Téléphone trop mobile
En résumé, mon téléphone mobile a été volé, et ça a été l'occasion de se rendre compte que c'est un système sur lequel je compte beaucoup trop (à mon goût) par rapport à tous les imprévus qui peuvent m'en séparer.
Ce billet va couvrir en vrac les faits, mes réactions à chaud plus ou moins biaisées par la charge émotionnelle, et les mesures que j'ai choisies ou que j'envisage de prendre pour y faire face.
La Chute
C'était un des jours où j'étais le moins en forme de l'année. Ce n'est pas pour m'excuser, seulement pour expliquer.
J'avais une réaction immunitaire très forte, les deux tiers des symptômes correspondaient à une (grosse) allergie, et deux autres tiers des symptômes correspondaient à une (grosse) « crève ». Je ne sais toujours pas ce que c'était, mais mon traceur de sommeil a compté moins de 3 heures de sommeil, dont 0 minute de REM.
Je suis restée un peu tard au boulot, à discuter avec des collègues, avant de rentrer vers mon chez-moi sur mon vélo électrique, comme d'habitude.
Après avoir déplié mon vélo, j'ai lancé le suivi GPS fin dans mon owntracks personnel et j'ai rangé mon ordiphone dans la poche latérale du sac sur mon porte-bagages.
Et pour la première fois en quelques centaines de trajets, j'ai mal fermé la poche du sac.
Au premier virage un peu serré, en traversant le trottoir pour rejoindre la piste cyclable, l'ordiphone est tombé du sac, sur la chaussée, devant un feu rouge sans voiture arrêtée.
Il m'a fallu environ trois minutes pour comprendre ce qu'était ce bruit inhabituel, constater la non-fermeture de la poche, faire demi-tour, et revenir sur les lieux de la chute.
Malheureusement, il a fallu moins de deux minutes pour que quelqu'un d'autre s'en empare et marche vers la station de métro la plus proche.
On s'est ratés de tellement peu que ma montre a pu se ré-associer pendant quelques dizaines de secondes, mais je n'ai pas eu la présence d'esprit de le faire sonner.
Évidemment, je ne savais pas tout ça, donc j'ai fait des recherches dans la nuit, en faisant plusieurs aller-retours dans les quelques dizaines de mètres où ma montre avait associé.
J'ai fini par revenir sur mon lieu de travail, pour avoir un accès internet et sortir la trace GPS. C'est à ce moment que j'ai vu le signal disparaître dans la station de métro. J'ai essayé de l'appeler, mais il n'était manifestement pas sur le réseau cellulaire.
Je suis allée à l'accueil de la station de métro, au cas où ce soit un Bon Samaritain qui l'ait déposé aux objets trouvés. Ce n'était pas le cas, mais je ne regrette pas d'avoir essayé, malgré le temps que ça a pris.
Une fois rentrée chez moi, j'ai sorti à nouveau la trace GPS, pour constater qu'il était réapparu à la Gare de l'Est, et en route vers l'est lointain :
C'est à ce moment que j'ai complètement perdu espoir dans la possibilité de le revoir un jour. J'ai déclaré la perte auprès de mes deux opérateurs, j'ai déposé une (pré) plainte en ligne, et j'ai commencé ma cure de désintoxication numérique forcée.
Nouveau téléphone
Depuis plusieurs mois j'ai un Jelly Star dans un tiroir, qui attendait que je prenne le temps de nettoyer sa ROM et de transférer mes données dessus.
C'est toujours plus facile de transférer d'un ordiphone à un autre, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.
J'ai été agréablement surprise de la facilité à coller un LineageOS dessus.
Je ne sais toujours pas si c'était une idée défendable ou juste catharsis, mais j'ai (encore une fois) essayé de dégoogler au maximum cet ordiphone.
Malheureusement, ce n'est qu'après avoir tout réinstallé et reconfiguré que j'ai découvert que les communications vocales ne marchent pas du tout : j'ai environ une demi-seconde de son toutes les cinq secondes, avec une régularité quasi métronomique. En passant par une oreillette bluetooth, j'ai un peu plus d'une seconde, avec la même période.
Il y a donc probablement quelque chose de profondément cassé dans l'interface entre le noyau du constructeur et l'image GSI que j'ai installée. Le fait que les symptômes sont parfaitement identiques avec trois opérateurs différents et trois applications dialer différentes pointe assez précisément sur la localisation du problème, mais ça ne dit pas du tout comment le résoudre.
À ce stade je suis tellement saoulée par toutes ces c*nneries que je n'ai pas le courage de reconstruire et reconfigurer tout un environnement Android. Je vais laisser les choses en l'état le temps de récupérer un peu de santé mentale, et aussi installer un serveur webDAV pour voir ce que seedvault peut récupérer. Je ne m'attends pas à grand-chose, j'ai lu suffisamment de critiques, mais comme c'est en compétition avec rien…
À quoi sert (mon) ordiphone ?
J'étais un peu étonnée de ne pas avoir dressé de liste de toutes les choses que je fais avec cet appareil.
Je savais que j'avais une liste d'activité qui servent de critères pour choisir un ordiphone, et dont la dernière itération est à la fin de mon billet sur le Jelly 2, début 2023. Je l'avais écartée parce qu'une liste de critère, c'est ce qui est suffisamment important pour choisir un ordiphone, mais ça ne dit pas tout ce qu'on fait à côté une fois le choix arrêté.
Finalement, cette liste est plutôt bonne, et j'aurais dû plus m'appuyer dessus, et je complèterai après avec une liste exhaustive d'applications
Mise à jour du 2025-03-01 : j'ai découvert depuis que le Play Store permet d'obtenir une liste des applications installées sur d'autres appareils, même ceux qui ont disparu de la circulation depuis un bout de temps. Ce n'est pas suffisant pour me faire revenir dans le fief de Google, mais j'apprécie beaucoup cette fonctionnalité.
Voici donc ma liste d'activités ordiphoniques, par ordre décroissant de priorité, avec des liens internes dans ce billet (qui n'est pas dans le même ordre) :
- communiquer en cas d'urgence, par voix et SMS ;
- communiquer normalement, par voix, SMS, et messagerie instantanée ;
- retrouver mon chemin sur une carte ;
- accéder à des sites web ou à un serveur SSH en urgence, mais je n'ai pas encore cherché d'appli' pour ça (Firefox Focus me manque un peu, je vais si je peux vivre avec un historique) ;
- recevoir des notifications ;
- faire des photos aide-mémoire, l'application stock me va très bien, mais pour faire un bon aide-mémoire il ne fait pas oublier d'en faire des backups ;
- servir de deuxième facteur d'authentification ;
- passer le temps sur des jeux idiots ou en écoutant de la musique.
Il manque le point « faire fonctionner les appli'-à-la-con nécessaires pour le fonctionnement de certains jouets (gants chauffants, boroscope, etc) », mais j'ai suffisamment d'électronique chez moi pour ne pas prendre le risque de mettre une appli'-à-la-con là où il y a des vraies données personnelles et des choses sur lesquelles je compte.
Je sens venir le jour où ma banque rejoindra la cohorte des entreprises qui imposent appli'-à-la-con, et je suis tentée de commencer déjà maintenant à chercher des alternatives pour ce jour-là. Je ne sais juste pas du tout comment m'y prendre, je me demande si les banques suisses ont une interface aussi agréable qu'à l'époque où je les pratiquais.
Communiquer en cas d'urgence
Ça va être un peu vieux jeu, mais c'est un téléphone avant d'être un terminal d'accès universel. C'est cette disponibilité qui fait que je me plie (pour l'instant) aux règles du capitalisme de surveillance.
La communication mobile impose de passer par un opérateur de téléphonie mobile, et j'ai l'occasion de remettre en question tous mes choix de vie. Comme je ne suis pas sûre d'assumer le name and shame, je ne vais pas donner de nom, mais j'ai longuement hésité.
Depuis plus de treize ans, j'étais chez un NVMO qui était un des premiers à proposer un très petit forfait pour un très petit prix. Il y a eu plusieurs évolutions, mais c'était en gros une heure de communication, une cinquantaine de SMS, et 50 Mo de données pour 2 €/mois.
Depuis presque douze ans, je suis aussi chez un autre opérateur, avec une SIM sans communication vocale ni SMS, et quelques Go de données, avec la particularité d'autoriser explicitement l'utilisation en modem. Elle était pendant très longtemps dans Bifrost, et ce n'est que depuis la Grande Pandémie que le rôle de Bifrost a été réparti entre mon ordinateur professionnel et l'ordiphone.
Depuis un peu moins de cinq ans j'avais donc la double-SIM, avec mon numéro principal en vocal et en SMS, et l'autre SIM pour les données. Ces derniers temps j'utilisais typiquement une centaine de Mo par mois, avec de temps en temps des mois à 300 Mo.
Ce deuxième opérateur m'a laissé un goût amer dans la bouche lorsque fin février 2016, ils ont augmenté mon abonnement de 10 à 17 €, certes en passant le forfait de 500 Mo à 10 Go, mais pour mon utilisation ça reste une augmentation unilatérale de 70 %. Ouais, j'ai peut-être la rancune un peu trop facile.
Il y a quand même quelque chose de magique à avoir accès à toute la flexibilité d'internet dans sa poche, et je ne vois pas comment m'en passer sans avoir l'impression de voir la qualité de ma vie régresser.
La récupération
Il semble que la procédure normale pour faire face à une perte ou un vol est de passer par l'interface web de son opérateur pour bloquer la SIM volée et en commander une autre.
En lançant toutes les démarches un jeudi soir, ce n'est que le vendredi suivant que j'ai été reconnectée.
Mon opérateur principal avait réussi à « oublier » mon adresse de livraison, et il n'avait plus que l'adresse de facturation, qui est et a toujours été la même. Leur procédure de déclaration de vol contient la commande de la nouvelle SIM, ce qui est raisonnable, mais on ne peut pas commander de nouvelle SIM sans adresse de livraison. Et pour ajouter une adresse de livraison, « pour des raisons de sécurité », il faut entrer un code reçu par SMS.
Et évidemment, un NVMO low-cost a le niveau de service client auquel on peut s'attendre, et quand j'ai enfin pu entrer en contact avec un humain je n'étais pas à mon niveau maximal d'amabilité.
J'en ai tiré la conclusion que la fidélité capitaliste est surfaite, et il est temps de rationaliser tout ça.
De l'autre côté, même si je n'ai pas oublié la grosse augmentation de mon opérateur de données, j'ai cherché comment convertir mon abonnement de données uniquement en un abonnement normal. Le site web ne le permet pas, la boutique prétend ne rien pouvoir faire, mais ils m'ont assuré qu'il fallait d'abord commander une nouvelle SIM et ensuite l'utiliser pour appeler le support. C'était évidemment un mensonge, le SIM sans appel, c'est aussi sans appel au service client qui peut faire changer les offres.
Je suppose qu'il faut que je vive avec mon temps, et que je surfe d'un opérateur à l'autre, comme tout le monde.
J'ai déjà récupéré mon RIO pour avoir un abonnement principal qui fasse communications vocales, SMS, et données. Ça me laisse encore du temps pour réfléchir ce que je ferai ensuite de mon deuxième abonnement, entre redonner une chance à la boutique, changer d'opérateur pour garder un abonnement de secours ou juste résilier.
La redondance
Si j'accepte que les communications mobiles (surtout internet) sont une partie indispensable de ma vie, je ne peux pas me satisfaire d'une seule SIM dans un seul téléphone, vu la fragilité de l'appareil et toutes les possibilités de vol et d'autres incidents.
Il paraît qu'il y a des offres multi-SIM, mais ça n'a pas l'air d'y pallier. Ça n'a l'air que de partager les données ; je suppose que c'est toujours ça, mais ça n'aide pas à la joignabilité.
D'un autre côté, maintenir plusieurs opérateurs en même temps pose le même problème : on est identifié par un numéro, et ça oblige à avoir une SIM principale et une SIM secondaire, et ce n'est pas complètement interchangeable.
J'ai vu passer le concept de « numéro virtuel », qui donne accès aux communications vocales et au SMS par internet plutôt que par une carte SIM. Ça permettrait de garder son numéro quelle que soit la machine utilisée pour accéder à internet. Les tarifs me rebutent un peu, et je me demande si ça ne va pas me classer parmi les spammeurs, mais je suis très tentée.
Communiquer normalement et recevoir des notifications
Le numéro de téléphone est un identifiant fort, et ça fait que des communications numériques sont inutilement accrochées à un numéro de téléphone.
Je pense en particulier à WhatsApp et à Signal, dont je me suis retrouvée presque complètement coupée le temps de recevoir ma nouvelle carte SIM.
« Presque », parce que j'avais une session de WhatsApp Web ouverte au moment de la disparition de l'ordiphone, ce qui m'a permis de continuer à communiquer, tant que ni l'ordinateur ni le navigateur ne redémarre (ce qui n'est pas si facile).
Sauf que WhtsApp Web est un sous-compte, qui est incapable de faire des sauvegardes, et lorsque je retrouve ne SIM, je ne peux que restaurer la sauvegarde d'avant la disparition, en perdant au passage une semaine de messages. Ce qui est moins pire que Signal, qui a manifestement plus la culture de l'effacement que celle de la sauvegarde…
J'ai aussi ma messagerie d'entreprise (sous Mattermost), que j'apprécie avoir sur mon ordiphone pour être disponible quand je ne suis pas devant mon ordinateur (par exemple quand je recâble la baie), ou quand les notifications de bureau ne passent pas pour une raison ou pour une autre.
Je mets les notifications dans cette section parce que j'utilise encore Pushover pour recevoir des alertes depuis mes systèmes informatiques, et ces quatre applications sont les seules que j'ai sorties de l'Aurora Store.
Je pense que je vais prochainement essayer d'autohéberger un ntfy et/ou un gotify, pour voir si Firebase c'est si génial que ça. Le déploiement me donnait l'impression d'être trop pénible pour essayer tout de suite, quand j'ai perdu espoir de me passer complètement du Play Store (surtout à cause de Mattermost), j'ai repris mon Pushover.
Remplacements applicatifs
Faire une nouvelle installation, c'est toujours l'occasion de refaire le tour des alternatives pour un besoin donné ; d'autant plus qu'on a du temps avant d'avoir une SIM qui rende pertinente l'utilisation d'un ordiphone, et qu'on en profite pour changer de fournisseur d'application (F-droid à la place du Play Store).
Gestionnaire de paquet
Je continue d'utiliser le dépôt F-droid, surtout parce que je n'ai pas encore regardé de trop près les alternatives, mais j'ai arrêté d'utiliser l'application F-droid, au profit de Droid-ify.
L'interface me plaît plus, et je ne trouve pas grand-chose d'autre à en dire.
Launcher
J'aime beaucoup Niagara Launcher, même si je suis très loin d'avoir besoin de toutes les fonctionnalités qu'ils proposent.
Les alternatives libres ne me donnent pas l'impression d'être à la hauteur, mais j'essaye quand même de leur donner une chance.
Pour l'instant je suis sur NeatLauncher mais sans grande conviction.
Cartographie et navigation
J'avais l'habitude d'utiliser OsmAnd, j'en parlais dans ce blog en 2015, et j'en étais plutôt contente.
J'ai essayé Organic Maps, dont on vante surtout la simplicité, sans trop de conviction parce que je m'en sors très bien avec la complexité d'OsmAnd.
Ce que je n'imaginais pas, c'était la fluidité de l'affichage par rapport à OsmAnd, mais d'un autre côté je compare avec OsmAnd sur le Jelly 2, qui est moins puissant que le Jelly Star, et je ne sais pas dans quelle mesure ça contribue.
La simplicité est flagrante, au point que je ne serais pas surprise qu'un de ces jours j'y cherche en vain une fonctionnalité d'OsmAnd. D'autre part certains trouvent que le routage d'Organic Maps est moins bon. Donc je ne sais pas si ce changement va être pérenne, peut-être que je rebasculerai sur OsmAnd ou que je ferai coexister les deux.
Backups
Je l'ai déjà évoqué plus haut, mais mon LineageOS intègre un seedvault, et j'aimerais bien voir ce que ça donne.
Comme je n'ai pas trop confiance, je vais garder mon bête rsync
périodique dans un Termux.
Je vais avouer que ce n'est pas encore mis en place, j'ai l'excuse de ne pas avoir grand-chose à backuper aujourd'hui, mais c'est comme ça qu'on laisse une situation de non-backup perdurer. Il faut que je sois vigilante…
Ce bête rsync
permet de récupérer (au moins) les fichiers publics, ce qui
permet de remplacer des sauvegardes locales en vrais backups.
J'utilisais SMS Backup & Restore dans ce cadre, et pour l'instant je
compte sur le seedvault-du-futur pour assurer cette fonction, ainsi que
le portage de contacts précédemment assuré par l'infrastructure de Google.
Authentification à plusieurs facteurs
J'ai toujours utilisé le Google Authenticator de base, et je pensais l'avoir perdu avec mon ordiphone, je me préparais à une masse d'ennuis pour récupérer tous mes comptes.
J'ai quand même fait le tour des androids qui restent dans mon appart', et j'ai eu la bonne surprise de trouver un vieil Authenticator avec pas mal de secrets encore utilisables.
Si j'ai évité la catastrophe ce coup-ci, je vais très prochainement enregistrer tous mes secrets dans pashage. Et les grincheux qui trouvent que ce n'est pas très « multifacteur » de stocker le TOTP à côté des mots de passe, je réponds que ça l'est suffisamment à mon goût quand le gestionnaire est protégé par une yubikey et un PIN.
J'en ai quand même profiter pour passer à Aegis, mais je ne me rends pas trop compte des différents compromis dans le choix d'une application de ce type.
Jeux et musique
Je n'ai pas changé d'applications pour ça, mais je les mets pour ajouter la remarque intéressante que c'est la première chose qui m'a manquée après la disparition de mon Jelly 2.
