Le vélo et moi
Dans ce billet, je vais explorer ma relation avec le vélo en général, et la place que le cyclisme peut avoir dans ma vie. Je vais essayer autant que possible de m'abstraire de l'expérience particulière de l'Eovolt City X, mais je ne garantis pas d'y arriver parce que c'est le seul vélo que j'ai vraiment connu ces derniers temps.
La version courte est que je n'aime vraiment pas le vélo, je le savais déjà a priori mais cet avis s'est renforcé au fil des kilomètres, et ça ne l'empêche pas d'être mon principal moyen de transport urbain.
Ce billet souffre d'un grave défaut de conception, car il a été imaginé à une période où je n'avais jamais connu de défaut catastrophique d'un véhicule. Lorsque je parlais du « risque de panne, de vol, de vandalisme, de confiscation, ou d'autre perte imprévue », c'était un risque abstrait, envisagé de façon purement intellectuelle.
Entretemps, j'ai subi une crevaison, que je décrirai plus loin, que j'ai vécu comme une trahison, puisque mon véhicule m'a lâchée à plus de trois kilomètres des endroits que je hante habituellement. La majorité de ce billet a été écrit sous le coup de cette émotion probablement injuste. Je vais faire tout mon possible pour m'en abstraire, afin de documenter au mieux ma conception naïve du vélo dans ma vie, pour pouvoir la comparer avec ce qu'il restera une fois que je me serai remise de ces émotions.
Et pour en rajouter encore une couche, une discussion récente a un peu secoué ma conception du vélo à assistance électrique, en me montrant le côté « mobylette ultra-légère à assistance musculaire », ce qui renforce mes efforts de préservation de la vision naïve précédente (je vous tiendrai au courant des évolutions quand ce sera stabilisé).
La crevaison
L'histoire est si tristement banale que je ne suis pas sûre que ça vaille la peine de la lire, ni même de l'écrire en dehors de l'intérêt cathartique.
Je revenais de mon lieu de travail, comme d'habitude, et au détour d'un virage je constate un tas de morceaux de verre à gauche de la piste cyclable, qui mord sur une partie de la voie d'en face. Dans la fraction de seconde entre cette perception et le passage au voisinage de ce tas, j'ai eu le temps de me dire que c'était super-dangereux, mais je ne me suis pas arrêtée.
Je me souviens encore de l'inquiétude sur la présence d'éventuels éclats sur ma voie, et du soulagement de ne pas sentir de différence de comportement du vélo en m'éloignant de cette zone, mais je ne me fais pas confiance pour les placer chronologiquement. Ma théorie personnelle est qu'un sous-système mental, que j'appelle improprement « cerveau reptilien » faute de mieux, gère l'intendance à court terme le temps qu'une partie plus rationnelle comprenne ce qu'il se passe ; et en l'occurrence ce sous-système s'est dit « ça passe » et n'a pas jugé utile de faire un arrêt d'urgence.
À sa décharge, c'était la troisième ou quatrième fois que je passe à cette distance de verre cassé, ça n'a encore jamais posé problème, et les problèmes attendus étaient de l'ordre du bruit de jante sur le bitume dans les mètres qui suivent.
J'ai donc sereinement continué mon trajet.
Deux kilomètres plus loin, j'ai senti une vibration anormale dans le vélo, une montée nette de l'effort de pédalage, et un bruit anormal, que je n'ai reconnu que plus tard comme similaire à celui de mon homme qui roulait à côté de moi après une crevaison inexpliquée, avec le pneu à plat qui sépare la jante du bitume.
J'ai eu beaucoup de chance dans mon malheur, parce que c'était le retour du trajet pendulaire, sans aucune contrainte horaire ensuite, et j'avais trainé à la sortie du boulot donc il était tard, bien après le pic de trafic du soir, pic encore atténué par la pénurie de carburants, et mon homme était disponible ce soir-là pour venir me chercher.
J'ai pu calmement le lendemain analyser la situation, me battre avec le pneu pour le déjanter, coller une rustine fraîchement achetée, et remonter tout le bazar.
Toute cette histoire a été suffisamment longue et frustrante pour que je cherche comment faire la prochaine fois que je tombe en panne à plusieurs kilomètres de tout, et que je n'ai pas autant de chance. Et pour l'instant, je suis encore à sec.
J'aime bien l'idée de la chambre à air de rechange et changer sans se poser de question, mais démonter une roue arrière d'un système à courroie m'impressionne un peu trop, et je ne me rends pas du tout compte du temps normal que ça peut prendre.
Peut-être utiliser une chambre à air linéaire comme rechange, mais la taille inhabituelle des roues limite encore plus la disponibilité, et j'aurai sûrement une certaine réticence à couper la chambre à air existante alors qu'elle est peut-être réparable.
La bombe anti-crevaison a l'air séduisante en théorie, mais j'ai des gros doutes sur la mise en pratique, et ce genre d'article n'aide pas vraiment.
Les autres difficultés imprévues
La non-réversibilité des trajets
C'est évident en voiture et en moto : en ville, il y a des sens uniques, le retour est parfois très différent de l'aller, et il faut préparer les deux sens avant une expédition.
Pour une raison étrange, probablement la même qui me fait classer le vélo avec les piétons plutôt qu'avec les véhicules terrestres à moteur, j'ai préparé mes premiers trajets en supposant bêtement que le retour passerait par le même chemin que l'aller, et j'ai été très déçue ensuite.
Certes, les rues sont souvent à double-sens pour les cyclistes, même si j'ai tendance à ne pas compter sur le double-sens cyclable automatique quand la limite de vitesse est en dessous de 30 km/h, parce que je crains que les automobilistes énervés et les forces de l'ordre ne soient pas encore tous au courant.
Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est une bonne idée, et j'ai vu plusieurs voies cyclables fort sympathiques dans un sens et un partage très compliqué avec les motorisés dans l'autre sens.
Et presque à chaque fois que je suis retrouvée à improviser un morceau de trajet retour, je suis tombée sur des rues qui ne sont pas du tout propices au vélo, et j'ai amèrement regretté mon manque de préparation et mon manque de GPS de guidon.
D'ailleurs j'en profite pour saluer geovelo.fr qui m'a beaucoup aidée à faire des détours sécurisants.
Mes chutes
Avec mon nouveau vélo j'ai connu deux chutes, ce qui est assez décevant pour quelqu'un qui n'est toujours pas tombé en moto.
La première était sans aucune conséquence, il y a eu un léger contact entre l'arrière du casque et le sol mais j'ai supposé que c'était assez léger pour que la mousse reste intacte (j'ai touché d'abord avec les hanches, puis le dos, et les muscles de mon cou ont retenu une partie du poids de ma tête).
Sur la deuxième je suis tombée vers l'avant, j'aime croire que mon expérience martiale m'a fait commencer une roulade, mais j'ai fini avec une écorchure d'une dizaine de centimètres carrés sur le coude droit.
Les deux chutes se sont produites exactement de la même façon : j'ai mal pris une marche de deux bons centimètres que je n'avais pas du tout vue, à la limite entre la piste cyclable et le trottoir, pour contourner une voiture qui n'avait rien à faire là, et au lieu de monter la marche, la roue avant a perdu l'adhérence et glissé le long du bord, pendant que l'inertie faisait continuer mon corps au-delà de la marche.
Je soupçonne que dans les deux cas, le problème soit moins dans le fait de vouloir monter une marche que de le faire trop en biais, et surtout dans une dynamique de rapprochement vers l'axe de la marche.
Comme je suis incapable de voir une différence de hauteur si faible, je me suis mise à craindre toutes les discontinuités visibles, malgré leur nombre, et je fais très attention à ma trajectoire et à mon accélération angulaire à chaque fois, ce qui est assez épuisant.
J'espère que ça finira par devenir instinctif, d'autant plus que la deuxième chute était pendant une manœuvre qui ressemblait tellement à un évitement en moto que je crois l'avoir engagée avant de prendre conscience de la situation.
D'ailleurs je croyais qu'il y aurait d'autres choses à dire sur mon côté motarde qui ressort à vélo, mais je n'arrive pas à les décrire. J'envisage une éventuelle réserve de puissance pour accélérer fort et doubler de la même façon à vélo qu'en moto, je réfléchis au positionnement sur ma voie de la même façon (sauf sur les pistes cyclables, qui sont trop étroites pour avoir un choix), et je lis le comportement des autres usagers de la même façon ; je ne sais juste pas décrire plus que ça ces façons.
Je préfère le vélo aux transports en commun
J'ai beau ne pas aimer le vélo, je n'ai pas besoin d'aimer pour pratiquer. De la même façon que j'aime bien la moto, mais mes loisirs chez moi contiennent plein de possibilités que j'aime encore plus, le fait de ne pas aimer le vélo n'empêche que les trajets purement loisir avec, il peut être, et se trouve être, le moyen de transport le moins désagréable pour les trajets que je fais.
Ce n'était pas du tout évident a priori, parce que quand je pense aux transports en commun en général, je compte une affluence très légère et un bon livre pour patienter ; et quand les conditions s'écartent de cet idéal, que ce soit par la quantité de monde qui titille mon ochlophobie, ma désorganisation qui me prive de livre, ou le stress dû à ce qu'il y a après l'arrivée qui m'empêche de lire, je le mettais toujours sur le dos du trajet particulier.
Je préfère ces trajets idéaux aux meilleurs trajets en vélo, de relativement peu mais de suffisamment pour que ce soit net.
En revanche, si je révise mon opinion systémique des transports en commun pour y inclure les désagréments courants, éventuellement pondérés par leur risque, le vélo passe nettement devant.
C'est un peu pareil pour les temps de trajet : avec mes estimations à la hache et en incluant de la marge, les transports en commun sont équivalents au vélo sur pratiquement tous mes trajets. En regardant de plus près, le vélo est quand même un peu plus rapide, et surtout beaucoup plus prévisible.
Je pourrais rogner sur les marges grâce à cette stabilité, mais je crains encore trop les défauts catastrophiques pour le faire. Ce qui est un peu idiot, parce que ces problèmes dépassent quand même mes marges habituelles.
On pourrait croire aussi qu'une mauvaise météo pourrait remonter les transports en commun dans mon évaluation, mais j'ai pu constater moult fois sur mes trajets pendulaires que la pluie augmente significativement l'affluence, et dégrade donc aussi pour moi cette alternative. Et finalement, avec mon équipement de pluie pour la moto, le trajet en vélo n'est pas si désagréable que ça. J'imagine que ne pas aimer le vélo à la base aide à réduire la différence avec le vélo sous la pluie.
D'un autre côté, si l'affluence rend les transports en commun pénibles, c'est aussi le cas pour les infrastructures cyclables. J'imagine que si un RER B d'heure de pointe se déversait sur une piste cyclable, ce serait encore plus insupportable. Donc l'équilibre entre ces deux moyens transports tient surtout au fait qu'actuellement, le vélo est beaucoup moins utilisé que les bus, métros, et RER que j'ai connus.
J'imagine que le vélo peut garder un avantage par la densité du maillage, alors que les transports en commun réalisent leurs économies d'échelle en concentrant plus de personnes sur un même tracé. Je ne me rends pas du tout compte quel niveau de démocratisation du vélo est possible, ni où se trouve le niveau d'affluence que je supporte.
