Dissonance cognitive
Il y a des moments où je déteste ma vie. Ils sont relativement fréquents, en tout cas beaucoup trop à mon goût, mais peu importe, ce n'est pas si grave.
Il y a aussi des moments où je déteste l'univers et tout le reste. À tel point que je ne sais plus trop distinguer si je déteste vraiment tout ou si c'est juste moi-même que je déteste tellement fort que ça diffuse partout. Ces moments sont heureusement plutôt rares, car je déteste vraiment être dans cet état. Maintenant, c'est un moment comme ça.
Je ne comprends pas très bien comment je me suis mise dans cet état. J'imagine que ma situation générale, qui était quand même extrêmement glauque jusqu'à très récemment, m'a fragilisée ; et qu'ensuite il y a une malencontreuse succession d'informations qui est passée par ma tête.
C'est un fait connu que je ne suis pas à l'aise avec les sujets en rapport avec la sexualité, en particulier le viol, l'adultère et la promiscuité. Soit.
Mais d'habitude, ça ne me met pas dans un état aussi désastreux. Du moins, pas sans que je m'en rende compte. Et en l'occurrence, chaque élément pris séparément serait tout à fait gérable.
Mais alors pourquoi est-ce que j'ai passé toute la nuit à pleurer !?
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J'ai commencé hier à regarder la deuxième saison de la série Life. Il y est à un moment question d'une fille qui va à une « mauvaise fête », dont elle n'a aucun souvenir (sinon qu'elle n'a pas surveillé sa boisson). Avec ce que l'on peut imaginer de la part des organisateurs…
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Dans cette même série, on trouve le héros qui franchit largement la deuxième base avec son ex-femme remariée, et ce n'est que par un grand effort de volonté de cette dernière que ça n'est pas allé plus loin.
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Ce matin, dans la Vraie Vie, on me dit que pour gérer ma LDR, en particulier les week-ends où mon copain n'est pas disponible, il faut que je me trouve un hobby. Par exemple, un amant. (oui, le contexte était clairement à la plaisanterie ; oui, je l'ai bien pris ; non, ça n'est pas normal que ça m'affecte, et je suis sûre qu'en d'autres temps ça ne m'aurait rien fait)
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Ce midi, je parle de la société « hypersexualisée » dans laquelle on vit, et dans laquelle il paraît que ce n'est pas tenable d'inclure une exclusivité sexuelle dans le contrat de couple. On parle du « parasitage » sexuel omniprésent.
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Plus tard on me parle d'une gamine dont la première fois était juste avant ses quatorze ans.
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Plus tard on parle des choses complètement has-been du vingtième siècle, comme l'amour, ou la stabilité d'un couple. De nos jours, il n'y a plus que des bons coups et puis c'est tout.
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La société de consommation appliquée à la sexualité en la faisant passer pour l'amour.
Comme dit, il n'y a rien de nouveau ni de très méchant dans tout ça.
Il y a plus que ça. Un peu comme si tout ça s'était aggloméré en une grosse entité monstrueuse, que je n'arrive pas à décrire avec des mots. Une monstruosité qui n'a pas l'air de vouloir s'arrêter de me tourmenter.
Je ne me retrouve pas du tout dans cette description de la réalité. Je ne peux pas faire partie d'une société comme ça. Je ne veux pas.
Plus tu vivras dans ce monde, plus tu te rendras compte à quel point tu lui es étranger.
Whistler, à Angel
Mes valeurs ne correspondent pas du tout à ce qu'on me présente comme étant la société actuelle. Mais où que je regarde, je ne vois qu'elle. Je ne pourrais pas m'intégrer dans une société comme ça, même en y mettant toute ma force.
Pourquoi n'y a-t-il rien d'autre ?
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à m'en détacher ?
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à faire confiance à mon entourage pour ne pas en faire partie ? à mon copain pour ne pas me considérer comme un objet de consommation ?
Pourquoi est-ce que ça me met dans un tel état ?
Pourquoi est-ce que je suis comme ça ?
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à m'en sortir ?
Je n'ai jamais eu de réponse intéressante à mes questions en Pourquoi, et aujourd'hui n'est pas une exception.
Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Commentaires
1. Le dimanche 29 août 2010 à 12:33, par Roberta :
WTF?
2. Le dimanche 29 août 2010 à 15:39, par _FrnchFrgg_ :
Rapport à la société hypersexualisée, je suis effaré par les clips et chansons actuelles (écouter Fun Radio ou regarder M6 Music pour un bon échantillon)... C'est vulgaire, obscène à la limite du porno, et la grande mode depuis peu c'est les filles qui chantent adorer le cul et rien que le cul (comme la chanson "Why don't we just fuck").
Et j'ai vu une gamine de 10 ans passer ses journées devant ces clips... Je trouve ça limite, mais je dois être vieux jeu.
3. Le mardi 31 août 2010 à 11:57, par Cenwen :
Pour ma part, je pensais que c'était à cause de mon âge que je réagissais par la négative à ce que je vois tous les jours à la télévision, sur le net ou simplement dans ma cité.
Ta réaction me rassure et je me sens moins seule, et encore moins si je lis le commentaire de _FrnchFrgg_
Le sexe comme argument de vente d'un bonheur éphémère et frelaté, nouveau paradis artificiel, ce n'est pas nouveau. Ce qui l'est c'est qu'il est devenu tellement présent, qu'il s'en est banalisé à l'extrême et que ça n'a pas l'air de déranger grand monde en dehors de certain(e)s d'entre nous.
Je ne prône pas un retour à la chasteté et à la morale façon XIX ème siècle (et à son hypocrisie), mais un peu de décence.
J'ai été effarée cet été à la lecture de mon quotidien et du nombres "d'incidents" qui se sont déroulés en France. J'ai en mémoire celui qui s'est déroulé sur une plage de Marseille et dont les auteurs (mineurs) n'ont absolument pas saisi la gravité de l'acte qu'ils venaient de commettre et étaient retournés se faire tranquillement dorer au soleil -_-
Je sais que ça va faire vieux jeu, mais tant pis : je pense profondément que les parents par leur manque de repères personnels, leur quête du plaisir, de même que l'abandon de toute morale religieuse (chrétienne en ce qui me concerne, même si je ne suis pas pratiquante) sont en partie responsables de ce qui se passe de nos jours.
Les parents sont à la dérive,l'Eglise n'est plus présente sur le terrain, l'Ecole a abandonné. La publicité et les médias ont pris les places vacantes. Et au nom de la "Liberté des Artistes" on ne censure plus (sauf dans le cas où on prône de "tirer dans la face des flics" et encore, pas sûre que la Justice ne relaxe pas l'auteur du texte dans quelques temps...)
C'est aussi bien beau de prôner la libération sexuelle et d'avoir brûler son soutien-gorge dans les années 70 (j'avais 6 ans, je précise^^), mais ça n'a rien arrangé.
Ne te sens pas seule, et surtout, ne te sens pas mal. L'image que nous renvoie la société est assez pourrie dans ce domaine (comme dans d'autres), mais pour beaucoup d'entre nous, le sexe est une composante d'une relation saine et équilibrée, empreinte de respect et d'amour au sein du couple.
Tu finiras par t'intégrer. Je te rassure :) Ce n'est pas toujours facile, surtout si comme moi, tu as tendance à ne pas vouloir faire de compromis avec ta morale et ta conscience ;) )
Quant à te donner une réponse à ton "pourquoi" je ne suis pas qualifiée et je ne te connais que par le biais de tes billets, je ne peux que partager un point de vue, une réflexion et des idées avec toi.
Ma réponse personnelle c'est que la société est devenue "hors la norme", "hors la loi". Ce n'est pas toi qui "bug" c'est elle.
Si tu veux me contacter, tu as mon mail :)
Ne te laisse pas abattre surtout. Construit ta vie sur ton modèle et uniquement le tien. (même si il est en décalage avec ce qu'on veut nous faire avaler).
Prends bien soin de toi!
Bisous :)
4. Le jeudi 2 septembre 2010 à 3:15, par W :
Deux aspects : 1/ une société "hypersexualisée", 2/ une société dans laquelle l'amour / les sentiments ont peu de valeur. Le lien est que, pour des raisons historiques, le "contrat" de relation amoureuse comprend généralement une clause d'exclusivité pour ce qui concerne le sexe.