Ces jours-ci je suis sur Keen des puzzles de Simon Tatham pour tuer le temps, et Voice Audiobook Player pour lire avec les oreilles.
Interactions avec ma montre
Dans mon billet sur ma montre connectée Garmin je disais que c'est censé fonctionner avec GadgetBridge au lieu de l'appli' officielle, mais je n'avais pas encore essayé.
C'est chose faite, et je suis très agréablement impressionnée par le fait que presque tout fonctionne directement, out-of-the-box, sans aucun effort. Et mes problèmes de notification sont effectivement résolus.
Évidemment, il y a un « presque » : depuis que je suis passée à GadgetBridge, ma montre est très mauvaise pour trouver sa position GPS. Je soupçonne l'appli' officielle de faire de l'assistance, ou alors il se passe quelque chose d'étrange avec le signal.
Et je ne sais pas trop sur qui mettre la faute, mais il arrive beaucoup plus souvent que la connexion soit durablement perdue, et que je doive faire une intervention manuelle pour reconnecter les deux.
Prise de notes
Si je garde un petit carnet dans mon sac à main pour prendre des notes, ça fait quelque temps que la plupart de mes notes sont sur mon ordiphone.
J'utilisais ColorNote Notepad Notes avant, et je suis très triste de constater que son contenu n'a pas été pris par mes sauvegardes automatiques.
J'avais aussi installé Markor, et je ne me souviens plus pourquoi je n'ai pas fait la transition, je me souviens seulement que je l'ai essayée plusieurs fois.
Je vais essayer à nouveau, et si ça ne marche pas j'espère que cette fois je penserai à noter pourquoi.
Expériences
Tant que j'étais dans le monde merveilleux des comparatifs d'applications Android, j'en ai profité pour installer des nouveautés que j'aimerais approfondir :
-
Easer, qui prétend permettre l'automatisation de choses, on va voir si je m'en sors avec le paradigme graphique et si je trouve des choses à automatiser.
-
FindMyDevice, qui prétend recevoir des commandes par internet ou SMS pour retrouver ou nettoyer à distance un ordiphone.
J'ai une petite application web qui reçoit des lignes et qui les ajoute à la fin d'un fichier texte, et je m'en sers pour noter différents petits évènements dans ma vie, et tenir ainsi un journal exploitable informatiquement.
Il y a une page HTML avec un petit peu de JavaScript pour rendre ça un peu plus convivial, avec du stockage local pour les évènements qui sont en cours, ou qui doivent arriver plus tard dans le journal (par exemple parce qu'ils ont eu lieu après le début d'un évènement en cours).
J'ai perdu une demi-journée de journal dans mon ordiphone, et ce trou dans mon journal m'attriste beaucoup. Je vais probablement essayer d'écrire un serveur plus malin, qui pourra recevoir des données partielles, et une PWA qui synchronise son état et assure la persistance des données pas encore envoyées.
Liste de mes applications installées
Au moment où j'écris ces lignes, voici les applications qui sont sur mon ordiphone.
D'abord par Aurora Store :
- Mattermost (messagerie instantanée)
- Pushover (notifications)
- Signal (messagerie instantanée)
- WhatsApp (messagerie instantanée)
Et par F-droid :
- Aegis (gestionnaire TOTP)
- Aurora Store (gestionnaire de paquets)
- Droid-ify (gestionnaire de paquets)
- Easer (automatisation)
- Fennec (navigateur web)
- FindMyDevice (alternative libre au service Google du même nom)
- Flipper Mobile App (compagnon de mon Flipper Zero)
- GadgetBridge (compagnon de mes smartwatches)
- NeatLauncher (application d'accueil)
- Organic Maps (cartographie et navigation)
- Owntracks (partage de position GPS)
- primitive ftpd (échange de fichiers)
- Puzzles (jeux)
- QR & Barcode Scanner (décodage de QR-codes)
- Termux (ligne de commande)
- Thumb-Key (clavier)
- Tiny Weather Forecast Germany (fournisseur de météo pour GadgetBridge)
- Voice (lecteur d'audiobooks)
Applications abandonnées ou oubliées
Mise à jour du 2025-03-01 : grâce au Play Store qui enregistre les paquets installés sur le téléphone disparu, je peux faire un comparatif avec ma nouvelle installation.
Voici donc la liste des applications que je n'ai pas (encore) remplacées, que ce soit volontairement ou non.
Autres applications de navigation
J'avais sur mon ancien ordiphone Citymapper et Waze, mais comme je ne pensais pas à m'en servir, je suppose qu'ils ne vont pas me manquer.
Il parait que Citymapper est très bien pour les transports en commun, je devrais peut-être lui redonner une chance. Mon vélo électrique a remplacé l'immense majorité des transports en commun au quotidien, mais en voyage l'équation est différence.
Pour Waze, c'est plutôt le résultat de la très mauvaise qualité du GPS, qui rend le routage douteux à vélo et inutile pour les véhicules plus rapides. J'ai un autre android, qui va probablement rester googlé, qui sert de navigation quand j'ai besoin des mises à jour en temps réel du trafic.
J'avais aussi Sytadin, que je trouvais très intrusif en termes de notifications, mais je crois que j'avais réussi à le configurer de façon minimaliste. Ces jours-ci je ne fais plus de trajets en heure de pointe, mais si ma situation professionnelle était amenée à évoluer j'envisagerai une nouvelle installation, par rapport à l'utilisation du site web.
Calculatrice
J'avais un émulateur de calculatrice HP-48, et ça m'était parfois utile, mais en vrai c'était plus de la nostalgie que de l'intérêt pratique.
Au quotidien, sur mes ordinateurs j'ai un interpréteur scheme ou python, ou depuis récemment qalculate, pour remplir mes besoins calculatoires. Dans les situations où l'ordiphone est l'outil de calcul le plus proche, je préfère faire des ordres de grandeur avec la tête, parce que c'est un savoir-faire que je trouve important et que je veux entretenir.
Lecteur de PDF
J'avais installé deux lecteurs de PDF, Foxit et MuPDF, mais aucun ne me donnait satisfaction.
Le besoin d'emporter des documents PDF avec moi (par exemple une carte de mutuelle dématérialisée) ne va pas disparaître, donc il va falloir que je me remette à la recherche d'une application à mon goût pour faire ça.
Météo
Sur mon Jelly 2, j'utilisais un raccourci vers yr.no pour m'informer de la météo. Je pense continuer, une fois que j'aurai stabilisé mon choix de navigateur.
J'avais aussi l'application Yr, mais je ne me suis pas beaucoup servi. Il y a quelques fonctionnalités flashi, mais rien de vraiment utile à mes yeux, et son utilisation était moins fluide que le site.
Je trouve Tiny Weather Forecast Germany encore pire, et il ne me sert qu'à alimenter GadgetBridge. Il faudra que j'explore les alternatives, des fois que je trouve une appli' qui me plaise plus que le site web d'Yr.
Jeux
Je ne me souviens plus exactement quand j'ai arrêté d'utiliser régulièrement Elevate et Lumosity, mais c'était relativement longtemps après la perte de confiance dans leur côté « entrainement du cerveau » et je ne m'en servais plus que pour le divertissement.
Les puzzles de Simon Tatham me suffisent largement pour le divertissement.
Si une autre appli' arrivait à me convaincre de sa pertinence pour l'affutage de mes capacités mentales, je sauterais probablement dessus.
Traduction automatique
J'utilisais de temps en temps Google Translate, et ça va probablement de nouveau me manquer un de ces jours. Je ne sais pas du tout comment trouver une solution satisfaisante pour ce besoin.
Conclusion
Finalement je ne me suis pas trop épanchée dans ce billet, mais je n'ai plus tellement la force de reprendre l'introduction. De toute façon ce billet est beaucoup trop long, il y a de quoi oublier le début avant d'arriver, donc l'évolution du ton ne doit pas trop se voir.
Je continue de penser qu'avec le rôle que cet ordiphone a dans ma vie, il me faudrait au moins un hot spare, avec SIM et applications et configuration, que je pourrais attraper au moindre problème avec l'unité principale.
À ce stade, je me suis un peu résignée à l'impossibilité de cet idéal, et j'essaye tant bien que mal de retrouver mon niveau de vie précédent, l'insouciance en moins. (Ou pas, en fait, parce que j'avais pleinement conscience la fragilité de la situation, même si j'imaginais plus une perte ou une casse qu'un vol.)
Il y a quand même un truc au fond de moi qui voudrait retourner la table, et envoyer balader cette immondice hostile au type d'utilisatrice que je suis.
J'aimerais beaucoup le meilleur des deux mondes, la mobilité de l'ordiphone avec la sérénité d'une BSD, mais ça demanderait de se réapproprier les moyens de calcul, et je ne crois plus que ça puisse se faire pacifiquement.
En attendant le grand soir numérique, je laisse grandir la frustration entre l'envie de réduire les besoins d'ordiphone, à défaut de s'en passer complètement, et le quotidien tellement plus agréable par le petit confort qu'il procure à court terme.
Et je continue d'être fan de la série Jelly d'Unihertz.
Publié le 28 février 2025
Tags : Évènement Jouets Vision atypique
Garmin Instinct 2S
À partir de quel moment est-ce qu'une répétition devient une habitude ou une tradition ? Après avoir écrit sur la Pebble en 2016, la Vívomove en janvier 2021, la Fossil Hybrid HR en janvier 2022, et l'Amazfit Bip S Lite en janvier 2024, voici mon itération 2025 de l'électronique de poignet, avec l'Instinct 2S de Garmin.
Je ne sais pas trop à quel point c'est pertinent de l'écrire explicitement, mais je suis toujours dans la dynamique du blog du début des années 2000, sans LLM ni contenu sponsorisé, et Garmin n'a probablement aucune idée de mon existence, et j'ai acheté cette unité d'occasion avec mes propres deniers.
Dans les épisodes précédents
J'ai longtemps porté une montre idiote qui donne l'heure, en regardant avec méfiance les gadgets immenses et prétendument intelligents que certains portaient au poignet.
La montre connectée Pebble a été la première à me faire changer d'avis, et ce qui a grandement contribué était l'écosystème logiciel, avec notamment la liberté de programmer soi-même ce qui nous plaît dessus. Après les modèles plus gros, je suis arrivée à la Pebble Time Round, qui était toute petite et légère et mignonne, et elle représente encore aujourd'hui ce que j'ai connu de mieux aussi bien au niveau du matériel que du logiciel.
Malheureusement l'électronique n'est pas faite pour durer, et une fois que ma dernière Pebble a rendu l'âme j'ai cherché des succédanés, sans être vraiment satisfaite, comme on peut le voir dans l'instabilité ces dernières années.
La Vívomove Style de Garmin a été ma première tentative, qui n'a pas duré très longtemps parce que Garmin sait surtout faire des fitness trackers, et même en y collant des aiguilles ça reste un objet très mauvais pour faire autre chose (que ce soit donner l'heure ou afficher des notifications).
L'Hybrid HR de Fossil était clairement plus orienté vers le style quoi que ce soit d'autre, mais ça ne l'a pas empêché de s'en sortir plutôt bien. J'ai lu pas mal de mécontents sur la qualité matérielle, mais j'ai eu suffisamment de chance pour éviter la plupart des problèmes. Elle a expiré après un peu plus de deux ans de bons et loyaux services, par la corrosion totale d'un des contacts de charge. Malheureusement, à ce moment-là, ce modèle ne se faisait plus, les modèles suivants étaient plus gros et encore plus limités logiciellement, et j'avais envie d'un modèle plus durable.
Coïncidemment à cette période j'étais tombée sur le subreddit Pebble, alors j'ai naïvement posé la question là-bas. C'est ainsi que j'ai découvert l'Amazfit Bip S Lite, que j'ai essayé en premier, et l'Instinct 2S, que j'utilise aujourd'hui.
Le retour chez Garmin
J'ai commencé par essayer l'Amazfit Bip S Lite surtout parce qu'elle était beaucoup moins chère, donc ce n'était pas un très gros risque financier de lui laisser sa chance. J'avais écrit à la fin de l'article que finalement j'aime bien cette montre, elle fait bien ce dont j'ai besoin, et je n'avais pas besoin de chercher plus loin.
Les avis de Reddit ont continué à suivre leur chemin dans ma tête, mais j'étais encore rebutée par deux choses : le prix, et le logiciel Garmin, qui ne m'avait pas donné l'impression d'avoir progressé depuis mon expérience avec la Vívomove.
Le fait de tomber sur un modèle d'occasion et avoir appris que c'était enfin supporté par Gadgetbridge m'ont convaincue de lui donner une chance.
Les premières impressions ont été très bonnes.
Je savais qu'une montre qui utilise des boutons plutôt qu'un écran tactile avait de bonnes chances de me plaire, mais je ne m'imaginais pas à quel point. L'interface à base de boutons est excellente, et j'ai encore du mal à croire que la même entreprise soit à l'origine à la fois d'une interface aussi pénible que celle de la Vívomove et d'une interface aussi agréable et efficace que celle de l'Instinct 2.
En plus, non seulement l'interface est excellente, mais elle est complète. La montre est pratiquement une machine autonome, qui permet de faire plein de trucs intéressants sans l'application qui est à côté.
Et en cerise sur le gâteau, à la première recharge, j'ai découvert que cette montre présente une interface USB mass storage, qui permet de voir sous forme de fichiers toutes les données collectées par la montre, et il y a même de la documentation pour décoder ces fichiers.
Je n'en ai encore rien fait, mais savoir que je peux extraire et exploiter tout ce que contient cette montre sans m'embêter avec l'appli' Android de Garmin est colossalement à mon goût.
Bilan après neuf mois
Mes goûts changent moins vite que mon électronique de poignet, donc je vais encore recycler la même liste de critères que l'année dernière, qui est presque la même qu'en 2018.
Donner l'heure avec style
Avec l'Amazfit j'avais déjà fait le deuil d'avoir quelque chose de joli au poignet, et finalement avec mon habitude de garder ma montre côté paume le style est plus porté par le bracelet que la montre elle-même.
D'un autre côté, même si cette montre est plutôt grosse et ouvertement plastique et assumée outdoors, je trouve que ça se tient bien ensemble. Ça reste loin d'une Pebble ou d'une Fossil neuve, mais je me demande si ce ne serait quand même pas un cran au-dessus de la geekerie bon marché de l'Amazfit.
Après j'imagine que c'est une question de goûts, mais je pense qu'il existe quand même une échelle à peu près objective dans la classe, et que sur cette échelle cette montre n'est pas pire que le reste de mon accoutrement.
Réveiller par des vibrations discrètes
Ce critère reste très haut dans ma liste alors que ma vie n'a toujours pas évolué pour que j'en aie besoin. Je ne suis même pas sûre de l'avoir essayé une fois.
Les vibrations sont relativement fortes par rapport aux autres montres que j'ai connues, donc je ne suis pas trop inquiète à ce niveau.
Avertir de l'oubli de l'ordiphone
C'est du Garmin, donc il y a le même problème que la Vívomove, à savoir qu'on ne peut pas activer séparément la notification de perte de connexion Bluetooth et l'avertissement de sa reprise.
Cependant, la connexion est beaucoup plus stable que la Vívomove, donc je peux utiliser pour de vrai cette fonction, sans être noyée sous les faux positifs.
Le fait que mon ordiphone actuel tienne dans une poche de fille fait que je l'oublie beaucoup moins souvent, et une fois j'ai même oublié mon sac à main (mais pas mon ordiphone), donc il faut peut-être que je revoie le système.
Avertir des notifications pertinentes et en Présenter un résumé
Autant les autres critères sont pratiquement des prérequis pour une montre qui se dit intelligente, autant on arrive au cœur des fonctionnalités qui font qu'un de ces objets est pour moi mieux que rien.
Si ça peut être une difficulté pour certaines montres hybrides, il n'y a aucun problème avec cette montre.
C'est même un progrès par rapport à l'Amazfit parce que l'interface est à base de boutons et l'interface est parfaitement à mon goût.
Il reste malheureusement la faiblesse Garmin de la perte des notifications pendant que la connexion Bluetooth est éteinte. La connexion est assez bonne pour que je ferme les yeux dessus, mais je continue d'avoir envie de passer à Gadgetbridge rien que pour ça.
Suivre des paramètres biologiques
J'avais enlevé ce critère, parce qu'il n'est pas si important pour moi et que l'Amazfit n'en fait rien du tout, mais je ne suis pas mécontente de retrouver la qualité Garmin des capteurs biologiques.
Et je suis encore plus contente d'avoir ces données sur mon ordinateur, il ne reste qu'à se motiver pour les décoder et en faire quelque chose.
Avoir une interface à mon goût
Je l'avais déjà dit la dernière fois, mais je le ferai probablement la prochaine fois : ce critère mérite d'être beaucoup plus haut pour que cette liste soit classée par ordre de priorité.
J'avais de gros a priori négatifs envers Garmin, et ça a été autant d'occasions d'être très agréablement surprise.
Je ne saurais pas dire si je préfère cette interface ou celle de Pebble, les fonctions sous-jacentes sont trop différentes pour me faire vraiment une idée, alors je vais les considérer ex aequo tout en haut de mon classement des ordinateurs de poignet.
Préserver la vie privée et l'hackabilité
J'avais ajouté ce critère exprès pour souligner l'excellence de l'Amazfit combinée à Gadgetbridge, et j'imagine cette montre combinée avec Gadgetbridge serait au même niveau.
Il faudrait juste que je me bouge un peu et que je vérifie que ça marche pour de vrai.
Je suppose que c'est une nouvelle illustration du fait que la vie privée, c'est super dans le principe, mais la sale réalité du quotidien reste plus forte que les principes…
Tenir longtemps sur batterie
Amazfit avait placé la barre très haut, avec une recharge par mois, et l'Instinct 2S n'avait aucune chance avec l'activation du capteur de rythme cardiaque et du capteur d'oxygénation du sang.
