Lire plus ou moins ?

Dans le présent billet, je vais réfléchir à ma relation avec la lecture, et les impulsions contradictoires qui me poussent à réduire ou augmenter le temps de loisir que j'y consacre. C'est un peu une édition 2017 de mon billet La lecture et moi d'il y a cinq ans, dont je ne vais pas supposer la connaissance, quitte à faire des redites.

Qu'est-ce que lire ?

Je vais faire appel à différentes acceptions des mots « lire » et « lecture », et projeter les nuances de sens dans des conséquences concrètes très diverses. J'imagine tout à fait quelqu'un avec plus de finesse littéraire que moi réussir à faire passer le même message sans s'encombrer de qualificatifs.

J'ai plutôt une formation scientifique, donc je vais commencer par poser des définitions, de sorte que dans la suite chaque groupe nominal ait un sens précis et univoque.

Je vais utiliser indifféremment « lire » et « lecture » suivant la construction de chaque phrase, et tous les qualificatifs que je décris ici ont le même sens qu'ils soient appliqués à l'un ou à l'autre. Dans tout le reste de ce texte, je les utiliserai sans qualificatif que lorsque je n'évoque pas de sens précis, typiquement lorsque je rapporte des mots qui ne sont pas les miens.

Quand il n'y a pas de contexte particulier, j'ai tendance à interpréter « lire » dans le sens que j'appellerai « lire en général », qui consiste en la transmission d'informations depuis un support écrit vers un humain.

C'est un sens très général, mais il est plus restrictif que ce que j'appelle « lire sans comprendre », qui ne va pas plus loin que décoder des symboles écrits, et que certains appellent « déchiffrer ». C'est ce sens très général qu'on utilise quand on dit qu'au CP on apprend « à lire et à écrire ».

Cela étant, c'était surtout pour illustrer les nuances de ces mots, dans ce billet il sera plutôt question de lire en général, par rapport à lire des livres, ou lire des romans, ou lire des essais, ou d'autres choses.

Tant qu'on est dans le vocabulaire, même si c'est tangentiel, j'ai discuté avec quelqu'un qui ne lisait que « des livres qui ne racontent pas une histoire ». J'ai cherché en vain une formulation plus courte de cette catégorie de livre.

Il y a bien l'anglais nonfiction, qui exclut les romans, et qu'on pourrait franciser à la hache en non-fiction, mais ce n'est pas exactement la même catégorie. Je n'ai pas un très bon préjugé envers les histoires qui prétendent être non-fictives, principalement que je traite de la même façon les fictions et les histoires non-fictives, leur impact sur ma vie est la même, je n'ai pas l'élan que tant de gens ont quand une histoire se prétend vraie. Et j'ai l'intuition que cet élan est malsain.

Lire, c'est Bien

À un moment dans mon éducation, il m'a été inculqué que « Lire, c'est Bien. » Pas sous cette formulation, évidemment. Et en fait je ne saurais même pas dire sous quelle forme ni à quel moment. Juste que maintenant, la lecture est à mes yeux un loisir plus noble que tous les autres ; et un humain en train de lire un livre a d'emblée une image plus respectable qu'un humain quelconque. Ce serait intéressant de savoir la répartition géographique et parmi les classes sociales de ce trait culturel.

Si les questions qui alimentent le présent billet secouent un peu ces préjugés, ils sont quand même solidement ancrés. Et d'autant plus qu'ils sont régulièrement renforcés par diverses interactions sociales, la plus flagrante étant le flux twitter d'Ollivier Robert.

Évidemment dans tout ça, l'acception exacte du mot « lire » n'est pas précisée. Est-elle même la même pour le monde ?

J'imagine mal qui que ce soit argumenter en faveur de la lecture même sans comprendre. J'ai même l'impression diffuse que « Lire sans comprendre, c'est Mal. » même si là encore je ne sais pas d'où ça vient ni à quel point c'est solide.

Mais est-ce vraiment lire en général qui est valorisé ? Ou est-ce seulement lire des livres ? Voire seulement des livres qui ne racontent pas une histoire ?

J'ai beau retourner la question dans tous les sens, je n'arrive pas à voir de différence profonde entre lire un roman et les autres formes de divertissement, comme regarder une série télévisée ou une pièce de théâtre. Le support écrit a-t-il une particularité que je n'arrive pas à saisir ?

