Eovolt City X

Photo de mon vélo quand il était presque neuf

Dans ce billet je vais vous parler de mon nouveau vélo. Comme d'habitude, je ne suis pas du tout sponsorisée ni en contact avec aucun marchand ou constructeur, comme il se doit pour un site personnel du web 0.8. Et comme d'habitude, c'est une critique à relativement long terme, pour voir au-delà des premières impressions. J'ai été un peu coupée dans mon élan, après avoir parcouru 550 km dans les quatre premiers mois suivant l'achat, mais moins de 200 km dans les quatre mois suivants.

Dans tout ce billet j'emploie l'adjectif « pendulaire » pour désigner quelque chose de très proche de l'anglais commute, c'est-à-dire en gros « en rapport avec les trajets quotidiens entre le domicile et le lieu de travail ». Je ne pense pas souvent à cet adjectif pour ce sens, donc je ne veux pas supposer que tout mon lectorat le connaisse.

Le chemin vers l'achat

Dans mon billet intitulé Tentation cycliste, j'avais décrit le peu de goût que m'inspire le vélo depuis longtemps, et l'ouverture d'une possibilité qui pourrait être supportable. Je vais les résumer un peu différemment dans cette partie, et ajouter la fin de l'histoire jusqu'à l'achat.

Depuis très longtemps je suis rebutée par l'encombrement de l'engin, aussi bien en utilisation, parce qu'il est beaucoup plus balourd et pataud qu'un piéton, qu'entre les utilisations, parce qu'il faut le mettre quelque part et faire face aux risques de vol, de vandalisme, de confiscation, etc.

De façon amusante, je n'ai pas ce problème avec ma moto, que je décris en termes opposés, simplement parce que je la range mentalement dans les véhicules à moteur, à côté des voitures et des camions, alors que pour une raison mystérieuse je range les vélos, même motorisés, avec les piétons.

Cela dit, j'ai aussi une certaine réticence envers tous les véhicules à cause d'un manque général de fiabilité : le risque de panne, de vol, de vandalisme, de confiscation, ou d'autre perte imprévue n'est jamais nul et toujours catastrophique pour les plans à court terme, et je n'aime pas du tout la perte d'autonomie qui découle de la dépendance à un véhicule.

Là aussi, c'est un peu injuste, parce que mon corps aussi peut être victime de panne, de vandalisme, ou d'accident, et ce n'est pas moins catastrophique pour les plans à court terme et parfois pour l'autonomie même à plus long terme.

Cependant notre société est structurée pour prendre en charge les défaillances du corps et de l'automobile, dont la moto bénéficie par proximité administrative, alors que la défaillance cycliste est jugée comme plus dérisoire, et la délinquance envers les vélos comme moins grave.

Bref, pour en revenir au vélo, les problèmes d'encombrement et une partie des problèmes de malveillance peuvent être résolus avec un vélo pliant gardé près de soi.

D'autre part, mes déplacements sont dominés par le trajet entre le lieu de travail et le domicile, de sorte qu'un vélo ne vaille pas l'investissement (dans ma vie et ces jours-ci) même si je m'en servais pour tous les autres trajets urbains. Donc si j'achetais un vélo, ce serait pour ces déplacements pendulaires, et la compatibilité avec les autres déplacements serait un critère secondaire.

La principale conséquence est que je voulais une assistance électrique, pour faire face à la grande montée de la Porte de Versailles et pour espérer arriver à destination en étant présentable même sans douche.

À la fin du billet Tentation cycliste, j'arrivais au bout de mon endurance à étudier le marché, et j'étais à deux doigts d'abandonner. J'ai pris sur moi de suivre les plans que j'avais formulés, à savoir emprunter un vélo pour vérifier que le trajet pendulaire est suffisamment sûr pour mon goût, et essayer les vélos pliants disponibles chez le marchand près de chez moi.

Je reviendrai plus loin sur les autres modèles que j'ai essayés et dans un autre billet sur les infrastructures cyclables, mais le résultat a été de céder à la tentation, et je me suis retrouvée en possession du vélo que je décris dans ce billet.

