Clouée au lit

Ah mais je vous demande pardon, mais des observations j'en fais : j'ai remarqué le lit est un endroit dont il est plus agréable d'entrer que de sortir disait le disciple de Léonard.

Ça fait très longtemps que j'ai moi aussi fait cette observation expérimentale, et je ne serais pas surprise qu'elle soit partagée par une grande partie de la population.

Ce qui m'inquiète un peu plus, c'est que depuis quelques temps (mais je ne saurais pas dire combien) ce phénomène a été chez moi poussé à l'extrême : j'ai beaucoup de mal à me tirer du lit lorsque ce n'est que pour moi, c'est-à-dire lorsque je ne dois pas être à tel endroit à tel moment.

La plupart du temps ce n'est évidemment pas le cas, je parle d'un phénomène assez rare. Le jours de semaine je dois être (à peu près) à l'heure au boulot, et ça suffit à me sortir du lit (à peu près) en temps et en heure. Et le week-end j'ai souvent quelqu'un à retrouver, ce qui suffit aussi à me tirer du lit, mais souvent seulement juste à temps pour me préparer et arriver à l'heure. Ce qui est finalement plutôt tard lorsque ledit rendez-vous est à 18h.

Du coup il y a peu de jours comme aujourd'hui où je n'ai rien de prévu. Et je ne suis pas encore levée, ces lignes sont tapées depuis mon lit.

J'aimerais beaucoup comprendre ce qu'il se passe exactement, pour peut-être arriver à le corriger, ou au moins comprendre pourquoi ce n'est pas correctible.

Ce n'est pas un problème d'ennui : j'ai des tonnes de choses à faire même toute seule chez moi.

Ce n'est pas non plus un problème de flemme : une bonne partie de ce que je pourrais faire ne me posent aucun problème si j'ai déjà été extraite du lit et que je suis rentrée chez moi (et que je ne suis pas trop fatiguée).

Ce n'est pas un problème d'internet : certes le fait d'avoir internet depuis mon lit n'arrange probablement pas les choses, mais je doute que ça les empire significativement, vu le peu que je m'en sers en réalité. Il y a des tas de choses que je pourrais faire depuis cet ordi' et qui sont laissées en plan exactement comme les autres choses que je pourrais faire chez moi. Ce n'est donc pas tellement un problème pour sortir du lit en tant qu'espace géographique, mais pour sortir mentalement des activités propres au lit et passer aux activités éveillées. Et l'ordinateur ne permet que d'insérer des petites tranches « éveillées » dans un fond « au lit ». J'en suis au moins à la vingtième tranche « éveillée » consacrée à ce texte.

Je me demande si une partie du problème ne serait pas une question de sensualité : je sais que j'ai des besoins (anormalement ?) élevés de douceur et de chaleur, et ma couette semble être ce qu'il y a chez moi qui se rapproche le plus d'un moyen de les satisfaire, ou du mois de les gérer. Avec la chaleur que je génère en dessous et les caresses des draps sur ma peau à chaque fois que je bouge. C'est peut-être une façon de gérer le fait que je préfèrerais être ailleurs avec quelqu'un que toute seule chez moi…

Il y a peut—être aussi dans ce problème une partie de fuite de la matérialité : il n'est pas rare qu'aller quelque part implique plus d'une heure de trajet, pendant laquelle je laisse mon esprit vagabonder librement. Le lit me semble être l'endroit où il est le plus facile de se détacher des problèmes corporels : pas de posture à maintenir, pas d'environnemnt à surveiller, pas d'effort pour maintenir la température, etc. Si je suis devenue accro' à ces périodes de réflexion intense et productive, traîner au lit serait un bon moyen de s'y adoner quand aucun trajet n'est imposé.

Il y a peut—être aussi une autre partie de fuite, plus malsaine, dans ces moments où je me laisse aller à un truc qui ressemble un peu à du sommeil, peuplé de rêves, mais qui ne repose pas et dont le réveil est plutôt désagréable : mal de tête, bouche sèche, perfois nausées, etc. C'est une fuite de la réalité aussi efficace qu'un livre, et nettement plus effiacce que la vodka.

Est-ce ces parties potentielles suffisent à expliquer le tout ? Si oui, quelles sont les proportions ? Si non, qu'est-ce que j'ai raté ? Vais-je réussir à accomplir la moindre chose aujourd'hui ? À quoi bon poser ces question alors que personne ne peut y répondre ?

Commentaires

1. Le dimanche 22 novembre 2009 à 0:50, par Giusepe :

Ce n'est pas un problème d'ennui, pas un problème de flemme...
Mais au fait, en quoi cela devrait-il forcément être un problème ?

2. Le lundi 23 novembre 2009 à 1:51, par Roman Age :

La faim ne te tire pas du lit?

