Consolée

Encore un matin difficile. Encore une mauvaise nuit. J'ai encore passé trop de temps à pleurer et pas assez de temps à dormir. Je fais de mon mieux pour cacher ma tristesse envahissante et faire semblant de travailler.

En plus on est jeudi. Le jour des réunions d'équipes. Ces réunion qui sont censées commencer à 11h. Il est déjà quasiment 11h10, et il n'y a qu'un seul collègue avec moi dans la salle de réunion. Ces gens qui n'ont aucune ponctualité, c'est d'un pénible… Alors si le chef s'y met aussi, pas étonnant que personne ne soit là à l'heure.

Je lutte pour garder les yeux ouverts. Je lutte pour ne pas penser à ma rupture. Je lutte pour ne pas penser à mon ex. Avec un succès mitigé, mais ça a déjà été pire. La salle se remplit lentement, ça me force à garder une certaine contenance.

Aujourd'hui, c'est au tour du collègue venu du Canada de présenter ce qu'il fait. Il travaille dans l'autre bâtiment, et les collègues de l'autre bâtiment font soit des choses qui ne m'intéressent pas, soit des choses auxquelles je ne comprends rien. Lui il est plutôt dans la seconde catégorie. Ça promet d'être chiant…

Ou pas finalement. Parce que ce collègue là, il a quelque chose en plus : j'adore sa voix. Je ne sais pas vraiment si c'est particulier aux canadiens anglophones, ou si c'est un reflet de son caractère, mais il y a quelque chose dans l'intonation de ses phrases et dans sa voix qui me fait littéralement fondre. Une espèce de mélange de nonchalance et d'assurance… ou quelque chose comme ça… la voix de quelqu'un qui sait faire face à n'importe quoi… de quelqu'un qui sait manier le silence aussi bien que les paroles… enfin une voix que j'adore, quoi.

Je savoure la moindre de ses paroles. Je ne comprends rien à son exposé, et je m'en moque, c'est la musique de sa voix qui me fait craquer. Je me laisse aller à rêvasser. Un rêve avec une telle bande son ne peut être qu'agréable.

J'imagine à quel point j'aimerais avoir quelqu'un comme lui dans ma vie. Quelqu'un avec la même assurance, quelqu'un pour qui tout est facile, quelqu'un qui sait se sortir de tout. Quelqu'un sur qui je puisse m'appuyer, quelqu'un pour me protéger et me rassurer en cette période difficile…

Et puis arrive le triste moment où son discours s'éteint, car son exposé est terminé. Quel désagréable contraste d'entendre la voix du chef, qui demande si quelqu'un a des questions à poser.

Comme d'habitude, il n'a que le silence comme réponse. Prise d'un courage dont je ne me croyais pas capable, je lève la main, et je pose ma question tout de go : est-ce que ce collègue canadien voudrait bien me serrer contre lui ?

Je fonds en entendant son "Sure." si calme et si séduisant.

Je me lève avec un calme dont je ne m'imaginais pas capable, et j'avance lentement, encore incapable d'y croire. Ce n'est pas possible, il va dire que c'est une blague, il va s'enfuir, quelqu'un va s'interposer, quelque chose, n'importe quoi.

Je monte sur l'estrade, et je découvre dans ses yeux une lueur que je ne connaissais pas. Je crois que c'est la première fois que je le regarde dans les yeux. J'aime beaucoup ses yeux.

Je ne suis plus qu'à quelques dizaines de centimètres de lui, et aucun cataclysme ne s'est produit. J'aime beaucoup son sourire aussi.

Je franchis le reste de la distance qui nous sépare en me jettant contre lui. Je sens la chaleur de son corps contre ma joue gauche, contre ma poitrine et contre mon ventre. Je sens la chaleur de ses bras autour de moi, comme un bouclier-protecteur qui serait capable de tout arrêter.

Le monde cesse d'exister autour de moi. Il ne reste plus que lui et moi. Je me blottis contre lui. Il devient une coquille qui me protège de tout le reste. Je me sens en sécurité comme je ne l'ai jamais été. Je fonds en larmes.

