L'espoir appelle la déception

Une des leçon que la vie s'est acharnée à m'inculquer est que l'espoir appelle la déception. Toujours. Alors pour éviter les affres de la déception, j'évite au maximum d'espérer.

J'ai discuté plusieurs fois avec des gens qui semblaient incapable de concevoir que l'on puisse choisir d'être pessimiste, que ce n'est pas (forcément) une caractéristique intrinsèque. Je soupçonne que ce soient des cas d'erreur fondamentale d'attribution, mais peu importe.

Je suis capable de biaiser volontairement mon point de vue vers le pessimisme, et je le fais surtout quand je suis plus fragile. En effet, c'est le genre de situations difficiles où l'impact négatif d'une mauvaise nouvelle est amplifié ; alors pour avoir plus de bonnes surprises que de mauvaises, j'ajuste mon appréciation des choses vers le négatifs.

Cependant tout cela s'applique à des situations extrêmes et relativement rares. Et pourtant d'aucuns me considèrent comme pessimiste. Ce qui est relativement vrai, mais en réalité je suis d'ordinaire agnostique. Finalement, la décision de m'embaucher est du même genre que ce qui m'arrivera après ma mort : ça se passe complètement hors de mon contrôle, et il m'est impossible d'avoir assez d'information pour faire ne serait-ce qu'une supposition éclairée. Il me semble aussi facile de pratiquer l'agnosticisme dans un cas que dans l'autre.

Cependant il me semble que tout ça est assez indépendant de l'espoir. L'optimisme, le pessimisme, ou l'agnosticisme évoqués sont des façons d'arbitrer entre des futurs potentiels pour déterminer son comportement présent, alors que l'espoir est le souhait de voir un futur potentiel se concrétiser.

Par exemple, il me semble tout-à-fait possible d'être pessimiste pour sa survie en raison d'un cancer ou d'une maladie grave et rapide, et faire les arrangements en prévision d'une mort prochaine, tout en continuant d'espérer une rémission.

Au cours de ma vie, j'ai subi de plein fouet les conséquences d'un espoir déçu, alors que je n'ai encore jamais rencontré d'aspect positif à l'espoir (contrairement à l'optimisme, même si je ne le pratique pas). Donc une possibilité qui ne peut conduire qu'à du négatif ou du nul me semble être à éviter.

C'est ainsi que j'ai démontré pendant de longues périodes que l'espoir n'est pas indispensable à la vie.

Le fait que l'espoir appelle la déception est évidemment plus difficile à justifier de façon générale. Cependant depuis plus de quinze ans, je n'ai pas une seule fois rencontré de situation où espérer n'aurait pas conduit uniquement à la déception, ou dans les cas reproductibles, qui n'aurait pas conduit à énormément plus (quantitativement et qualitativement) de déception que d'issues favorables.

J'ai été plutôt contente de moi après mes péripéties suisses, à aucun moment je n'ai succombé à l'espoir que ça se finisse bien.

Et pourtant récemment, j'ai succombé. Comme une conne. Comme une débutante. Je me suis répété pourtant plusieurs fois cette leçon. Mais rien n'y a fait. L'espoir s'est installé, petit à petit, et toutes mes tentatives pour le déloger ont échoué.

Un espoir idiot en plus. Celui d'avoir un jour un boulot que je ne détesterai pas.

Alors que je savais pertinemment que ma vie est mal négociée.

Et mécaniquement, évidemment, une déception monumentale, quand cet espoir a été détruit vendredi. Assez pour m'anéantir pour le week-end, aujourd'hui, et qui sait pour encore combien de temps.

C'est moche la vie.

Nous sommes de ceux qui lui sautent dessus quand ils le rencontrent, votre espoir, votre cher espoir, votre sale espoir !

Antigone, de Jean Anouilh

Commentaires

1. Le mardi 14 février 2012 à 14:13, par W :

Je ne suis pas d'accord avec ta définition de l'espoir (« le souhait de voir un futur potentiel se concrétiser ») et je trouve même qu'elle est en contradiction avec ce que tu en dis.

Je ne vois pas comment un simple souhait peut mener à une déception. Je souhaite posséder 1M€. Je suis à presque sûr que ça n'arrivera pas. Pas de déception.