Description technique du vélo

J'ai donc acheté un vélo Eovolt en février dernier, et il n'y en avait déjà plus aucune trace sur leur site en mai. Juste avant de l'acheter, j'avais essayé des modèles qui n'existaient déjà plus sur leur site à l'époque. Je soupçonne que ces modèles étaient millésimés 2020, le mien 2021, et au moment d'écrire ces lignes le site décrit les millésimes 2022.

Devant un tel turn-over, je vais conserver ici autant d'informations que possible sur l'exemplaire entre mes mains, d'autant plus que même à l'époque le site était déjà pauvre en détails techniques, donc il y a ici plus de recherche personnelle que de fiche technique du constructeur. Si ces détails ne vous intéressent pas, vous pouvez passer directement à la section suivante avec mes impressions.

Positionnement Commercial

L'impression que j'ai eue en février 2022 est que la plupart des vélos pliants ont des roues de 20 pouces de diamètre. Je suppose que c'est le plus facile à concevoir, peut-être pour pouvoir réutiliser le plus de pièces généralistes. Les tailles adjacentes sont 16 et 24 pouces, soit des paliers d'environ 10 cm.

Je ne sais pas trop comment une petite modification de la taille des roues autour d'une valeur donnée affecte le cadre, mais avec des cadres similaires ça se traduit directement par une augmentation de la taille du vélo plié, de 10 cm dans deux dimensions.

Ces 10 cm ne sont pas négligeables par rapport aux tailles pliées, d'autant plus que ces tailles sont proches de divers seuils, comme la hauteur sous un bureau ou les emplacements de bagages de certains trains.

Pour moi il était donc nécessaire de partir sur le moins encombrant, à savoir 16 pouces.

La taille des roues a aussi un impact direct sur le confort, par le lissage du relief de la route. Les vélos avec des roues plus grandes sont donc naturellement plus confortables, et plus chers par la plus grande quantité de matière. Je me demande s'il y a aussi une vieille idée de « plus c'est gros mieux c'est » avec.

Chez Eovolt au moment où j'écris ces lignes, comme chez beaucoup d'autres constructeurs, j'ai pu constater une montée en gamme avec la montée en taille des roues. Le Morning avec ses roues de 16 pouces a un dérailleur plus simple et une batterie plus petite que l'Afternoon et le l'Evening aux roues plus grandes.

Mon vélo a le positionnement inhabituel d'être le modèle haut de gamme d'une section à 16 pouces, et il me tente beaucoup plus que tous les modèles actuellement proposés sur leur site. Dans son millésime, il y avait les modèles City, City X, Confort, et Confort X, où le X désigne la variante haut de gamme alors que City et Confort correspondent à des roues de 16 ou 20 pouces.

Pour situer, mon vélo avait un prix public conseillé de 1 800 €, et j'ai profité d'une remise spontanée, et sans justification, de 300 €.

En plus, mon vélo est celui qui a le plus petit volume de toute mon étude de marché, sans compter les Brompton.

Si j'avais été sûre de m'en servir pendant des années, j'aurais acheté un Brompton électrique (pour à peu près un prix double), mais je n'étais pas sûre que ce vélo ne finirait pas à la cave au bout de quelques mois. J'ai donc décidé de miser une somme plus petite, en soupçonnant que sa durée de vie serait également plus petite, qui ouvre la possibilité d'un remplacement par un vélo plus à mon goût une fois que mes goûts sont plus précis.

En y repensant, je me dis que j'aurais peut-être dû opter pour un Brompton en pariant sur une revente d'occasion si je n'accroche pas au vélo, au lieu de le considérer comme une bête perte sèche. J'imagine que la marque aurait facilité la revente, surtout avec son turn-over beaucoup plus lent.

Caractéristiques

Mon vélo était annoncé comme tenant dans 75×42×58 cm une fois plié, ce n'est pas évident à mesurer, mais je trouve un peu moins en longueur, un peu plus en largeur, et beaucoup plus (5 cm) en hauteur.

Une fois déplié, il fait environ 137 cm de long, dont 95 cm d'empattement et 2 cm de garde-boue arrière, 60 cm de large au guidon, et 103 cm entre le sol et le haut du guidon à la hauteur maximale (que j'utilise), et la hauteur maximale de la selle est à peu près la même.

