soit chez les parents de mon homme ou les miens, qui habitent dans des zones campagnardes pénibles d'accès en transports en commun ; et pour déplacer des objets encombrants comme des meubles Ikea ou du DEEE.

Je ne crois pas que ça justifie objectivement son prix, mais ça reste plus confortable que toutes les alternatives. Je ne sais pas dans quelle mesure ce confort va me manquer.

Publié le 31 août 2024

Tags : Évènement

Tern Vektron S10

En automne 2022, je vous avais parlé mon vélo électrique pliant Eovolt City X et de mon rapport avec le vélo en général. J'y décrivais en substance que c'est un moyen de transport qui ne me plaît pas vraiment, mais qui me déplaît moins que les transports en commun.

J'avais terminé sur mon hésitation entre utiliser jusqu'au bout ce vélo au bon rapport confort/prix, le remplacer par un vélo plus cher mais plus à mon goût (mais lequel ?), ou essayer d'autres modes de transports musculaires.

Dans cet article je vais donner mon avis sur le vélo Vektron S10 de Tern, juste avant d'atteindre les 2 500 km au compteur, parce que depuis le temps je ne peux plus décemment procrastiner prétendant vouloir me débarrasser des premières impressions trompeuses.

Photo de mon vélo après 2 400 km

Impressions générales

Ce vélo est clairement haut de gamme, relativement gros pour un vélo pliant, et très agréable à utiliser.

J'ai flashé dessus dès l'essai, et même si cette appréciation ne suffit pas à en faire un moyen de transport que j'aime positivement (comme j'aime la moto ou la marche), ce modèle se trouve dans une catégorie nettement au-dessus de tous les autres vélos que j'ai pu enfourcher dans ma vie.

J'ai malheureusement perdu les réflexions de « mobylette ultra-légère à assistance musculaire » que j'avais évoquées dans Le vélo et moi, mais ce sont ces réflexions qui mis fin à l'hésitation que j'évoquais en introduction, pour choisir un vélo électrique confortable qui remplace mon abonnement aux transports en commun.

C'est dans cette idée que je me suis retrouvée à essayer ce Vektron et un certain nombre d'autres vélos dans le même budget, comme Brompton électrique, Moustache, et une autre marque que j'ai oubliée. Même si je sens bien qu'ils méritent tous leur gamme, il n'y a que le Vektron qui m'ait fait ressentir quelque chose de qualitativement différent des autres vélos. Un peu comme mon clavier Topre me donne des sensations tactiles très différentes de tous les autres claviers que j'ai pu toucher, quelle que soit leur gamme.

Je n'ai pas de mots pour décrire cette différence qualitative, et pourtant ça a été la principale raison pour laisser de côté mon Eovolt parfaitement fonctionnel au lieu d'attendre son vieillissement pour le remplacer.

En revanche, je peux dresser la liste d'un certain de nombre de points spécifiques qui m'ont beaucoup plu, même si je suis incapable de mesurer leurs poids respectifs dans mon impression d'ensemble.

Impressions particulières

La rigidité du cadre

Je ne suis pas complètement sûre d'utiliser correctement le vocabulaire, ce que j'appelle ici « rigidité du cadre » correspond au couplage mécanique ressenti entre le guidon et l'ensemble de la selle et du pédalier.

La charnière typique des vélos pliants se situe entre les deux, ce n'est mécaniquement pas la même chose qu'un vélo dont le cadre est d'un seul bloc.

Je crois que cette expression vient de la moto, où il n'existe pas de modèle pliant, mais la géométrie du cadre conduit à une certaine propagation des efforts d'une roue à l'autre, et ça se ressent sur la conduite.

Que mon utilisation de l'expression soit impropre ou non, le bilan est bien que, comme l'ont relevé plusieurs commentateurs que j'ai lus, on sent pas du tout la charnière lorsqu'on conduit le Vektron.

Et je vais même encore plus loin : en plus de la « mollesse » du cadre de certains vélos pliants, il y a aussi une « élasticité » des cadres sans barre horizontale par rapport aux cadres « ouverts » Je préfère moins d'élasticité (donc avec barre), et le Vektron n'est pas loin de ce ressenti, malgré sa géométrie ouverte.

Ce n'est pas une caractéristique propre au Vektron, j'ai trouvé la même chose chez Brompton (quoique plus élastique), mais ça suffit à me dissuader d'essayer un vélo pliant bon marché à l'avenir.

L'assistance électrique

J'avais déjà dit beaucoup de bien de l'assistance électrique Bafang de mon vélo précédent, notamment sur son capteur de couple qui est indispensable pour que je ressente le moteur comme une extension de mon corps.

L'assistance électrique de ce Vektron est un Bosch « Performance », qui est la gamme au-dessus de l'« Active » qu'on trouve sur les gammes légèrement inférieures. Je ne sais honnêtement pas quelle différence ça fait exactement. Les datasheet donnent des différences sur les puissances maximales et les pourcentages correspondant aux adjectifs standards, mais je ne sais pas si ça va plus loin.

Concrètement, en général je ne sais pas vraiment d'amélioration franche dans l'assistance. Le système Bafang me comblait déjà, et si le système Bosch réagit sensiblement plus vite aux commandes de changement de niveau d'assistance, ce n'est pas dans une zone où ça change le ressenti.

Pour situer, ce niveau de satisfaction, c'est que la commande d'assistance est subjectivement équivalente à un changement dans la masse du vélo, sans rien changer d'autre à son comportement.

Et pour chacun des deux systèmes, la différence ressentie entre le niveau d'assistance le plus faible et le niveau le plus fort est beaucoup plus petite qu'entre aucune assistance et le niveau le plus faible.

La seule différence nette se retrouve dans la puissance maximale fournie par le moteur : au printemps je peux monter devant la Porte de Versailles à presque 20 km/h sans arriver en sueur, alors qu'avec mon vélo Eovolt c'était juste impossible, et je poussais le vélo sur cette portion de mon trajet pendulaire.

Tant que je suis dans la comparaison, la batterie Bosch (de 400 Wh) me permet habituellement de faire 7 fois ce trajet, montée comprise. Je pourrais en faire onze en utilisant l'assistance la plus faible et une douche à l'arrivée. L'Eovolt ne permettant que deux trajets, ou trois si je pousse le vélo dans la montée, mais la batterie est beaucoup plus petite.

L'encombrement

Photo de mon vélo replié

Ce vélo est nettement plus gros que l'Eovolt, mais son système de pliage lui donne à peu près la même empreinte au sol lorsqu'il est plié, avec 30 cm de plus en hauteur.

Cette hauteur supplémentaire l'empêche de tenir confortablement sous un bureau, mais j'ai une place dans l'openspace sans limite de hauteur, donc ça ne m'a pas vraiment affectée.

En revanche, le poids supplémentaire de ce vélo change pas mal de choses dans sa manipulation, et je le ressens beaucoup plus comme un véhicule que comme un accessoire.

Comme ce vélo plié se range verticalement, il est aussi un peu plus pénible à manœuvrer. La génération précédente de Vektron avait un porte-bagages à roulettes qui serait fort utile, dès que je trouve assez de courage et de datasheet précises j'essayerai de bricoler un système similaire sur le mien, quitte à lui faire prendre quelques centimètres de hauteur en plus.

La transmission

J'aimais beaucoup la transmission de mon Eovolt à base de courroie et de boîte de vitesses dans le moyeu arrière. Le Vektron fait dans le classique, avec une chaîne et une cassette.

D'un côté j'aime beaucoup l'argument de la réparabilité, grâce à des pièces standard et faciles d'accès, mais je dois reconnaître que le besoin de graissage et l'impossibilité de changer de rapport à l'arrêt sont pénibles.

J'ai assez rapidement pris l'habitude d'anticiper le changement de rapport avant les arrêts prévisibles, donc ça ne me manque pas souvent, mais après un freinage d'urgence, je me retrouve à compter sur le moteur pour pouvoir redémarrer.

Et en vrai c'est même pire que ça, j'ai souvent du mal à m'empêcher de rétrograder pendant le freinage d'urgence ou juste avant de repartir, et je sens que la mécanique n'aime pas du tout changer de rapport pendant les contraintes du redémarrage. Je crains qu'un jour tout ça m'explose entre les pattes, et ce sera un jour très triste.

Dans le même genre, même si j'ai conscience de la nécessité de bien graisser sa chaîne de vélo, je ne l'ai pas encore fait. Il faudrait que je me motive pour trouver du matériel et une procédure à mon goût, et entretemps je traite tout ça par le mépris, ce qui est particulièrement malsain.

Enfin, pour une raison que j'ignore il semble que le nombre de rapports de vitesse soit comme la taille des roues, quelque chose qui augmente inexorablement avec la montée en gamme. Et là, avec ma casse à 10 pignons, c'est trop pour moi.

