Wayfarers (1 à 2), de Becky Chambers

Wayfarers est une série de livres de Becky Chambers, qui racontent surtout les interactions entre divers personnages, variables d'un tome à l'autre, dans un univers futuriste intersidéral.

J'ai découvert cette série dans le BaliseBooks du premier tome, et j'avoue que la description qui en est faite ne m'a pas tentée plus que ça. Du coup je l'ai classée ma rubrique « c'est son trip, je regarderai peut-être ça un jour », et c'est resté dans cet état pendant des années.

Et puis j'ai commencé à mettre des mots sur ma recherche de l'ingrédient secret qui me fait aimer une histoire, et Balise est revnue à la charge dans un commentaire qui m'a vraiment beaucoup plus tentée, au point de le mettre assez haut dans ma liste de livres à lire.

The Long Way to a Small, Angry Planet (T. 1)

Dans ce livre, on suit l'histoire d'un vaisseau spatial (et son équipage) qui va près de la planète dont il est question dans le titre, pour aller y construire un tunnel (wormhole) vers un hub de l'organisation galactique.

Comme l'a si bien écrit un critique que je ne retrouve plus, le paragraphe ci-dessus contient la plus grosse particularité de ce livre : normalement, une phrase comme ça résume l'élément qui lance l'intrigue, pour déboucher ensuite sur moult aventures et rebondissements ; alors qu'ici il s'agit littéralement du résumé de l'ensemble de l'histoire.

Ce n'est pas une grande épopée haletante, c'est juste un groupe de civils qui font leur boulot. Et quand l'aventure frappe à leur porte, ils ne deviennent pas des héros qui se jettent dedans, ils restent des civils qui font ce qu'ils peuvent. Tout ça pour dire que je comprends ceux qui trouvent qu'il n'y a pas assez de conflit à leur goût.

Et du coup, ce livre a prouvé que je n'ai pas besoin de gros conflits pour apprécier un livre.

C'était peut-être prévisible, dans la mesure où je ne suis pas fan du conflit dans le reste de ma vie : je n'ai pas du tout l'esprit de compétition, je fais partie de la minorité d'adeptes de jeux coopératifs, et je ne serais pas surprise que mon goût pour les rôles de heal et tank dans World of Warcraft soit au moins en partie dû au fait que ça évite la compétition sur le DPS.

Bref, j'apprécie aussi bien la projection dans un monde imaginaire fait d'aventures épiques, que dans un monde imaginaire fait de gens sympa et intéressants et bienveillants qui font juste leur boulot.

Surtout dans une période de confinement généralisé qui pourrit les interactions sociales. J'ai certes bien vécu cette période, mais c'est probablement aussi un peu grâce à cette lecture.

Mais au-delà du contexte particulier, le travail Wayfarer c'est exactement le travail en équipe dont je rêvais quand j'étais étudiante, et le monde professionnel n'a pas arrêté de me décevoir depuis, donc je pense que j'aurais aussi beaucoup aimé ce livre en temps normal.

Comme promis, ce livre contient bien l'incrédient sans nom qui me plaît un peu partout tout au long de l'histoire, mais je suis particulièrement fan de l'incident autour de « gloriously stubborn dustheads » et du tresha.

J'ai beaucoup aimé la richesse de l'univers dans ce livre, mais je suis quand même un peu gênée par le côté humain de toutes les espèces extra-terrestres, et ça ne passe pas mieux avec un abat-jour dessus. Ça me gêne aussi au cinéma et à la télévision, mais je peux comprendre les limites de n'avoir que des acteurs humains, ce problème ne se pose pas dans un livre.

Si l'univers est sympathique mais aussi appréciable que dans beaucoup d'autres séries que je suis, ce sont des évidemment les personnages et leurs dynamiques qui font tout ce livre.

Je pourrais louer leur profondeur et leur diversité, mais là encore, ce n'est pas par là que ce livre se démarque des autres séries que j'aime bien.

Il y a vraiment quelque chose dans l'ambiance qui émerge de ces personnages, qui fait que ça marche aussi bien sur moi. Un peu comme dans les différents emplois que j'ai connus, où j'ai pu faire à peu près le même travail, mais les gens qui sont autour ont fait des ambiances complètement différentes, qui peuvent du coup me plaire énormément ou non. J'ai juste adoré mon séjour à bord du Wayfarer.

Et puis il y a Sissix… Je ne sais pas si c'est un personnage qui été volontairement construit comme ça, ou si c'est juste ses qualités et ses défauts qui sont bien alignés avec moi, mais je l'adore, sur plusieurs niveaux.

Il y a les personnages dans lesquelles je me projette, par affinité avec ce que je suis ou ce que j'aimerais être, et c'est par eux que j'aborde émotionnellement les histoires. Les personnages que j'apprécie sans me projeter le sont souvent parce qu'ils sont appréciés par le personnage dans lequel je me projette. Et puis il y a parfois les personnages que j'apprécie (voire plus) directement, sans projection, avec qui j'aimerais avoir une relation réelle s'ils existaient dans ce monde.

L'exemple le plus clair, même s'il commence à dater, est dans les premières saisons de Buffy contre les vampires : je me projette beaucoup plus dans Willow que dans Buffy, mais je flashe sur Angel en tant que moi.

Et Sissix réussit à être à la fois un personnage dans lequel je me projette bien et que j'adorerais côtoyer. Ça fait parfois des trucs bizarres entre le moi et l'autre, mais c'est intéressant d'apprécier les deux facettes dans le même livre.