Et en plus, j'utilise le GPS embarqué dans la montre à chaque trajet en vélo, parce que mon ordiphone fait des trajectoires vraiment dégueulasses (je suppose que sa petite taille a un impact négatif sur ses antennes).
Et pourtant, avec deux heures d'enregistrement GPS et tous les capteurs biologiques, je la charge une fois par semaine. Sans GPS, elle tient presque deux semaines.
C'est largement plus que je n'ai besoin, et il me semble que c'est une performance qui mérite d'être saluée.
Tant que j'y suis, le modèle que j'ai récupéré est solaire, et autant dire que c'est une vaste blague. On peut lire cet avis un peu partout sur le grand 'ternet, j'imagine qu'il n'y a pas besoin de mon énième confirmation. Mais à moins de passer des heures en plein soleil, en portant la montre de façon à ce que le cadran soit au soleil (donc non seulement pas comme moi, mais en plus avec le corps bien orienté), ça ne va pas avoir d'impact visible sur l'autonomie.
C'est pour ça quand dans tous cet article je parle d'« Instinct 2S » sans mentionner « Solar ».
Verdict
J'avais acheté ce modèle sans grands espoirs, et je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me plaise autant. Il mérite largement son prix, et si j'avais su j'aurais volontiers payé le prix neuf.
Je place peut-être de trop gros espoirs dans sa durabilité, c'est ma première « montre d'aventure », et je serai probablement déçue si elle ne tient pas deux ans.
D'un autre côté, si j'ai bien compris, c'est le côté « montre d'aventure » qui fait que son interface est aussi indépendante de l'ordiphone et que les fichiers sont directement accessibles. Rien que pour ça, cette gamme de Garmin m'intéresse beaucoup, et j'espère qu'elle va persister dans le temps.
Bref, c'est la première fois que je suis autant enthousiaste pour un wearable depuis la Pebble. Dans l'ensemble je reste plus fan de la Pebble, mais ce qui existe est plus utile que ce qui n'existe plus. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas ressenti d'émotion positive envers un gadget électronique…
L'Amazfit Bip S Lite reste très à mon goût, et je la garde à portée de main au cas où un malheur arrivait à mon Instinct 2S, ou en cas d'activités un peu trop risquées.
Re-pebble ?
Évidemment, j'avais écrit tout ça avant l'annonce de la résurrection de Pebble, mais une fois l'enthousiasme initial passé, je dois avouer que je suis prise d'un doute.
Certes, je suis complètement d'accord avec les valeurs présentées dans le blog d'Eric Migicovsky, à savoir :
- un écran réflexif toujours allumé,
- une longue autonomie,
- une expérience utilisateur simple et jolie,
- des boutons,
- la « hackabilité ».
Je remarque cependant que les Garmin Instinct ont clairement l'écran, l'autonomie, et les boutons. On peut discuter sur l'expérience utilisateur, et je sais que je ne suis pas du tout représentative, mais elle me semble quand même très bonne pour le nombre de fonctions par rapport aux limites de l'écran et des boutons, même si tout le monde n'en convient pas. Il ne lui manque que l'« hackabilité », mais l'accès aux fichiers est déjà très bien pour son domaine.
D'un autre côté j'ai déjà été brulée une fois par (l'entreprise d') Eric, le projet ressemble pour l'instant plus à une déclaration qu'à un vrai produit, et j'ai surtout été séduite par la variante Round dont l'absence m'interpelle.
Et le fait qu'il considère la fabrication matérielle comme facile, et considère que le seul défi est logiciel, m'inquiète un petit peu : il est mieux placé que moi pour savoir ce qu'il en est vraiment, mais sous-estimer le matériel est un bon moyen de finir avec un produit inutilisable (à mes yeux).
Donc je vais certainement garder un œil sur l'évolution de cette idée, mais en restant très prudente sur mon investissement émotionnel et financier. Et peut-être que ça se finira en bonne surprise.
Publié le 28 janvier 2025
Tags : Jouets
Livres écrits ou audio
Alors qu'on arrive à la toute fin de l'année 2024 et que je ne sais toujours pas faire les bilans ou rétrospectives traditionnelles de cette occasion, je vais tirer une conclusion provisoire d'une nouveauté de cette année : mon recours presque systématique aux livres audio plutôt qu'aux livres écrits.
Pour mettre quelques nombres sur cette situation, j'ai commencé le 17 février 2024, et depuis j'ai passé presque 191 heures à « écouter des livres ». Soit pas loin de huit jours en continu. Soit presque 2,5 % de mon temps, en comptant le sommeil. Soit 22 livres, à contraster avec les 5 de 2023, ou 11 de 2022, et il faut remonter à 2019 pour en trouver 18, et jusqu'à 2016 pour trouver mieux avec 24, comme on peut le voir sur ma liste de lecture.
En 2017, j'ai publié un billet intitulé L'écrit contre l'oral, après avoir écouté deux livres audio dans ma vie. Il est peut-être temps de revisiter ce sujet à l'aune de cette nouvelle expérience.
Réflexions passées
Pour résumer L'écrit contre l'oral, et ne pas me sentir obligée d'affubler le présent billet du tag « Suite », j'ai conclu que la différence principale entre ces formats est qu'à l'écrit, c'est le lecteur qui contrôle le rythme de transmission de l'information, par un effort constant mot après mot, alors qu'à l'oral c'est le locuteur qui le contrôle, et l'auditeur n'est actif que pour démarrer ou arrêter la transmission, ou éventuellement appliquer un facteur correctif au débit.
J'en tirais la conséquence qu'un lecteur a tout loisir de faire des micro-pauses pour saisir au vol une réflexion tangente potentiellement intéressante, alors qu'un auditeur doit consciemment mettre en pause, ce qui est un effort démesuré pour la plupart des tangentes, qui ne sont pas si intéressantes que ça, et qui fait perdre le fil d'une bonne partie de ces tangentes avant d'avoir pu les explorer.
Une autre conséquence, que j'ai moins réussi à développer, est que dans les passages émotionnellement intenses, j'ai beaucoup de mal à « savourer » le passage en tant que lectrice, alors que le rythme imposé par l'audio permet de la faire durer plus longtemps. À l'inverse, dans les passages plus chiants, la lecture est un risque perpétuel de « dérailler » définitivement, alors que l'écoute permet de reprendre naturellement une fois ce mauvais moment passé.
Enfin j'ai constaté que la lecture est, en ce qui me concerne, plus intense émotionnellement, et donc plus satisfaisante, comme si les informations lues étaient injectées plus profondément dans mon esprit que les informations entendues.
Aujourd'hui, avec mon expérience supplémentaire en livres audio, je confirme toutes ces conclusions sans aucun amendement.
Conditions de lecture
Je l'avais déjà évoqué quand j'ai donné mon avis sur Graphic Audio, mais je vais le répété ici : pourquoi m'être mise à ce point à la lecture audio alors que je sais et que je confirme que ça ne me satisfait pas tant que ça ?
C'est une bête question logistique d'organisation de mon temps.
D'un côté, j'ai beau savoir depuis que longtemps que j'ai besoin de fictions régulièrement, je suis toujours aussi mauvaise pour reconnaître l'origine de mon malaise quand je suis en manque.
De l'autre côté, la lecture n'est pas si haute que ça dans ma liste de priorités, et il n'est pas rare que j'arbitre en sa défaveur pendant de longues périodes de temps, comme ça a été le cas en 2023, jusqu'à ce que je finisse par identifier le manque.
Pour programmer des moments réguliers de lecture et de fiction, j'ai historiquement utilisé les trajets pendulaires. Les années dans lesquelles j'ai le plus lu, comme on peut le voir sur ma liste de lecture, sont celles où ma situation professionnelle me demander de passer le plus de temps dans les transports en commun, en bus en 2013 et en RER en 2016. Il n'y a qu'en 2014 que j'avais un temps de lecture relativement élevé sans trajets pendulaires, parce qu'ils étaient particulièrement courts et j'avais pu aménager dans ma vie des moments dédiés à la lecture.
Grâce la généralisation du télétravail permis par la Grande Pandémie, j'ai beaucoup moins de trajets pendulaires ces jours-ci. En plus, le vélo est devenu mon moyen de transport principal, et je suis encore beaucoup trop timorée pour dédier une part de mon attention à de la fiction quand je me déplace à vélo. La lecture est ainsi devenue une lutte perpétuelle pour trouver du temps à y consacrer parmi tous mes autres loisirs.
En 2023, j'ai complété mes exercices physiques de chez GMB.io avec de l'exercice en force plus idiot mais (beaucoup) plus intense. Mon cardiofréquencemètre de poignet prétend que je dépense entre 350 et 400 kcal par demi-heure, mais je le soupçonne d'embellir la vérité pour ferrer l'utilisateur gratuit. J'imagine que je peux faire confiance aux pointes au-dessus de 150 bpm qu'il enregistre, et je trouve ça déjà passablement impressionnant en soi.
En 2024, j'ai commencé à m'ennuyer sévèrement pendant ces exercices, et quand je laissais gambader mon esprit librement pendant ce temps, il se retrouvait trop souvent dans des endroits pas joli-joli.
Alors j'ai ressorti mon casque à conduction osseuse, que j'avais acheté pour des raisons très proches. Mes 191 heures de livres audio correspondent à presque autant de temps en exercice intense et en retour au calme.
Dans l'ensemble, ce dispositif répond complètement à mes attentes. Les histoires sont assez prenantes pour canaliser mon esprit, et les exercices sont assez idiots pour qu'aucun des deux ne souffre de la parallélisation. J'arrive à mettre plus d'intensité quand je mets toute mon attention dans l'exercice, mais ce qu'il reste quand je suis dans l'histoire me semble largement suffisant.
Je n'ai pas vraiment besoin de la technologie de conduction osseuse quand je suis au calme chez moi, mais ce casque résiste à la transpiration et aux contraintes mécaniques de l'exercice, et je ne suis pas sûre de posséder un autre casque avec ces caractéristiques.
Je ne suis pas très satisfaite de mes arbitrages de 2024 entre les exercices en force idiots et GMB, et j'essayerai probablement de diminuer les premiers au profit des seconds. Je ne sais pas si j'arriverai à mettre de la lecture audio avec les exercices de GMB, qui sont beaucoup plus complexes, ou si je trouverai d'autres occasions d'écoute, ou si je réussirai à réaménager de la lecture visuelle.
Ressenti des livres audio
Le cadre étant posé, il est temps de décrire ce que j'ai trouvé dans cette année d'écoute de livres audio.
Graphic Audio
J'ai déjà longuement décrit ailleurs mon avis sur Graphic Audio, qui concerne les « adaptations dramatiques » faites par cette marque. En résumé, je suis très positivement impressionnée par la qualité du travail qui a été mis dedans, je leur souhaite beaucoup de succès, mais ce n'est juste pas un format qui marche bien sur moi. Je préfère largement les lectures à voix haute du texte original par un seul narrateur, ou à la limite deux narrateurs quand l'histoire elle-même alterne entre les points de vue, par exemple The 1000 Revolution.
L'implication émotionnelle
Comme je l'ai déjà écrit en 2017, je n'arrive pas à trouver la même implication émotionnelle dans une histoire que j'entends que dans une histoire que je lis, et cette implication émotionnelle est l'essence de ce que je cherche dans la lecture. J'ai donc clairement une expérience nettement moins agréable avec les livres audio qu'avec les livres écrits, et il n'y a guère que sur les passages particulièrement agréables que les livres audio sont compétitifs par le fait qu'ils me permettent de les savourer plus longtemps.
Cependant, après avoir exploré une gamme de livres audio plus large qu'en 2017, je trouve ce constat beaucoup moins marqué que dans le souvenir que j'ai de cette époque. La différence d'appréciation est nette, mais d'un degré beaucoup plus faible, au point que les avantages logistiques l'emportement largement sur l'inconvénient d'une expérience un peu plus terne. Dans des conditions parfaitement égales je préfèrerais l'écrit, mais comme ma vie est plutôt dominée par les contraintes logistiques, je fais avec ce qui est disponible.
Les sons contre les lettres
Un gros avantage de l'écrit au calme est la facilité de pouvoir prendre le temps qu'il faut pour comprendre, par exemple dans les tournures plus difficiles ou le vocabulaire plus recherche, éventuellement en faisant des recherches.
Par exemple j'ai pu lire sans problème Gideon the Ninth et The Last Wolf (je suis un peu surprise d'avoir négligé leur critique), mais je ne sais pas trop s'ils seraient à ma portée en audio pendant le sport.
Dans le même genre, j'ai été un peu surprise par ma relation aux noms propres.
Je savais depuis un moment que je ne me donne pas la peine d'imaginer les sons qui peuvent correspondre aux noms propres que je croise, et je prends juste le tas de lettre comme un identifiant amorphe.
Avec un peu d'effort j'arrive souvent à retrouver le tas de lettre quand j'en entends une prononciation, éventuellement avec l'aide du contexte, mais quand je découvre un nom à l'oral, je sens que j'ai beaucoup plus de mal à en faire quelque chose.
Autant j'arrive facilement à distinguer un tas de lettres d'un autre, autant j'ai beaucoup plus de mal à m'y retrouver entre plusieurs tas de phonèmes.
Je me suis retrouvée à suivre plus ou moins en parallèle le livre écrit et le livre audio. Mettre un tas de lettres sur les phonèmes m'aide beaucoup, et c'est particulièrement important dans les histoires de groupe, comme les Wayfarers dont je lis en ce moment le troisième roman.
Le texte offre aussi la possibilité de rechercher des passages passés pour me les remémorer, et cette possibilité me manque souvent dans les livres audio. D'autant plus que je ne peux pas confortablement mettre en pause l'exercice physique pour aller chercher la version écrite et faire mes recherches.
Heureusement les exercices en intensité sont plutôt courts, ce qui permet de faire les recherches après coup (si je n'oublie pas), et de recoller les morceaux ensuite. Ça reste moins confortable qu'une lecture dans un espace de temps dédiée, qui permet de faire les recherches dès que le besoin se fait sentir.
Les marchés des livres
J'ai été très agréablement surprise par les modalités pratiques d'acquisition des livres audio par rapport aux livres numériques.
À tel point que j'ai très envie de voter avec mon portefeuille pour l'écosystème audio au détriment de l'écosystème écrit.
Mes premiers livres audio viennent de Humble Bundle, mais une fois lancée j'ai basculé chez libro.fm, qui fonctionne sur un abonnement mensuel qui donne des « crédits », et les livres audio qui peuvent être achetés en payant en euros ou en crédits, sans taux de conversion clair entre les deux.
Jusqu'à présent tous mes livres audio coûtaient un crédit, quand l'achat direct allait de 60 % à 270 % de l'abonnement mensuel.
J'ai évidemment optimisé, en payant en euros les nouvelles moins chères qu'un mois d'abonnement, et en payant en crédits le reste.
Il y a un abonnement plus cher qui donne deux crédits par mois, et je suis tentée, mais j'attends de voir si j'y passe suffisamment de temps pour ne pas accumuler plus de crédits que je n'en dépense.
La partie qui m'a agréablement surprise, c'est qu'une fois acheté, le livre audio est une collection de fichiers MP3 ou un fichier M4B, sans aucune trace de DRM ou d'incompatibilité avec quelque système libre ou obscur que ce soit.
Par contraste, mes livres numériques viennent depuis quelques années de kobo.fr, fournisseur choisi pour la (relative) facilité de déplomber les livres, pour en assurer la pérennité (par des sauvegardes personnelles) et l'interopérabilité.
Chaque commande était un combat contre l'application propriétaire et les plugins de Calibre, et à chaque fois je me suis demandée si c'était ma première perte sèche, même si jusqu'à présent après une quantité indécente de temps et de frustration la réponse a toujours été « non ».
Le modèle de libro.fm (et pour autant que je puisse juger, DownPour a le même) me plaît tellement que j'ai très envie d'arrêter complètement l'achat de livres numériques. J'aurai arrêté sans hésiter si je n'étais pas aussi dépendante de l'écrit, suivi en parallèle de l'audio ; mais au prochain cassage j'aurai peut-être plus envie d'essayer d'installer un modèle de transcription, ou d'autres solutions moins avouables, que d'investir encore du temps pour faire fonctionner un écosystème hostile à l'utilisatrice que je suis.
Le plus gros point négatif que je vois dans l'écosystème des livres audio, est le catalogue beaucoup plus étroit. J'ai croisé un paquet de livres dont les résumés me semblent très tentants, mais qui n'ont pas l'air d'exister du tout en dehors du format texte.
Pour l'instant l'offre de livres audio est largement suffisante pour occuper tout le temps que j'ai à y consacrer, mais je me demande combien d'excellentes histoires je rate parce que personne ne les a lues à voix haute.
L'intelligence artificielle est un sujet compliqué ces jours-ci, et je n'ai aucune envie de voir les livres audio lus par des humains disparaître ou devenir des objets de luxe, mais je verrais d'un assez bon œil la possibilité d'avoir une lecture robotique d'une histoire dont personne ne fait de livre audio.
L'édification personnelle
J'ai encore beaucoup de mal à envisager la lecture sous l'angle purement divertissant, et à chaque fois qu'il est question de lecture je me pose la question de l'édification personnelle qu'elle peut procurer. Je pense que ça peut se voir dans la plupart de mes billets sous le tag Lecture.
Au passage, je continue de me demander sérieusement s'il peut y avoir de l'édification personnelle qui peut être extraite d'histoire. J'ai l'impression que ça a été mon cas dans Crossover, mais ça ressemble plus à une anomalie qu'à un exemple général.
Donc forcément, j'ai ajouté dans ma liste de lecture des « livres qui ne racontent pas une histoire », pour voir ce que j'arrive à en tirer :
- Networking for People Who Hate Networking, sorti un Humble Bundle, dont le résumé donne une impression typique du « développement personnel » ;
- A Hacker's Mind, parce que Bruce Schneier est quelqu'un que je respecte et dont j'apprécie les écrits plus courts ;
- The Scout Mindset, parce que j'en ai lu du bien chez Dan Luu.
