Ricing

En 2023 les vents du changement soufflent en tempête sur l'utilisation de mes outils informatiques. Dans ce billet je parlerai de l'environnement graphique devant lequel je passe mon temps professionnel comme personnel. Et pour mettre en perspective les changements récents, je vais retracer toute mon histoire (du moins ce dont je me souviens).

Ce billet va donc être intégralement constitué de geekeries (d'où son tag Geek), et mon éventuel lectorat qui n'est pas versé dans la technique informatique (par exemple sans avoir la moindre idée de ce que peut être un « environnement graphique ») peut se passer de la lecture du reste de billet.

Mais comme j'ai encore choisi un titre à la con pour ce billet, il faut bien que je commence par l'expliquer.

Le ricing est visiblement un terme emprunté au tuning de voitures, où il désigne les modifications purement esthétiques. Il est largement utilisé sur le subreddit r/unixporn pour désigner l'amélioration esthétique d'un environnement graphique dans les systèmes d'exploitations unixoïdes.

Et quelque part, c'est ce que j'ai fait, sauf qu'avec mon sens très « particulier » de l'esthétique, les arguments pratiques sont beaucoup plus faciles à défendre (ou au moins expliquer).

Donc ne vous attendez pas à trouver des captures d'écran aussi élaborées que sur r/unixporn, ou même aussi esthétiques, à moins que votre esthétique soit autant portée sur le minimalisme et l'efficacité que la mienne. Il y en aura quand même un peu plus loin dans ce billet.

Mes débuts sous Linux

En des temps (littéralement) immémoriaux, c'est-à-dire vers 2001 à 2003, j'ai découvert Linux, le système graphique X11, et donc les gestionnaires de fenêtres (window managers). Je crois que c'était bien avant l'émergence du concept d'environnement de bureau (desktop environment).

J'ai essayé moult gestionnaires de fenêtres, au point de ne plus avoir les idées très claires sur mes goûts de l'époque. J'ai probablement commencé par le truc par défaut, mais je n'ai aucune idée de ce que c'était. J'ai de vagues souvenirs d'avoir utilisé Blackbox, XFCE, WindowMaker pendant cette période d'instabilité.

Je crois que me souvenir que le premier gestionnaire de fenêtres sur lequel je me suis arrêtée était Enlightenment, en version 16. Je me souviens avoir attendu le fameux « E17 » qui était sur le point de sortir dans vraiment pas longtemps (en réalité fin 2012, autant dire que j'aurais attendu très longtemps).

Je me souviens que j'étais émerveillée par la quantité de fonctionnalités flashy d'Enlightenment. C'est dommage que je ne ressente plus du tout ce genre d'enthousiasme et que je doive me contenter d'un émerveillement technologique beaucoup plus terne, mais c'est la vie.

Je ne me souviens plus du tout combien de temps je suis restée sur Enlightenment. Au bout d'un moment j'en ai eu marre d'attendre E17 et je me suis lassée des trucs flashy. J'ai peur que ce soit une réinterprétation de l'histoire avec des concepts que j'ai développés plus tard, mais j'ai envie de croire que c'est à cette occasion que j'ai compris que les trucs flashy perdent vite leur caractère impressionnant, et que les trucs plus sobres et efficaces se prêtent mieux à l'assimilation. Ou alors c'est peut-être tout simplement que PWM m'a apporté une killer feature (c'est-à-dire une fonctionnalité tellement importante que ne pas l'avoir devient irrémédiablement rédhibitoire) que je vais vous détailler plus loin.

Je ne mets pas de lien vers PWM, parce que j'ai l'impression qu'il a été complètement rayé d'internet. On en retrouve une trace sur la page wikipédia d'Ion dont il est le prédécesseur par le même auteur.

La stabilisation sous PWM

La particularité de PWM, qui est sa killer feature à mes yeux, est d'offrir un niveau d'organisation en dessous des fenêtres, au moyen d'onglets.

Ce sera peut-être plus clair en voyant une des captures d'écran ci-dessous, mais dans l'idée, une fenêtre peut être partagée entre plusieurs « clients » dans le même rectangle, comme les onglets des navigateurs modernes.

Donc le même rectangle peut être déplacé ou redimensionné ou envoyé vers un autre bureau, et tous les clients qui le composent sont déplacés ou redimensionnés ou envoyés en même temps.

Je crois que c'était autour de 2003 ou 2004 ou vers cette époque que j'ai basculé dans PWM, et j'y suis restée encore longtemps après sa fin de vie. Je me souviens être restée sur le PWM original, sans aller voir les réécritures qu'étaient PWM 2.0 et PWM 3.0, basées sur Ion 2 ou Ion 3, parce que ces nouvelles moutures me semblaient déjà inutilement complexes et fragiles.

Je me souviens avoir vu passer Ion relativement tôt (je suis presque sûre que c'était avant Ion 2), et avoir conclu que je n'étais pas du tout prête à laisser le contrôle de la taille et du placement des fenêtres à un gestionnaire de fenêtre. J'étais donc déjà exposée au concept de tiling window manager, avant même d'en connaître le nom, et je l'avais rejeté après lui avoir donné une chance honnête.

La transition indolore vers PekWM

Ce n'est pas de gaité de cœur que je me suis accrochée à PWM 1, je n'ai juste pas pu trouver d'alternative supportable. J'étais suffisamment néophyte quand je suis passée PWM pour que ma façon de penser l'informatique (au moins dans un contexte Unix) se structure autour de la hiérarchie bureau, fenêtre, client, fenêtre de screen ou tmux. Et j'y ai passé suffisamment de temps pour ne plus pouvoir m'organiser sereinement avec moins de niveaux hiérarchiques.

Il y avait bien Fluxbox, mais je n'ai jamais pu supporter la redondance d'avoir à la fois une barre de titre et des onglets, et je crois que les raccourcis clavier manquaient de fonctions que j'utilisais au quotidien.

Je ne sais pas trop comment j'ai raté PekWM pendant tout ce temps, et je ne me souviens plus du tout comment je l'ai découvert, ni même si c'est moi qui l'ai découvert.

Je me souviens juste que j'ai résisté un moment parce que ça me faisait gravement ch*er de refaire une configuration à partir de rien, sans avoir la garantie que toutes les fonctions dont j'ai besoin seront disponibles. J'imagine que j'ai été échaudée par trop de tentatives de passer à Fluxbox.

Je ne suis passée à PekWM que grâce aux efforts de _FrnchFrgg_, que je ne remercierai jamais assez, parce qu'il a pris sur lui de fabriquer une configuration clé-en-main, que j'avais juste à recopier chez moi, pour me retrouver avec un PekWM parfaitement équivalent au PWM précédent.

Je n'ai aucun souvenir de quand ce passage s'est passé, comme je n'en retrouve aucune trace j'imagine que ça date d'avant ma dernière grosse pertes de données, en juin 2008.

Et début 2023, j'étais encore sous PekWM, avec la même configuration. De quoi amortir les efforts qui ont été investis dans sa mise au point !

Dans l'intervalle, j'ai eu le temps de voir l'auteur disparaitre, me lamenter que PekWM suivait le même chemin que PWM, le retour de l'auteur, et le retour des doutes sur la vivacité du projet.

Les petites évolutions du bureau historique

Maintenant que j'ai bien raconté l'histoire, il est temps de sortir les screenshots !

Capture d'écran de 2008

Voici ci-contre la plus ancienne capture d'écran que j'ai pu retrouver, fin juin 2008, qui était censée illustrer un problème de lenteur de DNS : le ping de gauche commence immédiatement, alors que celui de droite fait d'abord la résolution DNS, qui a visiblement pris environ 44 secondes.

On retrouve les éléments perpétuels de mon travail sur écran : des terminaux de taille fixe, alignés dans le coin supérieur gauche, et la taille qui à droite et en dessous laissée plus ou moins vide.

J'ai pendant très très longtemps utilisé rxvt-unicode en fausse semi-transparence (c'est-à-dire qu'il n'est pas vraiment transparent, il reprend juste le fond d'écran, donc une fenêtre derrière le terminal serait quand même masquée complètement), avec un fond d'écran en image de synthèse, attrapée sur DeviantArt (qui a bien changé depuis).

J'ai aussi utilisé pendant longtemps une horloge et un top empruntés à WindowMaker, qu'on peut voir déjà sur cette capture.

Capture d'écran de mai 2009

Près d'un an plus tard (fin mai 2009), j'ai fait sur ma machine professionnelle la capture d'écran ci-contre, qui doit être assez représentative de mon quotidien. J'ai entretemps remplacé mon bash par un zsh (ça c'était en janvier 2009), avec une configuration que j'utilise encore aujourd'hui, et la police bitmap 7×14 historique par un DejaVu Sans Mono que j'utilisais encore en janvier 2023.

Cette capture est une bonne illustration du système hiérarchique dont je parlais. On ne voit pas les autres bureaux, mais il y avait typiquement un bureau rempli par un navigateur, parfois un bureau avec gimp ou d'autres visualisations, et le bureau de terminaux que l'on voit sur cette capture.

Les fenêtres principales, de 80×56 caractères, correspondent à des machines, ici Spartacus à gauche et Sigil à droite.

On voit sur la fenêtre de gauche quatre onglets, qui correspondent à quatre terminaux différents. Chaque terminal contient une session de screen ou de tmux (je ne sais plus exactement quand j'ai fait cette bascule), et le nom de la session se trouve dans le titre, après le préfixe qui rappelle la machine.

Vu le titre, j'avais probablement pris cette capture d'écran pour illustrer la mauvaise gestion UTF-8 d'elinks, qui motivait mon utilisation habituelle de w3m (ou peut-être pas si habituelle vu ce que j'en disais six mois plus tard).

Capture d'écran de fin 2009

Capture d'écran de fin 2021

Cette capture d'écran de mai 2009 est plutôt représentative de mon interface jusque début 2023, il y a eu moins d'évolutions dans cette période qu'entre 2008 et 2009. Vous pouvez voir ci-contre la capture d'écran que j'ai dû présenter pour rentrer sur #gcu fin 2009, avec un deuxième écran que j'ai obtenu entretemps et un conky dans la zone libre ; et une autre capture de fin 2021, juste après mon passage à PekWM 0.2.0, alors sans conky ni fond d'écran.

Les vents du changement se lèvent

Si j'ai gardé à peu de choses près le même environnement informatique pendant plus de 15 ans, pourquoi changer en 2023 ?

L'insatisfaction est en fait montée progressivement. Les terminaux rangés comme sur ces captures d'écran, ça marche très bien, il n'y a aucun problème. Les bureaux avec une seule fenêtre, que ce soit un navigateur ou un logiciel de dessin ou une machine virtuelle ou autre chose, peu importe, il n'y a pas grand-chose à gérer, et ça marche très bien aussi. Et le reste est tellement mineur qu'on peut le négliger… Sauf qu'à force de négliger, l'insatisfaction s'accumule.

Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est (encore une fois) Firefox. Depuis un bon bout de temps, mais encore une fois j'ai complètement oublié à partir de quand (je crois avant 2016), je me suis mise à utiliser différents profils Firefox pour différentes activités. L'idée était avant tout d'isoler les cookies de session (pour plus de sécurité) et les historiques (pour plus de facilité de recherches documentaires), et puis j'ai commencé à utiliser une session auto-destructive pour le reste, le tout encapsulé dans un petit script.

Au fil du temps, je me suis retrouvée régulièrement avec plus d'une dizaine de sessions en même temps. Avec une fenêtre pour contenir le terminal dans lequel s'exécute le script, et au moins une fenêtre de Firefox, ça commence à faire beaucoup de fenêtres.

Et ce qui empire la situation, c'est que ce sont des fenêtres (relativement) éphémères. Les fenêtres de terminaux placés aux petits ognons à chaque redémarrage de la machine, c'est assez rare pour ne pas me déranger, alors que ranger manuellement chaque nouvelle fenêtre de navigateur et chaque nouveau terminal de chaque nouveau profil, c'est rapidement saoulant.

L'idée qu'un tiling window manager serait plus approprié, pour automatiser cette gestion de fenêtres, a commencé à faire son chemin.

Comme je l'avais écrit plus haut, après mon essai d'Ion j'étais convaincue que ce type d'environnement n'est pas pour moi, parce que je n'aime pas du tout qu'une machine croie mieux savoir que moi ce dont j'ai besoin et se trompe. Or je veux que mes terminaux principaux soient toujours au même endroit et toujours avec la même taille de 80×56 caractères, et ça c'est un peu antithétique du tiling.

Alors je suis peut-être obstinée pour de mauvaises raisons. Ma motivation principale, c'est le nombre d'applications en mode texte qui supportent très mal le redimensionnement (surtout dans un screen lui-même dans un ssh), mais objectivement on peut supposer que ce problème se pose moins en 2023 qu'en 2004. Il reste cependant que la plupart des affichages non-curses encaissent assez mal les redimensionnements, et que j'ai tendance à mémoriser l'endroit où j'ai vu l'information que je cherche, donc je suis particulièrement sensible aux changements de mise en page. Peut-être que je m'adoucirai dans les années qui viennent, mais maintenir en l'état le système existant qui marche bien pour moi était une condition sine qua non au changement de gestionnaire de fenêtres.

Essais de tiling

Capture d'écran mon bureau sous i3

J'ai déjà oublié pourquoi j'ai commencé par i3, je crois que c'est juste parce que j'en avais entendu du bien sur #gcu. La capture d'écran ci-contre est la première configuration stable avec laquelle j'ai essayé de vivre.

J'ai été un peu contrariée de ne pas pouvoir dimensionner comme je veux mes terminaux, mais pas vraiment surprise. J'ai compté sur la sauvegarde d'agencement pour faire une seule fois l'effort de tout bien placer à mon goût.

C'était de ce point de vue plutôt une réussite, même si ça impose une taille fixe d'écran (ça tombe bien, ces jours-ci je n'ai que des 1920×1080). On peut voir sur la capture d'écran mes deux terminaux 80×56, avec le w3m dans l'espace restant à droite, et le dessous géré dynamiquement comme la tradition tiling le prescrit. J'avais aussi une variante avec trois terminaux de taille fixe et une petite colonne à droite, mais j'ai beaucoup aimé avoir le w3m sur le bureau principal au lieu de le garder dans un bureau dédié à moitié vide.

En revanche j'ai rapidement été contrariée par l'arborescence cachée dans cet agencement. Elle est trop bien cachée pour que mon intuition s'y fasse, mais pas assez bien cachée pour ne pas causer de surprises désagréables. i3 m'a aussi démontré que je suis complètement incapable d'utiliser une navigation directionnelle au clavier, pour le même genre de raisons : mon intuition ne s'y fait juste pas, et si je ne peux pas prédire quel sera l'effet de l'appui sur un raccourci, je ne peux pas l'assimiler.

Je crois qu'à la fin ce sont les bugs dans le système d'onglets et la fragilité de l'agencement dès que je tape le mauvais raccourci clavier qui m'ont fait aller voir ailleurs.

Capture d'écran mon bureau sous Xmonad

Je suis ensuite passée à Xmonad (capture d'écran ci-contre), parce qu'Awesome ne m'inspirait pas plus que ça et je n'ai pas trouvé facilement comment faire mieux qu'i3 pour mes terminaux fixes.

C'est assez pénible de devoir écrire une configuration en Haskell quand on ne connaît rien à ce langage, et c'est assez frustrant de devoir installer 1.5 Go de compilateur et bibliothèques pour juste un gestionnaire de fenêtres « minimaliste », mais j'ai été très contente du résultat.

Le système LayoutN permet d'avoir exactement les fenêtres que je veux fixées au pixel près, et le reste géré suivant un paradigme de tiling approprié. Le rangement des fenêtres dans une bête liste linéaire, sans arbre binaire ni directions dans le plan, convient parfaitement à mon modèle mental, et la configuration du bureau revient juste à choisir l'agencement à l'écran de cette liste linéaire.

Capture d'écran mon bureau sous dwm

Pendant toute cette exploration de tiling window managers, dwm est resté dans un coin de ma tête, jusqu'à le mettre en production avec le résultat ci-contre.

D'un côté, je suis très fan en général de suckless, je suis beaucoup plus à l'aise en C qu'en Haskell, et l'outillage C est déjà tellement partout qu'il a un coût marginal nul, contrairement à l'outillage Haskell que je n'ai que pour Xmonad. Et puis son j'étais curieuse de découvrir son système de tags si particulier.