Je n'ai pas grand chose à dire sur 2/. Sur le lien entre 1/ et 2/ : l'avantage (pour les sentimentalistes) est que ça donne une certaine valeur à l'amour (si ça ne coûtait rien ça ne voudrait rien dire ?). L'inconvénient est que si on maintient le lien dans une société hypersexualisée, l'amour devient has-been. En ce qui me concerne je ne vois pas de raison d'être au lien, mais il y a beaucoup de choses que j'alter-perçois ou que je ne perçois pas du tout dès qu'il s'agit d'amour.
Concernant 1/, est-ce qu'il s'agit "juste" de sujets avec lesquels tu n'es pas à l'aise, sans raison précise, ou est-ce que tu as des arguments ou préférences justifiées en faveur d'une société non hypersexualisée / "d'un peu de décence", en plus du problème soulevé § précédent ?
Cette question est tout autant pour Cenwen, parce que les 2 jeunes de Marseille, on a bien du leur dire qu'une agression était beaucoup plus grave à certains endroits du corps qu'à d'autres, et si ça ne les a pas marqués, c'est bien qu'on ne leur en a pas donné la raison, et je serais bien embêté s'ils venaient me la demander à moi, la raison.À part ça je pense que les clips de M6 Music^W^W W9 ne sont pas représentatifs de ce qu'est notre société, mais du maximum de ce qu'elle tolère à l'écran (puisque ce qui est sexy fait vendre, et ça c'est pas nouveau). Si on regarde autour de soi ou dans les films et séries, on en voit encore plein des trucs has-been du XXe siècle : des couples, une monogamie /sociale/ ou (plus souvent) /sérielle/ [1], des mariages... Oui, le pape qui prêche l'abstinence peut aller se faire voir, et on voit "le héros qui franchit largement la deuxième base avec son ex-femme remariée", mais cette dernière va probablement faire le "grand effort de volonté" pour que ça n'aille pas plus loin, parce que oui, encore de nos jours, le fait de passer un moment agréable avec son ex est un motif de rupture. Il y a le fait que l'homosexualité puisse encore poser problème ; le fait que je n'ai jamais entendu IRL quelqu'un se vanter d'être allé dans un sex-shop ; la paranoïa sur la pédophilie [2]...
Notons que tout ce que je dis là, ce n'est pas pour justifier un comportement particulier, c'est vraiment ce que je pense en théorie ; en pratique IRL je suis plutôt puritain.
Ah, et je ne peux pas m'empêcher de demander : Cenwen, quand tu dis regretter spécifiquement une morale religieuse, tu fais bien référence à des règles édictées par un pouvoir non démocratique qui ne peut pas ouvrir la bouche sans donner une valeur de vérité à des choses (au mieux) irréfutables [3] ?
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Monogamie
[2] http://www.madore.org/~david/weblog/2008-08.html#d.2008-08-01.1563
[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfutabilité
5. Le jeudi 2 septembre 2010 à 14:46, par Roman Age :
C'est marrant à quel point on peut ressentir les choses différemment, je suis plutôt d'accord avec W, je ne vois pas de société hypersexualisée autour de moi.
Il y a beaucoup de choses qui me dérangent, mais ce n'est pas spécifique au sexe, plus à la sous-culture en général, les séries débiles, les clips pour abrutis, mais tout cela n'est pas représentatif de la société, le but est purement commercial comme l'a dit W, ce qui vend le plus n'est pas ce que les gens approuvent et trouvent normal dans leur vie.
Un conseil: arrêter de regarder des séries américaines (ou autres!).
6. Le jeudi 2 septembre 2010 à 17:37, par Natacha :
_FrnchFrgg_, on est tellement XX° siècle que ç'en est désespérant : je partage toutes tes observations. Et pour une fois c'est moi qui ai un terme plus large que toi, car je qualifie ça complètement de « porno » (et non pas seulement « à la limite »), car même si ce n'est pas explicite, ça en garde les mêmes schémas.
