Les fourmis, de Bernard Werber

Il y a des années, j'ai volé emprunté ce livre à _FrnchFrgg_. Grâce à une de mes bonnes résolutions, j'ai enfin réussi à le finir. Voici mes impressions sur ce livre.

Il paraît que ce bouquin est formidable, que Bernard Werber est un génie (au moins au début), et que ce qu'il écrit est tellement fort que ça va sauver le mnode. Mon avis est un brin plus mitigé.

Il faut dire que l'histoire partait déjà avec un sacré handicap, parce qu'il n'y a pas grand chose que j'exécre plus que l'anthropomorphisme. D'ailleurs Werber reconnaît lui-même vers la fin de l'histoire que le monde des fourmis et le monde des humains sont radicalement différent... après s'être escrimé pendant trois cents pages à nous décrire une société de fourmi avec des termes furieusement humains, sans compter que la société en question me semble ressembler monstrueusement plus à une société humaine que ce que je crois connaître d'une société d'insectes.

Et à partir de là arrive le deuxième point qui m'a irritée tout au long de cette histoire : il décrit une société de fourmis anthropomorphiques. Soit, admettons. Mais y at-t-il un fond de vérité scientifique ou entomologique ? Dix contre un qu'une bonne partie de lecteurs a pris ça pour (en partie) un documentaire animalier. Les descriptions des insectes, de leur anatomie et de leur comportement sont beaucoup trop détaillées par rapport aux besoin de l'histoire, donc ça donne l'impression d'être des connaissances bonus.

Sauf que voilà, ce sont des connaissances au moins sursimplifiées (pour les besoin de l'anthropomorphisme et/ou de l'intrigue), et au pire franchement fausses et inventées pour l'occasion. Je n'ai rien contre la description d'une société purement imaginaire, c'est la faire passer pour vraie que je trouve malsain.

Personnellement, ma politique dans ces cas là est de tout considérer comme faisant partie de la fiction, et de ne rien déduire sur le monde réel à partir de ce bouquin. Je gaspille peut-être des choses intéressantes pour la culture scientifique, mais il vaut mieux ne pas savoir que savoir quelque chose de faux. D'ailleurs au passage, je pense que c'est une politique dont devraient s'inspirer certaines personnes vis-à-vis de Da Vinci Code.

Tant que j'en suis à démolir ce livre, autant aller jusqu'au bout comme ça c'est fait : le troisième point que je n'ai pas du tout aimé, c'est la fin. Il y a une espèce de rupture, le truc avance tranquillement et d'un coup tout fout le camp, ça va tout vite, on se prend plein de réponses et de révélations dans la gueule, et paf, fin du livre. Ça fait beaucoup trop abrupte pour moi, surtout par rapport à tout le reste qui est vraiment soft niveau développement des intrigues.

Si je m'arrêtais là, on penserait que j'ai détesté ce livre, au point de ce demander par quel masochisme je suis arrivée au bout. C'est juste que je n'ai pas encore parlé des points positifs, parce que quand même, au final, j'ai passé un bon moment en lisant ce livre. D'ailleurs si j'en avais vraiment entendu parler avant de l'avoir dans les mains, je serais arrivée au moins à ces deux premiers points négatifs, sans vraiment voir le positifs, je ne l'aurais peut-être jamais emprunté.

Déjà de base j'aime bien les histoires qui se déroulent dans un univers cohérent et détaillé, et pour le coup je suis servie. Après avoir pris une grande inspiration pour se rappeler que les fourmis dont il parle n'ont aucun rapport avec l'invertébré réel, je trouve que c'est un monde fictif tout à fait intéressant qu'il nous présente là.

J'aime bien aussi sa façon d'écrire. Je ne suis vraiment pas douée pour juger ça, mais j'ai l'impression que son texte se lit très facilement, et que je mets nettement plus de temps pour fatiguer que quand je lis autre chose (mais ça ne veut peut-être pas dire grand chose, dans la mesure où la plupart des autres choses du moment sont en anglais).

Et puis à la base, ce livre est arrivé dans mes mains parce qu'on discutait de la technique qui consiste à alterner deux histoires parallèles, et c'est vrai qu'il fait ça plutôt bien.

Et puis l'intringue n'est pas si mal... enfin, pour le fil qui a une intrigue. J'ai bien aimé la petite devinette, et ce n'est pas sans satisfaction que j'ai rapidement trouvé la réponse, et ce n'est pas sans déception que je n'ai pas réussi à trouver comment la formuler en huit lettres avant qu'ils ne donnent la réponse (je restais bloquée sur la version à neuf lettres).

Bref, même si je suis loin d'encenser ce livre et son auteur autant que je l'ai vu autour de moi, je suis assez contente de l'avoir lu et je ne le regretterai pas, c'était bon comme passe-temps. Cela dit, je ne pense pas que je le relirai un jour.