De l'autre côté, j'ai l'impression de trahir l'esprit de dwm en lui ajoutant un si grand nombre de patchs, et il a fallu mettre pas mal d'efforts (au demeurant très intéressants) dans la compréhension du code original pour arriver à ce que je voulais. Et pendant tout ce temps, j'avais toujours un doute sur sa performance sur mes machines poussives, après avoir eu une très mauvaise expérience avec herbestluftwm qui était inutilisablement lent sur Tsuiraku en utilisant tout son CPU.

Finalement, comme la dernière capture d'écran le montre, je n'utilise plus que dwm ces jours-ci, et j'en suis super-contente. Je regrette un peu de n'utiliser les tags que comme des bureaux, et de ne finalement pas vraiment utiliser du vrai tiling, mais peut-être qu'au fil du temps je m'y ferai.

Je crois que je préfère quand même la gestion des moniteurs de Xmonad, mais elle demande des bureaux plutôt que des tags, je vais d'abord essayer de voir si j'arrive à faire quelque chose avec les tags de dwm. Et en attendant, le système très rigide de dwm me semble tout à fait supportable avec les deux primitives que je lui ai ajoutées.

J'ai mollement fait le tour des barres d'état, mais sans pousser plus loin que celui qui avec le gestionnaire de fenêtres (i3status avec i3, xmobar avec Xmonad, et slstatus avec dwm). Une fois bien installée dans dwm, j'ai pu décider qu'un slstatus à peine modifié me convient amplement.

Nouveau terminal

Quand les vents du changement soufflent, ils soufflent largement : je n'ai pas changé seulement de gestionnaire de fenêtres. J'ai aussi changé d'émulateur de terminal.

Je n'ai pas vraiment de grief contre rxvt-unicode, que j'ai dû utiliser pendant pas loin de vingt ans. Je le trouve un peu surdimensionné, voir presque bloaté pour mon utilisation, mais ce n'est au point que mes systèmes même limités en souffrent.

J'utilisais depuis quelques années st sur mon poste professionnel, surtout parce que j'aime bien l'esprit Suckless, mais c'est un acte de foi de croire quand ils disent que les autres émulateurs sont inutilement complexes. Au fil du temps j'ai beaucoup apprécié le raccourci pour inverser le contraste dans le patch solarized-both, mais pas au point d'en faire une killer feature.

En revanche, une killer feature de rxvt-unicode est la possibilité d'obtenir le code d'un caractère Unicode affiché, et la possibilité d'entrer un caractère Unicode connaissant son code (je n'y vois qu'une seule fonctionnalité dans deux sens différents), et j'ai du mal à la retrouver chez la concurrence.

Heureusement que st est hackable, je crois même que je suis directement responsable de l'existence du patch ISO-14755 qui fait la moitié de cette fonctionnalité, l'autre moitié étant assurée par un script python visible dans le terminal de gauche de ma capture d'écran i3.

Avant d'arriver sur st, j'ai quand même fait le tour des émulateurs de terminal prétendument rapides et modernes, comme Alacritty et Kitty, mais le caractère des développeurs principaux (qui n'aiment pas forcément ma façon d'utiliser leur soft) m'ont dissuadée d'y passer trop temps, surtout après avoir constaté que je n'ai pas besoin de plus de performance que st.

Nouvelle police de caractères

Tant qu'à tout remettre en question, pourquoi ne pas s'attaquer aussi au contenu de mes terminaux ?

Je ne me souviens plus exactement ce qui m'avait poussée à passer de 7×14 à DejaVu Sans Mono, probablement la couverture unicode, ou peut-être l'esthétique, mais après plus de quinze ans à voir DejaVu tous les jours je ne sais plus l'évaluer par rapport à 7×14. Ou peut-être juste la hype de DejaVu à l'époque ?

En tout cas je n'avais pas grand-chose à reprocher à DejaVu, en dehors des points (.) qui ressemblent beaucoup trop aux virgules (,). Cette confusion a été la motivation majeure pour me laisser porter par les vents du changement dans ce domaine.

En réalité, l'idée me tournait plus ou moins dans la tête depuis que j'ai entendu parler de la police Atkinson. Je ne sais pas trop où se situe DejaVu au niveau de l'hyper-lisibilité, mais comme j'arrive au moment dans ma vie où la vue baisse, il est temps de s'en occuper.

J'ai du coup découvert pléthore de polices spécialement marquetées envers les programmeurs, et à force de tomber sur des prétentions de lisibilité à consonance commerciale, j'ai complètement perdu foi dans ce critère.

En revanche, au cours de mes différentes recherches et essais, j'ai découvert que DejaVu Sans Mono est plutôt atypique en termes de densité verticale, et que c'est pour une killer feature dans mes terminaux.

Mes terminaux ont historiquement une cellule de 7×15 pixels, et la composition de mon bureau en dépend suffisamment pour que je ne veuille pas la remettre en question pour l'instant. Ça correspond au paramètre pixelsize=11 dans Xfont, et ça fait des minuscules de 7 pixels de haut et des jambages de 3 pixels au-dessus et en dessous.

Toutes les autres polices que j'ai essayées ont une hauteur d'x de 6 pixels ou moins s'ils rentrent dans une case de 15 pixels de haut, et réclament 16 ou 17 pixels de haut si je veux une hauteur d'x de 7 pixels. Et ça, visuellement je ne peux juste pas, ça fait des lettres trop petites pour lire confortablement, et je ne vois pas du tout l'intérêt d'un interligne aussi grand (je trouve que ça rend les séparations de paragraphes beaucoup moins claires, mais c'est peut-être juste une question d'habitude).

Heureusement, st a un paramètre chscale, qui permet de rogner sur la taille réclamée par Xfont, mais ça ne permet que des ajustements mineurs, parce que ça ne retire que des lignes du bas de la cellule. Et même avec un patch plus violent pour couper des deux côtés, la ponctuation n'a pas l'air d'aimer (ou mon patch était trop violent ou bogué), donc c'est manifestement vraiment le design de la police qui est comme ça, avec une relativement petite hauteur d'x.

Voici ce que donnent mes finalistes dans st : de gauche à droite, Deja Vu Sans Mono, Iosevka Fixed, Iosevka Fixed Curly Extended, et Source Code Pro.

Capture d'écran de st avec quatre polices différentes :
DejaVu Sans Mono, Iosevka, Iosevka Extended, et Source Code Pro

Iosevka a été la seule police de mes essais pour laquelle ma première impression était meilleure que mon habitude avec DejaVu, quoique pas de beaucoup. Sur les lettres générales j'ai une très très légère préférence pour Iosevka, mais c'est surtout sur la ponctuation que ma préférence est nette.

Je reste pour l'instant sur la version Extended, pour rester avec une densité horizontale dont j'ai l'habitude, et pour ne pas casser les emojis empruntés à une autre police (qui ont l'air d'être carrés sur deux cellules de large), mais je suis impressionnée par la lisibilité de la version non-Extended dans sa cellule de 6×16 (dont la dernière ligne est rognée). Je ferai peut-être des essais plus longs un de ces jours.

Les points fixes

Les vents du changement ont aussi soufflé sur quelques autres éléments de mon quotidien informatique, mais qui ont mieux tenu le coup.

Je reste sur le vim historique, son système modal reste trop profondément ancré dans ma façon de penser, il n'y aurait que neovim comme remplaçant potentiel mais j'utilise trop peu de plugins ou de fonctionnalités avancées pour y voir une différence majeure.

J'aime bien la palette de couleurs Solarized, j'avais déjà cherché des alternatives pour mon site, mais son niveau de contraste et ses tons me conviennent bien, au point de m'en servir aussi pour configurer mes nouveaux gestionnaires de fenêtres.

J'ai essayé de remplacer le shell POSIX par Chicken Scheme pour les p'tits scripts à la c*n, mais quand il y a plus spawn que de logique autant rester dans le shell POSIX. Je crois que son créneau serait plutôt au niveau de Python, mais je fais juste trop rarement des scripts de ce niveau de complexité.

J'aimerais beaucoup remplacer Firefox pour ma navigation avec javascript, parce que Tsuiraku est vraiment au bout de son CPU pour ça, mais je crois que c'est peine perdue. J'ai quand même un NetSurf qui traine sur mon disque dur, mais je crains qu'il n'y ait juste pas assez de sites qui en demandent trop pour w3m sans avoir besoin d'un Firefox complet.

J'ai aussi cherché des alternatives à w3m, notamment autour de la mouvance SmolWeb, mais aucun n'avait une interface aussi pratique (pour moi) que w3m.

J'aimerais bien aussi une alternative à feh qui m'affiche les SVG, pour l'instant je n'ai que display d'ImageMagick qui n'est pas confortable du tout, mais je cherche encore.

Mes autres outils du quotidien sont tmux, fdm, mutt, irssi, newsboat, mupdf, mplayer, et pass, mais tous ceux-là n'ont même pas été remis en question. Peut-être devrais-je le faire ?

Publié le 30 octobre 2023

Tags : Geek Goûts

Mélange de cartes

Pour des raisons qui feront peut-être l'objet d'un prochain billet de weblog, j'ai commencé à réfléchir à comment bien mélanger un paquet de cartes, de préférence de la façon la moins chiante possible.

Et ensuite tout s'est enchaîné…

L'énoncé

Il y a moult articles sur le grand 'ternet sur comment mélanger, et des résultats sur le fait que sept ou six tours suffisent, mais je n'ai pas pu me débarrasser d'un certain doute sur mon exécution.

Surtout que le but de base n'était pas juste d'ajouter un peu d'entropie dans un système déjà chaotique, mais d'initialiser un jeu de cartes trié (parce qu'il est neuf ou qu'il sort d'un jeu qui le trie).

Comme je continue de considérer mes machines comme une extension de mon corps, et que l'informatique a de l'entropie de qualité largement supérieure à ce qui est utile pour un jeu de cartes, j'ai déjà intuitivement reformulé le problème du mélange en ces termes :

Comment appliquer une permutation stockée dans un ordinateur à un tas de cartes dans mes mains, de la façon la moins chiante possible ?

Je suppose résolu le problème de la génération aléatoire d'une permutation dans le domaine informatique, pas la peine de venir me parler de Fisher-Yates, la nouveauté est vraiment son application dans le monde physique.

On notera qu'à ce stade, le problème n'est pas complètement bien défini, parce que la notion de chiantise est vague : il y a une composante temporelle, parce que je n'ai pas envie d'y passer des heures, mais il y a aussi une composante cognitive, car j'aurais peut-être moins de patience pour une technique plus rapide mais plus monotone.

Donc je vais essayer différentes techniques pour essayer de raffiner la notion de chiantise et la raccrocher à des réalités plus objectives et mesurables.

L'accès direct

L'idée la plus évidente est de reproduire les opérations sur une structure informatique. Le paquet de carte devant moi est une liste de cartes qu'il est facile de manipuler séquentiellement. Je peux donc prendre chaque carte, et la placer dans un tableau qui représente le tas final.

Concrètement, j'ai fait un tableau rectangulaire de dix colonnes et suffisamment de lignes (j'ai expérimenté avec des jeux de 54 et de 78 cartes), et pour chaque carte de ma pile, je regarde le rang de destination et je la pose à sa place. Une fois toutes les cartes placées, je les reprends dans l'ordre du tableau.

Informatiquement, c'est une opération linéaire dans le nombre de cartes, mais le placement d'une carte dans le tableau n'est pas tout à fait en temps constant.

Et surtout, le coût linéaire en espace physique est particulièrement problématique, parce qu'on n'a pas toujours une surface de table suffisante, et s'il faut le faire par terre ou sur un lit, l'inconfort augmente la chiantise de l'opération.

Donc c'est un premier jet, qui permet de vérifier que j'arrive bien à réaliser une permutation informatique, mais je suis sûre qu'il y a mieux.

Modéliser les manipulations physiques

Je repense souvent au tri de crêpes comme exemple de l'importance de bien modéliser le monde matériel, et comment des opérations bien choisies peuvent faire tomber les résultats théoriques les plus solides (c'est un tri en temps linéaire).

Et puis en première approximation, mon paquet de cartes est une pile de crêpes brûlées : j'ai bien accès à l'opération de retourner d'un coup tout une section du paquet, en temps constant. Malheureusement, il n'y a pas de façon de trouver une carte donnée, autre que compter la section, ce qui est en temps linéaire.

Donc retour à la case départ : j'ai mon paquet de cartes dans la main, qu'est-ce qu'une opération ?

Je peux prendre une carte du dessus du paquet, et la poser au-dessus d'une une pile qui est sur la table.

Je peux même prendre plusieurs cartes du dessus du paquet, et ce n'est pas équivalent à plusieurs fois l'opération précédente, parce que le transfert en groupe ne change pas l'ordre alors que l'empilement l'inverse. Si le groupe est assez petit (genre quatre cartes), c'est pratiquement le même coût que déplacer une seule carte. J'imagine que pour les gros groupes, il faudra prévoir un coût affine en la taille du groupe.

Je pourrais aussi prendre une ou plusieurs cartes du dessous du paquet, même si c'est une manipulation un peu plus pénible. Je pourrais aussi les mettre en dessous d'une pile existante, mais c'est une manipulation encore plus pénible.

Je ne me suis pas (encore) donné la peine d'inventer une notation pour ces différentes opérations.

Le tri par inversions

Devant la constatation que déplacer plusieurs cartes d'un coup n'est pas équivalent à déplacer plusieurs fois une seule carte, je me suis dit qu'il devrait y avoir quelque chose à faire avec ça.

Si on se limite à une seule pile d'arrivée, et qu'on inverse son ordre, le résultat est équivalent à inverser l'ordre de tous les groupes que j'ai déplacés ensemble.

Et j'ai presque été surprise de trouver de la recherche active sur ce sujet, sous le mot-clé « Sorting by Reversals » et l'abréviation MIN-SBR, qui a manifestement de l'importance en bioinformatique pour faire de la phylogénie.

J'ai passé un temps fort peu raisonnable à essayer de comprendre ces algorithmes avant de me décourager, parce qu'il faut non seulement trouver une séquence d'inversions qui génère la permutation voulue, mais ensuite trouver une façon confortable de la présenter pour manipulations physiques.

Et pour couronner le tout, le nombre d'inversions a l'air linéaire en le nombre de cartes, mais la longueur des inversions n'est pas du tout prise en compte, et je soupçonne un résultat final en chiantise quadratique.

Je revisiterai peut-être le sujet un de ces jours, mais je ne suis pour l'instant pas allée plus loin que ça.

Le tri par base

À un moment dans mes manipulations à base d'inversions, je me suis dit que les tables ne sont généralement pas encombrées au point qu'il n'y ait pas la place pour deux piles de cartes. À partir de là je ne me souviens plus trop comment j'ai pensé au tri par base, peut-être simplement parce qu'avec les crêpes, c'est l'autre exemple typique qui surpasse l'habituel n log n.

Pour l'expliquer sans prérequis, disons que le paquet de cartes dans ma main n'est pas trié, et que la permutation que je veux appliquer soit le résultat du tri. Je peux alors, à quelques inversions du paquet complet près, séparer le paquet dans ma main en une pile de cartes de rang pair et une pile de carte de rang impair, puis poser la pile paire sur la pile impaire, puis recommencer avec le deuxième bit du rang, puis le troisième, etc.

Si je ne déplace les cartes qu'une par une, avec une inversion complète à la fin, chaque tour est un tri stable suivant un seul bit, et en log n tours j'ai trié mon paquet.

Et si je commence avec un paquet trié et que j'applique la permutation inverse, j'ai bien fait le mélange que je voulais, et le tout en n log n déplacements d'une seule carte (du paquet en main vers une des deux piles sur la table).

Ce système se généralise facilement à plus que deux piles sur la table, en décomposant le rang suivant ses chiffres dans une écriture en base autant que piles.

Et à la limite, avec autant de piles qu'il y a de cartes, on retrouve ma première idée.

Le tri fusion

Je ne sais pas ce changement de modèle est utile informatiquement, mais une autre perspective peut être utile pour les explications. Elle m'a aidée à ne pas m'embrouiller avec les inversions et à analyser chaque étape pour debug mon script.

Dans chaque tour, je distribue les cartes du paquet dans ma main sur une des deux piles, avant de mettre les piles l'une sur l'autre. Si je regarde ça en remontant le temps, c'est couper le paquet en deux et sélectionner chaque carte d'une ou de l'autre moitié pour la rassembler dans un paquet final, et c'est exactement le tri fusion.

