Healer (1 à 3), de Maria V. Snyder

Au moment d'écrire ces lignes, je suis dans une période où j'ai envie de lire des histoires de personnages féminins forts mais pas badass dans l'action, genre des Sherlock Holmes ou des Willow Rosenberg des premières saisons, ou à la limite des Harry Dresden, plutôt que des Black Widow ou des Buffy.

Une de mes sœurs a répondu à cette envie en m'offrant le premier tome de cette série pour Noël.

Il s'agit d'un univers à peu près médiéval-fantastique, et en même temps post-apocalyptique. Il y a des royaumes, différentes sortes de magie, et les soigneurs, dont fait partie l'héroïne éponyme, ont été désignés responsables de la peste qui a ravagé ce monde et fait écrouler sa société.

Touch of Power (T. 1)

Dans ce premier tome, on découvre Avry de Kazan, soigneuse en fuite, et un groupe de mecs qui la cherche non pas pour l'exécuter et toucher la prime, mais pour lui demander de soigner un prince.

Globalement, j'ai beaucoup aimé ce livre, mais je suis bien en peine d'expliquer pourquoi. La grosse majorité des points particuliers que je regarde sont plutôt pour me déplaire.

Certes, l'héroïne n'est pas badass dans l'action, mais elle n'est pas vraiment super intelligente non plus. Je trouve un peu méchants ceux qui lui trouvent le trope trop stupide pour vivre, c'est juste qu'elle est guidée par des principes forts, qui lui semblent plus importants que sa vie. Pourquoi pas, ce n'est pas un problème en soi, ce n'est juste pas mon truc, je me projette mieux dans les pragmatiques que dans les idéalistes.

De l'autre côté, le héros, avec son comportement toxique et l'excuse d'avoir déjà souffert, me semble affreusement caricatural et ne me revient vraiment pas du tout.

Le reste de l'équipe est moins développé, et ils sont beaucoup plus supportables, j'ai peur de me demander dans quelle mesure c'est lié.

La romance entre l'héroïne et le héros commence tout doucement, au point de se demander si elle est là, ce qui est tout à fait à mon goût, mais c'est clairement gâché sur la fin.

Le triangle amoureux me semble assez mal fichu, mais de toute façon je n'aime pas du tout ces triangles, donc j'ai un peu de mal à juger valablement.

Les émois de l'héroïne me semblent assez faux aussi, mais c'est peut-être juste sa façon de vivre le manque de maturité, donc je préfère prudemment éviter de les juger et juste relever qu'ils ne me reviennent pas du tout.

L'intrigue elle-même n'est pas mal, mais elle n'avance pas très vite. On passe plus de temps à voyager dans les royaumes qu'à vraiment faire des trucs

Y a un truc très con, mais c'est très personnel. Le grand méchant s'appelle Tohon of Sorga, mais je ne peux pas lire ce nom sans penser que c'est la tehon de Sorgues, et autant dire que ça tue un peu l'effet dramatique.

Et pourtant, tout ça mis ensemble, ça marche étonnamment bien sur moi, au point que l'ensemble soit clairement positif.

Ce qui m'a le plus plu, c'est la richesse de l'univers. Entre le côté social de la situation post-apocalyptique (enfin post-peste), le système de magie, et les machinations qu'on commence à peine à découvrir dans ce tome. Ce pas ce qui me séduit habituellement dans une série, mais découvrir tout ça a joué un rôle significatif dans mon appréciation de ce livre.

Ça ne peut pas être que ça, il y a vraiment quelque chose dans l'assemblage de tous ces éléments d'histoire qui font que ça marche quand même très bien sur moi.

Scent of Magic (T. 2)

Ce deuxième tome commence peu de temps après la fin du premier tome, et il reste encore pas mal de trucs à faire, la transition est assez logique.

Cela dit, ça commence très mal à mes yeux. Il n'y a pas grand-chose que je déteste plus que les triangles amoureux, au point de ne pas toujours pouvoir en citer sans y réfléchir, et pourtant ce tome est tombé dessus, avec le trip « il faut qu'on aille chacun de son côté, mais on s'aime encore et on arrête pas de penser à l'autre ».

Ça ne m'a jamais plu, mais depuis Heart of the Swarm je déteste activement cette situation. F*ck le devoir, on ne sépare pas un couple, point. Ou alors ce n'est plus un couple.

Si ce problème-là m'a fait l'effet de papier de verre tout au long de l'histoire jusqu'à ce qu'ils se retrouvent (on est d'accord que divulguer que le couple alpha se retrouve à un moment, ce n'est pas un spoiler ?), il n'y a vraiment que dans les premiers chapitres, lorsqu'il ne se passait rien d'autre, que j'étais à la limite d'abandonner le livre.

