Conteneurs et contenus

C'est maintenant une tradition sur ce weblog, pendant le mois de mai je fais l'inventaire du bazar que je trimbale avec moi plus ou moins souvent, comme en 2015, en 2016, en 2018, en 2019, en 2021, et en 2022.

Je pense que ça commence à faire assez de billet pour créer un nouveau tag qui les regroupe, mais j'ai du mal à trouver un nom satisfaisant. « EDC » est un peu trop restrictif à mon goût, « purse dump » un peu trop anglicisé, « bazar » et « listes » pas assez précis, « objets avec moi » trop long, etc. Si vous avez des idées, elles seront bienvenues !

Dans les éditions précédentes j'ai surtout parlé des listes d'objets, en mentionnant éventuellement au passage les sacs qui les transportent ; pour changer, je vais ici partir des différents contenants qui servent mon organisation.

J'en profiterai quand même pour lister tous les objets, avec des références aussi précises que possibles. Dans les listes détaillées par le passé (en 2015, en 2018, et en 2022), j'avais détaillé pourquoi j'ai adopté et à quoi ils me servent ; j'ai peu la flemme de le faire ici, mais dites-moi si ça vous manque.

Je mets tout plein de photos avec, ce qui alourdit sévèrement la présente page. Merci de me prévenir si c'était une mauvaise idée et si j'aurais mieux fait de ne pas dépenser quatre heures là-dedans. Comme très souvent, j'ai mis une banane un goban pour indiquer l'échelle : il s'agit d'un goban standard, donc dont les cases font 22×24 mm.

Déformation professionnelle oblige, je vais présenter mes conteneurs par ordre de dépendance, c'est-à-dire un conteneur contenu avant le conteneur qui le contient, ou en gros de l'intérieur vers l'extérieur ; et aussi du plus fréquemment utilisé au moins fréquemment utilisé, c'est-à-dire en gros de l'Every Day Carry au Go Bag.

Poches

Je commence par un conteneur difficile à photographier, qui est relativement nouveau dans ma vie : les poches.

Je ne me souviens plus exactement comment j'en suis venue à préférer jupes et robes aux pantalons il y a très longtemps, mais le résultat qu'à de très rares exceptions près il n'y avait plus de poches dans ma vie, et j'ai dû faire sans.

Les choses ont commencé à changer en 2019, quand j'ai commencé la moto, et que j'ai obligée de me remettre aux pantalons, ce qui a permis de désensibiliser les zones qui n'avaient pas l'habitude d'être chatouillées par ce type de vêtements.

Et puis (les réactions à) la Grand Pandémie de 2020 a conduit à un relâchement général de mon apparence, et quand le but d'un bas est juste d'éviter un attentat à la pudeur si je suis amenée à me lever pendant une visioconférence, autant aller au plus simple avec un pantalon basique.

L'effet secondaire de ce retour des pantalons est le retour des poches. Certes des poches de fille, mais qui suffisent à emporter les petits objets indispensables à une petite sortie :

Les objets dans mes proches, listés ci-dessous

Porte-cartes

Mon porte-bloc et les objets qu'ils contient

J'ai ajouté ce porte-bloc en 2019, pour avoir dans le même objet compact un stylo et du papier, pour prendre des notes au pied levé, et accessoirement il peut contenir des cartes de taille standard.

Ça fait longtemps que je n'ai pas pris de notes dans ce bloc, j'ai tendance à noter numériquement dans mon ordiphone. J'ai encore une certaine réticence à ne pas garder du papier sous la main « au cas où », même si j'ai du mal à imaginer de tels cas.

Ces jours-ci il sert donc surtout de porte-cartes, avec ma carte de transports en commun (Navigo) qui y est à demeure, et pour certaines sorties je prends en plus une carte bancaire ou une carte vitale.

Par cohérence avec les autres sections, voici la liste des objets contenus :

Organiseur de sac

Mon organiseur de sac

Depuis aussi longtemps que j'ai un sac à main j'ai trop de trucs dans ce sac (et avant c'était pareil avec mes sacs scolaires), et j'ai déployé des trésors d'ingéniosité pour retrouver l'objet que je veux sans avoir à farfouiller pendant des heures.

Je ne me souviens plus quand ou comment j'ai découvert le concept d'organiseur de sac, mais l'idée n'est pas révolutionnaire : c'est juste un sous-sac ouvert qui découpe une grande poche en plusieurs poches plus petites. C'était certes un progrès, mais ça me donnait l'impression de repousser le problème.

Mon organiseur de sac, déplié et rempli, en 2016

En 2016 j'ai donc construit un organiseur de sac, sur mesure pour l'inventaire de l'époque, pour fixer définitivement chaque objet à sa place.

Avec le recul des années, je constate un problème structurel à avoir deux étages, que je soupçonnais déjà à l'époque mais que je pensais (à tort) pouvoir gérer en mettant des choses rigides à l'étage inférieur.

Je souffre du manque de flexibilité de cette solution, toutes les dimensions sont immuables. J'ai essayé, sans grand succès, une solution reconfigurable décrite en 2019. Je n'ai pas trop d'idée concrète sur comment résoudre techniquement ce problème, mais ça n'empêche pas le problème de se poser.

Résultat j'utilise encore aujourd'hui ce premier prototype de 2016.

Voici les objets qu'il contient ces jours-ci, suivant le même plan que la photo de 2016 :

Les objets dans mon organiseur de sac

Pochette de serrurerie

Mes petits outils de serrurerie

Je ne suis pas souvent confrontée à une serrure qu'il faut vraiment ouvrir, mais quand ça arrive c'est tellement horrible que je m'en veux de ne pas déployer toutes mes compétences pour la contourner, même si les conséquences sociales ne sont pas toujours très positives.

Après être passée des outils de crochetage standard avant 2015, je suis allée vers des outils de plus en plus petits jusqu'aux Bogota en 2018, auxquels j'ai dû ajouter des clefs de torsion parce que je ne m'en sors pas avec le dos des Bogota. J'ai donc cousu une petite pochette sur mesure, à laquelle j'ai ajouté des outils de contournement, parce que le crochetage c'est quand même dur et je n'ai pas toujours le niveau.

Malheureusement la pointe dépasse de quelques millimètres, il faudrait que j'en refasse une version un peu plus grande.

Voici la liste des outils dans cette petite pochette, de gauche à droite :

Sherpani Milli LE

Sac à main Sherpani Milli LE

Fin 2014 j'ai découvert Sherpäni par l'intermédiaire de quelqu'un que je suivais sur Twitter, et j'ai immédiatement été conquise par leur gamme Light Effect.

J'ai détaillé mes impressions de l'époque sur l'Esprit (mais tous les liens sont morts depuis), en résumé j'ai beaucoup aimé jusqu'à ce que je perde brutalement confiance en lui.

Je n'arrive malheureusement pas à retrouver exactement quand j'ai acheté mes autres sacs Sherpäni, mais depuis à peu près cette époque j'ai aussi en ma possession un Milli et un Echo, tous les deux de la même gamme LE, qui se portent à l'épaule ou en bandoulière, comme le prédécesseur de l'Esprit et son prédécesseur. Ils ne diffèrent que par leur largeur, 22 cm pour le Milli et 31 cm pour l'Echo, pour un peu moins de 10 cm d'épaisseur et un peu moins de 20 cm de hauteur.

Mon organiseur de sac a exactement la bonne largeur et la bonne hauteur pour rentrer dans le Milli. Je n'ai aucun souvenir de comment je l'ai conçu, et je ne retrouve pas mes notes, mais ce n'est probablement pas un hasard.

Le système alternatif au sac à main que j'ai mis en place en 2019 n'a malheureusement pas survécu à l'épreuve du temps, et la Grande Pandémie a reconfiguré tous mes déplacements et les sacs qui les accompagnent. Le Milli avec son organiseur était la solution temporaire évidente pour faire face à l'usure des sacs de 2019, et l'utilisation du Milli comme module dans d'autres sacs m'a fait pérenniser cette solution, par rapport à l'Echo qui peut contenir plus de choses mais qui est beaucoup moins facilement contenu.

Un organiseur de sac est parfois utilisé pour faire passer rapidement tous les objets qu'il contient d'un sac à main à un autre, et pour moi le Milli remplit exactement cette fonction, comme vous pourrez le voir dans les conteneurs suivants. Il m'arrive parfois de l'utiliser tout seul comme un sac à main, mais plutôt pour des courtes distances et durées, parce que je n'aime pas trop le port en bandoulière, aussi bien par manque de confort que par crainte qu'il soit manipulé dans mon dos.

Quelque part, le contenu de sac est aujourd'hui le cœur de mon Every Day Carry, parce que sont les objets que j'ai vraiment sous la main tous les jours et dans la plupart des circonstances. C'est un périmètre plus étroit que mes EDC passés, parce que le contenant est plus petit, et l'ajout d'autres choses au cas par cas fait que je n'ai pas tous les jours le reste à portée de main.

Voici donc la liste des objets dans mon Milli :

Les objets dans mon sac Sherpani Milli

La trousse de premiers soins

Ma trousse de premiers soins

J'ai dédié tout un billet à mes trousses de premier soins, et presque rien n'a changé depuis. J'ai juste ajouté des ampoules de sérum physiologique (qui ont périmé entretemps) et remplacé le sparadrap sans colle (qui en fait marche très mal) par du vrai sparadrap (qui colle tellement trop qu'il déborde par les côtés, il faudrait que je trouve quelque chose pour l'emballer).

Je vous remets donc les photos d'époque, avec la liste ci-dessous :

Les extras du quotidien

Pour une fois ce n'est pas un conteneur, mais un groupe d'objets dans lequel je vais piocher pour les conteneurs suivants.

La plupart de ces objets seraient dans mon Every Day Carry si j'avais la place pour le faire. Ces objets en plus du contenu de mon Milli sont à peu près le même périmètre que les EDC des billets passés.

Voici la liste :

Les objets supplémentaires du quotidien

Looquita Arosa

Mon sac à main à dos Looquita Arosa

Comme je le disais pour le Milli je n'aime pas trop porter un sac en bandoulière, je préfère de loin les sacs à dos, et à défaut les sacs portés à l'épaule. Je n'aime pas les sacs à dos parce que je crains qu'un méchant vienne piocher dedans à mon insu, ou que je perde son contenu en oubliant de le fermer (je ne sais pas lequel des deux j'ai déjà vécu).

La solution, qui s'est bien démocratisée dans la décennie passée, est de mettre l'ouverture du sac contre le dos. J'avais un sac à dos chinois dont le look me plaisait bien, mais qui a commencé à se déchirer au bout d'un an d'utilisation.

Son successeur, que j'utilise encore aujourd'hui, est le modèle Arosa de Looqita. Je ne sais pas du tout qui sont ces gens-là, mais je suis tombée dessus en cherchant un sac similaire mais plus durable, et j'ai simplement choisi celui qui avait la charge annoncée la plus grande (4-5 kg), en espérant que ce soit bon indicateur de sa robustesse. Il a aujourd'hui à peu près le même kilométrage que le chinois, et il s'en tire beaucoup mieux.

Donc si je devais aujourd'hui désigner mon sac à main principal, ce serait celui-ci. C'est effectivement mon sac par défaut, et ce n'est que lorsque les circonstances me font utiliser un autre sac que j'utilise une alternative.

Je mets le Milli au fond de ce sac, avec le rabat ouvert et la bandoulière en dessous (exactement comme un organiseur de sac), et je complète par-dessus avec des objets choisis au cas par cas parmi les extras.

Il n'y a donc pas de liste particulière pour ce conteneur, j'aurais presque pu mettre ici la liste des extras au lieu d'en faire une section dédiée.

Topeak Aero Wedge Pack

Sac de selle Topeak Aero Wedge Pack

Ce sac de selle Aero Wedge de Topeak contient le minimum que je prends avec moi en vélo.

Ça ne m'arrive pas si souvent que ça, parce qu'en général j'utilise le vélo comme moyen de transport et j'ai besoin de trucs à mon arrivée, mais il arrive que je n'ai besoin de rien à l'arrivée ou que la sortie soit juste une balade.

Voici le contenu de ce petit sac :

Les objets dans mon sac de selle de vélo

Par souci de complétude, je dois faire remarquer qu'en plus de ce sac de selle, mon équipement minimal à vélo contient aussi :

KlickFix Rackpack Touring

Sac de porte-bagages KlickFix Rackpack Touring

Mes trajets pendulaires imposent le transport d'un ordinateur portable. L'effort physique du vélo rend inconfortables les sacs à dos. Mon vélo n'est pas assez haut pour y fixer une sacoche verticale.

La combinaison de ces contraintes semble très difficile à résoudre, et la seule façon que j'ai trouvée de transporter un ordinateur pas trop gros sur le porte-bagages est le Rackpack Touring de KlickFix présenté ci-dessus. C'est donc mon « sac de boulot » principal.

Ça impose de transporter l'ordinateur horizontalement, soit tout au-dessous, mais je crains que le poids du reste de mon bazar par-dessus ne lui fasse pas du bien, soit au-dessus, mais je crains qu'il soit mal calé (surtout quand je roule sur des pavés) et que ça ne lui fasse pas du bien.

J'aimerais beaucoup trouver une solution de transport verticale sur le porte-bagage, mais à part un panier et une pochette étanche, je ne vois pas.

Ce sac a juste la bonne largeur pour y faire rentrer mon sac Milli, et ça laisse de la longueur pour mettre avec le minimum vélo et quelques extras.

Il contient donc habituellement :

Les objets dans mon sac de porte-bagage

Givi ST602

Le sac de réservoir Givi ST602

J'ai acheté cette sacoche de réservoir Givi en même temps que ma moto, et j'ai un petit doute sur la référence. L'idée était d'y mettre un petit sac à main avec tous les indispensables légaux.

J'espérais y mettre aussi mon ordiphone pour la navigation, mais c'était sans compter l'inflation de la taille des ordiphones, et surtout que jeter un œil sur un écran sur le réservoir est beaucoup plus problématique que sur un écran au-dessus du guidon, donc je navigue avec une fixation RAM, et la fenêtre tactile sur cette sacoche ne sert plus depuis longtemps.

Il se trouve que son espace principal a juste la bonne taille pour contenir mon sac à main Milli, et éventuellement quelques petits objets dans les coins (par exemple j'ai fait quelques trajets professionnels avec la brosse à cheveux, le chargeur mural, et le verre pliant).

Dans l'espace fermé par le filet supérieur de ce sac, j'ai mis tous les objets propres à la moto, qui restent dans cette sacoche :

Les objets dans ma sacoche de réservoir

La pochette plastique en question est celle du manuel de la moto, et il y avait la place d'ajouter tout le reste :

QBag 05

Le sac de selle QBag 05

Pour les trajets en moto qui demandent un peu plus de volume, j'ai le sac de salle QBag 05 qui prend la place du passage sur ma moto.

Il n'a aujourd'hui servi qu'à transporter un ordinateur professionnel quand j'ai utilisé ma moto dans ce contexte-là.

Je continuais d'utiliser ma sacoche de réservoir, donc il n'y a pas vraiment de liste d'objets pour ce sac de selle.

Organiseur d'électronique

L'organiseur d'électronique

J'avais acheté cette espèce de trousse, qu'Inatek appelle « organiseur d'accessoires électronique », pour ranger les différents câbles dont je pourrais avoir besoin en voyage.

C'est le principe du doublon que j'ai expliqué dans mon esquisse de go bag : j'ai une série de câbles dans ma vie de tous les jours, et surtout pour les câbles propriétaires, j'en ai un deuxième qui sert de rechange et de voyage.

Cette trousse est largement surdimensionnée pour cette utilisation, même en y mettant un chargeur 65 W. Du coup j'y mets aussi les médicaments que je prends avec moi en voyage.

Je ne suis pas très satisfaite de cette situation, et c'est probablement le conteneur qui a le plus de souci à se faire dans toute cette liste.

Je n'ai pas l'impression que le contenu exact soit très intéressant, j'ai la flemme d'en faire une photo, et j'ai même failli ne pas l'écrire, mais la voici :

Pochette de chevet

La pochette de chevet

J'avais parlé du besoin de sous-sac pour la table de chevet dans mon premier go bag, pour rassembler tout ce dont j'ai besoin en voyage pour dormir ou me lever.

La pochette dans laquelle était vendu mon masque est assez grande pour contenir tout ça, donc je n'ai pas cherché plus loin.

Voici tout ce qu'elle contient :

Les objets dans ma pochette de chevet

Sac de douche

Le sac pour la douche

Je rassemble (presque) tout le nécessaire pour prendre une douche dans un seul sac, qui est à l'origine un « organiseur de bagage » sans marque pour les piles de vêtements.

J'utilise une planche à plier le linge chinoise pour obtenir des piles de taille reproductible (annoncée à 24×28 cm, en pratique mes piles font plutôt 25×30 cm) qui optimisent l'espace de mon armoire Ikea Pax (58×96 cm) sur six piles.

J'ai donc acheté dans la foulée des sacs de voyage de dimensions similaires (en pratique je n'ai pas trouvé mieux que 35×25 cm), et j'utilise un de ces sacs pour transporter les vêtements de rechange après une douche, principalement en arrivant au boulot après un trajet en vélo.

Il était donc logique d'ajouter à ce sac le nécessaire pour la douche elle-même, histoire de n'avoir qu'un seul conteneur à saisir.

En pratique ça fait trop gros et trop lourd à transporter à chaque trajet, donc je prends les vêtements de rechange dans le filet du sac de porte-bagage et la liste que je présente ici reste généralement sur mon lieu de travail.

Le sac présenté ici est un doublon que je garde à la maison pour le go bag, et qui me sert de rechange : j'échange régulièrement celui du boulot et celui de la maison, ce qui me donne l'occasion de nettoyer ce qui doit l'être entre chaque échange. Et en plus ça me fait un sac prêt à l'emploi pour les voyages avec des douches collectives.

En plus des vêtements ajoutés extemporanément, voici les objets dans ce sac :

Trousses de toilette

La trousse de toilette de couple

La trousse de toilette est dans une situation particulière par le poids de son histoire : c'est le seul conteneur de voyage (plus ou moins) pré-rempli dans ma vie avant que je découvre le concept de go bag, et je ne sais pas trop comment le faire évoluer à présent.

La photo ci-dessus est la trousse de toilette de mon homme, qui est devenue la trousse de toilette du couple, à quelle il faut ajouter quelques consommables avant de partir.

Il me faudrait aussi une trousse de toilette personnelle, pour les voyages que je fais seule, ce qui est d'autant plus pressant qu'avec la fin de la Grande Pandémie les voyages professionnels de plusieurs reprennent pour moi.

Je suis partagée entre la pénibilité d'entretenir deux jeux d'objets, pour faire coexister une trousse de toilette de couple et une trousse de toilette solo, et l'insatisfaction de faire « trousse de toilette à part », aussi bien pour le principe émotionnel que pour l'encombrement dans les voyages en couple (qui sont nettement plus nombreux que les voyages solo).

Pour l'instant je n'ai pas de trousse de toilette personnelle, je pioche extemporanément dans la trousse de couple pour mettre le tout dans un ziploc.

Voici les objets à demeure dans la trousse de toilette de couple :

Les objets dans ma trousse de toilette de couple

Les objets à ajouter extemporanément sont :

Sac à dos de voyage

Sac à dos RiutBag R15.4

Dès ses débuts j'étais très fan de l'idée des sacs à dos de Riut (qui a cessé de fonctionner l'année dernière), même si leur prix fait réfléchir, leur qualité est fraichissamment bonne. J'en ai cinq, qui sont encore en bon état et dont les cas d'utilisation ne se recouvrent pas complètement.

