La nuit la plus longue

Les gens sont cons. Parfois même très cons.

Il y a parfois des gens qui oublient leurs clés sur leur lieu de travail. C'est très con.

Il y a de temps en temps des gens qui sont au bord de la crise de larmes sans raison, alors qu'ils ont passé la soirée avec des gens très sympathiques. C'est irrespectueusement con.

Il y a parfois des gens qui se rendent compte qu'ils n'ont pas leurs clés que lorsqu'ils sont juste devant chez eux, après avoir pris le dernier métro pour rentrer. C'est frustramment con.

Il y a de temps en temps des gens qui sont tellement isolés qu'ils n'ont absolument personne à portée de marche vers qui se tourner. C'est tristement con.

Il y a parfois des gens qui improvisent l'idée de dormir dans un hôtel, et qui se rendent compte qu'en fait c'est partout plein. C'est candidement con.

Il y a de temps en temps des gens qui craquent d'un coup, et qui vont marcher en pleurant tous seuls au hasard dans les rues de la ville. C'est dangereusement con.

Il y a parfois des gens qui se retrouvent devant leur lieu de travail au beau milieu de la nuit, et qui se rendent compte sans surprise que c'est fermé. C'est suspicieusement con.

Il y a de temps en temps des gens qui, à bout de force, se laissent aller à somnoler sur un banc public en attendant le matin qui, pour une fois, prend vraiment son temps. C'est désesperément con.

Il y a parfois des gens qui arrivent au travail juste à l'ouverture, et qui se contentent de prendre un objet et de rentrer tout de suite chez eux. C'est ambigüement con.

Pour s'amuser, on pourrait essayer d'imaginer un gros tas de connerie. Une condensation de la connerie concentrée la plus pure possible : l'accumulation de toutes les formes de conneries que je viens de décrire. On se dit que ça ne peut pas exister, qu'une seule personne ne peut pas contenir autant de connerie sans exploser sur place, qu'un tel concentré ne peut pas être compatible avec la vie, que ce n'est qu'une borne supérieure théorique de la connerie possible qui ne peut pas être atteinte en pratique.

Hé ben si.

Commentaires

1. Le jeudi 18 juin 2009 à 6:35, par Cinn :

Quelle horrible nuit! Je compatis.
Mais cesse de t'insulter toute seule : oublier ses clés quelque part, ça arrive à tout le monde; le reste était une affaire de circonstances (pas de clé chez un voisin, pas d'ami proche géographiquement, hôtels pleins).

2. Le jeudi 18 juin 2009 à 6:52, par "Lui" :

« T'es vraiment trop conne ! »

;-)

Puisque c'est déjà du passé, autant en rire... Je te souhaite de bonnes prochaines nuits pour te remettre de celle-ci. -- W

3. Le jeudi 18 juin 2009 à 8:48, par Giusepe :

Evidemment, c'est assez pénible. La même chose (à peu près) est arrivée à quelqu'un de ma connaissance, à la différence que, ne trouvant pas ses clés sur son lieu de travail, il s'est aperçu qu'il les avait sur lui depuis le début. C'est con, non ? (vous n'êtes pas encore championne du monde !)

4. Le jeudi 18 juin 2009 à 9:21, par Keeh :

Ma cousine, claquage de porte avec les clés dans la serrure du mauvais côté => 1500€ de frais de serrurier et de remplacement de porte.

5. Le jeudi 18 juin 2009 à 11:48, par K :

Diantre 1500€ de frais de serrurier !!!
J'ai eu le même petit inconvénient. Le mec m'a pris 90€ (de la main à la main) et a pu ouvrir sans rien détruire.

Sinon Nat, pas de chance. Il m'est arrivé la même chose pendant ma thèse, mais j'ai pu revenir au labo et avec mon badge 24/24, j'ai pu récupérer les clés. Pas cool que tu ne puisses pas aller dans ton labo à tout moment du jour et de la nuit.

6. Le jeudi 18 juin 2009 à 13:23, par Keeh :

"et de remplacement de porte". Tous les petits morceaux de phrase sont important :)
C'est l'inconvénient des modèles blindés inviolables ou je ne sais quoi d'autre.

7. Le vendredi 19 juin 2009 à 18:37, par Natacha :

Cinn, une affaire de circonstances, certes, mais je trouve quand même lamentable de se retrouver dans de telles circonstances. Comment ai-je pu merder ma vie au point d'être dans toutes ces circonstancse en même temps ?