Il pèse 16.8 kg avec le porte-bagage arrière en option, et l'attache Klickfix pour un panier à l'avant.

Le mécanicien du revendeur a aussi remarqué que la béquille dessus est plus frêle et plus courte que les béquilles habituelles d'Eovolt, probablement à cause d'une pénurie au moment de l'assemblage.

Le caractère haut de gamme de ce vélo se voit surtout sur les caractéristiques suivantes :

L'assistance électrique vient d'un moteur Bafang 250 W dans le moyeu avant. J'ai pu extraire les références de l'écran et du contrôleur, mais je ne sais pas trop quoi en faire.

Le pédalier a des pédales de 17 cm et un plateau de 68 dents, et un périmètre d'environ 76 cm. Je n'ai pas réussi à compter les dents du pignon, mais son périmètre est d'environ 26 cm, donc je suppose qu'il a 23 dents.

Ça fait une sérieuse démultiplication, qui compense la taille des roues. Voici plusieurs façons de le représenter, je les mets toutes pour pouvoir facilement comparer avec d'autres sources :

Vitesse 1 2 3
Rapport primaire 2.957 2.957 2.957
Rapport secondaire 0.733 1.000 1.364
Braquet total 2.167 2.957 4.033
Diamètre équivalent 35 in 47 in 65 in
Diamètre équivalent 0.88 m 1.20 m 1.64 m
Développement 2.77 m 3.77 m 5.15 m
Vitesse à 50 tr/min 8.3 km/h 11.3 km/h 15.4 km/h
Vitesse à 80 tr/min 13.3 km/h 18.1 km/h 24.7 km/h

Je discuterai du choix de cadence dans un autre billet, mais 80 tours par minute est une valeur qui revient souvent dans les conseils en ligne, et j'ai vu quelques fois passer 50 tours par minute comme valeur « tranquille », donc ça me semblait une bonne frontière avant le sous-régime.

Le vélo était livré avec un chargeur propriétaire et une trousse à outil contenant :

Je l'ai complétée avec une clef allen 1.5 mm pour resserrer les vis qui fixent l'écran Bafang au guidon.

Mes impressions sur la concurrence

Je vais essayer de séparer mon ressenti envers ce vélo en particulier de mon ressenti envers le vélo en général (que j'aborderai dans un billet dédié), même si mon manque d'expérience avec d'autres vélos brouille un peu la distinction. Je vais donc comparer avec mes points de référence les plus récents, à savoir les autres vélos que j'ai essayés avant d'acheter celui-ci.

Avant d'acheter ce vélo, j'ai essayé plusieurs modèles de vélos pliants, et j'ai essayé mon trajet pendulaire avec le vélo électrique non-pliant de mon homme. Ce ne sont que des premières impressions, mais j'ai l'intuition qu'elles se vérifient sur la durée.

Le goût du luxe

Ce n'est pas toujours évident d'évaluer à quel point les options plus haut de gamme sont intéressantes. J'ai l'impression de voir de plus en plus de consommation ostentatoire qui n'a aucun intérêt sans audience. Ce n'est pas du tout le cas pour la plupart des particularités de mon vélo, à un point auquel je ne m'attendais pas.

Les freins hydrauliques

D'abord les freins hydrauliques, qui sont réputés offrir une plus grande puissance de freinage par l'effet levier du système, me semblent surtout avoir l'avantage du retour tactile. Je sens directement mon action sur les plaquettes, alors qu'avec un câble il y a un amortissement dans le système brouille le couplage entre les doigts et les patins.

Ce n'est pas juste une question de confort, parce que ce retour tactile permet de faire manuellement l'effet de l'ABS. J'ai connu la théorie avec la moto, mais je n'ai jamais conduit de moto sans ABS ; quelques freinages forts en vélo m'ont donné l'occasion de mettre en pratique cette théorie, et même de développer l'intuition tactile de la zone juste avant le blocage (au moins par temps sec et températures pas trop basses), chose que je n'imagine pas possible avec un câble.

