Graphic Audio

Je me suis mise récemment aux audiobooks, et parmi ces livres que j'ai écoutés se trouvent des interprétations de GraphicAudio, sur lesquelles je vais donner mon avis dans ce billet.

Le retour de la lecture

Un peu comme d'autres domaines, ma vie semble faite de plaques tectoniques qui accumulent lentement des tensions et qui sont brutalement reconfigurées au-delà d'un certain seuil.

Parmi ces plaques, les plus molles sont mes loisirs, et j'ai toujours eu plus de choses que j'aimerais faire que de temps pour les faire. J'imagine que je ne suis pas exceptionnel par cet aspect. Le résultat est que le jeu de loisirs que je pratique est une partie de ce que je voudrais faire, et le reste est plus ou moins provisoirement mis de côté. Les reconfigurations tectoniques brutales correspondent à un changement d'effectif dans ce jeu de loisirs pratiqués.

Ceux qui suivent ma liste de lecture peuvent voir la chronologie des moments où la lecture comme loisir entre ou sort de ce jeu. La dernière sortie en date s'est produite courant 2023, et 2024 a vu un retour un peu différent : je suis passée à la lecture audio.

La motivation du retour est la même que d'habitude, le besoin de fiction que j'avais déjà identifié en 2018 et que j'ai toujours du mal à reconnaître rapidement quand il me travaille.

La motivation du passage à l'audio est simplement de trouver un compromis à mon goût dans la gestion de mon emploi du temps de loisir. Je mutualise simplement le temps que je passe à expulser des calories entretenir mon corps physique et le temps pour satisfaire ce besoin mental.

Ce n'est pas la première fois que je recours à des audiobooks, et j'avais même déjà ébauché mon ressenti de l'écrit contre l'oral en 2017. Je revisiterai peut-être cette question un de ces jours, mais ce que j'avais écrit à l'époque est encore très proche à la réalité de 2024.

La brutalité des reconfigurations tectoniques de mes loisirs fait que je n'ai eu qu'inconfortablement peu de temps pour chercher de quoi m'occuper par les oreilles.

Donc j'ai pris un peu tout ce qui passait à ma portée sans trop réfléchir. Mon homme est un adepte des livres sur HumbleBundle, et quand il a vu passer un bundle d'audiobooks je suis partie dedans sans regarder plus que ça, surtout après y avoir vu des noms que j'aime beaucoup comme Jeaniene Frost et Ilona Andrews.

Un film dans la tête

Quand je pense à un audiobook, j'imagine bêtement quelqu'un qui prend le livre en question et le lit à voix haute, dans un studio d'enregistrement.

La valeur du narrateur n'est pas forcément évidente pour tout le monde, qu'est-ce qu'un humain pourrait bien apporter à un texte par rapport à un programme de synthèse vocale, éventuellement enrichi à coups d'« intelligence artificielle » ?

J'avais déjà un début de réponse avant 2023, par les souvenirs d'enfance de la magie des histoires lues avant de s'endormir. Et même si ça me permettait d'imaginer la qualité d'un bon narrateur, je gardais un peu de méfiance envers ces souvenirs, on trouve de la magie plus facilement dans l'enfance qu'une fois devenue adulte.

Bref, en 2023 je savais qu'un bon narrateur avait quelque chose à apporter, mais j'étais loin d'imaginer les qualités de narration que j'allais découvrir en 2024.

Cela dit, GraphicAudio propose plus loin que la lecture à voix haute, en appliquant un traitement « cinématique » au livre : chaque personnage est joué par un acteur dédié, et de la musique et des bruitages sont ajoutés pour renforcer l'ambiance.

Un peu comme un film, ou un épisode de série télévisée, mais sans les images.

J'ai trouvé l'idée intéressante, et je comprends tout à fait que ça demande la mise en œuvre de moyens qui dépassent largement la lecture à voix haute, et que ça s'en ressente sur le prix.

Bref, j'ai abordé ça comme un audiobook de luxe.

Les goûts et les couleurs

Après avoir écouté plusieurs titres de GraphicAudio, à savoir Tempting Danger, Trading in Danger, Clean Sweep et Broken Mate, je suis bien en peine d'arriver à un verdict.

D'un point de vue technique, je trouve que le résultat est superbe. J'en ai une impression plus « série télé » que « cinéma », mais je ne sais pas trop si c'est pour des raisons techniques en rapport avec la réalisation ou des raisons personnelles en rapport avec l'environnement ou mon vécu.

Je veux saluer la performance technique, et même la performance artistique dans la mesure où je peux la juger, parce que j'ai vraiment l'impression que beaucoup d'efforts ont été mis là-dedans, et que ces efforts ont payé.

Sauf que c'est pas ma came.

Je trouve ça presque triste, parce qu'avec une idée aussi intéressante, une réalisation aussi bonne, et un résultat d'une telle qualité dans toutes les dimensions que j'arrive à évaluer, ils « méritent » de réussir. Ce sont de bons audiobooks qui méritent d'être recommandé auprès de tous ceux qui pourraient les apprécier.

Le fond du problème, c'est qu'en termes d'engagement émotionnel, je réagis beaucoup mieux aux livres qu'aux films et aux séries télévisées, ou aux textes qu'aux vidéos. Donc prendre un livre et le rapprocher d'une vidéo, ben ça ne va pas dans le bon sens pour moi.

Je ne sais pas trop si c'est lié à mon aphantaisie autodiagnostiquée ou à autre chose, mais en termes d'appréciation émotionnelle subjective, les séries que je considère comme excellentes peinent à arriver à la médiane des romans que je considère comme « seulement » bons. Il y a des romans qui me plaisaient tellement peu que j'hésitais à les finir, et c'était un ressenti comparable aux séries moyennes que je suis.

Autant un bon narrateur apporte quelque chose à l'histoire que je suis incapable de construire dans tête en lisant le texte, autant l'ambiance créée par GraphicAudio dans ma tête est terne par rapport à celle que je construis en lisant ou en écoutant un bon narrateur.

Bref, c'est génial, mais c'est ma came.

Conclusion

Je suis un peu embêtée de sortir une critique aussi mitigée pour une gamme qui me semble aussi objectivement intéressante et de bonne qualité.

J'aimerais beaucoup de cette entreprise soit commercialement viable, parce que c'est tellement agréable de trouver des gens misent sur la qualité dans ce monde qui sombre dans la merdification.

En attendant je vais rester aux audiobooks de base, lus par un seul conteur, comme pis-aller faute de temps pour lire avec les yeux.

Publié le 28 juin 2024

Tags : Goûts Lecture

En vrac 11

Voici la première fournée de liens en vrac issue de mon gestionnaire personnel d'iens. À force d'hésiter sur le niveau d'intérêt pertinent pour figurer dans ces pages, j'ai un peu traîné à sortir cette liste, et ça va me servir d'excuse pour faire une liste plus longue que d'habitude (15 iens au lieu des 10 habituels). Il n'est pas prévu que ça se reproduise.

Publié le 22 juin 2024

Tags : En vrac

Voyager léger

Comme le demande la tradition sur ce weblog, le moi de mai est le mois de l'inventaire, et comme je viens juste d'être confrontée à un besoin inhabituel de (contenu de) sac, c'est l'occasion de le documenter.

Contexte du voyage

Ce besoin inhabituel, ça a été partir en avion, pour servir de soutien moral au Perl Toolchain Summit.

Il m'arrive parfois de dire que je déteste l'avion, mais en vrai c'est un raccourci. Je n'ai rien contre le voyage en avion lui-même, je déteste juste les aéroports.

Et même ça c'est un raccourci, parce que je suis en paix avec énormément d'aspects des aéroports, il n'y a vraiment que deux aspects que j'exècre par-dessus (presque) tout.

Le premier, c'est l'impression que les humains y sont réduits à des meubles, entre le bétail et le fret. Dans toute l'expérience limitée de ma vie, je n'ai jamais ressenti plus de déshumanisation que dans un aéroport. Mes expériences les plus proches sont dans les gares, mais il n'y a guère que les gares de RER en heure de pointe avec incident technique ou grève qui pourrait s'en rapprocher ; en général je vis beaucoup moins mal mes passages dans les gares ferroviaires. Mais même si c'est très désagréable, ça reste complètement supportable pour moi.

Le second, que j'ai beaucoup plus de mal à supporter, et qui me met hors de moi à chaque fois, c'est la comédie sécuritaire qui sévit dans ces lieux. Je vomis tous les décideurs et tous les mécanismes et toute la société qui ont pu donner naissance à cette abomination.

Bref, même sans compter les considérations écologiques, qui ne me laissent pas complètement indifférente, je fais tout mon possible pour éviter les contacts directs avec l'aviation commerciale.

Les différentes itérations de mon inventaire ont donc été élaborées avec des contraintes radicalement différentes de celles de l'aviation commerciale et la pseudo-sécurité extrémiste des aéroports.

Donc quand la perspective d'un voyage en avion s'est concrétisée, il a fallu que je reprenne mes listes avec ce tout nouveau jeu de contraintes.

Cahier des charges

Volume et poids

Le plus limitant de prime abord semblait être de faire tout rentrer dans un volume et un poids limités (40×30×20 cm et 10 kg).

Techniquement j'avais droit à deux sacs, le second limité à 55×35×25 cm, avec la limite de poids pour la somme de ces deux bagages. Il parait que la combinaison de ces trois limites suffit à déterminer exactement la compagnie qui m'a fait voyager.

En première estimation, mon ordinateur portable, mon sac-à-dos de vacances habituel vide, et mon sac à main habituel rempli, font chacun environ 1.5 kg. Donc rien que ça épuise presque la moitié de mon budget-poids.

Et rien qu'avec l'indispensable pour dormir et le casque antibruit qui améliore colossalement le confort de l'avion, j'en ai pour pratiquement un kilo de plus.

En voyant les kilos s'accumuler aussi rapidement, je me suis rapidement sentie limitée surtout par le poids.

Comme je me suis sentie très limitée par le poids, je n'ai pas fait spécialement attention au volume, donc je suis partie sur un seul sac. J'ai choisi le plus petit des deux volumes en partie pour ça, et en partie parce que je n'ai pas super-confiance dans la disponibilité des places dans les placards, alors que je suis sûre d'avoir la zone sous le siège.