Ou bien la lecture de roman serait-elle un divertissement de bas étage, au même niveau que les autres formes de divertissement ? Et « Lire, c'est Bien » ne s'appliquerait qu'à un lecture « noble », de non-fiction, voire de livres qui ne racontent pas une histoire ?

Mais au fait, en quoi c'est Bien ?

Les pistes que j'ai trouvées qui pourraient justifier qu'une acception ou une autre de lecture soit si désirable, tournent toutes autour d'une forme ou d'une autre de développement intellectuel. Je trouve que c'est le mieux condensé dans cette citation d'Alain :

Il est difficile de juger de l'intelligence de quelqu'un qui a beaucoup lu, car la mémoire imite à merveille l'intelligence.

Si la mémoire de ce qu'on a lu peut imiter l'intelligence, c'est qu'on a lu quelque chose d'intelligent. Donc plutôt un développement d'idée qu'une histoire. Donc plutôt un sens restrictif, à la lecture « noble ».

Ou au contraire, considérer qu'en réalité, ce qui forme l'esprit, c'est la communication asynchrone. Le choc des idées dans un cadre qui laisse le temps d'explorer les retombées par soi-même. Donc la lecture en général, parce que la mémoire orale n'est plus assez développée pour fonctionner de manière asynchrone.

Parce que finalement, même en laissant guider par une histoire on peut rencontrer des idées intéressantes. On peut apprendre la géographie de la Suède dans une histoire. On peut s'interroger sur ce qu'est être humain et d'où viennent les droits.

La drogue, c'est Mal

À un moment dans mon éducation, il m'a été inculqué que « la drogue, c'est Mal. » Pas sous cette formulation, évidemment, etc. Bref, comme avant.

Sauf qu'au fil du temps j'avais l'impression de m'être débarrassée de cette idée. Cela étant, je déteste toujours énormément l'idée de la dépendance chimique (et même de la dépendance en général), ce qui revient presque au même (mais j'essayerais bien le LSD du coup, si je trouvais un fournisseur et un environnement d'utilisation dans lesquels j'ai confiance).

Du coup, n'ayant pas l'expérience de la drogue, je ne sais pas identifier le manque et la dépendance qu'elle peut procurer. Et je sais que la dépendance psychologique existe, mais sans élément de comparaison, comment la reconnaître ? Ne pas pouvoir se retenir de prendre une fraise tagada de plus, jusqu'à s'en rendre malade, est-ce que ça compte ?

J'ai décrit plusieurs fois que la seule façon que je connaisse pour apprécier une histoire, c'est de me projeter dedans, généralement au travers d'un personnage pour lequel j'ai une affinité particulière. Et le plaisir que je trouve dans le loisir de la lecture de roman est fortement corrélé à la profondeur de ma projection dans son histoire.

Mon critère objectif pour donner cinq étoiles sur cinq à un roman dans goodreads, c'est que je m'y projette tellement profondément que le retour à la réalité est très difficile : je rate l'arrêt de transport en commun, j'avance en mode « pilote automatique » qui ressemble suspicieusement à de la déréalisation le temps de revenir à la réalité, etc.

Ça m'arrive dans toutes les séries de romans que j'aime beaucoup, quelques fois par tome, du coup j'ai donné la note maximale à beaucoup de romans de ma liste de lecture.

Et puis j'ai récemment commencé Crossover, le premier tome de la série Cassandra Kresnov, et j'ai besoin de trouver une note encore encore au dessus.

J'en suis un peu après le premier tiers, et depuis le début de l'élément perturbateur du récit, pas une seule fois je n'ai pu fermer le livre sans être submergée par une envie colossale de le rouvrir, de préférence roulée en boule dans coin avec un chocolat chaud.

Pas une seule fois je n'ai repensé à un moment de l'histoire sans à nouveau être submergée par ce même besoin. Je voulais essayer de me faire une fiche pour replacer les différentes factions et personnes (dès le début on est catapulté dans un conflit à trois camps), je n'ai pas trouvé de wiki où c'est déjà fait, et je n'ai juste pas pu le faire moi-même, à chaque fois je reprenais la lecture sans rechercher la question. Même l'écriture de la présente section s'est révélée encore plus difficile que trier une collection de prono en gardant les deux mains au dessus du bureau. Enfin, j'imagine. Je n'ai jamais essayé de faire ça, hein. Je suis pure et innocente et tout.

