La couture rabattue (Felled Seam)
Je commence à m'intéresser à la confection de vêtements en denim, et ça conduit au type de couture habituels des jeans, à savoir la couture rabattue. Dans ce billet je vais expliquer ce que j'en ai compris, ce qui me chiffonne dans ce que j'ai compris, et ce que j'ai l'intention de faire à la place si une âme charitable ne me remet pas rapidement sur le droit chemin.
Comme le grand 'ternet semble proposer beaucoup plus de ressources en anglais qu'en français, et comme la traduction des termes techniques de couture ne me semble pas vraiment évidente, j'ai mis dans le titre le nom anglais de cette couture, à titre de pense-bête. Le monde anglophone appelle ça une felled seam ou flat-fell seam.
La couture de base
Pour bien cadrer ce dont je vais parler et ce que je vais essayer de représenter par divers schémas, voici un schéma d'une couture de base :
Il s'agit d'une vue en coupe, en exagérant l'épaisseur des fils et des tissus pour qu'on voie ce qu'il se passe, et en ne représentant qu'une petite largeur de tissu pour zoomer sur la couture elle-même.
On a donc ici deux morceaux de tissus, un en bleu et un en vert, assemblés par un fil en noir. Typiquement les coutures sont cachées à l'intérieur des vêtements, donc sur ce schéma le bas représente le côté endroit et le haut le côté envers.
Je n'ai cependant pas représenté les finitions, et en fait la couture n'est même pas pressée, donc le schéma ci-dessus représente plus l'état intermédiaire juste après avoir fait la couture et ouvert les deux pièces de tissu.
En faisant abstraction des finitions, une couture ouverte correctement pressée ressemblerait à ça :
On pourrait éventuellement, pour des raisons esthétiques ou pour éviter que les surplus fassent n'importe quoi, surpiquer au bord des surplus, pour obtenir quelque chose de ce genre :
Vers plus de robustesse
Cette couture de base est très bien, pourquoi vouloir s'en éloigner ?
Les jeans étaient construits à l'origine pour être un vêtement de travail, pour les cowboys et les mineurs, donc destinés à être portés dans un environnement peu accommodant. Il fallait donc donner une certaine robustesse au vêtement sans trop en faire monter le prix. D'où les choix du denim, des rivets, etc.
Un défaut que je trouve particulièrement flagrant dans mes schémas, c'est que la solidité de l'assemblage est directement la solidité du fil. Lorsqu'on tire sur les deux pièces de tissu pour les écarter, toute la force se concentre sur le fil d'assemblage. N'y aurait-il pas quelque chose à faire pour améliorer ça ?
On pourrait certes doubler la couture, mais il faudrait passer exactement au même endroit que la première couture, sinon toutes les forces se concentreraient sur un seul des deux fils :
Une meilleure idée serait d'utiliser les surplus, pour faire une deuxième couture qui partage l'effort, comme les doubles rangées de rivets que l'on peut voir sur les constructions métalliques.
Par exemple, on pourrait prendre la couture de base, et au lieu de la presser ouverte, presser les deux surplus du même côté et les surpiquer. Avec la technique habituelle, ça donnerait quelque chose comme ça :
Et effectivement, le tissu vert est bien solidarisé au tissu bleu en deux points. Malheureusement, le tissu bleu n'est pas aussi bien solidarisé, parce que le tissu entre les deux coutures n'est pas tendu, ce qui transmet mal l'effort. Du coup, l'effort reste majoritairement sur la couture au milieu, et la surpiqure ne fait que renforcer le lien entre le tissu bleu et le surplus vert, ce qui est d'un intérêt douteux.
En même temps, ce n'est peut-être pas un hasard si les doubles rangées de rivets sont parallèles. Si au lieu de presser la couture avec l'endroit sur la surface plane de la table à repasser, on arrivait à tendre le tissu vert, on pourrait équilibrer l'effort entre la couture et la surpiqure, et ça ressemblerait à ça :
La couture rabattue
J'ai le sentiment que la couture rabattue suit cette ligne de réflexion en la poussant encore plus loin : les deux coutures, c'est bien, mais ne pourrait-on pas faire quelque chose avec ce pli ? Et tant qu'à faire équilibrer les points de contacts entre les deux pieces ? Et en bonus, assurer la finition ?