Remplaçabilité

Une autre contrainte particulièrement prégnante est la résistance aux simagrées pseudo-sécuritaires. J'imagine qu'un vol intérieur dans l'espace de Schengen est beaucoup moins tendu que le worst-of de la TSA qu'on peut voir passer sur les réseaux sociaux, mais ça reste une d'autorité pratiquement arbitraire, vu les coûts de la contestation, tant bureaucratiques que logistiques.

Par exemple, il était donc hors de question d'emmener mon Victorinox, même s'il est complètement neutralisé, parce que c'est une argumentation trop inhabituelle pour un résultat trop aléatoire, et pour un objet dont la perte m'affecterait beaucoup plus que de juste devoir faire sans.

De façon plus générale, les voyages sont presque par définition des ruptures dans le quotidien, ce qui multiplie les occasions d'oublier et de perdre quelque chose. En général j'ai assez confiance dans mes listes et mes conteneurs habituels, mais les circonstances extraordinaires qui invitent une liste extraordinaire invitent également à plus de prudence sur ce front.

Donc il ne fallait pas simplement réduire les bagages au strict nécessaire pour rentrer dans les contraintes de volume et de poids, mais aussi choisir soigneusement des objets remplaçables ou conventionnels.

Ça rejoint l'idée de la duplication que j'avais développée dans mon esquisse de go bag : un objet est d'autant plus facilement remplaçable que j'en ai une instance dédiée aux voyages, et s'il venait à être confisqué ou perdu il me resterait l'instance du quotidien pour le reste du temps.

Le choix du conteneur

Entre l'optimisation du poids et l'assurance de tenir dans le petit volume même face à un employé peu coopératif, j'ai laissé tomber mes sacs à dos habituels, au profit du RiutBag Crush.

Le mien est de la génération 2017, légèrement différent de celui de 2024, mais il est sur le même principe : c'est un sac à dos, avec ouverture dans le dos et des bretelles réglables et confortables, qui se replie dans sa poche pour tenir dans 22×15×4 cm (le site parle 6 cm d'épaisseur en 2024). Il pèse 235 g, et mesure 40×25×17 cm une fois déplié.

À titre de comparaison, le RiutBag R15.4 que je prends habituellement en vacances mesure 50×35×20 cm, mais comme dit c'est plus son poids qui m'a arrêtée que la gamme au dessus de taille.

J'ai ressorti mes RiutBag R10 et R15 de première génération, que je savais plus petits, mais ils sont à peu près aussi lourds et mesurent 47×36×8 cm et 47×36×14 cm respectivement.

J'ai aussi brièvement envisagé l'Arosa, qui contient souvent mon EDC du quotidien, mais il est trop petit pour contenir un de mes ordinateurs portables, et je doute que son volume soit suffisant pour des bagages de plusieurs jours. Je l'aurais peut-être pris si j'étais partie sur deux sacs, mais sa robustesse se paye sur son poids, donc je l'ai écarté pour ce voyage.

Le contenu

Une sélection d'objets à emmener dans l'avion

Voici une sélection d'objets que j'ai considérés pour ce voyage, qui sont presque tous déjà apparus dans des billets passés. De gauche à droite puis de haut en bas :

Conception préliminaire

J'ai commencé par la photo et sa légende parce que ça me semblait mieux dans l'organisation du texte, quitte à casser un peu la chronologie.

Mon point de départ a été les diverses listes du billet Conteneurs et contenus, en notant au fur et à mesure les « indispensables », dont le manque me feraient annuler le voyage, et le « confort » qui améliorerait suffisamment mon séjour pour avoir de bonnes chances de finir dans mon sac.

Les indispensables sont :

Les objets de confort sont :

Ajustements

À partir des listes ci-dessus, j'ai commencé par supprimer la lime à ongles et le dentifrice, parce que ça avait trop peu de chances de passer la pseudo-sécurité.

J'ai ajouté les lunettes de soleil, parce que Portugal c'est le grand‐sud‐où‐il‐fait‐trop‐chaud ; un sac de courses, parce que c'est léger et ça peut dépanner sérieusement ; et des vêtements de rechange, parce que ça aide quand même à être sociable ; et ça fait à peu près la photo ci-dessus.

Pour gagner un peu de place et éviter de partir avec trop de trucs précieux, j'ai laissé le porte-monnaie chez moi, et j'ai juste pris le porte-cartes, avec son porte-bloc et son mini-stylo habituels, le passe Navigo (pour se déplacer en région parisienne), ma carte bancaire, et 50 € en liquide.

Sur un coup de tête, j'ai aussi ajouté mon lecteur de livres électroniques, parce que j'avais vraiment trop peur que Bifrost me lâche et qu'il ne me reste plus rien pour m'occuper l'esprit.

Bilan a posteriori

Maintenant que l'évènement est passé, je peux ventiler tous les objets suivant l'utilité qu'ils ont effectivement eue pendant mon voyage.

D'abord, ceux qui ont rempli leurs promesses, et dont je me suis effectivement servie :

Ensuite, les objets que j'ai transportés pour rien :

Et pour finir, les objets que je n'ai pas pris et qui m'ont manqués :

Globalement, je trouve que j'ai été plutôt efficace dans la conception des bagages pour ce trajet, je m'attendais à avoir plus de faux positifs et de faux négatifs.

Je suis un peu triste d'avoir raté l'occasion de faire une photo du sac complet, mais il suffit d'imaginer un sac à dos en nylon noir assez bien rempli, qui rentre tout juste dans l'espace prescrit par la compagnie aérienne.

D'un côté je continue d'espérer ne pas être confrontée rapidement (ou du tout) à un autre voyage avec ces contraintes, mais d'un autre côté je pense que ces notes faciliteront la prochaine fois.

Publié le 31 mai 2024

Tags : Évènement Inventaire

Liquidation de prompt

Malgré la mode actuelle autour de l'intelligence artificielle, ce n'est pas de ce genre de prompts dont il va être question. Je vais parler ce qu'on appelle parfois en français « invite de commande », qui est ce qu'un ordinateur affiche pour indiquer qu'il est prêt à recevoir une nouvelle commande et inviter l'utilisateur à l'entrer.

Comme je ne comprends pas très bien comment « invite » pourrait être une inflexion correcte du verbe « inviter », je ne peux qu'y voir un affreux anglicisme, et je préfère l'écrire « invit' », comme raccourci d'« invitation ».

Il s'agit historiquement d'un élément clé des interfaces en mode texte, parce qu'il n'y avait pas tellement d'autre façon d'indiquer si l'ordinateur est occupé ou en attente, surtout avec la tradition Unix de ne rien afficher du tout quand aucune erreur ne se produit.

Si je vais effectivement de parler des prompts en mode texte de mes shells, le même concept se retrouve dans toutes les interfaces qui n'ont pas de canal dédié pour communiquer cet état. Par exemple, certains assistants vocaux indiquent leur activation avec un signal sonore, et c'est effectivement un prompt qui indique que l'activation a bien eu lieu et que l'utilisateur peut dicter sa commande.

Tant qu'il s'agit d'indiquer un état occupé ou disponible, un simple caractère, comme >, suffit largement. Il y a cependant d'autres caractéristiques de l'état courant qu'il peut être intéressant d'avoir en tête pour choisir une commande, au point d'intégrer cette information dans le prompt.

Par exemple, les plus anciens expérimentés d'entre nous se souviennent peut-être du C:\> de DOS, on y retrouve le > traditionnel d'invitation, et C:\ est le répertoire courant, dans lequel tous les fichiers sont lus ou écrits (sauf indication contraire explicite). C'est plutôt important pour s'y retrouver dans ses fichiers.

Il y a donc un équilibre à trouver entre la quantité d'informations qu'on peut afficher, et la place que ces informations occupent. Comme le prompt est présenté avant chaque commande, il est souvent répété et une abondance d'informations peut occuper une place précise qui serait mieux utilisée pour les résultats des commandes.

J'écris ce billet à l'occasion du changement de mon prompt, dans la suite des vents du changement qui soufflent sur mon interface depuis des mois. Mon nouveau prompt est tellement dense qu'il me faut une documentation pour m'en servir, au moins le temps d'en prendre l'habitude, et tant qu'à faire autant la publier, au cas improbable où quelqu'un d'autre que moi s'y intéresserait.

Et comme j'ai fait le tour de mon ancien prompt pour vérifier que je n'avais rien perdu en route, j'en profite pour le documenter aussi, et offrir à moi-du-futur un enregistrement de mon quotidien textuel de 2009 à 2023.

Le reste de ce billet va donc être profondément technique, comme je le signale avec le tag Geek. Mon lectorat peu familier avec les interfaces en mode texte peut donc sereinement arrêter la lecture ici, la suite leur sera probablement peu accessible.

L'ancien prompt

Je sais que j'écris trop, alors je vais commencer par les screenshots :

Captures d'écran de différentes variantes de mon
ancien _prompt_

Circonstances historiques

J'ai détaillé l'histoire de mon environnement graphique dans le billet Ricing, mais je suis passée un peu vite sur les débuts, parce que je les ai largement oubliés.

Je me souviens que ma grosse perte de données la plus récente date de juin 2008, quand l'alimentation de Gomorrhe est tombée en panne et que Dedibox m'a confié Yomi en remplacement, sans aller chercher les disques durs.

À cette époque, j'avais une certaine curiosité envers les BSD en général, et j'avais déjà conclu que FreeBSD était le plus approprié pour mes débuts. Se retrouver brutalement avec un serveur dédié vide a été l'occasion de faire ma première installation BSDesque.

Comme j'ai plutôt bien aimé, j'ai aussi installé FreeBSD sur la machine vide suivante que j'ai eue entre les mains, qui se trouvait être mon poste de travail professionnel. C'était le 7 janvier 2009.

Sous l'influence des gens de #freebsd-fr, que j'étais voir pour chercher de l'aide sur des petits soucis techniques, j'ai essayé zsh le 18 janvier 2009, et j'ai vite été conquise.

C'est peut-être un peu injuste de comparer un bash par défaut avec un zsh configuré aux petits ognons, mais c'est un peu comme ça que ça s'est passé.

Ce prompt historique, qui m'a tenu plus de 15 ans, a été ma première personnalisation de prompt.