Sur cette photo se trouve celui dont je me sers le plus ces jours-ci, le RiutBag R15.4. Je le remplis suivant les besoins avant chaque voyage, en optant éventuellement pour un modèle plus grand ou plus petit suivant le volume que je veux mettre dedans.

Voici une liste typique d'objets que je mets dedans :

Cet exemple suppose des vêtements dans une valise séparée et un sac à main séparé ; il m'est arrivé de remplacer le casque par le sac Milli et quelques extras, ou d'alléger au point de pouvoir y mettre en plus quelques jours de vêtements de rechange.

J'ajoute aussi habituellement de l'eau, et un ou deux verres pliants Sea-to-Summit, mais qui ne sont pas si souvent que ça dans ce sac à dos.

Le go bag

L'année dernière j'avais évoqué que mon premier go bag était virtuel, en ce sans que c'était un tas d'objets qui n'avait pas encore de conteneurs. J'espérais que pour ce billet, ce serait arranger, mais ce n'est malheureusement pas encore le cas.

Au moins j'ai structuré son contenu, tous les sous-sacs existent physiquement et sont prêts, donc on va dire qu'il y a quand même du progrès.

J'ai retrouvé mon sac de sport 25 ℓ, et j'espère pouvoir lui trouver une place pas trop loin de ma porte d'entrée et y ranger les objets suivants :

Conclusion

J'imagine qu'il n'y a pas grand mode qui lit tout un catalogue comme ça, je compte surtout sur moi-du-futur pour trouver une utilité à toutes ces listes.

Je varie un peu le format d'une année à l'autre, comme zaper les photos l'année dernière ou zaper les justifications cette année. N'hésitez pas à me faire part de toutes les évolutions que je pourrais faire subir à ce format pour que ce soit moins désagréable ou plus utile pour nous.

J'ai battu mon record de taille de billet d'EDC, record précédemment tenu par le tout premier, mais ce n'est pas mon record absolu, qui reste à Le vélo et moi. J'y vois une « petite » victoire de concision.

N'hésitez à m'interroger sur tout point qui n'est pas clair ou qui titillerait votre curiosité !

Publié le 29 mai 2023

Tags : Jouets

En vrac 8

Une nouvelle fournée de liens en vrac est cuite ☺

Publié le 8 mai 2023

Tags : En vrac

Unihertz Jelly 2

Depuis le temps que je me plains de la taille des téléphones modernes, c'était inévitable que je finisse par essayer l'extrême opposé. Je ne m'attendais pas à l'aimer autant. Voici mes impressions après plus d'un an d'utilisation quotidienne du Jelly 2 par Unihertz.

Jelly 2 à côté d'une banane
Le Jelly 2 comparé à une banane, pour indiquer l'échelle

Comme pour tout le reste de mes jouets, cet avis à long terme est complètement indépendant du fabriquant et tout a été acheté par mes propres moyens avec mes propres fonds.

Le basculement

J'étais globalement contente de mon Samsung XCover Pro malgré la gêne permanente de sa grande taille, surtout par rapport à son prédécesseur (Kyocera Torque KC-S701).

J'imaginais que je finirais par m'habituer à la taille, et effectivement c'était nettement plus insupportable tout au début qu'ensuite, mais ce n'est jamais devenu vraiment confortable. Je continue de penser que la taille idéale d'un ordiphone pour moi est de l'ordre de 4" à 4.5".

J'ai donc accepté comme une fatalité cette rugosité, tout en lorgnant sur les téléphones plus petits.

J'ai en particulier lorgné sur le Jelly 2, au point de l'avoir déjà évoqué plusieurs fois, quand j'évoquais la retraite du Kyocera, dans mon avis sur le XCover Pro, et quand je cherchais de l'émerveillement technologique.

J'en ai acheté un pour voir, et éventuellement essayer, parce que ce n'est pas très cher. Je m'attendais à ce qu'il soit inconfortablement petit, mais je pensais qu'il suffirait en dépannage.

Les choses ont changé le 6 mars 2022, quand le thème « réflexions » de 52frames m'a donné envie d'essayer l'effet Stargate dans ma baignoire, en utilisant une réflexion totale sur la surface inférieure de l'eau. J'ai utilisé l'étanchéité de l'XCover Pro pour prendre cette photo immergée (et finalement je n'ai pas pu l'utiliser parce que l'eau n'était pas assez claire), et contrairement aux innombrables immersions précédentes, celle-ci a causé une panne assez pénible : le bouton power ne fonctionnait plus.

Le capteur d'empreintes fonctionnait encore, ce qui permet de déverrouiller le téléphone ; et pour le verrouillage je me contentais d'attendre la minute de mise en veille. Redémarrer ou éteindre le téléphone est assez rare, et se fait bien avec les menus. En revanche, rallumer le téléphone une fois éteint s'est révélé beaucoup plus difficile (et j'ai oublié comment j'ai fini par m'en sortir).

Au quotidien c'était donc pénible sans être rédhibitoire, mais la difficulté de rallumage planait comme une épée de Damoclès sur son utilisation.

J'ai donc décidé d'utiliser mon Jelly 2 comme un téléphone de secours le temps d'envoyer en garantie le XCover Pro.

Les débuts difficiles

Je ne me souviens plus exactement où j'ai perdu ma confiance dans l'Android préinstallé sur le Jelly 2, mais j'étais suffisamment convaincue qu'il y a trop de cochonneries douteuses en termes de surveillance et de stabilité, et qu'Unihertz ne publierait pas assez de mises à jour, donc je n'étais pas prête à utiliser sérieusement ce téléphone sans utiliser une image propre et maintenue.

Plus facile à dire qu'à faire. Je vous passe les grossièretés que j'ai pu débiter envers Unihertz, Mediatek, Google, et l'écosystème Android en général. J'ai même dû écrire un billet de blog pour me rassurer sur mon rapport avec les nouvelles technologies. Je ne comprends toujours pas ce qu'il s'est passé pour que je m'acharne jusqu'à réussir au lieu de juste tout laisser tomber.

Enfin « réussir » de façon relative, j'espérais dans un premier temps refaire une image existante pour commencer facile et me familiariser avec le mécanisme de génération avant de me faire une image aux p'tits oignons, mais visiblement c'était beaucoup trop ambitieux.

Je suis arrivée à un système satisfaisant en utilisant la base d'Unihertz et une image système générique (GSI) publiée par Pierre-Hugues Husson

Finalement il va peut-être falloir que je trouve un autre fournisseur de GSI, et j'ai quand même quelques doutes sur la sécurité des composants en dehors de la GSI, mais au moins le principe des GSI est éprouvé.

L'essayer, c'est l'adopter

J'ai donc déclenché la procédure de retour de mon XCover Pro juste après avoir transféré mes comptes et mes applications sur le Jelly 2, en me disant que ça me ferait une petite période d'essai avant de revenir avec joie à mon « vrai » ordiphone après sa réparation.

C'est finalement l'inverse qui s'est produit : pendant les trois semaines d'utilisation « forcée » j'ai découvert que j'avais surestimé les inconvénients et sous-estimé les avantages du Jelly 2. Ce mini-ordiphone est devenu définitivement mon téléphone du quotidien, et l'est encore au moment d'écrire ces lignes.

J'ai quand même été contente de retrouver mon XCover Pro pour certaines utilisations, que je décrirai plus loin, donc pour l'instant les deux ordiphones coexistent dans ma vie. Le Jelly 2 est quand même le téléphone principal, et s'il ne fallait choisir qu'un seul des deux, je choisirais celui-là.

L'utilisation au quotidien

Le petit volume

C'est la caractéristique principale de ce téléphone, mais je n'imaginais pas à quel point c'est pratique. Je peux même le mettre dans une poche avant de jean's femme !

Les poches, ça change complètement la vie. Pas besoin d'action particulière avant de s'assoir, pas besoin de se demander si j'en aurai besoin quand je vais dans une autre pièce. Je peux même sortir de l'appart' avec seulement le téléphone dans une poche et les clés dans l'autre ; et éventuellement une carte bancaire avec le téléphone et un sac de courses plié dans une poche arrière.

Et même quand je n'ai pas de poche, le plus petit volume le rend beaucoup plus facile à intégrer dans le sac à main.

Enfin, même si ça pourrait être plutôt dans la section suivante, un écran assez petit pour être complètement à portée de pouce, c'est aussi un gain de confort qui me plait beaucoup. À tel point que j'utilise moins souvent l'index qu'avec mes téléphones précédents.

Le petit écran

Comme on peut s'y attendre, le principal défaut d'un tout petit téléphone, c'est que l'écran est tout petit, et ça demande effectivement quelques aménagements :

Je m'attendais à rencontrer des problèmes de précision de l'écran tactile, parce que le doigt est trop gros par rapport à l'écran ou les cibles que je voudrais atteindre sont trop petites, mais en fait ça n'a pas été le cas. Je ne sais pas s'ils ont fait un effort particulier sur la précision de l'écran tactile pour que l'ordiphone soit utilisable, ou c'est juste un résultat naturel des technologies actuelles, mais le résultat marche très bien pour moi.

La petite batterie

Dès le début, j'avais une autonomie de l'ordre d'une journée avec ce téléphone, ce qui me semble tout à fait honorable, même si c'est clairement moins que mes téléphones passés. Au fil du temps il est passé d'un peu plus d'une journée, voire presque deux jours quand je l'utilise peu, à un peu moins d'une journée aujourd'hui.

Comme avec la Pebble, en face de l'inconvénient de l'autonomie plus faible, il y a l'avantage d'une charge plus rapide. J'ai la flemme de faire des mesures, mais il m'arrive de le brancher un quart d'heure de partir pour avoir une autonomie suffisante.

Le petit prix

À mes yeux, Les plus gros défauts de cet ordiphone viennent de composants bas de gamme qu'il contient, plus particulièrement l'appareil photo et le récepteur GPS.

L'appareil photo est artistiquement catastrophique, lent à mettre au point, et horrible en basse luminosité. Même pour mon utilisation d'aide-mémoire, c'est handicapant : il faut se souvenir de ne pas bouger l'appareil entre le mini-flash de la mise au point et la prise réelle, et dans certains cas (petits et proches) la photo n'est utilisable ni sans flash (trop de bruit) ni avec (sur-exposé et illisible), et il faut recourir à un éclairage externe. Et même quand il n'y en a pas besoin, il reste une faille vérifier chaque cliché au lieu de pouvoir faire confiance aveuglément.

Quant au GPS, je ne sais pas exactement ce qu'il se passe, mais la précision de position est beaucoup plus mauvaise avec cet ordiphone qu'avec le XCover Pro ou le Kyocera, au point d'être parfois indiqué sur une rue parallèle, ou au niveau de l'intersection précédente ou suivante, ce qui nuit sévèrement à la navigation.

J'ai utilisé quelques fois le Jelly 2 pour naviguer en vélo, et si la petitesse de l'écran est un peu inconfortable, il serait tout à fait utilisable s'il n'y avait pas ce souci majeur d'évaluation de la position. Je me retrouve donc à utiliser mon XCover Pro pour la navigation, soit en utilisant Osmand hors connexion ou en utilisant mon Jelly 2 en point d'accès wifi pour accéder à Geovelo.

Pour la moto ou la voiture, le danger impose de regarder l'écran moins longtemps et la vitesse demande une vue plus large, et dans les deux cas le XCover Pro est indispensable.

J'imagine que de bonnes instructions vocales seraient encore meilleures pour la sécurité, mais je n'ai encore jamais rencontré d'instructions vocales assez claires pour se passer de la prise de connaissance de la carte et de sa mise en correspondance avec la réalité que je vois.

Le capteur d'empreintes ne me reconnait pas toujours du premier coup, au point que je trouve normal qu'il faille deux à quatre tentatives avant de déverrouiller l'ordiphone par cette méthode. Ça ne me gêne pas vraiment, mais je connais des gens plus exigeants.

Je suppose que tout le reste de l'ordiphone est à l'avenant. J'imagine qu'un audiophile trouvera la puce audio pathétique, un graphique la gestion des couleurs catastrophiques, ou un gamer la précision et la latence de l'accéléromètre et de l'écran tactile misérable. Ce n'est pas mon cas juste parce que je n'ai pas regardé de près ces composants. Ça reste un ordiphone de petite série à 200 €, quoi.

La robustesse

Depuis 2015 avec le Kyocera, tous mes téléphones étaient antichocs et étanches, et j'ai pris l'habitude de compter sur cette résistance.

Déjà avec l'XCover Pro j'avais arrêté faire volontairement tomber l'appareil, et je n'allais pas immerger volontairement le Jelly 2, mais le besoin de résistance a toujours été pour faire aux imprévus.

J'ai été agréablement surprise de la robustesse de cet ordiphone qui n'est pas spécialement renforcé. Il a subi plusieurs chutes, certaines sur des surfaces assez dures pour me faire vraiment peur, en n'étant protégé que par la coque et le film d'écran livrés avec. Il s'est également retrouvé plusieurs fois dans des poches profondément mouillées par la pluie. Aucune conséquence n'est visible pour l'instant.

Je n'ai pas essayé de m'en servir sous la pluie, principalement parce que la période de sécheresse actuelle ne m'en a pas donné l'occasion. J'ai peur que ça ne se passe très bien, et je ne sais pas trop comment je vivrai cette situation.

L'écran tactile marche assez mal avec des doigts mouillés ou gras, mais nettement mieux que mon ordiphone de 2013 qui m'a fait chercher un GPS piéton dédié, donc je suppose qu'il y a eu du progrès technologique entretemps. En revanche le capteur d'empreintes est lamentable dès que le doigt n'est pas parfaitement sec.

Je suppose que le format plus ramassé de cet ordiphone le rende naturellement plus résistant à diverses contraintes physiques, mais la conclusion que j'en tire est plus que j'ai surestimé le besoin de résistance dans ma vie de tous les jours.

D'un autre côté, depuis le début (je crois que je l'ai écrit pour la première fois dans mon Every Day Carry de 2015), je demande de la robustesse non pas pour la vie de tous les jours, mais pour avoir un moyen de communication d'urgence en cas de gros problème, comme se faire percuter par une voiture ou tomber dans un cours d'eau avec une cheville cassée ou quelque chose comme ça.

Je suis donc encore en pleine hésitation entre m'accrocher à mon besoin de robustesse (et donc lâcher le Jelly 2) et l'abandonner (et donc chercher un autre dispositif de communication d'urgence ou parier ma vie que je n'en aurai pas besoin).

Verdict

Mes critères d'utilisation d'un ordiphone n'ont pas eu le temps de changer depuis 2021. Pour rappel, les voici par ordre d'importance décroissante :

  1. communications vocales ou SMS avec des secours ou des proches en cas d'urgence vitale,
  2. communications vocales, SMS, WhatsApp, et Signal, avec des proches en situation normale,
  3. retrouver mon chemin sur une carte,
  4. accéder à des sites web ou à un serveur SSH en urgence,
  5. recevoir des notifications par pushover ou équivalent,
  6. faire des photos aide-mémoire (David Madore développe l'idée mieux que moi),
  7. servir de deuxième facteur d'authentification,
  8. faire fonctionner les appli'-à-la-con nécessaires pour le fonctionnement de certains jouets (gants chauffants, boroscope, etc),
  9. passer le temps sur des jeux idiots ou en écoutant de la musique.

Tous les points sauf le premier ont pu être éprouvés au cours de cette année d'utilisation, et le Jelly 2 me satisfait presque autant que son prédécesseur, le XCover Pro, tout en étant beaucoup plus pratique à transporter entre les utilisations.

Je m'attendais à ce que son utilisation soit beaucoup plus rugueuse, et finalement ce n'est pas du tout le cas. Je ne suis toujours pas vraiment enthousiasmée par un ordiphone android, mais celui-ci représente un compromis qui me plaît nettement plus que les autres.

Il ne resterait plus qu'à régler la question de la communication d'urgence.

Publié le 29 avril 2023

Tags : Jouets

Grosse Madeleine Bedonnante

Dans ce billet de blog, je vais vous parler de mes activités physiques, donc forcément il faut que je commence par un titre auto-descriptif dévalorisant. La mauvaise image de soi n'est-elle pas un pilier essentiel du fitness moderne ?

Ce titre a surtout les initiales GMB, parce que c'est surtout mon avis sur le programme de gmb.io, qui est mon principal fournisseur d'activité physique ces jours-ci.

Avant ça je vais, comme d'habitude, poser le contexte général dans lequel ça s'inscrit. Une sorte de « dans les épisodes précédents… » sauf que contrairement à d'habitude, ces épisodes n'ont pas été diffusés ici.

Donc finalement, ce billet devient plutôt une liste comparative de mes principales activités physiques dans ma vie adulte, présentées dans un ordre narrativement logique qui est presque l'ordre de temps total que j'y ai consacré. Les exceptions seront explicitement signalées.

Je ne vais pas vous parler des cours d'EPS de ma scolarité, ils ne sont qu'un énième exemple de comment fâcher durablement une jeune avec les pratiques sportives. Je vais plutôt n'évoquer que ma vie hors des études et les activités physiques que j'ai choisies par moi-même et pour moi-même.

La marche vive

Ma principale activité physique a toujours été la marche, parce que c'est mon moyen de transport préféré, et avec la moto ce sont les seuls moyens de transports qui me plaisent pour eux-mêmes, tous les autres sont des coûts pour obtenir la présence dans le lieu de mon choix.

J'aime beaucoup l'activité elle-même, principalement parce qu'elle permet de laisser mon esprit gambader librement dans le paysage de mes pensées.

J'aime beaucoup le peu de prérequis et le peu d'obligations après, il n'y a presque que du déplacement.

J'aime beaucoup aussi la facilité d'organisation qui en est la conséquence : je peux décider sur un coup de tête d'aller dans le lieu à portée de marche que je veux, sans préparatifs, sans préavis, sans me poser la question de l'heure et du jour courants, sans regretter d'avoir laissé tel équipement dans le lieu où je ne suis pas ou ne pas avoir telle infrastructure à l'arrivée.

Bref, j'adore l'autonomie que ce moyen de transport me procure, et sa fiabilité qui fait que je peux compter sur cette autonomie.

Résultat, en 2022, qui était une mauvaise année pour la marche à cause d'une mission lointaine pendant six mois et du passage au vélo pour les trajets professionnels, j'ai enregistré presque 16 heures (je m'attendais à peu, mais pas à si peu) sur 70 trajets à pied, et presque 130 heures de marche pour le plaisir et pour entretenir mon endurance (qui m'a cruellement manquée quand le Grand Confinement l'a fait fondre). Je ne sais pas trop combien de marche j'ai oublié d'enregistrer, tant c'est une fonction naturelle que j'utilise sans réfléchir.

L'art et le martial

La deuxième activité physique, aussi bien par ordre d'importance que par ordre de temps passé, est l'autodéfense.

J'ai beaucoup de mal à en parler, aussi bien ici pour des questions de ligne éditoriale que dans le reste de ma vie pour des raisons plus obscures, que je pense être principalement la difficulté à trouver des mots satisfaisants pour l'évoquer et le malaise que j'ai envers la position sociale que peut donner les compétences martiales.

Je vais essayer de faire une exception dans cette section, en espérant ne pas le regretter à l'avenir.

L'esprit des cours

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ces cours, c'est précisément l'objectif unique, permanent, et pragmatique de l'autodéfense.

Administrativement, il s'agissait de cours d'un art martial, parce qu'il faut bien tomber dans une case, mais l'art martial en question — que je ne vais même pas me donner la peine de nommer — n'était qu'un moyen vers un but, et en fait surtout une méthode pour atteindre de but.

