L'envers de la surprise

Il m'arrive souvent de dire à qui veut l'entendre que j'aime beaucoup les surprises. Ça fait assez longtemps que je trouve que ma vie manque de surprises organisées par des gens auxquels je tiens. Par contre je me suis récemment rendue compte que je n'ai rarement (peut-être même jamais) organisé de surprise pour quelqu'un auquel je tiens.

Jusqu'à récemment.

En effet, il y a quelques jours, c'était l'anniversaire de mon compagnon. Et contrairement à d'habitude, où je cédais au consumérisme aveugle et stupide, j'ai confectionné un cadeau d'anniversaire. En secret, donc.

Ce n'est pas pertinent pour le sujet de cet article, mais le cadeau en question était la liste des cinq cents livres stockés dans des cartons dans sa cave, avec leur emplacement approximatif. Et ça m'a pris beaucoup plus de temps que j'en avais prévu.

Ce qui m'a marquée dans cette expérience, c'est que le plus difficile n'a finalement pas été la manutention de cartons de vingt kilos fragilisés par l'humidité, mais de garder l'élément de surprise. J'ai dû faire tout ça dans le secret.

J'ai dû contenir mon enthousiasme pour certaines découvertes que j'y ai faites, et ne rien laisser paraître en sa présence. J'ai dû faire attention à remettre dans son état précédent tout ce que mon activité secrète a pu chambouler. J'ai angoissé en remarquant tout les chamboulements que j'avais ratés, mais que je ne pouvais rectifier après son retour, sous peine de porter son attention sur l'imperfection en question. J'ai dû faire attention lors de mes changements de bureau virtuel, au risque de faire apparaître une photo compromettante. J'ai dû rester vague sur mon emploi du temps. Par chance, je n'ai pas eu besoin de mentir, je me demande si j'en aurais été capable ; en tout cas j'ai pas mal angoissé sur la possibilité d'être amenée à lui mentir.

Bon mon compagnon n'a remarqué aucun des chamboulements non-corrigés, ni aucune des quelques dizaines de fois où une photo compromettante est apparue sur mon écran pendant quelques dixièmes de seconde. Quelle chance qu'il n'ait pas un sens de l'orientation holmesien (ou alterperceptif). Par contre il a bien noté un manque de réactivité suspect sur messagerie instantanée.

Évidemment, j'ai tout de suite pensé au parallèle avec le fait de lui cacher autre chose, qui ne lui plairait sans doute pas du tout : une relation hors-couple. Le paragraphe en « J'ai dû… » s'y applique exactement, au mot près. J'ai lu plusieurs fois que ce serait justement tout ça donnerait le plus d'intérêt à ce type de relations. Et j'avoue que je ne vois pas du tout comment c'est possible, vu à quel point ça a été un calvaire pour moi, malgré mes inclinaisons naturelles.

Alors c'est vrai qu'on pourrait argüer que nous sommes encore un jeune couple. On est encore à plusieurs mois de la date de péremption de l'amour, chimiquement fixée à trois ans, paraît-il.

Pourtant la confiance est tellement fondamentale dans toutes les formes de relations que j'arrive à imaginer, que je n'arrive pas à me croire capable de duplicité (même sans mentir) envers quelqu'un que j'aime.

Et vous, arrivez-vous facilement à cacher une bonne surprise à quelqu'un qui vous est cher ? Et une mauvaise ? Suis-je dans une minorité à garder tous mes placards grand ouverts et sans squelette ?

Commentaires

1. Le lundi 5 mars 2012 à 14:11, par Fred :

Je trouve que les bonnes surprises sont les plus difficiles à cacher parce qu'on est trop impatient de les dévoiler.
De plus, suivant la personne à qui l'on cache, celle-ci peut s'imaginer qu'on lui cache non pas une bonne mais une mauvaise surprise et du coup, on se sent piégé.
Pour les mauvaises nouvelles, c'est plus facile car de toutes façons, on n'a jamais envie d'en parler (ou alors avec quelqu'un d'extérieur à la mauvaise nouvelle pour se soulager un peu).
Pour ce qui est d'être dans une minorité, je pense que oui, tu y es !! Tout le monde a des cadavres à cacher mais c'est acceptable et humain dans le sens où tout n'est jamais blanc ou noir.
Et puis mentir par omission, ça peut aussi être vu comme une manière de protéger l'autre.

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  • Publié le 27 février 2012 à 0h24
  • État de la bête : épuisée physiquement et mal au dos
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