Vue de trop loin

Régime normal

Au rez-de-chaussée

Je me considère habituellement comme une personne plutôt pragmatique. Je porte la majorité de mon attention à des choses qui sont proches de moi, aussi bien géographiquement que temporellement.

J'hésite à me revendiquer du Stoïcisme, et encore plus depuis que j'ai lu un catalogue des « mauvais » stoïcismes, mais j'ai beaucoup aimé tous les principes stoïques que j'ai rencontrés jusqu'à présent, et je m'efforce de les intégrer à ma vie.

Tout ça pour dire que porter la majorité de mon attention à ma petite échelle, c'est aussi refuser de porter beaucoup d'attention aux choses à grande échelle, surtout quand elles ne sont pas sous mon contrôle et qu'il n'y a pas grand chose à faire pour se préparer à leurs conséquences. Sans vouloir manquer de respect aux victimes des guerres qui se déroulent à des milliers de kilomètres de chez moi ni au personnel politique qui nous offre un spectacle aussi affligeant ces jours-ci (et sans présumer de l'inégalité de respect dû à ces deux classes).

Au premier étage

D'un autre côté, je garde systématiquement une partie de mon attention à un étage plus haut que mes préoccupations immédiates, en train de me regarder faire ce que je suis en train de faire.

Je n'y pense pas souvent, parce que c'est mon état normal et habituel depuis aussi loin que j'arrive à me souvenir, et je ne le remarque par contraste quand je vois autour de moi des gens qui sont tellement « la tête dans le guidon » qu'ils ratent des éléments « meta » qui me semblent évidents.

Cette façon d'être est à la base d'un système d'« amélioration continue », dans lequel j'utilise mes observations de moi-même en train ou sur le point de faire ce que je suis en train de faire, pour le faire « mieux ».

Par exemple, pendant que je saisis la carafe vide, je prends systématiquement une fraction de seconde pour chercher ce que je peux ramener à la cuisine en même temps, ou autre chose à faire à cette occasion.

Pendant que je fais quelque chose de pénible « à la main », je me demande quelles parties sont automatisables, de quelle façon, à quel prix et pour quel « retour sur investissement » espéré.

Pendant que j'écris du code qui résout le problème auquel je suis confrontée, je me demande toujours si je ne peux pas faire un tout petit effort de plus pour découpler et généraliser ce code. La réponse est souvent « non », mais ça me frustre d'autant plus quand on me dit YAGNI alors que l'effort de généralisation est plus petit que l'effort pour m'expliquer que je n'en aurai peut-être jamais besoin.

Encore plus haut

Il est plutôt rare que je monte plus haut que ces deux étages, mais ça arrive. C'est en regardant comment je me regarde en train de faire ce que je suis en train de faire que j'ai pu mettre des mots là-dessus. Il me semblait en avoir déjà parlé dans ces pages, mais je ne retrouve pas où.

Généralement je ne monte plus haut que quand je ne suis pas en train de faire quelque chose, que ce soit parce que ma situation n'est qu'une attente sans rien pour m'occuper l'esprit, ou parce que je suis dans mon lit en train d'essayer de m'endormir.

Je monte souvent plus haut pour essayer de tirer des enseignements qui m'aurait échappés depuis le « premier étage », ou simplement pour mesurer mentalement le chemin parcouru, ou pour améliorer mon modèle mental du monde.

C'est comme ça que j'ai fait le constat que ma vie est de plus en plus satisfaisante depuis au moins deux décennies, comme je l'avais détaillé quand je décrivais ma version de la crise de la quarantaine.

C'est aussi comme ça que j'ai pris à cœur l'observation de (transmise par ?) David Madore (que je ne retrouve plus) que l'argent est une infrastructure abstraite pour échanger des biens et des services entre humains, et qu'à un niveau d'observation suffisamment haut pour englober le système monétaire, tout système de retraites est un système par répartition.

Il y a plein d'autres systèmes qui changent de forme quand on choisit des limites qui masquent des contingences auxquelles on s'attache parfois trop : le langage est une forme de télépathie, l'écriture est une télépathie avec voyage dans le temps, je vis en troquant des lignes de code contre de la nourriture, d'autres troquent une fluidification du système contre de la nourriture, d'autres encore n'ont pas l'air de troquer mais ils mangent quand même.

Tout ça ne sert pas à grand chose, mais si je n'ai rien de mieux à faire avec mon flux de pensées, c'est une direction comme une autre dans laquelle l'orienter.

Très haut ou trop haut ?

Il y des moments où je me demande si je ne suis pas montée trop haut.

Littéralement, la masturbation c'est la connexion de neurones dans la volonté sur des neurones dans le plaisir, par l'intermédiaire de neurones moteurs, de fibres musculaires, d'éléments matériels, et de neurones sensoriels. C'est un chemin inutilement compliqué pour des neurones qui sont déjà connectés sans avoir besoin de sortir du cerveau.

Si on élargit un peu la définition pour inclure des chemins encore plus compliqués et des plaisirs plus variés, on englobe un nombre colossal d'activités. Par exemple tous les loisirs qu'on fait « pour le plaisir », ou les petits chefs qui ne sont là que pour la jouissance de la domination d'autrui sans rien contribuer de positif.

Et finalement, les motivations humaines ne sont-elles pas toutes une recherche d'une forme de plaisir, ou l'évitement d'une forme de souffrance, ce qui revient à un plaisir relatif par rapport à l'alternative ?

À ce compte là, que reste-t-il de l'humanité qu'une immense activité masturbatoire et des effets de bord relativement secondaires ?

D'aussi loin je ne vois plus grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Un grand vide, l'absurdité de l'univers, vanité des vanités et tout est vanité.

Et ça donne un peu le vertige.

J'imagine que pour beaucoup de monde, cet espace est rempli par des croyances religieuses, et je me demande ce que l'énumération précédente dit de moi.

J'imagine que ne trouver que du vide, de l'absurdité, et le vanité puisse susciter une détresse psychologique au point d'avoir besoin de n'importe quoi pour remplir cet espace. Un peu comme le vide après la mort.

Et la santé mentale ?

Je me souviens de ma surprise quand j'ai rencontré les expressions « réfléchir à la vie » et “thinking about life” (je ne me souviens même plus dans quelle langue je l'ai croisée en premier) avec une connotation négative, comme quelque chose à éviter, alors que ça me semble être quelque chose de banal et sain, comme « philosopher ». Je ne sais même pas si ce sont des activités littérales qui sont mal vues ou si ce sont des euphémismes (mais pour quoi ?).

J'ai l'impression que ce qui pourrait être appelé dans ce billet « regarder de trop haut » rentre exactement dans l'intuition que j'ai de « réfléchir (négativement) à la vie ».

Je ne prétends pas être immunisée contre la détresse du le vertige, j'ai juste l'impression de ne pas (encore) être affectée par mes excursions dans les étages peut‑être trop élevés.

C'est aidé par le fait que ces excursions sont limités à des moments choisis avec soin, quand je n'ai strictement rien de mieux à faire avec mon esprit. Je n'ai (encore) jamais eu le moindre problème pour « redescendre », ni même pour vouloir « redescendre ».

D'un autre côté, il est de fait que ces derniers temps je me retrouve de plus en plus souvent dans ces étages élevés. À tel point que j'arrive à y revenir facilement à un moment où j'ai un clavier entre les mains et du temps pour écrire un billet de weblog.

C'est peut-être juste l'entrainement, qui fluidifie les voyages verticaux, dans un sens comme dans l'autre. C'est peut-être une fragilité qui avance masquée, et qui profite de ma réticence à la percevoir.

Pour l'instant je me limite à des constats, que je pose ici, comme références pour le futur. Je ne suis pas en train de demander des conseils, mais je suis toujours prête à comparer les notes et les ressentis avec qui veut.

C'est un peu comme cette sensation suspecte dans mon avant-bras gauche, ou cette zone temporairement aveugle au milieu de mon champ de vision : je pense que je vais bien, ce n'est pas suffisant pour remettre en question le sentiment que je vais bien, mais c'est quelque chose qui a l'air assez significatif pour peut-être participer à clarifier un éventuel tableau de symptômes plus tard.

Publié le 14 octobre 2025

Tags : Autoexploration Évènement Vision atypique

Solarized, mais ANSI

Ce billet va rentrer dans les détails techniques et profonds de l'évolution de la configuration de la couleur dans mon émulateur de terminal. Et pour ne rien arranger, c'est la suite directe de billets passés, que je ne vais résumer que très succinctement. Il est possible que personne ne trouve le moindre intérêt à ce billet.

Dans les épisodes précédents

Comme je l'ai écrit dans mon billet Ricing, j'utilise l'ensemble de couleurs Solarized depuis 15 ans, et j'en ai été très contente pendant très longtemps, malgré ses défauts mineurs.

Et comme je l'ai écrit dans mon billet Désolarisation, ces défauts mineurs commencent à me saouler gravement, au point de me décider à essayer d'y faire quelque chose. Sauf que ce n'est pas facile de tout changer sans se sentir submergée par un sentiment de « beurk ce n'est pas comme d'habitude », et le statu quo s'est maintenu faute d'alternative suffisamment meilleure pour justifier l'effort de transition.

Par une analyse qui vaut ce qu'elle vaut, j'ai estimé que tous les problèmes que j'ai avec Solarized découlent du choix initial de mettre 8 couleurs d'accent et 8 niveaux de gris dans les 16 couleurs du terminal ANSI qui sont traditionnellement 2 nuances de 6 couleurs et 4 niveaux de gris.

Stratégie

Comme mon insatisfaction envers ledit statu quo n'a pas l'air partie pour se calmer, je prends le problème par l'autre bout, en essayant de préparer le terrain pour faciliter de futurs changements, tout en changeant le moins possible pour l'instant, pour ne pas déclencher l'effet « beurk ce n'est pas comme d'habitude ».

Donc dans ce billet, je vais décrire comment j'ai retrouvé la sémantique ANSI tout restant au plus proche du Solarized qui fait partie de ma vie depuis si longtemps.

Comme ma configuration actuelle fonctionne parce que la configuration de mes outils en mode texte est fortement couplée aux particularités de la palette de couleur, il va falloir faire évoluer les deux simultanément.

Solarized version ANSI

Démarche

La première étape a été d'inventer une palette de 16 couleurs dans la logique ANSI, qui reprend Solarized.

Les 6 couleurs de base Solarized (rouge, vert, jaune, bleu, magenta, et cyan) sont en face de la couleur de base ANSI, donc pas de difficulté à ce niveau.

Je pourrais garder l'orange et le violet à leur place, comme « rouge clair » et « magenta clair », sauf que ce n'est pas du tout plus clair ou plus emphatique que la couleur de base, et il faudra de toute façon faire quelque chose pour les autres couleurs claires, autant fabriquer 6 nouvelles couleurs claires et cohérentes.

Et il faut aussi trouver une façon de faire rentrer toutes les nuances de gris de Solarized dans l'espace ANSI plus petit.

Comme je l'avais expliqué dans Désolarisation, Solarized n'utilise en fait que 5 niveaux de gris : texte et fond normaux, texte et fond en emphase, et texte secondaire. Les 8 niveaux ne servent qu'à couvrir les variantes clair‐sur‐sombre et sombre‐sur‐clair avec la même palette, ce qui ne m'a l'air d'être d'absolument aucune utilité dans ma vie.

Pour le faire tenir 5 niveaux de gris dans l'espace ANSI, j'utilise l'astuce qu'en fait le standard ANSI définit implicitement une dix-septième couleur dans l'état par défaut du terminal.

J'ai donc décidé de mettre le texte et le fond normaux sur les couleurs par défaut, l'emphase un peu plus claire (aussi bien sur le texte que sur le fond) en gris clair sur noir (couleurs 7 et 0), le texte secondaire en gris foncé (couleur 8), et ça laisse la couleur 15 pour le blanc‐brillant‐qui‐pique‐les‐yeux.

Pour les couleurs claires, j'ai suivi la démarche de Dimidium, mais dans l'espace colorimétrique OKLCh, et en partant de OKsolar (qui ressemble suffisamment à Solarized pour mes habitudes). Concrètement, j'ai pris les couleurs de base OKsolar, j'ai poussé leur L de 0.631 à 0.7, et j'ai tourné la teinte de 14°.

Le résultat est clairement un premier jet perfectible, mais il a le mérite d'être tout à fait supportable. C'est donc exactement ce que j'attendais d'un premier petit pas vers une meilleure palette.

Les valeurs

Même si c'est un premier largement perfectible, autant partager avec le monde entier le résultat de cette démarche.

Couleur Solarized OK-ANSIfié
Fond par défaut #002b36 #002d38
Texte par défaut #839496 #98a8a8
Noir #073642 #093946
Rouge #dc322f #e64c53
Vert #859900 #819500
Jaune #b58900 #ac8300
Bleu #268bd2 #2b90d8
Magenta #d33682 #dd459d
Cyan #2aa198 #259d94
Gris clair #eee8d5 #8faaab
Gris foncé #002b36 #657377
Rouge clair #cb4b16 #fb6188
Vert clair #586e75 #ada201
Jaune clair #657b83 #cf9034
Bleu clair #839496 #16ace7
Magenta clair #6c71c4 #ea62cc
Cyan clair #93a1a1 #50b399
Blanc #fdf6e3 #fbf7ef

Adaptation des configurations

Je ne me souviens plus exactement si je suis passée par une phase de découragement devant le nombre de configurations à reprendre, mais je me suis rapidement convaincue qu'en fait les principales applications à ajuster sont irssi, mutt, newsboat, et vim. Et les premières n'ont pas tant d'éléments que ça, donc je m'attendais à pouvoir les ajuster facilement, il n'y avait que la coloration syntaxique de vim qui m'inquiétait vraiment.

Vim

Je ne sais plus trop comment je me suis convaincue que la configuration de la coloration syntaxique dans vim est d'une complexité qui me dépasse, ni que la variation Solarized est inutilement compliquée dans ce domaine. J'imagine que tomber sur un dépôt qui prétend proposer la même configuration mais sans bullshit, puis un autre qui n'enlève qu'une partie du bullshit, conforte ces impressions.

Je ne me souviens plus si j'ai essayé la version « sans bullshit » avant ou après avoir écrit Désolarisation, mais ma première réaction a été « beurk, ce n'est pas mon Solarized » et supprimer le fichier.

Comme ça reste une base extrêmement pratique pour ce que je veux faire, j'ai regardé de plus près pourquoi un truc qui prétend être identique ne l'est pas. J'ai découvert avec une certaine surprise que le thème Solarized que j'utilise depuis tant d'années n'a existé que pendant quelques jours en avril 2011, et que toutes les différences qui me déchirent les yeux viennent d'Ethan Schoonover lui-même.

Donc j'ai commencé par fabriquer mon propre “Solarized flattened” pour mesurer exactement l'étendue des dégâts. Je n'ai pas trop cherché à faire un thème utilisable, je voulais surtout de quoi faire un diff de l'apparence dans un terminal.

Voici les commandes que j'ai utilisées pour ce faire :

:put =execute('hi')
:%s/\n  */ /g
:%!sort
:%!sed '/links/{;H;$x;$p;d;};$G'
:%s/ *gui[a-z]*=[^ ]*//g
:%s/xxx //
:%s/^\([^ ]*\) *links to \([^ ]*\)$/hi link \1 \2/
:'<,'>s/^/hi /
(remonter `hi Normal`)
:%s/  */ /g
:w txt-empty-hi.vim

En gros, la première ligne remplit le buffer initial avec la coloration courante, les suivantes trient les entrées et séparent les liens des configurations, puis virent les parties qui ne m'intéressent pas.