Je ne sais pas si c'est comme ça qu'a été conçue la couture rabattue, mais elle me semble bien s'inscrire dans cette logique. Au lieu de seulement replier le tissu en vert sur mes schéma, replier les deux pour équilibrer les efforts (au prix d'une épaisseur supplémentaire de tissu), et au lieu de simplement les poser l'un sur l'autre, les emboîter pour d'une part faire contribuer la tranche du tissu à la répartition des forces, et d'autre part emprisonner les bords vifs pour faire office de finition.
Ce qui me chiffonne un peu dans tout ça, c'est que dans toutes les techniques que j'ai vues, on part quand même de surplus pressés sur le côté, donc j'ai l'impression que ça aboutit à ça :
Et là, d'accord ça fait une bonne finition, ça fait un look jeans, mais je vois encore le flagrant point faible évoquée précédemment, qui me fait douter que l'ensemble soit significativement plus solide que la couture de base.
Cependant, comme dans la partie précédente, j'airais beaucoup plus confiance dans une construction de ce genre là :
Mais là encore, je ne vois pas tellement comment arriver facilement à ce résultat.
Bon, j'imagine que la réalité n'est pas aussi extrême que ces schémas, parce que pendant qu'on presse les quatre couches de tissu, la simple couche bleue n'est pas magiquement pressée à fond, donc on arrive probablement à une situation intermédiaire entre ces deux schémas.
Peut-être même qu'en tirant soigneusement sur le surplus, en rendant donc cette couture encore plus chiante, on pourrait s'approcher un peu plus de la situation qui me convainc le plus, en tendant vers ça :
La version Nat'
Je ressors de toute ça avec la nette impression que la couture rabattue telle que préconisée habituellement (sans machine dédiée) est bien plus chiante que la couture de base, pour un gain en solidité douteux.
En voyant la construction de la couture, je vois une façon moins chiante de faire la couture rabattue, pour un résultat dans lequel j'ai plus confiance, et qui ressemble à ça :
Concrètement, la procédure serait :
- coudre les pièces de tissus ensemble, dans leur position presque finale, pour faire ce qui sera la couture au milieu du schéma ;
- plier et presser une pièce de tissu sur l'autre, en tendant bien jusqu'à la limite du bord vif qui sera emprisonné ;
- faire de même pour l'autre côté ;
- surpiquer chacun des plis.
Alors certes, ça fait trois coutures au lieu de deux, mais la première ne sert en fait que de bâti, et pourrait donc être faite plus rapidement qu'une couture définitive.
Mais le pressage me semble beaucoup plus abordable, il n'y a pas de petit truc ridicule à plier, il n'y a pas de risque de se vautrer dans la découpe d'un surplus et ne se rendre qu'à la fin que c'est tout moche.
La seule objection que je vois, c'est qu'il faut terminer complètement la couture avant d'avoir la forme finale de l'assemblage, alors qu'avec la méthode habituelle de la couture rabattue, on peut la laisser en couture ouverte le temps de faire le gros du travail, pour l'essayer et déplacer au besoin certaines coutures, avant de passer aux finitions sur un assemblage définitif.
Je ne me sens pas trop concernée par cette objection, parce que même dans la couture je suis profondément dans l'état d'esprit « mesurer deux fois (voire trois), couper une fois », donc je n'ai pas peur de ne me garder qu'une ou deux coutures pour les derniers ajustements.
Où est le piège ?
À ce stade, ma conclusion à ce billet est que la couture rabattue, telle qu'elle est décrite, et probablement pratiquée, depuis clairement plus d'un siècle, est plus chiante à faire pour un résultat moins bon que mon idée naïve qui sort de nulle part.
Ça ne choque personne ?
Comment croire une seule seconde que je sois la première à penser à ça ?
Je vois deux possibilités :
- soit la méthode présentée habituellement est la plus didactique, que tout le monde apprend et que plus personne n'utilise après un certain niveau d'expérience (et réinventé ce que je viens de décrire), comme la méthode syllabique pour la lecture ;
- soit il y a un piège qui m'échappe dans la méthode que je propose, qui fait que tous ceux qui y ont pensé avant moi se sont mordus les doigts de l'avoir mise en pratique.