Bon, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, il y a quelques autres livres qui me font ça. Il me semble que Halfway to the Grave est un exemple, mais je ne suis plus sûre, ça fait longtemps.

Et malgré tout le plaisir que je trouve dans ce loisir, je ne peux m'empêcher de trouver très très malsain l'état dans lequel il me laisse.

Et même si ce n'est pas le cas présentement, je sais que j'ai déjà fui des problèmes de la vraie vie dans un livre, comme d'aucuns le feraient dans une bouteille. Sans les dégâts physiologiques, certes, mais l'esprit n'est-il pas au moins aussi important à entretenir que le corps ?

J'en suis arrivée à un point tellement pathétique que j'essaye même de déculpabiliser en prétendant que ça fait s'interroger sur ce qu'est être humain et d'où viennent les droits.

Y a de quoi remettre en question tous mes arguments pour la lecture de romans, avec un conflit d'intérêts aussi évident.

Ne devrais-je pas me désintoxiquer ?

Ne serait-il pas préférable pour moi de me convaincre que ce soit le cas, indépendamment de la vérité, pour remplacer mon temps de lecture de romans par de la lecture de livres qui ne racontent pas une histoire et qui sont plus édifiants pour ma personne ?

Ou le mal que j'ai à expliquer pourquoi ça me dérange n'est-il pas une indication qu'il n'y a pas de raison valable d'être dérangée ?

Envoi

Je me sens tiraillée entre l'impression que lire en général est une bonne chose que je devrais cultiver, et que lire des romans est une mauvaise chose qui me met dans des états honteux.

Je n'ai donc aucune incitation de réduire ma lecture en général. J'y consacre déjà une proportion écrasante de mon temps éveillée, et je n'ai pas l'intention de changer ça.

Je m'interroge sérieusement sur la lecture de romans, que j'apprécie énormément, peut-être trop, mais il y a quelque chose que j'ai manifestement du mal à articuler qui me gêne beaucoup dans l'effet que ça a sur moi. Et je comprends trop mal cet effet pour imaginer le guérir, au lieu de simplement le contourner en évitant sa cause.

Le titre de ce billet utilise donc « lire » dans le sens « lire des romans ». Me laisser aller au plaisir immédiat, embrasser l'hédonisme, et tant pis pour la loque humaine dans laquelle ça me transforme parfois ? Ou opter pour l'ascèse et se renforcer l'esprit ?

Qu'en pensez-vous ?

Suis-je la seule à avoir des réactions aussi violentes à une simple histoire ? Avez-vous aussi des écrits qui vous mettent dans ce genre d'état ? Comment les gérez-vous ?

Et qu'est-ce que la lecture en général du présent billet suscite chez vous, par rapport à la lecture de romans ou à la lecture de livres qui ne racontent pas une histoire ?

Commentaires

1. Le samedi 20 mai 2017 à 0:46, par Balise :

Le rapport à la lecture (et à l'écriture) est, il me semble, biaisé d'une certaine manière en France en particulier. Il y a tout ce truc où "lire, c'est bien", "écrire, c'est bien", MAIS il faut qu'il y ait une certaine "reconnaissance" de pairs, de la société, de... d'on sait pas trop quoi. Le truc qui fait que Marc Levy, Dan Brown, Stephenie Meyer et E.L. James, ça "compte pas vraiment" comme de la "Lecture Avec Un Grand L" (ni d'ailleurs comme de l'Écriture Avec Un Grand É". J'ai l'impression (mais peut-être que c'est une histoire d'herbe plus verte ailleurs...) que c'est moins le cas pour d'autres cultures. C'est donc plus sioux que "roman vs non-fiction" (je trouve d'ailleurs intéressant que dans la non-fiction tu ne parles que des "histoires non-fictives" - y'a aussi beaucoup de choses qui ne sont aussi pas des histoires, je me suis par exemple régalée récemment avec The Gene de Siddhartha Mukherjee - quoi que tu en parles après comme "tout ce qui n'est pas du roman", du coup je suis un peu paumée ;) )

En même temps, ça va même plus loin que ça - les bouquins audio, par exemple, ont une "moins bonne" réputation que les bouquins "écrits" - même au point où j'ai déjà vu des phrases du genre "j'ai lu X, enfin, j'ai triché, je l'ai écouté en livre audio"... (Et, en tant que sériephile avérée, le statut "roi" du support écrit me gonfle un peu aussi. J'aime la fiction. Y'a beaucoup d'excellente fiction dans ma télé.)

