Unihertz Jelly 2

Depuis le temps que je me plains de la taille des téléphones modernes, c'était inévitable que je finisse par essayer l'extrême opposé. Je ne m'attendais pas à l'aimer autant. Voici mes impressions après plus d'un an d'utilisation quotidienne du Jelly 2 par Unihertz.

Jelly 2 à côté d'une banane
Le Jelly 2 comparé à une banane, pour indiquer l'échelle

Comme pour tout le reste de mes jouets, cet avis à long terme est complètement indépendant du fabriquant et tout a été acheté par mes propres moyens avec mes propres fonds.

Le basculement

J'étais globalement contente de mon Samsung XCover Pro malgré la gêne permanente de sa grande taille, surtout par rapport à son prédécesseur (Kyocera Torque KC-S701).

J'imaginais que je finirais par m'habituer à la taille, et effectivement c'était nettement plus insupportable tout au début qu'ensuite, mais ce n'est jamais devenu vraiment confortable. Je continue de penser que la taille idéale d'un ordiphone pour moi est de l'ordre de 4" à 4.5".

J'ai donc accepté comme une fatalité cette rugosité, tout en lorgnant sur les téléphones plus petits.

J'ai en particulier lorgné sur le Jelly 2, au point de l'avoir déjà évoqué plusieurs fois, quand j'évoquais la retraite du Kyocera, dans mon avis sur le XCover Pro, et quand je cherchais de l'émerveillement technologique.

J'en ai acheté un pour voir, et éventuellement essayer, parce que ce n'est pas très cher. Je m'attendais à ce qu'il soit inconfortablement petit, mais je pensais qu'il suffirait en dépannage.

Les choses ont changé le 6 mars 2022, quand le thème « réflexions » de 52frames m'a donné envie d'essayer l'effet Stargate dans ma baignoire, en utilisant une réflexion totale sur la surface inférieure de l'eau. J'ai utilisé l'étanchéité de l'XCover Pro pour prendre cette photo immergée (et finalement je n'ai pas pu l'utiliser parce que l'eau n'était pas assez claire), et contrairement aux innombrables immersions précédentes, celle-ci a causé une panne assez pénible : le bouton power ne fonctionnait plus.

Le capteur d'empreintes fonctionnait encore, ce qui permet de déverrouiller le téléphone ; et pour le verrouillage je me contentais d'attendre la minute de mise en veille. Redémarrer ou éteindre le téléphone est assez rare, et se fait bien avec les menus. En revanche, rallumer le téléphone une fois éteint s'est révélé beaucoup plus difficile (et j'ai oublié comment j'ai fini par m'en sortir).

Au quotidien c'était donc pénible sans être rédhibitoire, mais la difficulté de rallumage planait comme une épée de Damoclès sur son utilisation.

J'ai donc décidé d'utiliser mon Jelly 2 comme un téléphone de secours le temps d'envoyer en garantie le XCover Pro.

Les débuts difficiles

Je ne me souviens plus exactement où j'ai perdu ma confiance dans l'Android préinstallé sur le Jelly 2, mais j'étais suffisamment convaincue qu'il y a trop de cochonneries douteuses en termes de surveillance et de stabilité, et qu'Unihertz ne publierait pas assez de mises à jour, donc je n'étais pas prête à utiliser sérieusement ce téléphone sans utiliser une image propre et maintenue.

Plus facile à dire qu'à faire. Je vous passe les grossièretés que j'ai pu débiter envers Unihertz, Mediatek, Google, et l'écosystème Android en général. J'ai même dû écrire un billet de blog pour me rassurer sur mon rapport avec les nouvelles technologies. Je ne comprends toujours pas ce qu'il s'est passé pour que je m'acharne jusqu'à réussir au lieu de juste tout laisser tomber.

Enfin « réussir » de façon relative, j'espérais dans un premier temps refaire une image existante pour commencer facile et me familiariser avec le mécanisme de génération avant de me faire une image aux p'tits oignons, mais visiblement c'était beaucoup trop ambitieux.

Je suis arrivée à un système satisfaisant en utilisant la base d'Unihertz et une image système générique (GSI) publiée par Pierre-Hugues Husson

Finalement il va peut-être falloir que je trouve un autre fournisseur de GSI, et j'ai quand même quelques doutes sur la sécurité des composants en dehors de la GSI, mais au moins le principe des GSI est éprouvé.

L'essayer, c'est l'adopter

J'ai donc déclenché la procédure de retour de mon XCover Pro juste après avoir transféré mes comptes et mes applications sur le Jelly 2, en me disant que ça me ferait une petite période d'essai avant de revenir avec joie à mon « vrai » ordiphone après sa réparation.