Les définitions du Wiktionnaire me semblent bien :
espérer : Considérer l'objet de son souhait comme réalisable.
déception : Fait de subir une situation inférieure à ses attentes.

L'optimisme [inversement pour le pessimisme] serait, au choix, 1 le fait de s'attendre à un futur souhaitable (réaliste ou non) ou 2 la tendance générale à s'attendre à un futur plus souhaitable que ce à quoi on peut rationnellement s'attendre.

Ne pas m'attendre à posséder un jour 1M€ est pessimiste1 mais pas pessimiste2.
L'espoir ~ l'optimisme1 est une conséquence courante de l'optimisme2 mais n'est pas incompatible avec le pessimisme2 : on peut toujours espérer des choses réalistes.

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Toujours sur le plan théorique, j'aimerais bien savoir comment l'espoir d'avoir un jour un boulot satisfaisant peut être détruit d'un coup. Je ne connais pas grand chose au monde de l'entreprise, mais à ma connaissance les acceptations et rejets sont corrélés mais rarement en rapport de cause à effet : aucun ne détermine tous ou une grande partie des suivants. Comme tu as déjà parlé de tes forces et de tes faiblesses, je me demande ce qu'il peut y avoir de neuf.

J'essaie de rester dans le rationnel et d'être intéressant car je ne suis pas doué pour le réconfort ; en fait je crois que le fait que mon commentaire te procure plus de plaisir que de déplaisir est du même genre que ce qui m'arrivera après ma mort : ça se passe complètement hors de mon contrôle. N'est-ce pas ?

2. Le mardi 14 février 2012 à 17:20, par Natacha :

Prenons les points par ordre bordélique.

3) indépendamment des capacités au réconfort, j'ai trouvé que toutes les tentatives impliquant un écran ne sont jamais arrivées à la cheville de celles impliquant de la chaleur humaine et/ou du liquide. Du coup je n'attends pas vraiment de réconfort par ce weblog, j'ai tellement mieux à la maison…

En revanche, à défaut de réconfort, le divertissement me semble être la deuxième meilleure chose à m'apporter, pendant que le temps fait son œuvre en arrière plan. Et pour ça, une discussion rationnelle et intéressante est parmi les sources de divertissement les plus efficaces que je connais.

Donc tu as bien fait.

1) J'ai senti les difficultés de vocabulaire assez tard dans la conception de cet article, j'aurais peut-être dû revoir plus profondément sa structure avant de l'écrire.

Cependant, niveau définition, je n'aime pas tellement celle du wiktionnaire. Je suis plus en phase avec le TLFI, « Attendre avec confiance un bien que l'on désire; considérer comme possible et probable sa réalisation; considérer comme certaine une chose dont on n'est pas scientifiquement, objectivement sûr. »

En fait il me semble que tes 1 et 2 mélangent deux notions : le point de référence, avec un optimisme relatif (qui serait ton 1) qui ne considère que les futurs possibles entre eux, et l'optimisme absolu (2), qui introduit une référence « ce que à quoi on peut rationnellement s'attendre » ; ainsi que son étendue, avec un optimisme ponctuel (1), qui ne considère qu'un nœud de l'arbre des futurs possibles, et l'optimisme systématique (2, « tendance générale ») qui applique le même biais à un ensemble de nœuds. Donc, si j'ai bien compris, optimisme1 serait l'optimisme ponctuel relatif, que je trouve effectivement très proche de l'espoir, et optimisme2 serait l'optimisme systématique absolu ; mais il existerait aussi l'optimisme systématique relatif et l'optimisme ponctuel absolu. Et en fait, mon article parle d'optimisme et de pessimisme que dans le sens systématique (et relatif), et c'est en cela que l'espoir est bien différent.

Ce qui me gêne dans les -imismes absolus, c'est que « ce à quoi on peut rationnellement s'attendre » n'est pas souvent quelque chose de mentalement accessible. Par exemple pour une décision d'embauche ou ce qui se passe après la mort, il n'y a aucun moyen d'évaluer la référence. Et en fait il n'y a même pas de quoi estimer même vaguement la probabilité des différents futurs, d'où l'existence des heuristiques que sont l'optimisme et le pessimisme. Et alors l'agnosticisme que j'ai évoquer n'est que le refus de faire cette estimation, et de rechercher l'harmonie avec toutes les possibilités sans chercher à en privilégier.

