Journal d'une apprentie motarde, leçon n°9

Cette leçon a eu lieu après une contre-performance majeure lors de la leçon précédente, et après avoir eu un peu trop de temps libre à ressasser tout ça en croyant y chercher une cause à corriger.

Résultat, j'ai commencé avec un état d'esprit très négatif, et avec une envie de tout laisser tomber, à laquelle je n'ai pu résister que parce que je sais que ce n'était qu'une phase. À la place j'ai donc formé le plan de travailler mon embrayage et le placement de mon corps dans le parcours lent, plan qui n'a évidemment pas survécu au contact avec la réalité.

Du coup j'ai été très attentive à mon ressenti lors du trajet de la moto-école au plateau (sans diminuer la part d'attention à la circulation, hein), pour me confirmer que ça reste de loin mon moyen de transport préféré après la marche, et pour me rappeler de pourquoi je me fais chier sur le plateau.

Une fois arrivés au plateau, nous avons commencé directement parcours lent, sans réviser les vérifications ni faire des tours de piste pour s'échauffer et pour exécuter mon plan de gestion des commandes.

Et ce parcours lent s'est à peu près aussi mal passé que la dernière fois, je n'arrivais pas à gérer simultanément l'exécution de l'exercice, l'application des remarques que je me faisais à moi-même, et l'application des remarques faites par l'encadrement (qui étaient souvent des erreurs faites sur des points que je pense maîtriser et sur lesquels je me relâche volontairement pour porter mon attention sur les points que je voulais travailler).

J'ai fini par avouer cette surcharge mentale, et j'ai eu le droit de faire une pause dans les enchaînements de parcours lents pour faire juste des huit entre deux cônes, en ajoutant progressivement les commandes les unes après les autres. C'est là que j'ai pu plus ou moins adapter mon plan, mais le verdict de l'encadrement était surtout que j'allais trop fort sur le frein arrière, et du coup aller trop lentement par rapport à mes capacités d'équilibre.

De retour sur le parcours lent, je freine moins, donc je vais plus vite, et j'ai un équilibre nettement meilleur, et j'arrive à me pencher pour faire contrepoids dans les virages. Je ne penchais que le buste, il me semble que par le passé j'arrivais à bouger les fesses aussi (en ralenti première, donc sans aucune autre commande à gérer), mais ce n'était pas le cas ici.

Évidemment, l'inconvénient d'aller plus vite, c'est que du coup je termine la partie chronométrée beaucoup trop tôt, ce qui est éliminatoire aussi. Mais cette partie se termine par un couloir en ligne droite, ce qui permet de réduire beaucoup la vitesse sans les soucis d'équilibre posés par les virages, et j'ai des secondes à gagner à ce niveau.

Je trouve peu satisfaisant de ne pas pouvoir faire la partie chronométrée à une vitesse à peu près constante de bout en bout, et à la place de faire les virages « dynamiquement » et de transformer le tunnel en exercice d'équilibriste, mais j'en ai suffisamment marre pour accepter le compromis.

Pour se changer les idées après ces enchaînements d'échecs en parcours lent, nous sommes allés travailler l'évitement. Et ça a continué de mal se passer pour moi.

Après avoir enchaîné plusieurs évitements ratés, on m'a indiqué le problème : j'allais trop vite. Je ne sais pas trop quelle confusion mentale m'a fait arriver là, j'étais persuadée d'avoir du mal à atteindre la vitesse minimale dans le slalom et avant l'évitement, donc j'accélérais trop longtemps, alors qu'en fait mon accélération était tout à fait adaptée et il suffirait de me stabiliser à la bonne vitesse.

Évidemment, j'écris ça comme ça, c'est limpide, mais ce n'est qu'après la leçon que j'ai eu cette compréhension. Du coup après plusieurs recommandations de stabiliser ma vitesse, sans progrès visible, j'ai décidé de faire en mode « un coup pour rien » : j'y vais en laissant tomber toutes les contraintes de vitesse, pour faire au moins la suite de mouvements. Et évidemment, comme mon coup-pour-rien précédent, le résultat a été exactement ce qu'il fallait, et m'aurait valu la note maximale à l'examen.