Le bilan de tout ça est que j'ai suspendu mon abonnement Navigo au mois de mai, pour faire de ce vélo mon moyen de transport principal. Depuis le mois de février, je n'ai pris de transport en commun que pour un seul aller-retour, entre mon domicile et une gare où j'allais prendre ensuite un TGV.
Pourquoi je n'aime pas le vélo ?
C'est bien gentil de constater que je n'aime pas le vélo, mais en fait ce constat ne me satisfait pas. J'ai donc commencé l'autoexploration pour savoir pourquoi je n'aime pas le vélo, ou au moins quels aspects je n'aime pas.
Ce désamour est d'autant plus étonnant que j'aime beaucoup la moto, et que je partage complètement l'analyse de David Madore sur la proximité entre vélo et moto.
J'en vois bien qui se moquent bêtement en faisant remarquer qu'une moto a un moteur et qu'un vélo n'en a pas ; je sais que ce rire gras est imperméable aux subtilités comme la présence d'un moteur d'un tiers de cheval dans mon vélo, ou les douleurs qui rappellent que la moto demande une condition physique à maintenir.
C'est juste qu'en termes de ressenti, je perçois clairement que le problème est dans ma relation à l'objet, ou dans l'objet lui-même, et non pas dans les efforts que je dois déployer pour m'en servir.
À force d'introspection, je suis arrivée à l'hypothèse difficile à vérifier que c'est un problème d'assimilation de l'objet.
J'ai déjà écrit que j'ai besoin d'assimiler les outils que j'utilise, mais ce n'est pas forcément très clair avec les outils abstraits que j'évoquais, alors que le cas des outils mécaniques est beaucoup plus simple.
Par exemple des chaussures, si elles ne sont pas trop petites ou très inconfortables, je n'ai plus besoin d'y penser après les avoir enfilées. Elles deviennent mentalement une extension de mon corps, et transforment juste mes pieds en un organe plus solide qui se pense exactement de la même façon.
Quand je saisis un marteau, c'est pareil : le fait de tenir fermement le manche transforme l'ensemble de la main et du marteau en un seul élément mécanique, que je peux traiter comme une main difforme et beaucoup plus efficace pour enfoncer des clous.
En vrai, je ne tiens pas le marteau assez fermement pour qu'il forme un objet rigide avec ma main ; mais le marteau lui-même est un objet rigide, et le système tactile de ma paume suffit à percevoir complètement la position du marteau. Le résultat est que la position du marteau par rapport à ma main est de nature kinesthésique, et le marteau peut ainsi être traité mentalement comme un organe supplémentaire, une sorte de gros doigt sans muscle ni nociception. Ça suffit pour en faire kinesthésiquement une partie de mon corps.
Pour la moto, on m'a bien répété pendant l'apprentissage l'importance de serrer le réservoir avec les cuisses pour assurer l'équilibre. C'est, au moins pour moi, exactement comme avec le marteau : serrer les cuisses fait un couplage mécanique avec le réservoir, et la perception tactile de ce réservoir me donne une perception kinesthésique de l'ensemble de la partie cycle qui est rigidement attachée au réservoir. Et je pense que c'est cette assimilation kinesthésique qui me permet d'assimiler la moto en la considérant comme une partie de mon corps, et qui me transforme en « centaure mi-biologique et mi-mécanique » (j'adore cette formulation de David Madore).
À l'inverse, quand je conduis une voiture, l'assimilation ne passe pas les commandes, et mon corps reste celui d'un humain avec des habits, et la machine reste extérieure. J'utilise la machine sans l'assimiler.
J'ai toujours été rebutée par les scooters, au point de n'avoir jamais voulu essayer, parce qu'il n'y a pas de réservoir à serrer, et je m'attends à ne pas pouvoir l'assimiler. Je m'attends à ce que soit aussi pénible et frustrant qu'essayer de planter un clou avec la boule d'un bilboquet plutôt qu'avec un marteau.
Mon vélo non plus n'a pas de réservoir à serrer, et je n'ai presque pas trouvé de moyen d'arranger ça.
« Presque », parce qu'il y a eu plusieurs moments, fugaces et labiles comme le souvenir d'un rêve au réveil, pendant lesquels j'ai senti ma perception kinesthésique s'étendre à la tige de selle et aux pédales.
Je pense que c'est encore une fois une question de couplage mécanique. En dehors de ces moments, il y a trop de degrés de liberté entre le vélo et moi, et trop peu de perception tactile pour les déterminer, et l'assimilation ne se fait pas. Alors que quand la selle est juste à la bonne hauteur, il y aurait quelque chose dans le mouvement des jambes ou dans la perception fessière qui donnerait une perception kinesthésique du cadre.
Je pense que c'est une question de hauteur de selle, parce que c'est à chaque fois arrivé quand je partais d'un réglage inconfortablement haut, et à l'arrivée la selle était descendue à un état habituel un peu trop bas.
Je ne sais pas trop comment tester cette hypothèse, surtout maintenant que les graduations sur la selle sont effacées. Je sais que la hauteur stable à quelle mes trajets finissent souvent est environ 6 cm en dessous de l'extension maximale, et c'est loin de la hauteur d'assimilation (si ça existe). Je crains que cette hauteur d'assimilation n'existe que dans intervalle étroit, et je ne vois pas de protocole pratique pour l'évaluer.
Si ces moments d'assimilation ont été suffisamment nombreux pour me convaincre de leur existence, ils ont été trop courts pouvoir imaginer à quoi pourrait ressembler mon expérience cycliste si ça durait presque tout le trajet.
Donc pour l'instant tout ce texte suppose que je ne vivrai jamais mieux que ces petits moments épars, et si ça change un jour j'en explorerai les conséquences.
