Garmin Vívomove Style
Depuis un peu plus de six mois, je porte une montre connectée Vívomove Style de chez Garmin, et dans ce billet je vais vous expliquer comment j'en suis arrivée là et ce que j'en pense.
Je sais que ces jours-ci la pub' est hors de contrôle, mais ce weblog garde son parfum très « l'an 2000 », et j'ai acheté tous les appareils mentionnés avec mon propre argent, de ma propre initiative, et sans aucun autre lien commercial ou communicatif avec les entreprises concernées.
Dans les épisodes précédents
Pendant très longtemps, je n'ai porté que des montres qui donnent l'heure ou pas de montre du tout, et j'ai regardé tous les wearables avec une grande suspicion.
Et puis j'ai découvert Pebble, qui m'a intriguée au point d'en acheter plusieurs, et j'ai particulièrement aimé la Pebble Time Round, tant pour sa finesse et sa légèreté que pour sa programmabilité, et je l'ai détaillé dans le billet Pour une fois qu'un wearable me plaisait…
Je continue de regarder la grande majorité des wearables avec suspicion, mais je concède que certains peuvent me plaire.
Au fil du temps, j'ai régulièrement regardé l'offre de montres connectées, sans avoir l'impression qu'aucune n'arrivait à la cheville de cette Pebble.
Et puis sa batterie a fini par faiblir, au point d'expirer à peu près en même temps que la colle qui tient le boitier ensemble, et j'en ai été très triste, mais j'en avais encore un exemplaire de rechange, que j'ai utilisé comme la précédente.
J'ai sérieusement hésité à essayer de me procurer un nouvel exemplaire de rechange, tiraillée entre l'envie d'une solution plus pérenne et la pauvreté des modèles existants.
L'hésitation a continué jusqu'au printemps 2020, quand j'ai fait le calcul que ma première Pebble Time Round a tenu 2¾ ans, et que je pouvais donc m'attendre à voir expirer la deuxième fin 2020, ou début 2021 avec de la chance. À ce stade, j'avais perdu confiance dans la durée de vie des modèles d'occasion ou des modèles neufs restés sur étagère si longtemps.
J'ai donc commencé à chercher activement ma prochaine montre connectée, en me disant qu'avec les évènements mondiaux de 2020, l'apparition de nouveaux modèles et la distribution d'anciens modèles allait être difficile et qu'il valait donc mieux taper rapidement dans le catalogue existant.
Et puis en juillet 2020, un peu plus d'un mois après avoir reçu ce nouvel appareil, alors que je réajustais la montre sur mon poignet, j'ai senti quelque chose céder. J'ai l'impression que c'était la nappe reliant l'écran au circuit imprimé, mais je ne sais pas si j'ai fait céder la colle dans le même geste, ou si le boîtier s'est séparé à mon insu un peu avant.
La batterie fonctionnait encore plutôt bien, ce qui n'est finalement pas si étonnant après moins de deux ans d'utilisation. J'imagine que la batterie s'use en plus de vieillir, alors que la colle doit vieillir presque aussi rapidement sur étagère qu'à mon poignet.
Au lieu de chercher à faire de la micro-électronique, j'ai donc saisi l'occasion pour essayer mon nouveau jouet.
L'étude de marché
Je n'ai pas changé ma liste de critères depuis août 2018, à savoir, par ordre d'importance décroissante :
- donner l'heure,
- réveiller par des vibrations discrètes,
- avertir de l'oubli de l'ordiphone,
- avertir des notifications pertinentes,
- présenter un résumé desdites notifications,
- envoyer un texte prédéfini par SMS à un correspondant,
- suivre des paramètres biologiques, par curiosité personnelle.
J'avais oublié dans la liste une demande forte d'encombrement minimal, car je n'ai aucune envie de me balader avec un palet de hockey sur le poignet ; j'aimerais bien que le style ne soit pas trop masculin, ce qui n'est pas gagné dans le domaine des wearables ; et je garde ma nette préférence pour les boutons par rapport aux écrans tactiles, surtout à cette échelle.
Je suis extrêmement réticente aux systèmes de « gestes » en général, et j'ai pu voir chez différentes personnes qu'un écran éteint qui devrait s'allumer quand on le regarde ne marche pas assez bien à mon goût.
Donc pour donner l'heure sans pourrir la batterie, il y a quelques technologies anecdotiques comme l'e-paper de la Pebble, et les montres hybrides, avec des vraies aiguilles qui donnent vraiment l'heure.