Donc je trouve qu'il serait injuste de dire que c'était un cours de tel art martial, de la même façon qu'il serait injuste de parler d'un cours de Bréal ou d'un cours de MéthodiX au lieu d'un cours de math, quand bien même ce cours s'appuierait sur un Bréal ou un MéthodiX.

De la même façon, il m'arrive parfois d'appeler le prof de ce cours « mon sensei », alors qu'il serait probablement horrifié d'être désigné ainsi, mais c'est parce que je le fais sans aucune trace de la japanophilie martiale qu'il exècre. Dans la conversation courante et dans ce billet, j'utilise le mot « sensei » comme un raccourci pour « prof d'art martial qui a non seulement formé ma pratique technique mais aussi ma philosophie d'application des techniques martiales en question ».

L'autodéfense est cependant une pratique plutôt lacunaire d'un art martial, parce que les conditions mêmes de l'autodéfense anéantissent la pertinence de beaucoup de techniques. Pour être utile dans un cadre d'autodéfense, une technique doit pouvoir être réalisée à froid, dans des vêtements peu propices au sport, sur un sol peu confortable et plein d'obstacles (de la crotte de chien sur laquelle on glisse au tesson de bouteille sur lequel on tombe), avec un éclairage pas forcément terrible, dans des conditions mentales dégradées, sur quelqu'un qui n'est pas coopératif, qui n'est pas forcément dans un état physiologique normal, qui n'est pas forcément seul, et qu'il ne faut pas trop abîmer pour limiter les désagréments judiciairo-policiers ensuite.

J'ai beaucoup aimé que les cours n'ont presque jamais perdu de vue de cadre d'application, et marquaient clairement les exceptions. Je suis encore très impressionnée par l'équilibre qui a su être maintenu pour garder ce cadre sérieux et déprimant tout en maintenant une ambiance sympathique et agréable. Et encore plus depuis que je vois le contraste avec les discussions entre motards sur les accidents.

J'ai aussi beaucoup aimé que ce soit le seul objectif du cours ; il y avait à chaque nouvelle année scolaire un lot de disclaimers sur le fait qu'on n'est pas ici pour faire du sport (même si ça reste par nécessité une activité physique), ou pour s'entraîner à la bagarre, ou pour être en compétition les uns avec les autres. J'ai vu moult condisciples à qui ça manquait, et aller voir ailleurs en complément ou en remplacement, mais c'était exactement ce que je voulais en excluant des choses qui me déplaisent.

D'ailleurs en passant, si quelqu'un a une adresse de cours dans cet esprit, j'aimerais beaucoup reprendre.

Les bénéfices

Si j'y suis allée dans l'objectif unique d'apprendre l'autodéfense, j'en ai bien tiré quelques bénéfices secondaires forts à mon goût.

Le premier est l'impression de pouvoir me défendre. Il y a peut-être des vrais morceaux de Dunning-Kruger là-dedans, mais tant que je n'ai pas l'occasion de mettre en pratique ce que j'ai appris (et ça ne me dérangerait pas que ça n'arrive jamais), je peux être confiante dans ma capacité à le faire, et ça augmente sérieusement ma sérénité dans tout un tas de situations.

À tel point que seulement cette sérénité et l'activité physique dans une bonne ambiance suffisent à mes yeux pour justifier l'investissement financier et temporel dans ces cours.

Le deuxième bénéfice est le transfert d'apprentissage entre les gestes martiaux et la vie de tous les jours. C'est très subtil, parce que je le fais généralement sans m'en rendre compte.

Je me souviens encore du premier exemple que j'ai découvert (et que j'ai déjà raconté dans Body by You) : il y avait sur mon lieu de travail une porte un peu dure à ouvrir, je sentais qu'elle me demandait plus d'effort physique que les autres portes mais ça ne me semblait pas anormal. J'ai entendu des plaintes venant de collègues mieux pourvus que moi par la nature, et qui pourtant n'arrivaient pas à l'ouvrir ; et au début j'ai même cru qu'ils parlaient d'une autre porte que je n'avais pas encore rencontrée. Et finalement après plusieurs observations j'ai fini par comprendre qu'ils tiraient cette porte par la seule force d'un seul de leur bras, parfois avec un deuxième, alors que j'utilisais mes bras pour coupler la poignée avec mon buste et je tirais avec les muscles des cuisses, en tournant les hanches.

Je n'ai aucune idée de comment j'ouvrais les portes avant de prendre les cours d'autodéfense, si ça se trouve je faisais déjà instinctivement comme ça, mais je ne sais pas trop d'où je l'aurais sorti. Il est de fait que l'utilisation des hanches aussi souvent que possible est une des bases de ce que j'ai appris dans ces cours.

Un autre exemple, où je suis sûre qu'il y a eu transfert d'apprentissage, est pour se retourner en commençant couchée sur le dos. Dans la vie de tous les jours c'est surtout dans mon lit, et je suis à peu près sûre qu'avant je faisais comme en partant de toutes les autre positions initiales, c'est-à-dire se tortiller en essayant de bénéficier d'un moment d'inertie.

Quand on est allongé sur le dos, on peut utiliser la jambe opposée à la direction de rotation en posant le pied près des fesses et en poussant dessus, ce qui permet un mouvement beaucoup plus puissant et contrôlé. Et ça aussi, c'est allongée sur un tatami que je l'ai appris.

Je suis donc persuadée que cet enseignement martial, malgré les limitations du cadre prévu, m'a donné des clés de fonctionnement de mon corps dont je bénéficie plusieurs fois par jours, généralement sans m'en rendre compte.

Body by You

Je fais un détour par la quatrième activité physique en termes d'importance et de temps passé, parce qu'elle est chronologiquement avant la troisième et elle a posé des bases importantes.

Il s'agit des exercices à faire chez soi décrits dans le livre Body by You de Mark Lauren et Joshua Clark, et dont j'ai longuement parlé dans mon billet de même titre.

En résumé, il s'agit d'exercices en force (strength training) en n'utilisant que le poids du corps, organisés dans cinq séries de difficulté croissante, avec la progression basée sur le fait que dès qu'on arrive à faire correctement toutes les répétitions d'un exercice, c'est qu'il est trop facile et qu'il faut passer au suivant. Les séries sont construites pour couvrir tous les principaux groupes musculaires.

Je ne remercierai jamais assez Balise d'avoir partagé ses impressions sur ce livre au point de me donner envie d'essayer.

L'apport le plus important de ce livre est qu'il m'a réconciliée avec les exercices physiques à faire chez soi, en anéantissant toutes mes réserves envers ce type d'activité.

D'abord, je n'imaginais pas que j'allais tenir une telle série d'exercices dans la durée. Il y a des histoires d'endorphines produites par le sport, ça n'a jamais pour moi : j'ai toujours trouvé le sport chiant et désagréable, et chaque session est une lutte perpétuelle contre la flemme et l'envie d'aller faire quelque chose d'agréable à la place. Je pensais que je finirais tôt ou tard par renoncer, et qu'à partir de là les renoncements seraient de plus en plus faciles, jusqu'à abandonner complètement. Ce n'est pas le cas, ou du moins pas encore.

Ensuite, il démontre qu'il n'y a pas besoin de tonnes d'équipement ou d'investissement temporel énorme. C'est l'avantage de choisir un programme auprès de gens qui n'ont qu'un programme à vendre, contrairement aux gens qui vendent en même temps des équipements ou de l'espace publicitaire, et dont le conflit d'intérêt n'est pas toujours caché.

Enfin, il a su s'adresser à mon intelligence aussi bien qu'à mon corps.

La plupart des programmes d'exercices que je trouve sur internet ne sont pas plus justifiés que par un « je fais ça et ça me va », ou à la limite « tel athlète fait ça et ça lui va » ; alors que j'ai besoin de savoir pourquoi je fais un truc avant de le faire.

D'un autre côté, je n'ai aucune envie de prendre le temps d'apprendre à concevoir des programmes d'exercices, c'est un investissement en temps et en énergie beaucoup trop grand pour les bénéfices que j'en espère.

Body by You a trouvé un équilibre qui me convient, en expliquant suffisamment les tenants et les aboutissants et avec une structure suffisamment limpide pour que je puisse en voir la logique. Je n'ai pas le niveau pour critiquer ou améliorer la conception du programme, mais je peux voir la cohérence de l'ensemble, et il m'inspire suffisamment de confiance dans la qualité de la conception et dans l'adéquation entre les moyens et les buts affichés.

GMB

On arrive (enfin) au cœur de cet article, l'activité physique qui a succédé dans ma vie à Body by You, au point d'atteindre la troisième place en importance et en temps passé.

La succession

Les billets de critique à long terme, une fois passé l'enthousiasme de la nouveauté, sont ceux qui m'intéressent le plus malgré leur rareté (c'est pour ça que j'en produis moi-même). En particulier pour ce genre d'activité, comme pour les emplois, la meilleure question avant de commencer c'est « qu'est-ce qui fait arrêter les gens ? » Je m'en voudrais de ne pas y répondre dans mon cas.

J'ai beaucoup aimé Body by You, et je continue de penser qu'il est le meilleur (sur moi) pour atteindre les buts affichés, à savoir dépenser des calories et gagner en force physique. Il n'a été remplacé que parce que je suis tombée sur un programme qui me donne l'impression d'avoir les mêmes qualités et avec des buts encore plus à mon goût.

J'ai découvert gmb.io grâce à un commentaire de Balise, que je ne remercierai décidément jamais assez. J'étais satisfaite du travail en force de Body by You, et je me disais qu'il me faudrait quelque chose en plus pour travailler aussi la souplesse, ce qui est proposé par le programme "Mobility" de GMB. J'en ai profité pour regarder le reste du site.

Ma première impression envers GMB a été la méfiance, parce que tout leur discours fait sonner mon alarme à arnaque sur les modes « trop beau pour être vrai » et « trop proche d'être parfaitement ce que je veux, au point d'avoir une odeur d'effet Barnum ».

Et deux ans plus tard, ces alarmes se sont toujours pas tues, je continue d'être surprise par la proximité philosophique entre GMB, les cours d'autodéfense que j'ai suivis, et moi. Par contraste avec l'écrasante majorité de ma vie où je suis très atypique et où je suis rarement satisfaite sans dépenser beaucoup d'énergie en détournements créatifs.

D'un autre côté, c'est peut-être vraiment une arnaque et je ne me serais pas encore rendu compte après avoir dépensé 488 $ dans 7 programmes (dont 3 que je n'ai même pas encore commencés, on dirait une pile-à-lire), et je continue de me faire tondre joyeusement.

La philosophie

Body by You propose surtout de brûler des calories en augmentant sa force musculaire, et le bénéfice transférable se limite à faire les mêmes mouvements que d'habitude avec des muscles plus puissants. L'exemple de la porte illustre bien l'idée héritée de mon sensei qu'on gagne beaucoup plus d'efficacité à bien utiliser ses muscles qu'en augmentant leur puissance.

À l'inverse, GMB part du concept d'autonomie physique, qui est en gros pouvoir faire ce qu'on veut faire dans la vie de tous les jours sans être limité par son corps. Ils découpent ce concept en trois axes : la force musculaire (avec le même argumentaire que Body by You), la souplesse (c'est aussi triste d'être limité par une articulation que par une faiblesse musculaire), et la coordination.

À partir de là ils proposent des exercices pour développer et entretenir cette autonomie, de façon homogène ou en privilégiant un axe particulier, et de façon à servir d'entrainement physique principal ou de complément à une activité préférée.

Le parallèle avec mes cours d'autodéfense est assez clair : contrairement à tous les autres programmes que j'ai vus, les programmes de GMB ne sont pas une fin en soi, ce n'est pas du fitness pour du fitness, c'est juste un moyen. Ils donnent un objectif clair et désirable pour faire passer tous les désagréments de l'entrainement.

Je suis récemment tombée sur leur article intitulé si tu ne peux pas le faire en jean's, tu ne peux pas le faire, qui me semble bien en remettre une couche, je n'ai fait qu'acquiescer tout au long de sa lecture.

Un autre article qui m'a marquée est leur approche du Kip-Up, sur lequel je suis tombée à un moment où j'avais envie de voir si je serais capable de m'entrainer à faire ça. J'aime beaucoup le fait qu'ils prévoient dans le programme un entrainement sur comment faire pour rater sans se faire mal. J'avais déjà vu ça sur la position du corbeau, ça aide beaucoup à me convaincre que leurs programmes sont construits avec soin, rigueur, et sérieux.

De façon plus générale, au-delà de se préparer à rater les premiers essais, j'aime beaucoup l'idée de forger des compétences physiques largement applicable, avec la section Play de leur système « 5P » dans laquelle sont encouragés l'exploration et les variations autour de mouvements supposés connus. Je crois que c'est le mieux représenté par le petit diagramme début de la présentation du programme Sequences.

En résumé, GMB me donne l'impression de concevoir des programmes qui sont bien pensés et aussi transférables que possible, et ça c'est une logique qui m'attire beaucoup plus qu'une checklist de groupe de muscles à faire bosser.

Le verdict positif

Me voici donc après deux ans (discontinus pour raisons médicales) de programmes GMB, et en bref je trouve qu'ils ont bien tenu leurs promesses.

Comme pour l'art martial, la transférabilité est généralement inconsciente, donc il y a une certaine dose de foi dans cette impression ; mais comme pour l'histoire de la porte, j'ai clairement constaté quelques transferts.

Le transfert le plus flagrant vient du programme Elements. J'y ai travaillé sur diverses façons de se déplacer à quatre pattes et les transitions entre ces façons, ce qui m'a appris l'équilibre dynamique sur un pied et une main. Et depuis des mois, à chaque fois que je veux me déplacer avec une ou deux mains par terre, c'est du GMB qui sort.

Ces jours-ci, un peu plus d'une fois sur deux quand je me lève d'une chaise, j'ai aussi le feeling GMB, même si je n'arrive pas encore à cerner précisément pourquoi. J'imagine que se lever avec le poids inégalement réparti sur les jambes rappelle des fins de flexions exotiques.

Je reconnais que ça fait un peu léger comme liste de bénéfices, mais ça suffit à me donner la foi.

Je me souviens aussi du moment où j'ai compris qu'une suite d'exercices était en train de me faire progresser lentement et presque sournoisement vers l'équilibre sur les mains, et j́'étais toute surprise d'être déjà capable de faire tenir tout mon poids sur mes pauvres poignets.

J'ai récemment commencé leur nouveau programme Sequences, et une partie de ma motivation a été la liste de mouvements vers lesquels ils prétendent me faire arriver (dont le Kip-Up), et qui m'ont l'air tous beaucoup trop acrobatiques pour moi. On verra bien si j'y arrive…

Au quotidien, le niveau de directivité de leurs vidéos est juste à mon goût. J'aime beaucoup la façon dont ils présentent les différents ajustements possibles à chaque exercice suivant le niveau que l'on a au moment de l'exécution ; je suis assez confiante sur l'étendue de niveaux auxquels ils s'adressent.

À chaque fin d'échauffement, ils demandent si on se sent d'attaque pour la session. J'ai presque toujours répondu par l'affirmative, parce que je suis assez à l'écoute de mon corps pour ne pas commencer si je ne suis pas en état. J'ai essayé l'alternative pour la première fois récemment, et je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt, parce que ça m'a donné une session très allégée, qui permet de faire un peu plus que rien du tout.

Par rapport à Body by You, je trouve que la progression est bien plus fluide, les descriptions des mouvements plus précises, et j'aime beaucoup que l'échauffement fasse partie du programme. Je n'ai eu aucun problème de nausées, mais je ne sais pas si c'est grâce à cet échauffement ou si c'est juste parce que je n'ai pas spécialement visé le travail en force, et je me retrouve à déployer beaucoup moins de puissance dans les programmes GMB.

Les limites

J'ai quand même relevé quelques points négatifs dans mon expérience des programmes GMB.

Le plus gros est que ça reste des exercices à distance, et je ne suis jamais sûre de faire correctement tous les mouvements. Ils sont disponibles par e-mail pour apporter des précisions, mais ça ne suffit pas toujours. Je n'ai pas essayé de leur envoyer une photo ou une courte vidéo pour voir comment ils réagiraient (je sais que la critique de vidéos fait partie de leur abonnement que je n'ai pas payé).

J'ai été un peu négativement surprise de ne pas toujours retrouver leurs mouvements ailleurs sur internet. Je ne sais pas dans quelle mesure ils inventent des trucs et fabriquent des noms avec, mais quand j'ai rencontré des difficultés à comprendre un mouvement avec leur vidéo, je n'avais que l'option de leur envoyer un e-mail. D'un autre côté, quand j'étais sur le swipe j'ai été surprise de trouver que je faisais un power move sans le savoir, donc j'ai peut-être juste eu de la malchance en tombant les noms non-googlables.

J'ai trouvé que leurs programmes avancent beaucoup plus vite que mes capacités physiques, et dans les fins de programme j'ai souvent substitué des mouvements par des équivalents plus simples vus plus tôt. J'ai supposé que c'est voulu, pour qu'il y ait des bénéfices à refaire un programme et pour s'adresser à un public plus large.

D'un autre côté, j'ai été un peu déçue par mon deuxième passage dans leur programme le plus simple (Elements), même après une pause les premières sessions étaient beaucoup trop simples pour moi et je n'ai pas réussi à inventer de substitution plus difficile.

J'ai aussi été embêtée par la difficulté des programmes en dehors d'Elements et Mobility, j'ai trouvé leurs débuts plus difficiles que la fin Elements. Je me suis retrouvée à un niveau un peu inconfortable où aucun de leur programme ne semblait convenir. Sequences a l'air parti pour répondre à ce problème mais j'ai un peu de mal à juger pour l'instant.

J'ai aussi rencontré des petits problèmes d'espace au sol, les logements en région parisienne étant ce qu'ils sont. Encore une fois, Elements et Mobility sont particuliers, ils se font bien dans un couloir en débordant occasionnellement dans une pièce adjacente, et du coup j'étais en confiance et d'autant plus déçue dans les autres programmes. Et pourtant j'étais prévenue, mais dans le feu de l'action j'ai oublié… J'arrive plus ou moins à improviser des variantes, mais je ne suis pas sûre de bénéficier autant de l'exercice.

Enfin je dois reconnaître que une certaine insatisfaction entre les objectifs annoncés et les résultats. Je suis complètement à fond dans leur idée d'autonomie physique, mais je n'ai à mettre en face de cet idéal qu'une foi basée sur des impressions d'avoir transféré un apprentissage… J'aurais beaucoup aimé voir quelques bénéfices clairs à tout le temps que j'ai passé sur ces programmes, comme des choses que je n'arrivais pas à faire avant, des choses que j'arriverais à faire beaucoup plus facilement maintenant, ou une évolution physique assez flagrante pour être relevée par mon entourage.

Cela dit, cette critique s'étend à toutes les autres activités physiques dont j'ai parlé ici, à côté de la marche pour entretenir une endurance dont je ne me sers jamais, et d'un art martial dont je n'ai encore jamais eu besoin et donc dont le bénéfice relève aussi d'un acte de foi.

Est-ce qu'il n'y aurait pas des choses plus épanouissantes ou agréables à faire avec les 9 heures par semaine que je consacre ses jours-ci aux activités physiques ?

Le vélo

J'étais sur le point de conclure ce billet en oubliant le vélo, et j'ai déjà longuement développé le sujet il y a quelques mois.

Depuis ce billet j'ai trouvé dans mes trajets pendulaires un équilibre entre beaucoup d'assistance et peu d'effort pour aller au travail sans s'épuiser, et revenir sans moteur et avec autant d'intensité que possible.