Globalement, cette histoire opère un changement d'échelle par rapport au tome précédent. Là où on suivait surtout les débats internes d'Avry et un groupe de compagnons, ici on a les débats internes d'Avry et des mouvements politiques à l'échelle de royaumes.

J'ai beaucoup aimé le côté politique et intrigues dans les intrigues, et la découverte progressive des machinations du grand méchant. Je suis particulièrement fan de la qualité des plans du grand méchant et de la façon dont ils ont été enrayés ou non. C'est compliqué de trouver un équilibre entre un méchant génial et des gentils qui s'en sortent à peu près mais pas trop, et je trouve cet aspect particulièrement bien exécuté dans ce tome.

J'aime bien aussi la construction du monde, autant à mon goût que dans le tome précédent même s'il occupe un peu moins de place. Je trouve la science de cet univers intéressante et cohérente. Je ne sais pas s'il y a des deus ex machina à ce niveau, mais je n'en ai remarqué aucun, ce qui est pour moi un gagne de qualité de l'univers.

D'un autre côté, on retrouve ici encore plus le reproche que l'on pourrait faire déjà au tome précédent, que le monde à tendance médiéval-fantastique n'a pas grand-chose de médiéval en dehors du système politique et de l'absence d'électricité, de moteurs, et d'armes à feu. Les systèmes de déguisement et de santé sont largement en avance sur le Moyen Âge de chez nous. Personnellement ça ne me dérange pas, mais ceux qui n'ont pas aimé dans le tome précédent vont avoir encore plus de mal avec celui-ci.

Contrairement au tome précédent, où on suivait exclusivement le point de vue d'Avry, ici on alterne entre son point de vue et celui de Kerrick. Je ne sais pas trop quoi en penser, parce que d'un côté je reconnais la qualité de la construction et les effets voulus, mais d'un autre côté ça ne marche juste pas sur moi (contrairement á la même chose dans Alpha and Omega ou dans Silence Fallen), et je ne sais pas du tout pourquoi.

Encore une fois, la somme de tous ces éléments ne colle pas vraiment à mon appréciation globale de la lecture de ce livre, qui a été un très bon moment. Cela dit, à ce stade, si ça avait été une série bien plus longue, je me demanderais sérieusement si je ne peux pas trouver de livre plus enthousiasmant pour occuper mon temps de lecture. Finalement les séries courtes n'ont pas que des désavantages.

Taste of Darkness (T. 3)

Ce troisième et dernier tome s'est mieux passé que les précédents, et je n'ai pas vraiment relevé d'élément qui m'aurait déplu.

Il y avait bien quelques séparations du couple alpha, mais c'était assez prévisiblement court pour ne pas me déranger.

J'ai eu l'impression qu'il y avait moins de développement de personnages, et plus d'évolution géopolitiques. Ce n'est pas pour me déplaire, mais ça change quand même par rapport au ton donné par le premier tome. Cela dit, j'aurais bien aimé comprendre l'évolution du personnage qui rejette sa magie, j'ai l'impression que le changement s'est produit un peu brutalement sans explication.

Je suis aussi un petit peu insatisfaite des développements géopolitiques. J'avais des craintes en voyant le nombre de factions ennemies augmenter et la fin de la trilogie approcher, et j'ai trouvé les résolutions un peu rapides.

De façon similaire, le développement du monde m'a aussi laissée un peu sur ma faim par quelques aspects, comme l'origine de la peste ou la nature des lis.

En dehors de ces quelques points négatifs mineurs, ça a été une lecture plutôt agréable. J'ai globalement bien aimé cette tranche de vie des personnages que j'ai partagée avec ceux, et j'avais suffisamment de facilité à me projeter dans Avry pour m'y sentir impliquée.

Je ne sais pas comment le dire sans avoir l'être négative, mais cette trilogie en général et surtout ce tome en particulier me donnent exactement ce que j'attends de la lecture comme divertissement, ni plus ni moins. Je suis évidemment très heureuse quand un livre me donne plus, mais ce niveau de satisfaction me suffit pour la place que je donne à la lecture dans ma vie.

Bref, une série qui me plait, sans plus, mais pas moins.

Commentaires

1. Le jeudi 13 juin 2019 à 7:00, par Balise :

Pof, sur la liste. A minima, je suis intriguée. Et c'est à la fois très agaçant et assez fascinant d'être dans la situation "y'a (presque) rien dans ce truc que je devrais aimer, ET POURTANT" :P

2. Le jeudi 13 juin 2019 à 7:59, par Natacha :

Je ne sais pas trop comment tu gères ta liste, mais j'ai il semble que beaucoup de monde préfèrent Poison Study, qui aurait le même genre de schéma mais qui serait meilleur.

Cela étant, ma sœur s'est retrouvée à relire plusieurs fois cette trilogie plutôt que les studies, donc il y a peut-être l'expérience des huit romans précédents qui jouent dans le « ET POURTANT ».

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