En plus les montres hybrides sont plus orientées vers le style que vers les geekeries, ce qui permet à la fois d'éviter les gadgets qui ne m'intéressent pas et d'avoir des modèles plus jolis et plus féminins.
Aujourd'hui la plupart des montres hybrides m'ont l'air très satisfaisantes sur les deux premiers points, le troisième est purement logiciel et rarement sur les plaquettes commerciales, donc ça se joue sur les points 4 à 6.
J'ai vu chez Fossil des façons assez ingénieuses de faire passer des informations intéressantes relevant du point 4 sans utiliser d'écran. J'étais un peu sceptique, mais pourquoi pas.
Une chose que j'aimais beaucoup sur ma Pebble était d'avoir le début des SMS en un coup d'œil, ce qui correspond au point 5, et techniquement j'aurais bien vu un écran habituellement éteint derrière les aiguilles. Ça tombe bien, c'est exactement ce que font la série Vívomove de Garmin, et les séries « hybride HR » de Fossil (et aucun de ces deux ne semblent avoir une page avec tous les modèles de ces séries mais aucun autre).
Avec ces deux finalistes, j'ai donc laissé tomber mon point 6, et sur le point 7 je prendrai ce qu'il y a.
J'ai quand même fait le tour des hybrides sans gros écran, des fois que d'autres critères me semblent compenser, mais ça n'a pas été le cas.
Après une longue hésitation j'ai fini par opter pour Garmin plutôt que Fossil parce que l'application Android et la gestion de l'écran ont l'air plus mûrs, probablement parce qu'ils en sont à leur troisième génération et que leur orientation de fitness plus sérieux rend leur clientèle plus regardante sur l'appli'.
La qualité des montres Garmin comme fitness tracker a peut-être joué, dans le sens où ça fait un argument de plus en défaveur de Fossil, alors qu'on aurait pu imaginer que des très bons retours en fitness tracker puisse compenser une certaine suspicion sur la maturité.
À l'inverse, l'absence de bouton chez Garmin et l'absence d'écran tactile chez Fossil plaident pour ce dernier, mais l'interface tactile semblait simple et les commentateurs en semblaient contents, donc je lui ai donné une chance.
Bilan après six mois
Mon impression d'ensemble est plutôt mitigée. Le progrès sur le plan esthétique et biométrique est indéniable, mais ça s'arrête là : tout ce que je faisais avec ma Pebble est moins bien fait ou impossible avec cette Vívomove.
Et c'est d'autant plus frustrant que le matériel est largement meilleur (quoique plus gros et plus lourd et sans boutons), et si au lieu d'être verrouillé avec le logiciel monomaniaque de Garmin on pouvait la hacker comme la Pebble pour faire ce que j'attends d'elle, j'en serais super-contente.
Donner l'heure avec style
De part sa nature hybride, cette montre donne l'heure en permanence, exactement comme je le voulais, et j'aime bien l'apparence de cette montre.
Dès le début je l'ai configurée pour ne pas s'activer sur mes mouvements, et rester une bête montre à aiguilles sans sophistication tant que je ne tape pas dessus.
C'est un peu dommage qu'il n'y ait pas d'éclairage intégré, ce qui empêche complètement de voir l'heure quand il fait sombre. Il faut alors double-taper pour activer l'écran, et si on n'a pas sacrifié un des widgets de l'écran primaire, défiler jusqu'à l'écran de statut avec l'heure.
Réveiller par des vibrations discrètes
Il y a bien une fonction réveil vibrant dans cette montre, qui marche relativement bien.
C'est un réveil à heure fixe, contrairement à d'autres concurrents il n'y a pas de fonction de réveil qui s'adapte aux cycles du sommeil. Ça ne me manque pas trop, parce que sur ma Pebble cette fonction ne marchait pas très bien et me réveillait presque tous les jours au tout début de l'intervalle.
Le moteur de vibration me semble un peu faiblard, peut-être un peu plus que ma Pebble, qui était elle-même faiblarde dans l'absolu. C'est pénible, mais je fais avec.
C'est juste dommage que la fonction « ne pas déranger », qui réduit au silence les notifications, réduit également au silence les alarmes. D'autant plus lorsqu'on met une plage de « ne pas déranger » nocturne automatique qui a le malheur de se terminer quelques minutes après l'heure de l'alarme.