Quand je n'avais que trois rapports avec mon Eovolt, je trouvais que ça allait bien. Je peux concéder un progrès en passant à cinq ou six rapports, mais là avec dix rapports, je les trouve trop proches les uns des autres, et le fait de devoir attendre le déplacement complet de la chaîne avant de passer au rapport suivant fait que les démarrages et les arrêts sont inutilement longs.

Avec une boîte de vitesses dans le moyeu, je pourrais les passer plus vite et je n'aurais que l'irritation de devoir cliquer un trop grand nombre de fois pour mon goût, mais je pourrais le supporter en ne grommelant que légèrement.

Je ne sais pas trop à quel point on peut bricoler un changement de transmission, mais je ne me fais pas du tout confiance pour le faire de façon fiable, donc ça se finira probablement avec des demandes de devis, donc je n'ai pas encore vraiment besoin de me poser la question.

Caractéristiques

Contrairement à Eovolt, Tern a l'air sérieux sur la pérennité des pages décrivant ses modèles et sur la précision des détails techniques dans ces pages, je n'ai donc pas grand-chose de plus à ajouter à la page du constructeur

Lorsqu'il est plié, j'ai mesuré 44 cm de largeur, 90 cm de hauteur, et 80 cm de profondeur, ce qui est sensiblement plus dans toutes les directions que ce qu'indique la fiche technique, et je n'ai pas vraiment d'explication à ça.

Lorsqu'il est déplié, je règle une hauteur de guidon et de selle à 106 cm, et les quelques centimètres de plus que l'Eovolt sont bienvenus. C'est le maximum pour le guidon et presque le maximum pour la selle, et pourtant je suis assez loin de la limite de hauteur du conducteur indiquée par Tern. Je devrais peut-être consulter quelqu'un qui optimiserait la configuration de mon poste de conduite.

J'ai mesuré 64 cm de largeur de guidon, à laquelle j'ai ajouté dix centimètres de rétroviseur, mais je ne sais pas trop quoi en conclure.

J'ai mesuré 109 cm d'empattement, 52 cm de diamètre de roues (20 pouces), et un porte-à-faux arrière de l'ordre de 4 cm, ce qui ferait une longueur totale de 178 cm. C'est nettement plus que l'Eovolt et je soupçonne que ça contribue au meilleur ressenti.

Les pédales font 17 cm de long, exactement comme l'Eovolt, à croire que c'est standard.

Reste la question des dix vitesses, qui sont documentées comme 11 à 36 dents, ce qui est assez peu informatif. J'ai pu sortir la référence de la cassette, qui a au moins le mérite de donner tous les nombres de dents (11, 13, 15, 17, 19, 21, 24, 28, 32, et 36) pour comparer les rapports entre eux.

Le plateau n'est pas très accessible, et j'ai eu beaucoup de mal à compter les dents. Je suis arrivée à 51 ou 52, avec de gros doutes.

Ça ferait un braquet total de 1.4 à 4.6, pour un diamètre équivalent de 31″ à 93″ ou un développement de 2.3 à 7.4 m.

Si ces nombres sont justes, l'intervalle de développement des trois rapports de l'Eovolt serait couvert entre le deuxième et l'antépénultième rapport du Vektron.

Je suis très rarement sur les rapports les plus durs, je ne suis même pas sûre d'être déjà sortie par ce côté de l'intervalle de l'Eovolt. À l'inverse, je continue de scrupuleusement démarrer en première aussi souvent que possible, alors que ces nombres suggèrent que la deuxième irait bien.

Je crois que ce vélo était livré sans outil, ce qui heurte un peu mon sens de la réparabilité et de la hackabilité, mais je suppose que c'est prévisible dans le haut de gamme.

J'ai construit ma propre trousse à outils, en faisant l'inventaire de toutes les têtes que j'ai pu trouver. Je suis partie sur une base de Wera Bicycle Set en ajustant la listes embouts :

Verdict

Je n'aime toujours pas le vélo en général, et je n'espère plus vraiment que ça change un jour. Peut-être qu'il existe dans ce monde un vélo encore meilleur, qui me fera positivement apprécier son utilisation, mais il faudra que je le rencontre pour y croire. Ce Tern Vektron est ce qui s'en rapproche le plus, il est très loin devant tous les autres vélos que j'ai pu essayer, et il a une place importante dans ma vie en tant que moyen de transport principal.

Dans mes trajets pendulaires, j'utilise le deuxième niveau d'assistance (“Tour”) à l'aller, pour arriver sans plus de transpiration que si j'avais pris le bus. Je fais le retour sans assistance, pour me convaincre que je ne suis pas dépendante du moteur et que je ne serais pas immobilisée par une panne électrique ou un oubli de charge de batterie, et pour rappeler à mon corps comment on monte dans les tours.

Dans les autres trajets, je prends par défaut l'assistance minimale (“Eco”), en passant éventuellement au niveau au-dessus en cas de côte ou de socialisation par temps chaud, ou au niveau au-dessous en cas de retour sans flemme.

Je n'ai pas parlé d'assimilation dans ce billet, alors que c'était une section dans Le vélo et moi, parce ce vélo ne s'assimile malheureusement pas mieux que les autres.

J'ai encore de temps en temps ces moments fugaces et labiles de début d'assimilation, et j'ai l'impression que ça correspond à des moments où mon poids est principalement réparti entre les pédales et la selle, alors qu'habituellement il est plutôt réparti entre le guidon et la selle.

Il faudrait que j'essaye de revoir ma posture (et peut-être les réglages du vélo) pour ne plus mettre (autant) de poids sur le guidon, et je suppose compenser avec les abdominaux. Je ne sais pas si ça suffit, mais c'est une première étape qui a l'air utile même sans gain d'assimilation.

Si ça ne suffit pas, il faudra voir pour transférer du poids de la selle vers les pédales, et j'ai peur des conséquences de cet effort supplémentaire dans les jambes. S'il faut choisir entre l'assimilation et les possibilités du véhicule, le compromis va être difficile.

En tout cas, en tant que moyen de transport principal, je suis pour l'instant très satisfaite de ce vélo. S'il lui arrivait malheur, je le remplacerai probablement par un modèle identique, même si le côté pliant n'apporte plus grand-chose dans la configuration actuelle de ma vie. J'imagine que je ferai quand même le tour des vélos non-pliants pour vérifier, mais je ne m'attends pas à une conclusion différente.

Je reste ouverte à la possibilité d'acquérir un Brompton (qui se voit encore sur ma wishlist) pour les transports multi-modaux (en clair, un vélo à prendre dans le train ou le métro), même si je n'ai ces jours-ci pas vraiment d'occasion d'utiliser ce type de transport, parce qu'une reconfiguration inopinée de ma vie professionnelle peut faire surgir de telles occasions assez rapidement.

Publié le 31 juillet 2024

Tags : Jouets Suite

Graphic Audio

Je me suis mise récemment aux audiobooks, et parmi ces livres que j'ai écoutés se trouvent des interprétations de GraphicAudio, sur lesquelles je vais donner mon avis dans ce billet.

Le retour de la lecture

Un peu comme d'autres domaines, ma vie semble faite de plaques tectoniques qui accumulent lentement des tensions et qui sont brutalement reconfigurées au-delà d'un certain seuil.

Parmi ces plaques, les plus molles sont mes loisirs, et j'ai toujours eu plus de choses que j'aimerais faire que de temps pour les faire. J'imagine que je ne suis pas exceptionnel par cet aspect. Le résultat est que le jeu de loisirs que je pratique est une partie de ce que je voudrais faire, et le reste est plus ou moins provisoirement mis de côté. Les reconfigurations tectoniques brutales correspondent à un changement d'effectif dans ce jeu de loisirs pratiqués.

Ceux qui suivent ma liste de lecture peuvent voir la chronologie des moments où la lecture comme loisir entre ou sort de ce jeu. La dernière sortie en date s'est produite courant 2023, et 2024 a vu un retour un peu différent : je suis passée à la lecture audio.

La motivation du retour est la même que d'habitude, le besoin de fiction que j'avais déjà identifié en 2018 et que j'ai toujours du mal à reconnaître rapidement quand il me travaille.

La motivation du passage à l'audio est simplement de trouver un compromis à mon goût dans la gestion de mon emploi du temps de loisir. Je mutualise simplement le temps que je passe à expulser des calories entretenir mon corps physique et le temps pour satisfaire ce besoin mental.

Ce n'est pas la première fois que je recours à des audiobooks, et j'avais même déjà ébauché mon ressenti de l'écrit contre l'oral en 2017. Je revisiterai peut-être cette question un de ces jours, mais ce que j'avais écrit à l'époque est encore très proche à la réalité de 2024.

La brutalité des reconfigurations tectoniques de mes loisirs fait que je n'ai eu qu'inconfortablement peu de temps pour chercher de quoi m'occuper par les oreilles.