Je dois reconnaître que les deux premiers ont été très loin que le bon exemple que j'avais évoqué en 2017, à savoir des conférences de Benjamin Bayart.
Entretemps j'ai écouté un certain nombre d'interviews de Thinkerview, et s'il y a beaucoup de reproches qu'on peut faire à cette chaîne, j'aime beaucoup le format qu'ils proposent, et beaucoup d'invités ont un discours qui m'intéresse beaucoup plus que la plupart des livres qui ne racontent pas d'histoire que j'ai pu lire ou écouter.
Dans l'ensemble, j'ai trouvé le discours de ces livres audio trop superficiel et trop répétitif pour tenir mon attention, dans les rares fois où une réflexion intéressante pourrait avoir lieu, le format audio qui avance tout seul et la chiantise de mettre en pause l'exercice pour mettre en pause l'audio tue complètement l'intérêt de la tangente.
Je n'ai pas encore essayé ThinkerView pendant l'exercice physique, mais je ne serais pas surprise qu'il n'arrive pas à atteindre un niveau d'intérêt suffisant pour éviter ce problème.
Je suis beaucoup plus réceptive aux textes, que je peux étudier à mon rythme, à l'audio pendant que je fais du travail intellectuel qui n'a pas besoin de mon attention continue, pour que je puisse faire varier la proportion d'attention entre le discours et mes tâches en cours.
Une exception notable a été The Scout Mindset, que j'ai trouvé intéressant et pendant lequel je ne me suis pas du tout ennuyée, même si l'investissement et l'intérêt restent inférieurs à ce que je peux éprouver pendant l'écoute une histoire. Je ne sais pas en quoi The Scout Mindset est différent, et je n'ai aucune idée de comment repérer a priori les livres audio qui pourraient être dans sa catégorie et pas dans celle des autres.
Le résultat, c'est que j'ai globalement abandonné l'idée de tirer d'un livre audio autre chose qu'une histoire, et je ne peux m'empêcher de trouver ça un peu triste.
Le versant positif de cette résignation, c'est que je n'ai pas à me poser la question de comment équilibrer l'édification personnelle sans histoire avec mon besoin de fiction.
Le jeu de narrateur
Il y a un autre point que je ne crois pas avoir encore abordé, qui est la partie de performance artistique qu'un narrateur peut mettre dans une histoire (ou dans un livre audio qui ne raconte pas une histoire).
Dans L'écrit contre l'oral j'avais dit tout le bien que je pense de James Marsters, qui est un acteur professionnel, même si le jeu d'acteur n'est pas tout à fait pareil que le jeu de doublage ou de narrateur.
Les différents livres audio m'ont donné des exemples de différentes voix, et ça m'a donné un aperçu de la palette d'essences artistiques qu'un humain peut mettre dans la lecture à voix haute d'un texte.
Je pense en particulier à Betrayal, dont je n'imagine pas pouvoir apprécier la lecture au même point que l'écoute du livre audio. Je n'arrive toujours pas à décrire comment ce résultat est possible, mais je suis forcée de constater que c'est le cas.
J'ai repéré certains narrateurs qui donnent des voix différentes aux discours directs de différents personnages, mais je ne serais pas surprise d'avoir raté un certain nombre de ces modulations. Je suis un peu mitigée envers cette pratique : d'un côté ça donne de la vie au récit, mais d'un autre côté je n'aime pas devoir faire l'effort de décoder cette information (et potentiellement mal la décoder ou la rater complètement).
De façon plus générale, j'ai regretté moult fois de perdre à l'audio des indications visuelles, en général dans la typographe.
Je n'en suis pas encore à sélectionner des livres audio sur leur narrateur, mais maintenant je peux imaginer que ça puisse être le cas un jour. Il y a de la vraie excellence qui est possible dans le domaine de la lecture à voix haute.
Conclusion
Je suis très contente de ne pas m'être arrêtée aux considérations de mon billet de 2017, et d'avoir trouvé une façon d'occuper mon esprit pendant que j'entretiens mon corps.
De la même façon que je préfère le contact des livres en papier, mais j'utilise des liseurs pour tous les autres avantages qu'ils procurent, je préfère lire des textes, mais j'utilise volontiers des livres audio pour la place que j'arrive à leur trouver dans la configuration actuelle de ma vie. Et j'ai eu quelques bonnes surprises au passage.
L'écosystème des livres audio me semble beaucoup plus sain que celui des livres numériques, et j'en suis presque triste d'être aussi dépendante du texte et de l'écosystème toxique auquel je dois contribuer pour voter avec mon portefeuille pour mes auteurs et autrices préférées.
J'espère que libro.fm, en plus de redistribuer à une librairie française, distribue suffisamment aux auteurs et aux narrateurs pour que cet écosystème continue d'exister.
Publié le 31 décembre 2024
Tags : Autoexploration Évènement Lecture
Réécrire l'histoire pour l'archiver
Je vais commencer par une petite note méta, qui explique le titre.
Je connais depuis le principe du « backup de Schrödinger », selon lequel une sauvegarde n'existe pas vraiment tant qu'on a pas essayé de la restaurer. Ou, dit autrement, il ne suffit pas de faire des actions qui sont censées sauvegarder, il faut essayer d'utiliser ces sauvegardes avant de considérer leur rôle comme rempli.
Je suis ces jours-ci en cours de découverte de la transposition de ce principe aux archives. Garder un tas d'informations, ce n'est pas vraiment une archive tant qu'on n'a pas vérifié qu'on peut effectivement utiliser ce tas d'information pour l'interroger et répondre à des questions sur le passé. Je sais depuis longtemps qu'archiviste c'est un vrai métier, je suis seulement en train d'en tirer toutes les conséquences.
J'imagine que c'est parce qu'au fil des années, le tas d'informations que je garde « au cas où » ne cesse de croître, et d'être donc plus difficile à exploiter, tandis que ma mémoire est de moins en moins apte à remplacer une organisation pertinente de ce tas d'information.
Dans l'exemple qui va occuper le reste de ce billet, je vais prendre le code que j'écris pour résoudre les exercices de l'Advent of Code.
Cet exemple est un peu nul par rapport aux réflexions ci-dessus, parce que j'utilise l'Advent of Code comme un prétexte pour assimiler un nouveau paradigme de programmation, ou à défaut de nouveaux concepts de programmation, ou à défaut un nouveau langage de programmation. Donc j'en tire plus un savoir-faire et une intuition que des choses qui sont vraiment utiles à revisiter.
En plus dans le reste ce billet, je ne vais pas développer ces considérations, je vais juste mettre les mains dans le cambouis en dessous de git. Mon lectorat non-technique peut donc sereinement arrêter la lecture de ce billet ici.
La fusion de dépôt
J'ai commencé à pratiquer l'Advent of Code en 2021, et l'année 2024 sera ma quatrième saison. En 2022, pour des raisons que j'ai complètement oubliées, j'ai choisi de faire un nouveau dépôt, complètement indépendant de ce que j'ai écrit en 2021. J'imagine que le fait d'avoir rempli le dépôt 2021 comme si c'était le seul Advent of Code que je ferais de ma vie a contribué à lancer cette structure d'un dépôt par an.
En 2023, je n'étais pas du tout satisfaite de ce choix, et c'est à reculons que j'ai créé un troisième dépôt.
Je crois que c'est 2024 que j'ai constaté le chaos pénible de ne plus savoir sur quels ordinateurs se trouvent quelles années, et j'ai eu la preuve par la pratique que ce n'est pas une « bonne » accumulation de données et qu'une « vraie » archive n'en a pas émergé.
Alors je me suis reprise en main, et j'ai décidé de préparer l'Advent of Code 2024 en construisant un nouveau dépôt, qui contient rétroactivement ce que j'ai fait dans le passé, et qui contiendra ce que je ferai dans le futur.
Comme j'imagine à quel point git permet de touiller l'historique dans tous les sens, et d'autant plus depuis que dans le cadre de pashage j'ai cherché comment modifier rétroactivement une clé cryptographique, je me suis dit : « Bah, ça ne doit pas être bien compliqué… »
Famous last words, comme on dit.
Plus concrètement, je cherche donc à construire un dépôt qui contient les
mêmes commits que mon dépôt de 2022 et que mon dépôt de
2023, chacune dans son sous-répertoire, et éventuellement en
enlevant les trucs qui n'ont plus d'intérêt dans le dépôt fusionné, comme
le fichier LICENSE
.
Je n'inclus pas le dépôt de 2021 parce qu'il est beaucoup trop fortement couplé à un outil propriétaire sur mon lieu de travail, et son intérêt me semble extrêmement douteux, aussi bien pour moi‐du‐futur que pour le reste du monde.
Le graphe orienté acyclique
C'est loin d'être évident pour tout le monde, mais je l'ai assimilé il y a tellement longtemps que je ne sais plus trop comment je le vivais avant, mais il me semble que pour utiliser efficacement git il faut le considérer comme un outil de manipulation d'un graphe orienté acyclique (ou DAG) dont les nœuds sont les commits.
Mon interprétation personnelle, mais je pèche peut-être par manque de charité, est que git est tellement mal foutu que c'est une abstraction pleine de fuites, au-dessus de cette structure de données.
Donc après un nettoyage basique de chacun des deux dépôts, l'opération principale va être une fusion de ces deux dépôts, qui va résulter en un graphe à deux composantes connexes indépendantes. L'opération suivante devra être la greffe de la racine du sous-graphe de 2023 sur la plus ancienne feuille du sous-graphe de 2022, pour revenir à un graphe connexe qui ressemble à un historique « normal » que l'on peut manipuler avec les commandes habituelles.
Sous le capot de git
Au risque de divulgâcher, la grande leçon que j'ai retenue de toute cette histoire, c'est que je n'étais pas rentré assez loin dans le détail de ce que sont exactement les commits qui servent de nœuds au graphe de git.
J'ai toujours considéré un commit comme étant intrinsèquement un changement, ou un patch, qui transforme l'état précédent du dépôt en l'état courant.
En réalité, quand on regarde de plus près l'organisation interne des objets de git, on voit qu'un commit c'est essentiellement un tree, c'est-à-dire le contenu d'un ensemble de fichiers, avec un jeu de méta-données autour.
Donc ce que je prenais pour un commit est en réalité une arrête du graphe (dans le cas facile mais fréquent où le commit n'a qu'un seul parent).
J'aurais dû le savoir, puisque je connaissais déjà pijul, dont le pitch est précisément de manipuler des patchs et non pas des états.
Donc en particulier, si je me contente d'utiliser la plomberie de git pour ajouter simplement une arrête d'un sous-graphe à un autre, sans changer le tree auquel il fait référence, j'ajoute implicitement dans mon nœud racine greffé la suppression complète des fichiers de la feuille sur laquelle il est greffé.
Si vous voulez essayer chez vous, les commandes pour ce faire sont documentées dans git-filter-branch :
git replace --graft $FIRST_2023_ID $LAST_2022_ID
git filter-branch $LAST_2022_ID $LAST_2023_ID
Il y a bien une opération git qui « applique des patchs », et qui représenterait la connexion de l'historique de 2023 à la suite de l'historique de 2022 : git-rebase. Sauf qu'un rebase ne peut se faire que dans un dépôt avec un checkout, alors j'avais fait toutes mes expérimentations dans un dépôt bare, pour justement ne pas avoir à me soucier de l'état d'un checkout.
J'imagine qu'on doit pouvoir le faire en restant au niveau de la plomberie, en utilisant le fait qu'un tree c'est en réalité un répertoire, donc je n'ai pas besoin de me préoccuper de tous les fichiers, je peux juste concaténer le tree à la base de 2022 et le tree à la base de 2023. J'ai lâchement abandonné parce que j'arrive au bout du temps avant le début de l'[Advent of Code][].
Filtrage de branche et de dépôt
Pour le reste du nettoyage, j'ai utilisé beaucoup d'options de git-filter-branch, malgré l'immense section “SAFETY” et la recommandation d'utiliser git-filter-repo, parce que je n'ai pas du tout envie de me gérer une dépendance supplémentaire.
J'imagine que le fait d'avoir un bête historique linéaire évite plein de problèmes, et les opérations que je veux faire sont tellement simples qu'elles se retrouvent directement dans les exemples :
--msg-filter
pour ajuster les messages de commit quand il est utile de préciser l'année,--parent-filter
pour changer de nœud racine,--tree-filter
pour déplacer tous les fichiers dans le répertoire annuel.
Chaque appel à git-filter-branch génère une sauvegarde de la référence
originale, pour repêcher le sous-graphe avant modification et pouvoir
annuler la commande, ce qui empêche de les enchaîner.
J'ai été agréablement surprise de trouver une variante de git update-ref
qui efface une référence après avoir vérifié qu'elle pointe bien sur le
nœud auquel on s'attend.
Archive et partage des commandes
J'ai rassemblé toutes ces modifications de dépôts dans un script que j'ai ajouté au dépôt fusionné, pour pouvoir retrouver tout ça si un jour j'en ressens le besoin.
Ce qui me permet de revenir au sujet initial, sur la différence entre un tas de données qu'on garde et une archive. Je garde un historique de la totalité des commandes que j'ai entrées dans un terminal, et j'arrive souvent à trouver ce que je cherche en combinant ma mémoire et une capacité à construire des expressions régulières pertinentes.
Dans les cas très itératifs, comme ici, ou pour partager avec d'autres gens, je construis un script comme celui que j'ai lié au début de cette section. Pour situer, j'ai lancé 25 fois une version ou une autre de ce script, 31 fois git-filter-branch en dehors du script, et 6 fois git-replace en dehors du script.
Autant mon historique perpétuel est un bon tas de données que j'arrive (encore) à interroger assez facilement pour retrouver des commandes individuelles ou des séquences brèves (je dirais trois ou quatre commandes), autant l'enchaînement ici mérite un script pérenne, même s'il n'est lancé « pour de vrai » qu'une seule fois.
Il n'aura pas échappé au lecteur assidu qu'une faute de frappe malheureuse
s'est glissée dans ce script, et que le fichier LICENSE
existe encore
dans le sous-répertoire 2023
, parce que le script efface un hypothétique
fichier LICENCE
.
C'est triste, mais j'ai trop construit dans ce dépôt fautif pour tout
reprendre à zéro, et ça restera éternellement une verrue dans mon dépôt
fusionné tout neuf.
Publié le 30 novembre 2024
Désolarisation
D'habitude je fais des billets complets, sur des sujets où je suis arrivée à une certaine forme de fin, ce qui me permet de tirer un fil de l'introduction à la conclusion. J'arrive beaucoup plus facilement à rédiger un billet en cristallisant des mots sur un tel fil.
D'un autre côté, le sujet de ce billet patine tellement qu'il est peut-être temps de fermer ce qui est fermable et de repousser la suite à un autre billet. Et puis cette publication va peut-être me décoincer, par la clarté de devoir exposer le problème ou par les réactions de mes chers lecteurs.
La fabrique d'un problème
Dans le billet Ricing, je vous avais raconté l'évolution de mon environnement graphique, avec sa stabilité pendant 15 ans et les vents du changement qui ont commencé à souffler (relativement) récemment. Parmi les « points fixes » j'avais listé la palette de couleur, Solarized.
Depuis plusieurs mois, les vents du changement soufflent fort sur cette palette, et pourtant ces lignes sont encore écrites dans un terminal qui reste sur cette palette.
Si je n'ai pas encore fait le changement, j'en suis au stade où l'insatisfaction croissante me pousse à chercher mieux. Un peu comme la confusion entre les points et les virgules dans DejaVu, ou la gestion des terminaux parents de firefox dans PekWM, je vis avec ces difficultés depuis longtemps, mais ce n'est que depuis quelques mois que j'en ai conscience au point de chercher activement à les remplacer.
Je ne sais pas trop quel effet psychologique rend une situation beaucoup plus difficile à supporter une fois qu'on l'a recardée comme étant un problème, mais ça m'est arrivé suffisamment souvent pour que ça me semble être un mécanisme déterministe et implacable.
Pendant 15 ans c'était juste un inconvénient mineur, ou à la limite juste chiant, alors que depuis quelques moins c'est un problème qu'il faut résoudre.
Et je ressens une certaine frustration à ne pas réussir à le résoudre, j'ai complètement perdu le cadre dans lequel ce n'était qu'un inconvénient avec lequel je vis volontiers.
Le péché originel
Mon insatisfaction envers Solarized se manifeste de plusieurs manières, que je vais détailler plus loin, mais tous ces ennuis découlent d'un seul choix fondamental dans cette palette. Je n'ai aucun problème directement avec ce choix, mais les conséquences que je déplore me font penser que c'est une mauvaise idée.
Voici les 16 couleurs de la palette Solarized, dans une image extraite du site :
On y trouve huit teintes grisâtres (toutes les combinaisons à base de fond ou texte, normal ou emphatique, clair ou sombre), et huit couleurs qui permettent différentes formes d'accent.
Or j'utilise cette palette dans un émulateur de terminal, qui fonctionne aussi à base 16 couleurs, mais suivant la sémantique ANSI, c'est-à-dire en gros les 8 couleurs obtenues avec une profondeur d'un bit sur chaque canal primaire (c'est-à-dire noir, rouge, vert, jaune, bleu, magenta, cyan, blanc), avec une variante normale et une variante plus claire.
Dit autrement, parmi les 16 couleurs ANSI, il y a 4 teintes grisâtres et 6 couleurs, dont chacune a 2 nuances.
La « solution » retenue a plus ou moins été d'envoyer ch*er la sémantique ANSI :
Autant la colonne de gauche, c'est-à-dire les 8 couleurs de base, me semblent raisonnables, autant la variante plus claire tient du grand n'importe quoi.
Je comprends bien l'orange comme une variation du rouge, et le violet comme une variation du magenta, mais les autres couleurs claires n'ont aucun rapport avec les teintes grisâtres qui les remplacent.