D'autre part, je ressens une subtile nuance entre d'une part l'optimisme ponctuel et « souhaiter », et d'autre part « espérer » et « désirer ». Les deux premiers me semblent être simplement des biais dans l'heuristique pour évaluer la possibilité des différents futurs, dont on tire les conséquences avant de passer à autre chose ; tandis que les derniers me semblent impliquer un effort mental dans la durée, un peu comme s'il fallait entretenir activement une “suspension of disbelief”, ou s'il y avait besoin de repenser fréquemment aux futurs positifs pour repousser les futurs négatifs. On se raccroche à un espoir, mais pas à un souhait, il me semble.

Je soupçonne ce soit par là que « mon » espoir appelle la déception, contrairement à un simple souhait.

2) L'espoir d'avoir un jour un boulot que je déteste pas peut être détruit d'un coup lorsqu'il ne tenait qu'à un fil.

Ça fait depuis très longtemps que j'ai conscience du calvaire professionnel qui m'attend. Déjà le 27 juillet 2007 je l'avais prédit sur le weblog que je tenais à l'époque, et depuis toutes mes tentatives pour éviter cette fatalité se sont révélées être des échecs cuisants. Donc la perte de cet espoir est une sorte de retour à l'état de base.

Le fond du problème est que j'aime faire de la qualité. Maladivement. Dans tous les aspects de ma vie qui me viennent à l'esprit sur le moment. Je me demande si je n'aurais pas hérité (et amplifié) ça de mon père.

Et la qualité, ce n'est pas vraiment une valeur dans ce monde.

D'autant plus que la qualité demande un certain niveau de compétence, ce qui limite d'autant plus la gamme d'emplois que je peux sereinement occuper. Par exemple je pourrais probablement être recrutée comme prof' de collège dans une science, mais je serais une prof' catastrophiquement mauvaise devant ce public, faute de savoir gérer humainement ce genre de groupes.

Du coup, il n'y a guère que l'informatique que je sache faire suffisamment bien pour ne pas détester ce que je fais.

Le problème, c'est trouver un employeur qui veut aussi de la qualité. Parce que pour faire de la merde façon voyages-sncf.com dans sa mauvaise période, du vite-fait mal-fait qui doit juste avoir l'air de marcher le jour J, il y a des tonnes de postes disponibles. Mais je détesterais sévèrement faire ça, encore plus que dans l'exemple précédent, parce que j'aurais la capacité de faire assez bien à mon goût.

Du coup l'offre de travail en informatique s'est adaptée à la réalité de la demande : on trouve par wagons des abrutis capables d'assembler du vite-fait mal-fait qui a vaguement l'air de marcher. Donc le peu de gens qui cherchent de la qualité en informatique regardent suspicieusement tous les candidats.

Et comment sélectionner les perles capables de faire de la qualité dans cet océan de candidats abrutis ? On peut demander de l'expérience, les gens qui ont déjà produit de la qualité sont probablement capables de continuer à faire. On peut donner sa chance aux jeunes sans expérience, après s'être assuré qu'ils ont effectivement les qualités techniques et le bon état d'esprit.

J'ai encore mon casier judiciaire^W^Wcurriculum vitae à peu près vierge. Je peux encore forcer le passage dans la deuxième catégorie. Mais pour ça il faudrait qu'ils embauchent, ce qui n'est pas le cas.

Et comme il n'y a personne qui veut de la qualité qui embauche ces jours-ci, je suis fortement poussée à prendre le même chemin que les jeunes diplômés en informatique, et aller touiller de la merde en SSII. « S'il faut en passer par là pendant un ans ou deux… » qu'ils disaient.

Mais plus je produis de la merde, plus il sera difficile de convaincre qui que ce soit que je suis capable de faire beaucoup mieux que ça. Et plus je produis de la merde, plus je déteste ça, et plus ce que je fais devient encore plus merdique. C'est un cercle vicieux.

En candidatant en décembre dernier dans une entreprise qui fait de la qualité, et en ayant l'impression que les entretiens se passaient bien, je me suis mise à espérer pouvoir échapper à ce cercle vicieux, et pratiquer un travail qui me plaît.

Et avec la réponse négative que j'ai reçue, cette possibilité s'est fermée.