Comme je soupçonne sérieusement que la première possibilité aurait laissé des traces sur le grand 'ternet, et comme je n'ai pas été capable de trouver de telle trace, je penche sérieusement sur la deuxième possibilité.
Alors, amis lecteurs, saurez-vous trouver la faille dans ma méthode avant que je la subisse par moi-même ?
Commentaires
1. Le jeudi 14 avril 2016 à 20:13, par semarie :
Tes schémas sont très bien fait: cela permet de bien suivre tes explications :-)
Pour la couture dite "de base", un des problèmes vient de la nécessiter de "terminer les bords", pour éviter tout risque d'effilochement (par un surfilage par exemple), ce que la couture rabattue évite (le bord est "rangé" dans l'autre tissu).
Pour la couture rabattue, je te confirme que le résultat théorique final est ton dernier schéma. Par contre je ne partage pas ton avis sur le caractère contraignant de la chose: il faut une certaine habitude pour que la couture soit bien à plat, mais la couture c'est aussi un métier, et il y a des techniques qu'il faut acquérir pour bien faire :-)
Pour les différences entre la version "officielle" et la version "Nat" (qui n'est pas bête), il y a le nombre de coutures visibles. La couture rabattue permet une seule couture (la ligne de piqûre) visible alors que la version "Nat" en a deux. Mais avec un fil de la bonne couleur c'est juste un petit inconvénient.
Pour ce qui est des essais au fur et à mesure de la confection: généralement on utilise un fil de bâti (en gros une piqûre avec des points très espacés ou faite à la main) ou des épingles. Puis quand cela va, on trace, et on assemble. Parce que démonter une piqûre à points normalement espacés est hyper chiant (ou alors c'est que la machine à coudre n'est pas bien réglée, ce qui pose d'autres problèmes, dont celui de la solidité du résultat final).
Sinon dans les inconvénients de la version "Nat", la position de la première piqûre ne permet pas de faire des essais qui soient "justes": le pli final n'est pas maintenu par cette piqûre (mais par celles d'après). Donc les essais sont faits sont ce pli, et au final c'est 1 cm en moins par couture (donc pour un pantalon avec 4 coutures, tu essaies un 38 et tu finis avec un 36).
Ah, et dernièrement remarque pour les essais: faut les faire avec un tissu qui ne rétréci pas au premier lavage... (donc éventuellement déjà lavé) ou alors faut avoir "prévu" le rétrécissage à la confection (mais alors les essais ne sont plus "juste")
Bonne continuation dans tes essais, et si t'as besoin, tu sais où me trouver !
2. Le vendredi 15 avril 2016 à 7:27, par Natacha :
Ce que tu appelles « terminer les bords », c'est ce que j'ai appelé « les finitions » dans le texte. Je suis moi aussi auto-didacte, et en plus usant surtout des ressources anglophones, donc je suis loin de maîtriser le vocabulaire technique, je profite juste des révisions faites exprès pour écrire ce billet.
La principale raison pour laquelle je n'ai pas parlé des finitions, c'est que le thème du billet est la solidité mécanique de la couture, et les finitions n'y jouent aucun rôle.
Une raison secondaire est que je ne fais pas les finitions comme la plupart des gens, parce que je suis l'heureuse propriétaire d'une surjetteuse. Du coup je ne fais des coutures ouvertes que lorsque c'est absolument indispensable (par exemple à cause de l'épaisseur du tissu ou de l'équilibre de part et d'autre de la couture) parce que c'est trois fois plus de travail qu'une couture à la surjetteuse pressée sur le côté.
Du coup je me demande aussi dans quelle mesure la couture rabattue est plus intéressante qu'un coup de surjetteuse surpiqué proche du denier schéma de « Vers plus de robustesse ». Je n'ai pas posé cette question parce que je n'espère même pas avoir une réponse.
Il me semble intéressant de pousser la chaine causale un cran plus loin : la raison pour laquelle j'ai une surjetteuse, c'est que j'aime beaucoup le jersey (le tissu des tee-shirts) pour le confort et l'esthétique aussi bien du tissu lui-même quand il est porté que des coupes qu'il permet. Par contre je suis d'accord avec la foule de gens qui disent que c'est super pénible à coudre, et la surjetteuse me semble indispensable pour conserver sa santé mentale quand on fait des vêtements avec ce type de tissus.