Et c'est d'autant plus frustrant que si on regarde le détail de la palette, il n'y a que 4 teintes grisâtres utilisées, et le seul intérêt d'avoir les 8 teintes est de pouvoir basculer entre le mode clair et le mode sombre depuis l'intérieur du terminal. Ça m'est arrivé exactement 0 fois de vouloir ou pouvoir faire le changement comme ça, mes changements ont toujours été faits par l'extérieur, c'est-à-dire en changeant la palette.
La non-solution : Base-16
J'en profite pour faire un détour par Base-16, qui a l'air d'être une sorte de généralisation de Solarized, avec 8 teintes de base et 8 couleurs d'accent, en proposant toute une variété de palettes dans ce paradigme.
C'est-à-dire que ça garde tout ce qui me déplaît dans Solarized, en enlevant tout ce qui me plait, à savoir les couleurs elles-mêmes.
J'ai été un peu déçue de voir cette solution préconisée par Julia Evans dans son exploration des couleurs dans le terminal après avoir pourtant bien identifié le fond du problème.
Il y a bien Base-24 qui a le mérite au moins de reconnaître le problème, mais qui fait la même erreur que Base-16, à savoir pourrir des indices de couleurs qui n'ont rien demandé.
Je suppose que pourrir les bleus de la zone de 6³ couleurs parmi les 256 pose moins souvent de problème que pourrir les couleurs claires, mais ça reste une solution aussi peu satisfaisante intellectuellement.
Comment ça marchait ?
J'ai pu tolérer la violation de la sémantique ANSI parce tous les programmes que j'utilise régulièrement ont une configuration particulière qui s'adapte aux choix de couleurs de Solarized :
- le thème de vim par l'auteur de Solarized,
- le thème de mutt par l'auteur de Solarized,
- un thème irssi adapté à l'époque aussi,
- un thème de slrn et un thème de newsbeuter converti pour newsboat que je ne retrouve pas, et que j'ai peut-être fait moi-même à la main.
Le réquisitoire
Un thème particulier pour chaque programme, c'est très bien, tant qu'on pose un thème avant de l'utiliser. Pour mes programmes habituels, je reprends ma configuration habituelle sans me poser de question ; mais avant d'essayer un nouveau programme dans mon terminal, je n'ai pas forcément envie de passer par toutes les étapes de personnalisation.
Ces derniers temps je cherche plus d'alternatives en terminal d'outils en clicodromes, notamment ceux qui hantent mon lieu de travail, et ça m'a probablement rendue un peu plus sensible à ce problème.
Les derniers exemples en date sont #gcufeed
, que j'ai déjà évoqué dans
iens en vrac et à l'unité, où iMil a eu la malchance de choisir une
paire de couleur invisible pour moi,
et un format intéressant de git log
dont j'ai dû reprendre toutes les
couleurs.
Et en y regardant de plus près, les thèmes ne sont en fait pas cohérents. Par exemple, la barre de statut de vim est en noir sur blanc, celle de mutt est en jaune sur gris foncé, et celle d'irssi est en noir sur vert.
Et puis à force de chercher, je dois convenir que Solarized a des faiblesses, notamment le jaune et le vert qui ne sont pas faciles à distinguer.
La fausse piste
Comme j'ai vu un problème de fond avec Solarized (et ensuite avec Base-16), ma première idée a été de chercher d'autres palettes (c'est comme ça que j'ai trouvé Base-16).
J'ai fait face à un certain nombre de déceptions, et je suis un peu triste d'avoir déjà perdu tous mes souvenirs de la façon mes idées s'organisaient dans cette période.
Le résultat a été que je n'ai pas fondamentalement envie de changer de palette. J'aime bien l'ambiance générale de Solarized, même si les thèmes sont probablement perfectibles et quelques ajustements de couleurs ne feraient pas de mal.
Au milieu de tout le foisonnement de thème plus ou moins spécialisés dans les terminaux, je suis tombée sur Rosé Pine et Catppuccin, qui me semblent assez intéressant pour être tentée de leur donner une chance, et surtout qui ont planté l'idée que je pourrais avoir non seulement une palette, mais aussi un thème avec cette palette, et non seulement dans mes applications en terminaux mais aussi dans les autres applications.
Et c'est en explorant ces deux pistes que j'ai pris conscience d'une incompréhension majeure : ce ne sont pas juste des palettes, comme Solarized l'était à l'époque, mais ce sont bien des thèmes, c'est-à-dire qu'en plus de définir des couleurs ils posent une symbolique associée à ces couleurs.
Or les 16 couleurs ANSI imposent un découplage entre la palette et l'utilisation qu'on voudrait en faire derrière.
La solution parfaite
À partir de là, je me suis mise à rêver la solution que je voudrais voir sur ma machine, avant de vérifier que je suis capable de la construire.
Techniquement, les séquences d'échappement ANSI sont plus riches que 16 couleurs, parce qu'il y a une 17ᵉ couleur, à savoir la couleur par défaut, qui n'est pas nécessairement parmi les 16 autres que l'on demande explicitement. Et en plus, rien n'oblige le texte et le fond d'utiliser la même palette, donc on pourrait imaginer 34 couleurs différentes dans le système ANSI tel qu'il existe dans les terminaux actuels.
La distinction entre couleurs de texte et couleurs de fond me semble intéressante pour améliorer la lisibilité, mais mettons-la de côté pour le moment.
J'ai donc le standard ANSI qui contient naturellement 4 teintes grisâtre, voire 6 en distinguant les couleurs par défaut, et 12 couleurs.
J'aimerais donc bien avoir d'un côté une palette qui définisse ces couleurs, par exemple Selenized, et d'un autre côté des thèmes, ou au moins un thème, qui utilise la sémantique ANSI pour harmoniser mes programmes habituels.
Et visiblement, personne ne pense comme ça, je suis toute seule, et je dois
aller chercher avec les dents à la b*te et au couteau dans mon
coin comment construire une telle solution.
Entre Solarized, Selenized, Rosé Pine, et Catppuccin, j'ai largement ce qu'il me faut en matière palettes, il reste donc à ANSIfier tout ça et reprendre la configuration de tous mes programmes préférés.
Perdue dans la jungle
Le problème d'inventer son chemin à coups de coupe-coupe, c'est qu'on ne peut pas retrouver son chemin quand on se perd.
Depuis que j'ai fait les constats ci-dessus, j'ai traversé au moins une demi-douzaine de « crises » dans lesquelles je remets tout en question, et je cherche une solution non-parfaite satisfaisante.
La modernité
Le plus facile serait d'envoyer la sémantique ANSI à sa place dans les poubelles de l'Histoire, et utiliser le fait que le mode RGB 24-bits est supporté par mon terminal (même sans patch !), par mosh si d'aventure j'utilise quelque de plus fragile que SSH, par tmux, et par les différentes applications que j'utilise.
Sauf que quelque chose dans cette chaîne-là se vautre, et je suis d'autant moins motivée pour trouver quoi qu'il y a de fortes chances que ce soit fragile, et que j'aime bien l'idée que les applications basiques avec des séquences ANSI codées en dur utilisent aussi ma palette préférée.
Et puis même les palettes les plus pléthoriques « rentrent » (ou presque) dans le paradigme ANSI de 4-voire-6 teintes de base et 12 couleurs. Il y a quelque chose de très satisfaisant intellectuellement à ce niveau intermédiaire d'abstraction entre la palette et le thème, et maintenant que je l'ai en tête je suis très triste que personne ne s'appuie dessus.
Les théories des couleurs
J'ai fait un long détour par les théories de la perception visuelle des couleurs, en découvrant au passage Oklab et Okhsl, par l'intermédiaire d'OKsolar, qui sont des outils très intéressants.
J'ai parfois été tentée de rédiger une vulgarisation de (ce que j'ai compris de) tout ça, un peu à l'exemple de Julia Evans, mais à chaque fois que j'imagine essayer de le faire j'ai l'impression de redire moins bien des trucs déjà écrits, et j'ai l'impression qu'il n'y a pas de public que le sujet intéresse suffisamment pour lire ma prose (même si elle était bonne) mais suffisamment peu pour ne pas aller directement lire mes sources.
J'en suis ressortie avec nouvelle appréciation pour Solarized, parce que même s'il est basé sur le moins bon CIELAB, Ethan Schoonover partage en plus de sa palette un cahier des charges et ses choix d'architecture, quand toutes les autres palettes n'ont pas l'air d'aller plus loin que « ouais alors j'ai choisi au doigt mouillé ce tas de couleurs parce que je trouve que ça rend bien ».
Sur le fond, je suis d'accord que ce sont des goûts et des couleurs, mais si je bascule vers une palette que le Solarized que j'ai sous les yeux depuis 15 ans, au début je ne vais rien voir d'autre que « ce n'est pas comme d'habitude ». Donc tout changement sera forcément un investissement, et je retrouve la démarche de moi‐d'il‐y‐a‐15‐ans qui a trouvé que les arguments Ethan Schoonover sont suffisamment convainquants pour donner une chance à cette palette.
L'hackabilité et les standards de terminaux
Je ne retrouve plus exactement comme cette histoire de palette s'inscrit dans mon évolution personnelle sur l'hackabilité des outils.
Le fait est qu'utiliser le terminal Suckless et le window manager de Suckless participent énormément dans ma tendance à imaginer la solution d'abord et à regarder ce qui est possible ensuite, quitte à fabriquer de nouvelles possibilités quand elles n'existent pas encore.
C'est comme ça que j'ai l'impression d'être la première à voir 34 nuances dans les 16 couleurs ANSI, alors que c'est une solution très simple et élégante aux problèmes de contraste entre les couleurs, comparé aux opérations mathématiques plus ou moins opaques dans un espace de couleurs plus ou moins approprié qui prétendent assurer un contraste minimal.
Si le code Suckless a le mérite d'être très facile d'accès, il ne cache pas la complexité intrinsèque de ce qu'il prétend faire, et respecter plus ou moins un standard ANSI de séquences d'échappement n'est pas une mince affaire.
Encore une fois l'avatar de Julia Evans qui sommeille en moi a failli se réveiller pour expliquer tout ça, mais l'élan a encore une fois été coupé par l'impression de ne pas avoir de public dans les niveaux intermédiaires d'intérêt habités par la vulgarisation.
La coloration syntaxique
Autant je n'ai pas peur de fabriquer à la main un thème pour la plupart de mes applications, ça prend du temps mais c'est plutôt circonscrit, autant mettre les doigts dans la coloration syntaxique de vim me donne encore l'impression d'être un projet pharaonique à lui tout seul.
Je surestime probablement la difficulté de cette entreprise en la qualifiant sérieusement de « pharaonique », mais c'est bien un nouveau langage à apprendre, avec son lot de concepts, d'idiomes, et de pièges.
Je suis d'autant moins motivée pour m'y mettre que j'envisage sérieusement de basculer, ou moins d'essayer, neovim à la place de mon vim habituel, et je ne sais pas trop ce que je pourrai emmener avec moi dans cette transition.
Cela dit, je reste continuellement surprise qu'il ait si peu de thèmes ANSI, ou basés sur la sémantique d'ANSI. Il semble y avoir la coloration syntaxique par défaut, une variante à peine améliorée, et Noctu, mais j'ai l'impression que ça ne va pas tellement plus loin que ça. Alors que je ne suis pas la seule à voir l'intérêt de passer par la palette ANSI
Conclusion
J'en suis donc au stade où j'ai accumulé suffisamment d'insatisfaction pour déployer des efforts en vue de changer de palette dans mes terminaux, ou au moins de changer d'utilisation de ma palette habituelle.
Sauf que pour la première fois depuis que les vents du changement ont recommencé à souffler, je me casse les dents sur la mise en œuvre de mes envies de changement.
Peut-être que quelqu'un parmi vous, chers lecteurs, aura une idée géniale pour me sortir de cette ornière. Je vous remercie par avance de la partager si c'est le cas.
Si j'en trouve moi-même, je ne manquerai pas de le publier par ici.
Au-delà des problèmes du moment avec mon espace de travail, c'est l'occasion de tomber sur une remise en question intéressante de ma ligne éditoriale.
Si ce weblog se contente d'être une archive publique de mes notes personnelles à destination de moi‐du‐futur, éventuellement agrémentée de nouvelles personnelles à destination des proches‐du‐présent, il n'y a aucun intérêt à y mettre des vulgarisations de concepts ou d'outils que j'ai déjà assimilés dans ma vie.
Alors que si je compte un lectorat qui me suivrait pour les idées que je partage, relié à moi par des centres d'intérêt similaires plus que par un investissement émotionnel ou une curiosité personnelle, il y aurait un public pour ce type de vulgarisation.
Il y a un certain parallèle avec la question de bloguer en anglais, parce que moi‐du‐futur et mes proches‐du‐présent sont complètement à l'aise en français, et l'anglais n'a d'intérêt que pour élargir le public potentiel avec des centres d'intérêts similaires aux miens (avec le défaut d'avoir beaucoup plus d'alternatives de grande qualité sur tous les sujets que je peux vouloir partager).
Bref, si quelqu'un lit ces lignes et regrette que je ne canalise pas plus ma Julia Evans intérieure, qu'il n'hésite pas à me détromper pour que je corrige le point de vue que j'ai exprimé dans ces derniers paragraphes.
Publié le 31 octobre 2024
Blogoversaire
Je sais que ce n'est plus tellement dans l'air du temps de regarder les
URL, mais si vous le faites en passant vous avez peut-être remarqué que mes
billets de weblog commencent par un nombre à trois chiffres hexadécimaux,
et que le précédent portait le numéro 0FF
.
Le présent billet, qui porte le numéro 100
, est donc le
deux‐cent‐cinquante‐sixième dans ma numérotation.
Ça reste un nombre rond, quoiqu'hexadécimalement, et c'est l'occasion de se
poser et de partager mes pratiques bloguesques, telles qu'elles se sont
stabilisées après plus de quinze ans de blogage.
Le cas du vrac
Je vais commencer par évoquer le cas des billets de liens en vrac parce qu'il est dans la zone floue de mon sujet, un peu billet de weblog mais pas complètement non plus.
Le billet En vrac (1 ?) est clairement bloguesque, car en plus de
m'essayer à l'exercice je commente dessus, et je donne des tenants et des
aboutissants.
Il a le numéro 0CE
(deux-cent-six).
À partir du billet En vrac 2 il n'y a plus que le tas de liens, mais
je lui ai encore attribué un numéro (0D1
, soit deux-cent-neuf).
J'étais tiraillée entre la tradition bloguesque, qui consiste à mettre ça dans son blog dans un billet comme un autre ; ma ligne éditoriale, qui met dans le weblog toutes les informations qui « périment », comme un journal, qui a formé le mot « weblog », alors que le reste du site contient des choses plus intemporelles, ou du moins dont l'intérêt pour les gens-du-futur et les gens-du-présent est similaire ; et mon intuition que c'est un exercice trop différent du reste de la rédaction de weblog pour vivre dans la même partie.
À partir du billet En vrac 3 j'ai adopté le compromis de les laisser dans le « dossier » du weblog, mais sans leur attribuer de numéro (ni de fichier dédié dans l'espace de stockage).
Pour honorer cette ambigüité, je vais soigneusement glisser ce problème
sous le tapis et confondre allègrement les ensembles différents que sont les
billets sous le dossier weblog
et les billets rédigés dans une intention
bloguesque.
L'espace et le temps
L'évolution la plus flagrante depuis l'ouverture de ce site début 2009, c'est la diminution du rythme de publication, depuis le foisonnement bloguesque de 2009, jusqu'à un plancher à un billet par mois depuis 2014, à quelques exceptions près.
Le plancher est facile à expliquer : il évite le « trou disgracieux dans les archives » que j'évoquais en passant dans les billets 0A9 et 0F6.
Le logiciel que j'utilise comme moteur de weblog gère les archives comme des tags, et les tags n'existent qu'implicitement quand une page s'en sert. Donc si je ne publie pas de billet pendant un certain mois, ce mois n'apparaît pas du tout dans le cadre « Archives » juste à droite du billet.
Le dernier trou dans les archives remonte à 2014, qui contient par exemple des idées en vrac sur la lecture, et le cadre « Archives » passe directement de « Septembre 2014 » à « Juillet 2014 » et de « Mars 2024 » à « Janvier 2014 ».
Je n'ai pas encore eu l'impression de devoir aller jusqu'à produire du filler juste pour tenir le rythme mensuel, j'ai toujours eu assez de choses à dire. J'aime croire que le jour où je n'aurais vraiment rien à dire j'aurai le courage d'accepter le trou dans les archives, ou de corriger le moteur de blog pour afficher explicitement les mois vides, plutôt que de recourir à des contenus que moi‐du‐futur ou copie‐imaginaire‐de‐moi‐qui‐ne‐me‐connait‐pas trouveraient inintéressants.
En revanche, la deadline de fin du mois a un net effet déclencheur de billets, et l'immense majorité de mes billets, celui-ci compris, sont publiés en fin de mois.
J'aime bien cette façon d'équilibrer mon emploi du temps entre la relativement faible importance que l'entretien de ce weblog a dans ma liste de priorités et la continuité de cet entretien.
Parallèlement à ce ralentissement, il y a une inflation exponentielle de la taille des billets :
Je triche un peu, j'avais déjà fait ce constat il y a deux ans, et David Madore a constaté la même chose chez lui, au point de se demander si c'est un phénomène généralisé.
J'imagine qu'il y a, au moins chez moi, un parallèle inverse dans la diminution de la fréquence des commentaires. Je n'ai honnêtement pas le courage de sortir des nombres pour regarder un graphique, car je ne suis pas complètement isolée émotionnellement des preuves que mes écrits sont lus.
Je ne sais pas trop à quel point ces mesures de commentaires indiquent quelque chose sur le nombre d'humains qui me lisent. J'imagine que l'éviction des blogs par les rézosocio et le mépris général envers les commentaires diminuent leur envoi à lectorat constant, mais je ne me rends pas trop compte de l'impact direct des rézosocio sur la quantité de lectorat bloguesque, surtout pour un weblog comme le mien.
