Coquilles peintes

Il y a des moments dans la vie où on se demande si c'était une si bonne idée d'avoir agi selon ses convictions, tant les conséquences vis-à-vis des autres sont catastrophiques.

Ceux qui me connaissent savent à quel point je suis presque maladivement en quête de la vérité. Comme je l'ai expliqué dans l'article Je veux toujours avoir raison, je cherche tellement la vérité et à avoir raison que je change volontiers mon point de vue lorsque je me rends compte d'une erreur.

Je cherche autant que faire se peut à tenir compte de toutes les informations à ma disposition lorsque j'essaye d'interpréter le réelle. Je suis à tout moment prête à changer d'interprétation lorsque des nouvelles informations viennent apporter un éclairage nouveau. Et il m'arrive même régulièrement de chercher spécifiquement des informations qui ne vont pas dans mon sens, justement pour tester la solidité et la fiabilité de mes interprétations.

Tout cela me semble être de bonnes choses. C'est comme ça que je suis, c'est dans ce sens que vont mes convictions, et je n'ai pas vraiment envie de changer ça.

Du coup ce n'est pas sans surprise qu'hier j'ai lu cette réplique :

le problème est peut être là nat' c'est que tu ne veux croire qu'en une chose & tout ce qui ne va pas dans ton sens ce n'est pas vrai ....

Une fois l'effet OMGWTF!? passé, je ne peux m'empêcher de me demander comment il est possible d'arriver si loin de la réalité, parce que cette phrase évoque quand même l'exact opposé de ce que j'ai décrit.

Ce n'est pas la permière fois que je vis ce genre de conversations, en fait la conversation d'hier était exactement du même acabit que celle évoquée dans Je veux toujours avoir raison, ça m'a laissé le même goût de merde dans la bouche.

Il n'y a pas grand chose que je déteste plus dans son monde que ne pas réussir à tirer de leçon d'une erreur. Manifestement j'ai répété encore et encore les erreurs qui conduisent à ce genre de conversation. Mais comment est-il possible d'en arriver là ? Que faire pour empêcher l'histoire de se reproduire encore ?

J'ai l'impression qu'une de mes erreurs est très classique chez les humains : supposer abusivement que l'autre est semblable à soi. Je suppose que mon interlocuteur est dans la même dynamique de recherche de la vérité que moi. Du coup, lorsque je constate ce qui me semble être une erreur dans les propos de mon interlocuteur, je lui fais part de mon avis en lui donnatn un correctif, surtout lorsqu'il s'agit d'un sujet que je connais probablement mieux que lui.

Je crois que j'ai ce comportement principalement parce que c'est exactement ce que j'attends des autres : plus on me fait remarquer d'erreur, de manière précise et constructives, plus je peux les corriger et progresser.

Mais pour une raison obscure (peut être quelque chose comme la dissonance cognitive), dans ces conversations qui se passent mal, la réaction n'est pas d'appliquer le correctif à l'erreur (après avoir au besoin discuté du correctif, afin de s'apporcher ensemble vers plus de vérité), mais de corrompre (ou involontairement mal comprendre) ce correctif pour en faire une nouvelle erreur qui s'ajoute à la précédente.

Et moi, comme une conne, je me retrouve face à deux erreurs, je ne peux m'empêcher de communiquer un correctif pour l'un et/ou l'autre des erreurs. Le cycle ce reproduit, en ajoutant erreur sur erreur sur erreur.

Je me demande comment c'est possible d'imaginer un ensemble cohérent lorsqu'il s'agit en fait d'une accumulation d'erreurs. Je me demande dans quel genre de réalité distordue je peux être prise pour quelqu'un qui s'obstine à imposer ses idées juste pour avoir l'air d'avoir raison, ou juste pour ne pas remettre en question ses convictions. Je me demande quelle espèce de monstre je peux bien être aux yeux de ces gens là.

D'ailleurs au passage, je me souviens de nombreux cas où ce genre de catastrophes communicatives se sont produites en discutant avec des femmes, alors que je ne me souviens d'aucun exemple qui impliquerait des hommes. Simple hasard, ou y a-t-il quelque chose de plus profond ?

Cette histoire c'est déjà répétée trop souvent pour que je puisse me laisser aller à penser que le problème ce situe au niveau de mes interlocuteurs. Il doit y avoir quelque chose de profondément pourri chez moi.

Je crois bien que ce qui est pourri, c'est la façon dont j'ai choisi de répartir mon énergie. J'utilise tellement de ressources personnelles dans cette recherche de la vérité, que j'en ai trop négligé la surface et les apparences. Après tout, si tout le monde cherchait la vérité en profondeur, à quoi bon gaspiller de l'énergie sur son apparence ?