Je sens la chaleur de ses mains parcourir mon dos. Je sens sa voix rassurante qui me dit "It's OK." J'innonde sa chemise à carreaux.

Pleurer ne m'a jamais autant soulagée. À moins que ce soit être dans les bras de quelqu'un qui ne m'ait jamais autant consolée.

Mon torrent de larmes se tarit progressivement. J'aime beaucoup sa chaleur, alors je reste blottie contre lui. J'aime beaucoup son odeur. J'en aimerait bien plus.

Je remène lentement mes bras entre lui et moi, et je défais discrètement le premier bouton de sa chemise qui passe à ma portée. Il fait semblant de ne rien remarquer, et la chaleur de ses mains continue de parcourir lentement mon dos.

Je défais un deuxième bouton, puis le bouton de son col. J'écarte sa chemise et je pose ma joue sur sa peau. Sa chaleur y est encore plus forte, et encore plus agréable. Ses mains passent sous mon tee-shirt, et je sens leur chaleur directement contre la peau du bas de mon dos. Un frisson de plaisir remonte le long de ma colonne.

Je me sers plus fort contre lui. Il continue de me caresser le dos. Quelque chose a changé dans ses caresses, peut-être moins protectrices et plus sensuelles. Je défais un autre bouton de sa chemise.

Je frotte mon ventre contre le sien. D'abord lentement et doucement, puis avec une amplitude de plus en plus grande mais toujours aussi lentement.

Je défais les derniers boutons de sa chemise et je m'engouffre à l'intérieur. J'aime sa chaleur contre mon ventre. Il soulève mon tee-shirt, et je peux sentir sa chaleur directement. Je sens aussi une autre chaleur, qui monte à l'intérieur de moi.

Je lui enlève sa chemise, et dans le même geste il m'enlève mon tee-shirt. Ma peau brûlante glisse contre la sienne. Ma bouche va chercher de la chaleur au creux de son cou.

Il me retourne, c'est au tour de mon dos nu de goûter à la délicieuse chaleur de son torse, tandis que ses mains glissent sur mon ventre. Ma bouche cherche son cou et sa joue. Je commence à ronronner.

J'ondule de plus en plus fort sous ses caresses. Ma bouche finit par trouver la sienne. Ses mains finissent par trouver mes seins. Des frissons, des vagues de chaleur et ses mains parcourent mon corps, et je me laisse aller à savourer sa sensualité. Mon soutien-gorge se dégrafe sans que je cherche à comprendre comment.

Je ne comprends pas ce qu'il me murmure à l'oreille, mais sa voix amplifie la chaleur que je sens au creux de mon ventre. Je me sens rougir.

Une de ses mains finit par oser atteindre mon mont de Vénus. L'autre me pince un téton. Ma respiration devient plus profonde. Je sens le plaisir monter, monter…

Il s'arrête soudainement, m'éloigne et me retourne face à lui. Il me prive de sa chaleur. J'ai froid. Je ne comprends pas. Les larmes me montent au yeux.

"It's OK." Sa voix me rassure un peu. Il me reprend contre lui. Sa chaleur contre mes seins et mon ventre finit de me stabiliser. "It's OK." Tout va bien. Ses bras autour de moi reforment le bouclier procteur qui peut tout arrêter. Alors que sa bouche retrouver mon cou, je recommence à ronronner.

Alors qu'un de ses bras me maintient contre lui avec une fermeté rassurance, son autre main passe sous ma culotte et me caresse les fesses. Il me parle mais je ne cherche pas à comprendre, je me contente de savourer la musique de sa voix, et mon bassin ondule dans le même rythme.

Il me caresse les fesses de plus en plus bas. Je sens sa verge toute dure contre moi. Il n'y a que le fin tissu de ma culotte humide qui nous sépare.

Je sens le plaisir monter en moi. Je rougis à nouveau. Il me renverse doucement, sans se décoller de moi. Quelque chose de froid rencontre mon dos, mais peu importe, j'ai encore sa chaleur contre mes seins. Je sens ma culotte glisser le long de mes cuisses.