C'est d'ailleurs le seul évitement réussi de la leçon, j'ai eu beaucoup de mal à gérer correctement le regard. Au lieu de regarder le repère loin de l'obstacle à éviter, j'étais fixée sur l'obstacle, qui du coup n'était pas évité. J'ai aussi remarqué ça aussi bien sur le trajet aller que sur le trajet retour de cette leçon, je n'ai pas pu lâcher des yeux les saloperies à éviter sur ma voie (sacs plastiques et canette de coca). Je les ai évitées, contrairement aux cônes de l'exercice d'évitement, mais je ne sais pas comment et je sais qu'il faut que j'arrive à me déconditionner de regarder l'obstacle.

Pendant un de ces exercices d'évitement, avant de retrouver une vitesse raisonnable, je me suis retrouvée à caler dans le demi-tour, et tomber. C'était ma seule chute de la leçon, encore une fois sur le côté droit. Je n'ai jamais fait tomber de moto sur le côté gauche, je suppose que c'est parce que je peux toujours me rattraper en posant le pied gauche, alors qu'à droite, l'automatisme de poser le pied est coupé par l'utilisation du frein arrière avec ce même pied.

Cette sixième chute a été la première fois que je relève la moto toute seule. Je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait différemment, j'ai la théorie en tête depuis le début, mais cette fois l'exécution était bonne. J'avais juste oublié de sortir la béquille avant d'essayer de la relever (peut-être parce que la béquille ne sert que si je réussis, et je n'y croyais pas du tout), mais j'ai pu tenir la moto presque en équilibre le temps de se pencher au-dessus pour sortir la béquille.

Après ces évitements, nous sommes revenus au parcours lent, mais dans la disposition symétrique au début de la leçon, c'est-à-dire en partant vers la gauche au lieu de vers la droite.

Pour moi comme pour mes condisciples, ça c'est beaucoup mieux passé qu'au début de la leçon. Il paraît qu'on a tous un côté qui va mieux que l'autre, mais la différence est trop marquée pour que je puisse croire qu'il n'y a que ça. À moins que l'histoire du pied droit occupé par le frein me force à mieux gérer certains virages. Ou alors c'est le fait d'avoir travaillé l'exercice d'évitement, où il faut pencher fermement la moto, qui nous a chauffés pour le parcours lent.

Bref, c'était le jour et la nuit, et j'ai même réussi à faire un parcours lent entier (sauf la partie avec passager) avec la note maximale, avec plus de 24 secondes sur la partie chronométrée. À titre de comparaison, il faut au moins 20 secondes pour avoir la note maximale, et c'est éliminatoire en dessous de 17 secondes.

Évidemment, ce n'est qu'une seule fois, mais j'ai eu un bon nombre de B aussi.

D'ailleurs je n'ai jamais évoqué ici cette histoire de notation. Il y a cinq exercices : la poussette et les vérifications, le parcours lent, l'évitement, le freinage d'urgence, et l'interrogation orale (« les fiches »). Chaque exercice est noté A, quand tout est bien fait, ou B, quand il y a une erreur mineure, ou C, quand il y a une erreur majeure ou plus d'une erreur mineure. L'examen est réussi quand on n'a aucun C et au moins deux A sur les cinq, ce qui me fait considérer le C comme éliminatoire, et le B comme un sursis.

Comme je suis quand même plutôt intellectuelle, j'ai assez confiance dans ma capacité à obtenir A pour le premier et le dernier exercice. De l'avis général, les B sont très rares dans les exercices rapides (évitement et freinage d'urgence), et j'aurais tendance à confirmer. (Par exemple sur le freinage d'urgence, les seules occasions de B seraient de poser deux fois un pied par terre lors du demi-tour, mais ça ne m'est jamais arrivé, ou de bousculer le cône au milieu du demi-tour, ce qui me semble impossible sans sortir de la piste (de 6 mètres de large, donc en passant par le milieu il faudrait faire demi-tour sur à peine plus de 3 mètres) et avoir du coup un C).

Tout ça pour dire que B au parcours au lent est un résultat tout à fait acceptable à mes yeux.

Et pour finir, le retour du plateau vers la moto-école n'a pas été spécialement remarquable, en dehors de ma deuxième expérience d'inter-file, pendant laquelle j'étais beaucoup moins en confiance, et plus tendue. Je ne sais pas trop pourquoi, je sentais juste beaucoup moins bien les files de part et d'autre. Mais il y a encore de la marge avant le niveau de non-confiance qui me ferait renoncer à cette pratique.

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  • Publié le 23 juin 2019 à 19h43
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