Je n'ai jamais explicité ce que je trouve chiant dans la méthode habituelle de la couture rabattue : il y a d'une part la coupe d'un des deux surplus, lorsqu'on a des surplus symétriques, mais ça peut s'arranger directement au niveau du patron ou de la découpe ; et d'autre part le pli dans le surplus long et sa manipulation pour faire entrer le surplus court dedans.
Je trouve très chiant de manipuler des pans de tissus longs et étroits, et en particulier ces passages à 6-8 mm. Et il est probable que je sois biaisée à ce niveau parce que 6-8 mm des bords d'un jersey, c'est une galère sans nom.
Alors que la « Version Nat' », telle que je l'ai décrite, ne demande pas de saisir de surplus ou de petit bout de tissu : il n'y a qu'à manipuler les grands pans de tissu, et éventuellement bloquer en place la couture en construction avant de la presser.
Au cas où ça aide quelqu'un à visualiser, voici les 4 étapes de la procédure que j'ai décrite pour la « Version Nat' » :
Concernant les deux coutures visibles, j'ai vu pas mal de jeans arborer ces doubles coutures en fil contrasté, et certains disent que les jeans font cette couture à l'envers. Du coup dans ce cas, la différence avec ma version n'est pas visible. D'ailleurs je me rends compte que je n'ai pas de fil assorti, donc autant "own it" et le faire volontairement visible et contrasté.
Enfin concernant les essais, je n'ai encore jamais eu besoin de changer une couture définitive à cause de la taille. Ça m'est arrivé plusieurs fois de défaire une couture, et même une fois d'abandonner un projet parce que l'action de la surjetteuse ne peut pas être défaite, mais à chaque fois c'était une erreur dans le suivi des instructions.
J'ai l'audace de mettre ça sur le compte de la qualité de mes mesures (en particulier je ne conçois de mesure sans intervalle de confiance ou d'incertitude, et les variations haute fréquence du tour de taille ne sont pas négligeables) et de ma prudence probablement excessive (aller on remesure encore une fois pour être sûr).
D'ailleurs mes coupons de denim ont déjà été lavés deux fois, et je n'ai même pas encore fini de recopier le patron, et j'essaye de me retenir de mettre un troisième lavage avec sèche-linge.
Bon, c'est vrai que les essais ne sont normalement pas seulement une question de taille, mais aussi de style et de façon de tomber du tissus et autres soucis esthétiques du même genre, mais je suis tellement nulle dans ces domaines que je suis complètement incapable de juger.
Et mille mercis pour tous tes commentaires utiles \o/
3. Le vendredi 15 avril 2016 à 18:41, par semarie :
oh, une surjetteuse: le luxe ! même moi dans mon petit atelier artisanal je n'avais pas cela (mais j'en rêvais presque !).
je pense que tu n'as pas tord sur la question du coup de surjetteuse + une piqûre qui va rabattre (et consolider) l'ensemble. d'ailleurs, cela peut aussi permettre de ne pas se retrouver avec "un pli" qui dépasse, et qui pourrait être incommodant.
et je suis d'accord aussi sur la question de la santé mentale a garder pour coudre du jersey: il faut une aiguille hyper-fine pour ne pas "découper" le jersey (qui va filer sinon), tout en faisant attention de ne pas la casser /o\
avec ce genre de matériel, il peut être bon de privilégier une couture autre que la couture rabattue.
et merci pour ta patience et ton partage d'expérience !
4. Le dimanche 17 avril 2016 à 14:58, par _FrnchFrgg_ :
Bon, alors pour le coup je forwarde à Virginie, parce que bon, la spécialiste de la couture c'est elle: même si sur la technique théorique brute elle me demande parfois de l'aide, pour tout ce qui est pratique son expérience n'a rien à voir (surtout pour les conseils du genre: ne fais pas comme ça, ça bouge trop et c'est galère, par contre fais ça c'est le même résultat et tu es sûre de faire un truc bien).
Après elle déteste bâtir et préfère les aiguilles. Et elle a une surjeteuse plus une machine à 1200€ qui peut piquer une plaque de plomb de 80cm d'épaisseur (pas plus après le pied ne se lève pas assez :-) donc il y a peut-être des trucs qu'elle fait qui ne sont pas transposables.