Le multiplicateur mécanique
Un collègue qui est très fan de son vélo (ni pliant ni électrique) me le décrivait comme un « multiplicateur fois dix », en comptant un rayon d'action à pied de 3 à 5 km, et une balade à vélo d'environ 50 km, et il semblait émerveillé par tous les lieux que ça lui ouvre.
Je le comprends complètement, parce que j'ai suivi le même genre de démarche, avec des circonstances différences.
La moto m'a effectivement émerveillée par les possibilités de déplacement qu'elle a ouverte, et je garde une nette affection pour les forêts autour de Saint-Léger-en-Yvelines dont je me lasse pas (encore ?). En revanche ma domiciliation plus proche de la capitale fait que le vélo ne me donne accès à aucun lieu qui ne soit pas déjà à portée de transports en commun, donc le vélo ne m'apporte rien en termes de possibilités, c'est juste un moyen de plus parmi d'autres.
Quant au multiplicateur mécanique, j'aime beaucoup cette formulation, mais j'avais fait à peu près le même calcul sans. J'avais compté d'un côté le trajet pendulaire de 7 km que je faisais à pied avant le Grand Confinement, et de l'autre côté j'imaginais ma limite à vélo vers le centre de Paris, que j'avais compté à une dizaine de kilomètres. Un multiplicateur 1.5, c'est tout de suite moins impressionnant.
En y repensant, j'ai l'impression que nous avons tous les deux exagéré dans des sens différents.
Si j'ai bien compris son discours, le rayon d'action est un aller simple, et la balade est une boucle, donc de l'ordre d'un aller-retour, ce qui ne laisse plus qu'un facteur cinq.
De mon côté, j'ai fait la même erreur dans l'autre sens : mon trajet pendulaire était le retour, avec l'aller en bus, et j'ai pu constater pendant les grèves de fin 2019 que je ne suis pas capable de faire l'aller-retour à pied plusieurs jours de suite, donc mon endurance est de l'ordre de 10 km/j ; alors que le trajet à vélo était un aller-retour facile, qui met 20 km/j largement dans mes capacités physiques, et je suis même allée plus loin dans Paris, en cumulant sur une journée 30 km et en arrivant à ma limite musculaire (je regrette d'en avoir fait la deuxième moitié à un rythme plus soutenu que ma zone de confort, j'aurais bien aimé voir ce que ça donne à mon rythme).
À cela il faut ajouter que mon trajet pendulaire à pied est le résultat d'un certain conditionnement physique, dont je constatais l'érosion à chaque retour de grandes vacances, et bien plus encore après le Grand Confinement. Je ne sais pas bien combien est transférable au cyclisme, mais j'imagine pas tant que ça. À l'inverse le collègue en question est cycliste de longue date, et cherche à étendre sa portée cycliste.
Je trouve qu'au total, un multiplicateur « fois trois » avec un conditionnement physique défavorable est tout à fait compatible avec un multiplicateur « fois cinq » avec un conditionnement physique favorable. À moins de pousser sur le conditionnement physique ou sur la machine, je suppose que c'est une fourchette qui se généralise assez largement aux autres humains pourvu ou non d'un vélo.
Les infrastructures et les protections
En choisissant le vélo plutôt que les transports en commun, j'ai privilégié l'autonomie et le confort au prix d'un plus grand risque d'accident routier. Ce prix est directement lié à la qualité des infrastructures cyclables sur mes trajets.
J'ai été agréablement surprise par le niveau de ces infrastructures dans Paris et la proche banlieue. Je m'attendais vraiment à devoir partager beaucoup plus souvent la route avec des automobilistes de mauvaise humeur, et il me semblait tout à fait possible que je finisse par abandonner le vélo parce que c'est trop dangereux à mon goût.
Même si les infrastructures sont développées à un niveau auquel je ne m'attendais pas, elles sont encore loin d'un niveau que je trouve satisfaisant.
Si la majorité des distances que je parcours sont bien isolées et bien entretenues, les carrefours les plus difficiles sont les moins bien aménagés, et il y a des trous assez pénibles dans la couverture de ces infrastructures. Les travaux et les GCUM empirent encore cette situation.
Résultat, en 2022, je me sens nettement plus en danger dans mes trajets en vélo que dans mes trajets en moto, malgré la plus grande vitesse et la plus grande proximité avec les voitures dans le second cas.
La raison est justement liée aux trous dans l'infrastructure : même si je suis sérieusement séparée des voitures pendant 80 % du trajet, les 20 % restant vont dominer mon impression de danger, un peu comme utiliser une passoire pour se protéger de la pluie.
Et sur cette zone partagée avec les automobilistes, j'ai beaucoup plus confiance dans ma moto que dans mon vélo, parce qu'un grand coup de moteur ouvre des possibilités de sortie inaccessibles à un vélo, et parce que la masse de la moto donne plus l'impression de pouvoir abîmer la voiture.
Enfin, un autre élément de poids est les protections. Si en moto je suis encore dans le ATGATT, à ne pas démarrer le moteur sans avoir toutes mes protections, ce n'est pas le cas en vélo. La faible vitesse du vélo et l'effort physique plus intense rendent les protections de moto beaucoup moins confortables sur un vélo, au point que je ne sortirais pas le vélo si je m'astreignais au ATGATT.
Résultat, je me sens « à poil » sur le vélo, avec seulement un casque dans lequel je n'ai aucune confiance (je n'ai aucune idée de pourquoi, je le mets quand même sans y croire, au moins pour l'affichage) et des lunettes.
Je suis très tentée d'ajouter des protections à base de D3O, comme cette gamme de vestes et cette gamme de jeans, mais je ne suis pas sûre que ça réponde au vrai modèle de danger, et si c'est juste pour calmer le sentiment d'insécurité, ça ne m'intéresse pas tellement.