Donc j'ai pris un peu tout ce qui passait à ma portée sans trop réfléchir. Mon homme est un adepte des livres sur HumbleBundle, et quand il a vu passer un bundle d'audiobooks je suis partie dedans sans regarder plus que ça, surtout après y avoir vu des noms que j'aime beaucoup comme Jeaniene Frost et Ilona Andrews.

Un film dans la tête

Quand je pense à un audiobook, j'imagine bêtement quelqu'un qui prend le livre en question et le lit à voix haute, dans un studio d'enregistrement.

La valeur du narrateur n'est pas forcément évidente pour tout le monde, qu'est-ce qu'un humain pourrait bien apporter à un texte par rapport à un programme de synthèse vocale, éventuellement enrichi à coups d'« intelligence artificielle » ?

J'avais déjà un début de réponse avant 2023, par les souvenirs d'enfance de la magie des histoires lues avant de s'endormir. Et même si ça me permettait d'imaginer la qualité d'un bon narrateur, je gardais un peu de méfiance envers ces souvenirs, on trouve de la magie plus facilement dans l'enfance qu'une fois devenue adulte.

Bref, en 2023 je savais qu'un bon narrateur avait quelque chose à apporter, mais j'étais loin d'imaginer les qualités de narration que j'allais découvrir en 2024.

Cela dit, GraphicAudio propose plus loin que la lecture à voix haute, en appliquant un traitement « cinématique » au livre : chaque personnage est joué par un acteur dédié, et de la musique et des bruitages sont ajoutés pour renforcer l'ambiance.

Un peu comme un film, ou un épisode de série télévisée, mais sans les images.

J'ai trouvé l'idée intéressante, et je comprends tout à fait que ça demande la mise en œuvre de moyens qui dépassent largement la lecture à voix haute, et que ça s'en ressente sur le prix.

Bref, j'ai abordé ça comme un audiobook de luxe.

Les goûts et les couleurs

Après avoir écouté plusieurs titres de GraphicAudio, à savoir Tempting Danger, Trading in Danger, Clean Sweep et Broken Mate, je suis bien en peine d'arriver à un verdict.

D'un point de vue technique, je trouve que le résultat est superbe. J'en ai une impression plus « série télé » que « cinéma », mais je ne sais pas trop si c'est pour des raisons techniques en rapport avec la réalisation ou des raisons personnelles en rapport avec l'environnement ou mon vécu.

Je veux saluer la performance technique, et même la performance artistique dans la mesure où je peux la juger, parce que j'ai vraiment l'impression que beaucoup d'efforts ont été mis là-dedans, et que ces efforts ont payé.

Sauf que c'est pas ma came.

Je trouve ça presque triste, parce qu'avec une idée aussi intéressante, une réalisation aussi bonne, et un résultat d'une telle qualité dans toutes les dimensions que j'arrive à évaluer, ils « méritent » de réussir. Ce sont de bons audiobooks qui méritent d'être recommandé auprès de tous ceux qui pourraient les apprécier.

Le fond du problème, c'est qu'en termes d'engagement émotionnel, je réagis beaucoup mieux aux livres qu'aux films et aux séries télévisées, ou aux textes qu'aux vidéos. Donc prendre un livre et le rapprocher d'une vidéo, ben ça ne va pas dans le bon sens pour moi.

Je ne sais pas trop si c'est lié à mon aphantaisie autodiagnostiquée ou à autre chose, mais en termes d'appréciation émotionnelle subjective, les séries que je considère comme excellentes peinent à arriver à la médiane des romans que je considère comme « seulement » bons. Il y a des romans qui me plaisaient tellement peu que j'hésitais à les finir, et c'était un ressenti comparable aux séries moyennes que je suis.

Autant un bon narrateur apporte quelque chose à l'histoire que je suis incapable de construire dans tête en lisant le texte, autant l'ambiance créée par GraphicAudio dans ma tête est terne par rapport à celle que je construis en lisant ou en écoutant un bon narrateur.

Bref, c'est génial, mais c'est ma came.

Conclusion

Je suis un peu embêtée de sortir une critique aussi mitigée pour une gamme qui me semble aussi objectivement intéressante et de bonne qualité.

J'aimerais beaucoup de cette entreprise soit commercialement viable, parce que c'est tellement agréable de trouver des gens misent sur la qualité dans ce monde qui sombre dans la merdification.

En attendant je vais rester aux audiobooks de base, lus par un seul conteur, comme pis-aller faute de temps pour lire avec les yeux.

Publié le 28 juin 2024

Tags : Goûts Lecture

En vrac 11

Voici la première fournée de liens en vrac issue de mon gestionnaire personnel d'iens. À force d'hésiter sur le niveau d'intérêt pertinent pour figurer dans ces pages, j'ai un peu traîné à sortir cette liste, et ça va me servir d'excuse pour faire une liste plus longue que d'habitude (15 iens au lieu des 10 habituels). Il n'est pas prévu que ça se reproduise.

Publié le 22 juin 2024

Tags : En vrac

Voyager léger

Comme le demande la tradition sur ce weblog, le moi de mai est le mois de l'inventaire, et comme je viens juste d'être confrontée à un besoin inhabituel de (contenu de) sac, c'est l'occasion de le documenter.

Contexte du voyage

Ce besoin inhabituel, ça a été partir en avion, pour servir de soutien moral au Perl Toolchain Summit.

Il m'arrive parfois de dire que je déteste l'avion, mais en vrai c'est un raccourci. Je n'ai rien contre le voyage en avion lui-même, je déteste juste les aéroports.

Et même ça c'est un raccourci, parce que je suis en paix avec énormément d'aspects des aéroports, il n'y a vraiment que deux aspects que j'exècre par-dessus (presque) tout.

Le premier, c'est l'impression que les humains y sont réduits à des meubles, entre le bétail et le fret. Dans toute l'expérience limitée de ma vie, je n'ai jamais ressenti plus de déshumanisation que dans un aéroport. Mes expériences les plus proches sont dans les gares, mais il n'y a guère que les gares de RER en heure de pointe avec incident technique ou grève qui pourrait s'en rapprocher ; en général je vis beaucoup moins mal mes passages dans les gares ferroviaires. Mais même si c'est très désagréable, ça reste complètement supportable pour moi.

Le second, que j'ai beaucoup plus de mal à supporter, et qui me met hors de moi à chaque fois, c'est la comédie sécuritaire qui sévit dans ces lieux. Je vomis tous les décideurs et tous les mécanismes et toute la société qui ont pu donner naissance à cette abomination.

Bref, même sans compter les considérations écologiques, qui ne me laissent pas complètement indifférente, je fais tout mon possible pour éviter les contacts directs avec l'aviation commerciale.

Les différentes itérations de mon inventaire ont donc été élaborées avec des contraintes radicalement différentes de celles de l'aviation commerciale et la pseudo-sécurité extrémiste des aéroports.

Donc quand la perspective d'un voyage en avion s'est concrétisée, il a fallu que je reprenne mes listes avec ce tout nouveau jeu de contraintes.

Cahier des charges

Volume et poids

Le plus limitant de prime abord semblait être de faire tout rentrer dans un volume et un poids limités (40×30×20 cm et 10 kg).

Techniquement j'avais droit à deux sacs, le second limité à 55×35×25 cm, avec la limite de poids pour la somme de ces deux bagages. Il parait que la combinaison de ces trois limites suffit à déterminer exactement la compagnie qui m'a fait voyager.

En première estimation, mon ordinateur portable, mon sac-à-dos de vacances habituel vide, et mon sac à main habituel rempli, font chacun environ 1.5 kg. Donc rien que ça, ça épuise presque la moitié de mon budget-poids.

Et rien qu'avec l'indispensable pour dormir et le casque antibruit qui améliore colossalement le confort de l'avion, j'en ai pour pratiquement un kilo de plus.

En voyant les kilos s'accumuler aussi rapidement, je me suis rapidement sentie limitée surtout par le poids.

Comme je me suis sentie très limitée par le poids, je n'ai pas fait spécialement attention au volume, donc je suis partie sur un seul sac. J'ai choisi le plus petit des deux volumes en partie pour ça, et en partie parce que je n'ai pas super-confiance dans la disponibilité des places dans les placards, alors que je suis sûre d'avoir la zone sous le siège.

Remplaçabilité

Une autre contrainte particulièrement prégnante est la résistance aux simagrées pseudo-sécuritaires. J'imagine qu'un vol intérieur dans l'espace de Schengen est beaucoup moins tendu que le worst-of de la TSA qu'on peut voir passer sur les réseaux sociaux, mais ça reste une d'autorité pratiquement arbitraire, vu les coûts de la contestation, tant bureaucratiques que logistiques.