Pour échapper à ce cercle vicieux et au calvaire professionnel, il faudrait qu'une autre possibilité similaire se crée. C'est-à-dire trouver une autre entreprise, qui fait dans la qualité, qui embauche, et qui ne me jette pas pour les mêmes raisons mystérieuses que là où j'ai déjà candidaté. Chacun de ces critères est déjà en soi rare : comme dit les gens qui se préoccupent de la qualité sont rares en informatique, et ils n'ont pas un gros turnover, donc ils n'embauchent pas souvent. Autant dire que la conjonction de tout ça est de probabilité tellement abyssalement basse que posséder 1M€ devient réaliste en comparaison.

3. Le mercredi 15 février 2012 à 19:28, par W :

1) C'est vrai que la notion d'attente manque un peu à la définition du Wikitonnaire. Par contre je ne connaissais pas du tout l'aspect de certitude. J'aimerais bien avoir un exemple où il est clair que c'est ce sens qui est utilisé ; les exemples du TLFI ont du sens sans cela.

Pour les optimismes, c'est vrai que je mélangeais 2 directions. Je voulais surtout faire la distinction absolu/relatif.

Par contre je n'aime pas du tout ton nommage ! Dans tous les cas, on évalue un futur auquel on s'attend par rapport aux autres futurs auxquels on pourrait s'attendre. La différence est que dans un cas I on évalue par rapport à l'ensemble des autres futurs, et dans l'autre II on évalue par rapport au sous-ensemble (pas forcément défini, comme tu disais) des futurs vraisemblables. J'ai envie d'appeler le I absolu et le II relatif.

Si j'ai sans y penser associé optimisme I : ponctuel vs. optimisme II : systématique, c'est parce qu'il me semble que ce sont les paires qui ont un sens objectif.

Être au-dessus ou en-dessous de ce qui est réaliste, ce n'est qu'une erreur de jugement. Qu'Alice pense que Bob est optimiste II ponctuellement (ou constate, après coup, qu'il l'a été) n'est pas très intéressant, car ça ne lui dit pas si c'est un hasard ou un coup d'optimisme II habituel.

Quant à l'optimisme I systématique, dont tu prétends parler, je ne pense pas que ça existe : À chaque instant tu te projettes dans un avenir plus ou moins proche pour faire des prédictions qui se révèlent justes la plupart du temps. Par exemple : dans une minute, je serai encore vivant. Si je lâche ce verre, il tombe. Répondre sincèrement toujours oui ou toujours non à ces questions donnerait droit à un séjour gratuit dans un endroit calme et capitonné.

Le cas où la vraisemblance "n'est pas mentalement accessible" ne pose pas problème : c'est juste un cas particulier : on ne sait rien. Alors le réalisme est l'agnosticisme. S'attendre à du positif est optimiste II. Ponctuellement l'optimisme II coïncide avec l'optimisme I. Mais seul le II peut être systématique. De toute façon, si on est certain du futur, l'optimisme II est idiot ; pour qu'il y ait de l'optimisme II, il faut qu'il y ait une incertitude.

4. Le jeudi 16 février 2012 à 0:14, par W :

2) Ta "démonstration" de désespoir sous-entends que la seule activité que tu ne détesterais pas serait de faire quelque chose dans ton domaine de compétences actuel et de le faire bien.

En commentaire à ton billet du 10 octobre, Nimue t'avait suggéré la fonction publique et tu avais dit que tu regarderais. Quid ?

6. Le vendredi 17 février 2012 à 15:35, par Fred :

Oh mon Dieu, je crois que tu m'as cité quand tu as dit :
S'il faut en passer par là pendant un ans ou deux…
J'en suis très honoré...
Ca, c'était pour la partie détente.

Plus sérieusement, je pense qu'effectivement, à s'attendre au pire, on est jamais vraiment déçu... Sauf en cas de bonne surprise (je sais, c'est compliqué).
Et qu'est-ce qui peut bien empêcher sur cette Terre que la bonne surprise sus-citée ne t'arrive pas ???