Cenwen, du coup moi aussi je me sens moins seule \o/
Étrangement, je ne mettais pas tellement ça sur le dos des parents, mais plus sur celui des publicitaires et des capitalistes qui ont réussi à mettre en place une mentalité de plaisir immédiat et égoïste. J'avoue cependant que je n'ai plus d'éléments tangibles en faveur de mon interprétation que de la tienne, et je ne serais pas surprise que la réalité soit finalement une combinaison des deux.
La libération sexuelle me semble être de base une bonne chose, et je considère la porno-isation de notre époque comme un recul féministe. C'est un emprisonnement dans les clichés du genre, qui ne me semble pas plus enviable que l'emprisonnement dans le puritanisme chrétien.
Et merci pour tes deniers paragraphes, ça me réchauffe vraiment le cœur.
W, étrangement je ne mets pas de lien causal entre ton 1/ et ton 2/. Je verrai plutôt la dévalorisation des sentiments comme causés par le consumérisme et l'instantanéité mis en place à grands coup de pub'. Le 1/ n'a pas suivi le même chemin, et si les publicitaires ne se sont pas privés de l'exacerber, je ne serais pas surprise que ses racines profondes soient ailleurs (par exemple la libération sexuelle, ou l'« interdit d'interdire », ou la réaction au puritanisme, etc).
Il y a une incompatibilité profonde entre une société « hypersexualisée » et moi, mais seulement à cause des quelques points qui sont les sujets sur lesquels je ne suis pas à l'aise. Je n'ai aucun problème personnel direct avec l'existence de YouPorn ou des clips évoqués par _FrnchFrgg_, et je pourrais tout à fait m'intégrer dans une société qui les intègre aussi. En tant que philosophe j'ai tendance à penser qu'ils sont la cause des points qui me dérangent, mais c'est une interprétation dont je doute suffisamment pour ne pas oser faire quoi que ce soit de concret pour eux (une présomption d'innocence, en quelque sorte).
Je n'ai absolument rien d'objectif ou de rationnel contre l'hypersexualisation de la société, je n'ai que son incompatibilité avec moi. Si pour survivre je dois m'en exclure, et me retrouver dans une communauté marginale comparable aux "lotech" des univers cyberpunk (des "losex" ?), soit, je ne prétendrai pas avoir plus raison qu'eux. Après c'est une société largement au détriment des femmes, mais bon, d'aucuns diraient que c'est un juste retour de l'Histoire après une anomalie féministe, hein ?
Quant à l'histoire de Marseille, est-ce que tu comprends pour quelle raison un grand coup de crayon (qui est une forme d'agression) est beaucoup plus grave à certains endroits du corps (par exemple les yeux ou la carotide) qu'à d'autres (par exemple le quadriceps) ? Et ben c'est pareil ici. Le fond du problème c'est la confusion entre sexualité réelle et porno, qui est facilitée par le fait que chez les mecs ça marche pareil. Sauf que voilà, les filles ça ne marche pas comme ça. Insérer quoi que ce soit où que ce soit dans une fille qui n'a rien demandé lui fera effectivement pousser des cris, mais certainement pas de plaisir. C'est juste pas comme ça que ça marche dans la vraie vie. Tout ça c'est juste physiologique, c'est avant de se poser la question des dégâts psychologiques (que je concède être au moins en partie dépendants de la culture).
Il reste effectivement du XX° siècle autour de moi, et encore plus dans les séries, mais non seulement je suis dans un environnement relativement protégé, mais malgré tout je vois à quel point ce n'est qu'une façade derrière laquelle tout s'écroule progressivement.
Et je te rejoins sur la question à Cenwen concernant la morale religieuse. J'ai personnellement un avis très cartésien : je pense que pour la cohésion d'une société une morale est nécessaire ; toutes les morales ne se valent pas ; c'est intellectuellement compliqué de construire une morale raisonnable, et en attendant de l'avoir une morale religieuse c'est mieux que rien. J'ai l'impression qu'on a laissé tomber la morale religieuse un peu trop tôt et qu'on n'a rien pour la remplacer. Certainement pas le consumérisme qui sert d'idéologie par ici.
Romage Age, tu es gentil, mais je sais faire la différence entre une série américaine et la société dans laquelle je vis, merci. Serait-ce seulement un hasard la série Life et le terme « hypersexualisée » sont utilisé dans deux points très différent, dans un contexte complètement différent ? Et au cas où tu en doutais, je sais même faire la différence entre un adultère et un viol, alors que les deux sont dans le même paragraphe. Dingue, non ?