Par exemple, il était donc hors de question d'emmener mon Victorinox Spirit, même s'il est complètement neutralisé, parce que c'est une argumentation trop inhabituelle pour un résultat trop aléatoire, et pour un objet dont la perte m'affecterait beaucoup plus que de juste devoir faire sans.

De façon plus générale, les voyages sont presque par définition des ruptures dans le quotidien, ce qui multiplie les occasions d'oublier et de perdre quelque chose. En général j'ai assez confiance dans mes listes et mes conteneurs habituels, mais les circonstances extraordinaires qui invitent une liste extraordinaire invitent également à plus de prudence sur ce front.

Donc il ne fallait pas simplement réduire les bagages au strict nécessaire pour rentrer dans les contraintes de volume et de poids, mais aussi choisir soigneusement des objets remplaçables ou conventionnels.

Ça rejoint l'idée de la duplication que j'avais développée dans mon esquisse de go bag : un objet est d'autant plus facilement remplaçable que j'en ai une instance dédiée aux voyages, et s'il venait à être confisqué ou perdu il me resterait l'instance du quotidien pour le reste du temps.

Le choix du conteneur

Entre l'optimisation du poids et l'assurance de tenir dans le petit volume même face à un employé peu coopératif, j'ai laissé tomber mes sacs à dos habituels, au profit du RiutBag Crush.

Le mien est de la génération 2017, légèrement différent de celui de 2024, mais il est sur le même principe : c'est un sac à dos, avec ouverture dans le dos et des bretelles réglables et confortables, qui se replie dans sa poche pour tenir dans 22×15×4 cm (le site parle 6 cm d'épaisseur en 2024). Il pèse 235 g, et mesure 40×25×17 cm une fois déplié.

À titre de comparaison, le RiutBag R15.4 que je prends habituellement en vacances mesure 50×35×20 cm, mais comme dit c'est plus son poids qui m'a arrêtée que la gamme au dessus de taille.

J'ai ressorti mes RiutBag R10 et R15 de première génération, que je savais plus petits, mais ils sont à peu près aussi lourds et mesurent 47×36×8 cm et 47×36×14 cm respectivement.

J'ai aussi brièvement envisagé l'Arosa, qui contient souvent mon EDC du quotidien, mais il est trop petit pour contenir un de mes ordinateurs portables, et je doute que son volume soit suffisant pour des bagages de plusieurs jours. Je l'aurais peut-être pris si j'étais partie sur deux sacs, mais sa robustesse se paye sur son poids, donc je l'ai écarté pour ce voyage.

Le contenu

Une sélection d'objets à emmener dans l'avion

Voici une sélection d'objets que j'ai considérés pour ce voyage, qui sont presque tous déjà apparus dans des billets passés. De gauche à droite puis de haut en bas :

Conception préliminaire

J'ai commencé par la photo et sa légende parce que ça me semblait mieux dans l'organisation du texte, quitte à casser un peu la chronologie.

Mon point de départ a été les diverses listes du billet Conteneurs et contenus, en notant au fur et à mesure les « indispensables », dont le manque me feraient annuler le voyage, et le « confort » qui améliorerait suffisamment mon séjour pour avoir de bonnes chances de finir dans mon sac.

Les indispensables sont :

Les objets de confort sont :

Ajustements

À partir des listes ci-dessus, j'ai commencé par supprimer la lime à ongles et le dentifrice, parce que ça avait trop peu de chances de passer la pseudo-sécurité.

J'ai ajouté les lunettes de soleil, parce que Portugal c'est le grand‐sud‐où‐il‐fait‐trop‐chaud ; un sac de courses, parce que c'est léger et ça peut dépanner sérieusement ; et des vêtements de rechange, parce que ça aide quand même à être sociable ; et ça fait à peu près la photo ci-dessus.

Pour gagner un peu de place et éviter de partir avec trop de trucs précieux, j'ai laissé le porte-monnaie chez moi, et j'ai juste pris le porte-cartes, avec son porte-bloc et son mini-stylo habituels, le passe Navigo (pour se déplacer en région parisienne), ma carte bancaire, et 50 € en liquide.

Sur un coup de tête, j'ai aussi ajouté mon lecteur de livres électroniques, parce que j'avais vraiment trop peur que Bifrost me lâche et qu'il ne me reste plus rien pour m'occuper l'esprit.

Bilan a posteriori

Maintenant que l'évènement est passé, je peux ventiler tous les objets suivant l'utilité qu'ils ont effectivement eue pendant mon voyage.

D'abord, ceux qui ont rempli leurs promesses, et dont je me suis effectivement servie :

Ensuite, les objets que j'ai transportés pour rien :

Et pour finir, les objets que je n'ai pas pris et qui m'ont manqués :

Globalement, je trouve que j'ai été plutôt efficace dans la conception des bagages pour ce trajet, je m'attendais à avoir plus de faux positifs et de faux négatifs.

Je suis un peu triste d'avoir raté l'occasion de faire une photo du sac complet, mais il suffit d'imaginer un sac à dos en nylon noir assez bien rempli, qui rentre tout juste dans l'espace prescrit par la compagnie aérienne.

D'un côté je continue d'espérer ne pas être confrontée rapidement (ou du tout) à un autre voyage avec ces contraintes, mais d'un autre côté je pense que ces notes faciliteront la prochaine fois.

Publié le 31 mai 2024

Tags : Évènement Inventaire

Liquidation de prompt

Malgré la mode actuelle autour de l'intelligence artificielle, ce n'est pas de ce genre de prompts dont il va être question. Je vais parler ce qu'on appelle parfois en français « invite de commande », qui est ce qu'un ordinateur affiche pour indiquer qu'il est prêt à recevoir une nouvelle commande et inviter l'utilisateur à l'entrer.

Comme je ne comprends pas très bien comment « invite » pourrait être une inflexion correcte du verbe « inviter », je ne peux qu'y voir un affreux anglicisme, et je préfère l'écrire « invit' », comme raccourci d'« invitation ».

Il s'agit historiquement d'un élément clé des interfaces en mode texte, parce qu'il n'y avait pas tellement d'autre façon d'indiquer si l'ordinateur est occupé ou en attente, surtout avec la tradition Unix de ne rien afficher du tout quand aucune erreur ne se produit.

Si je vais effectivement de parler des prompts en mode texte de mes shells, le même concept se retrouve dans toutes les interfaces qui n'ont pas de canal dédié pour communiquer cet état. Par exemple, certains assistants vocaux indiquent leur activation avec un signal sonore, et c'est effectivement un prompt qui indique que l'activation a bien eu lieu et que l'utilisateur peut dicter sa commande.

Tant qu'il s'agit d'indiquer un état occupé ou disponible, un simple caractère, comme >, suffit largement. Il y a cependant d'autres caractéristiques de l'état courant qu'il peut être intéressant d'avoir en tête pour choisir une commande, au point d'intégrer cette information dans le prompt.

Par exemple, les plus anciens expérimentés d'entre nous se souviennent peut-être du C:\> de DOS, on y retrouve le > traditionnel d'invitation, et C:\ est le répertoire courant, dans lequel tous les fichiers sont lus ou écrits (sauf indication contraire explicite). C'est plutôt important pour s'y retrouver dans ses fichiers.

Il y a donc un équilibre à trouver entre la quantité d'informations qu'on peut afficher, et la place que ces informations occupent. Comme le prompt est présenté avant chaque commande, il est souvent répété et une abondance d'informations peut occuper une place précise qui serait mieux utilisée pour les résultats des commandes.

J'écris ce billet à l'occasion du changement de mon prompt, dans la suite des vents du changement qui soufflent sur mon interface depuis des mois. Mon nouveau prompt est tellement dense qu'il me faut une documentation pour m'en servir, au moins le temps d'en prendre l'habitude, et tant qu'à faire autant la publier, au cas improbable où quelqu'un d'autre que moi s'y intéresserait.

Et comme j'ai fait le tour de mon ancien prompt pour vérifier que je n'avais rien perdu en route, j'en profite pour le documenter aussi, et offrir à moi-du-futur un enregistrement de mon quotidien textuel de 2009 à 2023.

Le reste de ce billet va donc être profondément technique, comme je le signale avec le tag Geek. Mon lectorat peu familier avec les interfaces en mode texte peut donc sereinement arrêter la lecture ici, la suite leur sera probablement peu accessible.

L'ancien prompt

Je sais que j'écris trop, alors je vais commencer par les screenshots :

Captures d'écran de différentes variantes de mon
ancien _prompt_

Circonstances historiques

J'ai détaillé l'histoire de mon environnement graphique dans le billet Ricing, mais je suis passée un peu vite sur les débuts, parce que je les ai largement oubliés.

Je me souviens que ma grosse perte de données la plus récente date de juin 2008, quand l'alimentation de Gomorrhe est tombée en panne et que Dedibox m'a confié Yomi en remplacement, sans aller chercher les disques durs.