Ça aurait été bien de pouvoir mettre une alarme qui vibre même en mode « ne pas déranger », et d'avoir un mode « ne pas déranger » basé sur l'analyse du sommeil et non pas sur des heures fixes…
Avertir de l'oubli de l'ordiphone
La fonction de vibration en cas de perte de connexion avec le téléphone existe et fonctionne bien ; elle est couplée avec une fonction de vibration quand la connexion est rétablie, dont je me passais plutôt bien avec la Pebble.
C'est juste dommage que la connexion soit beaucoup moins stable qu'avec la Pebble, et le nombre de fausses alertes dépasse largement le nombre de notifications que j'ai chaque jour. En plus la vibration est la même dans les deux cas, ce qui ne permet pas de distinguer haptiquement une notification d'une déconnexion et d'une reconnexion.
J'ai régulièrement des déconnexions/reconnexions même lorsque le téléphone est sur le bureau à 20 cm de la montre, avec seulement mon poignet entre les deux. Je me demande s'il y a un problème de force ou de directionnalité du signal, ou s'il suffirait de supprimer les alertes lorsque la reconnexion a lieu peu de temps après la déconnexion.
C'est aussi dommage qu'il n'y ait aucun widget pour afficher l'état courant de cette connexion. Le seul moyen de savoir est de naviguer dans un menu qui dépend du téléphone, comme l'historique des notifications ou le contrôle de la musique.
Avertir des notifications pertinentes
Aucun problème à ce niveau-là, j'ai bien une vibration pour chaque notification de l'ordiphone, avec la possibilité de filtrer suivant l'application émettrice.
Dans ce que j'ai lu des montres hybrides Fossil, je ne suis pas sûre que ce soit le cas pour tous les modèles, et ça a contribué à faire peser ma décision vers Garmin, qui n'a pas ce problème.
J'ai déjà écrit que je trouve le moteur haptique un peu faiblard, mais en la portant à l'intérieur du poignet, je n'ai raté aucune notification à cause de ça. Les seules que j'ai ratées sont dans les périodes où le spam de déconnexions et reconnexions m'ont désensibilisée.
C'est juste un peu dommage qu'il n'y ait pas de rattrapage des notifications lors d'une reconnexion, surtout avec le problème d'instabilité que j'ai évoqué.
Présenter un résumé des notifications
Cette fonctionnalité était au cœur de mon processus décisionnel, et dans l'ensemble ça marche assez bien : en général, j'arrive à tirer suffisamment d'information de ce qui est présenté sur la montre pour décider de la pertinence de saisir ou non le téléphone.
C'est juste dommage que l'espace d'affichage de la première page soit aussi mal géré : la moitié supérieure de l'écran est dédié à une icône qui représente vaguement le type d'application qui notifie, et la partie inférieure présente en gros le début du titre. Le contenu lui-même est relégué à la deuxième page.
Pour comparaison, la Pebble avait une icône de la taille d'une lettre majuscule, et le titre en gras de la même taille que le texte. Ce qui permet d'afficher des informations capitales lorsqu'il est difficile de faire défiler les pages.
Par exemple, un jour j'ai senti une vibration alors que je venais d'entrer sur le périphérique, un coup d'œil à ma montre indique qu'il s'agit d'un SMS venant de ma moitié, et je n'ai rien de plus. J'ai consulté mon électronique personnelle à la première occasion, c'est-à-dire au feu rouge après la sortie du périphérique, pour constater que le contenu était que je peux faire demi-tour car mon trajet est inutile. La Pebble aurait tout affiché, et d'un coup d'œil j'aurais pu décider de prendre la première sortie et revenir à mon point de départ.
C'est aussi un peu dommage de ne pas pouvoir configurer un affichage plus long pour les notifications que le time-out général de l'écran, que je préfère très court pour éviter le temps mort entre la fin d'interaction et le verrouillage de l'écran tactile.
Envoyer un texte prédéfini par SMS à un correspondant
Alors là c'est facile, ça n'est juste pas possible.
Je conviens tout à fait que c'est beaucoup demander, la taille de l'écran et les possibilités d'interaction ne permettent pas vraiment de composer un SMS, et rendent pénible même le choix d'un correspondant.
Mais il est clairement possible de préparer des messages généraux (comme « d'accord » ou « je suis arrivée au point de rendez-vous convenu ») à des destinataires préselectionnés.
Cette fonctionnalité m'intéresse d'autant plus que mon téléphone ces jours-ci me fait l'effet plus d'une tablette que d'un téléphone (j'en ferai un billet dédié), et je me passerais bien de devoir le sortir pour des petites choses comme ça.