Au passage, je ne suis pas la seule à voir la société comme « hypersexualisée », c'est même pour marquer cette citation que j'ai mis des guillemets autour [http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/08/07/la-sexologue-esther-perel-reinvente-le-couple_1396484_3224.html].
Manifestement ce que les gens autour de toi approuvent et trouvent normal dans leur vie est très différent de l'équivalent pour les gens autour de moi.
7. Le vendredi 3 septembre 2010 à 1:19, par W :
Pour le viol, je n'en cherchais pas une justification, et rassure-toi, je pense être capable de déceler une différence entre un film porno et la vie réelle. Je disais juste qu'il me semble que même à violence / blessure physique comparable, le viol est considéré beaucoup plus gravement qu'une agression non sexuelle (on a même défini un crime spécial). Mais ce n'est qu'une impression, je ne connais en fait rien sur le sujet, que ce soit en droit, sociologie ou autre. Dans tous les cas, pas la peine d'en faire une guerre inter-genres.
À ce sujet, je ne vois pas pourquoi l'hypersexualisation de la société se ferait nécessairement au détriment des femmes. Il est vrai qu'à peu près toute la pornographie semble viser un public masculin, mais il me semble que c'est la demande, et pas un complot, qui engendre l'offre. Si la non-parité dans la demande avait une "vraie raison" (biologique ou quoi), alors il n'y aurait pas à s'en plaindre, et sinon les mentalités finiront par changer, for the best. Notons qu'en "revanche", si on pense "sextoy", on pense d'abord à un sextoy pour femme.
À part ça il y a plein de choses qu'on peut voir comme une mode de la démarche cartésienne : on remet en question tout ce qu'on peut, pour reconstruire ce qui a une Raison et virer ce qui ne sert plus à rien. En clair, reconnaitre que le fait d'être une tradition ne donne aucune légitimité. Ça vaut pour les tabous sur la sexualité, le mariage pour la vie... des pans de la morale religieuse. Ça pose problème si une personne ou une société est assez intelligente pour démonter mais pas pour reconstruire ce qui lui est effectivement utile. Je pense malgré tout que cette démarche est saine, je la pousse généralement assez loin et j'invite les autres à en faire autant.
8. Le vendredi 3 septembre 2010 à 11:38, par Natacha :
W, je pensais bien que tu saurais faire la différence entre porno et réalité, je n'en attendais pas moins de toi. Il n'y a que les garçon impliqués dans l'histoire marseillaise, ainsi qu'une large part de la population, qui me semble affectés. Je n'ai fait intervenir cette confusion et les différences hommes/femmes que pour expliquer comment, à mon avis, ils ont pu en arriver là : en prenant le porno pour des documentaires on arrive naturellement à la conclusion qu'une pénétration surprise est agréable pour la fille, comme si c'était l'équivalent d'une fille qui viendrait par surprise caresser la verge de l'un d'entre eux. Les différences entre les genres font que ce n'est pas le cas.
En revanche tu demandais pour quelle raison une agression à certains endroit du corps est pire qu'à d'autres, et je t'ai donné la fragilité et la sensibilité des organes impliqués, ce qui me semble tout à fait valable comme raison, en plus des éventuelles implications psychologiques qui sont beaucoup plus difficiles à quantifier et à généraliser.
Après la différence entre un viol et une agression sexuelle, et pourquoi le premier est plus grave que la seconde, c'est juste un reste hétéropatriarcal presque aussi immonde que l'interdiction pour les femmes de porter un pantalon (à moins d'être à côté d'un vélo), donc je ne m'étendrai pas plus là dessus.