À cette époque, j'avais une certaine curiosité envers les BSD en général, et j'avais déjà conclu que FreeBSD était le plus approprié pour mes débuts. Se retrouver brutalement avec un serveur dédié vide a été l'occasion de faire ma première installation BSDesque.

Comme j'ai plutôt bien aimé, j'ai aussi installé FreeBSD sur la machine vide suivante que j'ai eue entre les mains, qui se trouvait être mon poste de travail professionnel. C'était le 7 janvier 2009.

Sous l'influence des gens de #freebsd-fr, que j'étais voir pour chercher de l'aide sur des petits soucis techniques, j'ai essayé zsh le 18 janvier 2009, et j'ai vite été conquise.

C'est peut-être un peu injuste de comparer un bash par défaut avec un zsh configuré aux petits ognons, mais c'est un peu comme ça que ça s'est passé.

Ce prompt historique, qui m'a tenu plus de 15 ans, a été ma première personnalisation de prompt.

Je n'ai plus aucun souvenir d'où je l'ai pioché, et je n'en retrouve pas de trace numérique non plus. J'ai le vague souvenir qu'à l'origine il était rectangulaire, avec des coins à droite aussi, et encore plus vague qu'il y avait l'heure en bas à droite, en dessous du path, mais je confonds peut-être avec un autre prompt que je n'ai finalement pas choisi. Si ces souvenirs sont à peu près bons, j'ai viré ça parce que ça interagissait mal avec mon terminal, à cause de la ligne pleine à craquer ou des redimensionnements. Et je ne voyais pas l'intérêt d'avoir l'heure dans le prompt alors que j'ai une horloge ailleurs sur l'écran, et je n'aimais pas que l'entrée de la commande la fasse disparaitre inopinément.

Donc j'ai pris ce prompt de je‐ne‐sais‐plus‐où, j'ai viré l'éventuelle heure et les coins de droite, et j'ai utilisé ça pendant quinze ans presque sans aucun changement.

« Presque », parce que les lignes étaient tracées avec l'alt charset façon VT100, et j'ai fini par les remplacer des caractères unicode.

Architecture de l'ancien prompt

La caractéristique principale de ce prompt est de tenir sur deux lignes.

Il me semble que c'est un compromis assez discuté : d'un côté tout mettre sur une ligne prend moins de place, surtout avant de commencer à taper une commande ; d'un autre côté la répartition sur deux lignes permet de mieux ranger les données.

Ce qui me plaît le plus dans le fait d'avoir deux lignes, c'est la séparation visuelle entre les différentes commandes, très utile quand on essaye de se déplacer rapidement dans l'historique. Et c'est encore mieux depuis que les lignes sont en Unicode, ça permet d'utiliser la recherche de texte pour remonter au début de la commande ou naviguer de commande en commande.

Donc les lignes sont pas juste là pour l'esthétique, leur fonction structurale est capitale pour moi.

Et c'est peut-être juste ça qui m'a fait adopter ce prompt, le reste est assez standard.

Sur cette structure, il y a donc quatre points sur lesquels poser des informations, à chaque extrémité de chaque ligne. Comme dit dans l'historique, je ne suis pas sûre de ce qu'il y avait dans le coin inférieur droit (c'est-à-dire à la fin de la ligne d'entrée de commande), mais il n'y a rien là dans ce que je considère comme mon prompt historique.

Il reste donc trois blocs : la gauche et la droite de la ligne de séparation, et l'espace juste avant la fin du prompt sur la ligne où j'entre la commande.

Il n'y a pas de sémantique particulière dans les couleurs, leur choix est presque purement esthétique, et hérité de là où j'ai pioché ce prompt. La structure est cyan et bleue, les blocs sont respectivement vert, magenta, et blanc brillant ; et certaines informations importantes sont appuyées par de la vidéo inverse ou du rouge.

Caractéristiques du shell (en haut à gauche)

Exemple : (nat@tsuiraku:pts/9)

Le bloc sur la gauche de la ligne de statut contient toutes les informations qui restent constantes pour toute la durée de vie du shell :

Pour insister sur le danger des comptes privilégiés, au lieu d'afficher simplement root, le nom d'utilisateur est capitalisé et inversé. D'expérience ça attire bien l'œil et c'est très utile pour éviter les méprises.

Répertoire courant (en haut à droite)

Exemple : (/tmp)

Ce n'est pas pour rien que le répertoire courant se trouve dans presque tous les prompts, c'est une partie très importante du contexte dans lequel les commandes s'exécutent.

Comme le chemin complet peut être particulièrement long, et que mes terminaux sont relativement étroits, il arrive que ça ne rentre pas dans la largeur d'une ligne. J'ai fait exprès de mettre un cas comme ça dans les captures, pour montrer que le chemin est juste tronqué à gauche, avec une ellipse pour indiquer cette troncature.

Les erreurs et l'invit' (en bas à gauche)

Exemple : 130:INT:%

C'est la seule partie vraiment variable de ce prompt : le code d'erreur de la commande précédente n'est affiché que s'il est non-nul.

Voici en détail tout ce qui peut être affiché :

C'est un peu contre-intuitif d'avoir le code d'erreur de la commande précédente après le séparateur plutôt qu'avant, mais l'avoir juste à côté du curseur, où on est presque obligé de poser les yeux, diminue le risque de le rater. Je trouve que c'est un bon compromis.

Le caractère de fin d'invit' % a l'air d'être une tradition de zsh, par rapport au $ qui semble plus courant dans les autres shells Unix. Le caractère # semble être une tradition Unix pour indiquer un compte privilégié, et la couleur rouge appuie ce statut, mais c'est nettement moins efficace sur moi que le nom de compte en couleurs inversées.

Les insatisfactions

Pendant que j'hésitais à changer de prompt, j'ai regardé de plus près cet ancien prompt en remettant à peu près tout en cause, pour finalement en garder à peu près tout.

Voici les points majeurs que j'aurais de toute façon changés suite à cette analyse, même si j'avais laissé tomber l'envie de nouveauté :

Le nouveau prompt

Mon nouveau prompt est basé Liquid Prompt et rangé dans un script archi-moche dont j'ai honte, mais je ne vais pas vous le décrire avant d'avoir montré une capture d'écran et raconté comment j'en suis arrivée là.

Captures d'écran de différentes variantes de mon
nouveau _prompt_

Les vents du changement

L'histoire commence avec une dépêche LinuxFr sur la comparaison de systèmes de prompt, et la conférence correspondance à Capitole du Libre.

Je savais déjà qu'il existe des prompts super avancés, mais ma réaction a toujours été que je n'ai pas besoin de ça. J'ai profité de cette dépêche et de cette conférence pour me mettre à jour sur l'état de l'art, et je l'ai pris avec l'esprit ouvert, mais j'en suis quand même sortie avec l'impression de ne pas avoir besoin de ça.

Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois, mes lignes de commandes passent souvent à travers un réseau, et l'état d'une machine distante est une question de monitoring qui n'a rien à faire dans mon prompt, tandis que l'état d'une machine locale relève de mon interface graphique et n'a rien à faire dans mon prompt.

Après avoir enlevé tout ça, il ne reste guère que des informations sur l'environnement dans le shell ou le répertoire courant, comme le venv actif ou l'état du dépôt qui contient le répertoire courant.

Je n'utilise pas du tout les premiers, et j'ai l'habitude de gérer mes dépôts avec des commandes. Je fais sans depuis plus d'une décennie, et ça ne m'a jamais manqué, donc je n'ai pas besoin de tout ça.

Malgré tout, dans les semaines qui ont suivi j'ai regardé avec un œil différent ma façon de travailler, et j'ai vu que j'écris quand même souvent git status, pour en tirer des informations que d'aucuns ont toujours sous les yeux dans leur prompt.

Évidemment, un git status est beaucoup plus riche qu'un prompt de taille raisonnable, et j'ai souvent besoin de cette richesse. Il y a cependant un bon nombre de git status que je tape juste pour vérifier que la branche courante est bien celle que je crois, ou que j'ai bien commit tous les fichiers que j'ai modifiés, et tout ça peut se trouver directement dans un prompt un peu évolué.

Donc j'ai décidé de donner une chance à Liquid Prompt, qui était celui qui me tentait le plus dans ce comparatif.

Après y avoir investi beaucoup plus de temps que je pensais (plus de cinq heures), je suis arrivée à une configuration qui me plaisait à peu près autant que mon ancien prompt, les informations de dépôt en plus.

Au fil du temps, je me suis mise à apprécier de plus en plus l'accessibilité des informations supplémentaires, et j'y trouve aujourd'hui un vrai bénéfice par rapport au prompt historique, au point de le déployer assez rapidement sur toutes mes machines.

Je suis cependant encore loin d'utiliser tout son potentiel, parce que la densité d'information est telle qu'il faut un lexique pour s'en sortir. Ce billet est ma façon de documenter et d'apprendre ce lexique.