Le moyeu à vitesses intégrées et la courroie

La boîte de vitesse dans le moyeu arrière est souvent vendue comme permettant de changer les vitesses à l'arrêt. Je reconnais que c'est confortable, mais quand même un peu gadget, parce que j'imagine avoir le niveau d'anticipation suffisant pour pouvoir gérer les vitesses avec un dérailleur. D'un autre côté, le départ après un freinage d'urgence peut être compliqué…

Cela dit, je considère que la killer feature de la boite de vitesses dans le moyeu arrière est la compatibilité avec la transmission par courroie, donc je vais mettre les deux ensemble, pour les comparer avec une chaîne et son dérailleur.

Depuis que j'ai une moto je lorgne sur les courroies et les cardans, parce que l'entretien de la chaîne me saoule et je n'y trouve pas trop d'avantages. Il semble qu'en vélo ce soit pareil, la courroie se distingue surtout par l'absence d'entretien et une plus grande longévité. J'apprécie énormément la sérénité que ça procure.

J'ai cru comprendre qu'individuellement, la boite de vitesses dans le moyeu arrière est aussi plus fiable et plus stable qu'un dérailleur, mais ça ne fait que renforcer le jugement sur l'ensemble du système.

J'ai lu que la transmission par courroie est aussi plus silencieuse, mais je ne l'ai pas vraiment perçu.

Le capteur de couple

Enfin, il y a le capteur de couple, même si en fait c'est surtout ce qu'il permet au contrôleur de faire, et je me demande à quel point un bon contrôleur bien programmé pourrait être aussi à mon goût.

Les modèles que j'ai essayés sans capteur de couple m'ont donné la très désagréable impression d'être des mobylettes avec un interrupteur binaire dans le pédalier. Peu importe ce que je fais avec les pédales, si ça tourne le moteur maintient une vitesse, et si ça ne tourne pas je n'ai que l'inertie.

À l'inverse, tous les modèles avec capteur de couple m'ont presque fait oublier le moteur, et simplement donné l'impression d'avoir un vélo plus léger.

Quelque part, quand on veut un système avec un moteur qui « assiste » jusqu'à 25 km/h, en complémentant l'énergie musculaire pour atteindre cette vitesse, j'imagine qu'on obtient exactement ce que je reproche aux modèles sans capteur de couple : l'effort sur les pédales n'a aucun impact sur le comportement du vélo, le moteur s'ajuste sur la différence.

D'un autre côté, je n'ai pas été gênée que par le manque d'impact de mes efforts, mais aussi par l'étroitesse de la plage d'efforts que je pouvais fournir, parce que le pédalier était beaucoup trop mou. La plage de cadences confortables n'est pas très large, et il aurait été intéressant de pouvoir choisir la quantité d'énergie musculaire que je fournis au vélo en variant le couple demandé, et je n'ai trouvé cette possibilité dans aucun des vélos sans capteur de couple que j'ai essayés.

Je reste prête à entendre que le contrôleur peut être configuré pour arranger ça, et je suis prête à essayer un vélo sans capteur de couple qui prétendrait le faire ; mais aujourd'hui, a priori je préfère me passer d'assistance qu'utiliser un moteur sans capteur de couple.

La taille des roues

Si j'ai essayé tous les modèles 16 pouces disponibles dans le magasin, parce que je savais que ce n'était pas négociable, j'ai aussi essayé deux modèles 20 pouces, surtout pour faire plaisir au commercial, et un modèle 28 pouces pour mon trajet pendulaire.

Si je m'attendais à ce qu'un vélo pliant à petites roues soit moins confortable qu'un vélo normal, je ne m'attendais pas à ce que seulement 4 pouces fassent autant de différence, même sur des routes relativement propres et plates.

Si on m'avait dit avant d'essayer que la différence serait aussi énorme, je ne l'aurais pas cru. Je trouve subjectivement plus d'effets à ces 4 pouces qu'à de bons amortisseurs.

Mes impressions sur ce vélo

Assez parlé de la concurrence, que m'inspire directement ce vélo ?

Déjà, c'est très moche.