5. Le dimanche 17 avril 2016 à 16:37, par Natacha :
J'ai eu le malheur de jeter un œil sur les jeans du prêt-à-porter (plutôt bon marché), et ce n'est pas sans surprise que je n'ai trouvé que très peu de coutures rabattues :
- les coutures verticales des côtés et du devant (entre le bas de la braguette et le milieu de l'entre-jambe) était à chaque fois des simples assemblages à la surjetteuse, exactement comme les coutures de tee-shirt, sans aucun renfort.
- la couture verticale du dos (entre le milieu de l'entre-jambe et le dos de la ceinture) en revanche est renforcée, soit quelque chose qui ressemble à une vraie couture rabattue (mais je n'ai pas ouvert pour vérifier), soit quelque chose qui ressemble au dernier schéma de « Vers plus de robustesse », à savoir un assemblage à la surjetteuse plaqué sur le côté et renforcé avec deux surpiqûres de renfort.
Du coup je me demande si je vais vraiment me lancer dans ce type de couture.
Et j'ai d'autant plus de doutes que ma modeste machine à coudre semble incapable de coudre correctement avec du cordonnet n°30 des deux côtés. Mais y a-t-il vraiment un intérêt mécanique à faire une surpiqûre avec du cordonnet d'un côté et du bête polyester n°100 de l'autre, ou est-ce purement esthétique ?
6. Le jeudi 21 avril 2016 à 22:42, par _FrnchFrgg_ :
Virginie dit que même sa machine semi-pro n'est pas faite pour les fils épais. Les industriels ont des machines spécifiques pour ça. Par contre, ta machine doit avoir un point "triple" qui fait avant-arrière-avant à chaque point (donc sur plusieurs points ça fait A-R-A-A-R-A-A-R-A-A-R-A, du coup chaque liaison est faite avec trois fils. Je pense que c'est plus solide parce que les forces de traction sont réparties en parallèle, par contre ce n'est pas plus résistant au frottement (puisqu'un seul fil qui casse fait que l'ensemble peut se découdre), même si le fait que la machine pique exactement au même endroit plusieurs fois fait que ça ressemble vaguement à un point d'arrêt à chaque fois, du coup c'est peut-être bien plus difficile à découdre. Je viens de regarder, et la fourche du jean que je porte est cousue en point triple (fil jaune à l'extérieur et gris à l'intérieur).
Il ne faut pas oublier que les industriels utilisent aussi la recouvreuse (les ourlets en bas des T-shirt jersey ne sont pas faits à la surjeteuse mais à la recouvreuse). Le point ressemble un peu a point de la surjeteuse mais a une base de point chainette IIRC qui est très solide. Je ne sais pas si c'est utilisé pour les jeans, mais d'un côté ça fait juste deux traits parallèles (donc même look qu'une couture rabattue). De l'autre c'est du zig-zag.
(En fait j'ai ma réponse, le point de recouvreuse est utilisé sur mon jean, au moins pour les passants de ceinture)
7. Le jeudi 21 avril 2016 à 22:45, par _FrnchFrgg_ :
Ah, et dernière remarque: mes jeans n'ont jamais lâché au niveau d'une couture... Le tissu s'élime et se perce bien avant, souvent à 1 ou 2 cm de la couture de la fourche...
8. Le jeudi 28 avril 2016 à 8:16, par Natacha :
À tous (enfin tous ceux que ça intéresse), j'ai finalement fait quelque chose comme le dernier schéma du « Vers plus de robustesse », à savoir une couture normale pour un premier assemblage, un coup de surjetteuse pour finir les bords vifs, presser sur le côté du mieux que je puisse pour que ça ressemble audit schéma, et deux surpiqures plus ou moins parallèles pour bloquer le surplus sur le côté pressé, avec du cordonnet n°30 contrastant à l'extérieur.
J'essayerai de prendre des photos une fois la jupe terminée, pour les publier ici.