J'ai ensuite analysé « avec les yeux » le diff :

Ça ne fait pas beaucoup de changement en quinze ans, et je crois que ma première réaction a été trop violente à cause du préprocesseur, devenu rouge agressif, des caractères spéciaux qui ressortent beaucoup moins, et du diff qui noie les différences dans la coloration syntaxique de base du fichier.

Après avoir fait la liste des différences supportables et de celles que je vais refuser, j'ai fait un script sed pour convertir un flattened pour Solarized en une configuration de couleurs pour ma variante ANSIfiée.

Irssi, Mutt, et Newsboat

Pour les autres applications, j'ai constaté au passage le manque de cohérence dans la coloration, alors qu'il n'y en que trois et que les plus grosses différences sont entre les deux configurations qui viennent de l'auteur de Solarized.

Je n'arrête pas de parler de newsboat, mais ma configuration a été reprise directement du newsbeuter que j'utilisais avant, et je ne sais du tout d'où j'ai recopié les sept lignes de thème. Je suis à peu près sûre que je les ai recopiées et non pas inventées, parce que je n'aurais pas choisi le magenta pour la majorité du texte sur mon écran.

Donc en parallèle de l'ajustement de ces applications, j'ai cherché à mettre en place un certain « langage graphique ». J'ai la flemme de faire des captures d'écran (en m'assurant qu'elles ne dévoilent pas trop de choses, alors que je n'ai pas les idées complètement claires sur ce que je suis prête à dévoiler ici), alors je vais le décrire avec des mots.

J'ai touillé un peu plus les couleurs d'irssi, notamment l'activité dans la barre de statut (jaune pour le texte normal, gris pour les trucs moins importants, rouge pour les trucs plus important).

J'ai aussi un peu touillé la configuration de mutt, qui est beaucoup plus détaillée que ce à quoi je m'attendais, et j'ai découvert au passage qu'elle était subtilement cassée depuis tout ce temps : ce qui était censé être bright (surtout les différents niveaux de gris) est rendu en gras dans la couleur de base.

Finalement je n'ai que traduit les niveaux de gris qui marchent, et j'ai gardé les couleurs anormales dont j'ai l'habitude, mais en les dégraissant. Le résultat est suffisamment « comme d'habitude » pour me plaire, et nettement plus reposant maintenant que le gras n'est plus généralisé.

Bilan

Ça ne fait que quelques semaines que j'ai fait cette rénovation de configuration, et je me demande si ce n'est pas encore un peu trop tôt pour juger. D'un autre côté, les changements visibles sont tellement subtils que je ne suis pas sûre d'avoir besoin de plus de temps pour me faire un avis.

Dans l'ensemble, je suis assez contente du changement. C'est assez peu intrusif pour ne pas y penser souvent, ce qui était un objectif initial.

La nouvelle palette est légèrement plus contrastée que le Solarized de base, et je trouve que c'est une bonne chose. Une conséquence négative est le peu de différence entre les couleurs de base et les variantes claires.

Je regrette un peu d'avoir fait ma rotation de teinte dans le sens ou le rouge clair tire sur le magenta, à l'opposé de l'orange de Solarized. D'un autre côté, ça m'a permis de voir la quantité de « rouge clair » dans mon terminal. Et aussi de voir que j'arrive à remarquer quand il y a du rouge qui tire sur le magenta là où j'avais l'habitude de voir de l'orange ; je ne m'y attendais pas étant donné le mal que j'avais à distinguer le rouge de l'orange sans les avoir côte à côte.

Je ne suis pas sûre que c'est une super-idée de mettre toutes les couleurs de base à la même luminosité, comme l'a fait OKsolar, ça réduit l'espace dans lequel les variations claires peuvent être placées. L'approche de Dimidium est peut-être plus saine, mais je ne sais pas dans quelle mesure les configurations à base de Solarized s'attendent à une luminosité uniforme.

Sur les différences visibles, j'aime beaucoup la nouvelle uniformisation entre mes applications. Je n'ai pas trop d'avis sur les changements dans vim, je me suis adaptée assez rapidement à la plupart d'entre eux, j'ai refusé le changement sur les diff, et j'hésite à refuser aussi des caractères spéciaux ; au total il n'y a rien de positif sur vim, que du neutre ou du négatif.

Le retour dans la sémantique ANSI est très satisfaisant intellectuellement, même si je n'en ai pas encore vu les conséquences concrètes (à part sur #gcufeed). Il est probable que je me rende pas compte de tous les ennuis que j'éviterai à l'avenir en essayant de nouvelles applications de terminal.

Bref, l'objectif de « petit pas qui ne se voit pas trop » est parfaitement rempli, et c'est peut-être suffisant pour calmer mes insatisfactions. Et si ça ne l'est pas, les bases sont posées pour essayer des choses petit à petit, individuellement sur chaque application et sur chaque terminal.

J'ai prévu la possibilité d'essayer d'autres palettes, avec Catppuccin et Gruvbox pour commencer. Je ne sais pas à quel point ce sont des rationalisations de « beurk ce n'est pas comme d'habitude », mais je trouve Catppuccin trop « pastel » au point d'avoir du mal à distinguer les couleurs entre elles, et Gruvbox trop « chaud », j'aime bien le bleu et les nuances bleutées.

Dans toutes les autres palettes que j'ai croisées par le passé, j'ai aussi souvent été rebutée par une trop forte luminosité du fond, je trouve que c'est un peu dommage de considérer un tel détail comme rédhibitoire, mais je ne comprends pas du tout l'intérêt, je n'y vois que des inconvénients.

Au moins, le champ expérimental est ouvert, et je pourrais l'explorer dans les prochains mois et les prochaines années. On verra bien après coup quel sera le prochain état stable que j'atteindrai.

Publié le 30 septembre 2025

Tags : Geek Évènement Suite

Séparation de claviers

Comme je l'avais écrit dans le billet Filler, j'essaye depuis quelques mois de nouveaux claviers. C'est en train de s'embourber, et j'accumule beaucoup trop de choses à en dire, donc je vais commencer par décrire dans ce billet d'où je viens et pourquoi j'ai envisagé un changement.

La disposition QWERTY

Historique

Je ne sais plus si je l'ai déjà écrit quelque part, alors je vais le mettre ici aussi en espérant me souvenir que c'est là si je veux le référencer un jour.

En bonne petite française de France, j'ai commencé à taper sur des claviers AZERTY, sans me poser plus de question que ça.

Les choses ont basculé en 2007 ou en 2008, quand j'ai malencontreusement renversé un liquide sur le clavier intégré à Duat, et que j'ai constaté qu'un clavier de remplacement AZERTY (ISO) était trois fois plus cher qu'un clavier QWERTY (ANSI).

Il n'y a donc pas que l'affectation des touches qui change, mais aussi la forme de la touche Entrée (deux lignes en ISO contre une seule en ANSI) et du shift gauche (plus court que Tab en ISO, avec une touche supplémentaire).

Ces différences m'ont beaucoup plus gênée que l'affectation des touches, parce que la mémoire musculaire qui vise le milieu de la touche Entrée ISO fait appuyer sur la touche Entrée ANSI et la touche juste au-dessus, et parce que l'AZERTY sur un clavier ANSI ne permet pas d'entrer les symboles < et >, qui ont quand même une certaine utilité.

Je ne me souviens plus exactement ce qui m'a fait préférer le QWERTY, alors que je ne regardais plus ce qui était imprimé sur les touches depuis longtemps.

Probablement une combinaison du manque des symboles < et > et du confort incroyable pour entrer des chiffres et les symboles [, ], {, et }, qui sont courants dans les langages de programmation.

En tout cas, l'inconvénient d'utiliser une touche Compose pour entrer les lettres accentuées m'a paru suffisamment mineur pour l'accepter volontiers.

Je n'ai aucun souvenir de pourquoi je n'ai pas opté pour le QWERTY US international, je ne sais plus si je l'ai considéré et rejeté ou si je n'étais même pas au courant de son existence.

La touche Compose m'a ouvert ensuite la possibilité d'entrer tout un tas de caractères fort opportuns, comme les guillemets « et », l'espace insécable  , les tirets, les chiffres indicés et exposants, les flèches, etc.

Depuis cette époque j'ai donc utilisé une disposition QWERTY US standard, avec la touche Compose placée sur CapsLock, sans aucun regret.

Échec de panachage

Je n'ai jamais vraiment vécu dans un environnement où l'utilisation d'une disposition de touches alternative à l'AZERTY soit valorisée socialement. Je sais qu'il y a des cercles qui valorisent que le QWERTY, notamment l'école 42 (au moins à une époque), et j'imagine qu'il y a des cercles très sensibilisés à l'ergonomie, mais je ne les ai jamais connus personnellement.

Je ne cherche pas à me distinguer, et il n'y a aucune raison interne ni externe pour que je veille revendiquer mon utilisation du QWERTY au lieu de l'AZERTY.

Tout ça pour dire que j'ai essayé un certain nombre de fois de faire cohabiter le QWERTY et l'AZERTY dans ma tête, ne serait-ce que pour pouvoir utiliser confortablement un ordinateur partagé ou fournit par un client sans être obligée de devoir revoir la configuration.

Ça n'a pas marché.

Il paraît qu'il y a des gens qui arrivent à passer mentalement d'AZERTY à QWERTY, et peut-être d'ANSI à ISO ; j'ai rencontré dans ma vie plusieurs personnes qui prétendaient en être capable.

Ce n'est pas mon cas.

À chaque fois que j'ai essayé de basculer, pendant au moins cinq à dix minutes mes doigts hésitent entre les deux configurations, et ensuite des erreurs persistaient encore plusieurs heures, voire quelques jours.

Donc si c'est juste pour passer deux minutes sur un autre poste, c'est un coût prohibitif par rapport au changement de configuration.

Je me demande parfois si ça pourrait être une question d'entraînement, et si en m'acharnant à passer de l'un autre l'autre je ne pourrais pas arriver à avoir moi aussi ce switch mental.

Je n'ai jamais eu le courage d'essayer.

Les switchs Topre et les touches en PBT

Comme je l'avais écrit il y a un peu plus de onze ans, dans mon billet à propos de mon clavier RealForce, jusqu'en 2014 j'utilisais des claviers quelconques à pas cher.

Il y a des rares moments dans la vie où une nouvelle expérience bouscule une échelle d'évaluation d'une catégorie d'objets, parce que cette nouvelle expérience est tellement au-delà de tout ce qui pouvait être imaginé avant de la vivre.

Popov (de #gcu) qui me fait essayer son clavier RealForce a été un de ces moments pour moi.

J'avais conscience de l'existence des claviers mécaniques, mais aucun des essais que j'ai faits ne m'avaient convaincue. Je sentais la différence entre un clavier pas cher et un clavier de qualité, mais pas au point de m'en rendre compte quand je pense à autre chose (par exemple à ce que je suis en train d'écrire).

Je ne sais toujours pas s'il y a quelque chose de spécial dans l'interaction entre les switchs Topre et les touches en PBT, ou si c'est seulement l'accumulation des deux, mais cette expérience m'a fait changer tous mes claviers et détester tous les autres claviers.

Au fil des années, la magie de cette expérience tactile s'est émoussée, et ça fait depuis longtemps que j'arrive à supporter l'utilisation de claviers quelconques ; je continue de ressentir la supériorité tactile de ces claviers mais ce n'est plus transcendamment au-dessus des autres.

Cela dit, encore aujourd'hui, je tape ces lignes sur le même clavier RealForce que celui du billet (qu'on peut voir dans le fond de deux entrées de mon photoblog), et j'ai sur mon bureau de travail le HHKB pro qu'on voyait déjà dans mon inventaire en 2018. C'est dire à quel point ces claviers sont robustes.

Les non-sujets

Au fil des décennies, j'ai été confrontée à deux arguments majeurs pour changer de disposition et/ou d'affectation des touches :

Vitesse de frappe

Je n'ai que faire de la vitesse de frappe parce que je ne suis jamais sentie limitée à ce niveau. Je n'ai pas d'emploi de secrétaire, je n'ai pratiquement jamais eu besoin de faire de transcription (et les rares fois où j'ai essayé, ma vitesse de frappe spontanée s'est révélée suffisante), et l'écrasante majorité des choses que je tape sont inventées extemporanément, et c'est la vitesse de mon cerveau qui est le facteur limitant.

À quoi bon être capable de taper 200 mots par minute quand on n'en conçoit pas plus de quelques dizaines ?

Il me semble quand même intéressant de préciser que c'est un peu facile de se croire détachée de la vitesse de frappe quand on n'en manque pas, et les évènements récents dont je parlerai dans un futur billet me l'ont violemment appris.

Pour mettre des nombres sur tout ça, ces jours-ci je tape typiquement sur 8 touches par seconde, avec une précision de l'ordre de 96 à 98 %. Voici un exemple représentatif sur MonkeyType :

Résultat typique de 50 mots français sur MonkeyType

J'ai évidemment beaucoup moins que ça en texte libre, aussi bien en vitesse qu'en précision. Comme dit, c'est le cerveau qui limite la vitesse, donc ce n'est pas une surprise, mais j'ai l'impression d'utiliser Backspace beaucoup plus souvent qu'une fois sur trente. D'un autre côté ce n'est peut-être qu'une impression, puisque j'ai compté sur ce paragraphe entier, et je n'ai effacé que six caractères, en trois groupes, alors que ce paragraphe en compte 461.

À titre de comparaison, le premier jet de cet article (sans ce paragraphe) contenait 17 139 caractères, qui ont été entrés en 14 482 secondes (conception, recherches, et corrections comprises), soit environ 1.2 caractère par seconde en moyenne. Avant de mesurer, je m'attendais à une différence beaucoup plus grande entre ces deux vitesses.

Troubles musculo‐squelettiques

Le risque de RSI est quelque chose qui me touche beaucoup plus, mais ça fait (beaucoup) plus de vingt ans qu'une écrasante majorité de mes heures éveillées sont passées devant un clavier, et je n'en vois toujours pas le moindre signe.

J'ai tendance à penser que ma façon de taper, acquise de façon complètement spontanée et non-académique, me protège du risque de RSI, peut-être au détriment de la vitesse (dont je n'ai que faire).

Mes poignets sont toujours dans le prolongement de mes avant-bras, et ce sont les avant-bras entiers qui bougent pour que mes doigts puissent atteindre les différentes parties du clavier. J'ai un point de contact entre le bureau et la base de l'avant-bras près du coude, et ça fait office de pivot pour déplacer mes mains suivant des arcs de cercle.

Avec mes mains au repos, j'ai le majeur droit qui va de la touche V à la touche Pause (au-dessus des flèches), et le majeur gauche qui va la touche N à la touche tout en haut à gauche du bloc principal (` en QWERTY ou ² en AZERTY).

Je suis très attentive à l'état de mon corps, et si j'avais ressenti la moindre gêne ou douleur quelque part dans mon poignet ou dans mes doigts, j'aurais remis en question tous ces choix de vie.

Et plus les années d'utilisation intensive de clavier passent, plus j'arrive facilement à croire que je suis protégée, pour une raison ou pour un autre.