Isolé, comme ça, je trouve que ça va ; mais avec une personne comme moi dessus, c'est disproportionné au point de me révulser. Plus d'une fois j'ai qualifié ce vélo de « trottinette », ce qui est pratiquement la connotation la plus négative que je suis capable de mettre sur un moyen de transport.

Heureusement, je ne me vois que très rarement quand je suis sur ce vélo, donc ça ne me dérange pas. Et je ne le vois même pas souvent déplié. Ça ressemble à rien une fois replié, mais au moins ce n'est pas esthétiquement dérangeant.

Je le soupçonnais déjà pour la moto, ce vélo me le confirme : je n'ai que faire de mon apparence pendant que je me déplace, et le confort et les autres critères pratiques l'emportent largement sur les critères esthétiques.

Le confort au fil du temps s'est révélé conforme à ce quoi je m'attendais après les premiers essais. Je ne peux pas dire que je m'y fais, mais la différence de confort par rapport à un vrai vélo ou à un vélo pliant plus gros me semble largement valoir la différence d'encombrement une fois replié, donc je suis contente du compromis que j'ai choisi.

J'ai des petits doutes sur la qualité et la longévité de ce vélo, et je le développerai dans la sous-partie suivante.

La qualité

Malgré la quantité d'argent que j'ai dépensée pour ce vélo, je ne m'attendais pas à une qualité terrible, sans vouloir critiquer Eovolt.

Certes, il faut payer pour avoir des choses de qualité, mais en fait on paye plus souvent pour l'illusion de qualité que pour la qualité elle-même, comme Dan Luu le relève très bien. S'il y a bien quelques marques qui cherchent à se distinguer par la qualité, voire qui sont « inhabituellement déraisonnables », je m'attends à ce que la différence de prix entre un vélo Eovolt et un vélo Xiaomi se retrouve dans le salaire des employés qui font l'assemblage et la non-exploitation des données personnelles plutôt que dans la qualité du produit que j'ai entre les mains.

Et pourtant malgré ça, j'ai été un peu déçue.

Je me suis comportée en consommatrice stupide, qui se repose sur l'atelier mécanique du marchand de vélo, et j'ai pourtant dû prendre en main plusieurs choses moi-même :

Je trouve que ça commence à faire beaucoup de petites choses, mais c'est le niveau de fiabilité que j'attends de tous les fabricants quelconques adossés au marché mondialisé, de Décathlon à Xiaomi. Il n'y aurait guère que des grandes marques comme Brompton, Tern, ou Moustache dont j'attendrais (beaucoup) mieux.

La longévité

Ce niveau de qualité vient avec une certaine inquiétude sur la longévité de ce vélo. J'aime bien m'attacher à des outils qui me suivront pendant des décennies, et je crains que ce ne soit pas du tout le cas de vélo (et comme dit plus haut, je m'y attendais avant d'acheter, juste pour perdre moins si ma vie est finalement mieux sans cyclisme).

En particulier, j'ai vanté les freins hydrauliques, le moyeu à vitesses intégrée, et la transmission par courroie, mais j'ai peur qu'une défaillance d'un de ces éléments n'emporte tout le véhicule avec lui, faute de pièces de rechange.

J'ai été surprise de voir des freins hydrauliques sans fenêtre de niveau du liquide, et manifestement sans possibilité de remplacer ce fluide, contrairement à tous les freins hydrauliques que j'ai pu voir sur des deux-roues dont le moteur est plus gros. Ont-ils un fluide magique qui ne fuit pas et qui ne vieillit pas ? Ou est-on juste censé changer l'ensemble du système quand le fluide vieillit ?

Au niveau du moyeu arrière, j'imagine que Shimano est une marque assez grosse pour proposer un remplacement en cas de défaillance, mais je ne serais pas surprise qu'un élément propriétaire empêche un remplacement facile, voire empêche tout remplacement. En plus, je ne me rends pas trop compte de combien de défaillances sont détectables avant d'être catastrophiques, mais je ne serais pas surprise ce que ce système soit beaucoup plus souvent catastrophique qu'un dérailleur, dont tous les éléments sont exposés.

De la même façon, c'est bien une courroie qui dure plus longtemps qu'une chaine, mais sa fin de vie risque d'être beaucoup plus dure à gérer qu'une chaine, surtout si on ne peut pas compter sur Eovolt pour les pièces détachées.