Architecture du nouveau prompt

J'ai gardé le même esprit que l'ancien prompt, parce qu'il me plaisait beaucoup, et pour minimiser le risque que je n'aime pas juste parce que c'est différent. J'ai évidemment corrigé au passage les insatisfactions que j'avais.

Donc je garde mes trois blocs habituels, et j'en ajoute un quatrième pour les informations du dépôt en cours, s'il y en a un :

La répartition en principe est respectivement en haut à gauche, en haut à droite, en bas à gauche, et en bas à droite. Et en dessous de tout ça, j'ai uniquement le caractère d'invit', tout seul sur sa ligne.

Comme les deux derniers blocs ne sont pas forcément présents, quand il n'y a rien de particulier à la commande précédente et il n'y a pas de dépôt courant, j'ai la forme habituelle sans le coin inférieur gauche.

Quand un seul des deux blocs optionnels est présent, il ajoute une ligne avec son information à gauche. Ça fait que le dépôt courant peut se retrouver à gauche ou à droite, suivant qu'il y a des choses à dire sur la commande précédente ou non. En général je préfère que les informations soient toujours au même endroit, mais j'aime encore moins le vide en bas à gauche, je ne sais pas trop pourquoi.

Comme ça vient facilement avec Liquid Prompt, j'en profite pour passer à la ligne quand deux informations côte à côte sont trop larges pour rentrer sur la même ligne.

Le chemin courant passe à la ligne en restant collé à droite, et si une ligne pour lui tout seul ne suffit pas alors seulement il est tronqué au milieu, où Liquid Prompt trouve que c'est le plus opportun, avec une ellipse unicode pour l'indiquer.

Si les informations sur la commande précédente et le dépôt courant ne tienne pas côte à côte, ils sont chacun à droite de leur ligne ; ça n'est pas plus incohérent que le dépôt qui peut être à droite ou à gauche, et ça évite le trou disgracieux juste au-dessus de mon curseur.

Je vais détailler les quatre blocs avec les informations qu'ils contiennent, mais c'est plus le résultat de la lecture de la documentation et du code que de l'expérience personnelle.

État du shell

Exemple : (nat@tsuiraku:1&/2z)

Dans la lignée de mon ancien prompt, il s'agit surtout du nom d'utilisateur et de la machine. Je ne me limite cependant pas à ces informations constantes, j'ajoute d'autres détails sur l'état global du shell.

Répertoire courant

Exemple : (~/code/st/src)

L'information la plus importante dans ce bloc est évidemment le répertoire courant lui-même, et il n'y a pas grand-chose de plus.

J'ai ajouté le nombre de répertoires stockés dans la pile (pushd et popd), avec des parenthèses ouvrantes (comme si les répertoires empilés étaient en dessous et décalés d'un cran) s'il n'y en a pas beaucoup, ou avec un nombre en jaune sinon.

Le répertoire courant lui-même est en vert, avec le répertoire le plus haut contenant un dépôt qui est marqué en bleu.

Informations sur la commande précédente

Exemple : 130(interrupted) 2s 11:16:51

Comme dans mon ancien prompt, il s'agit surtout du code d'erreur renvoyé par la commande précédente, et son interprétation s'il s'agit d'un signal. J'en ai profité pour ajouter le temps qu'a duré la commande, si ça dure un peu, parce qu'il m'est arrivé plusieurs fois de regretter ne pas avoir un time sur des commandes inopinément longues.

Voici la liste complète des éléments de ce bloc :

J'utilise l'interprétation livrée avec Liquid Prompt, qui donne (interrupted) au lieu de INT. Comme cette interprétation va plus loin que simplement les signaux, je l'accepte pour l'instant ; peut-être qu'un jour je me motiverai à revenir au code basique des signaux.

J'ai ajouté l'heure de fin d'exécution des commandes longues, parce qu'il y a de la place qui ne sert pas vraiment, et parce que ça m'est parfois utile pour retrouver l'heure de départ de la commande.

Information sur le dépôt

Exemple : git master(+25/-25,-5)+

C'est la principale nouveauté de ce nouveau prompt, et comme c'est encore à l'essai je ne vais pas plus loin que les sorties de _lp_find_vcs et _lp_vcs_details_color.

Voici donc le contenu de ce bloc :

Conclusion

J'ai une certaine réticence à appeler cette section « verdict », parce qu'habituellement je donne sur ce weblog des impressions à très long terme, et les deux mois que j'ai passés avec ce nouveau prompt me donnent l'impression que mon avis est encore « à chaud ».

Comme écrit plus haut, je suis de plus en plus contente de ce nouveau prompt, au fur et à mesure je prends conscience des informations qu'il fournit.

Je ne suis pas encore convaincue de l'intérêt de tous les détails qu'il transmet, mais comme j'ai été plusieurs fois contente d'en découvrir de nouvelles et comme je trouve la densité d'informations largement suffisante pour mon goût, je laisse tout le reste.

Une de mes principales craintes était le temps d'exécution de ce prompt, probablement parce que c'était un point longuement discuté dans la conférence initiale et auquel beaucoup de gens semblent accorder beaucoup d'importance. S'il y a bien un délai sensible dans l'acquisition des informations sur le dépôt courant, il est assez rare pour ne pas me gêner. Les autres fonctions sont suffisamment rapides pour ne causer aucune friction consciente, même sur mes machines les plus poussives.

Je manque encore de recul sur l'utilisation de ce prompt dans un shell privilégié. Je ne suis pas sûre que marquer l'utilisateur en jaune soit suffisant pour éviter les fausses manip', il faudra voir à l'usage. La marque des répertoires en jaune me marque beaucoup plus que l'utilisateur, et va peut-être suffire pour éviter les erreurs. Les informations de dépôt sont désactivées par défaut dans ces shells, il faudrait que je me pose pour faire une analyse de sécurité sérieuse pour voir si je l'active.

Je ne suis pas super-contente de la façon dont Liquid Prompt s'intègre à ma configuration. Pour l'instant j'ai mis le script intégral dans mon dépôt chezmoi, mais ça ne me plaît pas trop. Peut-être qu'un script en run_once_ serait plus opportun, mais ça suppose un accès internet et une stabilité upstream.

Enfin je ne peux pas échapper à la question de la rentabilité de ce changement. Je pense que sur un point de vue purement temporel, le temps que je gagne grâce à ce prompt ne rattrapera jamais le temps investi dans la configuration, même sans compter les sept heures de rédaction de ce billet. Le confort est plus difficile à quantifier, j'ai envie de croire que le gain de confort suffit à justifier les efforts dépensés, mais c'est loin d'être évident. J'en suis presque à me justifier en invoquant l'exercice mental de découvrir de nouvelles choses et secouer ses habitudes.

Ce sont les seules réserves que j'ai pour l'instant, ce qui est finalement assez léger.

Je suis globalement très contente de l'opération.

Publié le 26 avril 2024

Tags : Évènement Geek

Coronaversaire

Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes le 17 mars 2024, et à 12h00 j'ai raté le quatrième anniversaire du « confinement » déclaré en France en raison de la Grande Pandémie. Ce n'est que grâce à l'article de David Madore que je m'en suis rendue compte, et rien que ça, ça mérite une exploration de pourquoi.

Après cette première partie exploratoire, je vais réagir à un aspect de son article qui m'a marquée, à savoir l'abandon de plans dans la panique.

La fin de la Grande Pandémie (pour moi)

Contrairement à David Madore, je n'ai pas de routine de rétrospective.

Les rétrospectives évoquent surtout pour moi l'extraction de leçons du passé, et c'est un processus que je fais en continu, donc je me retrouve plutôt à sec au Nouvel An et aux anniversaires, il n'y a plus grand-chose de plus à apprendre.

Cependant les rétrospectives peuvent également être l'occasion de prendre conscience de tout le chemin que j'ai parcouru, et j'oublie souvent cet aspect.

La récupération de l'espace mental occupé par la Grande Pandémie est justement une très bonne illustration de ce que je perds à cause de mes difficultés à rétrospecter.

Loin de l'actualité, loin du cœur

Ça fait depuis longtemps que coronavirus et pandémie ont quitté mon espace mental, je suppose un peu comme tout le monde, et je n'ai pas du tout remarqué comment ça s'est fait, et ça m'intéresse suffisamment pour essayer de l'explorer a posteriori.

Dans son article, David Madore évoque surtout la volonté de « tourner la page », et ça me semble beaucoup trop délibéré pour ce qui m'est arrivé. Je n'ai pas choisi de ne plus y penser, j'ai surtout subi un environnement qui ne m'oblige plus à y penser.

J'aime beaucoup sa proposition facétieuse de placer la fin de la pandémie au 24 février 2022 à 3h00 UTC parce que les esprits humains sont trop limités pour penser à deux drames en même temps.