Le vélo assisté a remplacé une immense majorité de mes déplacements en transports en commun. Je peux presque aller d'une extrémité à l'autre de Paris et un peu plus tard faire le retour dans l'autre sens. Je ne suis pas fan du danger supplémentaire et de la perte des occasions de lecture, mais je préfère quand même ne pas avoir à gérer mon ochlophobie et être soumise à moins d'aléas.

Conclusion

Voilà un panorama en version longue des exercices physiques que je pratique.

Je me considère encore comme plutôt nerdy et amorphe ; je suis avant tout un esprit enfermé dans une prison de chair avec laquelle il faut bien composer ; et je n'arrive même pas à utiliser le mot « sport » pour désigner les activités physiques que je pratique.

Pourtant il semblerait que ces pratiques me mettent à un niveau qui est loin d'être ridicule pour une occidentale sédentaire, et parfois je me demande s'il y a tant de distance que ça entre « une personne plutôt sportive » et moi (et ensuite je me souviens de l'axiome fondamental de l'univers).

J'ai beau essayer d'internaliser une certaine foi dans les bénéfices de ces pratiques pour justifier le temps que j'y passe, une part non-négligeable de ma motivation reste l'attitude lamentable du corps médical envers ceux qui ne pratiquent pas d'activité physique régulière ou qui ont un BMI supérieur à un seuil aussi idiot que la mesure elle-même.

Bref, j'ai fait de mon mieux tout au long de ce billet pour garder l'attitude positive et merveilleuse que notre société semble avoir envers le sport, mais à un moment il faut quand même regarder la réalité en face. Et quel meilleur moment pour le faire que dans la conclusion d'un billet interminable que personne ne va lire ?

Au-delà des circonstances sur lesquelles je n'ai aucun contrôle, je trouve que GMB fait d'excellents programmes qui sont beaucoup plus à mon goût que la grande majorité de ce que j'ai pu voir sur internet. Je garde la marche et le vélo pour travailler la cardio, et j'y ajoute GMB pour la force, la souplesse, l'équilibre, et l'utilisation de mon corps comme outil de base pour agir sur le monde physique.

Publié le 31 mars 2023

Tags : Autoexploration Évènement

Relooking II

La présentation visuelle du présent site est stable, à tendance préhistorique, à l'instar de ma relation avec le web en général.

Pour situer concrètement, j'ai lancé le présent site au tout début de l'année 2009, après une lamentable mort de mon précédent site suite à une panne d'alimentation du serveur et de la combinaison de l'hébergeur qui ne touche pas aux vieilles machines et de ma propre négligence envers les backups.

Depuis ce lancement, la présentation n'a changé qu'une seule fois, lors d'un relooking en 2016 pour rendre la lecture plus confortable sur une variété d'écrans, en imposant une largeur maximale en rem à la zone centrale pour aider à la lisibilité dans les fenêtres plus larges, et avec un réagencement « liquide » des informations auxiliaires pour les écrans plus petits.

J'ai depuis quelque temps une toute petite envie d'ajouter une toute petite touche de modernité, en proposant un « mode sombre » où le texte est en clair sur fond sombre.

Ça fait depuis juillet 2022 que je sais que c'est facile à faire (merci au passage à gab de #gcu), il ne restait plus qu'à se sortir les doigts des fesses et le faire.

Enfin la plus grosse difficulté n'est pas sortir les doigts, mais le fait qu'on ne pas juste faire « un mode sombre », il faut en réalité faire toute une palette de couleurs qui essaye d'approximer l'Idée de mode sombre.

Or les couleurs, et l'esthétique en général, ce n'est pas trop mon truc. J'imagine que c'est déjà terriblement flagrant dans le thème actuel, et ceux qui m'ont rencontrés savent à quel point je suis une faute de goût ambulante. D'ailleurs le CSS lui-même n'est pas trop mon truc non plus, et le fait que je consulte mon site généralement dans w3m, qui ne lit pas le CSS, n'aide pas vraiment.

C'est pourquoi je fais faire appel à vous, chers lecteurs, puisque vous êtes plus touchés que moi par ce changement. Quelle palette de couleurs vous plait le plus ?

Ma première idée s'est portée sur Solarized, que j'utilise depuis très longtemps dans tous mes terminaux, et qui est donc la palette que j'ai sous les yeux pendant la majeure partie de mon temps éveillé.

Une critique récurrence de Solarized est le manque de contraste, et même si ça ne me dérange pas dans mes terminaux, je reconnais la baisse de contraste par rapport à mon thème actuel.

D'un autre côté, je me souviens que dès mes premiers pas en CSS, il était fortement déconseillé de faire du noir sur blanc, parce que c'est trop de contraste ; c'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle le thème actuel est en noir sur albâtre. Même si j'ai du mal à imaginer un ressenti correspondant aux mots « trop de contraste », je fais confiance dans les gens plus compétents que moi en matière d'expérience visuelle. Bref, tout ça pour dire que moins de contraste, c'est peut-être mieux.

En suivant les critiques, je suis tombée sur Selenized, qui me chagrine un peu parce qu'il n'utilise pas la même palette pour le mode clair et le mode sombre, mais pour un site web ce n'est pas vraiment un critère. Il est effectivement clairement plus contrasté.

J'ai aussi vu passer OKSolar, dont je ne vois pas du tout l'intérêt, mais que je mets avec parce que ça ne me coûte pas cher.

Je vous ai donc préparé six feuilles de style alternatives, dans l'espoir que vous puissiez tester et me dire ce que vous en pensez.

Pour rappel, je vous remets la capture d'écran que j'avais faite en 2016 sur le menu dans lequel faire ce basculement dans firefox.

Capture d'écran dans firefox

Une autre question ouverte est l'utilisation de ladite palette. Le style actuel est assez bordélique, j'ai fait de mon mieux pour rationaliser les couleurs, en choisissant :

Je suis ouverte à toutes les suggestions pour améliorer l'utilisation de la palette dans le design actuel du site.

Je vous remercie donc par avance de prendre le temps de me faire part de vos préférences en matière de palette, que ce soit en commentaire ci-dessous, par message personnel, par e-mail ou IRC, par twitter, ou tout autre moyen qui vous plaira.

Il va de soi que je ne tiendrai rigueur à personne de ne pas avoir de préférence sur la question, que ce soit par incompétence esthétique, par consultation sans CSS (w3m, tts, lecteur RSS, etc), ou toute autre raison. C'est juste que les révisions de mon CSS sont tellement peu fréquentes que si vous ne vous manifestez pas prochainement vous risquez de saigner des yeux pendant des années…

Publié le 12 février 2023

Tags : Appel au public Site

Mon sommeil en 2022

Fin 2021, j'avais publié un billet intitulé Difficulté à dormir en réaction à un billet de David Madore de même titre, et il me semblait opportun de revisiter ce sujet ces jours-ci.

Comme les considérations dans ce billet sont une suite directe, vous voudrez peut-être (re)lire ces deux billets. Un résumé rapide et à la hache se trouve dans la partie suivante.

Dans les épisodes précédents…

Le billet de David Madore part sur l'idée qu'« il y a deux moments agréables dans la journée : le soir quand on se couche, et le matin quand on ne se lève pas » et proposer de distinguer les « lève-tôt » et les « couche-tard » suivant qu'ils préfèrent l'un ou l'autre de ces moments.

J'ai eu beaucoup de mal à me positionner dans cette classification, parce que je cherche les états agréables plus que les changements d'état agréables, et parce que j'ai du mal à évaluer l'état « endormie » puisque je suis complètement inconsciente pendant ce temps et que je ne me souviens pratiquement jamais de mes rêves.

J'en ai profité pour décrire mes transitions autour de cet état.

Du côté du réveil, je sens une transition très rapide vers l'état « éveillée », qui se propage dans mon corps comme un frisson, et qui me permet d'être pratiquement opérationnelle dès le lever (une fois le manque de caféine comblé). Comme je ne sais pas ménager mes efforts mentaux, je continue d'être mentalement « à fond » jusqu'à avoir épuisé mon énergie diurne, et attendre avec impatience l'heure du coucher.

Du côté de l'endormissement, j'avais de gros problèmes, puisqu'il me fallait environ une à deux heures pour trouver le sommeil après m'être mise au lit. J'avais identifié les causes comme un manque de technique d'endormissement (je me mettais juste au lit et j'attendais que ça vienne tout seul), et des myoclonies qui cassaient toute ma progression vers l'endormissement.

Enfin j'avais évoqué un problème de fond dans la gestion de mon emploi du temps, qui me fait probablement passer moins de temps au lit qu'il serait sain pour mon corps. Je n'évoquerai pas ce problème dans le présent billet parce qu'il est toujours d'actualité, que je n'ai fait aucun progrès dessus depuis et que je ne vois toujours pas comment faire mieux à l'avenir. Donc c'est une fatalité qu'il n'est pas utile de discuter.

Se gaver aux données personnelles

J'avais évoqué dans le billet de fin 2021 avoir fait quelques mesures, et j'ai systématisé ça sur l'ensemble de l'année 2022.

Je me retrouve donc avec 365 nuits enregistrées, et pour chacune d'elles :

Il ne s'agit pas du même accéléromètre de poignet que celui dont viennent les mesures fin 2021, et il est généralement considéré comme assez mauvais dans sa catégorie. Il faut donc prendre toutes ces mesures avec encore plus de pincettes que l'électronique grand-public en général, et ce n'est pas peu dire.

En revanche, les heures d'entrée et de sortie du lit sont fiables, j'ai un raccourci sur mon ordiphone qui fait les relevés.

Je vais quand même dépouiller ces données en faisant semblant de leur faire complètement confiance.

Heures de coucher et de lever

eCDF de mes heures de lever et de coucher

Ce n'est probablement pas le graphe le plus parlant, mais pour commencer voici les distributions de mes heures de coucher, d'endormissement, de réveil, et de sortie du lit.

Ces distributions sont représentées par leurs fonctions de répartition empiriques, parce que je trouve que c'est la meilleure façon de représenter ce genre de choses.

En résumé, chaque point (xy) d'une courbe signifie qu'il y a y % des évènements qui se sont produit avant l'heure x.

Par exemple, la courbe orange a l'air de passer par le point (0:0010 %), ce qui veut dire que je ne me suis endormie avant minuit qu'un jour sur dix. Autre exemple, mon heure de coucher médiane est autour de minuit et demie, alors que mon heure de lever médiane est un peu avant huit heures.

L'intérêt de ce genre de courbes par rapport aux histogrammes est que les données empiriques sont représentées directement sans choix arbitraire qui pourrait les biaiser, contrairement aux histogrammes qui sont biaisés par le choix des classes et aux fonctions de densité qui sont biaisées par le choix du noyau de convolution.

Par exemple, sur l'heure de lever, on peut voir sur l'eCDF un mode assez net vers 7 h, un deuxième un peu moins net juste avant 8 h, et troisième très large entre 8h30 et 9h30. Ces trois modes correspondent assez bien aux trois principaux types de jours dans ma vie (travail dans les bureaux, télétravail, week-end et vacances), mais sans cette information a priori ces trois modes peuvent être masqués dans l'histogramme ou la fonction de densité.

Plus généralement, on peut voir dans l'étroitesse de ces distributions le fait qu'au niveau du sommeil mes jours se ressemblent pas mal, que je travaille ou non. Le lever montre les conséquences de la tendance de mon corps à se mettre en route rapidement, qui fait que je ne reste pas au lit à ne rien faire, même sans impératif horaire. Et le coucher est la prise en compte de ce phénomène, si je suis déjà en manque de sommeil chronique, je ne vais pas me coucher (beaucoup) plus tard si je ne peux me lever (beaucoup) plus tard.

J'imagine que ce serait intéressant de faire les distributions séparées suivant le type de jour, mais j'ai l'impression de ne pas avoir assez de données ; j'essayerai d'ici quelques années.

Temps d'endormissement

eCDF et histogramme de mes temps d'endormissement en 2022

Maintenant le cœur de mon problème : l'endormissement.

J'aurais beaucoup aimé avoir des graphes équivalent pour des années passées, comme 2012 ou 2019, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

Déjà, on peut voir qu'on avait raison de douter de la qualité des données de sommeil, puisque 12.6 % des mesures sont négatives, comme si je dormais déjà alors que j'étais en train de dormir pendant que je mettais mes bouchons auriculaires, mon masque, et que j'appuyais sur le bouton de coucher sur mon ordiphone. Et puis, le temps d'endormissement est peut-être sous-estimé par ma tendance à caler ma main gauche sous l'oreiller ou sous moi.

D'un autre côté, moins de 20 % des nuits ont un endormissement de plus de 10 minutes, ce qui pourrait laisser penser que mes problèmes d'endormissement appartiennent au passé. Et effectivement, subjectivement je ne me souviens que de quelques nuits avec myoclonies ; je me souviens de beaucoup de nuit pendant lesquelles le sommeil m'échappaient, mais sans doute moins de 20 % de l'année, c'est juste qu'elles marquent plus.

J'ai regardé de plus près les extrémités de l'histogramme, et les temps très négatifs correspondent à films ou des épisodes de série, qui peuvent physiologiquement être difficiles à distinguer du sommeil ; et les temps très positifs correspondent à des difficultés intestinales ou respiratoires.

L'intervalle sans explication évidente est donc plutôt d'environ -10 minutes à +1 heure.

Malgré le doute que je conserve envers ces données, j'ai la nette impression que ce que je fais fonctionne, donc je vais simplement continuer comme ça. Et je vais surtout éviter de me demander si ce qui fonctionne est le manque de sommeil chronique ou mes techniques d'endormissement.

Temps de sortie du lit

eCDF et histogramme de mes temps de sortie du lit en 2022

Juste pour la symétrie, voici le même graphe pour le temps entre le réveil et la sortie du lit.

Il y a à peu près autant de temps négatifs ici que pour l'endormissement, sans l'excuse du poignet calé qui trompe l'accéléromètre ou de l'ambiguïté physiologique du regardage de vidéo.

Là aussi, les temps les plus longs correspondent à des actions délibérées de ma part, sur lesquelles je reviendrai plus bas, mais en dessous de 40 minutes, je n'ai aucune idée de la part de réveils effectifs dont je n'aurais pas pleinement conscience par rapport à la part d'erreurs de mesure.

Temps de sommeil

eCDF et histogramme de mes temps de sommeil en 2022

Je ne me sentais pas de finir ce bestiaire graphique sans montrer les distributions de mon temps de sommeil et de mon temps passé dans le lit.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elles soient aussi larges, proches, monomodales, et aussi élevées. Je m'attendais à un gros mode vers 6 heures, et un plus petit vers 7 heures, alors que finalement l'ensemble est vers 7 heures.

Finalement, je ne suis peut-être pas aussi en manque de sommeil que je le crois.

Du moins, il faudrait que je regarde plus précisément mes besoins physiologiques, mais c'est très difficile à mesurer.

Corrélations

J'ai cherché pas mal de corrélations entre les différentes mesures, mais je n'ai rien trouvé d'intéressant ou de flagrant. Je ne sais pas si j'ai mal cherché ou s'il n'y a juste rien à trouver.

Je sais que j'ai beaucoup plus de mal à m'endormir si je me suis levée trop tard le matin même, mais ça fait partie des raisons pour lesquelles je ne me lève pas si tard même sans contrainte horaire, et ça ne se voit pas sur mes données.

J'imagine que les corrélations plus intéressantes seraient le sommeil avec autre chose, comme la prise de caféine, la température dans la chambre, l'effort physique ou mental dans la journée, l'état subjectif de fatigue avant et après, etc. Il manque malheureusement les mesures pour faire une telle corrélation.

Évolutions personnelles

Temps d'endormissement

Comme dit, je ne sais pas quelle est la contribution des heures de sommeil déraisonnables (si elles le sont !), des techniques d'endormissement que j'ai mises en place, et de la simple volonté d'améliorer mon temps d'endormissement.

En tout cas, le résultat me plait bien, et j'espère continuer comme ça. J'aimerais bien encore réduire la part des temps d'endormissement longs, mais comme elle n'est pas si loin de la part des temps négatifs, j'attendrai plutôt d'avoir une mesure plus fiable de mon sommeil. Je finirai peut-être par sortir moi-même l'analyseur de sommeil Withings de ma wishlist.

Cela dit, je me garderais bien de conseiller quoi que ce soit à qui que ce soit d'autre que moi-même, vu la quantité d'incertitudes qui règne autour de ce résultat.

La rêverie

Une grosse nouveauté depuis mon billet de 2021, c'est que j'ai eu un aperçu ce qu'on peut trouver d'agréable entre le sommeil profond et l'éveil complet.

J'ai constaté depuis longtemps, comme David Madore, que le sommeil du matin est plus propice aux rêves, alors suite à cette histoire fin 2021, j'ai voulu essayer de retenir le frisson d'éveil pour voir ce que je trouverai.

J'y ai trouvé non seulement les rêves auxquels je m'attendais, mais aussi un autre état, que j'ai un peu de mal à mettre en mots. Un peu comme une baignade dans la soupe primordiale dont les rêves sont faits, avant que les différents ingrédients soient sélectionnés et assemblés dans un tout à peu près cohérent (pour un rêve).

Parfois cette soupe ne sent pas très bon, avec des ingrédients qui font des rêves perturbants, désagréables, ou des cauchemars. Dans ce cas j'ai juste à laisser la vague de l'éveil tout emporter, et aller vaquer à mes occupations diurnes.

Mais la plupart du temps, cette baignade est plutôt sympathique et agréable. Au-delà de la curiosité exploratoire envers ce nouvel état comme pour les rêves, je trouve cet état onirique intéressant et agréable pour lui-même.

À tel point que s'il existait une substance chimique capable de me faire entrer facilement dans cet état, je n'aurais aucun mal à la qualifier de « narcotique », et j'imagine facilement la tentation de l'utiliser plus que de raison.

Conclusion

J'ai toujours du mal à savoir comment finir ce genre d'articles, ça va encore être une conclusion qui n'en est pas une.

J'ai évolué dans ma relation vis-à-vis de mon sommeil, et ces données sont plus de nature à me réconcilier avec lui que mes a priori, ce qui est toujours une bonne chose.

J'ai l'impression de ne pas avoir extrait tout ce que je pouvais de mon jeu de données, tout en ayant la conviction qu'on pourrait faire beaucoup mieux en le recoupant avec d'autres données que je n'ai pas (encore ?). Je suis un peu réticente à publier ces données, mais si vous avez des idées de choses à essayer avec, je suis toute ouïe.

Publié le 30 janvier 2023

Tags : Autoexploration Suite

Confiance et infrastructures

Bilan 2022

Je me demande parfois si je ne garderais pas quelques habitudes complètement obsolètes. Par exemple, chaque année à la fin du mois de décembre et au début du mois de janvier, je pense au rituel bloguesque de rétrospective, bilan, best-of, projections, et/ou résolutions, éventuellement mâtiné de statistiques ; alors que c'est peut-être un exercice désuet depuis des années.

C'est d'autant plus idiot que je sais depuis longtemps que cet exercice ne me convient pas, mon état d'esprit s'y prête mal, je le fais mal et je n'ai aucune envie de progresser. Alors pourquoi est-ce que comme (au moins) début 2018, fin 2019, et à l'an I de l'ère Covid, je m'en plains avant de passer à autre chose ?

C'est un mystère…

En tout cas, le prolongement des réflexions sur la place du vélo dans ma vie m'a amené au contenu du présent billet, et à la constatation d'une évolution personnelle au cours de l'année 2022, dans la construction des idées autour des infrastructures.

La prise de conscience

Dans la première moitié de 2022, j'ai enfin mis en mots l'importance que toutes les infrastructures ont à mes yeux, d'abord chez David Madore puis au passage dans des billets sur d'autres thèmes comme la technologie, la connerie humaine, l'écologie, ou le cyclisme.