Je n'ai plus aucun souvenir d'où je l'ai pioché, et je n'en retrouve pas de trace numérique non plus. J'ai le vague souvenir qu'à l'origine il était rectangulaire, avec des coins à droite aussi, et encore plus vague qu'il y avait l'heure en bas à droite, en dessous du path, mais je confonds peut-être avec un autre prompt que je n'ai finalement pas choisi. Si ces souvenirs sont à peu près bons, j'ai viré ça parce que ça interagissait mal avec mon terminal, à cause de la ligne pleine à craquer ou des redimensionnements. Et je ne voyais pas l'intérêt d'avoir l'heure dans le prompt alors que j'ai une horloge ailleurs sur l'écran, et je n'aimais pas que l'entrée de la commande la fasse disparaitre inopinément.

Donc j'ai pris ce prompt de je‐ne‐sais‐plus‐où, j'ai viré l'éventuelle heure et les coins de droite, et j'ai utilisé ça pendant quinze ans presque sans aucun changement.

« Presque », parce que les lignes étaient tracées avec l'alt charset façon VT100, et j'ai fini par les remplacer des caractères unicode.

Architecture de l'ancien prompt

La caractéristique principale de ce prompt est de tenir sur deux lignes.

Il me semble que c'est un compromis assez discuté : d'un côté tout mettre sur une ligne prend moins de place, surtout avant de commencer à taper une commande ; d'un autre côté la répartition sur deux lignes permet de mieux ranger les données.

Ce qui me plaît le plus dans le fait d'avoir deux lignes, c'est la séparation visuelle entre les différentes commandes, très utile quand on essaye de se déplacer rapidement dans l'historique. Et c'est encore mieux depuis que les lignes sont en Unicode, ça permet d'utiliser la recherche de texte pour remonter au début de la commande ou naviguer de commande en commande.

Donc les lignes sont pas juste là pour l'esthétique, leur fonction structurale est capitale pour moi.

Et c'est peut-être juste ça qui m'a fait adopter ce prompt, le reste est assez standard.

Sur cette structure, il y a donc quatre points sur lesquels poser des informations, à chaque extrémité de chaque ligne. Comme dit dans l'historique, je ne suis pas sûre de ce qu'il y avait dans le coin inférieur droit (c'est-à-dire à la fin de la ligne d'entrée de commande), mais il n'y a rien là dans ce que je considère comme mon prompt historique.

Il reste donc trois blocs : la gauche et la droite de la ligne de séparation, et l'espace juste avant la fin du prompt sur la ligne où j'entre la commande.

Il n'y a pas de sémantique particulière dans les couleurs, leur choix est presque purement esthétique, et hérité de là où j'ai pioché ce prompt. La structure est cyan et bleue, les blocs sont respectivement vert, magenta, et blanc brillant ; et certaines informations importantes sont appuyées par de la vidéo inverse ou du rouge.

Caractéristiques du shell (en haut à gauche)

Exemple : (nat@tsuiraku:pts/9)

Le bloc sur la gauche de la ligne de statut contient toutes les informations qui restent constantes pour toute la durée de vie du shell :

Pour insister sur le danger des comptes privilégiés, au lieu d'afficher simplement root, le nom d'utilisateur est capitalisé et inversé. D'expérience ça attire bien l'œil et c'est très utile pour éviter les méprises.

Répertoire courant (en haut à droite)

Exemple : (/tmp)

Ce n'est pas pour rien que le répertoire courant se trouve dans presque tous les prompts, c'est une partie très importante du contexte dans lequel les commandes s'exécutent.

Comme le chemin complet peut être particulièrement long, et que mes terminaux sont relativement étroits, il arrive que ça ne rentre pas dans la largeur d'une ligne. J'ai fait exprès de mettre un cas comme ça dans les captures, pour montrer que le chemin est juste tronqué à gauche, avec une ellipse pour indiquer cette troncature.

Les erreurs et l'invit' (en bas à gauche)

Exemple : 130:INT:%

C'est la seule partie vraiment variable de ce prompt : le code d'erreur de la commande précédente n'est affiché que s'il est non-nul.

Voici en détail tout ce qui peut être affiché :

C'est un peu contre-intuitif d'avoir le code d'erreur de la commande précédente après le séparateur plutôt qu'avant, mais l'avoir juste à côté du curseur, où on est presque obligé de poser les yeux, diminue le risque de le rater. Je trouve que c'est un bon compromis.

Le caractère de fin d'invit' % a l'air d'être une tradition de zsh, par rapport au $ qui semble plus courant dans les autres shells Unix. Le caractère # semble être une tradition Unix pour indiquer un compte privilégié, et la couleur rouge appuie ce statut, mais c'est nettement moins efficace sur moi que le nom de compte en couleurs inversées.

Les insatisfactions

Pendant que j'hésitais à changer de prompt, j'ai regardé de plus près cet ancien prompt en remettant à peu près tout en cause, pour finalement en garder à peu près tout.

Voici les points majeurs que j'aurais de toute façon changés suite à cette analyse, même si j'avais laissé tomber l'envie de nouveauté :

Le nouveau prompt

Mon nouveau prompt est basé Liquid Prompt et rangé dans un script archi-moche dont j'ai honte, mais je ne vais pas vous le décrire avant d'avoir montré une capture d'écran et raconté comment j'en suis arrivée là.

Captures d'écran de différentes variantes de mon
nouveau _prompt_

Les vents du changement

L'histoire commence avec une dépêche LinuxFr sur la comparaison de systèmes de prompt, et la conférence correspondance à Capitole du Libre.

Je savais déjà qu'il existe des prompts super avancés, mais ma réaction a toujours été que je n'ai pas besoin de ça. J'ai profité de cette dépêche et de cette conférence pour me mettre à jour sur l'état de l'art, et je l'ai pris avec l'esprit ouvert, mais j'en suis quand même sortie avec l'impression de ne pas avoir besoin de ça.

Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois, mes lignes de commandes passent souvent à travers un réseau, et l'état d'une machine distante est une question de monitoring qui n'a rien à faire dans mon prompt, tandis que l'état d'une machine locale relève de mon interface graphique et n'a rien à faire dans mon prompt.

Après avoir enlevé tout ça, il ne reste guère que des informations sur l'environnement dans le shell ou le répertoire courant, comme le venv actif ou l'état du dépôt qui contient le répertoire courant.

Je n'utilise pas du tout les premiers, et j'ai l'habitude de gérer mes dépôts avec des commandes. Je fais sans depuis plus d'une décennie, et ça ne m'a jamais manqué, donc je n'ai pas besoin de tout ça.

Malgré tout, dans les semaines qui ont suivi j'ai regardé avec un œil différent ma façon de travailler, et j'ai vu que j'écris quand même souvent git status, pour en tirer des informations que d'aucuns ont toujours sous les yeux dans leur prompt.

Évidemment, un git status est beaucoup plus riche qu'un prompt de taille raisonnable, et j'ai souvent besoin de cette richesse. Il y a cependant un bon nombre de git status que je tape juste pour vérifier que la branche courante est bien celle que je crois, ou que j'ai bien commit tous les fichiers que j'ai modifiés, et tout ça peut se trouver directement dans un prompt un peu évolué.

Donc j'ai décidé de donner une chance à Liquid Prompt, qui était celui qui me tentait le plus dans ce comparatif.

Après y avoir investi beaucoup plus de temps que je pensais (plus de cinq heures), je suis arrivée à une configuration qui me plaisait à peu près autant que mon ancien prompt, les informations de dépôt en plus.

Au fil du temps, je me suis mise à apprécier de plus en plus l'accessibilité des informations supplémentaires, et j'y trouve aujourd'hui un vrai bénéfice par rapport au prompt historique, au point de le déployer assez rapidement sur toutes mes machines.

Je suis cependant encore loin d'utiliser tout son potentiel, parce que la densité d'information est telle qu'il faut un lexique pour s'en sortir. Ce billet est ma façon de documenter et d'apprendre ce lexique.

Architecture du nouveau prompt

J'ai gardé le même esprit que l'ancien prompt, parce qu'il me plaisait beaucoup, et pour minimiser le risque que je n'aime pas juste parce que c'est différent. J'ai évidemment corrigé au passage les insatisfactions que j'avais.

Donc je garde mes trois blocs habituels, et j'en ajoute un quatrième pour les informations du dépôt en cours, s'il y en a un :

La répartition en principe est respectivement en haut à gauche, en haut à droite, en bas à gauche, et en bas à droite. Et en dessous de tout ça, j'ai uniquement le caractère d'invit', tout seul sur sa ligne.

Comme les deux derniers blocs ne sont pas forcément présents, quand il n'y a rien de particulier à la commande précédente et il n'y a pas de dépôt courant, j'ai la forme habituelle sans le coin inférieur gauche.

Quand un seul des deux blocs optionnels est présent, il ajoute une ligne avec son information à gauche. Ça fait que le dépôt courant peut se retrouver à gauche ou à droite, suivant qu'il y a des choses à dire sur la commande précédente ou non. En général je préfère que les informations soient toujours au même endroit, mais j'aime encore moins le vide en bas à gauche, je ne sais pas trop pourquoi.

Comme ça vient facilement avec Liquid Prompt, j'en profite pour passer à la ligne quand deux informations côte à côte sont trop larges pour rentrer sur la même ligne.

Le chemin courant passe à la ligne en restant collé à droite, et si une ligne pour lui tout seul ne suffit pas alors seulement il est tronqué au milieu, où Liquid Prompt trouve que c'est le plus opportun, avec une ellipse unicode pour l'indiquer.

Si les informations sur la commande précédente et le dépôt courant ne tienne pas côte à côte, ils sont chacun à droite de leur ligne ; ça n'est pas plus incohérent que le dépôt qui peut être à droite ou à gauche, et ça évite le trou disgracieux juste au-dessus de mon curseur.

Je vais détailler les quatre blocs avec les informations qu'ils contiennent, mais c'est plus le résultat de la lecture de la documentation et du code que de l'expérience personnelle.

État du shell

Exemple : (nat@tsuiraku:1&/2z)

Dans la lignée de mon ancien prompt, il s'agit surtout du nom d'utilisateur et de la machine. Je ne me limite cependant pas à ces informations constantes, j'ajoute d'autres détails sur l'état global du shell.

Répertoire courant

Exemple : (~/code/st/src)

L'information la plus importante dans ce bloc est évidemment le répertoire courant lui-même, et il n'y a pas grand-chose de plus.