Sauf que voilà, je vis dans une société basée sur les apparences. Les anglais ont un proverbe, You are what you wear. : vous êtes les habits que vous portez. J'ai eu le malheur de suivre le proverbe français : « L'habit ne fait le moine. » Comme s'il y avait encore des moines de nos jours…

On dirait donc que je suis face à un choix difficile : d'un côté, rester moi-même, fidèle à mes convictions, à faire du contenu en profondeur, et être condamné à, comme le disait Whistler, The more you live in this world, the more you see how apart from it you really are. De l'autre côté, renoncer à ce que je suis, me soumettre au diktat des apparences, dans l'espoir d'avoir une place dans ce monde où la solitude ne me tourmentera pas.

En tout cas, peu importe la voie que je choisirai, ce qui est fait est fait, et je ne vois pas comment je peux corriger le passé. Il y a longtemps, je me suis dit : « Souvent j'ai regretté d'avoir parlé. Je n'ai encore jamais regretté de m'être tue. » et depuis ça n'a pas cessé de se vérifier. Je continue d'empiler les conversations qui ne sont que des occasions ratées de fermer ma gueule.

Au point de me dire que je ferais mieux de la coudre, pour être sûre de ne plus l'ouvrir.

Commentaires

1. Le vendredi 29 mai 2009 à 23:27, par Cédric :

Hum je n'ai pas tout compris :) En tout cas en ce qui me concerne, si je discute avec une personne et si un moment elle me dit que j'ai tort et si elle a raison, ma réaction va largement dépendre de sa façon de me le dire.
Et des fois, pour ne pas faire de la peine, je ne dis pas à l'autre qu'elle/il a tort (quand je sens qu'elle/il n'est peut-être pas prêt), mais je prépare un peu le terrain ...

Des vies entières sont bâties sur des erreurs ou des hypothèses bancales ... Tiens prenons Benoit XVI par exemple; sa vie est basée sur une supposition, et pourtant il a l'air très heureux :) Bon OK c'est un exemple assez extrême !

Enfin, je pense qu'il ne faut pas chercher la vérité mais plutôt sa propre vérité. Je ne pense pas qu'elle se recherche mais plutôt qu'elle se ressent, et j'imagine qu'on l'a trouvée quand on ressent qu'on ne la cherche plus.

2. Le samedi 30 mai 2009 à 0:37, par FrnchFrgg :

Ce n'est pas spécifique des femmes, loin de là. J'ai souvent eu ce genre de problèmes... En fait, je suis assez rapidement catalogué "chieur qui sait tout", et pour les gens (heureusement pas trop peu nombreux) qui font l'effort de passer outre mon incompétence sociale, décatalogué assez vite.

Bon, il y a aussi ceux qui ne me décataloguent jamais, et en fait, c'est 99% du temps de ceux qui veulent toujours avoir raison, envers et contre tous. Le genre bourré de préjugés, et qui ne supportent pas qu'on leur en abime un (mais qui ne se gênent pas pour te contredire avec un préjugé quand c'est toi qui parle, qu'ils aient tord ou raison).

Malheureusement, ce genre de personne a aussi très souvent une aptitude sociale bien plus grande, et ressort à toutes les sauces les fois (parce qu'il y en a, trop à mon gout) ou j'avais vraiment tord, pour déformer la réalité et me faire passer pour un connard aux yeux du plus de monde possible. Exemple flagrant: une (ex?) copine de Virginie, que je n'aime pas, qui me le rendait bien, et qui avait réussi à convaincre tout le groupe qu'il fallait m'éviter comme la peste.

Ma solution: fermer plus ma gueule (difficile), enrober plus (un peu plus facile), et surtout me retenir de corriger les inepsies énormes de ce genre de personne. Le souci est de les repérer avant le premier clash (pas toujours évident).

Évidemment, d'aucuns diront que je suis exactement comme eux, et que c'est pour ça que ça clashe, et c'est vrai que je défends mon bout de gras; mais je n'ai jamais refusé un argument solide, et souvent dit "ah, oui, j'avais tord". Le problème c'est qu'il faut des faits pour me convaincre, et les personnes avec lesquelles ça ne passe pas sont justement celles qui utilisent surtout des arguments émotionnels pour convaincre (et ça ne m'étonne pas qu'ensuite ça se transforme en attaque ad hominem).

Disons que c'est du troll IRL, quoi.