Ciblage
À l'époque de l'ouverture de ce site, c'est-à-dire avant la fin de la grande période des blogs, c'était avant tout un moyen de communication avec un groupe plus ou moins amical, une sorte de salon numérique persistant et asynchrone.
C'est ainsi que dès les débuts de ce weblog, forte des itérations précédentes, je le voyais déjà comme une façon pratique (pour moi) et efficace (pour les lecteurs qui s'en donnent la peine) de donner des nouvelles à ceux qui se considèrent comme (numériquement) proches de moi.
Je ne me souviens plus exactement à quel moment j'ai commencé à écrire pour moi‐du‐futur en plus d'écrire pour les proches‐du‐présent, car ce glissement est trop assimilé et intériorisé pour que j'arrive à retrouver mon état d'esprit précédent. J'aimerais beaucoup savoir si j'ai développé cette cible secondaire par imitation de David Madore ou si je l'ai fait indépendamment, peut-être après vécu la déception de ne pas retrouver assez de moi‐du‐passé dans mes archives. Même si je ne vois pas du tout ce que je ferais de cette information.
Aujourd'hui, et depuis plusieurs années, je n'arrive pas à me défaire de l'impression de publier dans le désert. Je ne sais pas trop dans quelle proportion il s'agit d'autodévalorisation de base et de doutes légitimes, et cette impression est d'autant plus douteuse qu'elle évacue la question de combien de personnes il faut pour qu'un lectorat cesse d'être un désert. Est-ce que ça changerait quelque chose si j'étais lue par une seule personne ou par trente ?
Bref, malgré tous les défauts de cette impression d'avoir perdu mon lectorat, sans l'aura de moi‐du‐futur qui trouverait peut-être avec joie des traces d'un état d'esprit disparu depuis longtemps, je pense que ce weblog aurait déjà périclité il y a plusieurs années.
J'espère que cet aveu ne va pas causer trop de sentiments négatifs dans (ce qu'il reste de) mon lectorat. Ça fait longtemps que je ne suis plus en train de projeter des choses vers vous dans l'espoir de faire naître des étincelles de joie, je ne fais plus que vous proposer une place dans mon wagon sur les montagnes russes de ma vie, peu importe ce que vous y trouvez.
La fabrique de saucisses au blog
Si on regarde de plus près mon processus de fabrication de billet de weblog, il faut reconnaître que ce n'est pas joli-joli. C'est généralement l'équivalent textuel de la vidéo face caméra téléversée sans montage.
Il y a évidemment quelques exceptions, mais j'ai du mal à en trouver en cinq minutes en dehors des inventaires et quelques jouets.
La seule chose qui fait que mes billets ont un peu plus de structure que les flux de conscience qu'on rencontre parfois sur certains supports, c'est qu'ils sont conçus loin du clavier, dans un coin de ma tête où les concepts sont forgés et assemblés sans les contraintes d'une langue, et une fois devant mon vim préféré je ne fais plus que sérialiser (et souvent étoffer) cette construction mentale.
J'ai prévu un article de natologie qui développe cette idée, mais comme ça fait trois éternités et demie qu'il mijote et il n'est toujours pas cuit, je le résume à la hache ici un paragraphe.
La conséquence concrète est que la grande majorité de mes billets ne sont pas vraiment relus. J'essaye toujours de relire, par principe, même si je sais pertinemment que le plus souvent je me remémore ce que j'ai voulu écrire au lieu de relire ce qui est effectivement écrit.
J'imagine que ça ne vous surprendra pas, vu toutes les coquilles qui persistent dans toutes les pages du présent site. (Et le fait qu'elles servent de « preuve d'humanité » dans cet internet pollué aux LLM ne va pas améliorer la motivation pour les corriger.)
Ce qui m'embête un peu, c'est que j'ai l'impression de plafonner depuis longtemps dans cet exercice. À force de faire toujours pareil, écrire un billet de plus ne me donne plus l'impression de me faire progresser en écriture.
Ce n'est pas un mal tant que je me satisfais des bénéfices d'avoir un nouveau billet sans le bénéfice de l'avoir écrit, mais si je peux bénéficier des deux ça m'intéresse. Et ça m'intéresse d'autant plus que la communication écrite est une partie importante de ma vie professionnelle et de ma vie personnelle en dehors de l'entretien d'un weblog, et encore plus fort depuis que j'ai lu les opinons de Dan Luu sur l'écriture.
J'adorerais pouvoir utiliser mon temps de blogage comme un temps de perfectionnement à l'écriture, mais je n'arrive pas à imaginer de façon d'y arriver sans un investissement initial prohibitif et très risqué. Je suppose que je peux profiter de ce billet pour faire un appel au public, tous les conseils seront bienvenus (mais pas forcément suivis).
Conclusion
Je ne sais pas trop comment finir ce billet, alors j'ai demandé à ChatGPT, et sa réponse ne rend pas optimiste sur la contribution de LLMs à ce weblog (ou rend optimiste sur la persistance du texte 100 % humain).
Il suggère de parler de mon développement personnel grâce à ce weblog, et j'ai immédiatement rejeté l'idée, même si en vrai il y en a peut-être eu et je suis juste mal placée pour la percevoir.
Autrement, il parle ou suggère de parler d'engagement, de croissance, et de communauté, qui semblent être complètement dans l'air du temps sur les « gros » sites (voire les sites « réussissent » ?), mais qui sont à l'inverse de ce qui arrive sur le présent weblog, et même ce que je souhaite à ce site.
Certes, je ne serais pas contre avoir ce que ces mots désignent littéralement, mais je suis opposée à leur érection en tant que valeurs, ou même comme objectifs. Ou au moins aux pratiques généralisées ces jours-ci qui revendiquent ces valeurs ou objectifs.
Donc sans vouloir tourner le dos au conseil de finir sur une phrase pleine de possibilités, j'aime bien la niche dans laquelle ce site se retrouve enfermé, et je n'ai pas tellement l'intention d'essayer d'en sortir.
Publié le 30 septembre 2024
Tags : Évènement
Mon deuxième carton
Vous connaissez l'histoire de Pav la voiture ?
À ce stade je tire peut-être un peu sur la définition de « carton », donc
je vais commencer par mettre de l'ordre dans tout ça.
Je parle ici d'Aliens Versus Predator Accident sur la Voie Publique,
mais si je comptais toutes les fois où j'ai subi des dégâts matériels sur
une voie publique, j'en serais à mon quatrième :
-
mon premier carton en février 2019, ce qui est plutôt sympathiquement tard dans ma vie, où j'ai été projetée par une voiture alors que je traversais un passage piéton ;
-
un petit pliage de tôle en sortant du parking à la fin du printemps 2019, la première fois que j'ai repris la voiture après le début des cours de moto, qui ont manifestement décalibré mon besoin d'espace à ma droite en manœuvrant ;
-
une chute en moto sur une plaque verglas en janvier 2023, que j'espère toujours décrire un de ces jours quand je dépilerai la towrite list mon journal d'apprentie motarde, mais suffit d'en dire qu'il n'y a eu aucune conséquence biologique, 300 € de réparations sur la moto, et 400 € de remplacement d'équipement (cartouche airbag et casque) ;
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le sujet du présent billet, il y a quelques jours (août 2024).
Donc pour ne pas utiliser une définition de « carton » éhontément ad-hoc comme « accident évoqué sur ce weblog », on va dire que j'appelle « carton » un accident de la circulation avec des blessures, même mineures.
Je constate quand même une certaine accélération de ce type d'évènements dans ma vie, et ça soulève quand même quelques questions inconfortables.
Le choc
C'est l'histoire d'une voiture arrêtée sur l'autoroute.
L'histoire se déroule sur une autoroute française, alors que mon homme et
moi revenions de deux semaines de vacances, et que nous avions parcouru
moins du tiers du trajet.
Mon homme était au volant, et j'étais à la place du mort passager.
Nous avions choisi un jour de semaine pour éviter le pire du trafic de la fin août, et nous étions plutôt satisfaits de ce choix, car nous n'avions rencontré encore aucun ralentissement notable, et la densité de voitures était plutôt légère jusqu'à assez peu de temps avant tout tourne mal.
Il y a eu un ralentissement marqué devant nous, et nous avons ralenti.
Ça ralentissait étonnamment fort, et le freinage est devenu inhabituellement appuyé. J'étais penchée en avant et retenue par ma ceinture de sécurité.
Je n'arrive pas à saisir la mémoire de ce moment pour déterminer s'il y a eu une phase entre « freinage appuyé » et « piler », mais je n'ai jamais de ma vie connu de freinage aussi fort dans une voiture. Et je ne suis pas sûre d'avoir connu un freinage aussi fort en moto, physiquement ce serait vraisemblable, mais entre la position différente et le fait que je sois conductrice en moto, la force ressentie de mes freinages en moto a toujours été plus faible que celui-ci.
Nous nous sommes arrêtés contre la remorque de la voiture devant nous.
Là encore, je ne suis pas complètement certaine que nous étions vraiment complètement arrêtés, mais c'était subjectivement arrêté par rapport aux 110 km/h quelques dizaines de secondes plus tôt.
Je ne suis pas non plus complètement sûre que nous ayons touché la remorque devant, mais tout le reste du monde semblait d'accord sur le fait que c'était le cas. Je crois que j'avais senti ou entendu une touche, mais plutôt du niveau de ce qui peut arriver dans un créneau et qui ne conduit à aucune conséquence matérielle.
À ce stade, je prends mon souffle, je ne ressens guère plus que la contrariété habituelle de quelqu'un qui est arrêté sur une autoroute. Ce moment de contrariété mineure a probablement duré moins d'une seconde. J'aimerais beaucoup savoir exactement dans quelle position j'étais pendant ce moment-là.
Ma mémoire n'a pas l'air en parfait état sur ce qu'il s'est passé ensuite.
Je crois qu'il y a eu un bruit de glace pilée en même temps que je me retrouvais projetée vers l'avant. Ma tête a heurté le montant entre le pare-brise et la portière.
Je crois que j'avais conscience que j'étais cognitivement diminuée. Peut-être seulement « un peu sonnée ». J'imagine que je voulais laisser du temps à la machine biologique pour récupérer.
Factuellement, je suis restée à ma place, attachée à mon siège. J'ai descendu le pare-soleil pour y regarder mon visage, et j'ai vu une grosse bosse sur la droite de mon front. Je l'ai prise en photo.
Pendant ce temps, mon homme est sorti pour aller voir la situation. Je ne me souviens plus comment il m'a dit qu'on avait l'arrière un peu abîmé, mais je n'avais pas compris la gravité de la situation, j'imaginais que c'était une question de faire un constat et de reprendre la route ensuite. Il m'a répondu que la voiture ne pourrait pas repartir, mais ces mots n'avaient pas de sens.
Plus de cinq minutes après le choc, je me suis sentie en état de sortir de la voiture pour aller voir. J'ai éteint le moteur, je me suis détachée, j'ai traversé l'habitacle sans plus de difficultés de coordination que d'habitude, et je suis sortie par la portière gauche. J'ai pris des photos.
Elle va marcher beaucoup moins bien, forcément.
Et comme on dit après la récré', t'aurais dû voir la tête de l'autre…
Prises en charge
Et Pav, la voiture.
Ma mémoire n'a pas voulu conserver grand-chose de la suite immédiate.
Je crois que je n'avais pas l'impression de confusion au sens neurologique, mais je sentais que ça n'allait pas fort du tout, et je n'ai pas cherché à faire quoi que ce soit d'autre qu'attendre.
Les gens devant nous, avec la remorque, étaient repartis et s'étaient arrêté à la borne d'appel un peu plus loin.
Les gens derrière nous ne pourraient pas repartir non plus, et nous avons tous attendu une éternité et demie que les différents services publics arrivent.
Un motard s'est arrêté pour aider, et c'est la seule personne non-impliquée qui ait participé avant l'arrivée des services publics. Je me demande s'il y a un lien entre cette intervention et le fait que ce soit un motard ; un automobiliste ou un scooteriste aurait-il fait de même s'il n'y avait pas déjà un tiers ? Ou un motard quelconque aurait-il la même probabilité de s'arrêter que n'importe quel automobiliste ? Et moi en tant que motarde, serais-je à ce niveau une honte pour la motardie ? Je crois qu'il est parti juste après l'arrivée des pompiers.
À un moment les pompiers ont bloqué la circulation pour nous faire attendre à droite de la glissière extérieure, au lieu de entre les voitures cassées et la glissière centrale. Il m'a fallu du temps pour comprendre les signes du pompier et surmonter l'impression de super-mauvaise-idée pour traverser l'autoroute.
Il me semble que j'ai été la première à avoir été examinée par les pompiers. À ce moment-là j'avais surtout un mal de tête, d'un niveau de douleur que j'étais incapable de chiffrer (au grand dam du pompier) mais de l'ordre de mes crises hémorroïdaires habituelles, et une douleur nette mais plus faible au niveau de la bosse. J'ai eu droit à un « pack de froid » qui a opportunément calmé ces deux douleurs.
Toutes les autres personnes impliquées ont été examinées par les pompiers, et en parallèle la police faisait son travail, que je n'ai pas vraiment compris, en dehors de la verbalisation de mon homme pour non-respect des distances de sécurité.
De ce que j'ai compris, c'est moi qui ai pris le plus cher, les autres n'ont pas eu plus que des marques de ceinture de sécurité.
Au bout d'une éternité trois-quarts, le pompier m'a annoncé que le médecin du SAMU a considéré qu'aucune hospitalisation n'était nécessaire. J'ai du droit à un deuxième pack de froid pour quand l'autre serait vide, et les services publics nous ont laissés avec le dépanneur (privé).
Environ 75 minutes après le choc, les voitures étaient chargées sur le camion et nous sommes partis en direction du garage.
Une fois au garage, nous nous sommes répartis les tâches : mon homme s'est occupé du constat et du déchargement, pendant que je téléphonais à l'assistance et à l'assurance.
Je suis un peu grincheuse parce qu'il a oublié de récupérer la trousse de premier secours, le verre pliant que Sea-to-Summit n'a plus l'air de faire, et le support de téléphone Ram Mount qui est probablement overkill pour un intérieur de voiture. Objectivement, il a pensé à tellement d'autres choses que je ne peux pas lui en vouloir, et je n'aurais peut-être pas fait aussi bien à sa place. Je me souviens de plusieurs occasions où j'ai été surprise qu'il ait pensé à récupérer telle ou telle chose.
La voiture a été emmenée vers un garage agréé pour attendre le passage de l'expert, et je ne m'attends pas à la revoir (ni son contenu).
le Rapatriement
Si je me sentais presque en forme en arrivant au garage, les choses ont commencé à se dégrader lorsque mon deuxième pack de froid a expiré.
Entretemps j'ai eu le temps de passer tous les coups de fil nécessaires pendant que ça allait encore. L'assistance de la Maif s'est révélée très efficace, et je me suis retrouvée avec la promesse d'un taxi qui nous emmènerait à la gare avec une bonne marge, et des billets de train électroniques.
Ça me semblait logique que le froid atténue la douleur, et qu'en son absence la douleur revienne, donc tant que c'était à un niveau inférieur à ce dont je me souvenais dans le camion de pompier, je ne m'inquiétais pas.
J'ai commencé à m'inquiéter quand il n'y avait pas que la douleur qui revenait, mais aussi une sensation que « houlà ça ne va vraiment pas là ».
J'ai fini de m'inquiéter quand j'ai vomi tout ce que j'avais avalé dans les six heures qui ont précédé, à savoir deux verres d'eau.
Je ne sais pas trop quel est le niveau général d'information dans la population, ni parmi le lectorat de mon weblog, mais un principe de base qui m'a été inculqué en secourisme et en cours de neurophysiologie, c'est que les vomissements après un traumatisme crânien, ça pue grave.
Donc j'ai appelé le 15 pour demander conseil auprès du médecin-régulateur.
Il a jugé que des vomissements trois heures après le choc, sans aucun autre symptôme neurologique, ça ne justifie pas de foutre en l'air les plans de rapatriement. Et comme j'avais eu ma dose de tracasseries administratives, je n'avais aucune envie de renoncer à arriver chez moi le soir même, donc j'ai accueilli volontiers ce conseil.
Je n'en menais pas large du tout dans le taxi vers la gare, j'ai regretté de ne pas avoir demandé de sac en papier, mais j'ai réussi à tout garder dans le ventre le temps du trajet.
Quelques minutes plus tard, environ quatre heures après le choc, j'ai vomi dans un caniveau entre le parking de la gare et son entrée.
Le trajet en train n'a pas été confortable du tout, malgré les places en première classe. En regardant dehors j'étais à peu près aussi nauséeuse qu'en lisant dans une voiture, et c'était un effort continu de lutter contre ces nausées.
En sortant de la gare, le coup de stress pour retrouver le taxi réservé par l'Assistance a été diaboliquement efficace pour clarifier l'esprit et réduire les nausées, mais je me demande dans quelle mesure je l'ai payé ensuite.
Nous sommes arrivés à la maison sans encombre ni vomissement, avec un trajet 60 % plus long que prévu, ce qui n'est finalement pas mal du tout pour une épave qui a fait un peu moins du tiers du trajet.
Incertitudes du soir
Donc j'étais physiquement chez moi, et dans une forme relative.
Je sentais la fatigue, le coup de fouet du stress de sortie de gare commençait à s'estomper, mais la douleur était gérable et les nausées encore très faibles.
D'ailleurs je ne me souviens plus tout à quel moment du voyage la céphalée est passée à un niveau de douleur inférieur à la bosse, mais c'était le cas pendant toute la soirée. J'imagine que j'étais trop occupée à gérer les nausées pour prêter attention à la texture des douleurs.
J'ai commencé par me dire qu'il était peut-être temps d'avaler des choses, parce qu'avec trois verres d'eau vomis depuis le choc, et aucune nourriture solide depuis le croissant du petit-déjeuner, mon corps était sans doute sur réserves.