W, malheureusement, les nuits entre cet évènements et mainetnant ne se sont pas vraiment bien passées. Ma jauge de « marre de vivre » est au maximum, en plus de tous les soucis classiques du manque de sommeil. Je sens arriver un week-end en mode marmotte.

Giusepe, je sais bien qu'il existe pire que moi. J'ai rarement eu le vertige en regardant en bas, alors que ça m'est arrivé beaucoup plus souvent en regardant en haut et en me rendant compte à quel point je suis proche d'une structure connue comme haute.

Keeh, j'ai l'impression que ça n'aurait pas pu m'arriver. Déjà parce que le pêne demi-tour semble être mal placé, du coup j'ai l'impression qu'il est impossible de fermer la porte en la claquant. Mais surtout parce que j'ai la nette impression que le crochetage des verrous est à ma portée (ce qui n'est pas très rassurant, en fait). du coup c'est d'autant plus frustrant de se dire qu'avec mes outils, à même pas un mètre de moi (dans le tiroir juste en dessus de celui où j'ai mes doubles), j'aurais pu rentrer…

Et last but not least, K, quelle bonne surprise de te retrouver par ici \o/ Je croyais vraiment t'avoir perdu. Lire ton commentaire me fait d'autant plus plaisir ;-)

Pour ce qui est de l'accès 24/24, je ne sais pas trop pourquoi je n'y ai pas droit, je sais juste qu'il faut faire une demande expresse et motivée, mais comme beaucoup des collègues l'ont, ça ne doit pas être si problématique. J'aimerais croire que ce n'est pas parce que j'étais déjà cataloguée « glandeuse » au moment de faire mon badge d'accès…

8. Le vendredi 19 juin 2009 à 21:38, par W :

Pour ta réponse à Cinn : Tu arrives presque à me faire croire que tu penses ce que tu dis. Oublier ses clés au boulot, ok, c'est con, mais ça peut arriver à tout le monde. Et après ?

Chercher un autre endroit où dormir, essayer de récupérer ses clés ou réfléchir à un moyen d'entrer sans, je ne vois pas en quoi c'est con. Ce sont des réactions raisonnables, des conséquences de ta distraction initiale, pas une preuve que tu aurais raté ta vie ou je ne sais quelle connerie.

9. Le vendredi 19 juin 2009 à 22:55, par Natacha :

Déjà rien qu'être tellement proche de dormir sur le trottoir, je trouve que c'est révélateur d'un échec social particulièrement cuisant. Je ne verrai plus jamais de la même façon la problématique de l'expulsion.

Ensuite aller de son propre chef dans des rues mal éclairées à une heure pas possible, ça me semble être chercher les ennuis, même si je n'avais pas été dans un état de vulnérabilité manifeste. Ça n'aurait été que justice darwinienne que je m'en prenne plein la gueule (et optionnellement ailleurs aussi).

Enfin je ne veux même pas imaginer comment ça aurait pu se passer si quelqu'un m'avait proposé de partager son matelas contre faveurs, parce que je préssens que ça crierait à quel point il y a quelque chose de copieusement pourri entre mes deux oreilles.

10. Le samedi 20 juin 2009 à 7:02, par Cinn :

Je suis d'accord avec W : En quoi le fait que les hôtels ait été pleins est la preuve manifeste que tu as raté ta vie ?? Ta ballade nocturne, c'est pareil : est-ce que tu serais "partie chercher les ennuis" de ton propre chef si tu avais pu rentrer chez toi ? La seule alternative aurait peut-être été de prendre un taxi, mais le taxi, c'est horriblement cher pour un long trajet de nuit.

Et puis il y a une différence appréciable entre être proche de dormir sur le trottoir parce qu'on n'a plus d'argent pour payer son loyer, et être proche de dormir sur le trottoir parce qu'on a oublié sa clé au bureau...

11. Le mercredi 24 juin 2009 à 22:04, par Schmurtz :

Mais des fois... y a des gens qui oublient d'être con. Qu'est-ce que c'est bon ! ;)

@Keeh:
D'ailleurs, on se demande bien pourquoi on fait des portes qui se ferment juste en les claquant. Y a un temps, où il y avait des poignées sur les portes, c'était 'achement plus pratique.
Je soupçonne un quelconque lobby des serruriers.

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  • Publié le 17 juin 2009 à 21h53
  • État de la bête : en overdose de connerie
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