Victorinox Spirit

Ceux qui ont suivi l'évolution du bazar que je trimbale avec moi entre la version 2015 et la version 2016 ont pu remarquer que j'ai remplacé mon couteau suisse Victorinox Huntsman par une pince multi-fonctions Victorinox Spirit.

Je vous disais en 2015 que j'aime beaucoup ce couteau suisse, et ça n'a pas changé. Et même si je la possède depuis beaucoup moins longtemps, j'aime aussi beaucoup cette nouvelle pince, alors je lui ai laissé une chance, et je ne l'ai pas regretté.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je m'attache rarement émotionnellement à des objets ; mais quand ça arrive, c'est un lien étonnamment fort, et ce sont des objets que je garde longtemps et dont la perte m'attriste.

Victorinox Spirit en pince

Je ne vais pas vous détailler tout ce que peut faire cette pince et son positionnement par rapport aux autres pinces multi-fonctions, il y a des déjà plein de gens un peu partout sur un internet qui font ça mieux que moi.

Cependant la plupart de ces gens sont américains, et se retrouvent avec des Victorinox qui ont fait le voyage transatlantique, ce qui les désavantagent sur le prix par rapport aux Leatherman locaux. Alors par chez moi, cet effet est inversé.

D'aucuns appellent le Victorinox Spirit « la Cadillac des pinces multi-fonctions », et y a indéniablement de la qualité et de la finesse d'ingénierie dans cet objet. Toutes les surfaces sont polies, toutes les arrêtes sont arrondies, et la courbe du manche, qui lui donne son aspect inhabituel repliée, sont à la fois jolies et confortables.

Victorinox Spirit ouvert

Au niveau des fonctions, ce sont les outils classiques de Victorinox, en un peu plus gros et trapus pour aller avec la taille de la pince. L'ouvre-boite, le décapsuleur, leurs tête de tournevis plat, et la scie à bois sont des transposées du Huntsman.

La lime, les ciseaux, l'alésoir et le tournevis curciforme sont clairement plus gros et plus robustes que leurs homologues des couteaux suisses, mais gardent les principes éprouvés.

Le crochet me laisse aussi perplexe que celui du Huntsman, et l'avoir dans la longueur du manche plutôt qu'à angle droit me semble réduire encore plus les possibilités d'utilisation.

J'y perds le tire-bouchon, mais je doute ça me manque.

Un mot particulier sur les ciseaux, à propos duquel j'ai lu beaucoup de reproches, parce qu'il ne s'ouvre pas beaucoup (6 mm entre les deux pointes à l'ouverture maximale) et qu'il coupe peu (14 mm entre le point de rencontre des lames et les pointes). En fait c'est presque plus une mini pince coupante que des ciseaux, la petitesse des lames comme d'autant plus de bras de levier sur le manche, et l'épaisseur des lames va dans le même sens. Et avec si peu d'allonge, je ne vois sincèrement pas l'intérêt d'ouvrir plus. Je n'ai encore jamais eu besoin de les ouvrir plus. Et en contre partie, cette étroitesse permet une construction plus robuste pour le ressort (mais du coup il ne peut pas être remplacé).

Il y a un outil étonnant et que je trouve pratique, qui a l'air de faire ciseau à bois à sa tête, et dont le tranchant grossier continue sur l'angle pour faire un ouvre-colis efficace et peu risqué.

Enfin, il y a la lame…

Lame originale du Victorinox Spirit XC

Honnêtement je penchais plus vers la version avec une lame normale, mais c'était cette version là qui était sérieusement en promo, à 80 €, contre 120 € pour la version (sans promo) avec la lame normale.

Ce genre de lames est très bien pour découper les tissus, les cordes, et les autres matériaux fibreux. Avec en plus le bout arrondi, j'imagine que c'est le meilleur outil de Victorinox pour découper la ceinture de sécurité d'une personne accidentée, ou pour découper des habits serrés autour d'une plaie ouverte.

Autant dire ce n'est pas un besoin que je rencontre tous les jours.

Par contre, il y a un dispositif qui bloque cette lame, comme tous les autres outils de la pince. Et la jurisprudence dans notre doux pays est qu'un mécanisme de blocage de lame permet de transformer un couteau pliant (un Opinel) en poignard, ce qui en fait une arme par nature, donc de port prohibé (sauf bonne raison).

Certes, cette lame est tellement arrondie que même bloquée, elle peut difficilement servir de poignard. De toute façon, la loi et la jurisprudence, ce ne sont des choses qui n'existent que dans les tribunaux, et qui ne déborde ailleurs que lorsque la menace des tribunaux est suffisamment pressante. Vu le prix de l'engin, ce n'est que l'arbitraire de l'agent plus ou moins légitime impliqué et ma bonne volonté qui vont compter.