J'ai prudemment mangé le sandwich préparé pour la route, en prenant une demi-heure pour manger la demi-baguette. Et ça se passait plutôt bien.
Pour ajouter quelques calories et du soutien moral, j'ai pris une demi-tablette de chocolat, en cinq bonnes minutes. Et la nausée est revenue en force, et avec elle le pas‐en‐forme général.
En parallèle de ça, une partie de mon cercle amical semblait s'insurger contre ma perspective de passer une soirée chez moi sans voir de médecin après avoir manifestement subi un traumatisme crânien significatif.
Je n'étais honnêtement pas rassurée non plus, mais l'intuition que j'ai tirée de mes études, de mes formations, et du passage aux urgences après mon premier carton, me laissait penser qu'une situation grave se manifesterait par des symptômes autrement plus graves.
J'ai quand même briefé mon homme sur les symptômes à observer (surtout convulsions et confusion, je m'attends à pouvoir gérer le reste moi-même), je suis quand même allée me coucher, sans avoir la complète certitude que je me réveillerais le lendemain.
Incertitudes du matin
Le lendemain matin, je me suis réveillée.
Les douleurs ont disparu pendant la nuit, et ne suis pas réapparu depuis. Sauf évidemment quand j'appuie sur (ce qui reste de) la bosse, mais pourquoi est-ce que je ferais ça ?
La nausée avait disparu aussi, mais elle est revenue en force après avoir bu un café sucré (histoire de refaire le stock de calories), alors que le café précédent et le café suivant, tous les deux sans sucres, n'ont pas eu de conséquence.
Donc je me suis dit que tout n'était peut-être pas si normal que ça. Et peut-être que mon intuition sur la rapidité et la spectacularité des dégâts neurologiques n'est pas si bonne que ça.
Entre la persistance de la nausée et la pression d'un peu partout dans mon entourage pour être vue par un médecin, j'ai redemandé au conseil au médecin-régulateur du 15.
J'aimerais beaucoup savoir pourquoi celui-ci a jugé pertinent de m'envoyer aux urgences, contrairement au précédent, aussi bien pour ma culture personnelle que pour faire face plus sereinement à une situation similaire dans le futur.
Les soignants font-ils ce qu'ils peuvent
Je me suis donc présentée aux urgences les plus proches, qui se trouvent être les mêmes que là où les pompiers m'ont emmenée après mon premier carton. Il me semble que j'y ai vu le même traumatologue qu'à l'époque, mais je ne suis pas complètement certaine.
J'essaye très fort de garder la même bienveillance qu'à l'époque envers ce service public, parce qu'ils ont clairement un lot de problèmes évitables qu'ils doivent négocier en plus de leur activité nécessaire, et j'aimerais de tout cœur qu'ils aient les moyens de faire leur travail correctement.
Au moins, j'ai été vue par un médecin, mon état de santé est certifié et tamponné conforme.
Je ne sais pas exactement ce qu'il a eu le temps de voir en moins de quatre minutes et trente secondes, explications comprises, mais j'en suis sortie avec une ordonnance dafalgan-primpéran-arnica et un dépliant avec le chat de Geluk. Et un compte-rendu sur lequel il a dû corriger au stylo la cause de « chute » en « AVP ».
D'après lui, les nausées et les vomissements ne sont pas significatifs seuls, et mon cas relèverait uniquement du « stress post-accident ».
J'essaye très fort d'y croire, parce qu'en plus ça a l'air vraisemblable : ce sont des symptômes qui peuvent avoir des tonnes de causes différentes, et des problèmes d'intégrité structurelle du cerveau devrait avoir des conséquences plus spécifiques, quoique peut-être plus tardives. Donc ce serait tout à fait cohérent que le « ça pue grave » soit inculqué aux secouristes pour qu'ils fassent attention au tout début, lorsque les symptômes spécifiques sont trop subtils ou pas encore manifeste.
Malheureusement, j'ai beaucoup de mal à tirer cette leçon de mon expérience.
Entre le ratio du temps que ça m'a pris au temps utile, qui est pas loin de soixante, les erreurs manifestes dans la situation évaluée par le médecin, le ton et la communication non-verbale qui ont accompagné son discours, et l'ambiance générale de ce service d'urgence qui me donne littéralement l'impression que mourir n'est pas une alternative si pénible, j'ai juste envie de mettre l'ensemble de l'expérience aux oubliettes.
La gueule du lendemain
J'ai beau tourner en dérision l'ordonnance que j'ai reçue, il est de fait que je n'ai plus vomi, et j'ai pu manger de façon habituelle dès le lendemain.
Il me reste des vagues de nausées mineures, encore au moment d'écrire ces lignes, mais c'est tout à fait supportable sans soutien chimique, et ça n'affecte pas mon appétit.
Les douleurs ne sont pas réapparues, mais la bosse s'est élargie, et sa couleur est descendue dans les yeux. J'ai donc un très joli déguisement de panda, juste à temps pour la nouvelle extension de World of Warcraft.
Concrètement, la bosse s'est élargie au point d'enfler presque tout le front, et mon casque à vélo est trop petit. Je ne peux donc pas utiliser mon vélo pour aller travailler.
J'ai fait un trajet pendulaire en bus, et les regards que j'y ai reçus n'avaient pas l'air d'y voir un déguisement de panda, et ce n'était pas super-confortable. J'ai pu négocier du télétravail en attendant de retrouver un visage moins marqué.
L'impact psychologique
Vis-à-vis de la route
Dans tout ce qui précède, je n'ai parlé que de ma santé physique. Et le mental dans tout ça ?
Je n'ai pas l'impression d'avoir été traumatisée par cet accident. Je ne suis pas retournée dans une voiture particulière depuis, mais le taxi est une expérience très similaire, et le bus aussi dans une moindre mesure.
Il faudra vérifier, parce que la dernière fois j'ai eu des vagues d'angoisse assez surprenantes dans des jeux assez étroits de circonstances. Je ne suis pas complètement sûre de l'impact de telles vagues si je suis conductrice, mais ça ne me rassure pas complètement.
Le plus marquant, c'est que j'ai l'impression de devoir ma vie à la carrosserie de ma voiture.
J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, je ne vois aucun choix personnel qui puisse éviter cet accident, ni aucun équipement personnel qui puisse en rendre les conséquences acceptables.
Exactement la même situation en moto, je ne vois aucune façon de s'en sortir.
Je le savais déjà théoriquement, mais il y a bien une différence psychologique entre savoir qu'une situation peut se produire et la vivre pour de vrai.
Donc autant je me sens capable de reprendre la route en voiture, quitte à serrer les dents le temps que le cerveau reptilien se calme, et quitte à toujours considérer les voitures comme des objets en sursis (c'était déjà plus ou moins le cas) ; autant je ne sais pas trop à quelle échéance je pourrai reprendre la moto sur des axes rapides en circulation dense.
Tant que ma tête ne rentre pas dans le casque la question ne se pose pas, et pour les balades dans la campagne il ne devrait pas y avoir de problème, mais je me demande vraiment si je pourrai refaire des trajets pendulaires en moto. Et cette question n'est pas anodine pour mon avenir professionnel.
Vis-à-vis des gens
Une autre dimension psychologique, c'est la pénibilité de raconter encore et encore la même histoire à chaque fois que je rencontre un groupe de gens différents, après l'avoir racontée encore et encore à tous les professionnels impliqués et à tous les cercles familiaux et amicaux.
D'ailleurs il y aura peut-être des gens qui vont apprendre cette histoire par le présent billet, alors que la bienséance aurait voulu que je leur en parle directement et plus tôt. Je leur présente mes plus plates excuses.
Pourtant je n'ai objectivement pas l'impression de l'avoir racontée plus souvent que les évènements majeurs passés. Je ne sais pas s'il y a quelque chose de particulier dans cet évènement, peut-être dans l'insistance des premières réactions le soir même, ou si c'est moi qui ai évolué, mais là je n'en peux juste plus.
J'ai même failli ne pas du tout rédiger ce billet, pour économiser une répétition de cette histoire. J'ai pris sur moi uniquement en pensant à moi‐du‐futur qui voudrait autant de détails que possible sur cette histoire, de la même façon que moi‐du‐présent a été contente de retrouver autant de détails sur mon premier carton.
Il m'est arrivé plusieurs fois de bloguer en espérant plus ou moins un effet cathartique, et je l'ai effectivement obtenu plus de fois que je ne l'ai espéré, mais ce n'est pas le cas ici. Je suis passée de la catharsis au saoulage pur il y a un bout de temps.
Je ne sais pas trop comment arranger ça ou en prévenir les occurrences futures.
Conclusion
Je continue de penser que j'ai eu de la chance, aussi bien dans l'ensemble de ma vie sur le nombre d'accidents que dans les dernières années sur leur gravité (même la chute en moto, commencer avec du verglas et finir avec juste une facture totale de 700 €, c'est clairement le mode « facile » pour ma première (et pour l'instant unique) chute).
J'ai listé les conséquences négatives que j'ai subies, et ça reste quand même très léger par rapport à la violence du choc.
Maintenant se pose la question du remplacement de la voiture.
Elle était très pratique pour les vacances, que ce soit chez les parents de mon homme ou les miens, qui habitent dans des zones campagnardes pénibles d'accès en transports en commun ; et pour déplacer des objets encombrants comme des meubles Ikea ou du DEEE.
Je ne crois pas que ça justifie objectivement son prix, mais ça reste plus confortable que toutes les alternatives. Je ne sais pas dans quelle mesure ce confort va me manquer.
Publié le 31 août 2024
Tags : Évènement
Tern Vektron S10
En automne 2022, je vous avais parlé mon vélo électrique pliant Eovolt City X et de mon rapport avec le vélo en général. J'y décrivais en substance que c'est un moyen de transport qui ne me plaît pas vraiment, mais qui me déplaît moins que les transports en commun.
J'avais terminé sur mon hésitation entre utiliser jusqu'au bout ce vélo au bon rapport confort/prix, le remplacer par un vélo plus cher mais plus à mon goût (mais lequel ?), ou essayer d'autres modes de transports musculaires.
Dans cet article je vais donner mon avis sur le vélo Vektron S10 de Tern, juste avant d'atteindre les 2 500 km au compteur, parce que depuis le temps je ne peux plus décemment procrastiner prétendant vouloir me débarrasser des premières impressions trompeuses.
Impressions générales
Ce vélo est clairement haut de gamme, relativement gros pour un vélo pliant, et très agréable à utiliser.
J'ai flashé dessus dès l'essai, et même si cette appréciation ne suffit pas à en faire un moyen de transport que j'aime positivement (comme j'aime la moto ou la marche), ce modèle se trouve dans une catégorie nettement au-dessus de tous les autres vélos que j'ai pu enfourcher dans ma vie.
J'ai malheureusement perdu les réflexions de « mobylette ultra-légère à assistance musculaire » que j'avais évoquées dans Le vélo et moi, mais ce sont ces réflexions qui mis fin à l'hésitation que j'évoquais en introduction, pour choisir un vélo électrique confortable qui remplace mon abonnement aux transports en commun.
C'est dans cette idée que je me suis retrouvée à essayer ce Vektron et un certain nombre d'autres vélos dans le même budget, comme Brompton électrique, Moustache, et une autre marque que j'ai oubliée. Même si je sens bien qu'ils méritent tous leur gamme, il n'y a que le Vektron qui m'ait fait ressentir quelque chose de qualitativement différent des autres vélos. Un peu comme mon clavier Topre me donne des sensations tactiles très différentes de tous les autres claviers que j'ai pu toucher, quelle que soit leur gamme.
Je n'ai pas de mots pour décrire cette différence qualitative, et pourtant ça a été la principale raison pour laisser de côté mon Eovolt parfaitement fonctionnel au lieu d'attendre son vieillissement pour le remplacer.
En revanche, je peux dresser la liste d'un certain de nombre de points spécifiques qui m'ont beaucoup plu, même si je suis incapable de mesurer leurs poids respectifs dans mon impression d'ensemble.
Impressions particulières
La rigidité du cadre
Je ne suis pas complètement sûre d'utiliser correctement le vocabulaire, ce que j'appelle ici « rigidité du cadre » correspond au couplage mécanique ressenti entre le guidon et l'ensemble de la selle et du pédalier.
La charnière typique des vélos pliants se situe entre les deux, ce n'est mécaniquement pas la même chose qu'un vélo dont le cadre est d'un seul bloc.
Je crois que cette expression vient de la moto, où il n'existe pas de modèle pliant, mais la géométrie du cadre conduit à une certaine propagation des efforts d'une roue à l'autre, et ça se ressent sur la conduite.
Que mon utilisation de l'expression soit impropre ou non, le bilan est bien que, comme l'ont relevé plusieurs commentateurs que j'ai lus, on sent pas du tout la charnière lorsqu'on conduit le Vektron.
Et je vais même encore plus loin : en plus de la « mollesse » du cadre de certains vélos pliants, il y a aussi une « élasticité » des cadres sans barre horizontale par rapport aux cadres « ouverts » Je préfère moins d'élasticité (donc avec barre), et le Vektron n'est pas loin de ce ressenti, malgré sa géométrie ouverte.
Ce n'est pas une caractéristique propre au Vektron, j'ai trouvé la même chose chez Brompton (quoique plus élastique), mais ça suffit à me dissuader d'essayer un vélo pliant bon marché à l'avenir.
L'assistance électrique
J'avais déjà dit beaucoup de bien de l'assistance électrique Bafang de mon vélo précédent, notamment sur son capteur de couple qui est indispensable pour que je ressente le moteur comme une extension de mon corps.
L'assistance électrique de ce Vektron est un Bosch « Performance », qui est la gamme au-dessus de l'« Active » qu'on trouve sur les gammes légèrement inférieures. Je ne sais honnêtement pas quelle différence ça fait exactement. Les datasheet donnent des différences sur les puissances maximales et les pourcentages correspondant aux adjectifs standards, mais je ne sais pas si ça va plus loin.
Concrètement, en général je ne sais pas vraiment d'amélioration franche dans l'assistance. Le système Bafang me comblait déjà, et si le système Bosch réagit sensiblement plus vite aux commandes de changement de niveau d'assistance, ce n'est pas dans une zone où ça change le ressenti.
Pour situer, ce niveau de satisfaction, c'est que la commande d'assistance est subjectivement équivalente à un changement dans la masse du vélo, sans rien changer d'autre à son comportement.
Et pour chacun des deux systèmes, la différence ressentie entre le niveau d'assistance le plus faible et le niveau le plus fort est beaucoup plus petite qu'entre aucune assistance et le niveau le plus faible.
La seule différence nette se retrouve dans la puissance maximale fournie par le moteur : au printemps je peux monter devant la Porte de Versailles à presque 20 km/h sans arriver en sueur, alors qu'avec mon vélo Eovolt c'était juste impossible, et je poussais le vélo sur cette portion de mon trajet pendulaire.
Tant que je suis dans la comparaison, la batterie Bosch (de 400 Wh) me permet habituellement de faire 7 fois ce trajet, montée comprise. Je pourrais en faire onze en utilisant l'assistance la plus faible et une douche à l'arrivée. L'Eovolt ne permettant que deux trajets, ou trois si je pousse le vélo dans la montée, mais la batterie est beaucoup plus petite.
L'encombrement
Ce vélo est nettement plus gros que l'Eovolt, mais son système de pliage lui donne à peu près la même empreinte au sol lorsqu'il est plié, avec 30 cm de plus en hauteur.
Cette hauteur supplémentaire l'empêche de tenir confortablement sous un bureau, mais j'ai une place dans l'openspace sans limite de hauteur, donc ça ne m'a pas vraiment affectée.
En revanche, le poids supplémentaire de ce vélo change pas mal de choses dans sa manipulation, et je le ressens beaucoup plus comme un véhicule que comme un accessoire.
Comme ce vélo plié se range verticalement, il est aussi un peu plus pénible à manœuvrer. La génération précédente de Vektron avait un porte-bagages à roulettes qui serait fort utile, dès que je trouve assez de courage et de datasheet précises j'essayerai de bricoler un système similaire sur le mien, quitte à lui faire prendre quelques centimètres de hauteur en plus.
La transmission
J'aimais beaucoup la transmission de mon Eovolt à base de courroie et de boîte de vitesses dans le moyeu arrière. Le Vektron fait dans le classique, avec une chaîne et une cassette.
D'un côté j'aime beaucoup l'argument de la réparabilité, grâce à des pièces standard et faciles d'accès, mais je dois reconnaître que le besoin de graissage et l'impossibilité de changer de rapport à l'arrêt sont pénibles.
J'ai assez rapidement pris l'habitude d'anticiper le changement de rapport avant les arrêts prévisibles, donc ça ne me manque pas souvent, mais après un freinage d'urgence, je me retrouve à compter sur le moteur pour pouvoir redémarrer.
Et en vrai c'est même pire que ça, j'ai souvent du mal à m'empêcher de rétrograder pendant le freinage d'urgence ou juste avant de repartir, et je sens que la mécanique n'aime pas du tout changer de rapport pendant les contraintes du redémarrage. Je crains qu'un jour tout ça m'explose entre les pattes, et ce sera un jour très triste.
Dans le même genre, même si j'ai conscience de la nécessité de bien graisser sa chaîne de vélo, je ne l'ai pas encore fait. Il faudrait que je me motive pour trouver du matériel et une procédure à mon goût, et entretemps je traite tout ça par le mépris, ce qui est particulièrement malsain.
Enfin, pour une raison que j'ignore il semble que le nombre de rapports de vitesse soit comme la taille des roues, quelque chose qui augmente inexorablement avec la montée en gamme. Et là, avec ma casse à 10 pignons, c'est trop pour moi.