J'ai ajouté le nombre de répertoires stockés dans la pile (pushd et popd), avec des parenthèses ouvrantes (comme si les répertoires empilés étaient en dessous et décalés d'un cran) s'il n'y en a pas beaucoup, ou avec un nombre en jaune sinon.

Le répertoire courant lui-même est en vert, avec le répertoire le plus haut contenant un dépôt qui est marqué en bleu.

Informations sur la commande précédente

Exemple : 130(interrupted) 2s 11:16:51

Comme dans mon ancien prompt, il s'agit surtout du code d'erreur renvoyé par la commande précédente, et son interprétation s'il s'agit d'un signal. J'en ai profité pour ajouter le temps qu'a duré la commande, si ça dure un peu, parce qu'il m'est arrivé plusieurs fois de regretter ne pas avoir un time sur des commandes inopinément longues.

Voici la liste complète des éléments de ce bloc :

J'utilise l'interprétation livrée avec Liquid Prompt, qui donne (interrupted) au lieu de INT. Comme cette interprétation va plus loin que simplement les signaux, je l'accepte pour l'instant ; peut-être qu'un jour je me motiverai à revenir au code basique des signaux.

J'ai ajouté l'heure de fin d'exécution des commandes longues, parce qu'il y a de la place qui ne sert pas vraiment, et parce que ça m'est parfois utile pour retrouver l'heure de départ de la commande.

Information sur le dépôt

Exemple : git master(+25/-25,-5)+

C'est la principale nouveauté de ce nouveau prompt, et comme c'est encore à l'essai je ne vais pas plus loin que les sorties de _lp_find_vcs et _lp_vcs_details_color.

Voici donc le contenu de ce bloc :

Conclusion

J'ai une certaine réticence à appeler cette section « verdict », parce qu'habituellement je donne sur ce weblog des impressions à très long terme, et les deux mois que j'ai passés avec ce nouveau prompt me donnent l'impression que mon avis est encore « à chaud ».

Comme écrit plus haut, je suis de plus en plus contente de ce nouveau prompt, au fur et à mesure je prends conscience des informations qu'il fournit.

Je ne suis pas encore convaincue de l'intérêt de tous les détails qu'il transmet, mais comme j'ai été plusieurs fois contente d'en découvrir de nouvelles et comme je trouve la densité d'informations largement suffisante pour mon goût, je laisse tout le reste.

Une de mes principales craintes était le temps d'exécution de ce prompt, probablement parce que c'était un point longuement discuté dans la conférence initiale et auquel beaucoup de gens semblent accorder beaucoup d'importance. S'il y a bien un délai sensible dans l'acquisition des informations sur le dépôt courant, il est assez rare pour ne pas me gêner. Les autres fonctions sont suffisamment rapides pour ne causer aucune friction consciente, même sur mes machines les plus poussives.

Je manque encore de recul sur l'utilisation de ce prompt dans un shell privilégié. Je ne suis pas sûre que marquer l'utilisateur en jaune soit suffisant pour éviter les fausses manip', il faudra voir à l'usage. La marque des répertoires en jaune me marque beaucoup plus que l'utilisateur, et va peut-être suffire pour éviter les erreurs. Les informations de dépôt sont désactivées par défaut dans ces shells, il faudrait que je me pose pour faire une analyse de sécurité sérieuse pour voir si je l'active.

Je ne suis pas super-contente de la façon dont Liquid Prompt s'intègre à ma configuration. Pour l'instant j'ai mis le script intégral dans mon dépôt chezmoi, mais ça ne me plaît pas trop. Peut-être qu'un script en run_once_ serait plus opportun, mais ça suppose un accès internet et une stabilité upstream.

Enfin je ne peux pas échapper à la question de la rentabilité de ce changement. Je pense que sur un point de vue purement temporel, le temps que je gagne grâce à ce prompt ne rattrapera jamais le temps investi dans la configuration, même sans compter les sept heures de rédaction de ce billet. Le confort est plus difficile à quantifier, j'ai envie de croire que le gain de confort suffit à justifier les efforts dépensés, mais c'est loin d'être évident. J'en suis presque à me justifier en invoquant l'exercice mental de découvrir de nouvelles choses et secouer ses habitudes.

Ce sont les seules réserves que j'ai pour l'instant, ce qui est finalement assez léger.

Je suis globalement très contente de l'opération.

Publié le 26 avril 2024

Tags : Évènement Geek

Coronaversaire

Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes le 17 mars 2024, et à 12h00 j'ai raté le quatrième anniversaire du « confinement » déclaré en France en raison de la Grande Pandémie. Ce n'est que grâce à l'article de David Madore que je m'en suis rendue compte, et rien que ça, ça mérite une exploration de pourquoi.

Après cette première partie exploratoire, je vais réagir à un aspect de son article qui m'a marquée, à savoir l'abandon de plans dans la panique.

La fin de la Grande Pandémie (pour moi)

Contrairement à David Madore, je n'ai pas de routine de rétrospective.

Les rétrospectives évoquent surtout pour moi l'extraction de leçons du passé, et c'est un processus que je fais en continu, donc je me retrouve plutôt à sec au Nouvel An et aux anniversaires, il n'y a plus grand-chose de plus à apprendre.

Cependant les rétrospectives peuvent également être l'occasion de prendre conscience de tout le chemin que j'ai parcouru, et j'oublie souvent cet aspect.

La récupération de l'espace mental occupé par la Grande Pandémie est justement une très bonne illustration de ce que je perds à cause de mes difficultés à rétrospecter.

Loin de l'actualité, loin du cœur

Ça fait depuis longtemps que coronavirus et pandémie ont quitté mon espace mental, je suppose un peu comme tout le monde, et je n'ai pas du tout remarqué comment ça s'est fait, et ça m'intéresse suffisamment pour essayer de l'explorer a posteriori.

Dans son article, David Madore évoque surtout la volonté de « tourner la page », et ça me semble beaucoup trop délibéré pour ce qui m'est arrivé. Je n'ai pas choisi de ne plus y penser, j'ai surtout subi un environnement qui ne m'oblige plus à y penser.

J'aime beaucoup sa proposition facétieuse de placer la fin de la pandémie au 24 février 2022 à 3h00 UTC parce que les esprits humains sont trop limités pour penser à deux drames en même temps.

Je l'aime bien dans l'absolu, je trouve que c'est un très joli trait d'esprit, mais j'aime aussi beaucoup sa cohérence avec mon vécu : je crois que j'ai toujours été moins inquiétée par le virus et la maladie que par les réactions de mes congénères à la situation.

Indifférence volontaire

Je croyais que j'en trouverais des traces plus claires dans mes écrits passés, du coup je vais faire la suite plutôt de mémoire, et je ne sais pas trop à quel point je réinterprète le passé différemment de mon vécu de l'époque.

Dans l'ensemble, je ne me suis pas beaucoup inquiétée du virus ou de la maladie elles-mêmes. J'ai évoqué dans mon premier billet de coronaversaire « la rigolade des trucs graves sur lesquels je n'ai aucun pouvoir et qui ne me concernent pas vraiment » (qui suinte de mots comme « coronannuler », « coronaversaire », ou « Grande Pandémie »), et quand c'est devenu clair que j'étais concernée le sentiment d'impuissance était toujours aussi fort.

Je me souviens qu'en 2010 j'avais déjà assimilé l'importance de distinguer ce qu'on peut changer de ce qu'on ne peut pas changer (probablement après avoir croisé la Prière de la Sérénité).

J'imagine que c'est ce qui a créé un terrain fertile dans mon esprit pour le stoïcisme, que j'ai assimilé courant 2019.

Résultat, en 2020 j'étais prête à subir relativement sereinement une catastrophe sur laquelle je n'ai aucune prise.

Je gardais évidemment une certaine prudence, j'ai probablement pratiqué mon lot de rituels complètement inutiles qui avaient l'air d'être de bonnes idées sur le moment, mais j'étais en paix avec le fait que mon infection ou non, voire ma mort ou non, seraient largement gouvernés par le hasard.

L'enfer, c'est les autres

Autant j'étais prête à rejoindre les sombres statistiques de la Grande Pandémie, autant j'ai été prise complètement au dépourvu par les réactions des autres humains à cet évènement.

Quelque part, ça a contribué peut-être autant qu'un stoïcisme internalisé à ce que la biologie ne m'inquiète pas : les impacts sociaux étaient à mes yeux beaucoup plus graves et inquiétants.

Et je n'arrivais pas à ranger la connerie humaine dans mon immédiate proximité dans les choses sur lesquelles je suis complètement impuissante.

Résultat, j'ai relativement rapidement arrêté de penser à comment me protéger personnellement du virus et de la maladie, j'ai dirigé toute mon attention à comment me protéger personnellement des dynamiques de groupe, avec l'impression que ce serait plus que suffisant pour couvrir à mon goût les aspects biologiques de la situation.

C'est ce qu'on peut voir en creux dans toutes mes publications passées, de mon craquage à mon acceptation et à la rétrospective.

Je rejoins David Madore sur le cruel manque de leçons rétrospectives à l'échelle collective, et j'accueillerais volontiers des réponses sur le pourquoi du comment, mais à l'échelle personnelle toutes les leçons ont déjà été tirées, même si j'ai beaucoup de mal à l'exprimer sans dire que les gens sont juste cons.

Les plans et la panique

Dans son article, David Madore rappelle que la France avait des plans soigneusement préparés pour faire face à une pandémie respiratoire, et a choisi de ne pas les suivre.

Je suis complètement d'accord que c'est un échec monumental dans la gouvernance, voire dans la Politique, et qu'il serait bénéfique de comprendre comment c'est arriver et d'envisager comment empêcher que ça se reproduise.

Il me semble que c'est une leçon qu'il faut retenir bien au-delà de l'échelle gouvernementale. À tous les niveaux d'organisation humaine, jusqu'à l'échelle personnelle, il y a des choses à préparer précisément parce que c'est facile à faire quand on a l'esprit libre et serein, pour pouvoir les appliquer quand tout tourne mal.

Je ne sais pas trop d'où vient le paragraphe précédent, mais je l'ai assimilé au point d'en faire une partie de mon esprit que je ne peux plus séparer du reste. Je n'arrive même pas à évaluer si c'est une opinion personnelle sujette à débat, un élément philosophique qui découle d'une échelle de valeurs, ou une simple déformation professionnelle.