Pour le deuxième point, je crois que ce qui "pose problème" est moins le problème de la drogue et de l'addiction en soi que de ses conséquences sociales problématiques éventuelles. Y'a un certain nombre de choses, y compris "comportementales sans aspect chimique" qui sont souvent considérées comme problématiques à hautes doses - casino et jeu vidéo viennent en tête en premier, mais on trouve aussi des gens qui se posent la question pour le sexe, le sport ou le shopping...
Et quelque part, ça répond presque tout seul à la question en deux points : "est-ce que ça te pose problème à toi et est-ce que tu préférerais faire autre chose (en-dehors du fait de te demander, au final, si tout cela est "normal" ou "sain") ? est-ce que ça pose problème à ton entourage et est-ce qu'ils te préféreraient te voir faire autre chose ?"

Sur un bouquin, je peux pas dire que le genre de comportement que tu rapportes me rappelle quelque chose. Mais si j'étends un peu, je peux voir ça sur ma réaction à certains problèmes, certains bugs, certains trucs sur lesquels je vais m'entêter et avoir beaucoup, beaucoup de mal à les lâcher, et sans aucun rapport avec la réalité non plus - l'état de "flow" parfois si difficile à atteindre semble assez proche de ce que tu racontes, et pour le coup c'est pas quelque chose que je cherche à éviter en général ;)

2. Le samedi 20 mai 2017 à 13:24, par _FrnchFrgg_ :

C'est marrant parce que dans mon cas c'est assez binaire: ou bien je n'arrive pas ou très difficilement à poursuivre au delà de la 10e page, ou bien je bouffe le bouquin jusqu'au bout sans pouvoir m'arrêter (généralement ça fait que je le ferme, terminé, vers 4-5h du matin). Heureusement que je lis particulièrement vite (du moins il me semble, d'ailleurs sur tous les sites/ereaders qui indiquent un temps approximatif de lecture je mets 1/4 à 1/3 du temps indiqué ce qui me parait très étrange).

Ça a même été une raison profonde d'engueulade avec Virginie au début parce que je n'entendais plus rien autour de moi. J'ai fait de gros gros efforts (laborieux et douloureux) pour apprendre à garder un lien avec le réel quand je lis ou que je travaille (n'importe quelle activité avec un minimum de concentration avait le même problème). Ce n'est toujours pas génial, mais bien mieux. En particulier maintenant j'entends mes enfants. Mais du coup j'ai l'impression de ne plus avoir cette capacité de concentration efficace quand je suis complètement seul. Donc je regrette en partie. Surtout que quand ils veulent m'empêcher de bosser maintenant ils y arrivent ;-)

Ces derniers temps je lis beaucoup de "light novels" Coréennes ou Chinoises traduites en anglais, et souvent c'est de 800 à 1500 chapitres d'une 30aine de pages chacuns donc là ce n'est plus faisable de manger tout d'un coup. Parfois je dérape et je m'endors très tard, mais globalement j'arrive à décrocher à heure raisonnable (l'histoire est souvent bonne, par contre c'est souvent écrit avec un style moyen au départ puis traduit de manière souvent fonctionnelle, donc la qualité littéraire me happe moins aussi).

Bon je lis quand même nettement trop pour mon propre bien, et celui de mon couple.

Du coup, un truc intéressant c'est que je suis beaucoup sur mon téléphone, mais utilisé comme e-reader, donc bien que je lise réellement je ne bénéficie pas de l'aura du lecteur mais plutôt de celle du facebooker de bas étage...

3. Le lundi 22 mai 2017 à 22:03, par Natacha :

D'abord une petite précision devant vos deux commentaires :

Je ne juge pas négativement le fait d'être coupé de la réalité pendant une lecture, ou dans « la zone » ou le "flow" ou tout ce qu'on peut désigner comme ça. Personnellement ça ne m'arrive que très rarement, et ça ne m'arrive qu'avec un roman dans lequel je suis profondément plongée en combinaison d'autres facteurs comme le manque de sommeil, une réalité que j'aimerais fuir, une scène particulièrement haletante, etc.