Quand je n'avais que trois rapports avec mon Eovolt, je trouvais que ça allait bien. Je peux concéder un progrès en passant à cinq ou six rapports, mais là avec dix rapports, je les trouve trop proches les uns des autres, et le fait de devoir attendre le déplacement complet de la chaîne avant de passer au rapport suivant fait que les démarrages et les arrêts sont inutilement longs.
Avec une boîte de vitesses dans le moyeu, je pourrais les passer plus vite et je n'aurais que l'irritation de devoir cliquer un trop grand nombre de fois pour mon goût, mais je pourrais le supporter en ne grommelant que légèrement.
Je ne sais pas trop à quel point on peut bricoler un changement de transmission, mais je ne me fais pas du tout confiance pour le faire de façon fiable, donc ça se finira probablement avec des demandes de devis, donc je n'ai pas encore vraiment besoin de me poser la question.
Caractéristiques
Contrairement à Eovolt, Tern a l'air sérieux sur la pérennité des pages décrivant ses modèles et sur la précision des détails techniques dans ces pages, je n'ai donc pas grand-chose de plus à ajouter à la page du constructeur
Lorsqu'il est plié, j'ai mesuré 44 cm de largeur, 90 cm de hauteur, et 80 cm de profondeur, ce qui est sensiblement plus dans toutes les directions que ce qu'indique la fiche technique, et je n'ai pas vraiment d'explication à ça.
Lorsqu'il est déplié, je règle une hauteur de guidon et de selle à 106 cm, et les quelques centimètres de plus que l'Eovolt sont bienvenus. C'est le maximum pour le guidon et presque le maximum pour la selle, et pourtant je suis assez loin de la limite de hauteur du conducteur indiquée par Tern. Je devrais peut-être consulter quelqu'un qui optimiserait la configuration de mon poste de conduite.
J'ai mesuré 64 cm de largeur de guidon, à laquelle j'ai ajouté dix centimètres de rétroviseur, mais je ne sais pas trop quoi en conclure.
J'ai mesuré 109 cm d'empattement, 52 cm de diamètre de roues (20 pouces), et un porte-à-faux arrière de l'ordre de 4 cm, ce qui ferait une longueur totale de 178 cm. C'est nettement plus que l'Eovolt et je soupçonne que ça contribue au meilleur ressenti.
Les pédales font 17 cm de long, exactement comme l'Eovolt, à croire que c'est standard.
Reste la question des dix vitesses, qui sont documentées comme 11 à 36 dents, ce qui est assez peu informatif. J'ai pu sortir la référence de la cassette, qui a au moins le mérite de donner tous les nombres de dents (11, 13, 15, 17, 19, 21, 24, 28, 32, et 36) pour comparer les rapports entre eux.
Le plateau n'est pas très accessible, et j'ai eu beaucoup de mal à compter les dents. Je suis arrivée à 51 ou 52, avec de gros doutes.
Ça ferait un braquet total de 1.4 à 4.6, pour un diamètre équivalent de 31″ à 93″ ou un développement de 2.3 à 7.4 m.
Si ces nombres sont justes, l'intervalle de développement des trois rapports de l'Eovolt serait couvert entre le deuxième et l'antépénultième rapport du Vektron.
Je suis très rarement sur les rapports les plus durs, je ne suis même pas sûre d'être déjà sortie par ce côté de l'intervalle de l'Eovolt. À l'inverse, je continue de scrupuleusement démarrer en première aussi souvent que possible, alors que ces nombres suggèrent que la deuxième irait bien.
Je crois que ce vélo était livré sans outil, ce qui heurte un peu mon sens de la réparabilité et de la hackabilité, mais je suppose que c'est prévisible dans le haut de gamme.
J'ai construit ma propre trousse à outils, en faisant l'inventaire de toutes les têtes que j'ai pu trouver. Je suis partie sur une base de Wera Bicycle Set en ajustant la listes embouts :
- Phillips n°0
- Phillips n°2
- Torx n°20
- Torx n°25
- Allen 2.5 mm
- Allen 3 mm
- Allen 4 mm
- Allen 5 mm
- Allen 6 mm
- Allen 8 mm
Verdict
Je n'aime toujours pas le vélo en général, et je n'espère plus vraiment que ça change un jour. Peut-être qu'il existe dans ce monde un vélo encore meilleur, qui me fera positivement apprécier son utilisation, mais il faudra que je le rencontre pour y croire. Ce Tern Vektron est ce qui s'en rapproche le plus, il est très loin devant tous les autres vélos que j'ai pu essayer, et il a une place importante dans ma vie en tant que moyen de transport principal.
Dans mes trajets pendulaires, j'utilise le deuxième niveau d'assistance (“Tour”) à l'aller, pour arriver sans plus de transpiration que si j'avais pris le bus. Je fais le retour sans assistance, pour me convaincre que je ne suis pas dépendante du moteur et que je ne serais pas immobilisée par une panne électrique ou un oubli de charge de batterie, et pour rappeler à mon corps comment on monte dans les tours.
Dans les autres trajets, je prends par défaut l'assistance minimale (“Eco”), en passant éventuellement au niveau au-dessus en cas de côte ou de socialisation par temps chaud, ou au niveau au-dessous en cas de retour sans flemme.
Je n'ai pas parlé d'assimilation dans ce billet, alors que c'était une section dans Le vélo et moi, parce ce vélo ne s'assimile malheureusement pas mieux que les autres.
J'ai encore de temps en temps ces moments fugaces et labiles de début d'assimilation, et j'ai l'impression que ça correspond à des moments où mon poids est principalement réparti entre les pédales et la selle, alors qu'habituellement il est plutôt réparti entre le guidon et la selle.
Il faudrait que j'essaye de revoir ma posture (et peut-être les réglages du vélo) pour ne plus mettre (autant) de poids sur le guidon, et je suppose compenser avec les abdominaux. Je ne sais pas si ça suffit, mais c'est une première étape qui a l'air utile même sans gain d'assimilation.
Si ça ne suffit pas, il faudra voir pour transférer du poids de la selle vers les pédales, et j'ai peur des conséquences de cet effort supplémentaire dans les jambes. S'il faut choisir entre l'assimilation et les possibilités du véhicule, le compromis va être difficile.
En tout cas, en tant que moyen de transport principal, je suis pour l'instant très satisfaite de ce vélo. S'il lui arrivait malheur, je le remplacerai probablement par un modèle identique, même si le côté pliant n'apporte plus grand-chose dans la configuration actuelle de ma vie. J'imagine que je ferai quand même le tour des vélos non-pliants pour vérifier, mais je ne m'attends pas à une conclusion différente.
Je reste ouverte à la possibilité d'acquérir un Brompton (qui se voit encore sur ma wishlist) pour les transports multi-modaux (en clair, un vélo à prendre dans le train ou le métro), même si je n'ai ces jours-ci pas vraiment d'occasion d'utiliser ce type de transport, parce qu'une reconfiguration inopinée de ma vie professionnelle peut faire surgir de telles occasions assez rapidement.
Publié le 31 juillet 2024
Graphic Audio
Je me suis mise récemment aux audiobooks, et parmi ces livres que j'ai écoutés se trouvent des interprétations de GraphicAudio, sur lesquelles je vais donner mon avis dans ce billet.
Le retour de la lecture
Un peu comme d'autres domaines, ma vie semble faite de plaques tectoniques qui accumulent lentement des tensions et qui sont brutalement reconfigurées au-delà d'un certain seuil.
Parmi ces plaques, les plus molles sont mes loisirs, et j'ai toujours eu plus de choses que j'aimerais faire que de temps pour les faire. J'imagine que je ne suis pas exceptionnelle par cet aspect. Le résultat est que le jeu de loisirs que je pratique est une partie de ce que je voudrais faire, et le reste est plus ou moins provisoirement mis de côté. Les reconfigurations tectoniques brutales correspondent à un changement d'effectif dans ce jeu de loisirs pratiqués.
Ceux qui suivent ma liste de lecture peuvent voir la chronologie des moments où la lecture comme loisir entre ou sort de ce jeu. La dernière sortie en date s'est produite courant 2023, et 2024 a vu un retour un peu différent : je suis passée à la lecture audio.
La motivation du retour est la même que d'habitude, le besoin de fiction que j'avais déjà identifié en 2018 et que j'ai toujours du mal à reconnaître rapidement quand il me travaille.
La motivation du passage à l'audio est simplement de trouver un compromis
à mon goût dans la gestion de mon emploi du temps de loisir.
Je mutualise simplement le temps que je passe à expulser des calories
entretenir mon corps physique et le temps pour satisfaire ce besoin mental.
Ce n'est pas la première fois que je recours à des audiobooks, et j'avais même déjà ébauché mon ressenti de l'écrit contre l'oral en 2017. Je revisiterai peut-être cette question un de ces jours, mais ce que j'avais écrit à l'époque est encore très proche à la réalité de 2024.
La brutalité des reconfigurations tectoniques de mes loisirs fait que je n'ai eu qu'inconfortablement peu de temps pour chercher de quoi m'occuper par les oreilles.
Donc j'ai pris un peu tout ce qui passait à ma portée sans trop réfléchir. Mon homme est un adepte des livres sur HumbleBundle, et quand il a vu passer un bundle d'audiobooks je suis partie dedans sans regarder plus que ça, surtout après y avoir vu des noms que j'aime beaucoup comme Jeaniene Frost et Ilona Andrews.
Un film dans la tête
Quand je pense à un audiobook, j'imagine bêtement quelqu'un qui prend le livre en question et le lit à voix haute, dans un studio d'enregistrement.
La valeur du narrateur n'est pas forcément évidente pour tout le monde, qu'est-ce qu'un humain pourrait bien apporter à un texte par rapport à un programme de synthèse vocale, éventuellement enrichi à coups d'« intelligence artificielle » ?
J'avais déjà un début de réponse avant 2023, par les souvenirs d'enfance de la magie des histoires lues avant de s'endormir. Et même si ça me permettait d'imaginer la qualité d'un bon narrateur, je gardais un peu de méfiance envers ces souvenirs, on trouve de la magie plus facilement dans l'enfance qu'une fois devenue adulte.
Bref, en 2023 je savais qu'un bon narrateur avait quelque chose à apporter, mais j'étais loin d'imaginer les qualités de narration que j'allais découvrir en 2024.
Cela dit, GraphicAudio propose plus loin que la lecture à voix haute, en appliquant un traitement « cinématique » au livre : chaque personnage est joué par un acteur dédié, et de la musique et des bruitages sont ajoutés pour renforcer l'ambiance.
Un peu comme un film, ou un épisode de série télévisée, mais sans les images.
J'ai trouvé l'idée intéressante, et je comprends tout à fait que ça demande la mise en œuvre de moyens qui dépassent largement la lecture à voix haute, et que ça s'en ressente sur le prix.
Bref, j'ai abordé ça comme un audiobook de luxe.
Les goûts et les couleurs
Après avoir écouté plusieurs titres de GraphicAudio, à savoir Tempting Danger, Trading in Danger, Clean Sweep et Broken Mate, je suis bien en peine d'arriver à un verdict.
D'un point de vue technique, je trouve que le résultat est superbe. J'en ai une impression plus « série télé » que « cinéma », mais je ne sais pas trop si c'est pour des raisons techniques en rapport avec la réalisation ou des raisons personnelles en rapport avec l'environnement ou mon vécu.
Je veux saluer la performance technique, et même la performance artistique dans la mesure où je peux la juger, parce que j'ai vraiment l'impression que beaucoup d'efforts ont été mis là-dedans, et que ces efforts ont payé.
Sauf que c'est pas ma came.
Je trouve ça presque triste, parce qu'avec une idée aussi intéressante, une réalisation aussi bonne, et un résultat d'une telle qualité dans toutes les dimensions que j'arrive à évaluer, ils « méritent » de réussir. Ce sont de bons audiobooks qui méritent d'être recommandés auprès de tous ceux qui pourraient les apprécier.
Le fond du problème, c'est qu'en termes d'engagement émotionnel, je réagis beaucoup mieux aux livres qu'aux films et aux séries télévisées, ou aux textes qu'aux vidéos. Donc prendre un livre et le rapprocher d'une vidéo, ben ça ne va pas dans le bon sens pour moi.
Je ne sais pas trop si c'est lié à mon aphantaisie autodiagnostiquée ou à autre chose, mais en termes d'appréciation émotionnelle subjective, les séries que je considère comme excellentes peinent à arriver à la médiane des romans que je considère comme « seulement » bons. Il y a des romans qui me plaisaient tellement peu que j'hésitais à les finir, et c'était un ressenti comparable aux séries moyennes que je suis.
Autant un bon narrateur apporte quelque chose à l'histoire que je suis incapable de construire dans tête en lisant le texte, autant l'ambiance créée par GraphicAudio dans ma tête est terne par rapport à celle que je construis en lisant ou en écoutant un bon narrateur.
Bref, c'est génial, mais c'est pas ma came.
Conclusion
Je suis un peu embêtée de sortir une critique aussi mitigée pour une gamme qui me semble aussi objectivement intéressante et de bonne qualité.
J'aimerais beaucoup de cette entreprise soit commercialement viable, parce que c'est tellement agréable de trouver des gens misent sur la qualité dans ce monde qui sombre dans la merdification.
En attendant je vais rester aux audiobooks de base, lus par un seul conteur, comme pis-aller faute de temps pour lire avec les yeux.
Publié le 28 juin 2024
En vrac 11
Voici la première fournée de liens en vrac issue de mon gestionnaire personnel d'iens. À force d'hésiter sur le niveau d'intérêt pertinent pour figurer dans ces pages, j'ai un peu traîné à sortir cette liste, et ça va me servir d'excuse pour faire une liste plus longue que d'habitude (15 iens au lieu des 10 habituels). Il n'est pas prévu que ça se reproduise.
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Une méthode d'estimation de la médiane sans tout socker, qui semble marcher pour plein d'autres quantiles, pour combiner la robustesse de la médiane avec la sobriété calculatoire de la moyene. (via Lobsters sur #gcufeed)
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Un article qui cherche où les sites web sont passés, parce que même si je ne suis jamais posé la question comme ça, il articule bien l'importance des recommendations, et c'est un sujet auquel je pense beaucoup ces jours-ci. (via Hacker News sur #gcufeed)
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Hillel Wayne décrit un générateur de nombre aléatoire qu'on peut utiliser dans tête et décortique son fonctionnement. J'avais cherché en vain quelque chose comme ça il y a quelques années, et là il y a non seulement la méthode mais en plus comment ça marche. (via Lobsters sur #gcufeed)
-
Martin O'Leary explique comment il génère des cartes de fantasy, en combinant divers algorithmes existants. J'aime beaucoup les modélisations à chaque étape, et c'est encore plus rafraîchissant dans la vague d'IA générative actuelle. (via Hacker News sur #gcufeed)
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Aeris défend le cartel des GAFAM sur Health Data Hub et Play Integrity parce que les gros ne sont pas juste des méchants anticoncurrentiels, ce sont aussi des entités qui ont les moyens (tant par la masse que par les économies d'échelle) de faire des trucs désirables. Et il y a une vraie question sur le compromis entre les critères techniques de la solution et les critères plus éthiques comme librisme et souveraineté. (merci à @keltounet.keltia.net par repost de @aeris.eu.org)
-
John Salvatier montre la quantité étonnante de détails dans la réalité et invite à prendre le temps de découvrir de nouveaux détails, qu'ils soient invisibles ou transparents. J'ai beaucoup aimé ses exemples et sa façon d'articuler cette thèse. (via Hacker News sur #gcufeed)
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Jennifer Moore démonte la hype sur l'intelligence artificielle, particulièremnet sur le développement logiciel, et j'aime beaucoup son point de vue et la façon dont elle le formule. (merci à
miod
sur #gcu) -
Scott Mauldin introduit le déontologisme et le conséquentialisme au travers de Tolkien et Herbert et je trouve ça très intéressant et accessble. (via Hacker News sur #gcufeed)
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Kris De Decker explore la place de l'acier dans le monde moderne, en partant du constat provocateur que nous sommes encore à l'âge de fer, et arrive à la conlusion un peu déprimante que les progrès écologiques vont demander beaucoup d'acier et donc avoir une grosse empreinte carbone. (via Hacker News sur #gcufeed)
-
Lorin Hochstein invite à analyser les incidents en supposant que tout le monde a agit au mieux dans ses circonstances, parce que ça permet de tirer des conclusions systémiques beaucoup plus intéressantes que juste attribuer la faute à quelqu'un. (via Lobsters sur #gcufeed)
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Bruce Schneier fait le parallèle entre la vague des réseaux sociaux et la présente vague d'intelligence artificelle et propose des leçons à tirer et des actions à faire pour éviter de répéter l'histoire.
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Laurent Bercot revient sur les super-serveurs et propose des super-clients en passant par la philosophie Unix et la dynamique de systemd. J'aime beaucoup son point de vue, et il relie des notions que je n'avais encore jamis reliées ensemble pour en faire des concepts qui me plaisent. (via Lobsters sur #gcufeed)
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Laura Killingbeck donne sa perspective sur le drama/meme « homme ou ours », perspective qui est intéressante parce qu'elle a vraiment choisi littéralement l'ours dans une grande partie de sa vie. Il y a aussi un liens vers un résumé de CNN sur le drama/meme, utile pour les gens comme moi qui sont passés à côté. (via Hacker News sur #gcufeed)
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Jason Sachs décrit les polynômes de Chebyshev et leur utilisation pour approximer des fonctions en rappelant au passage qu'on est gâtés en termes de fonctions numériques, et qu'on oublie comment faire des approximations. J'ai l'intuition que le progrès technique ne va pas aider pour les formes fermées, mais la partie sur l'approximation à base de mesures empiriques reste d'actualité. (via Lobsters sur #gcufeed)
-
Defender of the Basic décrit le « rasoir de Feynman », qui est en gros une sorte d'application au discours technique du principe que les gens ne sont pas cons, et ça se transpose très bien aux messages d'erreur et aux interfaces informatiques. (via Hacker News sur #gcufeed)
Publié le 22 juin 2024
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