En effet, ces protections se contentent de protéger les articulations contre les impacts, et dans une certaine mesure évitent les éraflures de la peau qui glisse sur le bitume. C'est certes très utile quand on fait face à ces situations, mais par exemple une fracture d'une côte ou d'un os long est aussi handicapante à court terme, et ces protections ne font rien contre.
Et surtout, ce qui m'inquiète le plus dans ma pratique du vélo, c'est de me faire broyer sous ou contre un véhicule avec un gros moteur, et aucune protection personnelle raisonnable n'aide vraiment pour ces situations, voire amplifient le risque en réduisant l'agilité du cycliste.
Bref, tout ça pour dire que pour le vélo comme dans tellement d'autres cas, la responsabilité personnelle est dérisoire par rapport à de bonnes infrastructures, et je payerais beaucoup plus volontiers pour des séparations physiques entre voies cyclables et voies motorisées que pour des protections non-newtoniennes ou autres hautes technologies.
Le vélo pendulaire
Comme expliqué dans mon billet sur la tentation cycliste, j'ai acheté un vélo avant tout pour faire les trajets pendulaires, dans l'idée que j'allais surtout y gagner en confort mental et en indépendance vis-à-vis des aléas des transports en commun. Je m'attendais donc à avoir des temps de transport moins variables, et peut-être un petit peu moins long.
Il est temps d'évaluer a posteriori le résultat.
Le graphique ci-contre montre la distribution des temps de trajets pendulaires que j'ai pu mesurer, de l'entrée de mon appartement jusqu'à mon poste de travail et vice-versa. Ça inclue donc les préparatifs propres au moyen de transport, comme enfiler l'armure et sortir du garage pour la moto (qui n'est pas sur le graphique faute de données), ou plier et déplier le vélo. Il n'inclut en revanche pas le temps pour faire le sac, même si le sac effectivement utilisé dépend du moyen de transport.
Je ne suis pas tellement satisfaite du faible nombre de mesures, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et je suis plus à l'aise avec les fonctions de répartition empiriques dans ces cas-là, mais comme Dan Luu le faisait si bien remarquer les histogrammes sont plus parlants pour beaucoup de monde, donc je l'ai ajouté en dessous (sous forme de courbes pour que ce soit plus facile de voir les différents cas).
Pour la petite histoire, il y a plus d'allers que de retours, parce qu'il m'arrive de faire un détour en revenant chez moi, ce qui rend ces trajets non-pendulaires et incomparables avec les autres.
Si je m'attendais bien à une distribution beaucoup plus étroite pour le vélo que pour le bus, je ne m'attendais pas à gagner autant de temps. C'est plutôt une bonne surprise pour le vélo.
Je ne m'attendais pas non plus à ce que la distribution soit tellement étroite qu'on voit clairement deux modes dans le retour en vélo, et je n'ai trouvé aucune explication à cette forme.
Il y a en revanche plusieurs inconvénients au vélotaf, que j'ai découverts au fil du temps.
Les principaux inconvénients tournent autour de la douche à l'arrivée, qui reste nettement plus longue et moins confortable qu'une douche chez moi. Et pour ne rien arranger, j'ai du mal à partir plus tôt de chez moi, ce qui repousse effectivement le début de ma journée de travail d'autant que la durée de la douche.
Et ce n'est peut-être qu'une malheureuse coïncidence, mais j'ai rencontré le pied d'athlète pour la première fois de ma vie quelques mois après avoir commencé à utiliser régulièrement la douche de mon lieu de travail, et j'ai encore rechuté récemment. Je ne sais pas trop comment je me suis réinfectée, je pensais que je serais tranquille avec des sandales de douche et des acrobaties pour limiter mes contacts plantaires à ces sandales, la serviette, et mes chaussettes.
Enfin je stocke le vélo dans l'appartement et dans l'open-space, par crainte du vol, mais ce vélo est trop lourd pour que je puisse prendre les escaliers avec. Même chargée d'un vélo, je suis très mal à l'aise avec le principe de prendre l'ascenseur pour un ou deux étages, et je déteste les temps d'attente devant l'ascenseur quand je ne suis pas la seule à m'en servir à ces moments.
Si tous ces inconvénients me pèsent, et s'ajoutent au fait que je n'aime fondamentalement pas le vélo, tout ça ne suffit pas à me faire préférer les transports en commun. Éviter la foule des heures de pointe vaut tant que ça à mes yeux, et l'indépendance et le gain de temps sont autant de cerises sur ce gâteau.
Je me demande si une meilleure motorisation me permettrait de me passer de douche à l'arrivée, et dans quelle mesure je serais en paix avec un temps de trajet en vélo qui ne se double pas d'être en même temps une activité physique.
Le sport et le transport
Depuis que je m'intéresse au vélo assisté, j'ai pu constater une certaine tension entre le côté « sportif » et le côté « moyen de transport ».
Par exemple, un article de The Atlantic titre que le vélo électrique est une « monstruosité » et parle de « crise d'identité », et Envoyé Spécial fait un comparatif au résultat très surprenant.
J'ai l'impression que cette tension n'est pas tellement autour de l'objet lui-même, mais autour des préjugés qu'on colle à ses différents aspects.
Je pense en particulier aux préjugés selon lequel le sport, c'est Bien, faire des efforts, c'est Bien aussi ; alors qu'obtenir quelque chose sans effort, c'est Mal, tout comme « rester dans sa zone de confort ».
Déjà de base, quand on en est à argumenter avec du Bien et du Mal, c'est qu'on est coincé dans l'impasse intellectuelle du manichéisme, et il n'y a plus rien d'intéressant à penser derrière. Je suis d'ailleurs assez inquiète de la progression de cette tendance ces jours-ci.