Je sais juste que ça faisait déjà partie de moi au début des années 2010s, et ma mémoire est trop floue pour conclure sur ce que je pensais avant.

Je me souviens avoir discuté avec quelqu'un qui avait connu une période dans la rue, et qui gardait une angoisse d'y retourner au point d'avoir besoin de plans pour tous les accidents de la vie envisageables. Je suis loin d'être dans le même état, mais j'ai quand même une certaine conscience de la fragilité de beaucoup de choses que je tiens pour acquises.

Tout ça pour dire que les situations d'urgence sont précisément celles que l'esprit humain est le moins capable de gérer à l'improviste, pour lesquelles on a le plus à gagner en ayant des plans et des exercices quand tout va bien.

Pour parler plus concrètement, les exercices d'évacuation incendie sont là pour que le chemin vers la sortie soit automatique, et réalisable même lorsqu'une grande partie des facultés intellectuelles supérieurs sont anéanties par la peur et la panique.

J'ai vécu les exercices d'évitement du permis moto, d'autodéfense, de manipulation d'extincteur, et de premiers secours dans la même optique, comme ce que j'imagine des entraînements militaires : se faire « rentrer dans le corps » des gestes pour qu'ils puissent être exécutés même quand mon esprit est occupé par autre chose ou roulé en boule dans un coin.

En reprenant la rétrospective de toute cette Grande Pandémie, à mon échelle individuelle, je suis plutôt satisfaite de ce que j'ai pu faire dans les conditions de l'époque. C'était loin d'être parfait, hein, j'ai progressé au fur et à mesure, et il reste des progrès à faire, mais dans l'ensemble, ça va.

Je garde l'impression de pouvoir garder la tête froide dans une plus large gamme de situations que les gens qui m'entourent et de pouvoir l'utiliser pour améliorer mes plans avec des ajustements extemporanés pour la situation en cours.

Je crois que je ne me suis pas encore débarrassée de l'idée qu'avoir un poste avec des responsabilités devrait impliquer la capacité de faire face à des imprévus graves, éventuellement au moyen de plans pour y faire face sans avoir toutes ses capacités mentales.

J'ai cependant un cynisme croissant, et accéléré par la Grande Pandémie, sur le fait que beaucoup trop de postes avec des responsabilités sont accaparés par des gens qui ne cherchent que leur gain personnel et l'ivresse du pouvoir, à tous les niveaux de pouvoir et de responsabilités.

Publié le 17 mars 2024

Tags : Autoexploration Évènement

iens en vrac et à l'unité

Vous avez peut-être suivi mes billets de liens en vrac, sinon il suffit de savoir que je partage de temps en temps dans ces billets des liens vers des choses qui m'ont tellement plu que je veux les repartager. Une sorte de linklog, quoi.

Dans ce billet je vais décrire comment ces billets étaient construits et les changements que j'ai récemment déployés dans cette construction. Ce qui me permet d'annoncer la publication de nouveaux flux Atom, pour ceux qui voudraient suivre des étapes plus en amont de ces billets :

Mes sources

Historiquement, les liens les plus intéressants que j'ai rencontrés sont partagés sur canal IRC #gcu, que je hante avec bonheur depuis des années, et le reste vient d'abonnements RSS à des agrégateurs comme Slashdot et (beaucoup plus récemment) Lobsters.

C'est sur ce canal qu'iMil a partagé son utilisation de Twitter comme un gigantesque agrégateur de recommandations de liens, et c'est effectivement surtout dans cette optique que j'ai utilisé Twitter pendant des années, jusqu'à l'extinction des interfaces à mon goût.

Par un concours de circonstances fort opportun, la fin de mon passage sur Twitter correspond presque à la mise en place du canal #gcufeed, sur lequel un bot poste toutes les entrées des flux d'un jeu d'agrégateurs et de sites recommandés par les membres de #gcu : Hacker News, Phoronix, Ars Technica, OpenBSD journal, etc.

L'ancien système

Le fond du problème, c'est que les moments où je rencontre des liens vers des pages potentiellement intéressantes coïncident rarement avec les moments où j'ai le temps de lire des pages vraiment intéressantes.

Donc au début, le fonctionnement typique était de voir passer un lien dont le titre ou la description semble intéressant, l'ouvrir dans un onglet de mon navigateur préféré ou d'un autre, partir faire autre chose, l'oublier, et le perdre au redémarrage du navigateur ou de la machine.

Pour les liens tirés de flux RSS, j'avais tendance à garder en non-lus les liens à voir plus tard, ce qui les confond avec les liens non-lus parce qu'ils viennent d'arriver, et qui finissent souvent perdus quand le lien en question finit par sortir du flux avant que je le lise.

Pour palier ces pertes, et pour les fois où je rencontre des liens sur un ordinateur qui va bientôt redémarrer ou sur lesquels je ne vais pas les lire, j'ai commencé à recopier dans des fichiers textes des liens avec un petit morceau de contexte.

En pratique, mes ~/notes.txt sont des bazars innommables, ne sont pas synchronisés entre les différentes machines que j'utilise, et au lieu d'oublier les liens dans des onglets inactifs je les oublie dans des portions de fichiers qui ne sont pas affichées.

J'avais depuis un moment l'intuition que je ne suis pas assez sélective avec mes sauvegardes de liens. Ou dit autrement, que je garde pour plus tard plus de liens que je n'en suis capable de lire, et que ça pourrait s'accumuler indéfiniment si je ne réduisais pas le débit entrant.

D'un autre côté, un diablotin me chuchotait à l'oreille qu'en réalité ce n'est pas un problème de sélectivité, mais de rangement. Ou dit autrement, que j'aurais le temps de tout lire si j'avais une to-read list propre sous les yeux.

Et comme en plus l'un n'empêche pas l'autre, il faudrait faire des mesures de débits entrant et sortant pour s'attaquer au bon problème.

Enfin, j'ai eu le malheur de compter combien j'avais de liens stockés dans différents fichiers de texte temporaire, et dépasser deux mille avant d'avoir fait le tour de tous ces fichiers m'a donné le coup de pied aux fesses nécessaires pour développer un système plus propre.

Le gestionnaire de iens

Fin 2023 j'ai donc pris mon courage à deux mains et mon éditeur de texte préféré dans l'autre, et j'ai développé à l'arrache une bête appli' CRUD autour d'une base de données associant à chaque lien des notes pré-lecture, une description post-lecture, et des tags.

Je n'ai pas de screenshot sous la main, mais c'est une bête ligne de commande, qui interprète les lignes commençant par une parenthèse comme du code Scheme à interpréter immédiatement, et les autres lignes comme des notes copiées-collées dont il faut extraire un lien.

Les commandes permettent de consulter la base de données, modifier la configuration ou les entrées, et générer des flux Atom basés sur des sélecteurs SQL.

Il n'y a aucune protection contre l'injection SQL, puisque de toute façon la ligne de commande donne accès directement aux primitives sqlite du langage, et l'utilisateur en ligne de commande a le pouvoir absolu sur la base de données. Ce programme n'interagit pas avec le grand méchant internet, il se contente de générer des fichiers qui sont censés être servis ensuite statiquement.

Bilan à court terme

Une fois n'est pas coutume, je vais donner mon avis après une relativement courte période d'utilisation : ce gestionnaire est en production depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, soit presque deux mois.

Si j'ai pu très facilement remplacer mon fichier texte bordélique par cette appli', j'ai eu plus de mal à me contraindre à faire passer dans l'appli' les liens dont je commence la lecture immédiatement après les avoir découverts. Je soupçonne qu'une partie de cette « consommation sur place » ait été négligée dans mes considérations passées.

En tout cas, le confort des liens bien rangés est indéniable, et rien que pour ça je suis contente d'avoir passé un peu plus de vingt-et-une heures à développer cette appli'.

Je ne crois pas que le temps soit une bonne métrique pour juger du bénéfice de ce programme, puisque le but est de ne plus perdre de liens, et donc de passer plus de temps à les lire.

Et ce n'est pas non plus une super métrique pour juger du coût, puisqu'il y a une partie de fun, ou au moins de satisfaction intellectuelle à avoir appris quelque chose de nouveau, dans le fait de repousser mes limites en Scheme et en SQL.

Et je me demande vraiment ce que va donner le versant « flux » de cette application, et surtout dans le succès que ces flux vont rencontrer auprès de vous.

Statistiques

Assez tourné autour du pot, un des buts de cette appli' était ouvertement de faire des statistiques sur mon rapport avec les liens, il est temps de regarder ça de plus près, même si j'aurais aimé plus de données avant d'essayer de conclure.

J'ai commencé avec un backlog de 36 liens, composés des dix liens d'En vrac 10 et de vingt-six liens que j'avais mis de côté pendant le mois de décembre 2023.

Au cours du mois de janvier 2024, j'ai ajouté 64 liens, et j'en ai lus 46, Soit environ un débit moyen de 2 /j à l'entrée et 1.5 /j à la sortie. En février j'en ai ajouté 71 et lu 68, ce qui est plus équilibré autour de 2 /j.

Je m'attendais à ce que le débit entrant soit plus gros, probablement parce que je me souviens plus facilement des jours fastes que des jours vides. Et inversement, je m'attendais à ce le débit sortant soit plus petit, probablement parce que j'ai plus l'intuition du nombre de séances lecture que des articles individuels.

Cela dit, les statistiques journalières peignent une image un peu plus nuancée :

Graphe en barres du nombre total de liens chaque jour

J'ai essayé de lisser tout ça (avec une convolution gaussienne) sur ±2 jours et ±7 jours, mais je ne suis pas sûre que ce soit tellement plus parlant :

Graphe en courbes du nombre lissé de liens ajoutés ou lus

Pendant la première moitié de janvier et pendant le mois de février, les débits entrant et sortant sont à peu près équilibrés, mais pas tout à fait aux mêmes valeurs, et toute la croissance est concentrée dans la deuxième moitié de janvier.

Je n'ai pas tellement d'explication à ces phénomènes, et c'est pour ça qu'il me faudrait un intervalle d'observation plus long pour conclure des choses intéressantes.

D'un point de vue purement subjectif, j'ai pu remarquer que mon humeur, ou quelque chose comme ça, influence mon jugement a priori d'un lien, et module ainsi le débit entrant.