Les vents du changement

Si la situation est aussi rose que ce que j'ai décrit ci-dessus, pourquoi changer ?

Je ne sais pas trop, et ça fait partie des choses qui me contrarient un peu.

Razer Tartarus

Je soupçonne que cette histoire commence avec mon acquisition d'un Razer Tartarus, en automne 2022, pour jouer à World of Warcraft.

J'ai plusieurs camarades de guilde qui conseillent à qui veut les entendre d'utiliser un « pad » de ce genre. Ils ont des appareils Logitech, qui ne sont plus produits, et au moment où je m'y suis mise il ne restait plus que Razer sur ce marché.

J'ai longtemps résisté, parce que je ne voyais pas ce que ça pouvait apporter de plus que mon clavier préféré.

Je ne me souviens plus exactement ce qui m'a fait craquer, mais le fait ce soit un appareil d'occasion pas trop cher a joué.

Et ça a été un autre de ces moments dans ma vie où je découvre une expérience que je ne pouvais pas imaginer avant de la vivre.

Concrètement, ce qui fait toute la différence, c'est d'avoir les flèches sur le pouce, alors qu'un clavier normal ne propose que la barre Espace et les modificateurs. C'est facile à décrire comme ça, ça donne accès à une quinzaine de touches de sorts en parallèle des flèches, mais l'impact sur la forme du jeu résiste à la mise en mots.

Résultat, j'avais l'air maligne, à dépendre à ce point d'un objet à la durée de vie incertaine et qui est sur un segment de marché en train de péricliter.

J'aurais pu juste en acheter un deuxième et le garder en réserve au cas où, mais ça me semblait plutôt cher pour ce que c'est. Et puis je me demandais si je ne pourrais pas trouver une alternative à la fois plus durable et utilisable au-delà de seulement World of Warcraft.

C'est comme ça que j'ai commencé à regarder en détail ce qu'il existe du côté des claviers scindés, dans l'espoir de trouver un périphérique d'entrée généraliste qui permette de jouer avec les déplacements sur le pouce gauche.

Les résultats sont super décevant : ça n'a même pas l'air d'exister. Il y a toute une variété de formes de groupes de touches à mettre sous le pouce, il y a même des touchpads et des trackballs, mais je n'ai pas trouvé la moindre croix directionnelle.

Ergo-L

Je n'ai plus aucun souvenir de comment j'ai découvert Ergo-L, ni de comment je me suis retrouvée à avoir envie d'y passer.

La découverte est probablement sur un stand de Capitole du Libre 2023, ou dans les flux agrégés sur #gcufeed. Je me souviens que j'y ai vu plusieurs personnes qui partagent leurs dispositifs ergonomiques, et le journal du hacker a partagé en novembre 2024 les principes d'optimisation derrière Ergo-L (mais je ne sais pas du tout si je l'ai lu à l'époque).

L'expérience du passage d'AZERTY à QWERTY a exclu immédiatement l'idée d'utiliser Ergo-L sur un clavier ANSI ou ISO, mais si je passais à un clavier scindé (par exemple parce que j'en trouverais un avec un pavé directionnel au pouce), j'aurais toute ma mémoire musculaire qui serait purgée, et je pourrais en profiter pour utiliser une nouvelle disposition des touches.

Encore maintenant, je ne suis pas trop sûre de ce qu'Ergo-L apporte sur mon QWERTY habituel. Le plus évident est touche magique qui permet d'avoir les lettres accentuées en deux frappes, alors que ma solution à base de Compose en demande trois, mais c'est un peu léger. J'ai plusieurs fois regretté que mes séquences Compose ne contiennent aucune façon d'obtenir les lettres grecques, mais en vrai ça ne me manque pas si souvent que ça.

Ou c'est peut-être juste la façon la plus directe d'avoir toute la ponctuation que je veux dans les dix colonnes des claviers scindés minimalistes que j'ai choisis.

La vitesse d'entrée

C'est encore un autre élément dont je n'arrive pas à retracer le chemin dans mes pensées, mais il y a eu une certaine remise en question de l'idée selon laquelle je n'ai rien à gagner à être capable d'entrer du texte plus rapidement avec un clavier.

Encore maintenant, ce n'est pas plus qu'une remise en question, je n'ai pas encore de réponse.

Je ne serais pas surprise que cette remise en question vienne de la lecture de Dan Luu sur la productivité et la vélocité, parce qu'il attaque précisément l'idée que j'avais avant de découvrir l'article, et je suis plutôt d'accord avec ses arguments, au moins qualitativement.

D'un autre côté, quantitativement sur cette question en particulier, je ne suis pas sûre du tout qu'il y ait le moindre « retour sur investissement » dans ma vie si je pouvais entrer du texte plus rapidement, et je ne suis pas sûre du tout non plus de pouvoir sensiblement améliorer la vitesse d'entrée en changeant de clavier ou de disposition des touches.

D'ailleurs je ne sais pas si ça vient de Dan Luu, mais j'avais conscience de l'importance de la nuance entre vitesse de frappe et vitesse d'entrée. Je ne suis pas sûre de pouvoir gagner beaucoup de vitesse sur les mouvements physiques ; je n'avais pas encore mesuré les 8 touches par seconde, mais ça me semblait déjà honorable. J'avais l'impression d'avoir beaucoup plus à gagner sur la précision, pour réduire mon utilisation de la touche Backspace et rapprocher mon nombre de caractères par seconde de mon nombre de touches par seconde (encore une fois, avant d'avoir fait la moindre mesure).

Et tout ça est encore plus brouillé par le fait qu'au moment d'écrire ces lignes j'ai déjà évolué sur cette question, mais ce billet essaye de reconstruire mon état d'esprit juste avant d'acheter mon premier clavier scindé ; les enseignements de l'utilisation de ce clavier sont pour le prochain billet.

L'étincelle

Tout ce que j'ai décrit jusque-là ne fait que construire un climat d'instabilité, il en faut plus que ça pour franchir le pas. Comme avec la tentation cycliste, je ne cède pas à la légère.

Une contribution majeure a été la série Halcyon de splitkb.com, qui cumule les avantages de venir de l'espace Schengen (à une époque où les incertitudes sur le commerce international sont prégnantes), d'offrir plus de flexibilité que les claviers industriels (comme ZSA ou Dygma), sans pour autant obliger à sortir le fer à souder (l'assemblage en lui-même c'est juste chiant, j'ai surtout peur du diagnostic et des corrections des inévitables erreurs).

Mais ce qui a vraiment fait basculer les choses, et transmuté la frustration du « et si…? » en frustration du « et maintenant…? », ce sont l'exemple et les discussions avec un collègue utilisateur d'ErgoDox.

Conclusion

Voilà comment je suis partie d'une situation stable et confortable, en paix avec mes choix de clavier, pour me retrouver dans le maelstrom d'instabilité et d'incertitude que je vis aujourd'hui.

Je ne regrette pas (encore) d'avoir essayé les claviers scindés et Ergo-L, mais je suis bien en peine de tirer une conclusion ou une marche à suivre de ces expériences. Pourtant je suis déjà copieusement saoulée par cette situation (qui devrait être) transitoire.

J'essaye de noter soigneusement ces expériences, pour pouvoir en faire un billet précis et étayé, mais je suis encore incapable de prédire si le prochain billet sur le sujet annoncera que j'aurai tranché, ou si sera un nouveau billet d'étape intermédiaire sur ce chemin beaucoup trop long et tortueux pour mon goût.

Publié le 31 août 2025

Tags : Autoexploration Goûts Jouets

Un kilo-ien plus tard…

Alors que je trie mon millième ien, je me dis que c'est un moment comme un autre pour se tourner vers l'arrière et regarder le chemin parcouru.

Motivations initiales

J'ai déjà décrit tout ça en détail dans mon billet iens en vrac et à l'unité, mais en résumé fin 2023 j'ai fait le constat que j'accumule n'importe comment des liens à regarder plus tard, et j'ai développé une application qui les range dans une base de données.

Le but de cette application était donc ostensiblement de mieux organiser les articles que je garde pour plus tard et de noter quelques conclusions après les avoir dépilés.

Cependant le contexte qui a lancé cette application était quand même le constat que je gardais (beaucoup) trop de liens « pour plus tard » sans ce que ce « plus tard » semble proche d'arriver. Il y avait donc le constat diffus que je gardais plus de trucs que j'étais capable de traiter, et j'espérais que cette application permette de mettre en évidence ce problème et de le résoudre.

J'espérais que la résolution se fasse par les deux côtés :

En particulier, j'imaginais que le système de tags que j'attache a posteriori aux articles que j'ai lu permette de se faire une meilleure idée a priori de ce qui est pertinent à garder pour plus tard.

Accumulation en un an et demi

Je ne dirais pas que c'est un échec, mais ça n'a pas marché.

Emmanuel Macron

J'ai donc dépilé mon millième ien le 25 juillet 2025, après 572 jours d'utilisation de mon application. Ce qui fait une moyenne générale de 1.75 iens par jour.

À ce moment-là, j'avais 1212 iens enregistrés dans ma base de données, soit une pile‐à‐lire de 212 iens, ce que je trouve énorme.

Et cette pile ne s'est pas faite en un jour, voyez plutôt :

Taille de ma pile‐à‐lire au fil du temps

La partie fin 2023 est la pile‐à‐lire initiale pour lancer l'outil, on voit les premières semaines de mise en place en janvier, puis le début de l'accumulation dont j'avais parlé dans le premier billet, puis une stabilisation un peu au-dessus de 50 iens parce que j'ai fait des efforts pour redresser la situation.

Je ne sais pas exactement ce qui a changé à l'automne 2024, mais la pile‐à‐lire a manifestement subi une croissance continue jusqu'en avril 2025, où j'ai à nouveau repris les choses en main, mais encore une fois sans vraiment résorber de dette. Ce n'est qu'à la faveur des congés de juillet que j'ai pu faire visiblement descendre la courbe, comme les deux nettes baisses de 2024.

On retrouve la même chose en distinguant les flux entrant et sortant, avec un lissage exponentiel sur 30 jours, sinon la variabilité d'un jour à l'autre jette des points tout partout sur tout le graphe :

Nombre moyen de iens créés ou lus par jour

À quelques exceptions près, je n'arrive juste pas à lire suffisamment de iens par rapport à ce que je mets de côté ; au mieux je frôle l'égalité.

La moyenne de 1.75 iens par jour cache une période active, vers 2 iens/j, et un effondrement à l'automne plutôt vers 1 ien/j, avant de remonter péniblement jusque vers 1.5 iens/j.

Et pendant ce temps, je relève environ 2 iens par jour qui ont l'air intéressants.

La conclusion est implacable : des iens bien rangés dans une appli' ne m'incitent pas tellement à lire plus, ou du moins pas durablement, et ils ne m'incitent pas non plus à être plus regardante sur ce que je mets de côté.

L'explication est assez simple : l'application a une place dédiée dans mon tmux principal, donc je n'y accorde d'attention que lorsque j'y vais volontairement, lorsque j'ai du temps libre à y consacrer. Donc le débit sortant est largement déterminé par des circonstances qui me sont extérieures, peu importe la taille de la pile‐à‐lire. Et pendant que je dépile #gcufeed ou Bluesky, je n'ai pas l'application sous les yeux, et je mets de côté indépendamment de la taille de la pile‐à‐lire.

D'un autre côté, les variations de débit vont globalement dans le même sens, donc je dois avoir quelque part une intuition de la quantité de ressources temporelles que je peux y consacrer ; il faudrait juste une meilleure calibration. Ou plus de temps libre, puisque les courbes semblent se rejoindre quand les deux sont suffisamment hautes.

Le fait d'avoir pour chaque ien sa date de création et sa date de tri permet de faire des graphiques sur le temps passé dans la pile‐à‐lire, mais je n'ai rien trouvé à en sortir que je ne sache pas déjà. Dans l'ensemble je dépile majoritairement des iens récents, et très rarement je vais fouiller dans les vieux iens, et c'est encore plus rare depuis l'effondrement d'automne.

Si vous avez des idées intéressantes d'analyse de ces données, n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, j'ai l'impression que je suis loin d'avoir vu tout ce qu'il y a à en tirer.

Rangement des iens

Je vais commencer par le positif : je ne m'attendais pas à ce que cette application me soit aussi utile pour retrouver des articles passés.

Par rapport à l'ancien système, où après lecture il ne restait globalement plus que des informations dans ma tête, la combinaison des mots-clés dans l'URL et dans la petite description que j'écris me permettent de retrouver des références à partir du vague souvenir que j'en ai, et ça m'a plusieurs fois été très précieux.

En revanche, le système de tags que j'avais mis en place pour aider au rangement c'est révélé être une grande déception.

Tels qu'ils existent aujourd'hui, ces tags mélangent quatre types d'informations assez différentes :

Malheureusement, l'attribution (manuelle) de ces tags me semble tellement pourrie que je me méfie de toute information que je pourrais en extraire. Parfois ils m'aident à retrouver un article dont mon souvenir est trop vague pour donner des mots-clés utiles, mais je pense qu'un BM25 du texte me rendrait plus de services.

La source

Les tags source sont les plus fiables, parce qu'ils représentent une réalité objective enregistrée pour chaque entrée, mais ils sont aussi pratiquement inutiles tout seuls.

J'avais choisi de les inclure dès le début parce que j'avais l'impression que Lobsters est plus proche de mes centres d'intérêt que Hacker News, et je voulais vérifier et quantifier cette impression.

Mon intérêt

Malheureusement, les tags qui représentent mon intérêt font partie de ceux envers lesquels j'ai le plus de doutes.

J'étais partie avec une note sur 5, où un article « normalement intéressant » a 4, un qui m'enthousiasme inhabituellement a droit à 5, alors que s'il y a des morceaux pénibles ça tombe à 3. J'attribue 2 quand l'article dans l'ensemble me semble dispensable, au point que j'aurais préféré ne pas passer de temps à le lire, alors qu'il contient quand même quelques points intéressants. Alors qu'un 1 signifie une perte de temps complète.

Au tout début, j'avais imaginé que mes liens en vrac compteraient comme un 6, genre je suis tellement enthousiasmée que je les partage. Ça n'a tenu que quelques mois, et dès le numéro 11 mes liens un vrac sont un sous-ensemble relativement gros de la note 5.

Le plus gros problème, c'est que ce système de notation n'est pas très informatif, puisque les deux tiers des articles ont un 4 :

Répartition des 1000 iens triés par intéret

Et c'est même pire que ça, parce que je soupçonne que la différence entre un 3 et un 4 dépende plus de mon humeur du moment que des qualités intrinsèques de l'article par rapport à ma subjectivité personnelle.

En y ajoutant le fait que c'est rare que j'arrive au bout d'un article complètement inintéressant, donc en réalité il n'y a vraiment que trois catégories plutôt que six : extrêmement intéressant ou peu intéressant, à 4 % chacun, et commun pour les 92 % restants.

Comme je me suis embêtée à faire la ventilation des notes par sources, je vous partage le graphique, même si je ne trouve pas grand-chose à en dire :

Répartition des 1000 iens triés par intéret et par source

Il y a bien un léger décalage en faveur de Lobsters, mais à ce stade ça pourrait être un biais personnel aussi bien qu'un vrai signal.