Et sur les éléments individuels, je crois que ça fait depuis longtemps que je me désole du lien supposé entre effort et mérite, et donc entre effort et résultats légitimes. C'est d'ailleurs une plaie dans le monde du travail.
Quant au sport, je ne comprends toujours pas d'où lui vient cette aura positive. Ce n'est pas pour rien que les recommandations officielles, par exemple de l'OMS et du gouvernement français, parlent d'« activité physique » et non de « sport ».
Et ce d'autant plus que les recommandations portent sur de l'activité physique d'intensité modérée, éventuellement avec une équivalence de moins de temps en intensité élevée.
Mais vu d'ici, l'erreur majeure qui est faite dans toutes ces discussions, c'est d'essayer de juger un objet et non pas une pratique.
Pour moi, un vélo à assistance électrique, c'est surtout un objet qui permet de moduler la quantité d'efforts musculaires fournis par rapport à la quantité de puissance dans le déplacement.
Juste en appuyant sur un bouton, on peut éteindre l'assistance, et se retrouver avec un vélo « normal » mais qui a quelques kilos de plus, donc qui demande plus d'efforts (et donc qui est encore plus Bien).
Et tout aussi facilement, on peut aller jusqu'au bout de son endurance musculaire, et ne pas se retrouver coincé au milieu de nulle part, mais pouvoir rentrer tranquillement chez soi.
Bref, un vélo électrique ouvre la possibilité de faire autant d'effort que l'on veut, tout en laissant la liberté d'en faire aussi peu que l'on veut (dans la limite des stocks d'énergie disponibles).
Évidemment, ça veut dire qu'il faut vouloir faire de l'activité physique pour en recevoir les bénéfices. Mais ce n'est pas en démotorisant les vélos, ou en se lamentant que la plupart des gens n'aiment pas faire du sport autant que les sportifs, qu'on va changer ça. Supposer que les gens ne vont pas faire d'effort ou d'activité physique sans y être contraints n'est pas mieux que supposer que les gens sont cons.
Depuis quelques semaines, je fais mes retours de trajets pendulaires sans aucune assistance. Certes, c'est beaucoup de descentes, mais suffisamment peu pour que l'effort supplémentaire soit sensible. J'ai vu les ressorts de la motivation interne, tiraillée entre la flemme, l'envie abstraite d'entretenir son corps, et l'envie concrète de pouvoir faire face au manque de batterie et aux pannes de moteur.
C'est en facilitant ce type de choix qu'on améliore la santé publique, pas en le contraignant.
L'optimisation sportive
Une chose qui me gêne souvent lorsqu'il est question de sport est les recommandations sur la pratique. On trouve beaucoup de prescriptions mais trop peu de justifications, et encore moins de clarification des hypothèses sous-jacentes. Typiquement si quelque chose est mieux, c'est toujours suivant un ou plusieurs critères, et souvent dans une certaine gamme de niveaux ou de circonstances.
Je l'ai vu moult fois, dans plein de domaines et sur plein de thèmes différents, mais je vais prendre le dernier exemple en date, à savoir la cadence, c'est-à-dire à quelle vitesse il faut pédaler.
C'est une question légitime, parce que j'ai pu constater moi-même que dans la plupart des situations, il y a plusieurs rapports de vitesse qui sont utilisables, et les conséquences du compromis entre force sur les pédales et vitesse de pédalage sont loin d'être évidentes.
Surtout que les critères ne sont pas anodins : le sport est typiquement dans la recherche de performance, donc va chercher à optimiser la puissance mécanique produite, donc probablement maximiser le rendement ; alors que l'exercice physique pratiqué dans le but de perdre des kilos que la pression sociale considère comme « en trop » va chercher à optimiser la puissance chimique consommée, donc probablement minimiser le rendement.
C'est plus difficile de trouver des exemples grand-public évident, mais il me semble logique que des pratiques sportives adaptées à un athlète professionnel au maximum de son conditionnement physique soient très mauvaises pour un débutant.
Tout ça pour dire que je m'attendais à ce que le bon rapport de vitesses soit déterminé par un certain couple exercé par le cycliste sur ses pédales, en adaptant la cadence à la puissance réclamée par les circonstances. Or toutes les recommandations que j'ai pu lire un peu partout fixent la cadence, généralement à 80 tours par minute, en adaptant le couple à la puissance réclamée par les circonstances.
Peut-être que c'est juste parce que la cadence est plus facile à mesurer que le couple, et un intervalle de cadence se traduit directement, pour un vélo donné, par un intervalle de vitesses pour chaque rapport. On peut donc utiliser le tachymètre du vélo pour déterminer à chaque instant le rapport adapté.
J'ai donc pris la valeur de 80 tours par minute pour calculer la vitesse « idéale » de chaque rapport de mon vélo, et j'ai pris la valeur de 50 tours par minute pour l'autre extrémité de l'intervalle parce que c'est l'exemple le plus courant de sous-régime (avec même des articles qui se moquent de gens qui pédalent tranquillement à 50 tr/min alors que ce serait mieux de pédaler à 80 tr/min, mais du coup avec encore moins de couple ?!).
Cet intervalle m'a permis de voir que malgré le peu de rapports de vitesses sur mon vélo, il y a un bon chevauchement, et je n'ai encore jamais regretté de ne pas avoir d'autre rapport.
Je trouve que tout ça manque des courbes de puissance et de couple en fonction de la cadence, comme on peut en trouver pour les moteurs thermiques (qui me semblent elles-mêmes manquer du comportement en fonction de la position de la commande d'accélérateur).
Mon prochain véhicule
Avant ma crevaison, j'envisageais quel serait mon prochain vélo, parce que je garde une estimation pessimiste de sa durée de vie (que je suppose de l'ordre de trois ans si tout va bien) même sans défaut catastrophique, et parce que j'imaginais toujours vouloir préférer le vélo aux transports en commun.