Sans vouloir être méchante envers Eovolt, je ne m'attends pas à une disponibilité terrible des pièces détachées, si le turn-over en usine correspond à celui sur leur site web, et le passif sur la vis Bafang n'aide pas.

Tout ça pour dire que je ne m'attends pas à plus de trois ans d'utilisation sérieuse de ce vélo avant d'être contrainte de changer. Et quand il faudra changer, il faudra que je me pose sérieusement la question du compromis entre le confort de ces éléments « haut de gamme » et la réparabilité des alternatives plus courantes.

L'assistance

Je ne suis pas complètement satisfaite de l'assistance électrique de ce vélo, mais je ne sais pas trop si elle aurait pu être mieux ou c'est juste que j'en attendais trop. J'aimerais beaucoup savoir si cette sous-partie s'applique à toutes les assistances électriques disponibles aujourd'hui ou si un autre type de moteur ou un autre réglage de contrôleur pourrait arranger ça.

J'ai été persuadée que l'assistance électrique permettait de faire face aux reliefs vallonnés de Paris et ces environs, et de pouvoir arriver en étant présentable, et non pas dégoulinante de sueur. Et je suis déçue sur les deux niveaux.

Pour situer, le contrôleur Bafang de mon vélo propose cinq niveaux d'assistance, numérotés de 1 à 5, avec le numéro 0 pour l'absence d'assistance et un mode « marche » placé en dessous du numéro 0 pour faire avancer le vélo à 5 km/h sans pédaler.

Subjectivement, la différence entre 0 et 1 est flagrante, et largement plus grande qu'entre 1 et 5. Je crois que je serais même incapable de deviner le niveau d'assistance entre 1 et 5 en roulant. Je crois que je sens la différence par comparaison en passant d'un mode à l'autre, mais ça pourrait être une illusion parce que je change volontairement de mode.

En revanche, je sens clairement la différence quand je suis en montée et à la limite de mes capacités musculaires dans le mode courant, passer au mode d'assistance suivant est un soulagement clair. La différence est aussi flagrante pour la batterie : tenter de monter la Porte de Versailles en mode 5 avec moins de 60 % de capacité de batterie coupe l'assistance, alors qu'en mode 3 la limite est plutôt vers 40 %. J'imagine que le contrôleur ou la batterie trouve que ça demande plus de courant qu'elle n'est capable de fournir.

Pour ces raisons, j'utilise presque toujours le mode 1, puisque ça consomme moins de batterie, ça utilise une plus grande portion de sa capacité, sans différence subjective.

Je vantais plus haut le capteur de couple, et j'ai décrit à quel point il m'est indispensable, mais le revers de ce système est que je suis incapable de fournir assez de couple pour utiliser toute la puissance du moteur.

L'écran donne une indication de puissance, sans préciser de quelle puissance il s'agit, mais j'ai l'impression qu'il s'agit de la puissance envoyée au moteur (ou fournie mécaniquement par le moteur, le rendement est tel que la différence importe peu pour la discussion présente), intégrée sur quelques secondes.

Habituellement sur du plat en mode 1, cette puissance se trouve entre 70 W et 90 W, avec parfois des sorties jusqu'à 50 W ou 110 W. En montée, même en mode 5, je ne passe que ponctuellement les 150 W, alors que ce moteur a 250 W nominaux.

Et avec mes performances musculaires actuelles, ça ne suffit pas pour monter la Porte de Versailles confortablement.

Alors que j'imagine qu'avec 250 W électriques, ça pourrait passer beaucoup plus facilement.

L'effet des rapports de vitesse n'est pas évident, parce qu'utiliser un rapport de montée permet de réduire le couple correspondant à une puissance musculaire fixée, mais comme il y a moins de couple il y a moins d'assistance, et donc moins de puissance totale.

J'ai essayé avec chacun des trois rapports, et je ne sais plus avec quels niveaux d'assistances mais au moins 1, 3, et 5, et finalement je n'ai pas encore trouvé mieux que descendre du vélo et le pousser jusqu'en haut.