Un bref résumé pour ceux qui n'ont pas envie de se perdre dans une rétrospective de liens est que les infrastructures sont la pierre angulaire de ce que considère comme le Progrès de l'humanité.

Les infrastructures majeures, passées ou présentes, m'ont donné l'impression d'être toutes des gros investissements dans des technologies qui avaient l'air d'être prometteuses sur le coup, mais sans se rendre vraiment compte de l'étendue de leurs conséquences.

L'exemple que j'aime beaucoup est le GPS, dont on imaginait probablement les retombées militaires et maritimes, mais qui s'est révélé révolutionnaire une fois combiné avec l'électronique grand public, des cartes numériques faciles d'accès, et des algorithmes de routage.

Il y a plein d'autres exemples, comme le réseau électrique qui est devenu indispensables à notre société moderne, le réseau routier qui a formé l'urbanisme contemporain, les télécommunications qui ont plus changé le quotidien sur les vingt dernières années que toutes les autres classes de technologies, etc.

L'importance de la confiance

Pour fonctionner correctement, les infrastructures n'ont pas seulement besoin d'être de bonne qualité, mais aussi d'être dignes de confiance.

C'est une bête application du théorème de Thomas : on va se reposer sur une infrastructure dans laquelle on a confiance, c'est-à-dire en fonction de sa qualité perçue et non pas de sa qualité réelle.

Par exemple, si personne n'a confiance dans la présence de routes carrossables, tout le monde va utiliser des véhicules tout-terrain, et ces routes ne sont au mieux qu'une amélioration de confort lorsqu'on renonce à couper à travers champs.

De la même façon, si personne n'a confiance dans la disponibilité du GPS et sa précision, les compétences personnelles que sont le sens de l'orientation et l'intuition de la géographie locale ne tomberaient pas en désuétude.

Autre exemple, cette fois plus dramatique, j'ai été confrontée à beaucoup d'histoires de créateurs inféodés à une plateforme, qui en font leur principale source de revenus, et qui perdent tout lorsque la plateforme leur fait défaut, que ce soit parce que leur compte se fait pirater, la police automatique du droit d'auteur les accuse, ou pour tout autre raison.

Je n'ai pas d'exemple à proposer, parce que mes souvenirs sont surtout des témoignages sur YouTube diffusés par mon compagnon, venant de créateurs qui ne m'ont pas marquée.

Je réagis à ces histoires avec sympathie, mais je ne peux m'empêcher de remarquer qu'ils ont fait le choix de donner assez de confiance à la plateforme pour lui confier tous leurs moyens de subsistance, alors que je suis moi-même très loin de ce niveau de confiance.

D'un autre côté, je ne place peut-être pas mieux ma confiance, car ma vie telle qu'elle est aujourd'hui dépend d'infrastructures dont un dysfonctionnement me mettrait dans une situation pas plus enviable que ces créateurs, et je ne suis pas sûre de vouloir vérifier qu'elles méritent bien le niveau de confiance correspondant à leur pouvoir de nuisance.

En premier lieu ma banque, qui détient presque tout mon argent ; mais aussi le propriétaire de mon appartement, qui pourrait me mettre à la rue, les forces de l'ordre, qui pourraient me suspecter de n'importe quoi. Il y a certes en France une infrastructure judiciaire est censée remédier aux abus, mais le temps qu'elle se mette en branle ma vie peut être durablement pourrie par ces abus.

Ce sont certes des infrastructures mieux étables que les plateformes numériques, mais je ne suis pas sûre que les histoires d'horreur de familles expulsées à torts ou d'erreurs judiciaires soient moins nombreuses ou moins horribles que les histoires de pauvres youtubeurs déplatformés.

La crise de confiance

Il arrive souvent que l'on remarque l'importance de quelque chose lorsqu'on le perd, et j'ai l'impression que c'est particulièrement le cas pour les infrastructures, que l'on tient pour acquises jusqu'à ce qu'un défaut démontre l'étendue insoupçonnée des choses qui en dépendent.

En ce qui me concerne, j'ai découvert l'importance de la confiance dans les infrastructures lorsque je l'ai progressivement perdue, au cours de la deuxième moitié de 2022.

J'avais prévenu au début de mon billet sur la place du vélo dans ma vie que c'était un effort de préservation d'un point de vue en train d'évoluer ; et j'y parlais du choix de mon éventuel futur vélo en fonction de ma confiance dans les transports en commun. Cette confiance était déjà en train de s'effriter, et je n'imagine pas d'amélioration avant les prochaines élections. J'imagine que mon ochlophobie me rend plus sensible à la situation des transports en commun, donc j'ai été un peu surprise par la grogne des usagers « normaux », mais aujourd'hui ces infrastructures sont pour moi un plan C, à n'envisager qu'après avoir sérieusement évalué le renoncement au déplacement.

Les journaux ont bien martelé les difficultés du réseau électrique français, avec la possibilité de coupures de courant. Même si ces coupures programmées n'ont pas lieu, même si je suis probablement dans une zone privilégiée pour laquelle la coupure n'est même pas envisagée, et même si les coupures programmées ne sont pas pires à l'échelle individuelles que les coupures accidentelles, ma confiance dans le réseau électrique s'en trouve sévèrement diminuée.

Le système de santé fait partie des infrastructures très importantes à mes yeux, et c'était logique qu'il soit tendu par un évènement exceptionnel comme la Grande Pandémie, au point de ne pas avoir l'impression de pouvoir compter sur lui pour me ramasser si je tombais en moto en 2020. Aujourd'hui cette maladie n'est plus aussi exceptionnelle, et le système de santé a l'air toujours aussi tendu, et ça a entamé ma confiance à long terme envers ce système. Sera-t-il là pour moi quand j'en aurai vraiment besoin, ou sera-t-il aussi inutile que lorsque j'ai été renversée par une voiture ?

L'instruction universelle fait partie de ce que j'avais appelé les infrastructures intellectuelles, et c'est à mon avis une infrastructure bien plus importante que le réseau électrique. Je suis dans une phase de ma vie plutôt éloignée de l'Éducation Nationale, mais les échos que j'en ai sont du même acabit que pour le système de santé et la production électrique. Si j'avais la responsabilité d'être humains en devenir (ne me faites jamais ça, c'est une erreur monumentale !) je me poserais sérieusement la question des alternatives.

Le système judiciaire me semble aussi être un élément fondamental d'une société saine, là encore j'ai la chance de ne pas en avoir besoin, mais j'en ai les mêmes échos que le système de santé et l'éducation, et je m'attends à être dans une m*rde noire le jour où j'en aurai besoin.

Il y a le sujet des retraites qui devrait bientôt revenir dans l'agenda politique, et là ça fait depuis très longtemps que je n'ai plus aucune confiance. Ça fait plus de dix ans que je dis des choses comme « je suis dans la génération qui se battra pour descendre l'âge de la retraite à quatre-vingt-dix ans », et ce n'est qu'à moitié une plaisanterie. Je m'attends sérieusement à arriver à la mort ou l'invalidité avant la retraite.

Je vais arrêter là l'énumération, même si je suis à peu près sûre que pendant la conception de ce billet plusieurs autres exemples m'étaient passés par la tête.

Le déclin

Compter sur ses propres forces et lutter avec endurance

Mao Zedong

Je ne saurais honnêtement pas dire si ces pertes de confiances sont justifiées, ou je suis trop pessimiste, ou si j'étais simplement trop optimiste avant.

Ce qui me gêne particulièrement dans tout ça, c'est de partager le diagnostique des tenants du déclinisme, alors que j'avais pourtant l'impression de me tenir loin de ce courant qui me semble malsain.

D'un côté, je me dis que c'est une bonne chose d'éviter l'excès de confiance, parce qu'il suffit souvent d'un petit peu de préparation pour s'en sortir beaucoup moins mal dans les catastrophes. Je crois que j'ai toujours eu une forme de cet esprit mi-adversarial mi-prepper, et je n'ai pas eu l'impression d'en souffrir.

D'un autre côté, comme expliqué plus haut, le manque de confiance dans les infrastructures empêche de construire de jolies choses dessus, et c'est autant un frein au Progrès que penser que les gens sont cons, et je m'en voudrais d'y contribuer.

Idéalement, je pense qu'il faudrait réparer toutes ces infrastructures, et trouver un moyen de réparer aussi la confiance. C'est d'ailleurs la seule conclusion politique raisonnable que je tire, mais à l'échelle individuelle, je ne sais pas trop quoi faire.

Publié le 30 décembre 2022

Tags : Réflexion

Le vélo et moi

Dans ce billet, je vais explorer ma relation avec le vélo en général, et la place que le cyclisme peut avoir dans ma vie. Je vais essayer autant que possible de m'abstraire de l'expérience particulière de l'Eovolt City X, mais je ne garantis pas d'y arriver parce que c'est le seul vélo que j'ai vraiment connu ces derniers temps.

La version courte est que je n'aime vraiment pas le vélo, je le savais déjà a priori mais cet avis s'est renforcé au fil des kilomètres, et ça ne l'empêche pas d'être mon principal moyen de transport urbain.

Ce billet souffre d'un grave défaut de conception, car il a été imaginé à une période où je n'avais jamais connu de défaut catastrophique d'un véhicule. Lorsque je parlais du « risque de panne, de vol, de vandalisme, de confiscation, ou d'autre perte imprévue », c'était un risque abstrait, envisagé de façon purement intellectuelle.

Entretemps, j'ai subi une crevaison, que je décrirai plus loin, que j'ai vécu comme une trahison, puisque mon véhicule m'a lâchée à plus de trois kilomètres des endroits que je hante habituellement. La majorité de ce billet a été écrit sous le coup de cette émotion probablement injuste. Je vais faire tout mon possible pour m'en abstraire, afin de documenter au mieux ma conception naïve du vélo dans ma vie, pour pouvoir la comparer avec ce qu'il restera une fois que je me serai remise de ces émotions.

Et pour en rajouter encore une couche, une discussion récente a un peu secoué ma conception du vélo à assistance électrique, en me montrant le côté « mobylette ultra-légère à assistance musculaire », ce qui renforce mes efforts de préservation de la vision naïve précédente (je vous tiendrai au courant des évolutions quand ce sera stabilisé).

La crevaison

L'histoire est si tristement banale que je ne suis pas sûre que ça vaille la peine de la lire, ni même de l'écrire en dehors de l'intérêt cathartique.

Je revenais de mon lieu de travail, comme d'habitude, et au détour d'un virage je constate un tas de morceaux de verre à gauche de la piste cyclable, qui mord sur une partie de la voie d'en face. Dans la fraction de seconde entre cette perception et le passage au voisinage de ce tas, j'ai eu le temps de me dire que c'était super-dangereux, mais je ne me suis pas arrêtée.

Je me souviens encore de l'inquiétude sur la présence d'éventuels éclats sur ma voie, et du soulagement de ne pas sentir de différence de comportement du vélo en m'éloignant de cette zone, mais je ne me fais pas confiance pour les placer chronologiquement. Ma théorie personnelle est qu'un sous-système mental, que j'appelle improprement « cerveau reptilien » faute de mieux, gère l'intendance à court terme le temps qu'une partie plus rationnelle comprenne ce qu'il se passe ; et en l'occurrence ce sous-système s'est dit « ça passe » et n'a pas jugé utile de faire un arrêt d'urgence.

À sa décharge, c'était la troisième ou quatrième fois que je passe à cette distance de verre cassé, ça n'a encore jamais posé problème, et les problèmes attendus étaient de l'ordre du bruit de jante sur le bitume dans les mètres qui suivent.

J'ai donc sereinement continué mon trajet.

Deux kilomètres plus loin, j'ai senti une vibration anormale dans le vélo, une montée nette de l'effort de pédalage, et un bruit anormal, que je n'ai reconnu que plus tard comme similaire à celui de mon homme qui roulait à côté de moi après une crevaison inexpliquée, avec le pneu à plat qui sépare la jante du bitume.

J'ai eu beaucoup de chance dans mon malheur, parce que c'était le retour du trajet pendulaire, sans aucune contrainte horaire ensuite, et j'avais trainé à la sortie du boulot donc il était tard, bien après le pic de trafic du soir, pic encore atténué par la pénurie de carburants, et mon homme était disponible ce soir-là pour venir me chercher.

J'ai pu calmement le lendemain analyser la situation, me battre avec le pneu pour le déjanter, coller une rustine fraîchement achetée, et remonter tout le bazar.

Gros plan sur le trou dans mon pneu et dans sa chambre à air, à
côté d'une règle qui montre qu'ils mesurent quelques millimètres.

Toute cette histoire a été suffisamment longue et frustrante pour que je cherche comment faire la prochaine fois que je tombe en panne à plusieurs kilomètres de tout, et que je n'ai pas autant de chance. Et pour l'instant, je suis encore à sec.

J'aime bien l'idée de la chambre à air de rechange et changer sans se poser de question, mais démonter une roue arrière d'un système à courroie m'impressionne un peu trop, et je ne me rends pas du tout compte du temps normal que ça peut prendre.

Peut-être utiliser une chambre à air linéaire comme rechange, mais la taille inhabituelle des roues limite encore plus la disponibilité, et j'aurai sûrement une certaine réticence à couper la chambre à air existante alors qu'elle est peut-être réparable.

La bombe anti-crevaison a l'air séduisante en théorie, mais j'ai des gros doutes sur la mise en pratique, et ce genre d'article n'aide pas vraiment.

Les autres difficultés imprévues

La non-réversibilité des trajets

C'est évident en voiture et en moto : en ville, il y a des sens uniques, le retour est parfois très différent de l'aller, et il faut préparer les deux sens avant une expédition.

Pour une raison étrange, probablement la même qui me fait classer le vélo avec les piétons plutôt qu'avec les véhicules terrestres à moteur, j'ai préparé mes premiers trajets en supposant bêtement que le retour passerait par le même chemin que l'aller, et j'ai été très déçue ensuite.

Certes, les rues sont souvent à double-sens pour les cyclistes, même si j'ai tendance à ne pas compter sur le double-sens cyclable automatique quand la limite de vitesse est en dessous de 30 km/h, parce que je crains que les automobilistes énervés et les forces de l'ordre ne soient pas encore tous au courant.

Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est une bonne idée, et j'ai vu plusieurs voies cyclables fort sympathiques dans un sens et un partage très compliqué avec les motorisés dans l'autre sens.

Et presque à chaque fois que je suis retrouvée à improviser un morceau de trajet retour, je suis tombée sur des rues qui ne sont pas du tout propices au vélo, et j'ai amèrement regretté mon manque de préparation et mon manque de GPS de guidon.

D'ailleurs j'en profite pour saluer geovelo.fr qui m'a beaucoup aidée à faire des détours sécurisants.

Mes chutes

Avec mon nouveau j'ai connu deux chutes, ce qui est assez décevant pour quelqu'un qui n'est toujours pas tombé en moto.

La première était sans aucune conséquence, il y a eu un léger contact entre l'arrière du casque et le sol mais j'ai supposé que c'était assez léger pour que la mousse reste intacte (j'ai touché d'abord avec les hanches, puis le dos, et les muscles de mon cou ont retenu une partie du poids de ma tête).

Sur la deuxième je suis tombée vers l'avant, j'aime croire que mon expérience martiale m'a fait commencer une roulade, mais j'ai fini avec une écorchure d'une dizaine de centimètres carrés sur le coude droit.

Les deux chutes se sont produites exactement de la même façon : j'ai mal pris une marche de deux bons centimètres que je n'avais pas du tout vue, à la limite entre la piste cyclable et le trottoir, pour contourner une voiture qui n'avait rien à faire là, et au lieu de monter la marche, la roue avant a perdu l'adhérence et glissé le long du bord, pendant que l'inertie faisait continuer mon corps au-delà de la marche.

Je soupçonne que dans les deux cas, le problème soit moins dans le fait de vouloir monter une marche que de le faire trop en biais, et surtout dans une dynamique de rapprochement vers l'axe de la marche.

Comme je suis incapable de voir une différence de hauteur si faible, je me suis mise à craindre toutes les discontinuités visibles, malgré leur nombre, et je fais très attention à ma trajectoire et à mon accélération angulaire à chaque fois, ce qui est assez épuisant.

J'espère que ça finira par devenir instinctif, d'autant plus que la deuxième chute était pendant une manœuvre qui ressemblait tellement à un évitement en moto que je crois l'avoir engagée avant de prendre conscience de la situation.

D'ailleurs je croyais qu'il y aurait d'autres choses à dire sur mon côté motarde qui ressort à vélo, mais je n'arrive pas à les décrire. J'envisage une éventuelle réserve de puissance pour accélérer fort et doubler de la même façon à vélo qu'en moto, je réfléchis au positionnement sur ma voie de la même façon (sauf sur les pistes cyclables, qui sont trop étroites pour avoir un choix), et je lis le comportement des autres usagers de la même façon ; je ne sais juste pas décrire plus que ça ces façons.

Je préfère le vélo aux transports en commun

J'ai beau ne pas aimer le vélo, je n'ai pas besoin d'aimer pour pratiquer. De la même façon que j'aime bien la moto, mais mes loisirs chez moi contiennent plein de possibilités que j'aime encore plus, le fait de ne pas aimer le vélo n'empêche que les trajets purement loisir avec, il peut être, et se trouve être, le moyen de transport le moins désagréable pour les trajets que je fais.

Ce n'était pas du tout évident a priori, parce que quand je pense aux transports en commun en général, je compte une affluence très légère et un bon livre pour patienter ; et quand les conditions s'écartent de cet idéal, que ce soit par la quantité de monde qui titille mon ochlophobie, ma désorganisation qui me prive de livre, ou le stress dû à ce qu'il y a après l'arrivée qui m'empêche de lire, je le mettais toujours sur le dos du trajet particulier.

Je préfère ces trajets idéaux aux meilleurs trajets en vélo, de relativement peu mais de suffisamment pour que ce soit net.

En revanche, si je révise mon opinion systémique des transports en commun pour y inclure les désagréments courants, éventuellement pondérés par leur risque, le vélo passe nettement devant.

C'est un peu pareil pour les temps de trajet : avec mes estimations à la hache et en incluant de la marge, les transports en commun sont équivalents au vélo sur pratiquement tous mes trajets. En regardant de plus près, le vélo est quand même un peu plus rapide, et surtout beaucoup plus prévisible.

Je pourrais rogner sur les marges grâce à cette stabilité, mais je crains encore trop les défauts catastrophiques pour le faire. Ce qui est un peu idiot, parce que ces problèmes dépassent quand même mes marges habituelles.

On pourrait croire aussi qu'une mauvaise météo pourrait remonter les transports en commun dans mon évaluation, mais j'ai pu constater moult fois sur mes trajets pendulaires que la pluie augmente significativement l'affluence, et dégrade donc aussi pour moi cette alternative. Et finalement, avec mon équipement de pluie pour la moto, le trajet en vélo n'est pas si désagréable que ça. J'imagine que ne pas aimer le vélo à la base aide à réduire la différence avec le vélo sous la pluie.

D'un autre côté, si l'affluence rend les transports en commun pénibles, c'est aussi le cas pour les infrastructures cyclables. J'imagine que si un RER B d'heure de pointe se déversait sur une piste cyclable, ce serait encore plus insupportable. Donc l'équilibre entre ces deux moyens transports tient surtout au fait qu'actuellement, le vélo est beaucoup moins utilisé que les bus, métros, et RER que j'ai connus.

J'imagine que le vélo peut garder un avantage par la densité du maillage, alors que les transports en commun réalisent leurs économies d'échelle en concentrant plus de personnes sur un même tracé. Je ne me rends pas du tout compte quel niveau de démocratisation du vélo est possible, ni où se trouve le niveau d'affluence que je supporte.