Dans ce cadre, la question la plus importante est à quel point j'ai besoin de l'assistance électrique, et c'est pour ça qu'il faudrait vraiment que je fasse des expériences dans diverses conditions avec mon vélo en éteignant l'assistance.
Vélo purement musculaire
Si je me passe d'assistance, c'est facile : je veux un vélo durable sur lequel je puisse compter, et ça se jouerait entre un Brompton C pour la qualité et le faible encombrement, ou un Tern BYB qui promet d'être plus confortable et plus pratique pour les bagages, et dont le volume supplémentaire n'est peut-être pas si gênant grâce à sa géométrie particulière. À voir.
Ces deux-là se sont retrouvé dans ma wishlist parce qu'ils peuvent Devenir mon moyen de transport préféré dans cette hypothèse, et dans l'autre hypothèse il restera des trajets pour lesquels ils resteraient mon moyen de transport préféré, donc ce serait un cadeau bienvenu, mais il n'y aura peut-être pas assez de tels trajets pour que je trouve que ce soit un investissement pertinent.
Vélo électrique
Si j'ai vraiment besoin d'assistance, c'est plus compliqué, parce que l'offre est pléthorique et beaucoup me semblent suspectes car trop beau pour être vrai, et le piège n'est pas évident.
Le Brompton Electric est un candidat évident, j'ai du mal à croire qu'ils ne se soient pas améliorés depuis l'avalanche de mauvaise presse qu'il a subi, et il garde l'avantage en termes d'encombrement.
D'un autre côté, je comprends les reproches de vices de conception profonds dans cette électrification, surtout pour ce prix. Je peux imaginer que ça reste un mauvais vélo qui mise tout sur son seul atout ; mais ça ne me dit pas comment c'est par rapport au mien, qui n'est peut-être pas mieux. Après tout, il y a des gens qui sont capables de faire des distances impressionnantes avec leur Brompton malgré ses défauts, et j'en fais peut-être partie.
À l'inverse, le Tern Vektron a l'air, sur le papier et dans les témoignages que j'ai lus, d'être un vélo plutôt bon même comparé à des non-pliants, au prix d'un volume et d'un poids beaucoup plus élevés. Ça tue les possibilités de l'utiliser régulièrement dans les transports en commun, mais son moteur permet probablement d'en avoir moins souvent envie. Et malgré sa taille nettement plus imposante, son pliage lui donne à peu près la même surface au sol que mon Eovolt, la différence se fait sur la hauteur ; donc avec mon utilisation actuelle du vélo, il pourrait avoir aussi bien sa place dans ma vie.
Le reste de la concurrence a du mal à m'enthousiasmer, j'ai noté le Carbo Modèle X, le FLIT, le Gocycle, et un Xiaomi qui n'est peut-être même pas disponible en France, mais il y a un énorme manque de confiance qui freine les envies d'achat.
D'un autre côté, si j'arrivais à trouver un vélo qui prolonge mon corps comme ma moto, ou qui me procurent des sensations neutres ou positives quelles qu'en soient les raisons, ça balayerait sans doute tous mes autres critères, pliabilité comprise.
Je ne sais pas du tout par quel processus j'arriverais à trouver un tel vélo parmi l'immense marché des vélos, mais si c'était le cas je pourrais tout à fait finir par acheter et aimer un vélo de taille « normale ».
Les autres
Et déjà avant la crevaison, mais encore plus depuis, je m'interroge sur les alternatives au vélo.
J'ai eu beau en faire et refaire le tour, objectivement le vélo reste le meilleur véhicule musculaire, assisté ou non. Il reste cependant possible qu'une des alternatives m'enthousiasme à un tel point que je sois prête à accepter ses inconvénients pour en faire mon moyen de transport principal, ou en complément d'un vélo.
Il y a un monocycle dans ma wishlist parce que c'est un véhicule qui me tente pour lui-même, qui accessoirement est encore moins encombrant qu'un vélo pliant. Peut-être qu'après avoir essayé je ne serai pas convaincue et j'enterrai définitivement l'idée, peut-être que je n'arriverai pas à un niveau de maîtrise suffisant pour faire un trajet utilitaire avec mais que ça restera un loisir, ou peut-être que je me passionnerai et je chercherai à m'en servir autant que possible, y compris pour les trajets pendulaires.
Si le monocycle est aussi sensible à la crevaison qu'un vélo, les roues solides des rollers et des skates n'ont pas ce problème. Les skateboards ne me tentent pas vraiment a priori, mais je suis prête à leur laisser une chance parce que ça peut difficilement être pire que le vélo. J'essayerais plutôt quelque chose comme les patins à roulettes de flaneurz.
D'un autre côté, les pneus ne sont pas juste des trucs crevables, ils ont aussi des avantages ; et je soupçonne que leur performance sous la pluie ou après la pluie va être très importante à mes yeux une fois que je serai calmée.
Et dans une autre direction, j'envisage d'essayer aussi la marche nordique. C'est prometteur parce que j'aime bien la marche « normale » au point que ce soit mon moyen de transport préféré, et si ces bâtons peuvent élargir mon rayon d'action piéton ce sera toujours ça de pris.
Alors que cette liste d'alternatives avait déjà bien pris forme dans ma tête avant que je ne réfléchisse sérieusement à pourquoi je n'aime pas le vélo, je remarque quand même qu'elles me semblent toutes avoir a priori des possibilités d'assimilation dans le prolongement de mon corps bien meilleures qu'un vélo. Et inversement, sont exclus tous les véhicules dont je doute a priori de l'assimilabilité, comme les gyropodes ou les trottinettes.