Je pense que la différence entre Lobsters et Hacker News est plus flagrante en amont : sur les 106 329 liens qui sont passés sur #gcufeed pendant ces 572 jours, il y en a 40 290 qui viennent de Hacker News, contre 13 200 qui viennent de Lobsters. Donc mon intuition de l'intérêt en ne voyant que le titre a l'air assez bien calibrée.

En passant, maintenant que j'ai sorti ces nombres, je suis étonnée d'être à ce point sélective sur les liens de #gcufeed que je suis. Je m'attendais à quelque chose comme 10 %, voire plus, alors que c'est plutôt de l'ordre du pourcent.

Les qualificatifs

Je mélange un peu les tags de fond et les tags de caractéristiques, et ça ne me semble pas très satisfaisant, mais c'est loin d'être ma seule source d'insatisfaction.

Ce qui me déplaît le plus, c'est que je n'arrive pas toujours à penser à tous les tags appropriés, et il n'y a pas vraiment de catégories que je pourrais systématiquement vérifier.

Résultat, si j'attribue un tag à un article, j'ai raisonnablement confiance dans le fait qu'il s'applique (quoiqu'avec les difficultés habituelles des limites floues), mais l'absence d'un tag ne veut pas du tout dire qu'il ne s'applique pas.

Je n'ai donc pas l'impression de pouvoir tirer de conclusion des populations de tags.

En plus pour mon utilisation personnelle, à chaque fois que j'ai essayé d'utiliser les tags pour affiner mes recherches d'un article dont j'ai un vague souvenir, ça ne m'a rien apporté, et dans beaucoup de cas ça m'a même ralentie, en comptant sur un tag qui n'était finalement pas là.

La publication

Après avoir tellement critique ce système de tags, on pourrait raisonnablement le penser condamner. En tout cas pour mon utilisation personnelle, les tags ne méritent pas l'effort de les poser.

Cela dit, les tags sont publiés dans mes flux Atom, sous forme de catégories, et ils sont peut-être utiles à quelqu'un qui suivrait ces flux. J'invite donc cette éventuelle personne à se manifester, parce que ça me demande suffisamment peu d'effort pour consentir à entretenir le système actuel s'il sert à qui que ce soit.

Et si vous avez des idées pour l'améliorer, je suis toute ouïe.

Appel au public

Dans tout ce qui précède, j'ai bien détaillé tout ce que fait pour moi mon gestionnaire de iens. C'est avant tout une application pour moi, qui a ses défauts, mais qui remplit un rôle précieux dans l'organisation des informations que je choisis de suivre.

Il y a des sous-produits que sont les flux Atom des iens dans ma pile‐à‐lire, des iens lus et classés, et des iens tellement bien qu'ils sont ou seront dans un billet « en vrac ». Ces flux ne me servent à rien, puisque j'ai tout ça dans l'application.

Je fais donc appel à vous, cher public, sur l'intérêt et les éventuelles évolutions de ces flux. Y a-t-il au moins une personne qui se sert de l'un de ces flux ?

Ils me demandent tellement peu d'effort, qu'une seule personne utilisatrice suffirait largement à justifier leur existence, mais s'ils n'intéressent littéralement personne, ils risquent de disparaître la prochaine fois qu'ils réclament mon attention.

Et si quelqu'un s'en sert, est-il ou sont-ils satisfaisants ? Puis-je faire quelque chose pour faciliter leur utilisation ? Les tags ou catégories ont-elles le moindre intérêt ?

Dans un certain sens, les billets En vrac sont aussi des sous-produits de l'application, et le dernier commentaire de Balise est une indication suffisante pour que je préserve cet aspect de l'application et de mon weblog.

Publié le 31 juillet 2025

Tags : Appel au public Autoexploration Évènement Site

En vrac 12

On dirait que ça fait plus d'un an que je ne vous ai pas infligé un billet de liens en vrac, alors que je voulais améliorer la fréquence…

Je traverse un peu une crise de foi : autant je suis largement convaincue par mon gestionnaire de iens pour mon usage personnel, autant j'ai des gros doutes sur la pertinence de mon classement niveau « en vrac » et je me demande si ça intéresse qui que ce soit.

Donc si d'aventure un lecteur passait par ici avec un intérêt manifeste pour cette liste sélectionnée aux p'tits ognons malgré ses défauts, n'hésitez pas à me le faire savoir avant que je la ferme.

En attendant, voici la fournée que j'ai choisie pour vous :

Publié le 13 juillet 2025

Tags : En vrac

Entretien et réparation

Une des ruptures majeures que je retrouve régulièrement entre mes valeurs et la société de consommation qui m'entoure concerne la quantité d'efforts et de compétences dans l'entretien et la réparation des objets du quotidien.

Pour moi, il me semble naturel d'agir sur le monde autour de moi, et dans un certain sens de le soumettre à ma volonté, c'est-à-dire faire en sorte de modifier mon environnement immédiat dans un sens qui est « meilleur » suivant ma propre échelle de valeur, et à plus forte raison quand cet environnement est le produit de l'humanité. J'ai conscience des ramifications potentiellement problématiques de ce fondement idéologique, mais ce n'est ici que je vais l'explorer.

Donc quand un outil ou un appareil ne me donne pas satisfaction, il me semble naturel et normal de chercher comment agir dessus pour améliorer cette satisfaction. Ce qui peut aller de la réparation à la restauration, voire jusqu'au hacking dans le sens noble du terme.

À l'inverse, j'ai l'impression que le monde autour de moi conspire à vouloir définir la normalité comme jeter un objet qui ne donne pas satisfaction, et en acheter un autre qui donnerait plus de satisfaction. Et éventuellement sous-traiter l'entretien et les réparations obscènement mineures, comme une sorte d'abonnement.

Du coup, c'est délicieusement rafraîchissant de trouver des poches de résistance dans lesquelles j'ai l'impression que la norme largement partagée est plus proche de mes valeurs profondes que de la société de consommation que je vomis. Les poches en question sont pour la moto et le vélo.

Et ça rend d'autant plus contrariant le fait de ne pas réussir à trouver satisfaction dans ce qui devrait être une utopie idéologique pour moi.

Parce qu'autant je veux être capable de faire l'entretien et les réparations basiques sur ma moto et mon vélo (et tout le reste), autant je n'arrive pas à trouver suffisamment de confiance dans mes compétences mécaniques pour y miser ma vie (dans le cas de la moto) ou mon confort pendulaire (dans le cas du vélo).

Dans la mise en pratique, je me suis heurtée au manque de clarté de la frontière entre ce qu'il est raisonnable de faire soi-même et ce qu'il faut raisonnablement sous-traiter à un professionnel, et au manque de sources d'informations dans lesquelles j'ai confiance pour acquérir les compétences que je veux maîtriser.

Voici à peu près mon état d'esprit général dans lequel j'écris ce billet. La suite va se limiter au vélo, et décrire mes mésaventures plus ou moins récentes.

Changement de chambre à air

Le coin de la frontière que j'ai le plus exploré est le remplacement de chambre à air, surtout quand il s'agit de l'arrière, et à plus forte raison dans un vélo à courroie comme l'Eovolt City X.

À froid, ça a l'air complexe à démonter, et le nombre d'occasions d'erreurs catastrophiques au remontage me donne sérieusement envie de sous-traiter.

D'un autre côté, j'ai arrêté de compter le nombre de personnes qui ont l'air de prendre ça comme une opération de routine pour n'importe quel cycliste. Y compris des gens qui ont un intérêt financier direct à ce que je sous-traite (mais qui ont professionnellement les compétences qu'il faut pour le faire sur le bord de la route sans compétence catastrophique).

Donc je me suis fait violence, je me suis jetée à l'eau, et j'ai regretté.

Première réparation (octobre 2022)

Photos de ma première crevaison

J'ai raconté dans Le vélo et moi ma première crevaison, sur la roue arrière de l'Eovolt, en octobre 2022. J'ai réparé la chambre à air in-situ, sans rien démonter du vélo, juste en sortant le pneu de la jante pour accéder à la chambre à air, et en le remettant ensuite.

Il est probablement pertinent de préciser à ce stade que la réparation a été faite avec un kit Velox avec rustines, colle à rustines, et démonte-pneus.

Deuxième réparation (octobre 2024)

Photos de ma deuxième crevaison

Ma deuxième crevaison enregistrée à eu lieu en octobre 2024, et je trouve cet intervalle de deux ans très suspect, il faudra que je vérifie que je n'ai rien oublié. Admettons pour l'instant.

J'en profite pour saluer la robustesse des pneus Schwalbe Big Apple, livrés avec ce vélo, pour que la crevaison demande un morceau de verre aussi gros, et qu'un seul des deux morceaux de verre sur la photo n'arrive jusqu'à la chambre à air.

J'ai appliqué le même traitement à mon Vektron, parce qu'un dérailleur ce n'est pas tellement moins impressionnant qu'une transmission à courroie.

J'avais acheté entretemps une boîte de rustines autocollantes Muc-Off, et je n'ai manifestement pas réussi à boucher le trou avec, et je n'ai jamais réussi à les faire coller. J'en ai eu tellement marre que j'ai ressorti le kit Velox, et la colle à rustine entamée deux ans plus tôt s'est révélée plus efficace que ces rustines autocollantes.

Cette réparation n'était pas super-satisfaisante, avec une fuite de l'ordre de 0.3 bar/j, soit dix fois plus que la perte de pression considérée comme normale (de l'ordre d'un bar par mois, à ce qu'on m'a dit).

Au bout d'un mois j'ai fini par tenter l'ajout d'étanchéifiant dans la chambre à air, et ça a été efficace pendant au moins quatre mois.

Troisième réparation (avril 2025)

Le clou dans mon pneu avant

Ma troisième crevaison enregistrée a eu lieu six mois après la précédente, et il me semble que deux crevaisons par an est un rythme considéré comme normal par beaucoup de gens avec qui j'en ai parlé depuis que je fais des trajets pendulaires à vélo.

Cette fois c'était la roue avant, et un clou au lieu d'un morceau de verre.

J'ai fait comme d'habitude : pousser le vélo sur quelques kilomètres, et démonter le pneu pour colles des rustines in-situ.

Contrairement à d'habitude, je me suis retrouvée avec trois rangées de trous sur plus de dix centimètres de long, probablement avec le pneu qui glisse par rapport à la jante et à la chambre à air (couplée à la jante par sa valve). Je ne sais pas expliquer les trois rangées de trous ; le clou qui troue de part en part n'en explique que deux. Peut-être la jante ?

J'aurais probablement dû retirer le clou avant de pousser le vélo sur plusieurs kilomètres.

Ou écouter tous les gens qui disaient de changer la chambre à air sans se poser de question.

Une rangée de rustines

J'ai quand même essayé d'empiler les rustines autocollantes Muc-Off, et j'ai aussi fini mon stock de rustines à colle, et je n'avais toujours pas tout couvert.

Sur la photo ci-contre, on voit déjà une rangée de rustines, pour illustrer l'étendue de la zone affectée, avant que je découvre qu'il y a deux autres rangées de trous (une au-dessus et l'autre au-dessous), sur à peu près la même longueur.

Comme c'est la roue avant, c'est la version facile du démontage, alors j'ai pris mon courage à deux mains et une chambre à air neuve dans l'autre.

Et ça m'a explosé à la figure. Littéralement. Peu après avoir passé 2 bars, au moment de regonfler après avoir tout remonté.

chambre à air explosée

Il paraît que les dégâts sont typiques d'une chambre à air pincée, mais j'avais pré-gonflé la chambre à air (autour de 0.4 bars) avant de remonter le pneu, donc je ne sais pas trop ce qui a pu se passer.

La chambre à air suivante était la bonne, et j'ai pu remonter la roue, et tout s'est bien fini ensuite.

En dehors du fait que le gonflage de cette chambre à air est un peu étrange, encore aujourd'hui : dans la dizaine de secondes qui suit un pompage, il y a 0.3 à 0.5 bar qui partent mystérieusement. J'ajuste la consigne en conséquence, et ça se finira à la pression que je veux.

Quatrième réparation (mai 2025)

Comme dit plus haut, l'effet de l'étanchéifiant dans la roue arrière a commencé à s'estomper dans les quelques mois qui précédaient, et après la réussite pour la roue avant, j'ai décidé de tenter le remplacement de la chambre à air arrière.

J'ai peut-être un peu trop pris la confiance, j'ai probablement sous-estimé la complexité d'un dérailleur, mais j'ai eu l'impression de réussir à m'en sortir.

J'ai été un peu surprise du peu de tension dans l'écrou de l'axe, mais j'ai le nécessaire pour que le disque du frein ne touche aucune des deux plaquettes, donc j'ai supposé que c'était bon.

Dans les trajets suivants, j'ai tout de suite remarqué que les vitesses passaient beaucoup moins bien. J'ai supposé simplement que j'avais simplement déréglé le dérailleur.

Et puis j'ai déraillé pour la première fois, vers l'intérieur. Il m'a fallu vingt minutes pour remettre le plateau, et j'ai soigneusement évité la première vitesse (de peur de passer la zéroïème), mais j'ai pu repartir.

Et puis quelques trajets plus tard, 50 km après le remplacement de la chambre à air arrière, j'ai senti le frein arrière tout mou. Je me souviens plus exactement comment j'ai fini par comprendre le problème, mais le disque était sorti de l'étrier, parce qu'un côté de l'axe de la roue était sorti de sa place.

J'ai remis la roue comme j'ai pu, et je suis allée voir le mécanicien pour lui demander de faire le tour. Il n'a rien trouvé à redire, à part que mes plaquettes de frein sont à changer de toute urgence.

J'ai le vague souvenir que quand des plaquettes se touchent, elles se collent définitivement, et je me demande si ce n'est pas ça plutôt que l'usure qui les a achevées.

L'entretien

Suite à ces conséquences qui ont battu mes records de catastrophisme dans ma vie de cycliste, j'ai pris rendez-vous au plus tôt pour que des professionnels fassent le tour complet du vélo, même si j'avais plusieurs mois d'avance sur l'entretien annuel.

Et pour faire ça au plus tôt, j'ai pris rendez-vous chez un mécanicien près du boulot plutôt que près de chez moi.

C'était fort intéressant, mais ses remarques me laissent avec plus de questions que de réponses.

La lubrification

Il paraît que ma chaîne et ma cassette étaient très usées, et à la limite de la rupture.

Mais en même temps il me disait que 3640 km avec la transmission d'origine, c'est très bien, surtout avec un « gros » moteur (Bosch performance) et qu'il a vu des vélos avec une transmission à changer après 1800 km.

J'avoue que j'ai complètement négligé la lubrification de la chaîne, mais j'imagine que les techniciens s'en sont occupés à chaque révision.

D'un autre côté, il semblait dire que la façon de rouler joue aussi, et que mon habitude de démarrer sur la vitesse la plus facile aide à prolonger la vie de la transmission.

Résultat, je ne sais pas du tout où j'en suis, sur ce résultat ; mais surtout, je n'arrive pas du tout à savoir quelles « bonnes pratiques » sont vraiment pertinentes.

Ça va trop me saouler de dégraisser et relubrifier la chaîne tous les week-ends, donc il va falloir trouver un protocole pas trop chiant, pour que j'arrive à me motiver pour le faire, mais suffisamment efficace dans ce cadre.