Le bilan de tout ça est que j'ai suspendu mon abonnement Navigo au mois de mai, pour faire de ce vélo mon moyen de transport principal. Depuis le mois de février, je n'ai pris de transport en commun que pour un seul aller-retour, entre mon domicile et une gare où j'allais prendre ensuite un TGV.

Pourquoi je n'aime pas le vélo ?

C'est bien gentil de constater que je n'aime pas le vélo, mais en fait ce constat ne me satisfait pas. J'ai donc commencé l'autoexploration pour savoir pourquoi je n'aime pas le vélo, ou au moins quels aspects je n'aime pas.

Ce désamour est d'autant plus étonnant que j'aime beaucoup la moto, et que je partage complètement l'analyse de David Madore sur la proximité entre vélo et moto.

J'en vois bien qui se moquent bêtement en faisant remarquer qu'une moto a un moteur et qu'un vélo n'en a pas ; je sais que ce rire gras est imperméable aux subtilités comme la présence d'un moteur d'un tiers de cheval dans mon vélo, ou les douleurs qui rappellent que la moto demande une condition physique à maintenir.

C'est juste qu'en termes de ressenti, je perçois clairement que le problème est dans ma relation à l'objet, ou dans l'objet lui-même, et non pas dans les efforts que je dois déployer pour m'en servir.

À force d'introspection, je suis arrivée à l'hypothèse difficile à vérifier que c'est un problème d'assimilation de l'objet.

J'ai déjà écrit que j'ai besoin d'assimiler les outils que j'utilise, mais ce n'est pas forcément très clair avec les outils abstraits que j'évoquais, alors que le cas des outils mécaniques est beaucoup plus simple.

Par exemple des chaussures, si elles ne sont pas trop petites ou très inconfortables, je n'ai plus besoin d'y penser après les avoir enfilées. Elles deviennent mentalement une extension de mon corps, et transforment juste mes pieds en un organe plus solide qui se pense exactement de la même façon.

Quand je saisis un marteau, c'est pareil : le fait de tenir fermement le manche transforme l'ensemble de la main et du marteau en un seul élément mécanique, que je peux traiter comme une main difforme et beaucoup plus efficace pour enfoncer des clous.

En vrai, je ne tiens pas le marteau assez fermement pour qu'il forme un objet rigide avec ma main ; mais le marteau lui-même est un objet rigide, et le système tactile de ma paume suffit à percevoir complètement la position du marteau. Le résultat est que la position du marteau par rapport à ma main est de nature kinesthésique, et le marteau peut ainsi être traité mentalement comme un organe supplémentaire, une sorte de gros doigt sans muscle ni nociception. Ça suffit pour en faire kinesthésiquement une partie de mon corps.

Pour la moto, on m'a bien répété pendant l'apprentissage l'importance de serrer le réservoir avec les cuisses pour assurer l'équilibre. C'est, au moins pour moi, exactement comme avec le marteau : serrer les cuisses fait un couplage mécanique avec le réservoir, et la perception tactile de ce réservoir me donne une perception kinesthésique de l'ensemble de la partie cycle qui est rigidement attachée au réservoir. Et je pense que c'est cette assimilation kinesthésique qui me permet d'assimiler la moto en la considérant comme une partie de mon corps, et qui me transforme en « centaure mi-biologique et mi-mécanique » (j'adore cette formulation de David Madore).

À l'inverse, quand je conduis une voiture, l'assimilation ne passe pas les commandes, et mon corps reste celui d'un humain avec des habits, et la machine reste extérieure. J'utilise la machine sans l'assimiler.

J'ai toujours été rebutée par les scooters, au point de n'avoir jamais voulu essayer, parce qu'il n'y a pas de réservoir à serrer, et je m'attends à ne pas pouvoir l'assimiler. Je m'attends à ce que soit aussi pénible et frustrant qu'essayer de planter un clou avec la boule d'un bilboquet plutôt qu'avec un marteau.

Mon vélo non plus n'a pas de réservoir à serrer, et je n'ai presque pas trouvé de moyen d'arranger ça.

« Presque », parce qu'il y a eu plusieurs moments, fugaces et labiles comme le souvenir d'un rêve au réveil, pendant lesquels j'ai senti ma perception kinesthésique s'étendre à la tige de selle et aux pédales.

Je pense que c'est encore une fois une question de couplage mécanique. En dehors de ces moments, il y a trop de degrés de liberté entre le vélo et moi, et trop peu de perception tactile pour les déterminer, et l'assimilation ne se fait pas. Alors que quand la selle est juste à la bonne hauteur, il y aurait quelque chose dans le mouvement des jambes ou dans la perception fessière qui donnerait une perception kinesthésique du cadre.

Je pense que c'est une question de hauteur de selle, parce que c'est à chaque fois arrivé quand je partais d'un réglage inconfortablement haut, et à l'arrivée la selle était descendue à un état habituel un peu trop bas.

Je ne sais pas trop comment tester cette hypothèse, surtout maintenant que les graduations sur la selle sont effacées. Je sais que la hauteur stable à quelle mes trajets finissent souvent est environ 6 cm en dessous de l'extension maximale, et c'est loin de la hauteur d'assimilation (si ça existe). Je crains que cette hauteur d'assimilation n'existe que dans intervalle étroit, et je ne vois pas de protocole pratique pour l'évaluer.

Si ces moments d'assimilation ont été suffisamment nombreux pour me convaincre de leur existence, ils ont été trop courts pouvoir imaginer à quoi pourrait ressembler mon expérience cycliste si ça durait presque tout le trajet.

Donc pour l'instant tout ce texte suppose que je ne vivrai jamais mieux que ces petits moments épars, et si ça change un jour j'en explorerai les conséquences.

Le multiplicateur mécanique

Un collègue qui est très fan de son vélo (ni pliant ni électrique) me le décrivait comme un « multiplicateur fois dix », en comptant un rayon d'action à pied de 3 à 5 km, et une balade à vélo d'environ 50 km, et il semblait émerveillé par tous les lieux que ça lui ouvre.

Je le comprends complètement, parce que j'ai suivi le même genre de démarche, avec des circonstances différences.

La moto m'a effectivement émerveillée par les possibilités de déplacement qu'elle a ouverte, et je garde une nette affection pour les forêts autour de Saint-Léger-en-Yvelines dont je me lasse pas (encore ?). En revanche ma domiciliation plus proche de la capitale fait que le vélo ne me donne accès à aucun lieu qui ne soit pas déjà à portée de transports en commun, donc le vélo ne m'apporte rien en termes de possibilités, c'est juste un moyen de plus parmi d'autres.

Quant au multiplicateur mécanique, j'aime beaucoup cette formulation, mais j'avais fait à peu près le même calcul sans. J'avais compté d'un côté le trajet pendulaire de 7 km que je faisais à pied avant le Grand Confinement, et de l'autre côté j'imaginais ma limite à vélo vers le centre de Paris, que j'avais compté à une dizaine de kilomètres. Un multiplicateur 1.5, c'est tout de suite moins impressionnant.

En y repensant, j'ai l'impression que nous avons tous les deux exagéré dans des sens différents.

Si j'ai bien compris son discours, le rayon d'action est un aller simple, et la balade est une boucle, donc de l'ordre d'un aller-retour, ce qui ne laisse plus qu'un facteur cinq.

De mon côté, j'ai fait la même erreur dans l'autre sens : mon trajet pendulaire était le retour, avec l'aller en bus, et j'ai pu constater pendant les grèves de fin 2019 que je ne suis pas capable de faire l'aller-retour à pied plusieurs jours de suite, donc mon endurance est de l'ordre de 10 km/j ; alors que le trajet à vélo était un aller-retour facile, qui met 20 km/j largement dans mes capacités physiques, et je suis même allée plus loin dans Paris, en cumulant sur une journée 30 km et en arrivant à ma limite musculaire (je regrette d'en avoir fait la deuxième moitié à un rythme plus soutenu que ma zone de confort, j'aurais bien aimé voir ce que ça donne à mon rythme).

À cela il faut ajouter que mon trajet pendulaire à pied est le résultat d'un certain conditionnement physique, dont je constatais l'érosion à chaque retour de grandes vacances, et bien plus encore après le Grand Confinement. Je ne sais pas bien combien est transférable au cyclisme, mais j'imagine pas tant que ça. À l'inverse le collègue en question est cycliste de longue date, et cherche à étendre sa portée cycliste.

Je trouve qu'au total, un multiplicateur « fois trois » avec un conditionnement physique défavorable est tout à fait compatible avec un multiplicateur « fois cinq » avec un conditionnement physique favorable. À moins de pousser sur le conditionnement physique ou sur la machine, je suppose que c'est une fourchette qui se généralise assez largement aux autres humains pourvu ou non d'un vélo.

Les infrastructures et les protections

En choisissant le vélo plutôt que les transports en commun, j'ai privilégié l'autonomie et le confort au prix d'un plus grand risque d'accident routier. Ce prix est directement lié à la qualité des infrastructures cyclables sur mes trajets.

J'ai été agréablement surprise par le niveau de ces infrastructures dans Paris et la proche banlieue. Je m'attendais vraiment à devoir partager beaucoup plus souvent la route avec des automobilistes de mauvaise humeur, et il me semblait tout à fait possible que je finisse par abandonner le vélo parce que c'est trop dangereux à mon goût.

Même si les infrastructures sont développées à un niveau auquel je ne m'attendais pas, elles sont encore loin d'un niveau que je trouve satisfaisant.

Si la majorité des distances que je parcours sont bien isolées et bien entretenues, les carrefours les plus difficiles sont les moins bien aménagés, et il y a des trous assez pénibles dans la couverture de ces infrastructures. Les travaux et les GCUM empirent encore cette situation.

Résultat, en 2022, je me sens nettement plus en danger dans mes trajets en vélo que dans mes trajets en moto, malgré la plus grande vitesse et la plus grande proximité avec les voitures dans le second cas.

La raison est justement liée aux trous dans l'infrastructure : même si je suis sérieusement séparée des voitures pendant 80 % du trajet, les 20 % restant vont dominer mon impression de danger, un peu comme utiliser une passoire pour se protéger de la pluie.

Et sur cette zone partagée avec les automobilistes, j'ai beaucoup plus confiance dans ma moto que dans mon vélo, parce qu'un grand coup de moteur ouvre des possibilités de sortie inaccessibles à un vélo, et parce que la masse de la moto donne plus l'impression de pouvoir abîmer la voiture.

Enfin, un autre élément de poids est les protections. Si en moto je suis encore dans le ATGATT, à ne pas démarrer le moteur sans avoir toutes mes protections, ce n'est pas le cas en vélo. La faible vitesse du vélo et l'effort physique plus intense rendent les protections de moto beaucoup moins confortables sur un vélo, au point que je ne sortirais pas le vélo si je m'astreignais au ATGATT.

Résultat, je me sens « à poil » sur le vélo, avec seulement un casque dans lequel je n'ai aucune confiance (je n'ai aucune idée de pourquoi, je le mets quand même sans y croire, au moins pour l'affichage) et des lunettes.

Je suis très tentée d'ajouter des protections à base de D3O, comme cette gamme de vestes et cette gamme de jeans, mais je ne suis pas sûre que ça réponde au vrai modèle de danger, et si c'est juste pour calmer le sentiment d'insécurité, ça ne m'intéresse pas tellement.

En effet, ces protections se contentent de protéger les articulations contre les impacts, et dans une certaine mesure évitent les éraflures de la peau qui glisse sur le bitume. C'est certes très utile quand on fait face à ces situations, mais par exemple une fracture d'une côte ou d'un os long est aussi handicapante à court terme, et ces protections ne font rien contre.

Et surtout, ce qui m'inquiète le plus dans ma pratique du vélo, c'est de me faire broyer sous ou contre un véhicule avec un gros moteur, et aucune protection personnelle raisonnable n'aide vraiment pour ces situations, voire amplifient le risque en réduisant l'agilité du cycliste.

Bref, tout ça pour dire que pour le vélo comme dans tellement d'autres cas, la responsabilité personnelle est dérisoire par rapport à de bonnes infrastructures, et je payerais beaucoup plus volontiers pour des séparations physiques entre voies cyclables et voies motorisées que pour des protections non-newtoniennes ou autres hautes technologies.

Le vélo pendulaire

Comme expliqué dans mon billet sur la tentation cycliste, j'ai acheté un vélo avant tout pour faire les trajets pendulaires, dans l'idée que j'allais surtout y gagner en confort mental et en indépendance vis-à-vis des aléas des transports en commun. Je m'attendais donc à avoir des temps de transport moins variables, et peut-être un petit peu moins long.

Il est temps d'évaluer a posteriori le résultat.

Graphe des distributions de mes temps de trajets
pendulaires

Le graphique ci-contre montre la distribution des temps de trajets pendulaires que j'ai pu mesurer, de l'entrée de mon appartement jusqu'à mon poste de travail et vice-versa. Ça inclue donc les préparatifs propres au moyen de transport, comme enfiler l'armure et sortir du garage pour la moto (qui n'est pas sur le graphique faute de données), ou plier et déplier le vélo. Il n'inclut en revanche pas le temps pour faire le sac, même si le sac effectivement utilisé dépend du moyen de transport.

Je ne suis pas tellement satisfaite du faible nombre de mesures, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et je suis plus à l'aise avec les fonctions de répartition empiriques dans ces cas-là, mais comme Dan Luu le faisait si bien remarquer les histogrammes sont plus parlants pour beaucoup de monde, donc je l'ai ajouté en dessous (sous forme de courbes pour que ce soit plus facile de voir les différents cas).

Pour la petite histoire, il y a plus d'allers que de retours, parce qu'il m'arrive un détour en revenant chez moi, ce qui rend ces trajets non-pendulaires et incomparables avec les autres.

Si je m'attendais bien à une distribution beaucoup plus étroite pour le vélo que pour le bus, je ne m'attendais pas à gagner autant de temps. C'est plutôt une bonne surprise pour le vélo.

Je ne m'attendais pas non plus à ce que la distribution soit tellement étroite qu'on voit clairement deux modes dans le retour en vélo, et je n'ai trouvé aucune explication à cette forme.

Il y a en revanche plusieurs inconvénients au vélotaf, que j'ai découverts au fil du temps.

Les principaux inconvénients tournent autour de la douche à l'arrivée, qui reste nettement plus longue et moins confortable qu'une douche chez moi. Et pour ne rien arranger, j'ai du mal à partir plus tôt de chez moi, ce qui repousse effectivement le début de ma journée de travail d'autant que la durée de la douche.

Et ce n'est peut-être qu'une malheureuse coïncidence, mais j'ai rencontré le pied d'athlète pour la première fois de ma vie quelques mois après avoir commencé à utiliser régulièrement la douche de mon lieu de travail, et j'ai encore rechuté récemment. Je ne sais pas trop comment je me suis réinfectée, je pensais que je serais tranquille avec des sandales de douche et des acrobaties pour limiter mes contacts plantaires à ces sandales, la serviette, et mes chaussettes.

Enfin je stocke le vélo dans l'appartement et dans l'open-space, par crainte du vol, mais ce vélo est trop lourd pour que je puisse prendre les escaliers avec. Même chargée d'un vélo, je suis très mal à l'aise avec le principe de prendre l'ascenseur pour un ou deux étages, et je déteste les temps d'attente devant l'ascenseur quand je ne suis pas la seule à m'en servir à ces moments.

Si tous ces inconvénients me pèsent, et s'ajoutent au fait que je n'aime fondamentalement pas le vélo, tout ça ne suffit pas à me faire préférer les transports en commun. Éviter la foule des heures de pointe vaut tant que ça à mes yeux, et l'indépendance et le gain de temps sont autant de cerises sur ce gâteau.

Je me demande si une meilleure motorisation me permettrait de me passer de douche à l'arrivée, et dans quelle mesure je serais en paix avec un temps de trajet en vélo qui ne se double pas d'être en même temps une activité physique.

Le sport et le transport

Depuis que je m'intéresse au vélo assisté, j'ai pu constater une certaine tension entre le côté « sportif » et le côté « moyen de transport ».

Par exemple, un article de The Atlantic titre que le vélo électrique est une « monstruosité » et parle de « crise d'identité », et Envoyé Spécial fait un comparatif au résultat très surprenant.

J'ai l'impression que cette tension n'est pas tellement autour de l'objet lui-même, mais autour des préjugés qu'on colle à ses différents aspects.

Je pense en particulier aux préjugés selon lequel le sport, c'est Bien, faire des efforts, c'est Bien aussi ; alors qu'obtenir quelque chose sans effort, c'est Mal, tout comme « rester dans sa zone de confort ».

Déjà de base, quand on en est à argumenter avec du Bien et du Mal, c'est qu'on est coincé dans l'impasse intellectuelle du manichéisme, et il n'y a plus rien d'intéressant à penser derrière. Je suis d'ailleurs assez inquiète de la progression de cette tendance ces jours-ci.

Et sur les éléments individuels, je crois que ça fait depuis longtemps que je me désole du lien supposé entre effort et mérite, et donc entre effort et résultats légitimes. C'est d'ailleurs une plaie dans le monde du travail.

Quant au sport, je ne comprends toujours pas d'où lui vient cette aura positive. Ce n'est pas pour rien que les recommandations officielles, par exemple de l'OMS et du gouvernement français, parlent d'« activité physique » et non de « sport ».

Et ce d'autant plus que les recommandations portent sur de l'activité physique d'intensité modérée, éventuellement avec une équivalence de moins de temps en intensité élevée.

Mais vu d'ici, l'erreur majeure qui est faite dans toutes ces discussions, c'est d'essayer de juger un objet et non pas une pratique.

Pour moi, un vélo à assistance électrique, c'est surtout un objet qui permet de moduler la quantité d'efforts musculaires fournis par rapport à la quantité de puissance dans le déplacement.

Juste en appuyant sur un bouton, on peut éteindre l'assistance, et se retrouver avec un vélo « normal » mais qui a quelques kilos de plus, donc qui demande plus d'efforts (et donc qui est encore plus Bien).

Et tout aussi facilement, on peut aller jusqu'au bout de son endurance musculaire, et ne pas se retrouver coincé au milieu de nulle part, mais pouvoir rentrer tranquillement chez soi.

Bref, un vélo électrique ouvre la possibilité de faire autant d'effort que l'on veut, tout en laissant la liberté d'en faire aussi peu que l'on veut (dans la limite des stocks d'énergie disponibles).

Évidemment, ça veut dire qu'il faut vouloir faire de l'activité physique pour en recevoir les bénéfices. Mais ce n'est pas en démotorisant les vélos, ou en se lamentant que la plupart des gens n'aiment pas faire du sport autant que les sportifs, qu'on va changer ça. Supposer que les gens ne vont pas faire d'effort ou d'activité physique sans y être contraints n'est pas mieux que supposer que les gens sont cons.

Depuis quelques semaines, je fais mes retours de trajets pendulaires sans aucune assistance. Certes, c'est beaucoup de descentes, mais suffisamment peu pour que l'effort supplémentaire soit sensible. J'ai vu les ressorts de la motivation interne, tiraillée entre la flemme, l'envie abstraite d'entretenir son corps, et l'envie concrète de pouvoir faire face au manque de batterie et aux pannes de moteur.

C'est en facilitant ce type de choix qu'on améliore la santé publique, pas en le contraignant.

L'optimisation sportive

Une chose qui me gêne souvent lorsqu'il est question de sport est les recommandations sur la pratique. On trouve beaucoup de prescriptions mais trop peu de justifications, et encore moins de clarification des hypothèses sous-jacentes. Typiquement si quelque chose est mieux, c'est toujours suivant un ou plusieurs critères, et souvent dans une certaine gamme de niveaux ou de circonstances.