Et ma Pebble avait en plus encore mieux que ça, la possibilité de configurer des actions scriptables, que ce soit à coups de requêtes HTTP ou d'intent Android ou autres plateformes d'automatisation. Je n'ai pas eu l'occasion de m'en servir en presque 5 ans de Pebble, mais je peux imaginer utiliser cette fonctionnalité lorsqu'elle est disponible, si les circonstances se présentent.
Suivre des paramètres biologiques
Je n'ai pas arrêté de me plaindre que Garmin est un fabriquant de fitness trackers qui a l'air de faire des fonctionnalités de montre à contre-cœur, c'est que le côté fitness tracker doit être bon, non ?
Pour commencer positivement, je suis très contente du suivi de rythme cardiaque, il a l'air de tomber à peu près juste à chaque fois que je le mesure inopinément (sauf lorsque le capteur s'emballe manifestement, quand le bracelet est trop lâche), et les variations tout au long de la journée m'ont beaucoup intéressée.
Je me croyais tout le temps au bord de la tachycardie, et les médecins qui mesurent ma tension ou mon rythme cardiaque n'y sont pas pour rien, alors qu'en réalité je dors à environ 60 bpm et dans la journée, dans un contexte sédentaire avec une activité intellectuelle habituelle, j'ai un peu plus de 80 bpm ; tandis qu'en cours d'activité physique j'ai entre 110 et 160 bpm suivant l'intensité.
J'aime bien aussi l'estimation de l'énergie dépensée dans les exercices physiques, même si j'aimerais bien aussi savoir le niveau d'incertitude sur ces nombres, avoir un affichage direct de la puissance moyenne, voire à partir de quelles données et sous quelles hypothèses c'est calculé.
Je suis beaucoup moins impressionnée par le compteur de pas, ça me fait l'effet d'être un peu le « Hello World » des appareils avec accéléromètre, et le compte des pas dans les activités de tous les jours qui ne font pas intervenir les jambes est assez ridicule.
D'un autre côté il se charge de me donner un objectif en nombre de pas, je n'ai pas osé regarder si ce n'est pas bêtement l'objectif de la veille ajusté par une proportion fixe de son écart avec la mesure de la veille, mais au moins ça m'a donné une barre indicative utile sans se prendre la tête.
Je ne suis pas tellement impressionnée non plus par le compteur de nombre de respiration, qui a l'air bloqué à 14 respirations par minute, sauf quelques jours à 13. D'un autre côté, il ne tient pas d'enregistrement pendant l'exercice physique, mais il utilise peut-être la valeur pour calculer les autres grandeurs, donc je lui laisse le bénéfice du doute.
Enfin il y a les indicateurs sophistiqués que sont le niveau de stress et le niveau de body battery. Les premières semaines j'étais impressionnée par leur exactitude, par exemple sans sentir de différence le matin, je pouvais prévoir mon niveau de forme l'après-midi en fonction du niveau de body battery restante le matin. Et puis un jour ça n'a pas collé, et puis un autre jour, et finalement avec plus recul je me demande si c'est plus efficace que l'horoscope ou le jet de dés.
En plus, j'ai l'impression que le niveau de body battery est une bête intégration du niveau de stress, ce qui me donne de gros doutes sur la pertinence de son niveau absolu.
Je suis particulièrement perplexe devant le niveau de stress, qui a l'air de bondir presque à chaque déjeuner et rester haut toute l'après-midi, voire le soir aussi, alors que subjectivement je ne me sens pas vraiment différente le matin et l'après-midi. Enfin, je suis plutôt du matin, et clairement plus efficace le matin que l'après-midi, mais pas à ce point.
Du coup j'aimerais beaucoup savoir ce que mesure exactement ce niveau de stress, et ce que je peux conclure de ce schéma. Est-ce qu'il détecte la digestion ? Si oui, est-ce une particularité de mon système digestif, ou une maltraitance habituelle de ce dernier ?
Encore une fois, je bute sur le côté complètement fermé et opaque du système Garmin.
D'ailleurs à ce niveau, une autre déception est la difficulté à sortir les données de chez Garmin. Je pourrais essayer de faire de choses intéressantes à partir des données brutes, comme sauvegarder une collection de traces GPS intéressantes, etc. En l'état, non seulement je ne peux consulter les données que des façons prévues par l'application, mais en plus je suis à leur merci quant à la pérennité de ces données.