Donc je pourrais prendre la permutation voulue, lui appliquer un tri fusion en enregistrant de quelle pile vient chaque élément, et ensuite remonter le temps avec mon paquet de cartes.

C'est l'idée que j'ai appliquée pour le premier jet de scripts python dégueulasse qui m'a servi de production.

Pour être honnête, je n'ai pas les idées super-claires sur les différentes inversions et réciproques, j'ai juste essayé les possibilités en force brute jusqu'à ce que ça marche.

Un gros inconvénient de la base en tri par base, c'est que le principe du tri stable à chaque tour impose de ne déplacer les cartes qu'une par une, et j'espérais que l'intuition supplémentaire du tri fusion permettrait d'utiliser l'opération de déplacer plusieurs cartes d'un coup.

J'ai malheureusement pas pu arriver jusque-là, alors j'ai simplement nettoyé le script pour en faire une version plus simple avec un tri par base.

Conclusion

Les scripts ci-dessus m'ont bien servi pour les mélanges de 54 et 78 cartes dont j'ai eu besoin, mais je ne suis toujours pas satisfaite de la limitation aux déplacements d'une seule carte.

Et ce n'est pas qu'une question de satisfaction intellectuelle, il y a un vrai niveau de chiantise plus élevé dans le faire passer une par une quatre cartes d'une pile à une autre, je voudrais vraiment compter les quatre cartes puis les transporter en bloc.

J'utilise surtout la version à trois piles, qui permet de mélanger ou trier ces paquets en quatre tours, et ça me prend un peu plus de trois minutes plutôt confortables.

Utiliser quatre piles permet de se limiter à trois tours pour un paquet de 54 cartes, mais j'ai plus de mal à garder les yeux sur la sortie du script (il faudra que je réessaye avec des tas beaucoup plus éloignés) et le temps de retrouver des yeux où j'en suis fait perdre plus de temps que j'en gagne en économisant un tour (j'ai un chrono à 3:18, alors qu'avec trois piles j'avais 3:06).

Il faudrait cinq piles pour appliquer une permutation à un jeu de tarot en trois tours, et descendre à deux tours réclamerait huit ou neuf piles, je crois que ça commence à être un encombrement déraisonnable. À l'inverse, je n'ai pas l'impression que le gain de place en n'utilisant que deux piles justifie l'explosion du nombre de tours.

Publié le 30 septembre 2023

Tags : Réflexion

En vrac 9

Je n'ai plus trop d'inspiration sur quoi mettre ici, mais est-ce réellement intéressant ? C'est juste une fournée de plus de liens en vrac :

Publié le 9 septembre 2023

Tags : En vrac

L'oiseau bleu s'envole

J'ai arrêté d'utiliser Twitter, et ça a l'air parti pour être définitif. C'est donc le bon moment pour examiner l'impact que ça a eu dans ma vie, après avoir rappelé les épisodes précédents pour qui prendraient la série en route.

Le début et la fin

Je ne me souviens plus exactement quand j'ai créé mon compte Twitter, et le site ne donne pas plus de précisions que mai 2014.

Je ne me souviens plus exactement comment j'ai utilisé Twitter au début. Est-ce que j'ai vraiment donné une chance à l'interface web, ou est-ce que la possibilité de s'en servir par bitlbee a été déterminante dès mon inscription ?

Le fait est que mon log twitter dans bitlbee commence le 22 mai 2014, et le backlog automatique à la connexion ne remontait qu'au 21 mai vers 19h.

Mon utilisation de Twitter a donc pratiquement toujours été au travers de mon irssi branché sur bitlbee, c'est-à-dire en mode texte. Ça fait depuis très longtemps que je suis plus à l'aise dans les terminaux, quitte à ponctuellement sortir des outils graphiques lorsque c'est utile.

Capture d'écran de Twitter dans irssi par bitlbee

Voyez ci-contre une capture d'écran de mon quotidien dans Twitter pendant 9 ans : des messages qui défilent comme dans un canal IRC, avec un backlog que je peux rattraper de la même façon ; des liens vers des images ou des vidéos signalées par pic.twitter.com, et j'ai un raccourci clavier pour l'afficher dans feh ou mplayer après l'avoir sélectionné ; et des liens vers des articles que je peux ouvrir dans un w3m (après sélection) au moyen d'un autre raccourci clavier.

Je savais bien que l'entreprise Twitter n'y trouve pas son compte, mais ce n'est pas mon problème : ils proposent un service comme il est, et je l'utilise comme ça. Tant que je peux.

À un moment le Grand Chef de Twitter a décidé d'obliger ses vassaux utilisateurs à passer par l'interface web. Par acquit de conscience j'y ai refait un tour, pour confirmer la conclusion que ce serait sans moi.

Quelques mois plus tard, ça a été au tour de bitlbee de se faire révoquer ; j'ai eu un sursis supplémentaire grâce à une nouvelle clé, mais ça n'a fait que retarder l'inévitable.

Et c'est ainsi que je me suis retrouvée avec dans mon cœur un trou en forme de petit oiseau bleu.

Du partage de liens

Si je garde peu de souvenirs de mes débuts sur Twitter, j'ai un souvenir très clair de ce qui m'a poussée à y aller : l'enthousiasme d'iMil qui le décrivait comme un agrégateur RSS mais avec la sagesse collective qui en sélectionne le meilleur.

Et au cours de ces neuf années, ce n'est pratiquement que comme ça que je m'en suis servie. J'ai détaillé cette utilisation dans Internet et moi, au fil du temps, et tout ce que j'y ai écrit il y a cinq ans est encore d'actualité.

Twitter n'a jamais vraiment été un réseau social pour moi, comme Facebook avait pu l'être avant que je l'abandonne. S'il y a bien des gens que je sui(vai)s en raison du lien affectif entre eux et moi, Twitter ne m'a jamais apporté une quantité significative de nouvelles d'eux, j'en tirais surtout des informations intéressantes plus générales qu'ils partage(ai)nt.

En même temps, je n'ai jamais abandonné mon agrégateur RSS « idiot » (qui est un newsboat avec un thème très proche de mon irssi et de mon mutt), donc mon intérêt pour Twitter était surtout un complément. Les RSS que je suis pour les trucs que je cherche, et Twitter pour les trucs intéressants qu'il ne me viendrait pas à l'idée de chercher.

Dit autrement, Twitter s'est révélé être la moins mauvaise réponse à la question que je posais dans Vulgarisation et édification (à savoir, où trouver de quoi continuer mon édification personnelle maintenant que ma culture scientifique dépasse la grande majorité de la vulgarisation grand public ?)

L'appel aux copains

Je ne suis pas sûre que ce soit complètement une coïncidence, mais il se trouve qu'alors que j'étais en grave crise de manque de Twitter, iMil a eu l'idée de lancer #gcufeed, un canal IRC où un bot agrège des flux.

Ce bot est certes aussi idiot que mon newsboat, mais sa gestion collaborative permet quand même d'avoir un minimum de brassage d'informations. Par exemple, j'ai découvert Lobsters grâce à semarie et je suis encore émerveillée par le rapport intérêt/bruit que j'y trouve.

Et surtout, dans les journées plus chargées, je peux complètement zaper #gcufeed en sachant que j'aurai le best-of (d'après les copains) sur #gcu.

Cela dit, ça reste à mes yeux un pis-aller, parce que les liens que je trouve sur #gcu (ou #gcufeed) me semblent beaucoup plus étroits que ceux que je voyais sur Twitter. Je ne m'attends par exemple pas à y voir l'équivalent d'un Denis Colombi, d'un Projet Arcadie, ou d'un Kamil Galeev.

Et puis j'ai l'impression d'y perdre aussi en visibilité sur le zeitgeist d'une certaine partie du monde. Je ne vis pas si mal que ça d'être larguée dans les discussions de café au boulot sur l'actualité, mais si ça ne me coûte pas trop cher je préfèrerais ne pas l'être.

Que faire ?

Je suis quand même dans une nouvelle normalité, #gcufeed a paré au plus urgent, mais je continue de regarder comment je pourrais améliorer mon sort.

Il semble être de coutume de parler de Mastodon à chaque fois qu'il est question de trouver un remplacement à (une utilisation de) Twitter. Je n'y crois pas trop pour mon cas, justement à cause de la pauvreté du versant « social » de mon utilisation.

Mais c'est pire que ça, parce que j'ai plusieurs fois envisagé Mastodon, à différentes époques, et j'ai toujours fini mes recherches par un retentissant « non », de l'application misérable à auto-héberger à la modération douteuse, en passant par l'ergonomie de l'application web et par le prosélytisme lourd des fanboys.

Le plus convainquant était cependant un article que je suis très triste de ne pas retrouver, dont un point fort était que Mastodon est profondément vicié par la logique « Silicon Valley » reprise telle-quelle des modèles du capitalisme de surveillance, qui se manifeste par exemple par l'utilisation de la croissance comme une métrique pertinente.

J'ai aussi un certain scepticisme précautionneux envers l'ensemble du fédivers, mais sans rien de rationnel pour le justifier, c'est juste une intuition du fond des tripes qui trouve que y a un truc par là qui pue un peu.

Cela dit, je reconnais une certaine tentation à me confronter à ce fédivers, par curiosité aussi bien que pour remplacer cette intuition a priori par quelque chose plus solide.

Je penche de plus en plus vers l'idée de m'installer un honk, et je garde un œil sur azorius pour peut-être l'essayer lorsqu'il sera stabilisé, des fois que ce soit un meilleur modèle que le microblogging pour remplir mes attentes.

Je crois que depuis tout ce temps, les principales choses qui m'arrêtent, sont d'une part que je ne sais pas où trouver des sources potentiellement intéressantes pour commencer (j'avais commencé Twitter avec les gens que je connais, et ensuite suivi de proche en proche, mais là j'ai l'impression de n'avoir aucun lien existant avec des fédiverseurs actifs, si vous en êtes n'hésitez pas à me faire parvenir votre adresse), et d'autre part que ça a l'air parti pour être une tannée pour avoir quelque chose d'utilisable avec une interface façon irssi plutôt qu'avec une interface façon Chrome.

Et en vrai, j'oscille entre le pôle actif décrit dans les paragraphes ci-dessus et un pôle plus résigné qui a envie d'envoyer tout ça se faire f*utre, oublier tout le fédivers et #gcufeed et les flux à plusieurs articles par jour, et utiliser le temps ainsi libéré pour repartir de zéro sur la question de Vulgarisation et édification.

Mais un sage isolé vaut-il vraiment mieux qu'un rouage idiot de la machine collective qui ferait avancer l'Humanité dans le bon sens ?

Publié le 31 août 2023

Tags : Évènement Social Vision atypique

Via ferrata

J'ai eu récemment l'occasion d'essayer ma toute première via ferrata (celle des Evettes) dans le cadre d'une activité de groupe, et j'ai voulu rédiger mes impressions tant que c'est frais. Tant qu'à le rédiger, autant le publier et le partager.

Je crois que cette démarche est une source majeure du blog de David Madore, je la pratique moins souvent que lui, mais j'aimerais le faire plus souvent. J'apprécie presque chaque fois que je retombe sur un de ces articles, et la possibilité que ce soit un cadeau pour moi-du-futur est ma principale motivation.

L'hésitation avant le départ

Je n'ai pas tellement envie de partager tous les détails de l'organisation de cette activité, ça fait partie des zones habituellement hors de ma ligne éditoriale.

Disons simplement que j'avais la possibilité de joindre à un groupe d'humains qui font une randonnée en montagne, tout à fait abordable pour mes standards, ou à un autre groupe d'humains qui font une via ferrata, et qu'aucun de mes critères habituels ne m'a permis de choisir un groupe plutôt que l'autre, il fallait donc départager en fonction de l'activité.

J'ai soigneusement évité de rentrer dans les détails de mes cours d'EPS quand j'ai parlé des activités physiques que j'ai pu pratiquer, mais un des rares souvenirs non-négatif qui me restent de ces cours sont un trimestre d'escalade en salle.

Sur la base de ces souvenirs, je dirais que si j'étais obligée de consacrer du temps à une activité physique autre que la marche et l'autodéfense, l'escalade serait mon troisième choix.

Donc la randonnée était le choix le plus évident, mais j'étais quand même intriguée par la via ferrata, et je n'ai pas pu éteindre une certaine envie d'essayer.

Malgré l'indication que c'est plutôt pour les « personnes sportives et non sujettes au vertige. »

J'avais plutôt confiance dans ma capacité à ne pas avoir le vertige, mes sensations qui ressemblent le plus à la définition de « vertige » sont en regardant en haut (et envoyant à quel point je suis proche d'un repère classifié comme « en hauteur »), alors qu'habituellement la perception du vide sous moi et la perspective d'une chute ne suscitent pas plus de réaction émotionnelle que n'importe quelle autre situation où mes perspectives de survie dépendent d'infrastructures dans lesquelles j'ai confiance (j'ai déjà bloggué sur l'importance de la confiance dans les infrastructures).

En revanche, même après toutes les activités physiques que j'ai décrites, tellement basiques que je n'arrive même pas à les qualifier de « sport », je n'arrive pas à me considérer comme « une personne sportive ».

En plus, mes souvenirs d'escalade étaient qu'il faut utiliser les jambes plus qu'intuitivement (parce que les muscles y sont vraiment plus forts et endurants), mais qu'il faut quand même de bonnes bases dans les bras. Dans les bons jours j'arrive à faire deux pompes, mais je m'écroule avant de finir la troisième ; et je n'arrive pas à faire une seule traction. Ce qui me laisse penser que mes bras ne sont pas du tout au point.

D'un autre côté, j'ai le souvenir de quelques sessions d'accrobranche, où je passais sans problème les parcours verts et bleus, et j'ai terminé du rouge en ayant l'impression de taquiner ma limite, sans savoir si c'était une limite de difficulté ou une limite d'endurance après avoir fait tant de vert et de bleu avant. Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà essayé du noir.

Contrairement à l'accrobranche, la via ferrata ne me donne pas l'impression de pouvoir caler en cours de route sans conséquences massives. En fait j'étais assez confiante dans mes capacités physiques pour commencer, et mon angoisse était surtout de coincer le groupe au milieu d'un endroit inconfortable, sans avoir la force de continuer, et même pas forcément capable d'attendre des secours très longtemps.

Après avoir consulté moult pages internet et moult personnes qui sont censées savoir ce genre de choses, je n'étais pas plus avancée, parce que personne n'a l'air de savoir ce dont je suis capable exactement (même pas moi).

Je me suis finalement laissée convaincre de rejoindre le groupe de via ferrata (sinon vous ne seriez pas en train de lire ce billet), avec l'assurance que le groupe ne m'en voudrait pas trop si je les plombe à cause de mes pathétiques capacités physiques.

L'approche

Une fois que ce choix était verrouillé, je ne me suis plus trop préoccupée de la situation, jusqu'au démarrage de l'activité.

Dès que le groupe s'est formé, les doutes sont revenus au grand galop, parce que j'avais l'impression que tout le monde était beaucoup plus expérimenté et plus sportif que moi. Je regrette de ne pas avoir essayé de vérifier cette impression, si ça se trouve c'était largement exagéré.

Le groupe a été coupé en deux cordées, composées chacune d'un guide, d'un débutant, et de trois participants plus expérimentés.

Ça commençait gentiment, avec du téléphérique puis de la marche en montagne. J'ai trouvé la marche un peu vive pour mon goût, mais c'était surtout par crainte de manquer d'énergie tard quand le demi-tour serait plus compliqué. C'était en tout cas suffisamment peu intense pour admirer les paysages et être impressionnée par la masse et la proximité des reliefs.

L'épreuve physique

C'était un peu un acte de foi quand je me suis lancée, mais le bilan a posteriori est que cette via ferra était tout à fait à la portée de mes capacités physiques.

J'étais bien fatiguée à la fin, et je ne sais pas trop quelle longueur supplémentaire j'aurais pu faire, mais j'étais suffisamment à l'aise pour ne même pas être ralentie par manque d'endurance.

En revanche sur le plan technique, j'étais très loin de ma zone de confort, et j'ai la nette impression d'avoir été un boulet pour le groupe pendant toute la traversée.

D'un autre côté, j'ai été agréablement surprise par la quantité de savoir-faire venus de l'escalade et de l'accrobranche qui me sont revenus en cours de route.

Et puis même si c'est sévèrement tempéré par l'impact négatif que j'ai eu sur le groupe, j'ai beaucoup aimé l'utilisation de mes capacités intellectuelles pour construire mon itinéraire parmi les prises. J'imagine que c'est quelque chose qui vient naturellement à tous les pratiquants avec un minimum d'expérience, donc c'est une possibilité qui n'est ouverte qu'aux grands débutants, mais j'aime beaucoup exercer cette espèce d'« intelligence appliquée ».