Et pour ne rien arranger, ce doux pays de merde que je fuirai à la première occasion est parti dans un délire sécuritaire innommable, et tous les prétextes sont bons pour faire chier le citoyen de base suffisamment longtemps pour qu'il remarque qu'ils gesticulent.

Alors je me suis souvenu d'un anglais qui partait d'un constat similaire, et qui était très content de sa nouvelle spatule obtenue en supprimant le tranchant de cette lame.

Alors j'ai fait pareil, avec un résultat malheureusement moins propre.

Lame modifiée en spatule

J'ai pu tester que ça marche très bien pour étaler le beurre de cacahuètes, mais j'ai préféré en rester à cette expérience et considérer l'ensemble des outils de la pince comme non-alimentaire.

Je suis moi aussi très contente de cette modification, car je n'ai pas encore eu à couper de matériaux fibreux, mais j'ai été amenée à couper du papier (sans m'inquiéter de détruire le fil d'une vraie lame), à gratter, à sonder, et même à m'en servir de chausse-pied de fortune. Et dans toutes ces situations, j'étais contente de ne pas avoir de tranchant à ce morceau de métal.

Et quelqu'un qui essaye d'argumenter que cette pince est une arme, je pourrai dire sincèrement que j'ai fait des efforts pour être gentille.

Certaines personnes à qui j'en ai parlé ont trouvé dommage de détruire (ou neutraliser, je ne sais pas très bien quel terme est le plus approprié à quelle occasion) un tranchant. Après tout, ça peut toujours être utile, un tranchant, même denté.

Même si je n'ai pas trouvé dans ma vie urbaine des masses de situations où c'est si utile que ça, je concède qu'il y en a, et c'est pour ça que j'ai aussi un Bantam ou un Solo de Victorinox.

Au moment où j'écris ces lignes, après un peu plus d'un an de port quotidien, j'ai utilisé le bout de la pince, la lame/spatule, l'ouvre-colis, le gros tournevis plat au bout du décapsuleur, les ciseaux et le tournevis cruciforme.

Ça fait un quart des 24 fonctions listées par Victorinox (que je n'arrive honnêtement pas à toutes retrouver). On n'est pas encore au 100 % du Huntsman, mais il lui a aussi fallu des années avant de l'atteindre.

Commentaires

1. Le samedi 22 juillet 2017 à 10:32, par Oliv' :

Merci pour cette description et ce vécu,

Pour ma part, depuis une dizaine d'années, et malgré mon éloignement des USA, je fais partie du "camp des Leatherman", et je porte ma pince "Wave" toujours à ma ceinture, sans jamais avoir été importuné à son sujet.
Je ne l'enlève préventivement que pour passer les contrôles douaniers aux aéroports.
Je me plonge dans l'intérêt des couteaux Suisse Victorimox depuis peu, mais aucun ne parvient à remplacer compètement ma pince multifonctions.
Elle me sert au minimum 10 fois par jour : pour visser mes branches de lunettes, dévisser une tringle à rideau, couper deux rondelles de saucisson, me couper les ongles, extraire, ôter les agrafes, ouvrir les emballages ... elle fait vraiment partie de moi comme un prolongement de mes mains.
Contrairement aux couteaux suisses (quand ils sont un peu complets), au moins 90% des fonctions me sont utiles au quotidien.

2. Le samedi 29 juillet 2017 à 20:28, par Natacha :

J'ai à peu près la même relation avec mon Spirit, en tant qu'outil à tout faire qui est le prolongement de moi, j'ai souvent cette relation avec mes outils.

La seule raison pour laquelle je ne m'en sers pas dix fois par jour, ce que ma vie est telle que je n'ai pas l'occasion d'utiliser un outil dix fois par jour. Cependant il n'est pas rare que je m'en serve plutôt que d'un outil spécialisé et meilleur (ou plus confortable) simplement parce que la différence ne justifie pas les quelques mètres pour chercher l'outil spécialisé.

J'ai souvent lu beaucoup de bien du Wave, et je reconnais volontiers que l'ouverture les lames à une main est un avantage colossal quand on en a l'usage, ce qui n'est pas mon cas, je n'ai même pas besoin de lame du tout.

J'ai aussi considéré le Wingman, qui a l'air d'avoir à peu près autant de fonctions utiles dans ma vie que le Wave, sans le risque de perdre des pièces amovibles. Je me demande quand même s'il y a une différence de qualité entre Wingman, Wave, et Spirit, parce que j'aime bien les outils qui durent et sur lesquels on peut compter.

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  • Publié le 28 février 2017 à 23h39
  • État de la bête : suisse de la pince et du couteau
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  • Tag : Jouets

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