Je sursaute en entendant la voix désagréable du chef qui demande s'il y a des questions. Je suis catapultée hors de ma rêverie, de retour dans la réalité. J'essaye de dissimuler mon rougissement en laissant le silence répondre qu'il n'y a pas de question. Il n'y a que cette chaleur au creux de mon ventre.

Commentaires

1. Le dimanche 14 juin 2009 à 15:28, par Crystaline :

wahou ton récit m!'a transporté là où tu n'as pâs idée, je pensai à ta culotte mouillée et mes doigts longilignes qui allaient pouvoir entrer dans le petit puit fleuri

"la fleur absente de tout bouquet" baudelaire

2. Le lundi 15 juin 2009 à 23:54, par Giusepe :

Une belle réussite, dans le genre (très difficile) de l'érotisme. L'écriture est très évocatrice. Vous parvenez à éviter les deux écueils du genre (à mon avis) à savoir la 1) la vulgarité 2) le romantisme à l'eau de rose de ceux qui veulent éviter la vulgarité.

Je me permet juste une petite critique concernant la chute. Comme on se doute un peu que ce n'est qu'une rêverie... La chute tombe un peu à plat. Il eût été rigolo de terminer dans l'ambiguïté, en laissant croire que tout cela s'est bel et bien bien passé, au nez du chef, en plus !

3. Le lundi 15 juin 2009 à 23:55, par Giusepe :

Et le titre est très bien.

4. Le mardi 16 juin 2009 à 14:54, par Natacha :

Merci beaucoup pour ces commentaires positifs, ça me touche vraiment.

Et merci Giusepe pour la précision de ta critique. J'avoue que cette nouvelle est très brute et spontanée, je n'ai que cherché ce qui me plaîrait si j'en étais lectrice. Je suis ravie d'avoir tombé juste, mais je ne peux pas dire quand je m'y réessayerai, car il me faut d'abord l'émotion autour de laquelle je forge les mots.

Concernant la chute, j'avoue que je ne savais pas du tout dans quelle meusre c'était évident qu'il s'agit d'une rêverie. J'aime beaucoup cacher des choses dans les textes, mais le peu de retour que j'ai m'empêche de prévoir combien ce qui est caché est facile à trouver. Par exemple ce qu'il s'est passé exactement pendant le paragraphe du froid. Alors j'ai explicité la rêverie dans la chute, au cas où un collègue finirait par tomber sur ce texte ;-)

5. Le mercredi 17 juin 2009 à 0:18, par Giusepe :

Ce qui s'est passé exactement pendant le paragraphe du froid, je ne le devine pas, par contre.

Je voyais cela juste comme un doute, une suspension, sans imaginer que quelque chose de précis s'était produit.

Peut-être pourrez-vous éclairer ma lanterne !

6. Le mercredi 17 juin 2009 à 15:09, par Natacha :

Alors là j'ai l'impression d'être un peu ridicule, est-ce que ce qu'il s'est passé est trop bien caché pour être deviné, ou tellement évident qu'on ne se rend pas compte qu'il y a quelque à deviner ?

Concrètement, ce que j'avais « caché » là dedans, c'était juste que quelques paragraphes après le froid, le monsieur n'a plus rien en bas (vu qu'il ne reste que le tissu de la culotte entre les peaux), et comme il avait les mains occupées tout au long de l'histoire, sauf justement pendant ledit froid…

7. Le mercredi 17 juin 2009 à 20:24, par Giusepe :

Damned !
Mais bien sûr !
C'est moi qui ai l'impression d'être ridicule ! C'était parfaitement cohérent !

8. Le jeudi 18 juin 2009 à 6:41, par W :

La situation décrite n'est effectivement pas très réaliste. Alors, rêverie de l'auteure, de la narratrice, de la protagoniste ? Ça ne me dérange pas que ce soit explicité.
Au contraire, j'aime bien cette histoire, en particulier le début, pour la situation de la narratrice qui s'ennuie dans la réalité, et qui s'imagine personnage d'une scène irréaliste en s'émerveillant en tant que rêveuse de sa surprise en tant que personnage. Ou alors j'interprète n'importe comment.

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  • Publié le 22 mai 2009 à 17h52
  • Dernière modification le 19 janvier 2010 à 20h49
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