Le reste du groupe m'a rapporté une nette amélioration du rythme au fil de la traversée, et j'y vois simplement l'accumulation d'expérience dans la construction de l'itinéraire.

Il m'est arrivé une ou deux fois d'essayer de passer une prise à la force des bras, et j'ai tout de suite tiré la leçon et cherché plus activement comment passer ces situations à la force des cuisses.

Je ne me rends pas compte à quel point cet exercice demande de la souplesse (ou de la mobilité, je ne suis pas au clair sur la nuance), mais je n'ai eu à aucun moment l'impression d'être limitée dans ce sens (et là encore, je ne sais pas du tout où je me situe par rapport aux humains qui me côtoient).

L'épreuve mentale

Pour moi le mot « vertige » évoque une angoisse plutôt intense et aigüe. L'expérience que j'évoquais ci-dessus, en regardant en haut, se rapproche plutôt d'un frisson : une angoisse tellement intense que je fais immédiatement et instinctivement une mise en perspective pour la contrer.

À partir de là, j'imagine facilement une angoisse encore plus intense, au point de ne plus pouvoir la contrer, et qui paralyserait la personne qui la vit.

Je n'ai rien vécu qui y ressemble, donc je ne me considère toujours pas sujette au vertige.

En revanche, au cours de cette via ferrata, j'ai vécu une angoisse de fond, nettement moins intense, mais qui demande un effort constant pour la gérer pendant que je continue de fonctionner.

J'ai complètement confiance dans les infrastructures de la via ferrata, et je n'ai pas eu l'impression que ma vie était en jeu. Les conséquences probables d'une chute me semblaient plutôt relever de blessures immobilisantes, de la mise en œuvre de moyens de secours qui seraient peut-être mieux utilisés ailleurs, et de foutre en l'air tout l'emploi du temps prévu pour la suite.

Donc c'est peut-être juste une version du vertige qui est atténuée par la version plus bénigne des conséquences, mais ces conséquences restent suffisamment pénibles que les éviter reste une charge mentale constante.

Une autre façon de mettre en mots ce sentiment qui m'a accompagnée pendant toute la via ferrata, c'est qu'aussi bien professionnellement que dans mes loisirs informatiques que dans les jeux vidéos, j'ai toujours des backups et des points de sauvegarde, souvent sur plusieurs niveaux, et les conséquences de mes erreurs sont souvent très limitées.

J'ai eu l'impression que ce n'est pas du tout le cas en via ferrata, peut-être que je manque d'imagination sur les erreurs de gravité intermédiaire, mais je ne me suis senti le droit qu'aux erreurs les plus bénignes (comme essayer de se hisser avec les bras plutôt qu'avec les cuisses). Un peu comme si j'étais en train de développer un projet entier en éditant des fichiers textes en mémoire vive sur une machine dont l'alimentation a parfois un faux contact.

Du coup ce n'est peut-être pas tellement une version atténuée du vertige, mais une version aggravée du travail sans backup.

Je me donne la peine de décrire ce sentiment en détail, mais je ne voudrais pas donner l'impression que la place qu'il occupe dans ce billet est proportionnelle à la place qu'il a prise dans ma tête : ce n'est qu'une forme d'inconfort, désagréable mais loin d'être handicapant, moins désagréable que le soleil qui tapait sur ce versant.

Je suis quand même un peu embêtée par ce sentiment, parce que j'ai l'impression qu'en fait c'est la normalité de la vie humaine, et l'anomalie est plutôt le confort des backups et des points de sauvegarde. Je me complais peut-être un peu trop dans ce confort que je tiens pour acquis.

Observations en passant

Je n'ai pas pu ranger ça dans le bilan physique ni dans le bilan mental, et ce sont des observations secondaires, mais à mon avis suffisamment intéressantes pour les inclure ici.

L'importance des chaussures

Pendant cette via ferrata je portais des sneakers de ville (Geox Vega) avec des semelles fines et souples, et passablement usées, sans y avoir vraiment réfléchi avant. Ça n'aurait d'ailleurs peut-être pas été génial pour la randonnée si j'avais fait l'autre choix, il faudrait que j'y pense plus souvent.

Je pouvais compter le nombre de cailloux sous mes pieds, et j'avais une idée assez nette de leur forme.

C'était plutôt pratique pendant la via ferrata, parce qu'avec le souvenir de la forme des prises, je savais exactement comment mes pieds étaient placés dessus, et comment répartir mon poids.

L'inconvénient, c'est que mon poids est beaucoup moins bien réparti sur ma plante, au point d'être parfois douloureux.

Le plus pénible était cependant le manque de confiance dans leur adhérence. J'ai l'impression que ces semelles n'accrochent pas très bien intrinsèquement, et l'usure et l'humidité n'aident certainement pas.

Dans l'absolu je n'ai pas beaucoup glissé, mais j'ai suffisamment glissé pour avoir la certitude que c'est un danger existant, et ça a clairement participé à mon inquiétude tout au long de l'activité.

La transférabilité

Si je n'ai pas trop glissé pendant la via ferrata elle-même, l'approche était un peu plus difficile, et le retour beaucoup plus difficile, avec des descentes assez raides et des rochers pas super compatibles avec mes semelles.

Le manque de confiance dans l'adhérence de mes semelles m'a fait beaucoup recourir à mes mains. Ça n'avait pas l'air de choquer grand monde vers le haut, mais dans la partie de la descente qui était très raide à mes yeux (mais plutôt simple à ceux du guide), j'ai eu droit à quelques remarques.

Ce que j'ai trouvé amusant, c'est que dès qu'il faut se déplacer avec les mains et les pieds sur une surface à peu près horizontale, il y a les formes de gmb.io qui ressortent.

En particulier, le crabe se prêtait (à mon avis) très bien aux transitions entre les pieds uniquement, l'aide d'une main, et l'aide des deux mains.

Je soupçonne que ce soit le côté inhabituel de cette forme ait plus contribué aux remarques que le besoin d'assistance des mains faute de bonnes semelles.

En tout cas, ça valide la transférabilité des exercices de gmb.io, même si ça ne dit pas dans quelle mesure c'est mieux ou moins bien que ce j'aurais fait sans cet apprentissage.

L'importance des infrastructures

Il y a plusieurs endroits dans la montagne dans lesquels je n'avais pas du tout confiance. Ça ressemblait à des tas de cailloux en équilibre instable, et ils me donnaient l'impression de pouvoir basculer ou s'effondrer au moindre appui mal placé.

Pour les passer, j'ai fait un acte de foi volontaire et explicite, dans le guide et dans les gens qui entretiennent les bouts de métal qui constituent la via ferrata. Et a posteriori, effectivement rien n'a bougé.

Du coup je me demande (mollement) ce qu'il se passe avec ces structures. Y a-t-il quelque chose géologique qui colle ensemble tout ce tas en un seul bloc ? Est-ce juste le résultat de l'expérience « ici ça bouge pas, là-bas ça bouge » ? Comment vérifie-t-on que ça ne se met pas à bouger ? Y a-t-il une différence évidente entre les tas de cailloux fiables et les autres, que je suis juste incapable de percevoir ?

J'imagine que la sécurité en alpinisme est un domaine pris au sérieux, avec toute une base de connaissances scientifiques et empiriques qui en font un vrai métier et dont je n'ai pas idée.

J'ai juste été confrontée à la différence entre se poser ce genre de question théoriquement autour d'un café, et miser sa vie sur le fait que ce boulot a été bien fait.

La perte de gadget

Cette via ferrata a marqué le début de la fin pour ma montre Fossil, mais je n'arrive pas à savoir si c'est une coïncidence ou si l'activité a précipité cette fin.

Déjà, un choix malheureux de prise a causé les premières rayures sur le verre de cette montre, mais ce n'est pas grave, je peux vivre avec.

Depuis de nombreux mois, les contacts de chargement sont bouffés (probablement par ma sueur), et il est de plus en plus difficile de touiller le chargeur pour obtenir le contact.

Pendant cette via ferrata, j'ai constaté le premier crash loop de cette montre, symptôme qui ressemble énormément à ce qui se passerait si le bouton central était constamment appuyé. J'ai aussi constaté beaucoup plus de buée que d'habitude sous le verre.

J'ai supposé que la buée pouvait venir de la combinaison d'humidité, de fraîcheur, et de basse pression, donc je n'en ai rien conclu. J'imagine que la condensation n'a pas eu lieu que sur le verre, et que ça a pu conduire l'électronique à considérer à tort le bouton central comme appuyé.

Le comportement de la montre est revenu à la normale quelques heures plus tard, donc j'ai plus ou moins mentalement classé l'affaire.

Je ne me souviens plus exactement si c'était le lendemain ou quelques semaines plus tard, mais j'ai ensuite constaté que la corrosion des contacts en a traversé toute l'épaisseur, c'est-à-dire que le boitier est maintenant troué.

Ça fait pencher le tout plus vers la coïncidence, mais avec la transpiration qui rentre dans le boitier, je peux la porter de moins en moins souvent.

Et pendant la rédaction de ce billet, soit un peu plus d'un mois après la via ferrata, ou vingt-six mois d'utilisation quotidienne, je n'ai pas pu établir le contact entre le chargeur et les éventuels restes de contacts.

J'imagine qu'avec un peu d'imagination et une alimentation continue je pourrais faire durer cette montre un peu plus longtemps, mais il est temps de réfléchir à la suite. Ça fera évidemment l'objet d'un billet dédié, mais ce n'est pas joli-joli, et aujourd'hui mes deux poignets sont nus.

Conclusion

Je suis contente d'avoir participé à cette activité.

Je suis prudemment sortie de ma zone de confort, aussi bien sur le plan physique (mais pas autant que ce à quoi je m'attendais) que sur le plan mental (mais plus que ce à quoi je m'attendais).

J'ai un peu de mal à distinguer mentalement la via ferrata de l'escalade en salle et de l'accrobranche, et j'imagine que je mettrais plus ou moins dans le même sac l'escalade de surface naturelle et l'alpinisme. J'aime bien ces activités, mais cette expérience n'a pas fait évolué mon classement, et je ferais plus volontiers de la marche ou de la randonnée plus ou moins tranquille, ou de l'autodéfense plus transférable.

Mais comme je mets tout ça dans le même sac, je crois que je pratiquerais plus volontiers les activités les moins catastrophiques en cas de grosse erreur.

D'un autre côté, la via ferrata pourrait permettre de combiner une activité physique intéressante avec l'appréciation des paysages et des points de vue de la montagne. Je n'ai pas du tout en profiter cette fois, toutes mes ressources mentales étaient occupées par la compensation de mon faible niveau technique (et peut-être que je découvrirais plus de vertige si j'avais plus d'espace mental disponible).

Il n'y a pas vraiment de séjours réguliers (ou même irréguliers) en montagne dans la configuration actuelle de ma vie, et en vrai ça ne me manque pas du tout. Si ça arrivait je regarderai de plus près les possibilités de s'investir dans ce loisir.

Publié le 31 juillet 2023

Tags : Autoexploration Évènement

Dessins instables

Image générée d'une femme peignant sur une toile mécanique

Depuis quelque temps, je joue avec Stable Diffusion, qui est en gros un générateur d'images à partir de mots-clefs, en étant en gros construit pour être l'inverse des programmes de reconnaissance d'images (qui trouvent une liste de mots-clefs descriptifs à partir d'une image).

Je vais partager ici quelques réflexions que j'ai tirées.

L'origine

J'ai souvent un ou deux trains de retard, et c'est en pleine effervescence autour des LLM comme ChatGPT que j'ai commencé à m'intéresser à l'effervescence de l'année précédente autour des générateurs d'image.

En fait, j'ai regardé ça de plus près surtout sous l'impulsion d'iMil, dont l'émerveillement m'a rendue jalouse (je ne me suis pas débarrassée de ma nostalgie des émerveillements technologiques).

Donc ce n'est pas complètement étranger à la mode autour de ce qu'on appelle pompeusement « intelligence artificielle », mais l'ouverture de Stable Diffusion par rapport aux alternatives. Dans un monde alternatif sans Stable Diffusion, mais avec uniquement DALL-E et Midjourney, je n'aurais pas du tout touché à tout ça.

Je suis encore grande débutante, je ne suis pas allée beaucoup plus loin que l'installation d'une webui et de la génération de quelques images.

L'art génératif

J'ai l'impression d'enfoncer brutalement des portes ouvertes tellement tout ce que je vais mettre dans cette section me semble évident, mais j'ai été abasourdie par le nombre d'opinions qui semblaient partir de l'idée que le programme allait tout faire, de l'idée à l'image finale, que ce soit pour l'espérer ou le déplorer.

J'ai eu l'impression de vivre une histoire très proche de ce que j'ai lu sur les débuts de la photographie par rapport à la peinture, ou les appareils photo numériques automatiques par rapport aux appareils photo argentiques manuels. La nouvelle technologie supplante ou rend obsolète des grands pans des compétences techniques des technologies précédentes, mais pour moi l'art est justement en dehors des compétences techniques.

Donc la photographie a effectivement tué l'intérêt de faire des tableaux super réalistes, et l'appareil photo automatique a tué l'intérêt de bien savoir estimer la luminosité et de rattraper les erreurs d'exposition en jouant sur la chimie du développement ; mais l'art de la peinture et de la photo restent intacts.

Tout ça pour dire que ces modèles génératifs qui construisent des images, ce sont juste des outils supplémentaires, qui peuvent être utilisés seuls ou en complément d'autres outils, dans une démarche artistique.

Et ils peuvent aussi être utilisés sans démarche artistique, exactement comme de la gouache qu'on jetterait au hasard, ou un appareil photo qu'on déclenche sans se poser de question.

L'ingénierie du prompt

Ce qui m'a le plus marquée dans mes débuts avec Stable Diffusion, c'est justement le ticket d'entrée artistique.

Bon OK, il y avait le ticket d'entrée technique aussi, je ne comprends pas comment le dependency hell est censé être géré, et je ne sais pas si c'est un échec de Linux ou un échec de ma webui, mais ça me dépasse complètement. J'ai dû renoncer à la propreté de l'OS et l'installer sur le Windows de mon PC de jeu pour avoir un soft qui accepte de discuter avec mon GPU.

Mais sur le plan artistique, mes premiers résultats ont été atroces. Ouais, encore pire que l'image ci-dessus.

Parce que ce n'est pas juste décrire une image et la machine génère ce à quoi on pense ; en réalité c'est plutôt un nouveau langage de programmation non-spécifié qu'il faut apprendre pour réussir à communiquer au programme les idées que l'on veut représenter.

Il y a même un nom pour ça : le prompt engineering, que j'ai du mal à traduire, mais qui consiste en la compétence à bien choisir ses mots-clés pour obtenir le résultat que l'on veut. Et pour le coup, c'est une compétence purement technique liée à cet outil.

Je peux croire que les versions successives de DALL-E et Midjourney et autres services payants sont beaucoup plus abordables que Stable Diffusion, parce qu'il y a un intérêt commercial à rendre le système aussi impressionnant que possible pour les non-clients que l'on veut convertir en clients. Je m'attends cependant à peu de corrélation entre la qualité des résultats que l'on peut atteindre en dix minutes par rapport à ceux que l'on peut atteindre en quelques centaines d'heures.

Ce qui me gêne le plus dans le prompt engineering, c'est que j'ai du mal à estimer la pérennité de l'investissement en temps que ça représente. Comme je suis arrivée après la sortie de Stable Diffusion v2, j'ai pu voir l'effet du passage de CLIP à OpenCLIP, et je ne peux que me demander si tous ces gens qui disent qu'OpenCLIP marche beaucoup moins bien ne sont pas juste en train de se plaindre que ce qu'ils ont appris sur CLIP est obsolète, et qu'il faut repartir de beaucoup plus loin pour se former à OpenCLIP.

Je crois que c'est la principale raison pour laquelle je suis encore si débutante. J'investirais volontiers des dizaines d'heures pour me forger une intuition de prompt engineer si j'étais sûre de pouvoir m'en servir dans les dix ans qui viennent.

Le dessin et moi

Il n'aura pas échappé au lecteur observateur qu'il y a sur le présent site une section « dessins », qui n'a pas bougé depuis une éternité et demie, et qui n'a jamais contenu ce que l'on désigne habituellement par le mot « dessin ».