J'ai aussi remarqué qu'avoir la pile à lire devant soi, avec une commande qui me donne directement sa taille, met une sorte de pression à ne pas la laisser croitre indéfiniment. J'ai du mal à évaluer dans quelle mesure je suis sensible à cette pression.

Je n'ai pas l'impression de décider quoi que ce soit en fonction de cette taille, mais je ne serais pas surprise qu'elle joue un rôle dans l'« humeur » qui influence mon choix de garder un article pour plus tard ou le laisser de côté définitivement.

Et il y a quelques séances de lecture que j'attribue directement à l'existence de cette appli' comme un pense-bête que j'ai une pile de trucs à lire.

La gestion des tags

Une autre révélation de cette appli' est que j'ai de gros progrès à faire dans l'attribution de tags à mes liens.

Comme en plus ces tags se retrouvent dans les flux Atom que j'annonce aujourd'hui, je ressens une espèce de devoir à taguer correctement, et je dois reconnaître que ce n'est pas encore le cas.

Donc soyez prévenus que ces « catégories » dans le flux vont être amenées à évoluer dans les temps qui viennent, même si je ne sais pas encore comment (toutes vos suggestions sont les bienvenues).

Au moment où j'écris ces lignes, j'ai trois sortes de tags :

Le but de ces tags à la fois de pouvoir retrouver un lien en se souvenant vaguement de ses caractéristiques (par exemple le tag reference pour une référence à reconsulter plus tard, éventuellement couplé avec un tag de thème), et de pouvoir filtrer les trucs qui vous intéressent (par exemple en se limitant à my-interest:5 pour les trucs qui m'intéressent le plus, ou en virant prog-lang si la programmation n'est pas votre truc).

Sauf que la mise en œuvre est très « organique », pour ne pas dire « bordélique » :

D'ailleurs pour l'instant tous mes liens pointent sur des ressources en anglais, d'où l'utilisation naturelle de tags en anglais, mais je mets quand même une description en français, comme pour mes liens en vrac.

Conclusion

Maintenant que vous savez comment je fais mes saucisses, vous allez peut-être être dégoûtés au point de ne plus jamais faire confiance à des liens que je pourrais faire tourner.

Si ce n'est pas le cas, vous êtes bienvenus dans ces nouveaux flux que je propose, pour rappel :

Encore une fois, tout ça est un premier jet assez expérimental, je vais probablement changer des trucs pour mon confort personnel, mais si vous avez des suggestions, aussi bien pour mon organisation que pour la vôtre, n'hésitez pas à m'en faire part.

En plus de ces petits réglages, je finirai peut-être par donner d'autres formes d'accès à ces liens, par exemple par ActivityPub (à l'exemple de inks) ou par AT.

Si vous avez lu jusqu'ici, vous avez droit à l'explication du L qui manque au début de certaines occurrences du mot « lien » : c'est le L de loser. Mais n'allez pas embêter @tedu, ce n'est pas de sa faute si je suis comme ça.

Puissent ces liens vous être aussi utiles qu'à moi.

Publié le 29 février 2024

Tags : Site

En vrac 10

Nouvelle année, nouvelle fournée de liens en vracs \o/

Publié le 4 février 2024

Tags : En vrac

Amazfit Bip S Lite

Dans ce billet, je vais vous parler du nouveau jouet qui hante mon poignet : la montre Amazfit Bip S Lite, qui semble déjà trop ancienne pour avoir une page officielle, mais dont voici la photo ci-dessous.

Photo de la montre à mon poignet

Comme d'habitude, le texte de ce weblog est rédigé sans aucune d'outil prétentieusement appelé « intelligence artificielle », et sans aucun lien commercial avec les différentes entités évoquées, en dehors évidemment de l'achat desdits objets avec mes propres deniers. Je ne me laisse pas si facilement trainer dans le XXIᵉ siècle !

Dans les épisodes précédents

Pour ceux qui n'ont pas suivi l'historique (et que ça intéresse, sinon passez directement à la section suivante), il y a un turnover assez peu satisfaisant sur mon électronique de poignet.

J'ai commencé par une Pebble Time Round qui me plaisait énormément, au point d'en acheter une deuxième unité, mais Pebble a mis la clé sous la porte, et ces deux unités ont expiré après un peu plus de deux ans de bons et loyaux service chacune.

Pebble a placé la barre tellement haut, que la suite n'a été qu'un enchaînement de déceptions.

D'abord Garmin Vívomove Style, dont je salue le côté fitness et son endurance : même si mon utilisation est occasionnelle, c'est le seul jouet de poignet qui fonctionne encore plus de trois ans après sa mise en service. Et c'est à peu près tout ce que j'arrive à en dire de complètement positif : sur toutes les fonctionnalités qui comptent à mes yeux, il y avait une ombre au tableau qui suffisait à ruiner mon expérience.

Je suis ensuite passée à une Fossil Hybrid HR, qui s'est révélé être un net progrès par rapport à la montre de Garmin, simplement évitant leurs bourdes. J'ai découvert que je vis assez bien sans suivi de fitness, donc la régression sur ce point ne me touche pas tellement (d'autant plus que je mets la Garmin sur l'autre poignet quand il me faut du suivi).

Et puis un peu après son deuxième anniversaire, cette montre a commencé son agonie pendant ma première expérience de via ferrata, avoir montré des signes de faiblesse pendant plusieurs mois. Après quelques semaines de caprices croissants à chaque chargement, je n'ai finalement plus réussi à faire entrer de l'énergie dans sa batterie, et c'était la fin.

À la recherche d'un nouveau jouet

Même si ma montre Fossil était loin d'être aussi satisfaisante que mes Pebble, j'ai hésité à en racheter une, parce que les alternatives à mon goût ne sont pas légion.

Ma principale motivation pour chercher plus intensément était le manque de durabilité. J'en ai marre de changer d'appeil tous les deux ans, je voudrais quelque chose d'un peu plus BIFL. D'un autre côté, je ne me rends pas bien compte si Fossil a vraiment un problème de durabilité, ou si je me suis juste laissée influencer par la modération toxique du subreddit correspondant.

La recommandation de l'Amazift Bip S Lite dont il est question ici vient du subreddit Pebble, dont l'activité ma agréablement surprise, et où j'ai naïvement posé la question

Le gros avantage de la Bip S Lite par rapport à toutes les possibilités que j'ai envisagées chez Fossil ou Garmin, c'est son prix, 40 €. Donc mon achat a plus été « pour voir » qu'un investissement mûrement réfléchi.

Et j'en suis assez contente pour avoir arrêté de chercher, ce qui est plus que j'en attendais. Je suis loin d'être aussi enthousiaste qu'envers mes Pebble, mais c'est un compromis tout à fait compétitif avec ma Fossil, et nettement au-dessus de ma Garmin.

Bilan après six mois

Comme d'habitude, je publie mon avis après plusieurs mois d'utilisation, histoire de se faire une idée de ses avantages et de ses inconvénients une fois intégrée à mon quotidien.

Une des choses que j'aimais beaucoup dans mes Pebbles et qui me manquait avec Fossil et Garmin, c'est le contrôle sur mes données personnelles. J'ai vu passer GadgetBridge pendant mon utilisation de ma montre Fossil, mais je n'avais jamais essayé, en partie par flemme et en partie à cause de la régression des fonctionnalités. Pour cette montre je n'ai utilisé l'application officielle que pendant quelques minutes, pour établir les clés de chiffrement, et toute mon utilisation réelle s'est faite avec GagetBirdge.

Ma liste de critères n'a pas beaucoup changé que je l'ai établie en août 2018 juste après l'expiration de ma première Pebble, j'ai juste fait le deuil des envois de SMS parce que ça n'a plus l'air exister et j'ai moins peur de sortir mon smartphone actuel, et j'ai enlevé le suivi de paramètres biologiques maintenant que ma curiosité sur ces paramètres a été rassasiée. En dehors de ça, je vais suivre ce plan habituel, par ordre décroissant d'importance à mes yeux.

Donner l'heure avec style

En vrai je ne suis pas si regardante sur le style, je suis toujours aussi épouvantablement mauvaise en esthétique, mais ça compte quand même un peu.

Je m'attendais à une régression sur ce point, et l'expérience me l'a confirmé : cette montre est moins jolie et plus « geek » que toutes celles que j'ai utilisées jusqu'à présent.

Je me souviens qu'un collègue avait pris ma Pebble pour une smartwatch puis s'en est excusé, en croyant que les aiguilles affichées à l'écran étaient des vraies. Mes montres Fossil et Garmin allaient encore plus loin, avec d'authentiques aiguilles.

À l'inverse, la Bip S Lite est une authentique smartwatch, rectangulaire, avec un écran ouvertement LCD. Et en plastique très cheap, en plus.

Finalement je le vis assez bien, la fonction est plus importante à mes yeux que l'apparence.

En revanche, une considération adjacente au style est l'encombrement de l'objet, et je suis toujours autant repoussée par les montres immenses. J'ai pu voir en vrai une Withing ScanWatch bleue, que je trouve esthétiquement magnifique mais beaucoup trop grande et lourde pour mon goût.

Le boitier en plastique a beau avoir l'air cheap, j'imagine qu'il participe à une légèreté fort appréciable, avec des dimensions tout à fait à mon goût.

Pour se faire une idée, j'ai trouvé une taille plus ou moins officielle de 35.3×42×11.4 mm, et un poids de 30 g, mais j'ai du mal à voir exactement à quoi ça correspond. Ça participe plus d'une impression, liées à la forme et à l'occupation de l'espace, c'est plus compliqué que de simples mesures.

En tout cas, pour ce qui est du ressenti, cette montre est aussi bonne que les modèles passés.

Enfin, pour finir la section « donner l'heure », cette montre est le dernière modèle d'Amazfit qui utilise un écran transflexif, qui présente l'immense avantage de n'émettre aucune lumière tant que je ne lui demande pas, par opposition aux écrans AMOLED qui sont beaucoup à la mode.

Comme pour une montre hybride, dont les aiguilles donnent l'heure passivement, c'est pour moi indispensable qu'une montre se fasse oublier, et je ne veux pas qu'elle me jette de la lumière dans la figure sans demande explicite de ma part.

Autant dire que ça limite sévèrement les possibilités de montre connectée à mon goût…

Réveiller par des vibrations discrètes

Quand j'ai établi ma liste de critères c'était très haut dans ma liste, mais ça fait depuis plusieurs années que je n'en ai pas eu besoin, parce que la configuration actuelle de ma vie ne m'oblige plus à me réveiller avant la personne avec qui je partage mon lit.