_FrnchFrgg_, merci beaucoup pour ces informations \o/
J'ai une certaine méfiance envers le point triple, du coup je ne l'ai pas essayé. Je vois bien le côté triple et la partie du compromis que du décris, mais je l'ai vu plusieurs fois sous le nom « point droit extensible », alors qu'il m'a l'air plutôt encore plus rigide que le point droit de base.
Cela étant, ce point implique fatalement des mouvements en marche arrière censés être sur la même ligne, et c'est ce qui me gêne sérieusement dans cette idée, parce qu'il y a une espèce de singe qui n'arrête pas de tirer à droite et/ou à gauche sur le tissu, et ça a de bonnes chances de pourrir le résultat.
D'autre part, j'aime bien le look du surpiquage au cordonnet, il y a de fortes changes que le point triple soit plus « fouillis », mais il faudrait vraiment que j'essaye avant de conclure (mais ça implique acheter du fil contrastant de taille normale).
Et pour compliquer encore plus les considérations, je fais une jupe et non un pantalon, ce qui a un impact significatif en termes de failure modes dûs à l'usure. Cela dit, les jeans de mon hommes meurent tous aussi par un défaut du tissu et non des coutures, mais ça veut seulement dire que les coutures industrielles sont adaptées au tissu industriel, ça n'aide pas à conclure sur mon projet.
De mon expérience personnelle, le facteur limitant des jupes semblent être aussi l'usure du tissu, soit par les frottements sur la chaise, soit par les frottements (à une occasion que j'ignore encore) avec une couture voisine. D'un autre côté, ça fait très longtemps que je n'ai pas porté de jupe dont le tissu approche la robustesse du denim, donc là encore ça n'aide pas à conclure.
Je connais les recouvreuses et les points qu'elles font, j'ai suffisamment bavé devant entre deux tentatives d'ourlet à l'aiguille double. Enfin je me ferais peut-être avoir sur des bords vifs libres entre de la surjetteuse et de la recouvreuse, parce que la recouvreuse dans ce cas me semble un peu idiot. Et donc sur les jeans que j'ai inspectés, je suis pratiquement sûre de ma description précédente, à savoir surjetteuse plus coutures droites de base. Il y a trop de bruit mécanique entre les deux pour qu'il n'y ait qu'une seule opération, par contre je ne serais pas surprise que les deux coutures soient faites en une fois (avec deux aiguilles ou une aiguille double, et deux canettes).
Cela dit, si j'avais le droit (volumique) à une machine de plus, je ne sais pas si je choisirais une recouvreuse plutôt qu'une presse à vapeur. Par contre si ma surjetteuse venait à défaillir, je regarderai sérieusement du côté des machines qui font à la fois surjetteuse et recouvreuse. Je ne doute pas que le ré-enfilage et le re-réglage pour passer d'une fonction à l'autre soient pénibles, mais peut-être pas plus que se taper des ourlets à l'aiguille double.
Enfin, je continue de suivre depuis un moment le blog de Virginie, mais il me semble qu'il y a beaucoup de billets protégés ces derniers temps, alors je me demandais si j'ai été assez sage pour avoir le droit de les voir.
9. Le jeudi 13 août 2020 à 22:49, par Éric :
Bonjour
Je découvre cet article en cherchant justement une réponse à cette question...
As-tu avancé sur le sujet ?
Car j’essaye de trouver comment le réaliser pour une couture de bermuda : de l’enfourchure jusqu’au milieu dos... et je ne vois pas du tout comment l’adapter puisque le point de départ est une jambe dans l’autre... ce qui ne permet déjà pas la première étape de la première couture à plat...
Je sèche...
10. Le samedi 12 septembre 2020 à 19:50, par Natacha :
J'avoue que non, je n'ai pas du tout avancé, j'ai lâchement contourné le problème : j'ai fait une couture « normale » avec pas mal de surplus, puis une finition à la surjetteuse assez loin de la couture, ensuite j'ai plaqué le surplus restant d'un côté et que l'ai surpiqué avec du cordonnet pour faire joli. En bref, le look jean's avec la solidité d'une couture quelconque.
Et je ne regrette pas, puisque le denim que j'ai utilisé a été usé jusqu'à la corde avant que les coutures ne lâchent, donc je n'avais pas besoin de solidité supplémentaire (ou j'avais besoin d'un meilleur denim…)
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- Publié le 14 avril 2016 à 18h47
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