L'hypersexualisation en soi ne me semble pas nécessairement au détriment des femmes, et je pense qu'il existe des instances de sociétés hypersexualisées dans lesquelles je serais à l'aise. L'instance particulière dans laquelle nous nous trouvons (du moins pour ce que j'en perçoit), qui exacerbe plus sur le modèle de la pornographie que sur une sexualité plus saine, me semble par contre clairement au détriment des femmes. Le porno non seulement répond à une demande masculine, mais il est aussi conçu pour ne pas répondre aux demandes féminines (c'est de la généralisation, il y a bien sûr des exceptions dans tous les sens, mais c'est très majoritairement ça) [ça commence à trop souvent que la référence de cette affirmation me manque]. "Why don't we just fuck" c'est un comportement masculin, les filles ne marchent pas comme ça. Pareil pour se faire attraper et passer tout de suite en mode « marteau piqueur ». Et les filles qui se conforment à se modèle ne vont pas en tirer grand chose. Donc à l'échelle de la société entière, ça fait une sexualité satisfaisante pour les hommes, et des cris de plaisir simulé pour les femmes ; ce qui ne doit pas être loin des inégalités à ce niveau qui avaient toujours existé dans l'Histoire.
Donc je ne me plains pas de la non-parité dans la demande de porno, je me plains de l'application du porno comme modèle aux deux genres. C'est comme cette histoire des femmes australiennes qui demandaient de plus en plus de chirurgie esthétique génitale, parce qu'elle ne se croyaient pas normales, mais leur notion de la normalité venaient des magazines porno' dont photoshoppaient les parties génitales pour les simplifier et avoir ainsi le droit d'être vendus sans plastique autour [encore une référence que je ne retrouve pas, ça m'énerve]. C'est qu'il y a à mes yeux un gros problème.
Quant à la démarche cartésienne, j'ai la nette impression que la société actuelle a su démonter beaucoup sans être capable de reconstruire. J'espère de tout cœur que l'avenir me donnera tort, mais je n'arrive pas (encore ?) à y croire.
9. Le dimanche 19 septembre 2010 à 17:10, par W :
Je pense qu'un problème est le fait que pour prévenir des choses comme l'histoire marseillaise, on éduque la population à coup de règles de morale plutôt que d'arguments plus rationnels. Ainsi, si je fais le bilan de l'éducation que j'ai reçue (parents, système scolaire, culture générale...), j'ai (plus jeune) parfaitement casé le viol dans la catégorie mentale des crimes les plus graves (à côté, ou à peine en dessous, du meurtre et de la torture), mais en n'ayant qu'une vague idée des éléments matériels qui justifient (en partie, vs. l'aspect purement moral)* la gravité qu'on accorde à ce type d'agression (Désagréable comme un verre d'eau dans la figure ou comme un coup de couteau dans le corps ? Comment et en fonction de quoi varie le risque de blessure ? etc.)
Du coup, quand on remet en question ce qui semble arbitraire/dogmatique, on n'a pas grand chose pour reconstruire. Il s'agit bien d'un problème de trop de tabou et non de pas assez. Puisque la mode, à l'échelle de décennies, me semble toujours être à la remise en cause de tabous, j'ose espérer une amélioration de la situation.
Problème de tabous aussi le fait que des femmes se croient anormales alors qu'elles ne le sont pas. Par contre, je ne sais pas en quoi consistait exactement le photoshopage des parties génitales dans ton histoire, mais cette histoire de plastique autour des magazines n'est-elle pas anecdotique par rapport à l'acomoclitisme** (vu comme recherche d'une forme de "simplification") à l'echelle de la société ?C'est encore un défaut d'éducation qui permet une possible confusion porno/réalité. Je ne pense pas que cette confusion affecte "une large part de la population", mais peut-être une partie de la catégorie de la population qui n'a pas encore eu l'occasion de se faire expliquer ce qu'il en est en privé par une personne du sexe compétent.
À ce moment là, en effet, chacun est responsable de la complétion des connaissances de l'autre, non ? Il est vrai qu'on peut se poser des questions. Il y a par exemple ce mème bien ancré dans les mentalité, d'un homme et d'une femme qui font l'amour ; l'homme croit satisfaire sa partenaire mais en fait elle simule ; lui l'homme croit que ce n'est pas possible, ou qu'il saurait le reconnaitre, mais en fait non : il est bien attrapé. La conclusion de cette histoire bugs me au plus haut point, mais elle est diffusée au moins autant par les femmes que par les hommes***. Femmes et hommes sont égaux en droits, le féminisme est socialement acceptable, alors qu'est-ce qui peut conduire une femme à simuler plutôt que d'exprimer son insatisfaction ?D'un autre côté, j'aimerais bien savoir ce qui te permet d'affirmer la différence de comportement entre hommes et femmes dans le cadre du sexe comme si c'était une vérité absolue. A-t-on démontré scientifiquement qu'elle avait une origine biologique et non culturelle, et qu'il ne pourrait pas en être autrement ? Comment peux-tu estimer le bonheur/<compléter> d'une femme qui se conformerait à un modèle "Why don't we just fuck" qui ne convient pas à (admettons) une majorité de femmes dont tu fais partie ?