3. Le samedi 30 mai 2009 à 0:42, par FrnchFrgg :

Note que chez les vrais gens (TM) normaux (TM), les raisons émotionnelles sont monnaie courante, et c'est très difficile de convaincre quelqu'un qu'il a tord quand son idée relève du dogme. Ce qui est insupportable, c'est que pour certains, c'est la stupidité leur religion, et là il n'y a rien à faire.

(au passage, je n'ai rien contre les religions autres que le culte de la connerie, croire en quelque chose dont on n'a pas de réfutation n'est pas stupide, et personne n'a jamais réussi à montrer que Dieu n'existe pas. Personne n'a montré qu'il existe, mais ça ne veut rien dire de plus que "on ne sait pas".
Il y a bien des gens qui croient en les Mathématiques, et personne n'a réussi à montrer qu'ils n'était pas incohérents.)

4. Le samedi 30 mai 2009 à 8:16, par W :

Quand tu te rends compte que ta démarche de recherche de la vérité est incompatible avec ta bonne entente avec une personne (ou qu'elle te le fait remarquer), mais que la misanthropie que cela t'inspire ne suffit pas à ce que tu renonces à cette bonne entente, n'est-il pas possible de désamorcer la situation en disant que tu en es désolée et en expliquant brièvement ce qui a motivé ton comportement ? Il "suffit" alors d'abandonner cette démarche avec la personne en question, parce que si elle te fait la gueule elle ne t'aidera pas plus que si tu la laisse penser ce qu'elle veut dans la bonne humeur.

Bon, il y a encore un petit piège, c'est que dire qu'on cherche à s'améliorer peut paradoxalement être perçu comme prétentieux, en tant que qualité qu'on s'attribue... Tordu, non ? J'ai entendu une fois une remarque dans ce genre, et je n'ai encore rien trouvé de génial à répondre.

En tout cas j'adhère absolument à ce que tu expliques dans "Je veux toujours avoir raison", que je peux à peu près entièrement reprendre à mon compte. Par contre, je n'ai pas non plus l'impression que ce comportement pose plus de problèmes aux femmes qu'aux hommes.

FrnchFrgg > Je pense que les logiciens ne seraient pas d'accord avec ce que tu dis des mathématiques, pour ne pas dire que tu es à l'opposé de la vérité. C'est le but, la nature, l'essence des maths d'être cohérentes.
Au contraire d'à peu près toutes les autres sciences, les maths ne cherchent pas à décrire et expliquer la réalité, mais à poser des hypothèses de base et à voir ce qu'on peut en déduire, autrement dit à construire des systèmes cohérents. (En fait que les mathématiques dans leur ensemble soient (in)cohérentes ça ne veut pas dire grand chose.)
On peut ensuite se demander si ces systèmes s'appliquent au monde réel, autrement dit si les hypothèses de base sont les bonnes, et c'est parfois très trollogène, parce que justement ça ne relève pas des maths pures.
En clair et par exemple, on se fout dans l'absolu de savoir si les axiomes d'Euclide sont vrais, ce qui compte c'est que s'il sont vrais, la géométrie euclidienne aussi. Et si tu ne penses pas qu'on peut prouver ça, on peut retirer le mot prouver du dictionnaire.

5. Le samedi 30 mai 2009 à 10:38, par Natacha :

En fait en y repensant, je me rends compte que je n'ai pas du tout précisé de quel sujet il était question…

Ça faisait longtemps que je n'ai plus subi de grosse catastrophe informative comme ça, parce que j'ai justement arrêté d'essayer de corriger les gens sur les sujets quelconques. Les correctifs sont toujours mieux accueillis lorsqu'ils sont recherchés.

Il y a pourtant deux sujets très précis sur lesquels je continue d'envoyer des correctifs. Le premier est la programmation, car je n'ai encore jamais été mal accueillie quand je venais, même à l'improviste, avec un rapport de bug précis et un patch.

Le second sujet est moi-même. Je suis dans une période où je vais mal, et lorsque quelqu'un semble sincèrement vouloir m'aider, j'apprécie énormément l'intention, mais lorsque cette aide se révèle inutile parce qu'il y a quelque part une image fausse de moi, je me suis à chaque fois imaginé que corriger cette image de moi, pour que les efforts de la personne en face soient utilement placé, ne pouvait être qu'une bonne chose.

C'est exactement ce qu'il s'est passé jeudi soir : une tentative d'aide qui tombe à côté de la plaque, parce que ce qui aurait aidé la personne que mon interlocutrice croyait que j'étais n'était d'aucune aide pour la personne que je suis réellement. J'ai donc essayé de corriger l'image qu'elle a de moi, dans l'espoir de rendre ses efforts plus efficace (et peut-être, soyons béatement optimistes, de me sauver). Mais ce faisant l'image qu'elle avait de moi s'est retrouvée encore plus faussée. Et ça s'est répété plusieurs fois.