D'ailleurs au cours de mes différents essais, j'arrivais à faire deux aller-retours avec une charge de la batterie, et éventuellement une partie du troisième retour (en descente). Depuis que je fais ces 400 m de montée à pied, je fais facilement trois aller-retours, avec presque de quoi faire un quatrième aller. Je ne pensais pas que ces 400 m étaient aussi violents pour la batterie, ou que le reste du trajet était aussi léger par rapport à cette montée.

Et peu importe la façon dont je prends cette montée, je termine quand même en nage à l'arrivée.

Je pensais que c'était juste une déception de l'assistance qui n'assiste pas tant que ça, mais c'est plus compliqué que ça.

Avec des trajets plus plats, j'ai pu trouver un rythme plus calme, qui me permet par exemple de suivre la Seine sur bien plus de distance que mon trajet pendulaire, et arriver presque sans sueur (s'il ne fait pas trop chaud). Il faudrait juste que j'arrive à me ménager aussi en montée et dans les faux-plats qui la précèdent.

Je n'ai pas encore essayé sans assistance, et j'ai du mal à me motiver pour faire cet essai, mais il faudrait vraiment que j'arrive à déterminer sur quels trajets je serais capable de me ménager au point de me déplacer en restant socialisable. Je me demande aussi quel genre d'entraînement pourrait élargir cette gamme de trajets.

Verdict

J'ai beaucoup de mal à résumer mon sentiment envers ce vélo en faisant abstraction de ma relation avec le vélo en général, relation qui mérite un billet dédié.

En résumé, après presque 750 km, je confirme que je n'aime toujours pas le vélo, je n'en ferais pas pour le plaisir (contrairement à la marche ou à la moto), et je préfère les transports en commun dans leurs meilleures conditions (disons de l'ordre de 30 % d'occupation des places assises). En revanche, par rapport aux conditions habituelles des trajets pendulaires, le vélo a l'énorme avantage de ne pas titiller mon ochlophobie, ce qui en fait le moyen de transport le moins désagréable à ma portée.

Résultat, ma dernière utilisation des transports en commun remonte à avant l'achat de ce vélo, et c'est peut-être la conclusion la plus éloquente.

Ce vélo tient ses promesses pour l'instant, et en dehors des attentes peut-être trop optimistes envers l'assistance électrique, mes reproches se limitent au fait que je n'aime pas le vélo et aux craintes sur sa longévité.

Ces craintes bloquent mon attachement à l'objet, comment s'il pouvait se transformer en poussière du jour au lendemain. Je crois que j'ai très récemment franchi un cap psychologique par rapport à ces craintes, puisque j'ai investi dans une nouvelle paire de poignées et un rétroviseur, et je commence à construire une trousse à outil alternative plus à mon goût. Même s'il ne tient que trois ans, je peux améliorer le quotidien de ces trois ans.

Je garde cependant toujours un œil sur le marché, et la question de sa succession reste difficile, j'espère vraiment qu'elle ne se posera pas trop rapidement.

Commentaires

1. Le samedi 29 octobre 2022 à 17:44, par sol :

sympa

2. Le mardi 8 novembre 2022 à 14:46, par D :

Merci pour le retour !

Est-ce que tu as essayé de mettre ton vélo plié dans un bus, ou un train sans supplément "vélo déplié", ou un autre mode de transport, ou dans un caddie (pour éviter le vol) ? C'était comment ?

Concernant le passage "Je trouve subjectivement plus d'effets à ces 4 pouces qu'à de bons amortisseurs" est-ce que tu pourrais me donner des précisions ?

"Bons amortisseurs", cela désigne-t-il ceux qu'il y a sur un vélo tout suspendu non pliant, par exemple rockrider 6 https://catenacycling.com/it/profilo-pubblico/blog/detail/syl-splace/248 ? Ou juste un bon amortisseur à la roue avant ? De ta réponse dépendra si j'achète un brompton électrique, ou si je garde mon vélo rockrider 6 en électrifiant sa roue avant et en demandant à l'atelier de mon EPST d'ajouter des charnières le rendant pliant.