Enfin, j'aimerais effectivement bien connaître la référence de ta théorie du complot sur le porno. La pornographie me semble découler assez naturellement des contraintes économiques induites (via la legislation) par les règles de morale (encore elles) en vigueur, idée confirmée par exemple par l'ensemble de l'article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9ma_%C3%A9rotique].* Dans mon commentaire précédent, je ne m'intéressais pas à la différence entre viol et agression sexuelle mais bien entre agression sexuelle et non sexuelle, à gravité physique/ concrète égale.
** [http://en.wikipedia.org/wiki/Glabrousness#Aesthetic_removal_and_fashion]
*** Voir par exemple [http://www.youtube.com/watch?v=3gk3bP0jr3I] à 3:25
10. Le dimanche 19 septembre 2010 à 18:29, par Natacha :
Ça fait deux commentaires de suite dans lequel tu m'accuses de soutenir une théorie du complot. J'ai arrêté d'essayer de corriger les gens qui pervertissent mes propos [http://instinctive.eu/weblog/016-coquilles-peintes], même si je m'attendais à plus de falcifiabilité de ta part. Tu peux aller retirer ton point Nat-Godwin, pendant ce temps j'utiliserai mon temps et mon énergie dans quelque chose qui a au moins une chance de ne pas augmenter la quantité d'erreur dans ce monde.
P.S. : pour ceux qui liraient cette discussion et dont le cerveau a encore de la bande passante disponible en download, j'ai entretemps retrouvé la dernière référence qui m'échappait : [http://www.womhealth.org.au/healthjourney/genital_cosmetic_surgery.htm], partie "What women need to know".
11. Le lundi 20 septembre 2010 à 1:11, par W :
<lecture ton="désolé"> Je suis vraiment désolé d'avoir utilisé cette expression, je n'ai pas pensé que tu pourrais mal la prendre.
D'abord, c'est un élément de la forme de mon commentaire, ça ne prétend pas convoyer une information utile. Je n'ai pas cherché de définition de "théorie du complot" avant de parler. C'est un peu comme de dire "point Godwin !", c'est purement "meta", ça n'est pas une preuve que la comparaison au nazisme dont il est question est inappropriée, ni même qu'elle ne fait pas avancer le débat. Ici, personne n'a augmenté de quantité d'erreur, il n'y a ni erreur ni véracité.
Ce que ça voulait dire, c'est que je trouve le point dont il était question (le porno fait exprès de ne pas répondre à la demande féminine) pas assez argumenté, ce que j'explicite dans la même phrase en demandant ta référence. (D'ailleurs, tu l'as, finalement, cette référence ?) En comparant ton propos pré-argumentation à une théorie du complot, je n'étais qu'un peu péjoratif ou moqueur ; ça, je m'en excuse.Enfin, mon emploi d'expression malheureux était lié à un élément précis de la discussion, parmis la dizaine (au moins) qui la composent ; il serait dommage que leur indépendance soit rompue sous un prétexte meta et délétère. Mais loin de moi l'idée de te reprocher de n'avoir rien à répondre (pour tout ou partie) ou pas de temps pour ce faire, si c'est bien le cas.
Et puis je ne sais pas trop ce que tu veux dire par falsifiabilité. Réfutabilité ? C'est peut-être pas important.</lecture>
Sinon, merci pour la référence Women's Health, c'est intéressant. Je maintiens les canons de beauté, comme autre facteur que les autorisations de publication, pour expliquer les modifications génitales, des magazines aux cliniques de chirurgie esthétique, fût-ce en exploitant l'ignorance des clientes.
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