Commentaires

1. Le mardi 29 janvier 2008 à 23:18, par _FrnchFrgg_ :

D'abord, si je me souviens bien, il y a plusieurs intrigues. Au moins celle des allumettes, et celle de la suite numérique. En plus, je suis d'accord que c'est pas vraiment réaliste à cause de cette anthropomorphisme (et c'est bien pire dans les suivants, qui deviennent carrément out).

Ce que j'ai vraiment aimé dans ce livre, c'est la manière brillante dont il gère les transitions entre les histoires parallèles, de sorte que la première phrase après le changement de monde peut quasiment toujours être (mal) interprétée dans le monde précédent. Associé au rythme assez rapide (au niveau du style, pas au niveau ou l'intrigue se déroule), ça donne un livre très agréable à lire.
Au passage, le seul auteur chez lequel j'ai autant apprécié les histoires parallèles (dans un style différent, pas de clin d'œil inter-histoires, mais toujours un changement à un moment malvenu et paroxysmique), c'est G.R.R Martin dans le Trône de Fer (mais c'est pas la même dimension non plus, 12 volumes et c'est pas fini).

Le livre que j'ai préféré de BW, et de loin, c'est "les Tanathonautes". Au moins, tu n'auras pas à te poser des problèmes de réalisme. Par contre, il y a une suite, qui m'a déçue.

"Le père de nos pères" ou l'enquête à propos du type qui devient brusquement hyper bon aux échecs (désolé j'ai oublié le titre) sont nettement moins bons, à la limite de l'illisible dans les passages culcul, qui sont malheureusement nombreux (comme dans les fourmis 3 d'ailleurs).

Ce qu'il faut noter, c'est que ses idées d'histoire sont brillantes. Ça perd parfois à l'étoffage, malheureusement.

2. Le mercredi 30 janvier 2008 à 6:47, par Cinn :

Je suis d'accord avec la dernière phrase de _Frnchfrgg_. En général, j'aime bien les débuts d'histoire de Bernard Werber(pleins d'idées, pertinents, rigolos), et je trouve que la fin part en cacahuète (laborieux, plein de remplissage, pas satisfaisants intellectuellement). Que c'est énervant!

3. Le mercredi 30 janvier 2008 à 10:46, par K :

Un des rares bouquins que je n'ai pas réussi à terminer (sans parler de ceux que j'ai perdu, ils ne comptent pas eux).
D'après mes souvenirs, je le trouvais chiant dans ses descriptions des fourmis, c'était long.
La seule chose que j'avais trouvé bien, c'était l'énigme des allumettes. Je la découvrais au moment de la lecture et j'avais mis un peu de temps à la trouver (mais j'avais trouvé et c'était une satisfaction).

4. Le mercredi 30 janvier 2008 à 16:28, par Catioucha :

Les Thanatonautes sont aussi mon préféré, plus sombre, univers plus intéressant, moins simpliste.

Les fourmis je les ai lues y'a une éternité, j'ai bien aimé alors, je n'ai pas bloqué autant que toi sur le pb de l'anthropomorphisme.

Le truc bien avec Werber, c'est sa manière de composer les histoires et de savoir les raconter... mais le soucis avec Werber c'est qu'au bout d'un moment tu te dis qu'il se regarde un petit peu trop "composer" justement...

C'est pour ça que j'ai arrêté de le lire. Le cycle des fourmis en trois volumes encore ça allait, mais maintenant tout ce qu'il écrit est prévu pour trois volumes et il se tape un peu des trips d'autocitation à l'intérieur de son oeuvre, pour construire cette fichue oeuvre en forme de cathédrale évoquée dans je sais plus quel bouquin... Le type me semble devenu un chouia mégalo et les histoires sont de plus en plus nunuches (persos clichés, etc.). Du coup j'ai arrêté Werber.

Mais je garde un bon souvenir des fourmis quand-même.

5. Le mercredi 30 janvier 2008 à 19:30, par Laurent :

Tout pareil que Catioucha.

6. Le samedi 2 février 2008 à 15:20, par Keeh :

Comme Lolo_.

7. Le jeudi 16 décembre 2010 à 2:02, par Elsa :

Si vous avez tous lut ce livre vous aller surement pouvoir m'aider ..
j'ai une production oral a faire sur ce livre et il faut que je parle des avantages et des désavantages du système des fourmis..J'ai lu ce livre en classe et je n'ai pas vraiment suivi le fil de l'histoire car je n'était aucunement concentré.. mon oral est pour lundi j'ai besoin d'aide.. merci d'avance

8. Le jeudi 4 août 2011 à 16:36, par N :

Je trouvais que Werber s’essoufflait aussi... Et finalement, dans le tout dernier, au sujet du rire, Le rire du cyclope, j'ai bien aimé retrouver son univers.

Quant à la véracité de ses propos sur les fourmis, c'est probablement une bonne critique, mais de toute façon, je pense qu'il ne faut pas trop croire ce qu'on lit dans un seul livre, et qu'il faut cross-checker... Et je trouve ça pas mal comme introduction.

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  • Publié le 29 janvier 2008 à 22h40
  • Dernière modification le 19 janvier 2010 à 20h49
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