C'est finalement l'inverse qui s'est produit : pendant les trois semaines d'utilisation « forcée » j'ai découvert que j'avais surestimé les inconvénients et sous-estimé les avantages du Jelly 2. Ce mini-ordiphone est devenu définitivement mon téléphone du quotidien, et l'est encore au moment d'écrire ces lignes.

J'ai quand même été contente de retrouver mon XCover Pro pour certaines utilisations, que je décrirai plus loin, donc pour l'instant les deux ordiphones coexistent dans ma vie. Le Jelly 2 est quand même le téléphone principal, et s'il ne fallait choisir qu'un seul des deux, je choisirais celui-là.

L'utilisation au quotidien

Le petit volume

C'est la caractéristique principale de ce téléphone, mais je n'imaginais pas à quel point c'est pratique. Je peux même le mettre dans une poche avant de jean's femme !

Les poches, ça change complètement la vie. Pas besoin d'action particulière avant de s'assoir, pas besoin de se demander si j'en aurai besoin quand je vais dans une autre pièce. Je peux même sortir de l'appart' avec seulement le téléphone dans une poche et les clés dans l'autre ; et éventuellement une carte bancaire avec le téléphone et un sac de courses plié dans une poche arrière.

Et même quand je n'ai pas de poche, le plus petit volume le rend beaucoup plus facile à intégrer dans le sac à main.

Enfin, même si ça pourrait être plutôt dans la section suivante, un écran assez petit pour être complètement à portée de pouce, c'est aussi un gain de confort qui me plait beaucoup. À tel point que j'utilise moins souvent l'index qu'avec mes téléphones précédents.

Le petit écran

Comme on peut s'y attendre, le principal défaut d'un tout petit téléphone, c'est que l'écran est tout petit, et ça demande effectivement quelques aménagements :

Je m'attendais à rencontrer des problèmes de précision de l'écran tactile, parce que le doigt est trop gros par rapport à l'écran ou les cibles que je voudrais atteindre sont trop petites, mais en fait ça n'a pas été le cas. Je ne sais pas s'ils ont fait un effort particulier sur la précision de l'écran tactile pour que l'ordiphone soit utilisable, ou c'est juste un résultat naturel des technologies actuelles, mais le résultat marche très bien pour moi.

La petite batterie

Dès le début, j'avais une autonomie de l'ordre d'une journée avec ce téléphone, ce qui me semble tout à fait honorable, même si c'est clairement moins que mes téléphones passés. Au fil du temps il est passé d'un peu plus d'une journée, voire presque deux jours quand je l'utilise peu, à un peu moins d'une journée aujourd'hui.

Comme avec la Pebble, en face de l'inconvénient de l'autonomie plus faible, il y a l'avantage d'une charge plus rapide. J'ai la flemme de faire des mesures, mais il m'arrive de le brancher un quart d'heure de partir pour avoir une autonomie suffisante.

Le petit prix

À mes yeux, Les plus gros défauts de cet ordiphone viennent de composants bas de gamme qu'il contient, plus particulièrement l'appareil photo et le récepteur GPS.

L'appareil photo est artistiquement catastrophique, lent à mettre au point, et horrible en basse luminosité. Même pour mon utilisation d'aide-mémoire, c'est handicapant : il faut se souvenir de ne pas bouger l'appareil entre le mini-flash de la mise au point et la prise réelle, et dans certains cas (petits et proches) la photo n'est utilisable ni sans flash (trop de bruit) ni avec (sur-exposé et illisible), et il faut recourir à un éclairage externe. Et même quand il n'y en a pas besoin, il reste une faille vérifier chaque cliché au lieu de pouvoir faire confiance aveuglément.

Quant au GPS, je ne sais pas exactement ce qu'il se passe, mais la précision de position est beaucoup plus mauvaise avec cet ordiphone qu'avec le XCover Pro ou le Kyocera, au point d'être parfois indiqué sur une rue parallèle, ou au niveau de l'intersection précédente ou suivante, ce qui nuit sévèrement à la navigation.

J'ai utilisé quelques fois le Jelly 2 pour naviguer en vélo, et si la petitesse de l'écran est un peu inconfortable, il serait tout à fait utilisable s'il n'y avait pas ce souci majeur d'évaluation de la position. Je me retrouve donc à utiliser mon XCover Pro pour la navigation, soit en utilisant Osmand hors connexion ou en utilisant mon Jelly 2 en point d'accès wifi pour accéder à Geovelo.

Pour la moto ou la voiture, le danger impose de regarder l'écran moins longtemps et la vitesse demande une vue plus large, et dans les deux cas le XCover Pro est indispensable.