Je suis d'autant plus perplexe que je suis à peu près sûre de ne jamais avoir senti la transmission aussi peu résistante qu'en sortant de cette révision. Y compris tous les passages précédents à l'atelier. Y compris dès l'achat, pour autant que je me souvienne.

J'ai fait de mon mieux pour mémoriser les impressions physiques depuis, pour avoir au moins un élément d'évaluation du niveau de lubrification.

Le nettoyage

Il a fait un nettoyage complet de mon vélo.

Pourquoi pas hein, c'est gentil. Et puis ça au moins c'est un truc à ma portée.

Mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

Est-ce que c'est utile de risquer une catastrophe comme mon seul démontage de roue arrière, juste pour retirer la boue accumulée dans le garde-boue ?

Est-ce qu'il y a une conséquence, en dehors de l'esthétique, au transport de toute cette boue et toute cette poussière collées ?

Le reste

Il a remarqué que l'axe de la roue arrière était monté à l'envers.

Effectivement, si on vérifie sur la page de Tern, on peut voir sur les photos officielles que le quick release est à gauche sur la roue avant, mais à droite sur la roue arrière.

Donc a priori, celui qui m'a installé les axes antivols n'y a pas fait attention, et a posé les deux vers la gauche.

Je n'ai aucune idée des conséquences que ça peut avoir, mais ce ne serait pas invraisemblable que ça ait contribué à ma catastrophe de roue arrière.

Mais à un niveau meta au-dessus, j'ai l'impression qu'il y aurait des choses à conclure du fait qu'il ait vu ce détail, qui a été raté à la première livraison et aux révisions suivantes.

D'un autre côté, c'est peut-être dangereux d'en déduire quelque chose sur le niveau général de compétence de ce mécanicien.

Dans le même genre, il a resserré la charnière centrale, et de façon beaucoup plus forte qu'elle n'a jamais été sur ce vélo, au point que j'ai du mal à la manipuler. Mais si l'alternative est une défaillance de cette charnière, je préfère largement en baver un peu plus à chaque pliage et dépliage.

Et cette fois encore, je me demande si c'est une compétence rare dont j'ai eu la chance de bénéficier, ou juste du show. C'est une modification spectaculaire et marquante, pour faire face à une menace informe, et qui peut prévisiblement construire une illusion de compétence.

Bref, c'est exactement le genre de lubrifiant social qu'il faudrait pour faire passer une facture gonflée (si tant est que 214 € pour une révision de vélo soit gonflé) tout en se faisant bien voir.

Comment distinguer le vrai artisanat de qualité du commerçant qui roule des mécaniques ?

Conclusion

J'ai détaillé tout ça d'une part pour documenter ma vie, parce que j'ai déjà perdu des détails que j'aurais bien aimé garder, pour que moi‐du‐futur puisse s'en servir, et d'autre part parce que c'est une illustration représentative de ma relation avec beaucoup d'autres objets.

Pour compter sur mon vélo pour faire des trajets pendulaires, j'ai besoin d'avoir l'impression de pouvoir compter dessus, ce qui veut dire entre autres être capable de gérer une crevaison à plusieurs kilomètres de chez moi et de mon bureau. Même si j'ai une réunion importante ce matin-là.

Pour accepter qu'un objet ait une place importante dans ma vie, j'ai besoin d'avoir l'impression de pouvoir gérer d'une façon ou d'une autre les défaillances vraisemblables, et de pouvoir maintenir cet objet en conditions opérationnelles.

Les compétences de maintien en conditions opérationnelles servent non seulement directement, pour le faire, et aussi indirectement, pour avoir un regard critiques sur le travail et les conseils des professionnels dont je dépends pour ce qui va au-delà de l'entretien de base. Et surtout pour savoir où est la frontière entre ce que je peux faire et ce qu'il faut laisser aux professionnels.

Suis-je ou non censée être capable de :

Et surtout, comment suis-je censée trouver la réponse à ces questions et à toutes les innombrables variations ? Comment acquérir les compétences que je juge être censée avoir ?

Quand j'étais plus jeune, j'aurais fait confiance à mes recherches sur grand 'ternet pour y répondre.

Déjà avant la généralisation du slop, le SEO m'a fait perdre cette confiance. Dès que mes recherches m'amènent vers des pages dont le contenu pourrait avoir le moindre impact commercial, je commence à tout remettre en question. Le slop a généralisé ce scepticisme stérile aux pages dont le contenu pourrait avoir le moindre impact idéologique.

Et maintenant, je suis forcé de constater que ce scepticisme stérile n'est même plus limité aux pages internet. Quand j'ai un authentique mécanicien en chair et en os en face moi, je me demande s'il donne des conseils utiles ou s'il essaye de faire passer une facture gonflée.

Je ne sais plus rien faire, le Doute a tout mangé.

Publié le 30 juin 2025

Tags : Autoexploration Évènement Réflexion

Filler

Ça fait depuis longtemps que je ne cache plus de tenir un rythme mensuel de publication sur weblog uniquement pour l'esthétique de la section « archives », parce que pour des raisons plus ou moins arbitraires j'ai fait ce moteur de weblog en considérant les archives comme une collection de tags comme une autre, et qu'un tag existe spontanément dès qu'une page le référence, et cesse d'exister tout aussi spontanément en l'absence de référence. Donc un mois sans publication n'est pas un mois vide, mais une absence complète dans le calendrier.

Si j'ai plusieurs fois publié in extremis des billets en fin de mois, c'est la première fois que je fais ouvertement un billet de remplissage. J'espère que ça ne va pas devenir une habitude.

Distribution des positions dans le mois des dates de
publications de mes billets de weblog, qui montre une augmentation en fin
de mois et un pic le dernier jour du mois

Histoire de mettre quand même un minimum de substance dans ce billet, le graphe ci-dessus montre la distribution des dates de publications dans leur mois, qui est à peu près uniforme avant une augmentation pendant la dernière semaine du mois, et un pic encore plus prononcé le dernier jour du mois.

Et pour mettre encore plus de substance, j'ai dressé une petite liste des sujets qui auraient pu me servir de billet pas‐de‐remplissage s'ils avaient été un peu plus avancés. Il n'est pas exclu du tout que des futurs billets piochent dans cette liste, moralement ce sont plus des teasers (même si j'en abandonnerai peut-être quelques-uns) que des capitulations (quitte à en déterrer quelques-unes).

Difficulté à faire des trucs

La principale raison pour laquelle aucun sujet n'a abouti, c'est que j'ai beaucoup de mal à faire des trucs ces jours-ci (disons depuis plusieurs mois, peut-être un an, voire deux, mais pas plus).

Je ne sais pas si c'est juste de la fatigue, ou quelque chose de plus inquiétant qui pourrait relever de choses comme de la dépression, du brownout, des séquelles de commotion, ou autre chose qui affecterait mes fonctions exécutives.

Je ne sais pas non plus si ça s'est accentué ces derniers mois, ou si j'ai juste plus d'obligations qui laissent moins de place aux loisirs, ou si c'est intrinsèquement stable et la seule accentuation est mon attention sur cette question.

Bref, aujourd'hui je n'ai pas de description plus claire que ça, et ce n'est pas mon genre de faire un billet pour trois pauv' paragraphes.

Je sais mieux ce que ça n'est pas, et c'est comme ça qu'est né le billet précédent où je parlais de ma version de la crise de la quarantaine. Je ne suis toujours pas sûre qu'on puisse vraiment parler de « crise », mais ce que j'y décris est quelque chose qui dure depuis plus longtemps et qui me gêne beaucoup moins.

Nouveaux jouets

Traditionnellement le mois de mai est le mois de l'inventaire, et en début d'année j'espérais avoir un Go Bag concret ce mois-ci (raté), ou au moins avoir fini mes réflexions autour de « couverts d'EDC » en parallèle de mes couverts de voyage (raté aussi), que je pourrais montrer avec les autres évolutions de mon EDC (qui finalement se limitent à des yubikeys et un tournevis que je ne suis plus sûre de garder en EDC).

Bref, à peine de quoi faire un paragraphe, pas de quoi faire un billet.

Aventures mécanico-cyclistes

J'ai encore crevé, et comme la première fois j'en sors gravement saoulée, et avec l'envie de jeter complètement ce moyen de transport, sauf que toutes les alternatives disponibles sont encore moins à mon goût.

Comme on m'a répété plusieurs fois que les rustines ce n'est pas génial et que changer une chambre à air c'est un truc de routine qu'un cycliste de base fait au bord de la route, j'ai eu l'arrogance de croire que c'était à ma portée, et mes deux chambres à air ont été changées ces deux derniers mois.

Et trente kilomètres après avoir changé celle de la roue arrière, j'ai fait face à mon premier déraillage. Et vingt-cinq kilomètres plus loin, j'avais l'axe de la roue arrière luxé de 2 cm, le disque de freinage hors de portée des patins, la roue voilée, et tous les choix de vie qui m'ont menée jusque là remis en question.

J'imagine que je pourrais tenir un billet en décrivant tout ça avec le niveau de détails qui hante habituellement ces pages, mais quoi bon ? La plus grande partie de la frustration vient de ne pas en avoir tiré de leçon.

Il est clair que la crevaison est un risque non-négligeable, qui a l'air de m'arriver environ deux fois par an, ce qui a l'air « normal » pour tous les gens avec qui j'en ai parlé, et je ne vois aucun moyen supportable d'y faire face.

Mise à jour : j'en ai finalement un long billet le 30 juin 2025, plein de détails et de questions mais sans leçon : Entretien et réparation.

Nouveau clavier

J'ai acheté des claviers séparés, un Elora pour chez moi et un Ferris Sweep au boulot, que j'ai configurés en Ergo-L.

Ça fera presque sûrement l'objet d'un billet futur, où je détaillerai mes motivations (enfin, le peu que j'en comprends) et le processus de mise en place.

J'en suis au stade où c'est utilisable, avec une vitesse de frappe trois fois plus lente que mon clavier habituel et des fautes de frappes trois fois plus fréquentes.

Et surtout au stade où je suis embourbée dans la question « à quoi bon ? », sans avoir quoi que ce soit à mettre en face.

Les switches Boba 4U 62 g sont trop durs pour moi, les Ambients Twilight 35 g sont trop mous, ou trop linéaires, et aucun des deux ne me procurent le plaisir tactile de Topre. J'aime beaucoup la réduction de bruit, mais si même Linus Torvalds n'arrive pas à s'y faire en six mois, j'ai du mal à espérer y arriver sans douleur.

Changement de thème de couleurs

Ça fait déjà sept mois que j'ai publié le billet Désolarisation, 43 minutes avant la fin du mois, avec mon envie de me débarrasser de Solarized mais sans avoir trouvé de remplaçant satisfaisant.

Je cherche encore, mais entre Selenized, Catppuccin, Dimidium, et Lunaria, j'ai ce qu'il me faut en palettes, je verrai au quotidien lequel me plaît le plus.

Ce qui me manque cruellement, c'est une configuration logicielle qui se restreint aux 16 couleurs ANSI, surtout pour vim ou neovim (en dehors de la coloration syntaxique, je devrais pouvoir le faire à la main). Je suis en train d'envisager sérieusement de laisser tomber la recherche et d'apprendre à faire ça moi-même, soit en suivant les guidelines de Catppuccin avec l'affectation que j'aurai choisie aux 12 couleurs ANSI, soit en inventant moi-même quelque chose sur les couleurs ANSI, adaptées suivant une palette ou une autre.

Mise à jour : j'ai commencé à faire cette configuration, en modifiant a minima ma l'aspect actuel, et j'ai expliqué le processus dans un long billet le 30 septembre 2025 : Solarized, mais ANSI.

Publié le 31 mai 2025

Tags : Évènement Site

Crise de la quarantaine

Avertissement : J'ai un peu de mal à écrire ce billet parce que toutes les formulations que je trouve me donnent l'impression d'être beaucoup plus dramatiques que ce que je voudrais exprimer. Donc finalement je vais garder les mots « crise », « problème », autres du même niveau d'intensité, quitte à faire « tempête dans un verre d'eau » au début. J'espère qu'à la fin de ce billet les choses seront plus claires.

Je pourrais faire le même avertissement sur « de la quarantaine », parce qu'il est de fait que je suis quadragénaire, mais je ne vois pas trop le rapport avec ce que je vais décrire dans ce billet.

J'imagine que c'est quelque chose qui peut se produire après une certaine période de stabilité et qui pourrait donc se retrouver régulièrement dans la même tranche d'âges, mais je me garderai bien de généraliser quoi que ce soit dans mon vécu personnel.

Ça va bien

Je vais encore en rajouter une couche, mais subjectivement, je vais très bien, aussi bien physiquement que psychologiquement. C'est important de (re)commencer par là, parce qu'en zoomant sur des détails on perd facilement le sens de leur proportion.

Depuis plus de quinze ans, ma vie n'a pas arrêté de s'améliorer, selon les critères que je juge pertinents pour la qualifier d'« heureuse » ou de « satisfaisante ».

Cette amélioration continue dure même depuis plus de vingt ans, si on accepte de négliger quelques régressions dont la durée et l'amplitude me semblent négligeables à l'échelle de ma trajectoire sur ces vingt années.

Et je ne remonte pas plus loin dans le passé parce que je manque de mémoire (tant en quantité qu'en fiabilité des souvenirs), et non pas parce que la tendance ne va pas plus loin.

Bref, je vis ma meilleure vie. D'ailleurs je me demande si ça ne fait pas partie du « problème ».

Le sommet dans le brouillard

J'en suis arrivée là parce que les décisions dans ma vie sont globalement prises pour obtenir une satisfaction immédiate ou pour investir dans quelque chose qui devrait fournir une satisfaction future.

Dit comme ça, on pourrait appeler ça un « processus d'optimisation », parce que c'est un schéma tellement courant en ingénierie qu'il a un nom et des techniques et des savoir-faire qui vont avec.

J'ai vu passer il y a quelques mois un article de Near qui applique ce principe à la personnalité. Je ne vais pas jusque-là, mais c'est vrai que c'est un outil transposable dans plein d'autres aspects du quotidien.

Bref, en termes grand-public, je cherche à améliorer ma vie petit-à-petit, au quotidien, une petite décision après l'autre. C'est comme si je cherchais à atteindre un sommet en me disant que c'est vers le haut, et qu'il suffit de monter tant qu'on peut.

Un défaut bien connu de cette technique est le risque de se retrouver coincé dans un « extremum local », c'est-à-dire qu'une fois que je suis tout en haut de la colline du coin, il n'y a plus moyen de monter, et s'il y a une montagne dans les parages, il faudra d'abord descendre avant de pouvoir l'atteindre.

Sauf que dans un paysage par temps clair, on peut voir facilement les alentours et déterminer si une colline plus haute se trouve à proximité. Dans les problèmes d'ingénierie comme dans ma recherche de satisfaction dans ma vie, la visibilité est beaucoup plus mauvaise, et descendre de son sommet de colline est un pari. Un pari sur la possibilité, ou non, de trouver plus haut dans la direction choisie, de préférence sans passer trop de temps dans une vallée trop profonde.

Et pour compliquer encore les choses, l'ingénierie informatique propose des sauvegardes pour les cas où on perd le pari, alors que dans ma vie j'ai l'impression d'avoir en plus du brouillard un très mauvais sens de l'orientation, au point que quitter mon sommet de colline porte un gros risque de ne plus jamais pouvoir le retrouver si le pari n'est pas gagnant.