Je garde ce critère très haut dans ma liste, pour le jour où ça changera, mais en attendant je n'ai pas vraiment pu l'éprouver au quotidien.

Pendant les quelques fois où je l'ai essayées, cette montre m'a donné entière satisfaction.

Il n'y a pas de fonction réveil qui s'adapte aux cycles de sommeil, mais comme je n'ai jamais encore pu vivre avec cette fonction en état de marche, ça ne me manque pas vraiment.

Avertir de l'oubli de l'ordiphone

Je n'ai pas trouvé cette fonction, à mon grand désespoir. Ce n'est pas pire que la montre Fossil que j'avais juste avant, qui ne l'a pas non plus, mais ça me manque quand même. Surtout avec mon téléphone dont l'interface bluetooth se met de temps en temps en carafe, et il peut se passer des heures de notifications ratées avant que je m'en rende compte.

Au moins, il n'y a à ce niveau pas de régression par rapport à Fossil, et les manquements de Garmin ont été évités : il n'y a pas d'instabilité manifeste de la connexion blutooth, les notifications sont accumulées en attendant le retour de la connexion, et la perte de connexion est affichée à l'écran.

Cette fonction est peut-être un peu moins critique maintenant que mon téléphone tient dans ma poche, mais le fait de l'avoir plus souvent sur moi rend plus probable le fait de l'oublier pendant les rares fois où il n'y est pas. Ça m'est déjà arrivé.

Je me demande s'il n'y aurait pas un truc à essayer sur le téléphone, pour ce que soit lui qui s'agite quand je m'éloigne.

Avertir des notifications pertinentes

C'est à ce niveau qu'une « vraie » smartwatch l'emporte largement sur les montres hybrides. J'ai un vrai écran rectangulaire pour afficher du texte, et il le fait très bien.

Il y a juste un tout petit défaut, contre lequel je peste assez souvent. J'ai choisi de « verrouiller » l'écran tactile, c'est-à-dire que la montre n'est pas censée réagir par l'écran tactile tant que je ne l'active pas (ainsi que le rétro-éclairage) en appuyant sur le bouton, pour éviter les interactions inopinées. Le problème c'est qu'il n'est pas si désactivé que ça, parce que j'ai un avertissement sur tout l'écran qui me dit que l'écran tactile est verrouillé, et qui cache tout ce qu'il peut y avoir en dessous.

Je rencontre donc souvent le scénario où je reçois une notification, j'en suis informée par une vibration de la montre, j'essaye de mettre l'écran en vue, ce faisant j'interagis inopinément avec l'écran tactile, et je ne peux pas voir ma notification.

L'alternative, c'est ne pas verrouiller l'écran, et avoir l'interaction inopinée qui fait des trucs indéterminés, ce n'est pas tellement mieux…

En dehors de ce détail mineur, ça marche très bien.

Présenter un résumé des notifications

Là aussi, ce n'est pas une surprise pour une « vraie » smartwatch, j'avais ajouté ce critère alors que j'étais plutôt portée sur les montres hybrides.

D'un autre côté, Garmin a démontré que même avec un écran qui fait tout le cadran on peut se vautrer sur ce point, donc le bon point d'Amazfit n'est pas démérité.

Avoir une interface à mon goût

Je vais peut-être remonter la priorité de ce critère, qui n'est apparu qu'en réaction à Garmin et la révolution que m'inspirent les écrans tactiles.

Bon, le Bip S Lite est aussi basé sur un écran tactile, et c'est une régression par rapport à Fossil, mais cette montre est suffisamment humble pour ne pas trop en demander à un écran tactile : il n'y a que des défilements et quelques gros boutons, et j'ai pu m'en sortir sans aucun misclick ou autre mauvaise interprétation de mes intentions.

Préserver la vie privée et l'hackabilité

C'est un nouveau critère, et c'est largement psychologique, mais l'impression de contrôle sur l'électronique qui m'entoure est très importante pour moi, même si c'est juste une impression.

J'aime beaucoup le principe de GadgetBridge, et je crois que je suis prête à lui pardonner beaucoup de rugosité d'interface et de fonctionnalités manquantes juste pour son côté open-source et communautaire.

Ces jours-ci j'ai moins de tentation de hackabilité au niveau de l'appareil lui-même qu'à l'époque de mes Pebble, je ne sais pas trop si c'est la vieillesse ou la résignation.

La PineTime m'avait l'air très tentante pour ce côté, mais j'ai peur que l'écran soit insupportable comme les AMOLED modernes.

Tenir longtemps sur batterie

Ce n'est pas un critère tellement pertinent pour moi, mais beaucoup de monde sur le subreddit Pebble a l'air d'y accorder pas mal d'importance. J'enlève toujours ma montre avant d'aller sous la douche, et si cette occasion quotidienne de chargement suffit, ça me va.

Je crois me souvenir que mes Pebbles n'avaient pas une autonomie si impressionnante, je crois dans les trois ou quatre jours, mais c'est parce que les Pebble Time Round sont les plus petites, y compris en batterie, ce qui se voit sur la charge en un bon quart d'heure.

Ma montre Fossil tenait plus d'une dizaine de jours au début, et encore environ une semaine sur la fin. Par contraste, la Garmin, que j'utilise ces jours-ci au plus une heure par jour, doit être rechargé tous les cinq ou six jours.

La Bip S Lite est effectivement impressionnante à ce niveau : elle tient plus d'un mois, et je ne l'ai à ce jour rechargée que cinq fois (le 31 août, le 2 octobre, le 6 novembre, le 8 décembre, et le 11 janvier).

Verdict

En résumé, il s'agit donc une smartwatch basique, vendue comme du bas de gamme, mais qui du coup n'essaye pas de faire plus que ce que je veux.

Ça fait depuis la fin de Pebble que je me demande si mon poignet ne serait pas mieux avec une montre stupide, voire complètement mécanique.

Aujourd'hui, la seule chose qui me fait préférer de l'électronique à mon poignet est la peur de rater une notification. C'est vraiment un pager dont j'ai besoin plus que d'une montre, et si je trouvais un moyen de ne rater aucune notification de mon téléphone de poche sans qu'il fasse de bruit, je crois que je reviendrais au quartz.

En attendant, j'enchaine les pis-aller, et cette montre s'en tire plutôt bien pour un pis-aller. J'en tire à peu près autant de satisfaction que de ma Fossil Hybrid HR pour un cinquième du prix, et nettement plus de satisfaction que de ma Garmin Vívomove Style. Si la durabilité est autant au rendez-vous que les commentaires du subreddit Pebble laissent penser, je risque de la garder longtemps et d'en être encore plus satisfaite.

Publié le 27 janvier 2024

Tags : Jouets

Évolution des commentaires

Les vents du changement en 2023 ne soufflent pas seulement sur mon interface graphique, ils menacent aussi le présent site. J'ai quelques petites idées derrière la tête, qui risquent d'avoir un impact sur l'utilisation du présent site, principalement au niveau des commentaires.

Et comme j'ai une utilisation très particulière du système de commentaires, je voudrais d'abord vous sonder, chez lecteurs, pour recueillir votre avis sur la situation actuelle et les changements que j'envisage.

Qu'on soit bien clairs : je reste la dictatrice bienveillante sur cet espace, je fais bien ce que je veux, et j'ai la ferme intention de faire ce que je veux, je vais juste choisir ce que je veux après avoir lu vos éventuelles impressions.

Disons que c'est une dictature consultative, quoi.

Modération a priori

Le principal changement que j'envisage de faire est de passer le système actuel de modération a posteriori en modération a priori.

C'est-à-dire que concrètement, au lieu de voir directement votre commentaire publié là où il faut, vous serez redirigé sur un message de mise en attente, un peu comme celui après avoir posté un message de contact, et il n'apparaîtra qu'après intervention personnelle de ma part.

Est-ce que ce serait supportable pour vous ? Ou est-ce que le délai de mise en ligne ajouterait une friction désagréable au point de réduire vos envois de commentaires ?

Il y a beaucoup de discussions autour des implications légales de ces deux processus, mais je vais supposer que mon site est suffisamment petit et que je suis suffisamment de bonne foi pour ne pas avoir trop de problèmes à ce niveau-là.

Ma motivation est bêtement au niveau de l'organisation de mon infrastructure : aujourd'hui c'est un système monolithique qui génère les pages que vous voyez et qui peut changer l'état de ce qui est affiché, et j'aimerais mieux séparer les rôles de lecture et d'écriture. Vous seriez donc face à des pages statiques, et les changements n'auraient plus lieu que depuis mon ordinateur personnel.

Je ne sais pas exactement à quelle échéance ce changement peut avoir lieu, parce qu'il y a encore un petit problème technique que je n'ai pas résolu. Il y a caché quelque part dans les tréfonds de ce site un billet d'eulogie, programmé pour être publié dans trois à six mois, dont je repousse régulièrement la date, et que vous ne devriez donc voir que s'il m'arrive un imprévu très grave (même s'il a déjà été brièvement été publié à deux reprises). J'ai rencontré trop de sites « fantômes », en se demandant ce qui est arrivé à son auteur, et je ne veux pas que le mien en fasse partie.

Ce billet-eulogie invite les gens qui auraient des informations sur ce qui me serait arrivé de les partager en commentaires, mais ça ne peut évidemment pas se faire s'il y a besoin de moi pour les publier. Et laisser cette possibilité, même pour un seul billet caché, implique une infrastructure capable de régénérer le site automagiquement, ce qui anéantit tous les progrès que j'aimerais faire.

Je ne sais pas encore comment m'occuper de ce cas, mais si vous parvenez à me dissuader de changer le système de modération, la question s'évaporera d'elle-même.

Pré-remplissage du formulaire de commentaire

Aujourd'hui, le formulaire de commentaire en bas de la page contient une case à cocher pour enregistrer pseudonyme, adresse mail, site web, et format de commentaire, pour que ces informations soient reportées sur toutes les pages visités ensuite (dans le même navigateur). Utilisez-vous cette fonctionnalité ? Est-elle importante pour vous ?

C'est la fonctionnalité que j'utilise moi-même le plus, et si elle venait à disparaître il faudrait que j'utilise mes privilèges d'hôtesse de ces lieux pour me reconstruire un équivalent.