J'imagine que de bonnes instructions vocales seraient encore meilleures pour la sécurité, mais je n'ai encore jamais rencontré d'instructions vocales assez claires pour se passer de la prise de connaissance de la carte et de sa mise en correspondance avec la réalité que je vois.

Le capteur d'empreintes ne me reconnait pas toujours du premier coup, au point que je trouve normal qu'il faille deux à quatre tentatives avant de déverrouiller l'ordiphone par cette méthode. Ça ne me gêne pas vraiment, mais je connais des gens plus exigeants.

Je suppose que tout le reste de l'ordiphone est à l'avenant. J'imagine qu'un audiophile trouvera la puce audio pathétique, un graphique la gestion des couleurs catastrophiques, ou un gamer la précision et la latence de l'accéléromètre et de l'écran tactile misérable. Ce n'est pas mon cas juste parce que je n'ai pas regardé de près ces composants. Ça reste un ordiphone de petite série à 200 €, quoi.

La robustesse

Depuis 2015 avec le Kyocera, tous mes téléphones étaient antichocs et étanches, et j'ai pris l'habitude de compter sur cette résistance.

Déjà avec l'XCover Pro j'avais arrêté faire volontairement tomber l'appareil, et je n'allais pas immerger volontairement le Jelly 2, mais le besoin de résistance a toujours été pour faire aux imprévus.

J'ai été agréablement surprise de la robustesse de cet ordiphone qui n'est pas spécialement renforcé. Il a subi plusieurs chutes, certaines sur des surfaces assez dures pour me faire vraiment peur, en n'étant protégé que par la coque et le film d'écran livrés avec. Il s'est également retrouvé plusieurs fois dans des poches profondément mouillées par la pluie. Aucune conséquence n'est visible pour l'instant.

Je n'ai pas essayé de m'en servir sous la pluie, principalement parce que la période de sécheresse actuelle ne m'en a pas donné l'occasion. J'ai peur que ça ne se passe très bien, et je ne sais pas trop comment je vivrai cette situation.

L'écran tactile marche assez mal avec des doigts mouillés ou gras, mais nettement mieux que mon ordiphone de 2013 qui m'a fait chercher un GPS piéton dédié, donc je suppose qu'il y a eu du progrès technologique entretemps. En revanche le capteur d'empreintes est lamentable dès que le doigt n'est pas parfaitement sec.

Je suppose que le format plus ramassé de cet ordiphone le rende naturellement plus résistant à diverses contraintes physiques, mais la conclusion que j'en tire est plus que j'ai surestimé le besoin de résistance dans ma vie de tous les jours.

D'un autre côté, depuis le début (je crois que je l'ai écrit pour la première fois dans mon Every Day Carry de 2015), je demande de la robustesse non pas pour la vie de tous les jours, mais pour avoir un moyen de communication d'urgence en cas de gros problème, comme se faire percuter par une voiture ou tomber dans un cours d'eau avec une cheville cassée ou quelque chose comme ça.

Je suis donc encore en pleine hésitation entre m'accrocher à mon besoin de robustesse (et donc lâcher le Jelly 2) et l'abandonner (et donc chercher un autre dispositif de communication d'urgence ou parier ma vie que je n'en aurai pas besoin).

Verdict

Mes critères d'utilisation d'un ordiphone n'ont pas eu le temps de changer depuis 2021. Pour rappel, les voici par ordre d'importance décroissante :

  1. communications vocales ou SMS avec des secours ou des proches en cas d'urgence vitale,
  2. communications vocales, SMS, WhatsApp, et Signal, avec des proches en situation normale,
  3. retrouver mon chemin sur une carte,
  4. accéder à des sites web ou à un serveur SSH en urgence,
  5. recevoir des notifications par pushover ou équivalent,
  6. faire des photos aide-mémoire (David Madore développe l'idée mieux que moi),
  7. servir de deuxième facteur d'authentification,
  8. faire fonctionner les appli'-à-la-con nécessaires pour le fonctionnement de certains jouets (gants chauffants, boroscope, etc),
  9. passer le temps sur des jeux idiots ou en écoutant de la musique.

Tous les points sauf le premier ont pu être éprouvés au cours de cette année d'utilisation, et le Jelly 2 me satisfait presque autant que son prédécesseur, le XCover Pro, tout en étant beaucoup plus pratique à transporter entre les utilisations.

Je m'attendais à ce que son utilisation soit beaucoup plus rugueuse, et finalement ce n'est pas du tout le cas. Je ne suis toujours pas vraiment enthousiasmée par un ordiphone android, mais celui-ci représente un compromis qui me plaît nettement plus que les autres.

Il ne resterait plus qu'à régler la question de la communication d'urgence.

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  • Publié le 29 avril 2023 à 13h21
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