7. Le dimanche 26 février 2012 à 18:56, par Natacha :

W sur absolu/relatif : On ne peut évidemment pas évaluer un futur possible par rapport à autre chose qu'un futur possible. Cependant la différence fondamentale à mes yeux n'est pas une question de taille du sous-ensemble ou de vraisemblance : comme dans toute théorie rationnelle, tout est pondéré par le risque, ce qui inclut la vraisemblance. La différence est entre munir l'ensemble pondéré des futurs possibles soit d'une relation d'ordre seulement, soit d'une relation d'ordre et d'une origine. Cette origine permet d'attribuer une mesure intrinsèque à un futur possible donné, d'où l'« absolu », alors que sans cette origine on ne peut comparer que des futurs entre eux, ce qui rend le système « relatif ».

Notons au passage que cette relation d'ordre est généralement partielle, en plus. Du coup il faudrait que l'origine soit comparable avec tous les éléments de l'ensemble ; or implicitement dans ces discussion l'origine était le futur le plus vraisemblable, ou le plus probable, ce qui en plus d'être généralement une information inaccessible, est rarement comparable avec tous les futurs possibles (pour que ce soit le cas il faudrait qu'il n'y ait aucun compromis).

En fait tes exemples invraisemblables ou dont toutes les alternatives sont invraisemblables me semblent pourrir la discussion. Être vivant dans une minute (hors contexte particulier) ou voir le verre tomber si on le lâche sont des faisceaux ne contenant qu'un seul futur raisonnable à évaluer. Parler de relation d'ordre ou d'origine sur un singleton n'est jamais un exercice fascinant. Je considère que les notions d'optimisme et de pessimisme n'ont pas de sens dans ces cas là.

Une fois ce bruit éliminé, il ne reste que les paragraphes 5.

« Être au dessus ou en dessous de ce qui est réaliste » ressemble à vouloir le système d'une origine, en se rendant compte des soucis provoqués par le fait que la relation d'ordre est partielle, et essayer de s'en sortir avec un sous-ensemble origine. Mais à moins d'une subtile nuance qui m'échappe entre « réaliste » et « vraisemblable », ce qui n'est pas réaliste ne vaut pas la peine d'être évalué, et n'est pas dans l'ensemble de futurs possibles. Du coup l'origine est égale à l'ensemble tout entier, ce qui n'est pas terrible pour une origine. Mais surtout, la suite de ton paragraphe sous-entend qu'optimisme et pessimisme soit en dehors de ce qui est réaliste, ce qui est caricatural au point d'être faux.

Cela dit, optimisme et pessimisme, sont par essence des biais dans le jugement, et peuvent naturellement conduire à des erreurs. Cela n'a rien à avoir avec le fais que ce biais soit systématique ou appliqué à une évaluation de futurs particulière. Effectivement, Alice ne peut rien déduire de général ou systématique sur Bob à partir d'une seule observation, mais ça arrive très fréquemment, sur beaucoup de systèmes et de déductions.

W sur la démonstration : elle ne sous-entend que le fait que les seules activités que je ne détesterais pas seraient de faire quelque chose bien. Le pluriel est important.

Cependant faire quelque chose « hors de mon domaine », c'est-à-dire que je ne sais pas faire, est soit intrinsèquement idiot et pénible, soit quelque chose que je ferais mal, faute de compétence. D'ailleurs c'est sous-entendu dans ton deuxième paragraphe : personne ne m'embaucherait pour faire un boulot que je ne sais pas faire. Personne, sauf quelqu'un qui prendrait d'abord le temps de m'apprendre le boulot en question.

Pour autant que je sache, ça veut effectivement dire « personne, sauf la fonction publique » (celle qui ne remplace pas un départ sur deux, là).

D'abord, cette possibilité soulève la terrible question : « Quel boulot ? » C'est terrible, parce que je n'en ai pratiquement aucune idée, « le faire bien » est le seul filtre que je me suis trouvé. Si un génie apparaissait et me proposait de me donner les compétences pour n'importe quel boulot de mon choix, je ne saurais pas quoi lui répondre (en fait si, médecin ou magistrat, mais dans la vraie vie ce n'est pas quelque chose dont la formation m'est accessible).

Malgré ça, j'ai quand même essayé de regarder, jusqu'à me perdre dans le labyrinthe des sites web de la fonction publique, sans trouver d'information pertinente par rapport à mon autre contrainte professionnel, qui est géographique. J'avoue ne pas m'être acharnée sur cette piste, justement parce que je me suis mise à espérer stupidement.

J'y retournerai probablement dès que j'aurai retrouvé suffisamment de courage.