Ce qui amène au suivi des activités : le système automatique est raisonnablement efficace pour détecter la marche et la course, mais très mauvais sur les autres activités que j'ai essayées (parmi lesquelles ne figure notamment pas le vélo), ce qui n'est pas très étonnant vu la position de la montre.
Donc à moins de se contenter du suivi du rythme cardiaque et des calories dépensées, il faut manuellement rentrer les paramètres de l'exercice dans l'application. Avec la rigidité dans la présentation et le manque d'export, je ne vois que des inconvénients par rapport à la saisie manuelle dans un fichier texte basique.
Pour la marche et la course, il y a un suivi GPS, en utilisant le GPS du téléphone puisqu'il n'y a pas d'antenne dans la montre, contrairement à d'autres montres connectées du même fabriquant. Malheureusement, la connexion entre le téléphone et la montre reste très mauvaise (et bien pire que pourrait laisser penser les alertes de déconnexion et reconnexion), et la montre reçoit la position à peu près un quart du temps lors de mes sorties, alors que je porte le téléphone à la ceinture à ma gauche.
Ce qui est particulièrement idiot, c'est qu'une bonne partie des traitements ont manifestement lieu dans la montre. Donc comme si c'était vraiment une montre avec GPS sauf en recevant les données GPS du téléphone ; et seulement quelques grandeurs sont calculées par l'application Android à partir des données qu'elle a accumulées. C'est comme ça que je peux me retrouver avec une vitesse moyenne qui est plus grande que ma vitesse maximale…
Et sans GPS, l'estimation de ma vitesse de marche est tellement mauvaise que si j'y pense trop je vais me mettre à douter sérieusement de toutes les mesures de cet appareil, car il la sous-estime pratiquement d'un facteur 2, tout en comptant les pas comme d'habitude, donc une foulée de l'ordre de 40 cm.
Ne pas m'abîmer la peau
Je ne sais pas si ça se voit bien sur la photo tout en haut de ce billet, mais le bracelet en silicone fourni avec cette montre laisse quelques rougeurs sur ma peau.
Il y a un équilibre délicat à trouver entre trop serré au point que la peau ne respire pas et la transpiration stagne, et trop lâche au point que le bracelet frotte et le capteur cardiaque sorte n'importe quoi.
Cet équilibre est rendu encore plus complexe par la communication par vibrations, quand le bracelet est trop lâche le corps de la montre vibre loin de moi et l'information ne passe pas, et quand il est trop serré le corps de la montre ne bouge plus et n'amplifie plus l'effet du moteur interne.
Je suis pour l'instant restée avec le bracelet d'origine, parce que le silicone a l'avantage de supporter la transpiration de l'activité physique (contrairement au cuir) et d'avoir des trous de serrage assez rapprochés (contrairement au métal et à beaucoup de cuirs). Je finirai peut-être par en chercher un autre, mais je ne sais pas encore trop suivant quels paramètres pour limiter les risques d'empirer la situation.
J'aime bien le métal, mais sur la Pebble il rendait les vibrations moins perceptibles, et le réglage de la taille du bracelet est généralement très grossier (sauf peut-être sur des bonnes mailles milanaises). Le cuir va mal supporter la transpiration des exercices, et je ne me sens pas de changer aussi souvent le bracelet. Le textile est une option à explorer, mais je crains d'avoir encore plus de risques de faire une faute de goût qu'avec les autres matières.
Avoir une interface à mon goût
Sans surprise, je ne peux pas donner mon avis sur un appareil avec un écran tactile sans faire un rant là-dessus.
Au moment du choix j'ai naïvement écouté les critiques qui disaient que l'interface à écran tactile demande une certaine adaptation, mais qu'on s'y fait.
D'accord, dans l'ensemble, j'arrive à peu près à faire ce que je veux faire, il n'y a que très peu de mauvaises reconnaissances (mais encore trop à mon goût), du moins tant que je ne bouge pas et que je ne compte pas les fausses activations par une autre partie de mon corps.
Mais lorsque je marche ou que je suis (passagère) en voiture, plus de deux tapes sur trois sont incorrectement considérées comme des glissements.
Ce qui n'arriverait pas avec des vrais boutons.
De la même façon, l'écran tactile propose parfois des choix entre deux ou trois possibilités, sur une zone de l'ordre du huitième d'écran, ou d'un demi-doigt dans chaque direction. Ce qui n'est pas un problème en temps normal, à condition de pouvoir regarder l'écran pour viser. J'ai essayé moult fois avec l'alarme, et je n'ai pas réussi à trouver de repère kinesthésique pour appuyer au bon endroit en aveugle. Ce qui est particulièrement pénible pour l'alarme du matin.