Comme dit plus haut, je vis aujourd'hui ma meilleure vie, jusqu'à présent. Ça monte encore un peu, mais dans l'ensemble je suis arrivée déjà très haut, beaucoup plus haut que j'aurais pu imaginer il y a vingt ans, ou même il y a dix ans.

Et je suis déjà arrivée tellement haut que si je me mettais à descendre dans une direction au hasard, il y a de fortes chances que je ne revienne jamais aussi haut.

La prime à la fidélité

Pour donner un exemple plus concret, mon travail me plaît bien ; rien ne m'empêche de démissionner pour aller tenter ma chance ailleurs, mais de ce que je connais du marché de l'emploi actuel ce serait beaucoup d'efforts pour se retrouver avec un emploi qui me plaît moins. Un peu comme relancer un dé alors que j'avais déjà obtenu 5, ça peut être mieux, mais pas de beaucoup, et ça a beaucoup plus de risques d'être bien pire.

Donc je ne vais pas faire ça.

Et plus je « fais mon trou », ou plus je m'investis dans les relations et dans l'infrastructure de mon travail, plus j'améliore ma situation actuelle, mais plus je perdrais en repartant de zéro ailleurs.

C'est encore plus marqué dans les contextes amoureux et amicaux, où l'investissement non-transférable « normal » est beaucoup plus haut que dans l'emploi salarié (surtout en SSII).

Cette « prime à la fidélité » fait naturellement émerger un effet Lindy : plus on reste longtemps dans un de ces contextes, plus on a tendance à rester longtemps.

Et j'imagine qu'au bout d'un moment, quand on est resté dans un poste ou un couple ou un cercle amical suffisamment longtemps, on peut avoir l'impression de ne plus pouvoir en sortir sans un évènement négatif majeur.

Je ne serais pas surprise que les trajectoires de vie « normales » conduisent à ce stade à peu près vers la même tranche d'âges.

Ma version de la crise de la quarantaine

Mais en quoi est-ce un problème d'être « bloqué » dans une situation positive juste par le fait qu'elle est plus positive que les alternatives ?

Sans aller jusqu'à des expressions douteuses comme « cage dorée », il y a tout simplement le fait que ces situations positives ne sont pas parfaites. Il y a des points négatifs, des nuisances mineures, bref des compromis. Mes efforts continus d'amélioration de mon sort ont beau chercher à les éliminer, ou au moins les atténuer, il en reste toujours.

Et ceux qui restent sont majoritairement ceux contre lesquels je me bats depuis le plus longtemps, en vain.

Et à la longue, ça saoule.

Je rechigne à donner des exemples, parce qu'ils sont vraiment négatifs et mineurs, au point que les nommer ici serait leur donner une importance disproportionnée. En plus du fait que la plupart ne rentrent pas dans ma ligne éditoriale, que la majorité ne peuvent être communiquées sans un contexte beaucoup plus grand qu'un billet entier de weblog, et que ça met sous une lumière défavorable toutes les personnes impliquées, moi comprise.

DÉBUT D'ENCADRÉ OPTIONNEL

Si vraiment il vous faut un exemple, fût-il vague, on pourrait prendre la tendance de ma hiérarchie professionnelle à répondre par la crispation autoritaire à la demande de compréhension des règles mises en place.

Ou mon (impression de) manque sommeil chronique, qui est ces jours-ci principalement causé par mon emploi du temps qui est lui-même le résultat d'un compromis entre mon principal cercle amical d'un côté et mon trajet pendulaire (lui-même résultat de ma situation professionnelle, ma situation géographique, et ma situation de couple) de l'autre.

FIN D'ENCADRÉ OPTIONNEL

Intellectuellement, je vois très bien que tous ces compromis sont largement en ma faveur, et que tous ces points négatifs sont ridicules comparés aux versants positifs auxquels ils sont attachés. C'est évident. Mais émotionnellement, ça saoule quand même.

Il y a une (petite) partie irrationnelle au fond de moi qui en a marre de ces points négatifs, et de ces compromis. Qui aime beaucoup le mot « s'encroûter », que j'ai rencontré il y a quelques années, avec toute la connotation négative que je lui trouve, pour désigner la situation actuelle. Qui en a marre de ce sommet de colline, et qui veut se casser de cette plaine pour aller gravir une vraie montagne. Qui veut tout brûler pour tout reconstruire en beaucoup mieux. En parfait.

Cette partie de moi est fermement maintenue sous contrôle par une partie de moi beaucoup plus pragmatique. Je reconnais cependant les envies qu'elle suscite, et je peux tout à fait imaginer comment y succomber pourrait me conduire au type d'actions qui évoquent l'archétype populaire de la crise de la quarantaine.

Et maintenant ?

La rédaction de ce billet arrive relativement tard dans cette histoire. Il a fallu d'abord que j'identifie ce sentiment, puis que je l'affronte, que je lui permette de passer sur moi et au travers de moi, pour ensuite tourner mon œil intérieur sur son chemin.

Tout cela étant fait, se pose maintenant la question de qu'y faire.

Jusqu'à présent, j'ai intuitivement géré ce sentiment dans l'univers hypothétique : si un glissement de terrain détruisait ma colline, il n'y aurait plus de sommeil auquel m'accrocher, et je pourrai sereinement aller chercher une montagne ailleurs.

Les gens sont parfois surpris que j'emploie des expressions comme « quand je serai virée » ou « quand mon homme me jettera dehors » alors qu'il n'y a pour l'instant rien qui puisse me laisser penser que ces hypothèses soient plus d'actualité ou probables qu'à n'importe quel autre moment de ma vie.

D'une part, j'ai conscience du bouleversement majeurs que ces situations hypothétiques provoqueraient dans ma vie, au point que je trouve que c'est un bon investissement intellectuel de passer un peu de temps à y réfléchir s'y préparer et éventuellement prendre quelques mesures bon marché qui en mitigent les conséquences.

Mais d'autre part, c'est aussi une façon d'explorer le monde imaginaire où je ne suis pas prisonnière du confort de ma situation présente, et où il est raisonnable d'aller chercher d'autres situations où toutes ces irritations mineures n'existent pas.

Je suis aussi sensible à l'approche de ce que j'ai assimilé du stoïcisme, à compter sur l'utilisation de mon autonomie intellectuelle pour me détacher des pulsions que je subis et sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. C'est juste une description un peu plus noble de la « partie de moi plus pragmatique » que j'ai évoquée plus haut.

Et bien évidemment, je vais continuer d'essayer d'améliorer petit-à-petit ma vie sur tous les fronts, y compris tous les irritants mineurs, parce que leur irritation croissante rend leur amélioration de plus en plus positive.

Cependant je reste un peu inquiète, parce que je m'attends à ce que l'irritation de cette crise continue de devenir de plus en plus forte au fil du temps, alors que l'imagination a ses limites et j'ai du mal à compter sur l'entraînement au stoïcisme pour y devenir moi-même perpétuellement de plus en plus forte.

Je pourrais espérer que ce soit juste une phase, et que ça finisse par passer tout seul, sauf qu'espérer n'est pas une stratégie.

Résultat, j'ai aujourd'hui dans la liste des catastrophes majeures potentielles dans ma vie l'hypothèse « quand je succomberai à la Crise de la Quarantaine », et je n'aime pas du tout le peu de mesures préventives ou mitigatives que j'arrive à mettre en face pour l'instant. Et je n'aime pas du tout le côté « catastrophe auto-infligée » de ce scénario, alors que j'ai l'impression de valoir beaucoup mieux que ça.

Je pense avoir encore au moins des mois avant que ça n'arrive, et j'espère pouvoir trouver prochainement suffisamment de mesures pour me rasséréner. Mais ce n'est toujours pas une stratégie.

Publié le 27 avril 2025

Tags : Autoexploration Évènement Humeur

Informatique personnelle distribuée

J'ai parfois l'impression de faire des trucs bizarres avec mes ordinateurs. Ou plus exactement, j'ai envie de faire des trucs qui m'ont l'air logiques et naturels, et je suis toute surprise d'avoir l'impression d'être la première à prendre les choses sous cet angle. Alors je me dis que ce n'est pas possible que je sois la première à avoir cette idée, et je me demande sérieusement comment les Gens Normaux sont censés faire.

L'itération présente est sévèrement geek, et la partie de mon lectorat qui n'a aucune idée de ce qu'est un script shell peut sereinement s'arrêter ici, je ne ferai aucun effort pour que ça leur soit accessible. Je rattraperai ça une autre fois, promis.

Le cas de base

Pour faire simple, quand j'ai un ordinateur et que je veux lui faire faire des choses répétitives, j'ai tendance à partir en premier sur le script shell. Pour diverses raisons je fais du shell POSIX de base, mais peu importe, le principe est que pour mon utilisation courante, je programme volontiers des séquences de commandes.

Comme (j'imagine) à peu près n'importe quel administrateur système UNIX, sauf s'il déteste son boulot au point de ne rien vouloir en savoir dans sa vie personnelle.

Les séquences d'opérations à mon initiative, c'est fort pratique, mais il n'est pas si rare que je veille que d'autres choses déclenchent des séquences d'opérations que j'ai choisies. La composabilité qui découle naturellement de la « philosophie UNIX » se traduit par l'existence d'outils qui me permettent d'« accrocher » un script shell à un évènement donné.

L'exemple le plus simple est cron, pour faire quelque chose régulièrement dans le temps. Des outils comme at et anacron le complètent pour affiner les critères temporels. filewatcherd et inotify font quelque chose quand un fichier change.

Le cas distribué

Et puis au fil du temps, mes moyens informatiques croissent, et le nombre d'ordinateurs qui me sont soumis croit également. Il arrive donc naturellement, me semble-t-il, de vouloir qu'un ordinateur fasse quelque chose en réaction à quelque chose qui se passe sur un autre ordinateur.

L'exemple le plus simple est la sauvegarde automatique, où l'émission depuis un ordinateur et la réception sur un autre doivent bien être coordonnées d'une façon ou d'une autre.

Là encore, rien d'extraordinaire pour la boîte à outil UNIX, ssh permet facilement l'exécution d'un script sur un ordinateur à l'initiative d'un autre ordinateur.

Sauf que ssh est un outil un peu trop puissant pour mon goût, au point que j'ai des réticences à ouvrir l'accès de tous mes ordinateurs à tous mes ordinateurs. Il suffirait qu'un méchant trouve une seule brèche dans mon système informatique pour avoir le contrôle total sur tout, et je n'ai pas assez confiance dans mes compétences d'administratrice système pour supposer qu'il n'y a aura jamais de brèche chez moi.

Dans une certaine mesure, on peut s'en sortir avec des contorsions. Par exemple un serveur SSH peut forcer une commande pour une certaine clef, et comme ça la cĺef de Manabiya qui sert pour les sauvegardes de Rebma ne donne pas d'autre accès, et Rebma n'a aucun accès à Manabiya.

Et puis il arrive un moment où les contorsions ne suffisent plus. Pour moi ce moment c'était la propagation des sauvegardes de mon téléphone sur Manabiya vers Ravenholdt, sans que l'éventuelle indisponibilité de Ravenholdt puisse gêner la sauvegarde principale sur Manabiya.

Alors d'accord, j'aurais pu continuer les contorsions pour résoudre ça, mais c'est le point où j'ai voulu arrêter d'envoyer des ordres d'un ordinateur à un autre, mais seulement des messages.

La communication entre machines

Je regarde d'assez loin la domotique depuis que j'ai découvert le concept (je crois que c'était dans un Science et Vie micro des années 1990s), mais ça ne m'a jamais enthousiasmée au point de passer à l'acte. Je crois que j'ai surtout été rebutée par l'impression de n'y trouver que des gadgets flashy alors que j'aurais sauté sur outils simples et composables genre « philosophie UNIX » (genre les trucs que fait Shelly ces jours-ci).

C'est comme ça que j'ai appris l'existence de MQTT, qui a toute la simplicité compréhensible que j'attends des outils dont je m'entoure.

Et puis sur #gcu, semarie m'a branchée sur les pages des Jan-Piet Mens, et j'ai trouvé la solution très séduisante.

En résumé, c'est un protocole très simple, qui a sans doute besoin de couches de plus haut niveau pour être vraiment utile, et donne une sorte de multicast sans le mal de crâne d'ingénieur réseau.

Concrètement, les clients envoient des messages sur des topics, l'un et l'autre étant de simples tas d'octets, et le broker diffuse les messages à tous les clients qui ont souscrit au topic correspondant.

MqttAgent

Il manquait juste un peu de composabilité pour mon goût, alors je l'ai faite moi-même, en collant un interpréteur Lua sur un client MQTT.

Je regrette un peu le mot « agent » dans le climat actuel saturé d'« intelligence artificielle », mais je n'ai pas trouvé mieux avant de me retrouver avec ce nom un peu partout.

C'est un peu comme un mqttwarn, mais je n'avais aucune envie de mettre un interpréteur python dans une de mes sjails.

J'ai entendu des mots assez fleuris envers les langages Go et Lua.

Je trouve que le Go est une alternative intéressante au Python, dont le déploiement est beaucoup plus facile (et qui évite tous les pet peeves qui m'irritent dans ce langage).

Lua a aussi son lot de défauts, mais sur le créneau des scripts shell je le trouve très compétitif, et sa facilité d'intégration avec les primitives du langage hôte le rend très opportun pour cette application.

Applications

Comme je m'y attendais, ouvrir un canal de communication entre mes ordinateurs et les traiter avec la puissance d'un vrai langage de programmation (fût-il Lua) permet de faire beaucoup plus de choses que juste éviter des contorsions.

Mon utilisation personnelle est à l'origine de tous les exemples dans le README de mqttagent, donc je ne vais pas reproduire le code Lua dans ce billet.

Propagation de backups

J'ai un topic pour chaque jeu de données sur chaque ordinateur qui le réplique, par exemple backup/manabiya/rebma pour les données de Rebma qui sont sauvegardées sur Manabiya. J'y mets le temps de réplication et l'éventuelle étiquette (quand ce sont des snapshots ZFS qui sont répliqués), mais c'est juste pour l'humain qui regarde.

Quand Manabiya voit un message backup/ravenholdt/rebma, c'est une confirmation que Ravenholdt est opérationnel, et Manabiya lance le rsync qui pousse les données de mon téléphone vers Ravenholdt.

Et voilà le problème initial résolu en trois lignes, sans contorsion.

Surveillance de backups

Avec un message à la fin de chaque réplication, une variable globale dans l'interpréteur peut compter les réplications qui se sont bien passées, et un timer peut vérifier périodiquement cette variable et alerter s'il en manque.

Je n'avais pas vraiment de surveillance avant, parce que ce n'est pas facile de trouver quelque chose qui fonctionne quand on sait qu'il y a un problème. Par exemple, si l'accès internet de Ravenholdt est coupé, il ne va pas pouvoir faire les sauvegardes qui l'impliquent, mais il ne va pas pouvoir alerter non plus. Donc il faudrait une surveillance séparée, par l'extérieur.

Alors qu'avec le message à la fin d'une réplication qui fonctionne, j'ai facilement et directement une surveillance fonctionnelle des sauvegardes elles-mêmes.

Transmettre des alertes

Je ne l'ai pas encore mis en place, mais il est facile de fournir un client HTTP dans l'environnement Lua, ce qui fait un pont entre les surveillances ci-dessus ou des topics particuliers et des alertes à base de pushover ou d'équivalent, voire de SMS.