Je l'aime bien dans l'absolu, je trouve que c'est un très joli trait d'esprit, mais j'aime aussi beaucoup sa cohérence avec mon vécu : je crois que j'ai toujours été moins inquiétée par le virus et la maladie que par les réactions de mes congénères à la situation.

Indifférence volontaire

Je croyais que j'en trouverais des traces plus claires dans mes écrits passés, du coup je vais faire la suite plutôt de mémoire, et je ne sais pas trop à quel point je réinterprète le passé différemment de mon vécu de l'époque.

Dans l'ensemble, je ne me suis pas beaucoup inquiétée du virus ou de la maladie elles-mêmes. J'ai évoqué dans mon premier billet de coronaversaire « la rigolade des trucs graves sur lesquels je n'ai aucun pouvoir et qui ne me concernent pas vraiment » (qui suinte de mots comme « coronannuler », « coronaversaire », ou « Grande Pandémie »), et quand c'est devenu clair que j'étais concernée le sentiment d'impuissance était toujours aussi fort.

Je me souviens qu'en 2010 j'avais déjà assimilé l'importance de distinguer ce qu'on peut changer de ce qu'on ne peut pas changer (probablement après avoir croisé la Prière de la Sérénité).

J'imagine que c'est ce qui a créé un terrain fertile dans mon esprit pour le stoïcisme, que j'ai assimilé courant 2019.

Résultat, en 2020 j'étais prête à subir relativement sereinement une catastrophe sur laquelle je n'ai aucune prise.

Je gardais évidemment une certaine prudence, j'ai probablement pratiqué mon lot de rituels complètement inutiles qui avaient l'air d'être de bonnes idées sur le moment, mais j'étais en paix avec le fait que mon infection ou non, voire ma mort ou non, seraient largement gouvernés par le hasard.

L'enfer, c'est les autres

Autant j'étais prête à rejoindre les sombres statistiques de la Grande Pandémie, autant j'ai été prise complètement au dépourvu par les réactions des autres humains à cet évènement.

Quelque part, ça a contribué peut-être autant qu'un stoïcisme internalisé à ce que la biologie ne m'inquiète pas : les impacts sociaux étaient à mes yeux beaucoup plus graves et inquiétants.

Et je n'arrivais pas à ranger la connerie humaine dans mon immédiate proximité dans les choses sur lesquelles je suis complètement impuissante.

Résultat, j'ai relativement rapidement arrêté de penser à comment me protéger personnellement du virus et de la maladie, j'ai dirigé toute mon attention à comment me protéger personnellement des dynamiques de groupe, avec l'impression que ce serait plus que suffisant pour couvrir à mon goût les aspects biologiques de la situation.

C'est ce qu'on peut voir en creux dans toutes mes publications passées, de mon craquage à mon acceptation et à la rétrospective.

Je rejoins David Madore sur le cruel manque de leçons rétrospectives à l'échelle collective, et j'accueillerais volontiers des réponses sur le pourquoi du comment, mais à l'échelle personnelle toutes les leçons ont déjà été tirées, même si j'ai beaucoup de mal à l'exprimer sans dire que les gens sont juste cons.

Les plans et la panique

Dans son article, David Madore rappelle que la France avait des plans soigneusement préparés pour faire face à une pandémie respiratoire, et a choisi de ne pas les suivre.

Je suis complètement d'accord que c'est un échec monumental dans la gouvernance, voire dans la Politique, et qu'il serait bénéfique de comprendre comment c'est arriver et d'envisager comment empêcher que ça se reproduise.

Il me semble que c'est une leçon qu'il faut retenir bien au-delà de l'échelle gouvernementale. À tous les niveaux d'organisation humaine, jusqu'à l'échelle personnelle, il y a des choses à préparer précisément parce que c'est facile à faire quand on a l'esprit libre et serein, pour pouvoir les appliquer quand tout tourne mal.

Je ne sais pas trop d'où vient le paragraphe précédent, mais je l'ai assimilé au point d'en faire une partie de mon esprit que je ne peux plus séparer du reste. Je n'arrive même pas à évaluer si c'est une opinion personnelle sujette à débat, un élément philosophique qui découle d'une échelle de valeurs, ou une simple déformation professionnelle.

Je sais juste que ça faisait déjà partie de moi au début des années 2010s, et ma mémoire est trop floue pour conclure sur ce que je pensais avant.

Je me souviens avoir discuté avec quelqu'un qui avait connu une période dans la rue, et qui gardait une angoisse d'y retourner au point d'avoir besoin de plans pour tous les accidents de la vie envisageables. Je suis loin d'être dans le même état, mais j'ai quand même une certaine conscience de la fragilité de beaucoup de choses que je tiens pour acquises.

Tout ça pour dire que les situations d'urgence sont précisément celles que l'esprit humain est le moins capable de gérer à l'improviste, pour lesquelles on a le plus à gagner en ayant des plans et des exercices quand tout va bien.

Pour parler plus concrètement, les exercices d'évacuation incendie sont là pour que le chemin vers la sortie soit automatique, et réalisable même lorsqu'une grande partie des facultés intellectuelles supérieurs sont anéanties par la peur et la panique.

J'ai vécu les exercices d'évitement du permis moto, d'autodéfense, de manipulation d'extincteur, et de premiers secours dans la même optique, comme ce que j'imagine des entraînements militaires : se faire « rentrer dans le corps » des gestes pour qu'ils puissent être exécutés même quand mon esprit est occupé par autre chose ou roulé en boule dans un coin.

En reprenant la rétrospective de toute cette Grande Pandémie, à mon échelle individuelle, je suis plutôt satisfaite de ce que j'ai pu faire dans les conditions de l'époque. C'était loin d'être parfait, hein, j'ai progressé au fur et à mesure, et il reste des progrès à faire, mais dans l'ensemble, ça va.

Je garde l'impression de pouvoir garder la tête froide dans une plus large gamme de situations que les gens qui m'entourent et de pouvoir l'utiliser pour améliorer mes plans avec des ajustements extemporanés pour la situation en cours.

Je crois que je ne me suis pas encore débarrassée de l'idée qu'avoir un poste avec des responsabilités devrait impliquer la capacité de faire face à des imprévus graves, éventuellement au moyen de plans pour y faire face sans avoir toutes ses capacités mentales.

J'ai cependant un cynisme croissant, et accéléré par la Grande Pandémie, sur le fait que beaucoup trop de postes avec des responsabilités sont accaparés par des gens qui ne cherchent que leur gain personnel et l'ivresse du pouvoir, à tous les niveaux de pouvoir et de responsabilités.

Publié le 17 mars 2024

Tags : Autoexploration Évènement

iens en vrac et à l'unité

Vous avez peut-être suivi mes billets de liens en vrac, sinon il suffit de savoir que je partage de temps en temps dans ces billets des liens vers des choses qui m'ont tellement plu que je veux les repartager. Une sorte de linklog, quoi.

Dans ce billet je vais décrire comment ces billets étaient construits et les changements que j'ai récemment déployés dans cette construction. Ce qui me permet d'annoncer la publication de nouveaux flux Atom, pour ceux qui voudraient suivre des étapes plus en amont de ces billets :

Mes sources

Historiquement, les liens les plus intéressants que j'ai rencontrés sont partagés sur canal IRC #gcu, que je hante avec bonheur depuis des années, et le reste vient d'abonnements RSS à des agrégateurs comme Slashdot et (beaucoup plus récemment) Lobsters.

C'est sur ce canal qu'iMil a partagé son utilisation de Twitter comme un gigantesque agrégateur de recommandations de liens, et c'est effectivement surtout dans cette optique que j'ai utilisé Twitter pendant des années, jusqu'à l'extinction des interfaces à mon goût.

Par un concours de circonstances fort opportun, la fin de mon passage sur Twitter correspond presque à la mise en place du canal #gcufeed, sur lequel un bot poste toutes les entrées des flux d'un jeu d'agrégateurs et de sites recommandés par les membres de #gcu : Hacker News, Phoronix, Ars Technica, OpenBSD journal, etc.

L'ancien système

Le fond du problème, c'est que les moments où je rencontre des liens vers des pages potentiellement intéressantes coïncident rarement avec les moments où j'ai le temps de lire des pages vraiment intéressantes.

Donc au début, le fonctionnement typique était de voir passer un lien dont le titre ou la description semble intéressant, l'ouvrir dans un onglet de mon navigateur préféré ou d'un autre, partir faire autre chose, l'oublier, et le perdre au redémarrage du navigateur ou de la machine.

Pour les liens tirés de flux RSS, j'avais tendance à garder en non-lus les liens à voir plus tard, ce qui les confond avec les liens non-lus parce qu'ils viennent d'arriver, et qui finissent souvent perdus quand le lien en question finit par sortir du flux avant que je le lise.