Et qu'est-ce que ça apporte ? Il me semble que les entrées tactiles se limitent à défiler dans un sens ou dans l'autre, valider l'item courant, choisir entre deux ou trois icônes, ou annuler. À limite en plus le double-tap pour la réveiller. Les quatre boutons de Pebble font des choses beaucoup plus expressives…
Sans compter qu'en plus, avec ma Pebble à l'intérieur du poignet et le bracelet réglé au plus efficace pour me notifier (sans aucune rougeur !), j'arrivais même à appuyer sur les boutons avec ma main gauche. Ces contorsions étaient bien moins efficaces qu'utiliser la main droite, mais beaucoup plus discrètes.
À leur décharge, j'imagine que l'écran tactile facilite énormément l'étanchéification du boîtier, mais ça n'allège pas mon inquiétude de voir de la buée se former à l'intérieur du cadran lors de mes sorties ces jours-ci.
Fonctionner sans connexion internet
Dans le genre Internet-of-Shit, il y a l'application Android qui tolère assez mal de ne pas avoir accès à internet, et qui n'est pas capable de recevoir des données de la montre si elle ne peut pas les envoyer en même temps sur les serveurs de Garmin après authentification.
Avec une bonne partie des données qui ne sont même pas consultables depuis la montre, et le reste qui peine à être vaguement utilisable si on veut aller plus loin que la valeur courante, l'application est vraiment indispensable à une utilisation normale de cette montre. On ne peut même pas ajouter ou effacer une alarme depuis la montre…
Résultat, si les serveurs sont indisponibles pour une raison ou pour une autre, je me retrouve avec une montre qui donne l'heure et qui accumule des données jusqu'à saturation de sa mémoire.
Verdict
Le résultat, c'est que cette montre est bien mais pas top, surtout pour des raisons tristement logicielles. Mais assez bien pour que je la garde pour l'instant.
Quoique pas assez bien pour ne pas me reposer plusieurs fois la question d'essayer une Fossil Hybrid HR, et je crois que si elle avait été moins chère et les critiques sur la qualité l'appli' moins répandues, je l'aurais tentée.
Si j'avais le savoir-faire en micro-électronique pour réparer mes Pebble en quelques heures, et les lignes d'approvisionnement pour être raisonnablement confiante dans mes capacités à en faire fonctionner une encore quelques années, je repasserais dessus sans hésiter.
Et comme trop souvent, je suis tentée par la solution nihiliste.
J'ai failli repartir dans un gros rant, mais il y a quand même quelque chose de pourri quelque part quand mes recherches d'alternatives pour un jeu de besoins donné se finit en « fait ch*er toutes ces c*nneries, je lâche tout ».
La Pebble contre la Vivomove concentre un peu tout ce qui me saoule dans l'électronique prétendument grand public ces temps-ci. La Pebble avait une interface plus rugueuse de prime abord, mais une fois assimilée elle était complètement fluide ; alors que la Vivomove rend bien les trois premiers jours, pour faire plaisir aux testeurs, mais ne permet pas d'éviter à long terme un niveau de friction qui m'agace à chaque interaction. La Pebble était un outil programmable, avec un écosystème de partage dont les non-programmeurs peuvent bénéficier ; la Vivomove est fermée, verrouillée, et rigide, utilisable pour les cas prévus par le suzerain numérique qui parfois daigne jeter des miettes de visualisation de ses données.
Je comprends bien que le grand public veut continuer à être escroqué sur la facilité de la technologie, et qu'il n'y a que moi qui trouve normal de passer des dizaines d'heures sur un nouvel outil avant de pouvoir en faire vaguement quelque chose. Je crois juste que je suis fatiguée de toutes ces entités gouvernementales ou non-gouvernementales qui prennent des gens pour des cons, et de tous ces gens qui leur donnent raison.
Enfin, c'est probablement très bien pour les gens qui ne veulent pas se prendre la tête à apprendre le fonctionnement d'un gadget, tout en acceptant comme une fatalité qu'on est toujours obligé de se prendre un peu la tête pour utiliser un gadget.
Alors que je me sens pencher de plus en plus du côté plombier chauffagiste dissident.
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- Publié le 27 janvier 2021 à 23h34
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