Le problème, c'est que j'aime tellement ce personnage que j'ai très peur pour les tomes suivants, dans lesquels si j'ai bien compris elle n'apparaîtra pas.

En plus j'ai découvert assez tard que la trilogie n'est en fait pas trois histoires avec le même équipage, mais trois histoires à peu près indépendantes dans le même univers.

J'aime bien m'investir émotionnellement dans des personnages que je vais pouvoir suivre longtemps, au point d'aborder avec réticence les trilogies et avec encore plus de réticence les livres indépendants. Et là je me suis retrouvée sur la fin d'un premier tome de trilogie avec la nouvelle que finalement c'est un livre indépendant, autant dire que ça pique un peu.

Bref, j'ai très peur pour le tome suivant, entre l'absence d'un personnage que j'aime autant, et l'impression d'être flouée comme ça, il part avec un handicap. Heureusement que beaucoup de monde le trouve meilleur que le premier.

A Closed and Common Orbit (T. 2)

Ce livre commence juste après une scène du tome précédent, et suit une tranche de vie de deux personnages qui étaient secondaires dans le tome précédent. En dire plus divulgâcherait des éléments dudit tome.

Comme dit dans ma précédente critique, ce tome part avec un handicap, parce que j'ai adoré Sissix et elle n'apparaît plus.

Et je pense qu'en fait ça va plus loin que ça, c'est toute la série qui a un handicap par son côté anthologique. Je me plains souvent que j'ai du mal avec le premier de tome d'une série parce que je ne suis pas encore attachée aux personnages, et l'impression qui domine ce deuxième tome est que c'est en fait sur ce plan un deuxième premier tome.

Et pour ne rien arranger, les tomes numéro 1 que j'ai connus compensent souvent le manque d'attachement aux personnages par la découverte d'un nouvel univers, ce qui n'est pas le cas ici. La majorité de l'univers a été découvert dans le vrai premier tome, et il y en a beaucoup moins dans celui-ci.

Comme si ça ne suffisait pas, une difficulté supplémentaire s'est encore ajouté qui est une certaine difficulté à accrocher à la problématique principale des deux personnages principaux dans leurs fils narratifs respectifs. Ce serait intéressant d'explorer pourquoi, je n'ai pas encore de réponse, mais le résultat est une certaine indifférence envers le sort de ces personnages.

Peut-être que leurs problèmes sont trop extraordinaires pour une histoire façon « tranche de vie », alors que l'équipage civil du Wayfarer qui fait juste son boulot colle mieux à ce format. Ou peut-être qu'il y a quelque chose dans la nature particulière de ces problèmes qui ne marche juste pas sur moi.

Cette accumulation de difficultés commence à faire beaucoup, et la première moitié du livre m'a donné l'impression d'une mayonnaise qui ne veut pas prendre. J'ai fait des efforts pour continuer, mais ça ne voulait juste pas.

J'ai dû faire des séances de lecture plus courtes que d'habitude pour ne pas « dérailler », mais en même temps les chapitres me semblent aussi relativement courts, donc c'est peut-être la structure du roman qui se prête mieux à des petites doses fréquentes qu'à du binge.

J'ai aussi relevé le tresha de ce tome, qui m'a laissée si indifférente, par rapport à celui du tome précédent qui a tellement bien résonné en moi.

Après avoir galéré comme ça sur la partie 1, qui prend une bonne moitié du tome, j'ai commencé à vraiment apprécier ce livre dans le deux autres parties.

Je n'ai pas vraiment perçu la transition, mais quand je me suis retrouvée à pleurer réellement devant mon liseur (ce qui est assez rare pour que je ne puisse pas citer la dernière fois que ça m'est arrivé), j'ai bien dû reconnaitre que l'implication émotionnelle était bien là et bien forte.

La deuxième moitié fait à mes yeux plus que compenser la première, mais je ne tiendrais rigueur à personne de ne pas déployer tous les efforts que j'ai faits pour passer la première moitié.

J'ai un peu de mal à définir ce qui m'a plu, autrement que l'implication émotionnelle dans l'histoire et les personnages. Certes, les personnages sont très sympa' et tout, mais c'est autant le cas dans la première moitié que dans la deuxième.

Si je comprends et je valide complètement le côté « chocolat chaud littéraire » de ce livre, je me suis parfois demandé s'il n'y avait pas un peu trop de positivité. En particulier sur l'Harmagian qui se fait bousculer dans le marché ; je maintiens que je n'ai pas besoin de conflit pour trouver un livre intéressant, mais dans certaines circonstances ça tire un peu sur ma suspension de l'incrédulité.

De la même façon, le méta-attribut de positivité de ce livre a sapé la tension de la partie 3, parce que je n'imaginais pas que ça puisse mal tourner. Ce qui n'est peut-être pas raisonnable d'ailleurs, vu que dans le tome précédent il y a des choses qui ont mal tourné, mais j'ai eu beau me le rappeler pendant la lecture, je n'ai juste pas pu trouver cette tension.

Bref, mon verdict est quand j'ai quand même nettement préféré le premier tome à celui-ci (ce qui semble être une position minoritaire), mais si on ne comptait que la deuxième moitié de ce livre il passerait devant mais en se retrouvant dans une catégorie différente pas vraiment comparable.

Je pense qu'il faudrait que j'essaye de le relire avant d'avoir trop oublié, parce que si je pouvais prendre mon implication émotionnelle de la deuxième moitié et la réutiliser dans la première moitié, j'éviterais peut-être l'effet « premier tome » je trouverais peut-être plus d'implication dans les problématiques rencontrées, et ça pourrait ainsi colossalement améliorer mon avis sur ce livre.

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