J'ai un niveau technique absolument abyssal en dessins (avec un crayon), à tel point que j'utilisais l'image de synthèse comme une alternative à ma portée pour les mêmes utilisations, et c'est ce qui a donné le nom particulier de cette section.

J'ai sur le feu un article de natologie plein de théories sur le pourquoi, mais en résumé j'ai l'impression que ma façon de penser n'arrive pas à se fixer dans un seul point de vue, ce qui empêche toute interaction avec une représentation en image. Le résultat est que je suis incapable d'utiliser un crayon ou un modeleur, et au contraire j'arrive très facilement à manipuler une description sous forme de texte ou de script.

Ça fait depuis un bon bout de temps que mes outils d'image de synthèse sont tombés en panne et que je n'ai pas eu l'occasion de les réparer. Je n'ai pas encore perdu l'envie de le faire, j'ai juste d'autres loisirs, et je suis un peu attristée par l'évolution de ces outils. Blender a l'air incontournable, mais je reste devant son interface comme devant un crayon, c'est-à-dire comme une poule devant un couteau. Comme pour Stable Diffusion, je me demande si je pourrai rentabiliser un jour les efforts qu'il faudrait déployer pour trouver un renderer indépendant et apprendre à utiliser son API, maintenant que ces trucs ne sont plus utilisés que par des gros studios d'effets spéciaux et leurs fournisseurs de logiciels.

Tout ça pour dire que ça fait plus de vingt ans que je pratique (plus ou moins assidument) la génération d'image depuis du texte au moyen d'un programme informatique, et le passage de PRMan à Stable Diffusion n'est pas une révolution si spectaculaire.

L'éthique

Je suis donc en train de clapoter doucement dans le petit bain de l'art génératif visuel, et pour continuer mon exploration je ne dois pas seulement faire face aux obstacles de la difficulté techniques et du manque de confiance dans l'avenir, il y a en plus une dimension éthique.

C'est un obstacle d'autant plus difficile que je n'ai pas les idées claires dessus, et que ça rend l'ensemble assez difficile à articuler (et encore plus difficile à insérer dans un post de blog vaguement intéressant).

Bon, déjà, il y a plein de questions éthiques intéressantes sur l'existence de ces générateurs d'images et leur effet sur l'humanité, mais ce n'est pas le genre de questions qui m'intéressent. Le monde est tel qu'il est et je fais avec. J'ai déjà suffisamment à faire avec la question de beaucoup mieux que moi. Je vais donc me limiter à la question de mon utilisation d'un programme comme Stable Diffusion vis-à-vis de ma capacité à me regarder dans un miroir.

Je suis sensible à la problématique d'« exploitation » des artistes pour entrainer le modèle ; mais d'un autre côté je vois de la valeur dans l'existence d'un modèle en tant que bien public.

Pour l'instant, avec l'investissement très léger que je consens, j'ai un peu l'impression de goûter à ma première bouchée de steak en me disant qu'une fois mort, autant manger la viande que la laisser pourrir, mais à un moment il faudra se poser la question de la cause de ladite mort.

L'entrainement

Si je ne change pas d'avis en cours de route, et si j'arrive à surmonter tous les obstacles, je vais donc me mettre à produire des images.

Mais quelles images ? L'inspiration n'est pas toujours fort.

L'expérience de 52frames, qui m'a bien fait progresser (techniquement comme hédonistiquement) en photographie, et qui a abondamment alimenté mon photoblog, m'a donné envie de faire quelque chose de similaire.

Il reste à trouver une occasion régulière de faire quelque chose, en acceptant la médiocrité au profit de la régularité, avec un thème imposé par l'extérieur.

Je pensais à l'illustration de mes billets de weblog : un par mois, avec le thème du billet, ça rentre parfaitement.

En plus, comme j'ai tendance à être très (trop ?) textuelle, je fais de longs textes sans la moindre image pour ajouter une touche de couleur ou de gaité. Ça ne peut faire que du bien, non ?

Qu'en pensez-vous, chers lecteurs ? Est-ce que ça améliorerait votre expérience de mon site ? Ou au contraire est-ce que ça vous contrarierait qu'il y ait du contenu qui ne soit pas visible dans w3m, ou qui occupe de la place précieuse que tu texte pourrait occuper plus utilement ?

Je crois que ma principale crainte, c'est qu'ajouter une image manifestement générée suscite la suspicion que le texte est également généré, et je crois que ce serait triste pour l'éventuel lecteur que pour moi.

N'hésitez pas à me faire part de ce que vous en pensez ; en général je fais des trucs pour moi et peu importe ce que le reste du monde en pense (c'est le cas pour la plupart de mes billets de weblog), mais pour ce cas précis, comme je ne pense pas avoir un jour besoin d'une version publique de mes créations génératives, je n'ai pas vraiment de préférence entre publier et ne pas publier, autant vous laisser choisir.

Publié le 30 juin 2023

Tags : Création Réflexion Site

Conteneurs et contenus

C'est maintenant une tradition sur ce weblog, pendant le mois de mai je fais l'inventaire du bazar que je trimbale avec moi plus ou moins souvent, comme en 2015, en 2016, en 2018, en 2019, en 2021, et en 2022.

Je pense que ça commence à faire assez de billet pour créer un nouveau tag qui les regroupe, mais j'ai du mal à trouver un nom satisfaisant. « EDC » est un peu trop restrictif à mon goût, « purse dump » un peu trop anglicisé, « bazar » et « listes » pas assez précis, « objets avec moi » trop long, etc. Si vous avez des idées, elles seront bienvenues !

Dans les éditions précédentes j'ai surtout parlé des listes d'objets, en mentionnant éventuellement au passage les sacs qui les transportent ; pour changer, je vais ici partir des différents contenants qui servent mon organisation.

J'en profiterai quand même pour lister tous les objets, avec des références aussi précises que possibles. Dans les listes détaillées par le passé (en 2015, en 2018, et en 2022), j'avais détaillé pourquoi j'ai adopté et à quoi ils me servent ; j'ai peu la flemme de le faire ici, mais dites-moi si ça vous manque.

Je mets tout plein de photos avec, ce qui alourdit sévèrement la présente page. Merci de me prévenir si c'était une mauvaise idée et si j'aurais mieux fait de ne pas dépenser quatre heures là-dedans. Comme très souvent, j'ai mis une banane un goban pour indiquer l'échelle : il s'agit d'un goban standard, donc dont les cases font 22×24 mm.

Déformation professionnelle oblige, je vais présenter mes conteneurs par ordre de dépendance, c'est-à-dire un conteneur contenu avant le conteneur qui le contient, ou en gros de l'intérieur vers l'extérieur ; et aussi du plus fréquemment utilisé au moins fréquemment utilisé, c'est-à-dire en gros de l'Every Day Carry au Go Bag.

Poches

Je commence par un conteneur difficile à photographier, qui est relativement nouveau dans ma vie : les poches.

Je ne me souviens plus exactement comment j'en suis venue à préférer jupes et robes aux pantalons il y a très longtemps, mais le résultat est qu'à de très rares exceptions près il n'y avait plus de poches dans ma vie, et j'ai dû faire sans.

Les choses ont commencé à changer en 2019, quand j'ai commencé la moto, et que j'ai obligée de me remettre aux pantalons, ce qui a permis de désensibiliser les zones qui n'avaient pas l'habitude d'être chatouillées par ce type de vêtements.

Et puis (les réactions à) la Grand Pandémie de 2020 a conduit à un relâchement général de mon apparence, et quand le but d'un bas est juste d'éviter un attentat à la pudeur si je suis amenée à me lever pendant une visioconférence, autant aller au plus simple avec un pantalon basique.

L'effet secondaire de ce retour des pantalons est le retour des poches. Certes des poches de fille, mais qui suffisent à emporter les petits objets indispensables à une petite sortie :

Les objets dans mes proches, listés ci-dessous

Porte-cartes

Mon porte-bloc et les objets qu'ils contient

J'ai ajouté ce porte-bloc en 2019, pour avoir dans le même objet compact un stylo et du papier, pour prendre des notes au pied levé, et accessoirement il peut contenir des cartes de taille standard.

Ça fait longtemps que je n'ai pas pris de notes dans ce bloc, j'ai tendance à noter numériquement dans mon ordiphone. J'ai encore une certaine réticence à ne pas garder du papier sous la main « au cas où », même si j'ai du mal à imaginer de tels cas.

Ces jours-ci il sert donc surtout de porte-cartes, avec ma carte de transports en commun (Navigo) qui y est à demeure, et pour certaines sorties je prends en plus une carte bancaire ou une carte vitale.

Par cohérence avec les autres sections, voici la liste des objets contenus :

Organiseur de sac

Mon organiseur de sac

Depuis aussi longtemps que j'ai un sac à main, j'ai trop de trucs dans ce sac (et avant c'était pareil avec mes sacs scolaires), et j'ai déployé des trésors d'ingéniosité pour retrouver l'objet que je veux sans avoir à farfouiller pendant des heures.

Je ne me souviens plus quand ou comment j'ai découvert le concept d'organiseur de sac, mais l'idée n'est pas révolutionnaire : c'est juste un sous-sac ouvert qui découpe une grande poche en plusieurs poches plus petites. C'était certes un progrès, mais ça me donnait l'impression de repousser le problème.

Mon organiseur de sac, déplié et rempli, en 2016

En 2016 j'ai donc construit un organiseur de sac, sur mesure pour l'inventaire de l'époque, pour fixer définitivement chaque objet à sa place.

Avec le recul des années, je constate un problème structurel à avoir deux étages, que je soupçonnais déjà à l'époque mais que je pensais (à tort) pouvoir gérer en mettant des choses rigides à l'étage inférieur.

Je souffre du manque de flexibilité de cette solution, toutes les dimensions sont immuables. J'ai essayé, sans grand succès, une solution reconfigurable décrite en 2019. Je n'ai pas trop d'idée concrète sur comment résoudre techniquement ce problème, mais ça n'empêche pas le problème de se poser.

Résultat j'utilise encore aujourd'hui ce premier prototype de 2016.

Voici les objets qu'il contient ces jours-ci, suivant le même plan que la photo de 2016 :

Les objets dans mon organiseur de sac

Pochette de serrurerie

Mes petits outils de serrurerie

Je ne suis pas souvent confrontée à une serrure qu'il faut vraiment ouvrir, mais quand ça arrive c'est tellement horrible que je m'en veux de ne pas déployer toutes mes compétences pour la contourner, même si les conséquences sociales ne sont pas toujours très positives.

Après être passée des outils de crochetage standard avant 2015, je suis allée vers des outils de plus en plus petits jusqu'aux Bogota en 2018, auxquels j'ai dû ajouter des clefs de torsion parce que je ne m'en sors pas avec le dos des Bogota. J'ai donc cousu une petite pochette sur mesure, à laquelle j'ai ajouté des outils de contournement, parce que le crochetage c'est quand même dur et je n'ai pas toujours le niveau.

Malheureusement la pointe dépasse de quelques millimètres, il faudrait que j'en refasse une version un peu plus grande.

Voici la liste des outils dans cette petite pochette, de gauche à droite :

Sherpani Milli LE

Sac à main Sherpani Milli LE

Fin 2014 j'ai découvert Sherpäni par l'intermédiaire de quelqu'un que je suivais sur Twitter, et j'ai immédiatement été conquise par leur gamme Light Effect.

J'ai détaillé mes impressions de l'époque sur l'Esprit (mais tous les liens sont morts depuis), en résumé j'ai beaucoup aimé jusqu'à ce que je perde brutalement confiance en lui.

Je n'arrive malheureusement pas à retrouver exactement quand j'ai acheté mes autres sacs Sherpäni, mais depuis à peu près cette époque j'ai aussi en ma possession un Milli et un Echo, tous les deux de la même gamme LE, qui se portent à l'épaule ou en bandoulière, comme le prédécesseur de l'Esprit et son prédécesseur. Ils ne diffèrent que par leur largeur, 22 cm pour le Milli et 31 cm pour l'Echo, pour un peu moins de 10 cm d'épaisseur et un peu moins de 20 cm de hauteur.

Mon organiseur de sac a exactement la bonne largeur et la bonne hauteur pour rentrer dans le Milli. Je n'ai aucun souvenir de comment je l'ai conçu, et je ne retrouve pas mes notes, mais ce n'est probablement pas un hasard.

Le système alternatif au sac à main que j'ai mis en place en 2019 n'a malheureusement pas survécu à l'épreuve du temps, et la Grande Pandémie a reconfiguré tous mes déplacements et les sacs qui les accompagnent. Le Milli avec son organiseur était la solution temporaire évidente pour faire face à l'usure des sacs de 2019, et l'utilisation du Milli comme module dans d'autres sacs m'a fait pérenniser cette solution, par rapport à l'Echo qui peut contenir plus de choses mais qui est beaucoup moins facilement contenu.

Un organiseur de sac est parfois utilisé pour faire passer rapidement tous les objets qu'il contient d'un sac à main à un autre, et pour moi le Milli remplit exactement cette fonction, comme vous pourrez le voir dans les conteneurs suivants. Il m'arrive parfois de l'utiliser tout seul comme un sac à main, mais plutôt pour des courtes distances et durées, parce que je n'aime pas trop le port en bandoulière, aussi bien par manque de confort que par crainte qu'il soit manipulé dans mon dos.

Quelque part, le contenu de sac est aujourd'hui le cœur de mon Every Day Carry, parce que sont les objets que j'ai vraiment sous la main tous les jours et dans la plupart des circonstances. C'est un périmètre plus étroit que mes EDC passés, parce que le contenant est plus petit, et l'ajout d'autres choses au cas par cas fait que je n'ai pas tous les jours le reste à portée de main.

Voici donc la liste des objets dans mon Milli :

Les objets dans mon sac Sherpani Milli

La trousse de premiers soins

Ma trousse de premiers soins

J'ai dédié tout un billet à mes trousses de premier soins, et presque rien n'a changé depuis. J'ai juste ajouté des ampoules de sérum physiologique (qui ont périmé entretemps) et remplacé le sparadrap sans colle (qui en fait marche très mal) par du vrai sparadrap (qui colle tellement trop qu'il déborde par les côtés, il faudrait que je trouve quelque chose pour l'emballer).

Je vous remets donc les photos d'époque, avec la liste ci-dessous :

Les extras du quotidien

Pour une fois ce n'est pas un conteneur, mais un groupe d'objets dans lequel je vais piocher pour les conteneurs suivants.

La plupart de ces objets seraient dans mon Every Day Carry si j'avais la place pour le faire. Ces objets en plus du contenu de mon Milli sont à peu près le même périmètre que les EDC des billets passés.

Voici la liste :

Les objets supplémentaires du quotidien

Looquita Arosa

Mon sac à main à dos Looquita Arosa

Comme je le disais pour le Milli je n'aime pas trop porter un sac en bandoulière, je préfère de loin les sacs à dos, et à défaut les sacs portés à l'épaule. Je n'aime pas les sacs à dos parce que je crains qu'un méchant vienne piocher dedans à mon insu, ou que je perde son contenu en oubliant de le fermer (je ne sais pas lequel des deux j'ai déjà vécu).

La solution, qui s'est bien démocratisée dans la décennie passée, est de mettre l'ouverture du sac contre le dos. J'avais un sac à dos chinois dont le look me plaisait bien, mais qui a commencé à se déchirer au bout d'un an d'utilisation.

Son successeur, que j'utilise encore aujourd'hui, est le modèle Arosa de Looqita. Je ne sais pas du tout qui sont ces gens-là, mais je suis tombée dessus en cherchant un sac similaire mais plus durable, et j'ai simplement choisi celui qui avait la charge annoncée la plus grande (4-5 kg), en espérant que ce soit bon indicateur de sa robustesse. Il a aujourd'hui à peu près le même kilométrage que le chinois, et il s'en tire beaucoup mieux.

Donc si je devais aujourd'hui désigner mon sac à main principal, ce serait celui-ci. C'est effectivement mon sac par défaut, et ce n'est que lorsque les circonstances me font utiliser un autre sac que j'utilise une alternative.

Je mets le Milli au fond de ce sac, avec le rabat ouvert et la bandoulière en dessous (exactement comme un organiseur de sac), et je complète par-dessus avec des objets choisis au cas par cas parmi les extras.

Il n'y a donc pas de liste particulière pour ce conteneur, j'aurais presque pu mettre ici la liste des extras au lieu d'en faire une section dédiée.