Graphique de prise connectée

J'ai une prise connectée qui transmet son statut par MQTT, en bon élément domotique.

Je ne sais pas quelles solutions logicielles sont traditionnellement utilisées dans la domotique, mais mes serveurs ont déjà un µMon que je consulte régulièrement, autant ranger les données dans une autre RRD que je peux voir en même temps.

L'interface

Capture d'écran d'irssi dans le canal #mqtt

Les trucs automatiques, c'est bien, mais pouvoir garder un œil dessus et éventuellement ajuster des trucs à la main, c'est parfois indispensable.

J'ai pour ça un autre projet, mqttim, qui fait le pont entre mon irssi préféré et l'infrastructure MQTT. Je continue de vérifier tous les matins la liste des sauvegardes qui ont eu lieu pendant la nuit, et ça me dispense de système d'alerte pour l'instant.

Ça manque d'authentification, mais comme le serveur IRC est dans la même jail que mon client IRC, et sur la même machine que le pont, l'accès à ma machine personnelle est une protection qui m'a l'air suffisante.

Le futur

Je pensais que je trouverais plus d'applications pratique avant de parler publiquement de cette infrastructure, mais je continue de penser que la mise en place d'une communication efficace et facile d'utilisation sera rentabilisée assez rapidement en gains de confort.

La prochaine application la plus évidente est la domotique, et autant je ne me sens pas du tout capable de compter sur Home Assistant, autant je serais prête à entretenir un mosquitto qui coordonne des jouets de Shelly et Tasmota, avec de l'intelligence sortie de mon mqttagent.

Je n'ai juste pas encore trouvé de cas concret qui me donnerait envie de faire cet effort : les interfaces vocales m'horripilent au plus haut point, les lumières asservies à la luminosité ou aux capteurs de présence ne me donnent pas l'impression d'améliorer mon confort (et leur côté flashy ne m'intéresse pas du tout), et sorti de là je ne vois même pas quoi automatiser. S'il y a des domotistes qui arrivent sur ces lignes, j'écouterai avec attention et intérêt toutes les idées que j'aurais pu rater.

Une piste plus prometteuse est de partir sur l'owntracks que j'utilise déjà au quotidien pour faire du geofencing, c'est-à-dire déclencher des actions quand mon ordiphone entre ou sort d'une zone géographique (comme l'enregistrement de trace GPS fine, pointer des logs personnels, allumer un ordinateur, etc). Cependant je crois que ça oblige à utiliser l'interface MQTT au lieu de l'interface HTTP, et c'est embêtant parce que certains points d'accès WiFi que j'utilise régulièrement ne laissent pas passer MQTT.

Dans les communications entre ordinateurs, j'aurai aussi un jour la prochaine version de mon site, basé sur des pages statiques servies par un système différent de leur génération. Les changements, qu'ils viennent de commentateurs ou de moi, auront probablement à passer par plusieurs processus, et peut-être plusieurs ordinateurs, ce qui pourrait passer par MQTT (probablement pas pour le contenu lui-même, mais surtout pour les notifications qui font aller chercher les données).

J'aimerais beaucoup un ordinateur en forme de réveil, avec des gros chiffres rouges parce que c'est ce dont j'ai besoin pendant la nuit, et qui aurait des fonctions pratiques comme la désactivation à distance (pour quand on part en vacances trop précipitamment) et l'enregistrement en un appui de bouton de mes heures de coucher et de lever (pour mes statistiques personnelles), voire l'asservissement à un CalDAV pour déterminer quels jours et à quelle heure sonner. Je n'ai pas l'impression que ça existe, et ça a l'air un peu trop compliqué comme premier projet de DIY électronique…

Encore une fois, j'ai déployé l'infrastructure en suivant l'intuition que ça m'ouvrirait plein de possibilités ensuite, mais si vous avez des idées que j'aurais pu rater, vos suggestions seront bienvenues.

Si je me mets à utiliser sérieusement MQTT, au point d'en dépendre, ou au moins que mon confort en dépende, je vais me poser sérieusement la question du point de fragilité qu'est l'unique broker sur Rebma. Même sans compter la malveillance d'un ennemi ou d'une organisation, il suffit d'une mise à jour foireuse ou d'une erreur d'administration système pour tout faire tomber. Il me faudra de la redondance, et MQTT n'a pas l'air construit pour y répondre facilement.

Je suis tombée sur NATS, qui a l'air de généraliser les idées de MQTT avec une délocalisation de la fonction de broker, et qui prétend même être interopérable avec MQTT, pour une transition encore plus facile. Je creuserai ce côté-là, mais a priori ça ressemble exactement à ce dont je rêve (au point d'en être suspect).

Publié le 30 mars 2025

Tags : Évènement Geek

Téléphone trop mobile

En résumé, mon téléphone mobile a été volé, et ça a été l'occasion de se rendre compte que c'est un système sur lequel je compte beaucoup trop (à mon goût) par rapport à tous les imprévus qui peuvent m'en séparer.

Ce billet va couvrir en vrac les faits, mes réactions à chaud plus ou moins biaisées par la charge émotionnelle, et les mesures que j'ai choisies ou que j'envisage de prendre pour y faire face.

La Chute

C'était un des jours où j'étais le moins en forme de l'année. Ce n'est pas pour m'excuser, seulement pour expliquer.

J'avais une réaction immunitaire très forte, les deux tiers des symptômes correspondaient à une (grosse) allergie, et deux autres tiers des symptômes correspondaient à une (grosse) « crève ». Je ne sais toujours pas ce que c'était, mais mon traceur de sommeil a compté moins de 3 heures de sommeil, dont 0 minute de REM.

Je suis restée un peu tard au boulot, à discuter avec des collègues, avant de rentrer vers mon chez-moi sur mon vélo électrique, comme d'habitude.

Après avoir déplié mon vélo, j'ai lancé le suivi GPS fin dans mon owntracks personnel et j'ai rangé mon ordiphone dans la poche latérale du sac sur mon porte-bagages.

Et pour la première fois en quelques centaines de trajets, j'ai mal fermé la poche du sac.

Au premier virage un peu serré, en traversant le trottoir pour rejoindre la piste cyclable, l'ordiphone est tombé du sac, sur la chaussée, devant un feu rouge sans voiture arrêtée.

Il m'a fallu environ trois minutes pour comprendre ce qu'était ce bruit inhabituel, constater la non-fermeture de la poche, faire demi-tour, et revenir sur les lieux de la chute.

Malheureusement, il a fallu moins de deux minutes pour que quelqu'un d'autre s'en empare et marche vers la station de métro la plus proche.

On s'est ratés de tellement peu que ma montre a pu se ré-associer pendant quelques dizaines de secondes, mais je n'ai pas eu la présence d'esprit de le faire sonner.

Évidemment, je ne savais pas tout ça, donc j'ai fait des recherches dans la nuit, en faisant plusieurs aller-retours dans les quelques dizaines de mètres où ma montre avait associé.

J'ai fini par revenir sur mon lieu de travail, pour avoir un accès internet et sortir la trace GPS. C'est à ce moment que j'ai vu le signal disparaître dans la station de métro. J'ai essayé de l'appeler, mais il n'était manifestement pas sur le réseau cellulaire.

Je suis allée à l'accueil de la station de métro, au cas où ce soit un Bon Samaritain qui l'ait déposé aux objets trouvés. Ce n'était pas le cas, mais je ne regrette pas d'avoir essayé, malgré le temps que ça a pris.

Une fois rentrée chez moi, j'ai sorti à nouveau la trace GPS, pour constater qu'il était réapparu à la Gare de l'Est, et en route vers l'est lointain :

Carte de l'est de la région parisienne avec une trace GPS vers
l'est

C'est à ce moment que j'ai complètement perdu espoir dans la possibilité de le revoir un jour. J'ai déclaré la perte auprès de mes deux opérateurs, j'ai déposé une (pré) plainte en ligne, et j'ai commencé ma cure de désintoxication numérique forcée.

Nouveau téléphone

Depuis plusieurs mois j'ai un Jelly Star dans un tiroir, qui attendait que je prenne le temps de nettoyer sa ROM et de transférer mes données dessus.

C'est toujours plus facile de transférer d'un ordiphone à un autre, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

J'ai été agréablement surprise de la facilité à coller un LineageOS dessus.

Je ne sais toujours pas si c'était une idée défendable ou juste une catharsis, mais j'ai (encore une fois) essayé de dégoogler au maximum cet ordiphone.

Malheureusement, ce n'est qu'après avoir tout réinstallé et reconfiguré que j'ai découvert que les communications vocales ne marchent pas du tout : j'ai environ une demi-seconde de son toutes les cinq secondes, avec une régularité quasi métronomique. En passant par une oreillette bluetooth, j'ai un peu plus d'une seconde, avec la même période.

Il y a donc probablement quelque chose de profondément cassé dans l'interface entre le noyau du constructeur et l'image GSI que j'ai installée. Le fait que les symptômes sont parfaitement identiques avec trois opérateurs différents et trois applications dialer différentes pointe assez précisément sur la localisation du problème, mais ça ne dit pas du tout comment le résoudre.

À ce stade je suis tellement saoulée par toutes ces c*nneries que je n'ai pas le courage de reconstruire et reconfigurer tout un environnement Android. Je vais laisser les choses en l'état le temps de récupérer un peu de santé mentale, et aussi installer un serveur webDAV pour voir ce que seedvault peut récupérer. Je ne m'attends pas à grand-chose, j'ai lu suffisamment de critiques, mais comme c'est en compétition avec rien…

À quoi sert (mon) ordiphone ?

J'étais un peu étonnée de ne pas avoir dressé de liste de toutes les choses que je fais avec cet appareil.

Je savais que j'avais une liste d'activité qui servent de critères pour choisir un ordiphone, et dont la dernière itération est à la fin de mon billet sur le Jelly 2, début 2023. Je l'avais écartée parce qu'une liste de critère, c'est ce qui est suffisamment important pour choisir un ordiphone, mais ça ne dit pas tout ce qu'on fait à côté une fois le choix arrêté.

Finalement, cette liste est plutôt bonne, et j'aurais dû plus m'appuyer dessus, et je complèterai après avec une liste exhaustive d'applications

Mise à jour du 2025-03-01 : j'ai découvert depuis que le Play Store permet d'obtenir une liste des applications installées sur d'autres appareils, même ceux qui ont disparu de la circulation depuis un bout de temps. Ce n'est pas suffisant pour me faire revenir dans le fief de Google, mais j'apprécie beaucoup cette fonctionnalité.

Voici donc ma liste d'activités ordiphoniques, par ordre décroissant de priorité, avec des liens internes dans ce billet (qui n'est pas dans le même ordre) :

  1. communiquer en cas d'urgence, par voix et SMS ;
  2. communiquer normalement, par voix, SMS, et messagerie instantanée ;
  3. retrouver mon chemin sur une carte ;
  4. accéder à des sites web ou à un serveur SSH en urgence, mais je n'ai pas encore cherché d'appli' pour ça (Firefox Focus me manque un peu, je vais voir si je peux vivre avec un historique) ;
  5. recevoir des notifications ;
  6. faire des photos aide-mémoire, l'application stock me va très bien, mais pour faire un bon aide-mémoire il ne fait pas oublier d'en faire des backups ;
  7. servir de deuxième facteur d'authentification ;
  8. passer le temps sur des jeux idiots ou en écoutant de la musique.

Il manque le point « faire fonctionner les appli'-à-la-con nécessaires pour le fonctionnement de certains jouets (gants chauffants, boroscope, etc) », mais j'ai suffisamment d'électronique chez moi pour ne pas prendre le risque de mettre une appli'-à-la-con là où il y a des vraies données personnelles et des choses sur lesquelles je compte.

Je sens venir le jour où ma banque rejoindra la cohorte des entreprises qui imposent appli'-à-la-con, et je suis tentée de commencer déjà maintenant à chercher des alternatives pour ce jour-là. Je ne sais juste pas du tout comment m'y prendre, je me demande si les banques suisses ont une interface aussi agréable qu'à l'époque où je les pratiquais.

Communiquer en cas d'urgence

Ça va être un peu vieux jeu, mais c'est un téléphone avant d'être un terminal d'accès universel. C'est cette disponibilité qui fait que je me plie (pour l'instant) aux règles du capitalisme de surveillance.

La communication mobile impose de passer par un opérateur de téléphonie mobile, et j'ai l'occasion de remettre en question tous mes choix de vie. Comme je ne suis pas sûre d'assumer le name and shame, je ne vais pas donner de nom, mais j'ai longuement hésité.

Depuis plus de treize ans, j'étais chez un NVMO qui était un des premiers à proposer un très petit forfait pour un très petit prix. Il y a eu plusieurs évolutions, mais c'était en gros une heure de communication, une cinquantaine de SMS, et 50 Mo de données pour 2 €/mois.

Depuis presque douze ans, je suis aussi chez un autre opérateur, avec une SIM sans communication vocale ni SMS, et quelques Go de données, avec la particularité d'autoriser explicitement l'utilisation en modem. Elle était pendant très longtemps dans Bifrost, et ce n'est que depuis la Grande Pandémie que le rôle de Bifrost a été réparti entre mon ordinateur professionnel et l'ordiphone.

Depuis un peu moins de cinq ans j'avais donc la double-SIM, avec mon numéro principal en vocal et en SMS, et l'autre SIM pour les données. Ces derniers temps j'utilisais typiquement une centaine de Mo par mois, avec de temps en temps des mois à 300 Mo.

Ce deuxième opérateur m'a laissé un goût amer dans la bouche lorsque fin février 2016, ils ont augmenté mon abonnement de 10 à 17 €, certes en passant le forfait de 500 Mo à 10 Go, mais pour mon utilisation ça reste une augmentation unilatérale de 70 %. Ouais, j'ai peut-être la rancune un peu trop facile.

Il y a quand même quelque chose de magique à avoir accès à toute la flexibilité d'internet dans sa poche, et je ne vois pas comment m'en passer sans avoir l'impression de voir la qualité de ma vie régresser.

La récupération

Il semble que la procédure normale pour faire face à une perte ou un vol est de passer par l'interface web de son opérateur pour bloquer la SIM volée et en commander une autre.

En lançant toutes les démarches un jeudi soir, ce n'est que le vendredi suivant que j'ai été reconnectée.

Mon opérateur principal avait réussi à « oublier » mon adresse de livraison, et il n'avait plus que l'adresse de facturation, qui est et a toujours été la même. Leur procédure de déclaration de vol contient la commande de la nouvelle SIM, ce qui est raisonnable, mais on ne peut pas commander de nouvelle SIM sans adresse de livraison. Et pour ajouter une adresse de livraison, « pour des raisons de sécurité », il faut entrer un code reçu par SMS.

Et évidemment, un NVMO low-cost a le niveau de service client auquel on peut s'attendre, et quand j'ai enfin pu entrer en contact avec un humain je n'étais pas à mon niveau maximal d'amabilité.

J'en ai tiré la conclusion que la fidélité capitaliste est surfaite, et il est temps de rationaliser tout ça.

De l'autre côté, même si je n'ai pas oublié la grosse augmentation de mon opérateur de données, j'ai cherché comment convertir mon abonnement de données uniquement en un abonnement normal. Le site web ne le permet pas, la boutique prétend ne rien pouvoir faire, mais ils m'ont assuré qu'il fallait d'abord commander une nouvelle SIM et ensuite l'utiliser pour appeler le support. C'était évidemment un mensonge, la SIM sans appel, c'est aussi sans appel au service client qui peut faire changer les offres.