Je l'ai vu moult fois, dans plein de domaines et sur plein de thèmes différents, mais je vais prendre le dernier exemple en date, à savoir la cadence, c'est-à-dire à quelle vitesse il faut pédaler.

C'est une question légitime, parce que j'ai pu constater moi-même que dans la plupart des situations, il y a plusieurs rapports de vitesse qui sont utilisables, et les conséquences du compromis entre force sur les pédales et vitesse de pédalage sont loin d'être évidentes.

Surtout que les critères ne sont pas anodins : le sport est typiquement dans la recherche de performance, donc va chercher à optimiser la puissance mécanique produite, donc probablement maximiser le rendement ; alors que l'exercice physique pratiqué dans le but de perdre des kilos que la pression sociale considère comme « en trop » va chercher à optimiser la puissance chimique consommée, donc probablement minimiser le rendement.

C'est plus difficile de trouver des exemples grand-public évident, mais il me semble logique que des pratiques sportives adaptées à un athlète professionnel au maximum de son conditionnement physique soient très mauvaises pour un débutant.

Tout ça pour dire que je m'attendais à ce que le bon rapport de vitesses soit déterminé par un certain couple exercé par le cycliste sur ses pédales, en adaptant la cadence à la puissance réclamée par les circonstances. Or toutes les recommandations que j'ai pu lire un peu partout fixent la cadence, généralement à 80 tours par minute, en adaptant le couple à la puissance réclamée par les circonstances.

Peut-être que c'est juste parce que la cadence est plus facile à mesurer que le couple, et un intervalle de cadence se traduit directement, pour un vélo donné, par un intervalle de vitesses pour chaque rapport. On peut donc utiliser le tachymètre du vélo pour déterminer à chaque instant le rapport adapté.

J'ai donc pris la valeur de 80 tours par minute pour calculer la vitesse « idéale » de chaque rapport de mon vélo, et j'ai pris la valeur de 50 tours par minute pour l'autre extrémité de l'intervalle parce que c'est l'exemple le plus courant de sous-régime (avec même des articles qui se moquent de gens qui pédalent tranquillement à 50 tr/min alors que ce serait mieux de pédaler à 80 tr/min, mais du coup avec encore moins de couple ?!).

Cet intervalle m'a permis de voir que malgré le peu de rapports de vitesses sur mon vélo, il y a un bon chevauchement, et je n'ai encore jamais regretté de ne pas avoir d'autre rapport.

Je trouve que tout ça manque des courbes de puissance et de couple en fonction de la cadence, comme on peut en trouver pour les moteurs thermiques (qui me semblent elles-mêmes manquer du comportement en fonction de la position de la commande d'accélérateur).

Mon prochain véhicule

Avant ma crevaison, j'envisageais quel serait mon prochain vélo, parce que je garde une estimation pessimiste de sa durée de vie (que je suppose de l'ordre de trois ans si tout va bien) même sans défaut catastrophique, et parce que j'imaginais toujours vouloir préférer le vélo aux transports en commun.

Dans ce cadre, la question la plus importante est à quel point j'ai besoin de l'assistance électrique, et c'est pour ça qu'il faudrait vraiment que je fasse des expériences dans diverses conditions avec mon vélo en éteignant l'assistance.

Vélo purement musculaire

Si je me passe d'assistance, c'est facile : je veux un vélo durable sur lequel je puisse compter, et ça se jouerait entre un Brompton C pour la qualité et le faible encombrement, ou un Tern BYB qui promet d'être plus confortable et plus pratique pour les bagages, et dont le volume supplémentaire n'est peut-être pas si gênant grâce à sa géométrie particulière. À voir.

Ces deux-là se sont retrouvé dans ma wishlist parce qu'ils peuvent Devenir mon moyen de transport préféré dans cette hypothèse, et dans l'autre hypothèse il restera des trajets pour lesquels ils resteraient mon moyen de transport préféré, donc ce serait un cadeau bienvenu, mais il n'y aura peut-être pas assez de tels trajets pour que je trouve que ce soit un investissement pertinent.

Vélo électrique

Si j'ai vraiment besoin d'assistance, c'est plus compliqué, parce que l'offre est pléthorique et beaucoup me semblent suspectes car trop beau pour être vrai, et le piège n'est pas évident.

Le Brompton Electric est un candidat évident, j'ai du mal à croire qu'ils ne se soient pas améliorés depuis l'avalanche de mauvaise presse qu'il a subi, et il garde l'avantage en termes d'encombrement.

D'un autre côté, je comprends les reproches de vices de conception profonds dans cette électrification, surtout pour ce prix. Je peux imaginer que ça reste un mauvais vélo qui mise tout sur son seul atout ; mais ça ne me dit pas comment c'est par rapport au mien, qui n'est peut-être pas mieux. Après tout, il y a des gens qui sont capables de faire des distances impressionnantes avec leur Brompton malgré ses défauts, et j'en fais peut-être partie.

À l'inverse, le Tern Vektron a l'air, sur le papier et dans les témoignages que j'ai lus, d'être un vélo plutôt bon même comparé à des non-pliants, au prix d'un volume et d'un poids beaucoup plus élevés. Ça tue les possibilités de l'utiliser régulièrement dans les transports en commun, mais son moteur permet probablement d'en avoir moins souvent envie. Et malgré sa taille nettement plus imposante, son pliage lui donne à peu près la même surface au sol que mon Eovolt, la différence se fait sur la hauteur ; donc avec mon utilisation actuelle du vélo, il pourrait avoir aussi bien sa place dans ma vie.

Le reste de la concurrence a du mal à m'enthousiasmer, j'ai noté le Carbo Modèle X, le FLIT, le Gocycle, et un Xiaomi qui n'est peut-être même pas disponible en France, mais il y a un énorme manque de confiance qui freine les envies d'achat.

D'un autre côté, si j'arrivais à trouver un vélo qui prolonge mon corps comme ma moto, ou qui me procurent des sensations neutres ou positives quelles qu'en soient les raisons, ça balayerait sans doute tous mes autres critères, pliabilité comprise.

Je ne sais pas du tout par quel processus j'arriverais à trouver un tel vélo parmi l'immense marché des vélos, mais si c'était le cas je pourrais tout à fait finir par acheter et aimer un vélo de taille « normale ».

Les autres

Et déjà avant la crevaison, mais encore plus depuis, je m'interroge sur les alternatives au vélo.

J'ai eu beau en faire et refaire le tour, objectivement le vélo reste le meilleur véhicule musculaire, assisté ou non. Il reste cependant possible qu'une des alternatives m'enthousiasme à un tel point que je sois prête à accepter ses inconvénients pour en faire mon moyen de transport principal, ou en complément d'un vélo.

Il y a un monocycle dans ma wishlist parce que c'est un véhicule qui me tente pour lui-même, qui accessoirement est encore moins encombrant qu'un vélo pliant. Peut-être qu'après avoir essayé je ne serai pas convaincue et j'enterrai définitivement l'idée, peut-être que je n'arriverai pas à un niveau de maîtrise suffisant pour faire un trajet utilitaire avec mais que ça restera un loisir, ou peut-être que je me passionnerai et je chercherai à m'en servir autant que possible, y compris pour les trajets pendulaires.

Si le monocycle est aussi sensible à la crevaison qu'un vélo, les roues solides des rollers et des skates n'ont pas ce problème. Les skateboards ne me tentent pas vraiment a priori, mais je suis prête à leur laisser une chance parce que ça peut difficilement être pire que le vélo. J'essayerais plutôt quelque chose comme les patins à roulettes de flaneurz.

D'un autre côté, les pneus ne sont pas juste des trucs crevables, ils ont aussi des avantages ; et je soupçonne que leur performance sous la pluie ou après la pluie va être très importante à mes yeux une fois que je serai calmée.

Et dans une autre direction, j'envisage d'essayer aussi la marche nordique. C'est prometteur parce que j'aime bien la marche « normale » au point que ce soit mon moyen de transport préféré, et si ces bâtons peuvent élargir mon rayon d'action piéton ce sera toujours ça de pris.

Alors que cette liste d'alternatives avait déjà bien pris forme dans ma tête avant que je ne réfléchisse sérieusement à pourquoi je n'aime pas le vélo, je remarque quand même qu'elles me semblent toutes avoir a priori des possibilités d'assimilation dans le prolongement de mon corps bien meilleures qu'un vélo. Et inversement, sont exclus tous les véhicules dont je doute a priori de l'assimilabilité, comme les gyropodes ou les trottinettes.

Je ne me rends pas du tout compte des différentes caractéristiques de toutes ces alternatives : quel rayon d'action je peux espérer sur un relief apaisé, à quelle vitesse moyenne, sur quelle gamme de conditions météorologiques, et pour quel niveau de danger quotidien et quel investissement en conditionnement physique.

Ces alternatives ont en commun d'être purement musculaires, et moins efficaces qu'un vélo. Mon vélo assisté m'a déjà permis d'aller d'une banlieue proche à l'autre en traversant Paris, pour un total de presque 47 km en 3h53 dans la journée, et je n'imagine pas (encore ?) un autre moyen de transport personnel qui me permette de le refaire ça. Le vélo semble avoir une gamme d'utilisation, en termes de longueurs de trajets et en termes de conditions météo, qu'aucune alternative ne me semble capable d'égaler, ou même d'approcher.

L'arbitrage

Il y a aujourd'hui dans ma vie toute une série de trajets courts, que je fais à pied sans me poser de question, et une série de trajets longs, que je fais à bord d'un véhicule à moteur (personnel ou en masse) parce qu'il n'y a pas d'autre possibilité.

Le vélo et ses alternatives évoquées ci-dessus sont dans l'espace entre les deux, et je suis tiraillée entre les deux pôles.

D'un côté il y a les vélos électriques, qui élargissent au maximum cette zone intermédiaire, au point de pouvoir souvent éviter les transports en commun parisiens.

De l'autre côté, il y a alternatives au vélo, qui promettent d'être plus à mon goût, et les vélos pliants les plus petits, qui peuvent être combinés aux transports en commun pour encore plus de portée totale que les vélos plus gros, moins de risque de vol, et plus de fiabilité. Avec le fantasme que le conditionnement physique pourrait suffire pour se passer complètement de moteur.

Il y a en plus une certaine composante politique dans cet arbitrage. Les transports en commun parisiens me semblent en pleine déliquescence, et je doute que ça s'améliore dans les quatre prochaines années. Si je ne peux ou veux pas compter sur les transports en commun, la portée supplémentaire des vélos électriques devient très séduisante.

En plus, si une de mes alternatives au vélo me plait suffisamment pour faire les trajets juste derrière mes limites de piéton, ça laisse d'autant moins de place à un vélo non-électrique dans ma vie.

De la même façon, tant que l'élargissement des infrastructures cyclistes continue sa trajectoire des dernières années, le principal frein à mon utilisation du vélo, qui est la crainte des automobilistes, se lèvera progressivement.

Mais inversement, l'arrivée au pouvoir d'un parti violemment rétrograde et la politisation du vélo pourraient significativement augmenter le danger de ces trajets. Même s'il arrive pas au pouvoir, sa normalisation et sa percolation dans les mentalités publiques a un résultat proche. Et l'éventuelle dégradation de la situation économique générale pourrait rendre la disponibilité de pièces détachées beaucoup plus compliquée.

Au moment d'écrire ces lignes, l'impact émotionnel de la crevaison est déjà suffisamment émoussé pour perdre face au manque de confiance dans les transports en commun, donc je suis plutôt en train de pencher pour un vélo électrique, sans pouvoir encore arbitrer entre user le mien jusqu'à la rupture ou le remplacer rapidement, et si ce remplacement serait plutôt par un Brompton Electric que je pourrais plus facilement garder sous mes yeux ou par un Tern Vektron avec lequel je pourrai aller plus loin.

L'inflation, les sombres perspectives économiques, et la promesse de trajets moins transpirés me donnent envie de remplacer rapidement, mais la crainte du vol, la pénibilité de se débarrasser de mon vélo présent, et la crainte de la déception me donnent envie de garder mon Eovolt tant qu'il est utilisable.

Publié le 30 novembre 2022

Tags : Autoexploration Goûts

Eovolt City X

Photo de mon vélo quand il était presque neuf

Dans ce billet je vais vous parler de mon nouveau vélo. Comme d'habitude, je ne suis pas du tout sponsorisée ni en contact avec aucun marchand ou constructeur, comme il se doit pour un site personnel du web 0.8. Et comme d'habitude, c'est une critique à relativement long terme, pour voir au-delà des premières impressions. J'ai été un peu coupée dans mon élan, après avoir parcouru 550 km dans les quatre premiers mois suivant l'achat, mais moins de 200 km dans les quatre mois suivants.

Dans tout ce billet j'emploie l'adjectif « pendulaire » pour désigner quelque chose de très proche de l'anglais commute, c'est-à-dire en gros « en rapport avec les trajets quotidiens entre le domicile et le lieu de travail ». Je ne pense pas souvent à cet adjectif pour ce sens, donc je ne veux pas supposer que tout mon lectorat le connaisse.

Le chemin vers l'achat

Dans mon billet intitulé Tentation cycliste, j'avais décrit le peu de goût que m'inspire le vélo depuis longtemps, et l'ouverture d'une possibilité qui pourrait être supportable. Je vais les résumer un peu différemment dans cette partie, et ajouter la fin de l'histoire jusqu'à l'achat.

Depuis très longtemps je suis rebutée par l'encombrement de l'engin, aussi bien en utilisation, parce qu'il est beaucoup plus balourd et pataud qu'un piéton, qu'entre les utilisations, parce qu'il faut le mettre quelque part et faire face aux risques de vol, de vandalisme, de confiscation, etc.

De façon amusante, je n'ai pas ce problème avec ma moto, que je décris en termes opposés, simplement parce que je la range mentalement dans les véhicules à moteur, à côté des voitures et des camions, alors que pour une raison mystérieuse je range les vélos, même motorisés, avec les piétons.

Cela dit, j'ai aussi une certaine réticence envers tous les véhicules à cause d'un manque général de fiabilité : le risque de panne, de vol, de vandalisme, de confiscation, ou d'autre perte imprévue n'est jamais nul et toujours catastrophique pour les plans à court terme, et je n'aime pas du tout la perte d'autonomie qui découle de la dépendance à un véhicule.

Là aussi, c'est un peu injuste, parce que mon corps aussi peut être victime de panne, de vandalisme, ou d'accident, et ce n'est pas moins catastrophique pour les plans à court terme et parfois pour l'autonomie même à plus long terme.

Cependant notre société est structurée pour prendre en charge les défaillances du corps et de l'automobile, dont la moto bénéficie par proximité administrative, alors que la défaillance cycliste est jugée comme plus dérisoire, et la délinquance envers les vélos comme moins grave.

Bref, pour en revenir au vélo, les problèmes d'encombrement et une partie des problèmes de malveillance peuvent être résolus avec un vélo pliant gardé près de soi.

D'autre part, mes déplacements sont dominés par le trajet entre le lieu de travail et le domicile, de sorte qu'un vélo ne vaille pas l'investissement (dans ma vie et ces jours-ci) même si je m'en servais pour tous les autres trajets urbains. Donc si j'achetais un vélo, ce serait pour ces déplacements pendulaires, et la compatibilité avec les autres déplacements serait un critère secondaire.

La principale conséquence est que je voulais une assistance électrique, pour faire face à la grande montée de la Porte de Versailles et pour espérer arriver à destination en étant présentable même sans douche.

À la fin du billet Tentation cycliste, j'arrivais au bout de mon endurance à étudier le marché, et j'étais à deux doigts d'abandonner. J'ai pris sur moi de suivre les plans que j'avais formulés, à savoir emprunter un vélo pour vérifier que le trajet pendulaire est suffisamment sûr pour mon goût, et essayer les vélos pliants disponibles chez le marchand près de chez moi.

Je reviendrai plus loin sur les autres modèles que j'ai essayés et dans un autre billet sur les infrastructures cyclables, mais le résultat a été de céder à la tentation, et je me suis retrouvée en possession du vélo que je décris dans ce billet.

Description technique du vélo

J'ai donc acheté un vélo Eovolt en février dernier, et il n'y en avait déjà plus aucune trace sur leur site en mai. Juste avant de l'acheter, j'avais essayé des modèles qui n'existaient déjà plus sur leur site à l'époque. Je soupçonne que ces modèles étaient millésimés 2020, le mien 2021, et au moment d'écrire ces lignes le site décrit les millésimes 2022.

Devant un tel turn-over, je vais conserver ici autant d'informations que possible sur l'exemplaire entre mes mains, d'autant plus que même à l'époque le site était déjà pauvre en détails techniques, donc il y a ici plus de recherche personnelle que de fiche technique du constructeur. Si ces détails ne vous intéressent pas, vous pouvez passer directement à la section suivante avec mes impressions.

Positionnement Commercial

L'impression que j'ai eue en février 2022 est que la plupart des vélos pliants ont des roues de 20 pouces de diamètre. Je suppose que c'est le plus facile à concevoir, peut-être pour pouvoir réutiliser le plus de pièces généralistes. Les tailles adjacentes sont 16 et 24 pouces, soit des paliers d'environ 10 cm.

Je ne sais pas trop comment une petite modification de la taille des roues autour d'une valeur donnée affecte le cadre, mais avec des cadres similaires ça se traduit directement par une augmentation de la taille du vélo plié, de 10 cm dans deux dimensions.

Ces 10 cm ne sont pas négligeables par rapport aux tailles pliées, d'autant plus que ces tailles sont proches de divers seuils, comme la hauteur sous un bureau ou les emplacements de bagages de certains trains.

Pour moi il était donc nécessaire de partir sur le moins encombrant, à savoir 16 pouces.

La taille des roues a aussi un impact direct sur le confort, par le lissage du relief de la route. Les vélos avec des roues plus grandes sont donc naturellement plus confortables, et plus chers par la plus grande quantité de matière. Je me demande s'il y a aussi une vieille idée de « plus c'est gros mieux c'est » avec.

Chez Eovolt au moment où j'écris ces lignes, comme chez beaucoup d'autres constructeurs, j'ai pu constater une montée en gamme avec la montée en taille des roues. Le Morning avec ses roues de 16 pouces a un dérailleur plus simple et une batterie plus petite que l'Afternoon et le l'Evening aux roues plus grandes.

Mon vélo a le positionnement inhabituel d'être le modèle haut de gamme d'une section à 16 pouces, et il me tente beaucoup plus que tous les modèles actuellement proposés sur leur site. Dans son millésime, il y avait les modèles City, City X, Confort, et Confort X, où le X désigne la variante haut de gamme alors que City et Confort correspondent à des roues de 16 ou 20 pouces.

Pour situer, mon vélo avait un prix public conseillé de 1 800 €, et j'ai profité d'une remise spontanée, et sans justification, de 300 €.

En plus, mon vélo est celui qui a le plus petit volume de toute mon étude de marché, sans compter les Brompton.

Si j'avais été sûre de m'en servir pendant des années, j'aurais acheté un Brompton électrique (pour à peu près un prix double), mais je n'étais pas sûre que ce vélo ne finirait pas à la cave au bout de quelques mois. J'ai donc décidé de miser une somme plus petite, en soupçonnant que sa durée de vie serait également plus petite, qui ouvre la possibilité d'un remplacement par un vélo plus à mon goût une fois que mes goûts sont plus précis.

En y repensant, je me dis que j'aurais peut-être dû opter pour un Brompton en pariant sur une revente d'occasion si je n'accroche pas au vélo, au lieu de le considérer comme une bête perte sèche. J'imagine que la marque aurait facilité la revente, surtout avec son turn-over beaucoup plus lent.