Pour palier ces pertes, et pour les fois où je rencontre des liens sur un ordinateur qui va bientôt redémarrer ou sur lesquels je ne vais pas les lire, j'ai commencé à recopier dans des fichiers textes des liens avec un petit morceau de contexte.

En pratique, mes ~/notes.txt sont des bazars innommables, ne sont pas synchronisés entre les différentes machines que j'utilise, et au lieu d'oublier les liens dans des onglets inactifs je les oublie dans des portions de fichiers qui ne sont pas affichées.

J'avais depuis un moment l'intuition que je ne suis pas assez sélective avec mes sauvegardes de liens. Ou dit autrement, que je garde pour plus tard plus de liens que je n'en suis capable de lire, et que ça pourrait s'accumuler indéfiniment si je ne réduisais pas le débit entrant.

D'un autre côté, un diablotin me chuchotait à l'oreille qu'en réalité ce n'est pas un problème de sélectivité, mais de rangement. Ou dit autrement, que j'aurais le temps de tout lire si j'avais une to-read list propre sous les yeux.

Et comme en plus l'un n'empêche pas l'autre, il faudrait faire des mesures de débits entrant et sortant pour s'attaquer au bon problème.

Enfin, j'ai eu le malheur de compter combien j'avais de liens stockés dans différents fichiers de texte temporaire, et dépasser deux mille avant d'avoir fait le tour de tous ces fichiers m'a donné le coup de pied aux fesses nécessaires pour développer un système plus propre.

Le gestionnaire de iens

Fin 2023 j'ai donc pris mon courage à deux mains et mon éditeur de texte préféré dans l'autre, et j'ai développé à l'arrache une bête appli' CRUD autour d'une base de données associant à chaque lien des notes pré-lecture, une description post-lecture, et des tags.

Je n'ai pas de screenshot sous la main, mais c'est une bête ligne de commande, qui interprète les lignes commençant par une parenthèse comme du code Scheme à interpréter immédiatement, et les autres lignes comme des notes copiées-collées dont il faut extraire un lien.

Les commandes permettent de consulter la base de données, modifier la configuration ou les entrées, et générer des flux Atom basés sur des sélecteurs SQL.

Il n'y a aucune protection contre l'injection SQL, puisque de toute façon la ligne de commande donne accès directement aux primitives sqlite du langage, et l'utilisateur en ligne de commande a le pouvoir absolu sur la base de données. Ce programme n'interagit pas avec le grand méchant internet, il se contente de générer des fichiers qui sont censés être servis ensuite statiquement.

Bilan à court terme

Une fois n'est pas coutume, je vais donner mon avis après une relativement courte période d'utilisation : ce gestionnaire est en production depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, soit presque deux mois.

Si j'ai pu très facilement remplacer mon fichier texte bordélique par cette appli', j'ai eu plus de mal à me contraindre à faire passer dans l'appli' les liens dont je commence la lecture immédiatement après les avoir découverts. Je soupçonne qu'une partie de cette « consommation sur place » ait été négligée dans mes considérations passées.

En tout cas, le confort des liens bien rangés est indéniable, et rien que pour ça je suis contente d'avoir passé un peu plus de vingt-et-une heures à développer cette appli'.

Je ne crois pas que le temps soit une bonne métrique pour juger du bénéfice de ce programme, puisque le but est de ne plus perdre de liens, et donc de passer plus de temps à les lire.

Et ce n'est pas non plus une super métrique pour juger du coût, puisqu'il y a une partie de fun, ou au moins de satisfaction intellectuelle à avoir appris quelque chose de nouveau, dans le fait de repousser mes limites en Scheme et en SQL.

Et je me demande vraiment ce que va donner le versant « flux » de cette application, et surtout dans le succès que ces flux vont rencontrer auprès de vous.

Statistiques

Assez tourné autour du pot, un des buts de cette appli' était ouvertement de faire des statistiques sur mon rapport avec les liens, il est temps de regarder ça de plus près, même si j'aurais aimé plus de données avant d'essayer de conclure.

J'ai commencé avec un backlog de 36 liens, composés des dix liens d'En vrac 10 et de vingt-six liens que j'avais mis de côté pendant le mois de décembre 2023.

Au cours du mois de janvier 2024, j'ai ajouté 64 liens, et j'en ai lus 46, Soit environ un débit moyen de 2 /j à l'entrée et 1.5 /j à la sortie. En février j'en ai ajouté 71 et lu 68, ce qui est plus équilibré autour de 2 /j.

Je m'attendais à ce que le débit entrant soit plus gros, probablement parce que je me souviens plus facilement des jours fastes que des jours vides. Et inversement, je m'attendais à ce le débit sortant soit plus petit, probablement parce que j'ai plus l'intuition du nombre de séances lecture que des articles individuels.

Cela dit, les statistiques journalières peignent une image un peu plus nuancée :

Graphe en barres du nombre total de liens chaque jour

J'ai essayé de lisser tout ça (avec une convolution gaussienne) sur ±2 jours et ±7 jours, mais je ne suis pas sûre que ce soit tellement plus parlant :

Graphe en courbes du nombre lissé de liens ajoutés ou lus

Pendant la première moitié de janvier et pendant le mois de février, les débits entrant et sortant sont à peu près équilibrés, mais pas tout à fait aux mêmes valeurs, et toute la croissance est concentrée dans la deuxième moitié de janvier.

Je n'ai pas tellement d'explication à ces phénomènes, et c'est pour ça qu'il me faudrait un intervalle d'observation plus long pour conclure des choses intéressantes.

D'un point de vue purement subjectif, j'ai pu remarquer que mon humeur, ou quelque chose comme ça, influence mon jugement a priori d'un lien, et module ainsi le débit entrant.

J'ai aussi remarqué qu'avoir la pile à lire devant soi, avec une commande qui me donne directement sa taille, met une sorte de pression à ne pas la laisser croitre indéfiniment. J'ai du mal à évaluer dans quelle mesure je suis sensible à cette pression.

Je n'ai pas l'impression de décider quoi que ce soit en fonction de cette taille, mais je ne serais pas surprise qu'elle joue un rôle dans l'« humeur » qui influence mon choix de garder un article pour plus tard ou le laisser de côté définitivement.

Et il y a quelques séances de lecture que j'attribue directement à l'existence de cette appli' comme un pense-bête que j'ai une pile de trucs à lire.

La gestion des tags

Une autre révélation de cette appli' est que j'ai de gros progrès à faire dans l'attribution de tags à mes liens.

Comme en plus ces tags se retrouvent dans les flux Atom que j'annonce aujourd'hui, je ressens une espèce de devoir à taguer correctement, et je dois reconnaître que ce n'est pas encore le cas.

Donc soyez prévenus que ces « catégories » dans le flux vont être amenées à évoluer dans les temps qui viennent, même si je ne sais pas encore comment (toutes vos suggestions sont les bienvenues).

Au moment où j'écris ces lignes, j'ai trois sortes de tags :

Le but de ces tags à la fois de pouvoir retrouver un lien en se souvenant vaguement de ses caractéristiques (par exemple le tag reference pour une référence à reconsulter plus tard, éventuellement couplé avec un tag de thème), et de pouvoir filtrer les trucs qui vous intéressent (par exemple en se limitant à my-interest:5 pour les trucs qui m'intéressent le plus, ou en virant prog-lang si la programmation n'est pas votre truc).

Sauf que la mise en œuvre est très « organique », pour ne pas dire « bordélique » :

D'ailleurs pour l'instant tous mes liens pointent sur des ressources en anglais, d'où l'utilisation naturelle de tags en anglais, mais je mets quand même une description en français, comme pour mes liens en vrac.

Conclusion

Maintenant que vous savez comment je fais mes saucisses, vous allez peut-être être dégoûtés au point de ne plus jamais faire confiance à des liens que je pourrais faire tourner.

Si ce n'est pas le cas, vous êtes bienvenus dans ces nouveaux flux que je propose, pour rappel :

Encore une fois, tout ça est un premier jet assez expérimental, je vais probablement changer des trucs pour mon confort personnel, mais si vous avez des suggestions, aussi bien pour mon organisation que pour la vôtre, n'hésitez pas à m'en faire part.

En plus de ces petits réglages, je finirai peut-être par donner d'autres formes d'accès à ces liens, par exemple par ActivityPub (à l'exemple de inks) ou par AT.

Si vous avez lu jusqu'ici, vous avez droit à l'explication du L qui manque au début de certaines occurrences du mot « lien » : c'est le L de loser. Mais n'allez pas embêter @tedu, ce n'est pas de sa faute si je suis comme ça.

Puissent ces liens vous être aussi utiles qu'à moi.

Publié le 29 février 2024

Tags : Site

En vrac 10

Nouvelle année, nouvelle fournée de liens en vracs \o/

Publié le 4 février 2024

Tags : En vrac

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