Topeak Aero Wedge Pack

Sac de selle Topeak Aero Wedge Pack

Ce sac de selle Aero Wedge de Topeak contient le minimum que je prends avec moi en vélo.

Ça ne m'arrive pas si souvent que ça, parce qu'en général j'utilise le vélo comme moyen de transport et j'ai besoin de trucs à mon arrivée, mais il arrive que je n'ai besoin de rien à l'arrivée ou que la sortie soit juste une balade.

Voici le contenu de ce petit sac :

Les objets dans mon sac de selle de vélo

Par souci de complétude, je dois faire remarquer qu'en plus de ce sac de selle, mon équipement minimal à vélo contient aussi :

KlickFix Rackpack Touring

Sac de porte-bagages KlickFix Rackpack Touring

Mes trajets pendulaires imposent le transport d'un ordinateur portable. L'effort physique du vélo rend inconfortables les sacs à dos. Mon vélo n'est pas assez haut pour y fixer une sacoche verticale.

La combinaison de ces contraintes semble très difficile à résoudre, et la seule façon que j'ai trouvée de transporter un ordinateur pas trop gros sur le porte-bagages est le Rackpack Touring de KlickFix présenté ci-dessus. C'est donc mon « sac de boulot » principal.

Ça impose de transporter l'ordinateur horizontalement, soit tout au-dessous, mais je crains que le poids du reste de mon bazar par-dessus ne lui fasse pas du bien, soit au-dessus, mais je crains qu'il soit mal calé (surtout quand je roule sur des pavés) et que ça ne lui fasse pas du bien.

J'aimerais beaucoup trouver une solution de transport verticale sur le porte-bagage, mais à part un panier et une pochette étanche, je ne vois pas.

Ce sac a juste la bonne largeur pour y faire rentrer mon sac Milli, et ça laisse de la longueur pour mettre avec le minimum vélo et quelques extras.

Il contient donc habituellement :

Les objets dans mon sac de porte-bagage

Givi ST602

Le sac de réservoir Givi ST602

J'ai acheté cette sacoche de réservoir Givi en même temps que ma moto, et j'ai un petit doute sur la référence. L'idée était d'y mettre un petit sac à main avec tous les indispensables légaux.

J'espérais y mettre aussi mon ordiphone pour la navigation, mais c'était sans compter l'inflation de la taille des ordiphones, et surtout que jeter un œil sur un écran sur le réservoir est beaucoup plus problématique que sur un écran au-dessus du guidon, donc je navigue avec une fixation RAM, et la fenêtre tactile sur cette sacoche ne sert plus depuis longtemps.

Il se trouve que son espace principal a juste la bonne taille pour contenir mon sac à main Milli, et éventuellement quelques petits objets dans les coins (par exemple j'ai fait quelques trajets professionnels avec la brosse à cheveux, le chargeur mural, et le verre pliant).

Dans l'espace fermé par le filet supérieur de ce sac, j'ai mis tous les objets propres à la moto, qui restent dans cette sacoche :

Les objets dans ma sacoche de réservoir

La pochette plastique en question est celle du manuel de la moto, et il y avait la place d'ajouter tout le reste :

QBag 05

Le sac de selle QBag 05

Pour les trajets en moto qui demandent un peu plus de volume, j'ai le sac de salle QBag 05 qui prend la place du passager sur ma moto.

Il n'a aujourd'hui servi qu'à transporter un ordinateur professionnel quand j'ai utilisé ma moto dans ce contexte-là.

Je continuais d'utiliser ma sacoche de réservoir, donc il n'y a pas vraiment de liste d'objets pour ce sac de selle.

Organiseur d'électronique

L'organiseur d'électronique

J'avais acheté cette espèce de trousse, qu'Inatek appelle « organiseur d'accessoires électronique », pour ranger les différents câbles dont je pourrais avoir besoin en voyage.

C'est le principe du doublon que j'ai expliqué dans mon esquisse de go bag : j'ai une série de câbles dans ma vie de tous les jours, et surtout pour les câbles propriétaires, j'en ai un deuxième qui sert de rechange et de voyage.

Cette trousse est largement surdimensionnée pour cette utilisation, même en y mettant un chargeur 65 W. Du coup j'y mets aussi les médicaments que je prends avec moi en voyage.

Je ne suis pas très satisfaite de cette situation, et c'est probablement le conteneur qui a le plus de souci à se faire dans toute cette liste.

Je n'ai pas l'impression que le contenu exact soit très intéressant, j'ai la flemme d'en faire une photo, et j'ai même failli ne pas l'écrire, mais la voici :

Pochette de chevet

La pochette de chevet

J'avais parlé du besoin de sous-sac pour la table de chevet dans mon premier go bag, pour rassembler tout ce dont j'ai besoin en voyage pour dormir ou me lever.

La pochette dans laquelle était vendu mon masque est assez grande pour contenir tout ça, donc je n'ai pas cherché plus loin.

Voici tout ce qu'elle contient :

Les objets dans ma pochette de chevet

Sac de douche

Le sac pour la douche

Je rassemble (presque) tout le nécessaire pour prendre une douche dans un seul sac, qui est à l'origine un « organiseur de bagage » sans marque pour les piles de vêtements.

J'utilise une planche à plier le linge chinoise pour obtenir des piles de taille reproductible (annoncée à 24×28 cm, en pratique mes piles font plutôt 25×30 cm) qui optimisent l'espace de mon armoire Ikea Pax (58×96 cm) sur six piles.

J'ai donc acheté dans la foulée des sacs de voyage de dimensions similaires (en pratique je n'ai pas trouvé mieux que 35×25 cm), et j'utilise un de ces sacs pour transporter les vêtements de rechange après une douche, principalement en arrivant au boulot après un trajet en vélo.

Il était donc logique d'ajouter à ce sac le nécessaire pour la douche elle-même, histoire de n'avoir qu'un seul conteneur à saisir.

En pratique ça fait trop gros et trop lourd à transporter à chaque trajet, donc je prends les vêtements de rechange dans le filet du sac de porte-bagage et la liste que je présente ici reste généralement sur mon lieu de travail.

Le sac présenté ici est un doublon que je garde à la maison pour le go bag, et qui me sert de rechange : j'échange régulièrement celui du boulot et celui de la maison, ce qui me donne l'occasion de nettoyer ce qui doit l'être entre chaque échange. Et en plus ça me fait un sac prêt à l'emploi pour les voyages avec des douches collectives.

En plus des vêtements ajoutés extemporanément, voici les objets dans ce sac :

Trousses de toilette

La trousse de toilette de couple

La trousse de toilette est dans une situation particulière par le poids de son histoire : c'est le seul conteneur de voyage (plus ou moins) pré-rempli dans ma vie avant que je découvre le concept de go bag, et je ne sais pas trop comment le faire évoluer à présent.

La photo ci-dessus est la trousse de toilette de mon homme, qui est devenue la trousse de toilette du couple, à quelle il faut ajouter quelques consommables avant de partir.

Il me faudrait aussi une trousse de toilette personnelle, pour les voyages que je fais seule, ce qui est d'autant plus pressant qu'avec la fin de la Grande Pandémie les voyages professionnels de plusieurs jours reprennent pour moi.

Je suis partagée entre la pénibilité d'entretenir deux jeux d'objets, pour faire coexister une trousse de toilette de couple et une trousse de toilette solo, et l'insatisfaction de faire « trousse de toilette à part », aussi bien pour le principe émotionnel que pour l'encombrement dans les voyages en couple (qui sont nettement plus nombreux que les voyages solo).

Pour l'instant je n'ai pas de trousse de toilette personnelle, je pioche extemporanément dans la trousse de couple pour mettre le tout dans un ziploc.

Voici les objets à demeure dans la trousse de toilette de couple :

Les objets dans ma trousse de toilette de couple

Les objets à ajouter extemporanément sont :

Sac à dos de voyage

Sac à dos RiutBag R15.4

Dès ses débuts j'étais très fan de l'idée des sacs à dos de Riut (qui a cessé de fonctionner l'année dernière), même si leur prix fait réfléchir, leur qualité est fraichissamment bonne. J'en ai cinq, qui sont encore en bon état et dont les cas d'utilisation ne se recouvrent pas complètement.

Sur cette photo se trouve celui dont je me sers le plus ces jours-ci, le RiutBag R15.4. Je le remplis suivant les besoins avant chaque voyage, en optant éventuellement pour un modèle plus grand ou plus petit suivant le volume que je veux mettre dedans.

Voici une liste typique d'objets que je mets dedans :

Cet exemple suppose des vêtements dans une valise séparée et un sac à main séparé ; il m'est arrivé de remplacer le casque par le sac Milli et quelques extras, ou d'alléger au point de pouvoir y mettre en plus quelques jours de vêtements de rechange.

J'ajoute aussi habituellement de l'eau, et un ou deux verres pliants Sea-to-Summit, mais qui ne sont pas si souvent que ça dans ce sac à dos.

Le go bag

L'année dernière j'avais évoqué que mon premier go bag était virtuel, en ce sans que c'était un tas d'objets qui n'avait pas encore de conteneurs. J'espérais que pour ce billet, ce serait arranger, mais ce n'est malheureusement pas encore le cas.

Au moins j'ai structuré son contenu, tous les sous-sacs existent physiquement et sont prêts, donc on va dire qu'il y a quand même du progrès.

J'ai retrouvé mon sac de sport 25 ℓ, et j'espère pouvoir lui trouver une place pas trop loin de ma porte d'entrée et y ranger les objets suivants :

Conclusion

J'imagine qu'il n'y a pas grand mode qui lit tout un catalogue comme ça, je compte surtout sur moi-du-futur pour trouver une utilité à toutes ces listes.

Je varie un peu le format d'une année à l'autre, comme zaper les photos l'année dernière ou zaper les justifications cette année. N'hésitez pas à me faire part de toutes les évolutions que je pourrais faire subir à ce format pour que ce soit moins désagréable ou plus utile pour nous.

J'ai battu mon record de taille de billet d'EDC, record précédemment tenu par le tout premier, mais ce n'est pas mon record absolu, qui reste à Le vélo et moi. J'y vois une « petite » victoire de concision.

N'hésitez à m'interroger sur tout point qui n'est pas clair ou qui titillerait votre curiosité !

Publié le 29 mai 2023

Tags : Inventaire Jouets

En vrac 8

Une nouvelle fournée de liens en vrac est cuite ☺

Publié le 8 mai 2023

Tags : En vrac

Unihertz Jelly 2

Depuis le temps que je me plains de la taille des téléphones modernes, c'était inévitable que je finisse par essayer l'extrême opposé. Je ne m'attendais pas à l'aimer autant. Voici mes impressions après plus d'un an d'utilisation quotidienne du Jelly 2 par Unihertz.

Jelly 2 à côté d'une banane
Le Jelly 2 comparé à une banane, pour indiquer l'échelle

Comme pour tout le reste de mes jouets, cet avis à long terme est complètement indépendant du fabriquant et tout a été acheté par mes propres moyens avec mes propres fonds.

Le basculement

J'étais globalement contente de mon Samsung XCover Pro malgré la gêne permanente de sa grande taille, surtout par rapport à son prédécesseur (Kyocera Torque KC-S701).

J'imaginais que je finirais par m'habituer à la taille, et effectivement c'était nettement plus insupportable tout au début qu'ensuite, mais ce n'est jamais devenu vraiment confortable. Je continue de penser que la taille idéale d'un ordiphone pour moi est de l'ordre de 4" à 4.5".

J'ai donc accepté comme une fatalité cette rugosité, tout en lorgnant sur les téléphones plus petits.

J'ai en particulier lorgné sur le Jelly 2, au point de l'avoir déjà évoqué plusieurs fois, quand j'évoquais la retraite du Kyocera, dans mon avis sur le XCover Pro, et quand je cherchais de l'émerveillement technologique.

J'en ai acheté un pour voir, et éventuellement essayer, parce que ce n'est pas très cher. Je m'attendais à ce qu'il soit inconfortablement petit, mais je pensais qu'il suffirait en dépannage.

Les choses ont changé le 6 mars 2022, quand le thème « réflexions » de 52frames m'a donné envie d'essayer l'effet Stargate dans ma baignoire, en utilisant une réflexion totale sur la surface inférieure de l'eau. J'ai utilisé l'étanchéité de l'XCover Pro pour prendre cette photo immergée (et finalement je n'ai pas pu l'utiliser parce que l'eau n'était pas assez claire), et contrairement aux innombrables immersions précédentes, celle-ci a causé une panne assez pénible : le bouton power ne fonctionnait plus.

Le capteur d'empreintes fonctionnait encore, ce qui permet de déverrouiller le téléphone ; et pour le verrouillage je me contentais d'attendre la minute de mise en veille. Redémarrer ou éteindre le téléphone est assez rare, et se fait bien avec les menus. En revanche, rallumer le téléphone une fois éteint s'est révélé beaucoup plus difficile (et j'ai oublié comment j'ai fini par m'en sortir).

Au quotidien c'était donc pénible sans être rédhibitoire, mais la difficulté de rallumage planait comme une épée de Damoclès sur son utilisation.

J'ai donc décidé d'utiliser mon Jelly 2 comme un téléphone de secours le temps d'envoyer en garantie le XCover Pro.

Les débuts difficiles

Je ne me souviens plus exactement où j'ai perdu ma confiance dans l'Android préinstallé sur le Jelly 2, mais j'étais suffisamment convaincue qu'il y a trop de cochonneries douteuses en termes de surveillance et de stabilité, et qu'Unihertz ne publierait pas assez de mises à jour, donc je n'étais pas prête à utiliser sérieusement ce téléphone sans utiliser une image propre et maintenue.

Plus facile à dire qu'à faire. Je vous passe les grossièretés que j'ai pu débiter envers Unihertz, Mediatek, Google, et l'écosystème Android en général. J'ai même dû écrire un billet de blog pour me rassurer sur mon rapport avec les nouvelles technologies. Je ne comprends toujours pas ce qu'il s'est passé pour que je m'acharne jusqu'à réussir au lieu de juste tout laisser tomber.

Enfin « réussir » de façon relative, j'espérais dans un premier temps refaire une image existante pour commencer facile et me familiariser avec le mécanisme de génération avant de me faire une image aux p'tits oignons, mais visiblement c'était beaucoup trop ambitieux.

Je suis arrivée à un système satisfaisant en utilisant la base d'Unihertz et une image système générique (GSI) publiée par Pierre-Hugues Husson

Finalement il va peut-être falloir que je trouve un autre fournisseur de GSI, et j'ai quand même quelques doutes sur la sécurité des composants en dehors de la GSI, mais au moins le principe des GSI est éprouvé.

L'essayer, c'est l'adopter

J'ai donc déclenché la procédure de retour de mon XCover Pro juste après avoir transféré mes comptes et mes applications sur le Jelly 2, en me disant que ça me ferait une petite période d'essai avant de revenir avec joie à mon « vrai » ordiphone après sa réparation.

C'est finalement l'inverse qui s'est produit : pendant les trois semaines d'utilisation « forcée » j'ai découvert que j'avais surestimé les inconvénients et sous-estimé les avantages du Jelly 2. Ce mini-ordiphone est devenu définitivement mon téléphone du quotidien, et l'est encore au moment d'écrire ces lignes.

J'ai quand même été contente de retrouver mon XCover Pro pour certaines utilisations, que je décrirai plus loin, donc pour l'instant les deux ordiphones coexistent dans ma vie. Le Jelly 2 est quand même le téléphone principal, et s'il ne fallait choisir qu'un seul des deux, je choisirais celui-là.

L'utilisation au quotidien

Le petit volume

C'est la caractéristique principale de ce téléphone, mais je n'imaginais pas à quel point c'est pratique. Je peux même le mettre dans une poche avant de jean's femme !

Les poches, ça change complètement la vie. Pas besoin d'action particulière avant de s'assoir, pas besoin de se demander si j'en aurai besoin quand je vais dans une autre pièce. Je peux même sortir de l'appart' avec seulement le téléphone dans une poche et les clés dans l'autre ; et éventuellement une carte bancaire avec le téléphone et un sac de courses plié dans une poche arrière.

Et même quand je n'ai pas de poche, le plus petit volume le rend beaucoup plus facile à intégrer dans le sac à main.

Enfin, même si ça pourrait être plutôt dans la section suivante, un écran assez petit pour être complètement à portée de pouce, c'est aussi un gain de confort qui me plait beaucoup. À tel point que j'utilise moins souvent l'index qu'avec mes téléphones précédents.