Je suppose qu'il faut que je vive avec mon temps, et que je surfe d'un opérateur à l'autre, comme tout le monde.

J'ai déjà récupéré mon RIO pour avoir un abonnement principal qui fasse communications vocales, SMS, et données. Ça me laisse encore du temps pour réfléchir ce que je ferai ensuite de mon deuxième abonnement, entre redonner une chance à la boutique, changer d'opérateur pour garder un abonnement de secours ou juste résilier.

La redondance

Si j'accepte que les communications mobiles (surtout internet) sont une partie indispensable de ma vie, je ne peux pas me satisfaire d'une seule SIM dans un seul téléphone, vu la fragilité de l'appareil et toutes les possibilités de vol et d'autres incidents.

Il paraît qu'il y a des offres multi-SIM, mais ça n'a pas l'air d'y pallier. Ça n'a l'air que de partager les données ; je suppose que c'est toujours ça, mais ça n'aide pas à la joignabilité.

D'un autre côté, maintenir plusieurs opérateurs en même temps pose le même problème : on est identifié par un numéro, et ça oblige à avoir une SIM principale et une SIM secondaire, et ce n'est pas complètement interchangeable.

J'ai vu passer le concept de « numéro virtuel », qui donne accès aux communications vocales et au SMS par internet plutôt que par une carte SIM. Ça permettrait de garder son numéro quelle que soit la machine utilisée pour accéder à internet. Les tarifs me rebutent un peu, et je me demande si ça ne va pas me classer parmi les spammeurs, mais je suis très tentée.

Communiquer normalement et recevoir des notifications

Le numéro de téléphone est un identifiant fort, et ça fait que des communications numériques sont inutilement accrochées à un numéro de téléphone.

Je pense en particulier à WhatsApp et à Signal, dont je me suis retrouvée presque complètement coupée le temps de recevoir ma nouvelle carte SIM.

« Presque », parce que j'avais une session de WhatsApp Web ouverte au moment de la disparition de l'ordiphone, ce qui m'a permis de continuer à communiquer, tant que ni l'ordinateur ni le navigateur ne redémarre (ce qui n'est pas si facile).

Sauf que WhtsApp Web est un sous-compte, qui est incapable de faire des sauvegardes, et lorsque je retrouve ne SIM, je ne peux que restaurer la sauvegarde d'avant la disparition, en perdant au passage une semaine de messages. Ce qui est moins pire que Signal, qui a manifestement plus la culture de l'effacement que celle de la sauvegarde…

J'ai aussi ma messagerie d'entreprise (sous Mattermost), que j'apprécie avoir sur mon ordiphone pour être disponible quand je ne suis pas devant mon ordinateur (par exemple quand je recâble la baie), ou quand les notifications de bureau ne passent pas pour une raison ou pour une autre.

Je mets les notifications dans cette section parce que j'utilise encore Pushover pour recevoir des alertes depuis mes systèmes informatiques, et ces quatre applications sont les seules que j'ai sorties de l'Aurora Store.

Je pense que je vais prochainement essayer d'autohéberger un ntfy et/ou un gotify, pour voir si Firebase c'est si génial que ça. Le déploiement me donnait l'impression d'être trop pénible pour essayer tout de suite, quand j'ai perdu espoir de me passer complètement du Play Store (surtout à cause de Mattermost), j'ai repris mon Pushover.

Remplacements applicatifs

Faire une nouvelle installation, c'est toujours l'occasion de refaire le tour des alternatives pour un besoin donné ; d'autant plus qu'on a du temps avant d'avoir une SIM qui rende pertinente l'utilisation d'un ordiphone, et qu'on en profite pour changer de fournisseur d'application (F-droid à la place du Play Store).

Gestionnaire de paquet

Je continue d'utiliser le dépôt F-droid, surtout parce que je n'ai pas encore regardé de trop près les alternatives, mais j'ai arrêté d'utiliser l'application F-droid, au profit de Droid-ify.

L'interface me plaît plus, et je ne trouve pas grand-chose d'autre à en dire.

Launcher

J'aime beaucoup Niagara Launcher, même si je suis très loin d'avoir besoin de toutes les fonctionnalités qu'ils proposent.

Les alternatives libres ne me donnent pas l'impression d'être à la hauteur, mais j'essaye quand même de leur donner une chance.

Pour l'instant je suis sur NeatLauncher mais sans grande conviction.

J'avais l'habitude d'utiliser OsmAnd, j'en parlais dans ce blog en 2015, et j'en étais plutôt contente.

J'ai essayé Organic Maps, dont on vante surtout la simplicité, sans trop de conviction parce que je m'en sors très bien avec la complexité d'OsmAnd.

Ce que je n'imaginais pas, c'était la fluidité de l'affichage par rapport à OsmAnd, mais d'un autre côté je compare avec OsmAnd sur le Jelly 2, qui est moins puissant que le Jelly Star, et je ne sais pas dans quelle mesure ça contribue.

La simplicité est flagrante, au point que je ne serais pas surprise qu'un de ces jours j'y cherche en vain une fonctionnalité d'OsmAnd. D'autre part certains trouvent que le routage d'Organic Maps est moins bon. Donc je ne sais pas si ce changement va être pérenne, peut-être que je rebasculerai sur OsmAnd ou que je ferai coexister les deux.

Backups

Je l'ai déjà évoqué plus haut, mais mon LineageOS intègre un seedvault, et j'aimerais bien voir ce que ça donne.

Comme je n'ai pas trop confiance, je vais garder mon bête rsync périodique dans un Termux.

Je vais avouer que ce n'est pas encore mis en place, j'ai l'excuse de ne pas avoir grand-chose à backuper aujourd'hui, mais c'est comme ça qu'on laisse une situation de non-backup perdurer. Il faut que je sois vigilante…

Ce bête rsync permet de récupérer (au moins) les fichiers publics, ce qui permet de remplacer des sauvegardes locales en vrais backups. J'utilisais SMS Backup & Restore dans ce cadre, et pour l'instant je compte sur le seedvault-du-futur pour assurer cette fonction, ainsi que le portage de contacts précédemment assuré par l'infrastructure de Google.

Authentification à plusieurs facteurs

J'ai toujours utilisé le Google Authenticator de base, et je pensais l'avoir perdu avec mon ordiphone, je me préparais à une masse d'ennuis pour récupérer tous mes comptes.

J'ai quand même fait le tour des androids qui restent dans mon appart', et j'ai eu la bonne surprise de trouver un vieil Authenticator avec pas mal de secrets encore utilisables.

Si j'ai évité la catastrophe ce coup-ci, je vais très prochainement enregistrer tous mes secrets dans pashage. Et les grincheux qui trouvent que ce n'est pas très « multifacteur » de stocker le TOTP à côté des mots de passe, je réponds que ça l'est suffisamment à mon goût quand le gestionnaire est protégé par une yubikey et un PIN.

J'en ai quand même profiter pour passer à Aegis, mais je ne me rends pas trop compte des différents compromis dans le choix d'une application de ce type.

Jeux et musique

Je n'ai pas changé d'applications pour ça, mais je les mets pour ajouter la remarque intéressante que c'est la première chose qui m'a manquée après la disparition de mon Jelly 2.

Ces jours-ci je suis sur Keen des puzzles de Simon Tatham pour tuer le temps, et Voice Audiobook Player pour lire avec les oreilles.

Interactions avec ma montre

Dans mon billet sur ma montre connectée Garmin je disais que c'est censé fonctionner avec GadgetBridge au lieu de l'appli' officielle, mais je n'avais pas encore essayé.

C'est chose faite, et je suis très agréablement impressionnée par le fait que presque tout fonctionne directement, out-of-the-box, sans aucun effort. Et mes problèmes de notification sont effectivement résolus.

Évidemment, il y a un « presque » : depuis que je suis passée à GadgetBridge, ma montre est très mauvaise pour trouver sa position GPS. Je soupçonne l'appli' officielle de faire de l'assistance, ou alors il se passe quelque chose d'étrange avec le signal.

Et je ne sais pas trop sur qui mettre la faute, mais il arrive beaucoup plus souvent que la connexion soit durablement perdue, et que je doive faire une intervention manuelle pour reconnecter les deux.

Prise de notes

Si je garde un petit carnet dans mon sac à main pour prendre des notes, ça fait quelque temps que la plupart de mes notes sont sur mon ordiphone.

J'utilisais ColorNote Notepad Notes avant, et je suis très triste de constater que son contenu n'a pas été pris par mes sauvegardes automatiques.

J'avais aussi installé Markor, et je ne me souviens plus pourquoi je n'ai pas fait la transition, je me souviens seulement que je l'ai essayée plusieurs fois.

Je vais essayer à nouveau, et si ça ne marche pas j'espère que cette fois je penserai à noter pourquoi.

Expériences

Tant que j'étais dans le monde merveilleux des comparatifs d'applications Android, j'en ai profité pour installer des nouveautés que j'aimerais approfondir :

J'ai une petite application web qui reçoit des lignes et qui les ajoute à la fin d'un fichier texte, et je m'en sers pour noter différents petits évènements dans ma vie, et tenir ainsi un journal exploitable informatiquement.

Il y a une page HTML avec un petit peu de JavaScript pour rendre ça un peu plus convivial, avec du stockage local pour les évènements qui sont en cours, ou qui doivent arriver plus tard dans le journal (par exemple parce qu'ils ont eu lieu après le début d'un évènement en cours).

J'ai perdu une demi-journée de journal dans mon ordiphone, et ce trou dans mon journal m'attriste beaucoup. Je vais probablement essayer d'écrire un serveur plus malin, qui pourra recevoir des données partielles, et une PWA qui synchronise son état et assure la persistance des données pas encore envoyées.

Liste de mes applications installées

Au moment où j'écris ces lignes, voici les applications qui sont sur mon ordiphone.

D'abord par Aurora Store :

Et par F-droid :

Applications abandonnées ou oubliées

Mise à jour du 2025-03-01 : grâce au Play Store qui enregistre les paquets installés sur le téléphone disparu, je peux faire un comparatif avec ma nouvelle installation.

Voici donc la liste des applications que je n'ai pas (encore) remplacées, que ce soit volontairement ou non.

J'avais sur mon ancien ordiphone Citymapper et Waze, mais comme je ne pensais pas à m'en servir, je suppose qu'ils ne vont pas me manquer.

Il parait que Citymapper est très bien pour les transports en commun, je devrais peut-être lui redonner une chance. Mon vélo électrique a remplacé l'immense majorité des transports en commun au quotidien, mais en voyage l'équation est différente.

Pour Waze, c'est plutôt le résultat de la très mauvaise qualité du GPS, qui rend le routage douteux à vélo et inutile pour les véhicules plus rapides. J'ai un autre android, qui va probablement rester googlé, qui sert de navigation quand j'ai besoin des mises à jour en temps réel du trafic.

J'avais aussi Sytadin, que je trouvais très intrusif en termes de notifications, mais je crois que j'avais réussi à le configurer de façon minimaliste. Ces jours-ci je ne fais plus de trajets en heure de pointe, mais si ma situation professionnelle était amenée à évoluer j'envisagerai une nouvelle installation, par rapport à l'utilisation du site web.

Calculatrice

J'avais un émulateur de calculatrice HP-48, et ça m'était parfois utile, mais en vrai c'était plus de la nostalgie que de l'intérêt pratique.

Au quotidien, sur mes ordinateurs j'ai un interpréteur scheme ou python, ou depuis récemment qalculate, pour remplir mes besoins calculatoires. Dans les situations où l'ordiphone est l'outil de calcul le plus proche, je préfère faire des ordres de grandeur avec la tête, parce que c'est un savoir-faire que je trouve important et que je veux entretenir.

Lecteur de PDF

J'avais installé deux lecteurs de PDF, Foxit et MuPDF, mais aucun ne me donnait satisfaction.

Le besoin d'emporter des documents PDF avec moi (par exemple une carte de mutuelle dématérialisée) ne va pas disparaître, donc il va falloir que je me remette à la recherche d'une application à mon goût pour faire ça.

Météo

Sur mon Jelly 2, j'utilisais un raccourci vers yr.no pour m'informer de la météo. Je pense continuer, une fois que j'aurai stabilisé mon choix de navigateur.

J'avais aussi l'application Yr, mais je ne me suis pas beaucoup servi. Il y a quelques fonctionnalités flashi, mais rien de vraiment utile à mes yeux, et son utilisation était moins fluide que le site.

Je trouve Tiny Weather Forecast Germany encore pire, et il ne me sert qu'à alimenter GadgetBridge. Il faudra que j'explore les alternatives, des fois que je trouve une appli' qui me plaise plus que le site web d'Yr.

Jeux

Je ne me souviens plus exactement quand j'ai arrêté d'utiliser régulièrement Elevate et Lumosity, mais c'était relativement longtemps après la perte de confiance dans leur côté « entrainement du cerveau » et je ne m'en servais plus que pour le divertissement.

Les puzzles de Simon Tatham me suffisent largement pour le divertissement.

Si une autre appli' arrivait à me convaincre de sa pertinence pour l'affutage de mes capacités mentales, je sauterais probablement dessus.

Traduction automatique

J'utilisais de temps en temps Google Translate, et ça va probablement de nouveau me manquer un de ces jours. Je ne sais pas du tout comment trouver une solution satisfaisante pour ce besoin.

Conclusion

Finalement je ne me suis pas trop épanchée dans ce billet, mais je n'ai plus tellement la force de reprendre l'introduction. De toute façon ce billet est beaucoup trop long, il y a de quoi oublier le début avant d'arriver, donc l'évolution du ton ne doit pas trop se voir.

Je continue de penser qu'avec le rôle que cet ordiphone a dans ma vie, il me faudrait au moins un hot spare, avec SIM et applications et configuration, que je pourrais attraper au moindre problème avec l'unité principale.

À ce stade, je me suis un peu résignée à l'impossibilité de cet idéal, et j'essaye tant bien que mal de retrouver mon niveau de vie précédent, l'insouciance en moins. (Ou pas, en fait, parce que j'avais pleinement conscience la fragilité de la situation, même si j'imaginais plus une perte ou une casse qu'un vol.)

Il y a quand même un truc au fond de moi qui voudrait retourner la table, et envoyer balader cette immondice hostile au type d'utilisatrice que je suis.

J'aimerais beaucoup le meilleur des deux mondes, la mobilité de l'ordiphone avec la sérénité d'une BSD, mais ça demanderait de se réapproprier les moyens de calcul, et je ne crois plus que ça puisse se faire pacifiquement.

En attendant le grand soir numérique, je laisse grandir la frustration entre l'envie de réduire les besoins d'ordiphone, à défaut de s'en passer complètement, et le quotidien tellement plus agréable par le petit confort qu'il procure à court terme.

Et je continue d'être fan de la série Jelly d'Unihertz.

Publié le 28 février 2025

Tags : Évènement Jouets Vision atypique

Autour de cette page

 

Derniers commentaires

Tags

Archives

Site-level navigation and features

 

Instinctive.eu

Contact

Sections

Validation

Copyright © 2008-2025 Natacha Kerensikova

Butterfly images are copyright © 2008 Shoofly