La contrariété de rater mon arrêt de bus ou de métro n'est que ça, et il n'y a que ça et le fait rater quelque chose alors que la peur féminine dans l'espace public m'empêche même de mettre un casque (par crainte de rater un signe avant-coureur de catastrophe) qui m'embêtent dans le fait de me retrouver dans cet état.

Ce que je trouve très malsain, et qui me gène beaucoup et m'inquiète, et qui arrive à chaque fois que je suis projetée très profondément dans un roman, c'est le « manque » juste après avoir arrêté la lecture. Ce temps avec ce qui ressemble à de la déréalisation mais que je n'ose pas encore appeler comme ça. Ce temps dans lequel je serais prête à me taper la tête contre le mur si ça pouvait me permettre de retourner dans le roman.

Balise, lorsqu'il commence à être question de « lecture avec un grand L », mes détecteurs de « classisme » hurlent et j'accorde peu de crédit aux propos concernés. J'ai l'intuition que ça n'a pas tellement contribué à mon « lire, c'est Bien », que je ressens plutôt entre lire en général et lire des livres, mais je ne vois pas trop comment vérifier cette affirmation.

Cela dit, je concède volontiers que les « classiques » sont en moyenne de meilleure qualité que les écrits modernes, par simple biais du survivant, mais ça ne peut décemment pas permettre de généraliser à ce point.

Pour ce qui est de ma catégorisation ("non-fiction" et autres), il faut peut-être que je clarifie aussi. Je vois trois catégories de livres : (1) les livres qui racontent une histoire de fiction, que j'appelle « romans » même si je ne suis pas certaine que ça se recouvre exactement ; (2) les livres qui racontent une histoire « vraie », avec au besoin une distinction entre (2b) ceux qui sont motivés par l'Histoire ou l'intérêt historique, et (2a) les autres ; et (3) les livres qui ne racontent pas une histoire. Il me semble trivial que ces catégories sont exhaustives et sans recouvrement.

Je comprends dans l'expression anglaise "non-fiction" l'union de (2) et (3), et mon message dans le billet est surtout que je trouve la frontière entre (1|2) et (3) plus pertinente que cette entre (1) et (2|3), essentiellement parce que je traite (2a) exactement comme (1) et que je ne sais trop quoi faire de (2b).

Concernant le statut « roi » du support écrit, j'ai trouvé le caractère asynchrone en rédigeant le billet, donc il n'est peut-être pas assez développé. En préambule, je rappellerais que je le but principal d'un divertissement est de divertir, et que ce n'est que parce que ce caractère est subjectif et variable d'une personne à l'autre que je m'intéresse aux autres critères.

Et sur le critère d'encourager la réflexion, je trouve supérieur un support qui impose un acte conscient continu pour avancer, comme le texte écrit ou la BD, par rapport à un support qui avance tout seul, comme un audiobook ou un épisode de série.

Mon expérience d'audiobook (peut-être biaisée parce qu'à chaque fois c'était des romans lus en texte peu de temps avant) est que c'est trop contraignant de faire pause pour suivre une réflexion personnelle avant de reprendre, et j'en abandonne plein de comme ça, et j'en apprécie moins le roman.

Du coup je m'interroge sérieusement sur la généralisabilité de cette supériorité pour d'autres gens, finalement. Combien poussent le Slow Reading à ce point ?

Enfin, sur le parallèle avec la drogue, j'ai l'impression que tu oublies l'aspect moralisateur de la loi, très marqué en France, en des aspects de santé publique et de protection des individus contre eux-mêmes. Ma pratique de la lecture n'a pas (que je sache) d'effet négatif sur ma santé, et elle n'en a pas non plus socialement ou logistiquement en dehors des périodes de manque. Je suis inquiète pour ce dont je suis capable (ou pas) dans ces périodes, et pour l'aspect moral (que je n'arrive pas tellement à cerner, d'où ce billet).

_FrnchFrgg_, je suis super-contente de te retrouver par ici, et je te remercie pour ton témoignage. Je ne trouve cependant rien de plus à y répondre que les premiers paragraphes ci-dessus.

Du coup avec tout ça je me sens quand même un peu seule face à mes périodes de manque…

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