Aujourd'hui ces informations sont stockées dans votre navigateur sous forme d'un « cookie », sur lequel je suis complètement transparente. Ce système n'est pas complètement satisfaisant pour diverses raisons, mais il a le mérite de bien fonctionner sur une très large gamme de navigateurs.

Si je veux découpler les rôles de lecture et d'écriture de ce site, j'aimerais en plus abêtir au maximum le rôle de lecture, c'est-à-dire renvoyer toujours les mêmes pages statiques, et donc virer ce système de cookies.

La méthode la plus brutale serait de virer complètement le pré-remplissage : s'il n'y a personne (en dehors de moi) qui s'en sert, par exemple parce que le navigateur pré-remplit très bien tout seul (je n'ai jamais essayé, ça existe peut-être) ou parce que vous préférez donner à chaque fois une valeur délibérée à tous les champs, autant alléger le site.

Si je ne me suis pas trompée en interrogeant mes logs, pendant les quatre dernières années que cette fonctionnalité n'a été utilisée que par un spammeur et moi, ce qui me ferait pencher vers sa suppression ; mais d'une part il n'est pas du tout exclu que je me sois trompée, et d'autre part peut-être que ce billet va donner envie de l'utiliser à l'avenir.

Pour préserver la même fonctionnalité sans intelligence côté serveur, il me semble qu'il faut avoir recours à du JavaScript. Ce serait d'ailleurs plus propre techniquement, puisque ces informations ne feraient plus l'aller-retour entre le client et le serveur, le pré-remplissage serait plus auditable par les utilisateurs (sous réserve que le JavaScript soit bien écrit), tout restant très utilisable quand le JavaScript est bloqué.

Malheureusement, le JavaScript a été un outil pour tellement d'abus qu'il est rejeté en bloc par pas mal de gens dont je suis philosophiquement proche (en gros, le smolweb), et j'aimerais bien signaler cette appartenance philosophique en me passant de JavaScript sur ce site.

Une solution intermédiaire pourrait être d'avoir une page dédiée au formulaire de commentaire, qui concentrerait toute l'intelligence (qu'elle soit côté client ou serveur) en préservant la pureté du reste du site.

Séparation des commentaires et des billets

L'autre gros changement que je considère est de déplacer les commentaires dans une page dédiée, un peu à la façon dont c'est fait chez David Madore.

Je suis encore très partagée face à cette idée, parce que le déplacement des commentaires existants va casser tout plein de liens. Choisir entre des liens morts, mettre un lien à cliquer sur l'ancre passée, et utiliser JavaScript pour faire une redirection qui tient compte du fragment, ça me donne l'impression de choisir entre Charybde, Scylla, et saborder tout de suite son propre bateau pour gagner du temps en arrivant au même résultat.

La tentation existe pour des raisons que j'ai du mal à expliquer proprement, et en vue de modifications plus lointaines qui me semblent un peu trop ambitieuses pour mon goût (ce qui me rend réticente à publier les paragraphes ci-dessous, des fois qu'ils soient pris comme une promesse).

En gros, l'idée est de séparer le contenu long et autonome dont je suis l'auteur des réactions courtes et collaboratives. Si cette séparation n'est pas du tout dans l'esprit « fin des 00s » qu'un blog bien comme il faut est censé porter, elle prend beaucoup plus de sens en dehors du web. Et puis il faut voir les choses en face : le web du début des années 2020s est plutôt pauvre en esprit « fin des 00s ».

Je pense par exemple à déployer ce blog dans le geminispace, voire aussi dans le gopherspace, où les commentaires sont traditionnellement faits différemment, et surtout loin de la page commentée.

Je pense aussi à regarder du côté d'ActivityPub, je ne sais pas encore très bien selon quelles modalités, mais il me semble que le fédivers pourrait être un vecteur assez pertinent de commentaires de weblog.

D'un autre côté, est-ce je me prends la tête pour rien ? Est-ce qu'il y a encore des gens qui lisent les commentaires en 2023, alors qu'il est établi depuis longtemps que s'y trouve la lie de l'humanité ? Et quand bien même d'aucuns liraient encore les commentaires, le font-ils vraiment sous la page et non pas dans leur lecteur de flux ? Y a-t-il vraiment des gens tièdes au point de lire des commentaires sous un billet mais pas dans une page dédiée accessible depuis un clic sous ce billet ?

Votre avis compte !

Il n'aura probablement pas échappé à votre sagacité que le nombre de commentaires sur ce site ne fait que s'effondrer année après année. Si je suis plutôt épargnée par la fameuse décharge de dopamine des réseaux sociaux, les commentaires de ce site restent efficaces pour me toucher émotionnellement. Je n'arrive pas à espérer inverser cette tendance décroissante, et même pas l'endiguer, mais je m'en voudrais de l'accélérer.

C'est pour ça que je vous demande, chers lecteurs, et surtout chers utilisateurs du système de commentaires, de me faire parvenir par quelque moyen que vous voulez, vos avis sur ces évolutions. Vous pouvez vous aider du weblog de David Madore et d'un bloqueur de cookies pour vous donner une idée de ce que ça peut donner.

Et si d'aventure un administrateur de weblog passait par ici, sa perspective sur son système par rapport au mien me serait aussi très précieuse.

À votre bon cœur, et joyeuses fêtes de solstice d'hiver ☺

Publié le 10 décembre 2023

Tags : Appel au public Site

99 frames

Il y a quelques jours, ma 99ᵉ entrée dans 52frames a été publiée, et il me semble qu'il en temps d'en dresser un bilan.

D'accord, les bilans c'est quelque chose qui se fait traditionnellement plutôt dans les comptes ronds, comme la centième entrée ou le deuxième anniversaire, alors que finalement être au bord de l'ajout d'un chiffre ça pourrait être tout aussi significatif.

Il est de fait qu'une partie de la motivation pour faire ce billet vient de vouloir publier un billet en novembre pour éviter un trou disgracieux dans mes archives, et avant cette limite je n'ai trouvé le temps ni de finir un de mes autres billets sur le feu ni prendre de l'avance sur le centième cliché.

Cela dit, le gros la motivation pour coucher ces lignes maintenant vient de l'espèce de crise de foi que je traverse dans ma relation avec 52frames, et dont j'aimerais garder une trace.

Je n'ai jamais eu une relation très claire avec le loisir photographique, et ça fait depuis si longtemps que je n'ai plus les souvenirs très clairs sur sa nature à différentes périodes.

Je me souviens clairement que j'ai acheté mon premier appareil photo numérique pour des raisons purement utilitaires, comme j'utilise le capteur photo minable intégré au smartphone aujourd'hui. J'avais donc opté pour un compact Sony bas de gamme, probablement vers 2006 parce que je plaisantais sur le rootkit de la même marque.

J'ai commencé à imaginer des possibilités de photographie en tant que loisir artistique un peu avant d'acheter mon premier reflex en 2011.

J'ai rapidement été conquise par le côté technique du loisir, mais je n'arrive pas à me défaire de l'idée que le côté artistique reste abyssalement mauvais.

En tout état de cause, j'ai relativement peu pratiqué, avec 3708 déclenchements pendant le dixième anniversaire de ce reflex. J'avais ouvert le photoblog sur ce site dans l'espoir de pratiquer plus, mais c'était un échec retentissant, avec douze entrées en cinq ans.

Je voulais pratiquer pour progresser, parce que je me considérais (et je me considère encore) comme débutante. J'avais identifié deux obstacles majeurs :

D'une part, la photo m'enthousiasme moins que la plupart des autres choses que je peux faire chez moi, donc je ne sors pas naturellement pour la pratiquer (j'ai d'ailleurs le même problème avec la moto, et j'ai plusieurs fois imaginé faire les deux dans la même sortie mais ça ne s'est encore jamais produit).

D'autre part, je manque cruellement d'inspiration. Il m'arrive de remarquer des prises de vues intéressantes « par hasard », mais je les remarque longtemps après l'occasion de faire la photo, donc même avec un appareil photo dans les mains je ne pourrais rien faire. Et pour construire des photos intéressantes, je suis submergée par les possibilités et incapable de faire un choix.

C'est en pensant à ce dernier point tout en voyant 52frames chez Balise que je me suis inscrite sur 52frames début 2022.

Le principe de 52frames est qu'ils donnent un thème chaque semaine, et il faut poser une seule photo, prise la semaine en question, sur le thème en question, avec éventuellement un défi supplémentaire si le thème est trop facile ou trop vaste.

En se limitant à une seule photo par semaine, l'investissement en temps n'est pas colossal, et la régularité est plus valorisée que la performance ponctuelle, donc ça avait l'air parfait pour ma vie de pas-si-passionnée qui veut progresser.

Et dans l'ensemble, ça a plutôt bien marché : au moment où j'écris ces lignes, la série tient toujours, nous sommes bien dans la centième semaine depuis mon inscription, et j'ai l'impression d'avoir progressé sur plus axes techniques.

L'expérience de ce loisir a même longtemps été très positive, en juin dernier je parlais encore de progresser « techniquement comme hédonistiquement », dans la photographie amateur. Ça ne fait que depuis plusieurs semaines, ou peut-être quelques mois, que je continue la série plus par devoir que par plaisir. Coïncidemment, ça fait depuis à peu près la même période que ma vie est beaucoup plus chargée et tous mes autres loisirs ont pris aussi un coup.

J'en suis cependant au stade où je me demande vraiment combien de temps persister dans un loisir qui n'apporte plus l'étincelle de joie.

Pour ne rien arranger, quand je regarde l'évolution de mes entrées de photoblog, je n'ai pas l'impression que la progression technique se traduise par une progression artistique.

Je sais que c'est un peu nul de conditionner sa pratique d'un loisir à l'évaluation des pairs, à plus forte raison quand cette évaluation est artistique ; mais en même temps je peux plus facilement serrer les dents le temps d'un passage à vide si j'ai l'impression de progresser vers un objectif qui me tente.

Dit autrement, si mes photos ne suscitent pas d'étincelle de joie chez quelqu'un d'autre, si l'intérêt technique s'est usé chez moi, et si ma vie est trop chargée pour tous les loisirs que je veux faire, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux regarder les choses en face et laisser tomber ce loisir ?

Publié le 30 novembre 2023

Tags : Création Évènement Humeur

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