3. Le lundi 23 novembre 2009 à 9:23, par un anonyme :

Moi, la faim ne peut pas me faire pas sortir du lit : hier j'ai pris mon premier repas à 18H.

4. Le lundi 23 novembre 2009 à 9:24, par Schmurtz :

C'est moi, l'anonyme. (pourtant je suis sûr d'avoir taper un pseudo qq part).

6. Le lundi 23 novembre 2009 à 16:44, par Roman Age :

Dessiner est productif, à mon avis. Tu produis quelque chose qui peut être vu, et même si cela ne s'inscrit pas dans un projet plus grand, c'est au moins une chose que tu peux garder et qui vient s'ajouter à la liste des choses que tu as faites dans ta vie.
Jouer de la musique, à cause de la nature immaterielle de l'activité, peut de na pas être productif du tout. Comme jouer à un jeu sur son téléphone portable pour tuer le temps (moi depuis quelques semaines, je joue à Puissance 4). Par contre, il ne tient qu'au musicien de rendre l'activité productrice: en composant, en écrivant la musique ou en enregistrant (donc en produisant quelque chose de matériel), ou simplement en jouant et rejouant la même chose, mais dans un but bien précis comme la maîtrise totale du morceau de façon à pouvoir dire "un de plus dans mon répertoire".

Mais en fait ce qui est productif ou ne l'est pas dépend de la façon de voir la chose, de l'intégrer ou pas dans une idée plus large.

7. Le lundi 23 novembre 2009 à 18:04, par Natacha :

J'ai dû mal m'exprimer, car je classais dessiner comme quelque chose de productif, contrairement à lire un livre ou regarder un film, qui ne laissent aucun résultat objectif.

C'est dans cette période que j'ai commencé cette sorte de dessins, j'ai même aussi un peu écrit, avec des résultats assez catastrophiques étant donné mon manque de lecture.

Je classais aussi la musique comme une activité productive, même si la musique elle-même ne dure pas, l'entraînement et la compétence musicales restent (du moins tant qu'ils sont entretenus). Le jeu auquel je jouais à l'époque, Eve Online, était aussi productif à mes yeux, même la production n'est que des objets virtuels dans un monde imaginaire. Mais à l'inverse les jeux où rien n'est produit, même virtuellement (ce qui est le cas de pratiquement tous les jeux monojoueurs), et où les compétences ne m'intéressent pas ou ne me semblent pas accessibles, étaient « bloqués » par ce productivisme.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et je joue à Tetris ou à World of Warcraft (où le peu que l'on peut considérer comme produit est très rapidement dévalué) et je lis[http://instinctive.eu/moi/liste-lecture] sans aucun complexe.

8. Le dimanche 6 décembre 2009 à 23:01, par W :

Je pense qu'on peut parler d'un problème de flemme. La flemme, c'est avoir la possibilité de faire un effort en sachant qu'il serait récompensé, et choisir de ne pas le faire. Si je préfère le miel à la confiture de fraise ce n'est pas de la flemme, si je préfère manger des biscottes qu'aller me chercher du pain frais, c'est de la flemme.
Ton paradoxe dit juste que dans 2 situations différentes, ton choix consiste à rester dans la situation courante plutôt que d'aller vers l'autre. Soit c'est une sorte de conditionnement qui (à heure de la journée égale) te fait te sentir moins coupable de rester dans ton lit que d'y retourner, soit tu te fais une meilleure idée de ton lit quand tu y est que quand tu n'y est pas ("sensualité"), soit tu te fais une moins bonne idée de la "vie" depuis ton lit que depuis ladite vie.

En général, on appelle ça de la volonté.
Certaines personnes sortent de leur lit parce que dans la vie on sort de son lit, point.
D'autres le font en se suggérant à plus ou moins haute voix de se bouger, ~et plus vite que ça, espèce de grosse larve~, autrement dit en tirant légèrement sur la corde de l'estime de soi, si celle-ci n'est pas trop ou trop peu sensible ~haha la bonne excuse~.
Encore une autre possibilité est de se discipliner par quelques règles. Par exemple, si tu te lèves, tu ne te recouches pas. Tu veux manger ? C'est ton problème. Et c'est pas le moment de tricher : si tu as faim, va manger, paraît que c'est bon pour la santé, simplement tu ne te recouches pas après. Au pire tu peux tenter la schizophrénie ~mais oui, vas-y, tu pourra toujours revenir te coucher après - poisson d'avril, c'était pour rire, ah mais trop tard maintenant, t'as plus qu'à t'habiller~.

En tout cas, il faut faire de l'acte de se lever quelque chose de positif. ~Bravo, tu t'es levée !~ Si ta première pensée hors-lit est que tu est nulle de ne pas t'être levée plus tôt, c'est sûr que ça donne pas envie.

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  • Publié le 21 novembre 2009 à 18h06
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