Le petit écran

Comme on peut s'y attendre, le principal défaut d'un tout petit téléphone, c'est que l'écran est tout petit, et ça demande effectivement quelques aménagements :

Je m'attendais à rencontrer des problèmes de précision de l'écran tactile, parce que le doigt est trop gros par rapport à l'écran ou les cibles que je voudrais atteindre sont trop petites, mais en fait ça n'a pas été le cas. Je ne sais pas s'ils ont fait un effort particulier sur la précision de l'écran tactile pour que l'ordiphone soit utilisable, ou c'est juste un résultat naturel des technologies actuelles, mais le résultat marche très bien pour moi.

La petite batterie

Dès le début, j'avais une autonomie de l'ordre d'une journée avec ce téléphone, ce qui me semble tout à fait honorable, même si c'est clairement moins que mes téléphones passés. Au fil du temps il est passé d'un peu plus d'une journée, voire presque deux jours quand je l'utilise peu, à un peu moins d'une journée aujourd'hui.

Comme avec la Pebble, en face de l'inconvénient de l'autonomie plus faible, il y a l'avantage d'une charge plus rapide. J'ai la flemme de faire des mesures, mais il m'arrive de le brancher un quart d'heure de partir pour avoir une autonomie suffisante.

Le petit prix

À mes yeux, Les plus gros défauts de cet ordiphone viennent de composants bas de gamme qu'il contient, plus particulièrement l'appareil photo et le récepteur GPS.

L'appareil photo est artistiquement catastrophique, lent à mettre au point, et horrible en basse luminosité. Même pour mon utilisation d'aide-mémoire, c'est handicapant : il faut se souvenir de ne pas bouger l'appareil entre le mini-flash de la mise au point et la prise réelle, et dans certains cas (petits et proches) la photo n'est utilisable ni sans flash (trop de bruit) ni avec (sur-exposé et illisible), et il faut recourir à un éclairage externe. Et même quand il n'y en a pas besoin, il reste une faille vérifier chaque cliché au lieu de pouvoir faire confiance aveuglément.

Quant au GPS, je ne sais pas exactement ce qu'il se passe, mais la précision de position est beaucoup plus mauvaise avec cet ordiphone qu'avec le XCover Pro ou le Kyocera, au point d'être parfois indiqué sur une rue parallèle, ou au niveau de l'intersection précédente ou suivante, ce qui nuit sévèrement à la navigation.

J'ai utilisé quelques fois le Jelly 2 pour naviguer en vélo, et si la petitesse de l'écran est un peu inconfortable, il serait tout à fait utilisable s'il n'y avait pas ce souci majeur d'évaluation de la position. Je me retrouve donc à utiliser mon XCover Pro pour la navigation, soit en utilisant Osmand hors connexion ou en utilisant mon Jelly 2 en point d'accès wifi pour accéder à Geovelo.

Pour la moto ou la voiture, le danger impose de regarder l'écran moins longtemps et la vitesse demande une vue plus large, et dans les deux cas le XCover Pro est indispensable.

J'imagine que de bonnes instructions vocales seraient encore meilleures pour la sécurité, mais je n'ai encore jamais rencontré d'instructions vocales assez claires pour se passer de la prise de connaissance de la carte et de sa mise en correspondance avec la réalité que je vois.

Le capteur d'empreintes ne me reconnait pas toujours du premier coup, au point que je trouve normal qu'il faille deux à quatre tentatives avant de déverrouiller l'ordiphone par cette méthode. Ça ne me gêne pas vraiment, mais je connais des gens plus exigeants.

Je suppose que tout le reste de l'ordiphone est à l'avenant. J'imagine qu'un audiophile trouvera la puce audio pathétique, un graphique la gestion des couleurs catastrophiques, ou un gamer la précision et la latence de l'accéléromètre et de l'écran tactile misérable. Ce n'est pas mon cas juste parce que je n'ai pas regardé de près ces composants. Ça reste un ordiphone de petite série à 200 €, quoi.

La robustesse

Depuis 2015 avec le Kyocera, tous mes téléphones étaient antichocs et étanches, et j'ai pris l'habitude de compter sur cette résistance.

Déjà avec l'XCover Pro j'avais arrêté faire volontairement tomber l'appareil, et je n'allais pas immerger volontairement le Jelly 2, mais le besoin de résistance a toujours été pour faire aux imprévus.

J'ai été agréablement surprise de la robustesse de cet ordiphone qui n'est pas spécialement renforcé. Il a subi plusieurs chutes, certaines sur des surfaces assez dures pour me faire vraiment peur, en n'étant protégé que par la coque et le film d'écran livrés avec. Il s'est également retrouvé plusieurs fois dans des poches profondément mouillées par la pluie. Aucune conséquence n'est visible pour l'instant.

Je n'ai pas essayé de m'en servir sous la pluie, principalement parce que la période de sécheresse actuelle ne m'en a pas donné l'occasion. J'ai peur que ça ne se passe très bien, et je ne sais pas trop comment je vivrai cette situation.

L'écran tactile marche assez mal avec des doigts mouillés ou gras, mais nettement mieux que mon ordiphone de 2013 qui m'a fait chercher un GPS piéton dédié, donc je suppose qu'il y a eu du progrès technologique entretemps. En revanche le capteur d'empreintes est lamentable dès que le doigt n'est pas parfaitement sec.

Je suppose que le format plus ramassé de cet ordiphone le rende naturellement plus résistant à diverses contraintes physiques, mais la conclusion que j'en tire est plus que j'ai surestimé le besoin de résistance dans ma vie de tous les jours.

D'un autre côté, depuis le début (je crois que je l'ai écrit pour la première fois dans mon Every Day Carry de 2015), je demande de la robustesse non pas pour la vie de tous les jours, mais pour avoir un moyen de communication d'urgence en cas de gros problème, comme se faire percuter par une voiture ou tomber dans un cours d'eau avec une cheville cassée ou quelque chose comme ça.

Je suis donc encore en pleine hésitation entre m'accrocher à mon besoin de robustesse (et donc lâcher le Jelly 2) et l'abandonner (et donc chercher un autre dispositif de communication d'urgence ou parier ma vie que je n'en aurai pas besoin).

Verdict

Mes critères d'utilisation d'un ordiphone n'ont pas eu le temps de changer depuis 2021. Pour rappel, les voici par ordre d'importance décroissante :

  1. communications vocales ou SMS avec des secours ou des proches en cas d'urgence vitale,
  2. communications vocales, SMS, WhatsApp, et Signal, avec des proches en situation normale,
  3. retrouver mon chemin sur une carte,
  4. accéder à des sites web ou à un serveur SSH en urgence,
  5. recevoir des notifications par pushover ou équivalent,
  6. faire des photos aide-mémoire (David Madore développe l'idée mieux que moi),
  7. servir de deuxième facteur d'authentification,
  8. faire fonctionner les appli'-à-la-con nécessaires pour le fonctionnement de certains jouets (gants chauffants, boroscope, etc),
  9. passer le temps sur des jeux idiots ou en écoutant de la musique.

Tous les points sauf le premier ont pu être éprouvés au cours de cette année d'utilisation, et le Jelly 2 me satisfait presque autant que son prédécesseur, le XCover Pro, tout en étant beaucoup plus pratique à transporter entre les utilisations.

Je m'attendais à ce que son utilisation soit beaucoup plus rugueuse, et finalement ce n'est pas du tout le cas. Je ne suis toujours pas vraiment enthousiasmée par un ordiphone android, mais celui-ci représente un compromis qui me plaît nettement plus que les autres.

Il ne resterait plus qu'à régler la question de la communication d'urgence.

Publié le 29 avril 2023

Tags : Jouets

Grosse Madeleine Bedonnante

Dans ce billet de blog, je vais vous parler de mes activités physiques, donc forcément il faut que je commence par un titre auto-descriptif dévalorisant. La mauvaise image de soi n'est-elle pas un pilier essentiel du fitness moderne ?

Ce titre a surtout les initiales GMB, parce que c'est surtout mon avis sur le programme de gmb.io, qui est mon principal fournisseur d'activité physique ces jours-ci.

Avant ça je vais, comme d'habitude, poser le contexte général dans lequel ça s'inscrit. Une sorte de « dans les épisodes précédents… » sauf que contrairement à d'habitude, ces épisodes n'ont pas été diffusés ici.

Donc finalement, ce billet devient plutôt une liste comparative de mes principales activités physiques dans ma vie adulte, présentées dans un ordre narrativement logique qui est presque l'ordre de temps total que j'y ai consacré. Les exceptions seront explicitement signalées.

Je ne vais pas vous parler des cours d'EPS de ma scolarité, ils ne sont qu'un énième exemple de comment fâcher durablement une jeune avec les pratiques sportives. Je vais plutôt n'évoquer que ma vie hors des études et les activités physiques que j'ai choisies par moi-même et pour moi-même.

La marche vive

Ma principale activité physique a toujours été la marche, parce que c'est mon moyen de transport préféré, et avec la moto ce sont les seuls moyens de transports qui me plaisent pour eux-mêmes, tous les autres sont des coûts pour obtenir la présence dans le lieu de mon choix.

J'aime beaucoup l'activité elle-même, principalement parce qu'elle permet de laisser mon esprit gambader librement dans le paysage de mes pensées.

J'aime beaucoup le peu de prérequis et le peu d'obligations après, il n'y a presque que du déplacement.

J'aime beaucoup aussi la facilité d'organisation qui en est la conséquence : je peux décider sur un coup de tête d'aller dans le lieu à portée de marche que je veux, sans préparatifs, sans préavis, sans me poser la question de l'heure et du jour courants, sans regretter d'avoir laissé tel équipement dans le lieu où je ne suis pas ou ne pas avoir telle infrastructure à l'arrivée.

Bref, j'adore l'autonomie que ce moyen de transport me procure, et sa fiabilité qui fait que je peux compter sur cette autonomie.

Résultat, en 2022, qui était une mauvaise année pour la marche à cause d'une mission lointaine pendant six mois et du passage au vélo pour les trajets professionnels, j'ai enregistré presque 16 heures (je m'attendais à peu, mais pas à si peu) sur 70 trajets à pied, et presque 130 heures de marche pour le plaisir et pour entretenir mon endurance (qui m'a cruellement manquée quand le Grand Confinement l'a fait fondre). Je ne sais pas trop combien de marche j'ai oublié d'enregistrer, tant c'est une fonction naturelle que j'utilise sans réfléchir.

L'art et le martial

La deuxième activité physique, aussi bien par ordre d'importance que par ordre de temps passé, est l'autodéfense.

J'ai beaucoup de mal à en parler, aussi bien ici pour des questions de ligne éditoriale que dans le reste de ma vie pour des raisons plus obscures, que je pense être principalement la difficulté à trouver des mots satisfaisants pour l'évoquer et le malaise que j'ai envers la position sociale que peut donner les compétences martiales.

Je vais essayer de faire une exception dans cette section, en espérant ne pas le regretter à l'avenir.

L'esprit des cours

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ces cours, c'est précisément l'objectif unique, permanent, et pragmatique de l'autodéfense.

Administrativement, il s'agissait de cours d'un art martial, parce qu'il faut bien tomber dans une case, mais l'art martial en question — que je ne vais même pas me donner la peine de nommer — n'était qu'un moyen vers un but, et en fait surtout une méthode pour atteindre de but.

Donc je trouve qu'il serait injuste de dire que c'était un cours de tel art martial, de la même façon qu'il serait injuste de parler d'un cours de Bréal ou d'un cours de MéthodiX au lieu d'un cours de math, quand bien même ce cours s'appuierait sur un Bréal ou un MéthodiX.

De la même façon, il m'arrive parfois d'appeler le prof de ce cours « mon sensei », alors qu'il serait probablement horrifié d'être désigné ainsi, mais c'est parce que je le fais sans aucune trace de la japanophilie martiale qu'il exècre. Dans la conversation courante et dans ce billet, j'utilise le mot « sensei » comme un raccourci pour « prof d'art martial qui a non seulement formé ma pratique technique mais aussi ma philosophie d'application des techniques martiales en question ».

L'autodéfense est cependant une pratique plutôt lacunaire d'un art martial, parce que les conditions mêmes de l'autodéfense anéantissent la pertinence de beaucoup de techniques. Pour être utile dans un cadre d'autodéfense, une technique doit pouvoir être réalisée à froid, dans des vêtements peu propices au sport, sur un sol peu confortable et plein d'obstacles (de la crotte de chien sur laquelle on glisse au tesson de bouteille sur lequel on tombe), avec un éclairage pas forcément terrible, dans des conditions mentales dégradées, sur quelqu'un qui n'est pas coopératif, qui n'est pas forcément dans un état physiologique normal, qui n'est pas forcément seul, et qu'il ne faut pas trop abîmer pour limiter les désagréments judiciairo-policiers ensuite.

J'ai beaucoup aimé que les cours n'ont presque jamais perdu de vue de cadre d'application, et marquaient clairement les exceptions. Je suis encore très impressionnée par l'équilibre qui a su être maintenu pour garder ce cadre sérieux et déprimant tout en maintenant une ambiance sympathique et agréable. Et encore plus depuis que je vois le contraste avec les discussions entre motards sur les accidents.

J'ai aussi beaucoup aimé que ce soit le seul objectif du cours ; il y avait à chaque nouvelle année scolaire un lot de disclaimers sur le fait qu'on n'est pas ici pour faire du sport (même si ça reste par nécessité une activité physique), ou pour s'entraîner à la bagarre, ou pour être en compétition les uns avec les autres. J'ai vu moult condisciples à qui ça manquait, et aller voir ailleurs en complément ou en remplacement, mais c'était exactement ce que je voulais en excluant des choses qui me déplaisent.

D'ailleurs en passant, si quelqu'un a une adresse de cours dans cet esprit, j'aimerais beaucoup reprendre.

Les bénéfices

Si j'y suis allée dans l'objectif unique d'apprendre l'autodéfense, j'en ai bien tiré quelques bénéfices secondaires forts à mon goût.

Le premier est l'impression de pouvoir me défendre. Il y a peut-être des vrais morceaux de Dunning-Kruger là-dedans, mais tant que je n'ai pas l'occasion de mettre en pratique ce que j'ai appris (et ça ne me dérangerait pas que ça n'arrive jamais), je peux être confiante dans ma capacité à le faire, et ça augmente sérieusement ma sérénité dans tout un tas de situations.

À tel point que seulement cette sérénité et l'activité physique dans une bonne ambiance suffisent à mes yeux pour justifier l'investissement financier et temporel dans ces cours.

Le deuxième bénéfice est le transfert d'apprentissage entre les gestes martiaux et la vie de tous les jours. C'est très subtil, parce que je le fais généralement sans m'en rendre compte.

Je me souviens encore du premier exemple que j'ai découvert (et que j'ai déjà raconté dans Body by You) : il y avait sur mon lieu de travail une porte un peu dure à ouvrir, je sentais qu'elle me demandait plus d'effort physique que les autres portes mais ça ne me semblait pas anormal. J'ai entendu des plaintes venant de collègues mieux pourvus que moi par la nature, et qui pourtant n'arrivaient pas à l'ouvrir ; et au début j'ai même cru qu'ils parlaient d'une autre porte que je n'avais pas encore rencontrée. Et finalement après plusieurs observations j'ai fini par comprendre qu'ils tiraient cette porte par la seule force d'un seul de leur bras, parfois avec un deuxième, alors que j'utilisais mes bras pour coupler la poignée avec mon buste et je tirais avec les muscles des cuisses, en tournant les hanches.

Je n'ai aucune idée de comment j'ouvrais les portes avant de prendre les cours d'autodéfense, si ça se trouve je faisais déjà instinctivement comme ça, mais je ne sais pas trop d'où je l'aurais sorti. Il est de fait que l'utilisation des hanches aussi souvent que possible est une des bases de ce que j'ai appris dans ces cours.

Un autre exemple, où je suis sûre qu'il y a eu transfert d'apprentissage, est pour se retourner en commençant couchée sur le dos. Dans la vie de tous les jours c'est surtout dans mon lit, et je suis à peu près sûre qu'avant je faisais comme en partant de toutes les autre positions initiales, c'est-à-dire se tortiller en essayant de bénéficier d'un moment d'inertie.

Quand on est allongé sur le dos, on peut utiliser la jambe opposée à la direction de rotation en posant le pied près des fesses et en poussant dessus, ce qui permet un mouvement beaucoup plus puissant et contrôlé. Et ça aussi, c'est allongée sur un tatami que je l'ai appris.