Je ne me rends pas du tout compte des différentes caractéristiques de toutes ces alternatives : quel rayon d'action je peux espérer sur un relief apaisé, à quelle vitesse moyenne, sur quelle gamme de conditions météorologiques, et pour quel niveau de danger quotidien et quel investissement en conditionnement physique.
Ces alternatives ont en commun d'être purement musculaires, et moins efficaces qu'un vélo. Mon vélo assisté m'a déjà permis d'aller d'une banlieue proche à l'autre en traversant Paris, pour un total de presque 47 km en 3h53 dans la journée, et je n'imagine pas (encore ?) un autre moyen de transport personnel qui me permette de le refaire ça. Le vélo semble avoir une gamme d'utilisation, en termes de longueurs de trajets et en termes de conditions météo, qu'aucune alternative ne me semble capable d'égaler, ou même d'approcher.
L'arbitrage
Il y a aujourd'hui dans ma vie toute une série de trajets courts, que je fais à pied sans me poser de question, et une série de trajets longs, que je fais à bord d'un véhicule à moteur (personnel ou en masse) parce qu'il n'y a pas d'autre possibilité.
Le vélo et ses alternatives évoquées ci-dessus sont dans l'espace entre les deux, et je suis tiraillée entre les deux pôles.
D'un côté il y a les vélos électriques, qui élargissent au maximum cette zone intermédiaire, au point de pouvoir souvent éviter les transports en commun parisiens.
De l'autre côté, il y a les alternatives au vélo, qui promettent d'être plus à mon goût, et les vélos pliants les plus petits, qui peuvent être combinés aux transports en commun pour encore plus de portée totale que les vélos plus gros, moins de risque de vol, et plus de fiabilité. Avec le fantasme que le conditionnement physique pourrait suffire pour se passer complètement de moteur.
Il y a en plus une certaine composante politique dans cet arbitrage. Les transports en commun parisiens me semblent en pleine déliquescence, et je doute que ça s'améliore dans les quatre prochaines années. Si je ne peux ou veux pas compter sur les transports en commun, la portée supplémentaire des vélos électriques devient très séduisante.
En plus, si une de mes alternatives au vélo me plait suffisamment pour faire les trajets juste derrière mes limites de piéton, ça laisse d'autant moins de place à un vélo non-électrique dans ma vie.
De la même façon, tant que l'élargissement des infrastructures cyclistes continue sa trajectoire des dernières années, le principal frein à mon utilisation du vélo, qui est la crainte des automobilistes, se lèvera progressivement.
Mais inversement, l'arrivée au pouvoir d'un parti violemment rétrograde et la politisation du vélo pourraient significativement augmenter le danger de ces trajets. Même s'il n'arrive pas au pouvoir, sa normalisation et sa percolation dans les mentalités publiques a un résultat proche. Et l'éventuelle dégradation de la situation économique générale pourrait rendre la disponibilité de pièces détachées beaucoup plus compliquée.
Au moment d'écrire ces lignes, l'impact émotionnel de la crevaison est déjà suffisamment émoussé pour perdre face au manque de confiance dans les transports en commun, donc je suis plutôt en train de pencher pour un vélo électrique, sans pouvoir encore arbitrer entre user le mien jusqu'à la rupture ou le remplacer rapidement, et si ce remplacement serait plutôt par un Brompton Electric que je pourrais plus facilement garder sous mes yeux ou par un Tern Vektron avec lequel je pourrai aller plus loin.
L'inflation, les sombres perspectives économiques, et la promesse de trajets moins transpirés me donnent envie de remplacer rapidement, mais la crainte du vol, la pénibilité de se débarrasser de mon vélo présent, et la crainte de la déception me donnent envie de garder mon Eovolt tant qu'il est utilisable.
Commentaires
1. Le samedi 10 décembre 2022 à 10:54, par Emma :
d'accord
2. Le mardi 27 décembre 2022 à 14:57, par d :
Ah, le contournement des GCUMs...
Et aussi, ah la crevaison ... bon il y a des roues "increvables". Mais tu peux aussi avoir d'autres types de pannes sur le vélo, et pour ça j'ai toujours des clefs Allen des bons diamètres.
Pour l'assimilation kinesthésique, essaye un vélo couché. Il ne sera pas pliant, mais au moins tout le dos devrait faire contact. Peut-être même qu'avec un grand usage de vélos couchés, tu arriveras à assimiler les vélos non couchés.
Le sport pour perdre des kilos, c'est une arnaque. Une heure à faire un sport à un régime qui ne fait pas se lever les sourcils des médecins dépense à peu près autant de calories que deux heures assis dans un canapé.
Ce nombre "deux" devient trois si tu ignores les médecins (ça ajoute les sports intenses comme certains arts martiaux).
Pour dépenser en un jour ce qu'une personne assise dans un canapé dépense en deux jours, il faut des choses du genre Ultra Trail, et question taper dans le foie ou d'autres organes c'est à bilan très négatif médicalement.
La recommandation d'avoir une activité régulière a un bilan positif médicalement, mais ça n'a rien à voir avec la perte de kilos. Pour cette perte, il est bien plus efficace de consulter un diétécien à un moment de sa vie où on a assez de volonté sur ce point (et qu'on n'est pas pressé, maigrir d'un ou deux kilos par mois c'est lent, et maigrir plus rapide c'est plus difficile à stabiliser).
Pour guérir plus vite du pied d'athlète, essaye si ça ne te rebutes pas de porter deux paires de chaussettes pas trop fines deux nuits de suite, pour empêcher les parasites de venir sur-iriter ça. Et, en préventif, rince à la fin de la douche les pieds, juste avant de les poser sur un sol propre.
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- Publié le 30 novembre 2022 à 19h40
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