Fred, effectivement c'est toi que je citais, mais vu que c'était un extrait de communication privée, publié sans accord préalable de son auteur, j'ai préféré ne pas le rendre reconnaissable.

Et rien n'empêche une bonne surprise de m'arriver, même si je ne l'attends pas. Et justement, ne pas l'attendre lui donne plus de chance d'arriver, vu qu'autrement ces mêmes évènements ne seraient pas une surprise, ou bien même une mauvaise surprise.

Cependant, je ne vois sincèrement rien de rationnel pouvant laisser imagine une vague possibilité d'éventualité raisonnable de bonne surprise.

Par chance, je ne suis pas omnisciente. Puissè-je me tromper.

8. Le jeudi 1er mars 2012 à 22:06, par W :

imismes > À partir du moment où on parle d'optimisme, on suppose que ça a un sens, c'est-à-dire que le futur attendu par le sujet est préférable à autre chose.

Pour le reste, je ne crois pas qu'il y ait besoin d'ériger un mur entre les futurs vaguement probables et les cas pathologiques. Tous les futurs imaginables sont pondérés (par la personne dont on parle) d'une probabilité, très faible pour la plupart, non négligeable pour quelques-uns. Le réalisme et l'optimiste sont des sous-ensembles de l'ensemble des fonctions qui associent à chaque futur un poids. À une connaissance de la réalité donnée on peut associer une fonction réalisme et une classe de fonctions optimisme. La fonction réalisme associée à l'omniscience associe 1 à un futur et 0 à tous les autres.

boulot > J'imagine qu'entre les boulots fondamentalement idiots et ceux qui te sont inaccessibles faute de compétence, il devrait se trouver un niveau intermédiaire où il serait possible mais pas inintéressant d'apprendre sur le tas. Malheureusement, je n'ai pas de démonstration, constructive ou non.

9. Le mercredi 21 mars 2012 à 10:17, par Natacha :

« Tous les futurs imaginables sont pondérés (par la personne dont on parle) d'une probabilité, […] » Justement non, il n'y a que les machines (ou peut-être quelques génies) pour manipuler des probabilités : c'est un système beaucoup trop rigide. C'est pour ça que j'évoque depuis le début la théorie de la possibilité, qui est beaucoup plus adaptée.

Et il me semble justement que pessimisme, réalisme et optimisme ne diffèrent pas tant par l'évaluation des possibilités (ou des probabilité quand/si ça a un sens) que par l'allocation des ressources mentales, voire aussi des autres, à chacun des futurs envisagés.

En d'autres termes, l'optimiste n'est pas quelqu'un qui considère comme impossible quelque chose de négatif et possible (ça c'est quelqu'un de mauvaise foi), c'est plutôt quelqu'un qui choisit les compromis qu'il fait dans le présent de façon a bénéficier des issues positives.

Dans un exemple purement fictif, supposons que je travaille loin d'un partenaire romantique, de sorte qu'un abonnement de transport annuel soit avantageux après trois mois. Au moment du renouvellement de cet abonnement, une incertitude plane sur mon avenir professionnel. On peut tergiverser comme on veut sur les probabilités et les possibilités, on ne peut pas échapper au fait que l'issue est complètement inconnue et que chacune des issues est parfaitement possible. Alors l'optimiste va renouveler l'abonnement, en pariant sur une issue professionnelle favorable, tandis que le pessimiste ne le renouvèlera pas avant que l'incertitude soit levée. Et ce que j'aime à croire être le comportement du réaliste (mais je ne suis peut-être pas objective), ou au moins du rationnel, est de compter que miser sur l'issue positive et perdre coûte environ quatre cents euros, tandis que miser sur l'issue négative et perdre ne coûte qu'une cinquantaine d'euros, ce qui rend le comportement du pessimiste plus intéressant.

Quant au boulot, je n'ai pas réussi à exhiber d'exemple non plus, ce qui me fait douter de leur existence. Et quand bien même il existerait un tel boulot intéressant à apprendre sur le tas, comment l'attendre ? Je n'ai que ma parole pour persuader quiconque que je suis effectivement motivée et prête à apprendre. C'est déjà intrinsèquement très léger, et si ça ne doit se jouer qu'à la parole, il y a trop de gens qui la manie beaucoup mieux que moi pour que j'aie une chance.

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  • Publié le 13 février 2012 à 19h09
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