3. Le samedi 12 novembre 2022 à 9:20, par Natacha :

Je n'ai pas encore essayé de faire passer ce vélo plié pour un bagage, pour deux raisons.

D'une part, ce vélo a presque complètement remplacé mon utilisation des transports en commun (je n'ai pas pris du tout le bus depuis son achat, et je n'ai pris le métro que deux fois, pour un aller-retour entre chez moi et une gare avec un long voyage et séjour entre), je développerai ça dans mon prochain billet "Le vélo et moi".

D'autre part, ce vélo n'est pas très pratique à transporter plié : le bas de la tige de selle en position la plus basse fait office de béquille en mode plié (seul point d'appui en plus des roues), et la selle en position haute fait office de poignée pour le faire rouler. En théorie il faudrait sans cesse monter et descendre la tige de selle, c'est très vite très pénible. Du coup en pratique, je le pousse déplié comme un vélo normal, et ce n'est que juste avant le stockage que je le replie.

Concernant les amortisseurs, je ne comparais effectivement pas à un vélo tout suspendu, je crois que je n'en ai jamais essayé, seulement avec des amortisseurs visibles (piston et accordéon et tout) dans la fourche et sous la selle. D'ailleurs un autre caveat est que tous mes essais ont été fait sur un revêtement objectivement bon par rapport à ce que j'ai pu croiser sur les routes entre temps, donc je n'ai ressenti que des petits reliefs (genre plaque d'égout et bordure de trottoir abaissée pour les véhicules), pas de pavés ni de trous ni de graviers. J'ai extrapolé à partir de là, mais il est tout-à-fait possible qu'un effet non linéaire change le classement dans les conditions dégradées.

Pour préciser ma pensée, et ajouter des informations que j'ai obtenues entre-temps, aux caveat ci-dessus près, je trouve qu'un vélo 28 pouces haut de gamme suspendu est beaucoup plus confortable que 20 pouces haut de gamme suspendu, lui-même un peu plus confortable que 20 pouces milieu de gamme non-suspendu, lui-même beaucoup plus confortable que 16 pouces milieu de gamme non-suspendu (mon vélo présenté ici).

Je sais pas trop quantifier ces beaucoup par rapport au un peu, et je ne sais même pas trop comparer les deux beaucoup entre eux.

Cela dit, la taille des roues ne fait pas tout, parce que j'ai entre-temps essayé un Brompton, que j'ai envie de qualifier de 16 pouces haut de gamme suspendu, et que j'ai trouvé pas loin du 20 pouces haut de gamme suspendu (il faudrait que j'essaye les deux à la suite pour les départager). D'un autre côté, le Brompton compte peut-être comme suspendu, parce qu'il a un système d'amortissement solide (un bloc de matériau mou, pas de piston). J'ai aussi essayé un Tern, que j'aurais envie de qualifier de 20 pouces très haut de gamme (en tout cas plus haut que les haut de gamme précédents au niveau budget), et qui est un peu moins confortable que le 28 pouces.

Je ne sais pas trop quoi en conclure, à part que les amortisseurs et les roues ne font pas tout, il y a sans doute aussi quelque chose dans le cadre, et peut-être dans la qualité générale des composants.

Pour ce qui est de la décision que tu décris, j'aurais une certaine réticence à l'ajout artisanal de charnière, parce que cette opération n'est pas neutre sur la dynamique cadre (sans compter la chiantise de souder solidement de l'aluminium), et j'ai vraiment senti et apprécié la rigidité que Brompton et Tern arrivent à mettre dans leurs cadres par rapport aux pliants moins chers.

Un autre élément est la question de l'encombrement : un Brompton sera beaucoup plus petit qu'un pliage artisanal (à moins de mettre plusieurs charnières), et si le confort sur la route est plus important que chercher les derniers décimètres dans les dimensions pliées, j'aurais tendance à recommander un Tern Vektron plutôt qu'un Brompton Electric (sachant que je ne possède actuellement aucun des deux, j'ai juste suffisamment recherché et essayé pour savoir que mon prochain vélo sera un deux là ou ne sera pas électrique).

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  • Publié le 9 octobre 2022 à 20h00
  • État de la bête : comme sur des roulettes
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  • Tag : Jouets

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