Dois-je abandonner aussi l'espoir de m'en sortir par l'aide de quelqu'un ?

6. Le mercredi 3 juin 2009 à 21:59, par Giusepe :

Un truc qui m'étonne (mais c'est un peu à côté de la question), c'est qu'il me semble que des personnes essaient de vous aider... en vous répondant, en réagissant, sur votre blog, à vos articles, mêmes les plus désespérés.

Or, assez souvent, vous ne répondez pas. Pourquoi ?
C'est un peu étrange, je trouve. Pensez-vous que vos interlocuteurs ne soient pas sincères ? Que ça ne servira à rien de toute façon ?

Ce n'est pas une critique, mais une vrai interrogation.

J'ajoute que ce n'est pas personnel, c'est une remarque générale.

7. Le mercredi 3 juin 2009 à 22:33, par Natacha :

Je ne réponds pas aussi souvent que je le voudrais, et il arrive un moment où, de procrastination en procrastination, j'ai l'intuition que le sujet est en quelque sorte « périmé » et je laisse tomber…

Je connais par ailleurs la plupart des personnes qui réagissent ici, et je n'ai aucune raison de ne pas les croire sincères. Et je ne suis pas sûre qu'ils puissent m'en vouloir de ne pas avoir répondu plus que moi je m'en veux déjà moi-même.

Cela dit, je suis assez sceptique sur l'utilité concrète aussi bien des commentaires que de mes réponses, face à la situation que je vis en ce moment. Ça fait très longtemps que j'ai abandonné l'espoir de voir une solution surgir de l'écran, et la réalité a ses propres contraintes. Il paraît que c'est un comportement typiquement masculin que d'exposer ses problèmes pour demander une solution ; ce n'est pas ma démarche, je n'expose ma vie que pour donner des nouvelles à ceux que ça intéresse, même lorsque je sais pertinemment que mon lectorat n'y peut absolument rien.

Malgré tout, je chéris chaque commentaire comme un trésor, comme une miette de rapport humain, fût-il virtuel. Et ce n'est pas sans une certaine frustration que je me vois donner beaucoup moins de ces miettes que je le voudrais, soit par des réponses ici, soit par des commentaires sur les weblogs des autres (dont le vôtre).

F'murrr disait : « La seule chose importante dans le conseil, c'est la marque d'attention. Le conseil lui-même est toujours bon à jeter. » Je ne suis pas aussi tranchée que lui, et même si certains conseils dans les commentaires ici me donnent l'impression d'essayer de vider la mer, je me dis qu'il y en aura peut-être un, un jour, qui fera une profonde différence ; mais en attendant ils sont tous grandement appréciés au moins pour la marque d'attention.

J'en profite pour remercier publiquement tous ceux qui ont posté et tous ceux qui posteront des commentaires ici, même si ce n'est pas forcément évident vu de chez vous, c'est déjà beaucoup pour moi (et un câlin dans le monde réel ne serait pas de refus, et serait encore beaucoup plus pour moi).

8. Le jeudi 4 août 2011 à 17:23, par N :

On m'a très souvent dit ça, et puis de moins en moins. Je pense que j'ai changé quelque chose de fondamental : j'ai goûté à la pensée complexe d'Edgar Morin.

9. Le jeudi 4 août 2011 à 17:38, par Leo :

Comment on fait un trackback sur ce truc? Pour dire que tu as été résumée et traduite là: [http://lesswrong.com/r/discussion/lw/6y9/open_thread_august_2011/4lxn]

D'ailleurs, rejoins-nous, c'est un site plein de gens comme toi. Et on a des cookies.

10. Le lundi 10 octobre 2011 à 12:14, par Natacha :

J'arrive largement après la bataille, et je n'ai pas encore vraiment le temps d'y jeter sérieusement un œil. Ce site a cependant l'air intéressant et je (me) promets d'aller y faire un tour lorsque les évènements s'acharneront moins contre moi. Mille mercis de me l'avoir montré.

Quant aux trackabacks, j'ai beaucoup procrastiné l'implémentation de cette fonctionnalité, la voyant peu utilisée et ayant du mal à en comprendre tous les tenants. Et puis j'ai définitivement abandonné l'idée lorsque j'ai déclaré ce moteur obsolète et commencé à écrire son successeur (qui en est encore au stade de vaporware). Pour autant que je sache, c'est la première fois qu'elle manque à quelqu'un…

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  • Publié le 29 mai 2009 à 10h15
  • État de la bête : déçue par la nature humaine
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