Caractéristiques

Mon vélo était annoncé comme tenant dans 75×42×58 cm une fois plié, ce n'est pas évident à mesurer, mais je trouve un peu moins en longueur, un peu plus en largeur, et beaucoup plus (5 cm) en hauteur.

Une fois déplié, il fait environ 137 cm de long, dont 95 cm d'empattement et 2 cm de garde-boue arrière, 60 cm de large au guidon, et 103 cm entre le sol et le haut du guidon à la hauteur maximale (que j'utilise), et la hauteur maximale de la selle est à peu près la même.

Il pèse 16.8 kg avec le porte-bagage arrière en option, et l'attache Klickfix pour un panier à l'avant.

Le mécanicien du revendeur a aussi remarqué que la béquille dessus est plus frêle et plus courte que les béquilles habituelles d'Eovolt, probablement à cause d'une pénurie au moment de l'assemblage.

Le caractère haut de gamme de ce vélo se voit surtout sur les caractéristiques suivantes :

L'assistance électrique vient d'un moteur Bafang 250 W dans le moyeu avant. J'ai pu extraire les références de l'écran et du contrôleur, mais je ne sais pas trop quoi en faire.

Le pédalier a des pédales de 17 cm et un plateau de 68 dents, et un périmètre d'environ 76 cm. Je n'ai pas réussi à compter les dents du pignon, mais son périmètre est d'environ 26 cm, donc je suppose qu'il a 23 dents.

Ça fait une sérieuse démultiplication, qui compense la taille des roues. Voici plusieurs façons de le représenter, je les mets toutes pour pouvoir facilement comparer avec d'autres sources :

Vitesse 1 2 3
Rapport primaire 2.957 2.957 2.957
Rapport secondaire 0.733 1.000 1.364
Braquet total 2.167 2.957 4.033
Diamètre équivalent 35 in 47 in 65 in
Diamètre équivalent 0.88 m 1.20 m 1.64 m
Développement 2.77 m 3.77 m 5.15 m
Vitesse à 50 tr/min 8.3 km/h 11.3 km/h 15.4 km/h
Vitesse à 80 tr/min 13.3 km/h 18.1 km/h 24.7 km/h

Je discuterai du choix de cadence dans un autre billet, mais 80 tours par minute est une valeur qui revient souvent dans les conseils en ligne, et j'ai vu quelques fois passer 50 tours par minute comme valeur « tranquille », donc ça me semblait une bonne frontière avant le sous-régime.

Le vélo était livré avec un chargeur propriétaire et une trousse à outil contenant :

Je l'ai complétée avec une clef allen 1.5 mm pour resserrer les vis qui fixent l'écran Bafang au guidon.

Mes impressions sur la concurrence

Je vais essayer de séparer mon ressenti envers ce vélo en particulier de mon ressenti envers le vélo en général (que j'aborderai dans un billet dédié), même si mon manque d'expérience avec d'autres vélos brouille un peu la distinction. Je vais donc comparer avec mes points de référence les plus récents, à savoir les autres vélos que j'ai essayés avant d'acheter celui-ci.

Avant d'acheter ce vélo, j'ai essayé plusieurs modèles de vélos pliants, et j'ai essayé mon trajet pendulaire avec le vélo électrique non-pliant de mon homme. Ce ne sont que des premières impressions, mais j'ai l'intuition qu'elles se vérifient sur la durée.

Le goût du luxe

Ce n'est pas toujours évident d'évaluer à quel point les options plus haut de gamme sont intéressantes. J'ai l'impression de voir de plus en plus de consommation ostentatoire qui n'a aucun intérêt sans audience. Ce n'est pas du tout le cas pour la plupart des particularités de mon vélo, à un point auquel je ne m'attendais pas.

Les freins hydrauliques

D'abord les freins hydrauliques, qui sont réputés offrir une plus grande puissance de freinage par l'effet levier du système, me semblent surtout avoir l'avantage du retour tactile. Je sens directement mon action sur les plaquettes, alors qu'avec un câble il y a un amortissement dans le système brouille le couplage entre les doigts et les patins.

Ce n'est pas juste une question de confort, parce que ce retour tactile permet de faire manuellement l'effet de l'ABS. J'ai connu la théorie avec la moto, mais je n'ai jamais conduit de moto sans ABS ; quelques freinages forts en vélo m'ont donné l'occasion de mettre en pratique cette théorie, et même de développer l'intuition tactile de la zone juste avant le blocage (au moins par temps sec et températures pas trop basses), chose que je n'imagine pas possible avec un câble.

Le moyeu à vitesses intégrées et la courroie

La boîte de vitesse dans le moyeu arrière est souvent vendue comme permettant de changer les vitesses à l'arrêt. Je reconnais que c'est confortable, mais quand même un peu gadget, parce que j'imagine avoir le niveau d'anticipation suffisant pour pouvoir gérer les vitesses avec un dérailleur. D'un autre côté, le départ après un freinage d'urgence peut être compliqué…

Cela dit, je considère que la killer feature de la boite de vitesses dans le moyeu arrière est la compatibilité avec la transmission par courroie, donc je vais mettre les deux ensemble, pour les comparer avec une chaîne et son dérailleur.

Depuis que j'ai une moto je lorgne sur les courroies et les cardans, parce que l'entretien de la chaîne me saoule et je n'y trouve pas trop d'avantages. Il semble qu'en vélo ce soit pareil, la courroie se distingue surtout par l'absence d'entretien et une plus grande longévité. J'apprécie énormément la sérénité que ça procure.

J'ai cru comprendre qu'individuellement, la boite de vitesses dans le moyeu arrière est aussi plus fiable et plus stable qu'un dérailleur, mais ça ne fait que renforcer le jugement sur l'ensemble du système.

J'ai lu que la transmission par courroie est aussi plus silencieuse, mais je ne l'ai pas vraiment perçu.

Le capteur de couple

Enfin, il y a le capteur de couple, même si en fait c'est surtout ce qu'il permet au contrôleur de faire, et je me demande à quel point un bon contrôleur bien programmé pourrait être aussi à mon goût.

Les modèles que j'ai essayés sans capteur de couple m'ont donné la très désagréable impression d'être des mobylettes avec un interrupteur binaire dans le pédalier. Peu importe ce que je fais avec les pédales, si ça tourne le moteur maintient une vitesse, et si ça ne tourne pas je n'ai que l'inertie.

À l'inverse, tous les modèles avec capteur de couple m'ont presque fait oublier le moteur, et simplement donné l'impression d'avoir un vélo plus léger.

Quelque part, quand on veut un système avec un moteur qui « assiste » jusqu'à 25 km/h, en complémentant l'énergie musculaire pour atteindre cette vitesse, j'imagine qu'on obtient exactement ce que je reproche aux modèles sans capteur de couple : l'effort sur les pédales n'a aucun impact sur le comportement du vélo, le moteur s'ajuste sur la différence.

D'un autre côté, je n'ai pas été gênée que par le manque d'impact de mes efforts, mais aussi par l'étroitesse de la plage d'efforts que je pouvais fournir, parce que le pédalier était beaucoup trop mou. La plage de cadences confortables n'est pas très large, et il aurait été intéressant de pouvoir choisir la quantité d'énergie musculaire que je fournis au vélo en variant le couple demandé, et je n'ai trouvé cette possibilité dans aucun des vélos sans capteur de couple que j'ai essayés.

Je reste prête à entendre que le contrôleur peut être configuré pour arranger ça, et je suis prête à essayer un vélo sans capteur de couple qui prétendrait le faire ; mais aujourd'hui, a priori je préfère me passer d'assistance qu'utiliser un moteur sans capteur de couple.

La taille des roues

Si j'ai essayé tous les modèles 16 pouces disponibles dans le magasin, parce que je savais que ce n'était pas négociable, j'ai aussi essayé deux modèles 20 pouces, surtout pour faire plaisir au commercial, et un modèle 28 pouces pour mon trajet pendulaire.

Si je m'attendais à ce qu'un vélo pliant à petites roues soit moins confortable qu'un vélo normal, je ne m'attendais pas à ce que seulement 4 pouces fassent autant de différence, même sur des routes relativement propres et plates.

Si on m'avait dit avant d'essayer que la différence serait aussi énorme, je ne l'aurais pas cru. Je trouve subjectivement plus d'effets à ces 4 pouces qu'à de bons amortisseurs.

Mes impressions sur ce vélo

Assez parlé de la concurrence, que m'inspire directement ce vélo ?

Déjà, c'est très moche.

Isolé, comme ça, je trouve que ça va ; mais avec une personne comme moi dessus, c'est disproportionné au point de me révulser. Plus d'une fois j'ai qualifié ce vélo de « trottinette », ce qui est pratiquement la connotation la plus négative que je suis capable de mettre sur un moyen de transport.

Heureusement, je ne me vois que très rarement quand je suis sur ce vélo, donc ça ne me dérange pas. Et je ne le vois même pas souvent déplié. Ça ressemble à rien une fois replié, mais au moins ce n'est pas esthétiquement dérangeant.

Je le soupçonnais déjà pour la moto, ce vélo me le confirme : je n'ai que faire de mon apparence pendant que je me déplace, et le confort et les autres critères pratiques l'emportent largement sur les critères esthétiques.

Le confort au fil du temps s'est révélé conforme à ce quoi je m'attendais après les premiers essais. Je ne peux pas dire que je m'y fais, mais la différence de confort par rapport à un vrai vélo ou à un vélo pliant plus gros me semble largement valoir la différence d'encombrement une fois replié, donc je suis contente du compromis que j'ai choisi.

J'ai des petits doutes sur la qualité et la longévité de ce vélo, et je le développerai dans la sous-partie suivante.

La qualité

Malgré la quantité d'argent que j'ai dépensée pour ce vélo, je ne m'attendais pas à une qualité terrible, sans vouloir critiquer Eovolt.

Certes, il faut payer pour avoir des choses de qualité, mais en fait on paye plus souvent pour l'illusion de qualité que pour la qualité elle-même, comme Dan Luu le relève très bien. S'il y a bien quelques marques qui cherchent à se distinguer par la qualité, voire qui sont « inhabituellement déraisonnables », je m'attends à ce que la différence de prix entre un vélo Eovolt et un vélo Xiaomi se retrouve dans le salaire des employés qui font l'assemblage et la non-exploitation des données personnelles plutôt que dans la qualité du produit que j'ai entre les mains.

Et pourtant malgré ça, j'ai été un peu déçue.

Je me suis comportée en consommatrice stupide, qui se repose sur l'atelier mécanique du marchand de vélo, et j'ai pourtant dû prendre en main plusieurs choses moi-même :

Je trouve que ça commence à faire beaucoup de petites choses, mais c'est le niveau de fiabilité que j'attends de tous les fabricants quelconques adossés au marché mondialisé, de Décathlon à Xiaomi. Il n'y aurait guère que des grandes marques comme Brompton, Tern, ou Moustache dont j'attendrais (beaucoup) mieux.

La longévité

Ce niveau de qualité vient avec une certaine inquiétude sur la longévité de ce vélo. J'aime bien m'attacher à des outils qui me suivront pendant des décennies, et je crains que ce ne soit pas du tout le cas de vélo (et comme dit plus haut, je m'y attendais avant d'acheter, juste pour perdre moins si ma vie est finalement mieux sans cyclisme).

En particulier, j'ai vanté les freins hydrauliques, le moyeu à vitesses intégrée, et la transmission par courroie, mais j'ai peur qu'une défaillance d'un de ces éléments n'emporte tout le véhicule avec lui, faute de pièces de rechange.

J'ai été surprise de voir des freins hydrauliques sans fenêtre de niveau du liquide, et manifestement sans possibilité de remplacer ce fluide, contrairement à tous les freins hydrauliques que j'ai pu voir sur des deux-roues dont le moteur est plus gros. Ont-ils un fluide magique qui ne fuit pas et qui ne vieillit pas ? Ou est-on juste censé changer l'ensemble du système quand le fluide vieillit ?

Au niveau du moyeu arrière, j'imagine que Shimano est une marque assez grosse pour proposer un remplacement en cas de défaillance, mais je ne serais pas surprise qu'un élément propriétaire empêche un remplacement facile, voire empêche tout remplacement. En plus, je ne me rends pas trop compte de combien de défaillances sont détectables avant d'être catastrophiques, mais je ne serais pas surprise ce que ce système soit beaucoup plus souvent catastrophique qu'un dérailleur, dont tous les éléments sont exposés.

De la même façon, c'est bien une courroie qui dure plus longtemps qu'une chaine, mais sa fin de vie risque d'être beaucoup plus dure à gérer qu'une chaine, surtout si on ne peut pas compter sur Eovolt pour les pièces détachées.

Sans vouloir être méchante envers Eovolt, je ne m'attends pas à une disponibilité terrible des pièces détachées, si le turn-over en usine correspond à celui sur leur site web, et le passif sur la vis Bafang n'aide pas.

Tout ça pour dire que je ne m'attends pas à plus de trois ans d'utilisation sérieuse de ce vélo avant d'être contrainte de changer. Et quand il faudra changer, il faudra que je me pose sérieusement la question du compromis entre le confort de ces éléments « haut de gamme » et la réparabilité des alternatives plus courantes.

L'assistance

Je ne suis pas complètement satisfaite de l'assistance électrique de ce vélo, mais je ne sais pas trop si elle aurait pu être mieux ou c'est juste que j'en attendais trop. J'aimerais beaucoup savoir si cette sous-partie s'applique à toutes les assistances électriques disponibles aujourd'hui ou si un autre type de moteur ou un autre réglage de contrôleur pourrait arranger ça.

J'ai été persuadée que l'assistance électrique permettait de faire face aux reliefs vallonnés de Paris et ces environs, et de pouvoir arriver en étant présentable, et non pas dégoulinante de sueur. Et je suis déçue sur les deux niveaux.

Pour situer, le contrôleur Bafang de mon vélo propose cinq niveaux d'assistance, numérotés de 1 à 5, avec le numéro 0 pour l'absence d'assistance et un mode « marche » placé en dessous du numéro 0 pour faire avancer le vélo à 5 km/h sans pédaler.

Subjectivement, la différence entre 0 et 1 est flagrante, et largement plus grande qu'entre 1 et 5. Je crois que je serais même incapable de deviner le niveau d'assistance entre 1 et 5 en roulant. Je crois que je sens la différence par comparaison en passant d'un mode à l'autre, mais ça pourrait être une illusion parce que je change volontairement de mode.

En revanche, je sens clairement la différence quand je suis en montée et à la limite de mes capacités musculaires dans le mode courant, passer au mode d'assistance suivant est un soulagement clair. La différence est aussi flagrante pour la batterie : tenter de monter la Porte de Versailles en mode 5 avec moins de 60 % de capacité de batterie coupe l'assistance, alors qu'en mode 3 la limite est plutôt vers 40 %. J'imagine que le contrôleur ou la batterie trouve que ça demande plus de courant qu'elle n'est capable de fournir.

Pour ces raisons, j'utilise presque toujours le mode 1, puisque ça consomme moins de batterie, ça utilise une plus grande portion de sa capacité, sans différence subjective.

Je vantais plus haut le capteur de couple, et j'ai décrit à quel point il m'est indispensable, mais le revers de ce système est que je suis incapable de fournir assez de couple pour utiliser toute la puissance du moteur.

L'écran donne une indication de puissance, sans préciser de quelle puissance il s'agit, mais j'ai l'impression qu'il s'agit de la puissance envoyée au moteur (ou fournie mécaniquement par le moteur, le rendement est tel que la différence importe peu pour la discussion présente), intégrée sur quelques secondes.

Habituellement sur du plat en mode 1, cette puissance se trouve entre 70 W et 90 W, avec parfois des sorties jusqu'à 50 W ou 110 W. En montée, même en mode 5, je ne passe que ponctuellement les 150 W, alors que ce moteur a 250 W nominaux.

Et avec mes performances musculaires actuelles, ça ne suffit pas pour monter la Porte de Versailles confortablement.

Alors que j'imagine qu'avec 250 W électriques, ça pourrait passer beaucoup plus facilement.

L'effet des rapports de vitesse n'est pas évident, parce qu'utiliser un rapport de montée permet de réduire le couple correspondant à une puissance musculaire fixée, mais comme il y a moins de couple il y a moins d'assistance, et donc moins de puissance totale.

J'ai essayé avec chacun des trois rapports, et je ne sais plus avec quels niveaux d'assistances mais au moins 1, 3, et 5, et finalement je n'ai pas encore trouvé mieux que descendre du vélo et le pousser jusqu'en haut.

D'ailleurs au cours de mes différents essais, j'arrivais à faire deux aller-retours avec une charge de la batterie, et éventuellement une partie du troisième retour (en descente). Depuis que je fais ces 400 m de montée à pied, je fais facilement trois aller-retours, avec presque de quoi faire un quatrième aller. Je ne pensais pas que ces 400 m étaient aussi violents pour la batterie, ou que le reste du trajet était aussi léger par rapport à cette montée.

Et peu importe la façon dont je prends cette montée, je termine quand même en nage à l'arrivée.

Je pensais que c'était juste une déception de l'assistance qui n'assiste pas tant que ça, mais c'est plus compliqué que ça.

Avec des trajets plus plats, j'ai pu trouver un rythme plus calme, qui me permet par exemple de suivre la Seine sur bien plus de distance que mon trajet pendulaire, et arriver presque sans sueur (s'il ne fait pas trop chaud). Il faudrait juste que j'arrive à me ménager aussi en montée et dans les faux-plats qui la précèdent.

Je n'ai pas encore essayé sans assistance, et j'ai du mal à me motiver pour faire cet essai, mais il faudrait vraiment que j'arrive à déterminer sur quels trajets je serais capable de me ménager au point de me déplacer en restant socialisable. Je me demande aussi quel genre d'entraînement pourrait élargir cette gamme de trajets.

Verdict

J'ai beaucoup de mal à résumer mon sentiment envers ce vélo en faisant abstraction de ma relation avec le vélo en général, relation qui mérite un billet dédié.

En résumé, après presque 750 km, je confirme que je n'aime toujours pas le vélo, je n'en ferais pas pour le plaisir (contrairement à la marche ou à la moto), et je préfère les transports en commun dans leurs meilleures conditions (disons de l'ordre de 30 % d'occupation des places assises). En revanche, par rapport aux conditions habituelles des trajets pendulaires, le vélo a l'énorme avantage de ne pas titiller mon ochlophobie, ce qui en fait le moyen de transport le moins désagréable à ma portée.

Résultat, ma dernière utilisation des transports en commun remonte à avant l'achat de ce vélo, et c'est peut-être la conclusion la plus éloquente.

Ce vélo tient ses promesses pour l'instant, et en dehors des attentes peut-être trop optimistes envers l'assistance électrique, mes reproches se limitent au fait que je n'aime pas le vélo et aux craintes sur sa longévité.

Ces craintes bloquent mon attachement à l'objet, comment s'il pouvait se transformer en poussière du jour au lendemain. Je crois que j'ai très récemment franchi un cap psychologique par rapport à ces craintes, puisque j'ai investi dans une nouvelle paire de poignées et un rétroviseur, et je commence à construire une trousse à outil alternative plus à mon goût. Même s'il ne tient que trois ans, je peux améliorer le quotidien de ces trois ans.

Je garde cependant toujours un œil sur le marché, et la question de sa succession reste difficile, j'espère vraiment qu'elle ne se posera pas trop rapidement.

Publié le 9 octobre 2022

Tags : Jouets

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Une nouvelle fournée de liens en vrac est cuite ☺

Publié le 2 octobre 2022

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