Je suis donc persuadée que cet enseignement martial, malgré les limitations du cadre prévu, m'a donné des clés de fonctionnement de mon corps dont je bénéficie plusieurs fois par jours, généralement sans m'en rendre compte.

Body by You

Je fais un détour par la quatrième activité physique en termes d'importance et de temps passé, parce qu'elle est chronologiquement avant la troisième et elle a posé des bases importantes.

Il s'agit des exercices à faire chez soi décrits dans le livre Body by You de Mark Lauren et Joshua Clark, et dont j'ai longuement parlé dans mon billet de même titre.

En résumé, il s'agit d'exercices en force (strength training) en n'utilisant que le poids du corps, organisés dans cinq séries de difficulté croissante, avec la progression basée sur le fait que dès qu'on arrive à faire correctement toutes les répétitions d'un exercice, c'est qu'il est trop facile et qu'il faut passer au suivant. Les séries sont construites pour couvrir tous les principaux groupes musculaires.

Je ne remercierai jamais assez Balise d'avoir partagé ses impressions sur ce livre au point de me donner envie d'essayer.

L'apport le plus important de ce livre est qu'il m'a réconciliée avec les exercices physiques à faire chez soi, en anéantissant toutes mes réserves envers ce type d'activité.

D'abord, je n'imaginais pas que j'allais tenir une telle série d'exercices dans la durée. Il y a des histoires d'endorphines produites par le sport, ça n'a jamais pour moi : j'ai toujours trouvé le sport chiant et désagréable, et chaque session est une lutte perpétuelle contre la flemme et l'envie d'aller faire quelque chose d'agréable à la place. Je pensais que je finirais tôt ou tard par renoncer, et qu'à partir de là les renoncements seraient de plus en plus faciles, jusqu'à abandonner complètement. Ce n'est pas le cas, ou du moins pas encore.

Ensuite, il démontre qu'il n'y a pas besoin de tonnes d'équipement ou d'investissement temporel énorme. C'est l'avantage de choisir un programme auprès de gens qui n'ont qu'un programme à vendre, contrairement aux gens qui vendent en même temps des équipements ou de l'espace publicitaire, et dont le conflit d'intérêt n'est pas toujours caché.

Enfin, il a su s'adresser à mon intelligence aussi bien qu'à mon corps.

La plupart des programmes d'exercices que je trouve sur internet ne sont pas plus justifiés que par un « je fais ça et ça me va », ou à la limite « tel athlète fait ça et ça lui va » ; alors que j'ai besoin de savoir pourquoi je fais un truc avant de le faire.

D'un autre côté, je n'ai aucune envie de prendre le temps d'apprendre à concevoir des programmes d'exercices, c'est un investissement en temps et en énergie beaucoup trop grand pour les bénéfices que j'en espère.

Body by You a trouvé un équilibre qui me convient, en expliquant suffisamment les tenants et les aboutissants et avec une structure suffisamment limpide pour que je puisse en voir la logique. Je n'ai pas le niveau pour critiquer ou améliorer la conception du programme, mais je peux voir la cohérence de l'ensemble, et il m'inspire suffisamment de confiance dans la qualité de la conception et dans l'adéquation entre les moyens et les buts affichés.

GMB

On arrive (enfin) au cœur de cet article, l'activité physique qui a succédé dans ma vie à Body by You, au point d'atteindre la troisième place en importance et en temps passé.

La succession

Les billets de critique à long terme, une fois passé l'enthousiasme de la nouveauté, sont ceux qui m'intéressent le plus malgré leur rareté (c'est pour ça que j'en produis moi-même). En particulier pour ce genre d'activité, comme pour les emplois, la meilleure question avant de commencer c'est « qu'est-ce qui fait arrêter les gens ? » Je m'en voudrais de ne pas y répondre dans mon cas.

J'ai beaucoup aimé Body by You, et je continue de penser qu'il est le meilleur (sur moi) pour atteindre les buts affichés, à savoir dépenser des calories et gagner en force physique. Il n'a été remplacé que parce que je suis tombée sur un programme qui me donne l'impression d'avoir les mêmes qualités et avec des buts encore plus à mon goût.

J'ai découvert gmb.io grâce à un commentaire de Balise, que je ne remercierai décidément jamais assez. J'étais satisfaite du travail en force de Body by You, et je me disais qu'il me faudrait quelque chose en plus pour travailler aussi la souplesse, ce qui est proposé par le programme "Mobility" de GMB. J'en ai profité pour regarder le reste du site.

Ma première impression envers GMB a été la méfiance, parce que tout leur discours fait sonner mon alarme à arnaque sur les modes « trop beau pour être vrai » et « trop proche d'être parfaitement ce que je veux, au point d'avoir une odeur d'effet Barnum ».

Et deux ans plus tard, ces alarmes se sont toujours pas tues, je continue d'être surprise par la proximité philosophique entre GMB, les cours d'autodéfense que j'ai suivis, et moi. Par contraste avec l'écrasante majorité de ma vie où je suis très atypique et où je suis rarement satisfaite sans dépenser beaucoup d'énergie en détournements créatifs.

D'un autre côté, c'est peut-être vraiment une arnaque et je ne me serais pas encore rendu compte après avoir dépensé 488 $ dans 7 programmes (dont 3 que je n'ai même pas encore commencés, on dirait une pile-à-lire), et je continue de me faire tondre joyeusement.

La philosophie

Body by You propose surtout de brûler des calories en augmentant sa force musculaire, et le bénéfice transférable se limite à faire les mêmes mouvements que d'habitude avec des muscles plus puissants. L'exemple de la porte illustre bien l'idée héritée de mon sensei qu'on gagne beaucoup plus d'efficacité à bien utiliser ses muscles qu'en augmentant leur puissance.

À l'inverse, GMB part du concept d'autonomie physique, qui est en gros pouvoir faire ce qu'on veut faire dans la vie de tous les jours sans être limité par son corps. Ils découpent ce concept en trois axes : la force musculaire (avec le même argumentaire que Body by You), la souplesse (c'est aussi triste d'être limité par une articulation que par une faiblesse musculaire), et la coordination.

À partir de là ils proposent des exercices pour développer et entretenir cette autonomie, de façon homogène ou en privilégiant un axe particulier, et de façon à servir d'entrainement physique principal ou de complément à une activité préférée.

Le parallèle avec mes cours d'autodéfense est assez clair : contrairement à tous les autres programmes que j'ai vus, les programmes de GMB ne sont pas une fin en soi, ce n'est pas du fitness pour du fitness, c'est juste un moyen. Ils donnent un objectif clair et désirable pour faire passer tous les désagréments de l'entrainement.

Je suis récemment tombée sur leur article intitulé si tu ne peux pas le faire en jean's, tu ne peux pas le faire, qui me semble bien en remettre une couche, je n'ai fait qu'acquiescer tout au long de sa lecture.

Un autre article qui m'a marquée est leur approche du Kip-Up, sur lequel je suis tombée à un moment où j'avais envie de voir si je serais capable de m'entrainer à faire ça. J'aime beaucoup le fait qu'ils prévoient dans le programme un entrainement sur comment faire pour rater sans se faire mal. J'avais déjà vu ça sur la position du corbeau, ça aide beaucoup à me convaincre que leurs programmes sont construits avec soin, rigueur, et sérieux.

De façon plus générale, au-delà de se préparer à rater les premiers essais, j'aime beaucoup l'idée de forger des compétences physiques largement applicable, avec la section Play de leur système « 5P » dans laquelle sont encouragés l'exploration et les variations autour de mouvements supposés connus. Je crois que c'est le mieux représenté par le petit diagramme début de la présentation du programme Sequences.

En résumé, GMB me donne l'impression de concevoir des programmes qui sont bien pensés et aussi transférables que possible, et ça c'est une logique qui m'attire beaucoup plus qu'une checklist de groupe de muscles à faire bosser.

Le verdict positif

Me voici donc après deux ans (discontinus pour raisons médicales) de programmes GMB, et en bref je trouve qu'ils ont bien tenu leurs promesses.

Comme pour l'art martial, la transférabilité est généralement inconsciente, donc il y a une certaine dose de foi dans cette impression ; mais comme pour l'histoire de la porte, j'ai clairement constaté quelques transferts.

Le transfert le plus flagrant vient du programme Elements. J'y ai travaillé sur diverses façons de se déplacer à quatre pattes et les transitions entre ces façons, ce qui m'a appris l'équilibre dynamique sur un pied et une main. Et depuis des mois, à chaque fois que je veux me déplacer avec une ou deux mains par terre, c'est du GMB qui sort.

Ces jours-ci, un peu plus d'une fois sur deux quand je me lève d'une chaise, j'ai aussi le feeling GMB, même si je n'arrive pas encore à cerner précisément pourquoi. J'imagine que se lever avec le poids inégalement réparti sur les jambes rappelle des fins de flexions exotiques.

Je reconnais que ça fait un peu léger comme liste de bénéfices, mais ça suffit à me donner la foi.

Je me souviens aussi du moment où j'ai compris qu'une suite d'exercices était en train de me faire progresser lentement et presque sournoisement vers l'équilibre sur les mains, et j́'étais toute surprise d'être déjà capable de faire tenir tout mon poids sur mes pauvres poignets.

J'ai récemment commencé leur nouveau programme Sequences, et une partie de ma motivation a été la liste de mouvements vers lesquels ils prétendent me faire arriver (dont le Kip-Up), et qui m'ont l'air tous beaucoup trop acrobatiques pour moi. On verra bien si j'y arrive…

Au quotidien, le niveau de directivité de leurs vidéos est juste à mon goût. J'aime beaucoup la façon dont ils présentent les différents ajustements possibles à chaque exercice suivant le niveau que l'on a au moment de l'exécution ; je suis assez confiante sur l'étendue de niveaux auxquels ils s'adressent.

À chaque fin d'échauffement, ils demandent si on se sent d'attaque pour la session. J'ai presque toujours répondu par l'affirmative, parce que je suis assez à l'écoute de mon corps pour ne pas commencer si je ne suis pas en état. J'ai essayé l'alternative pour la première fois récemment, et je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt, parce que ça m'a donné une session très allégée, qui permet de faire un peu plus que rien du tout.

Par rapport à Body by You, je trouve que la progression est bien plus fluide, les descriptions des mouvements plus précises, et j'aime beaucoup que l'échauffement fasse partie du programme. Je n'ai eu aucun problème de nausées, mais je ne sais pas si c'est grâce à cet échauffement ou si c'est juste parce que je n'ai pas spécialement visé le travail en force, et je me retrouve à déployer beaucoup moins de puissance dans les programmes GMB.

Les limites

J'ai quand même relevé quelques points négatifs dans mon expérience des programmes GMB.

Le plus gros est que ça reste des exercices à distance, et je ne suis jamais sûre de faire correctement tous les mouvements. Ils sont disponibles par e-mail pour apporter des précisions, mais ça ne suffit pas toujours. Je n'ai pas essayé de leur envoyer une photo ou une courte vidéo pour voir comment ils réagiraient (je sais que la critique de vidéos fait partie de leur abonnement que je n'ai pas payé).

J'ai été un peu négativement surprise de ne pas toujours retrouver leurs mouvements ailleurs sur internet. Je ne sais pas dans quelle mesure ils inventent des trucs et fabriquent des noms avec, mais quand j'ai rencontré des difficultés à comprendre un mouvement avec leur vidéo, je n'avais que l'option de leur envoyer un e-mail. D'un autre côté, quand j'étais sur le swipe j'ai été surprise de trouver que je faisais un power move sans le savoir, donc j'ai peut-être juste eu de la malchance en tombant les noms non-googlables.

J'ai trouvé que leurs programmes avancent beaucoup plus vite que mes capacités physiques, et dans les fins de programme j'ai souvent substitué des mouvements par des équivalents plus simples vus plus tôt. J'ai supposé que c'est voulu, pour qu'il y ait des bénéfices à refaire un programme et pour s'adresser à un public plus large.

D'un autre côté, j'ai été un peu déçue par mon deuxième passage dans leur programme le plus simple (Elements), même après une pause les premières sessions étaient beaucoup trop simples pour moi et je n'ai pas réussi à inventer de substitution plus difficile.

J'ai aussi été embêtée par la difficulté des programmes en dehors d'Elements et Mobility, j'ai trouvé leurs débuts plus difficiles que la fin Elements. Je me suis retrouvée à un niveau un peu inconfortable où aucun de leur programme ne semblait convenir. Sequences a l'air parti pour répondre à ce problème mais j'ai un peu de mal à juger pour l'instant.

J'ai aussi rencontré des petits problèmes d'espace au sol, les logements en région parisienne étant ce qu'ils sont. Encore une fois, Elements et Mobility sont particuliers, ils se font bien dans un couloir en débordant occasionnellement dans une pièce adjacente, et du coup j'étais en confiance et d'autant plus déçue dans les autres programmes. Et pourtant j'étais prévenue, mais dans le feu de l'action j'ai oublié… J'arrive plus ou moins à improviser des variantes, mais je ne suis pas sûre de bénéficier autant de l'exercice.

Enfin je dois reconnaître que une certaine insatisfaction entre les objectifs annoncés et les résultats. Je suis complètement à fond dans leur idée d'autonomie physique, mais je n'ai à mettre en face de cet idéal qu'une foi basée sur des impressions d'avoir transféré un apprentissage… J'aurais beaucoup aimé voir quelques bénéfices clairs à tout le temps que j'ai passé sur ces programmes, comme des choses que je n'arrivais pas à faire avant, des choses que j'arriverais à faire beaucoup plus facilement maintenant, ou une évolution physique assez flagrante pour être relevée par mon entourage.

Cela dit, cette critique s'étend à toutes les autres activités physiques dont j'ai parlé ici, à côté de la marche pour entretenir une endurance dont je ne me sers jamais, et d'un art martial dont je n'ai encore jamais eu besoin et donc dont le bénéfice relève aussi d'un acte de foi.

Est-ce qu'il n'y aurait pas des choses plus épanouissantes ou agréables à faire avec les 9 heures par semaine que je consacre ses jours-ci aux activités physiques ?

Le vélo

J'étais sur le point de conclure ce billet en oubliant le vélo, et j'ai déjà longuement développé le sujet il y a quelques mois.

Depuis ce billet j'ai trouvé dans mes trajets pendulaires un équilibre entre beaucoup d'assistance et peu d'effort pour aller au travail sans s'épuiser, et revenir sans moteur et avec autant d'intensité que possible.

Le vélo assisté a remplacé une immense majorité de mes déplacements en transports en commun. Je peux presque aller d'une extrémité à l'autre de Paris et un peu plus tard faire le retour dans l'autre sens. Je ne suis pas fan du danger supplémentaire et de la perte des occasions de lecture, mais je préfère quand même ne pas avoir à gérer mon ochlophobie et être soumise à moins d'aléas.

Conclusion

Voilà un panorama en version longue des exercices physiques que je pratique.

Je me considère encore comme plutôt nerdy et amorphe ; je suis avant tout un esprit enfermé dans une prison de chair avec laquelle il faut bien composer ; et je n'arrive même pas à utiliser le mot « sport » pour désigner les activités physiques que je pratique.

Pourtant il semblerait que ces pratiques me mettent à un niveau qui est loin d'être ridicule pour une occidentale sédentaire, et parfois je me demande s'il y a tant de distance que ça entre « une personne plutôt sportive » et moi (et ensuite je me souviens de l'axiome fondamental de l'univers).

J'ai beau essayer d'internaliser une certaine foi dans les bénéfices de ces pratiques pour justifier le temps que j'y passe, une part non-négligeable de ma motivation reste l'attitude lamentable du corps médical envers ceux qui ne pratiquent pas d'activité physique régulière ou qui ont un BMI supérieur à un seuil aussi idiot que la mesure elle-même.

Bref, j'ai fait de mon mieux tout au long de ce billet pour garder l'attitude positive et merveilleuse que notre société semble avoir envers le sport, mais à un moment il faut quand même regarder la réalité en face. Et quel meilleur moment pour le faire que dans la conclusion d'un billet interminable que personne ne va lire ?

Au-delà des circonstances sur lesquelles je n'ai aucun contrôle, je trouve que GMB fait d'excellents programmes qui sont beaucoup plus à mon goût que la grande majorité de ce que j'ai pu voir sur internet. Je garde la marche et le vélo pour travailler la cardio, et j'y ajoute GMB pour la force, la souplesse, l'équilibre, et l'utilisation de mon corps comme outil de base pour agir sur le monde physique.

Publié le 31 mars 2023

Tags : Autoexploration Évènement

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