Journal d'une apprentie motarde, examen n°2
Le grand jour est arrivé, et j'étais loin d'être en forme, pour diverses raisons plus ou moins corrélées. J'ai bien fait attention à ne surtout pas poser les yeux sur l'éventuel pictogramme des différentes substances que j'ai pu ingérer. De toute façon ce pictogramme représente une voiture, et je n'avais aucune intention de toucher à une voiture.
Plus sérieusement, ce n'étaient que des molécules dont j'ai l'expérience, et dont je connais bien les effets sur moi, et j'avais la certitude, confirmée a posteriori, que ça n'a pas eu d'impact sur ma conduite. C'est juste amusant d'en être là après des révisions sans impasse sur la fiche n°9 (« L'alcool et les stupéfiants »).
Bref, comme dans l'examen précédent, j'ai emmené la moto de l'école au centre d'examen, et j'ai à nouveau trouvé la conduite sur ce nouveau chemin colossalement plus agréable que les aller-retours entre l'école et le plateau. Ça me laisse vraiment perplexe sur la possibilité d'utiliser la moto sur le trajet entre domicilie et lieu de travail, y a-t-il une usure des trajets à force de les parcourir, ou est-ce une caractéristique intrinsèque du chemin entre école et plateau ?
Au milieu du chemin, il y a eu une pause pour que les deux candidats qui n'ont pas eu la chance de faire tout le trajet en moto échangent de place. Le temps qu'ils échangent, nous avions comme instruction de nous entraîner sur le parking.
Prise comme ça au dépourvu, je n'ai pas su trop quoi faire, sans repère ni cône, et avec la peur de tourner trop fort et faire tomber la moto et abîmer quelque chose. Je me suis retrouvée à peu près dans le même état d'errance mentale que pendant la leçon précédente, et ce n'est pas agréable du tout. Faudra-t-il que j'apprenne à gérer l'ennui à moto ?
Une fois arrivés, comme dans l'examen précédent, la demi-journée a été marquée par l'attente.
Par rapport à l'examen précédent, j'étais beaucoup moins stressée. Je ne sais pas trop combien est dû à la prise de confiance dans le dernier exercice qui me posait problème, et combien est dû au fait d'avoir déjà vécu un examen, en plus au même endroit.
D'ailleurs en plus d'être le même plateau au même centre d'examen, le sens prétendument aléatoire était le même que dans mon passage précédent, en plus d'être le même sens que dans l'examen précédent de l'école, et déjà à l'époque c'était le même sens que dans l'examen précédent des carrés qui passaient avec moi. À se demander si la pente du plateau ne biaiserait pas aussi la sélection aléatoire du sens.
Notez que la fin du paragraphe précédent est un trait d'humour, car le choix aléatoire du sens est officiellement fait par le premier candidat de la demi-journée, qui choisit une des deux fiches présentées de dos par l'examinateur.
Une fois les deux épreuves en circulation faites par notre examinatrice, les quatre candidats au plateau, dont je fais partie, ont pu passer. Personne n'avait de préférence sur l'ordre passage, alors nous sommes passés dans l'ordre où ça venait, dans lequel j'étais deuxième.
Comme dans l'examen précédent, la pente a sérieusement compliqué la manipulation de la moto sans l'aide du moteur (« poussette »), et nous avons tous eu besoin de réavancer avant de réussir la marche arrière.
J'ai pu ressortir les vérifications avec confiance, je suis tombée sur les clignotants, l'accélérateur et l'embrayage, et la transmission.
Nous avons tous bien réussi cette première épreuve, finie avec quatre « A ».
Sans surprise, le parcours lent s'est révélé beaucoup plus compliqué.
Pour moi, j'ai mieux géré le patinage en descente que dans mon premier essai de l'examen précédent, mais moins bien que dans le deuxième essai, et j'ai un peu perdu l'équilibre à la troisième porte, et posé le pied par terre. Le reste du parcours s'est très bien passé, ce qui est s'est fini avec un « B ».
Je pense sérieusement que j'aurais pu faire deuxième essai et avoir un « A », mais j'ai préféré ne pas courir le risque, j'aurais assez de « A » plus tard, et je suis restée sur mon « B ».
Les autres candidats ne s'en sont pas aussi bien sortis. Ils ont raté leurs deux essais. Je me souviens avoir lâché un « mais, ne me laissez pas toute seule ! » après le premier essai du dernier candidat, parce que je me souvenais de la pression d'être toute seule pour les parcours rapides, ce que j'ai connu dans l'examen précédent.
Pour ne rien arranger, les autres sont partis ranger les affaires et préparer le départ pendant mes parcours rapides, donc je me suis retrouvée toute seule face à l'examinateur. J'ai su plus tard qu'ils me regardaient depuis le parking, je ne sais pas si le but était que je ne me sente pas observée (ce qui a réussi), mais ça n'a pas aidé à descendre la pression.
Heureusement que j'étais beaucoup zen que pendant mon premier passage.
Bref, je me suis placée pour l'exercice de freinage d'urgence. J'étais bien partie, mais il s'est passé quelque chose pendant le demi-tour, et j'ai été plus déséquilibrée que d'habitude avec mon guidon en butée, et mon pied a touché le sol à deux reprises.
J'ai quand même continué, et j'ai eu l'impression d'avoir déclenché le freinage d'urgence un peu trop tôt.
Pourtant, l'examinatrice m'a annoncé un « A », que j'ai accepté de mon cœur.
On m'a dit ensuite que ce n'est pas vraiment le nombre de fois où le pied décolle et retouche le sol qui compte, mais le nombre d'actions de correction de l'équilibre. Je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé avec suffisamment de détails, mais dans le principe, de ce que j'ai compris, si je pose mon pied pour retrouver l'équilibre, avec la moto qui continue à avancer, et que je réavance le pied pour le remettre dans une position utilisable, avant de repartir, ça compte comme un seul appui au sol. C'est tout à fait compatible avec mon souvenir.
Quant au déclenchement du freinage, personne d'autre que moi n'a vu d'anticipation, donc c'est probablement juste dans ma tête.
Ensuite, je me suis placée pour l'exercice d'évitement. J'ai fait un slalom un peu rapide, un demi-tour impeccable, et un évitement sans toucher le moindre cône.
J'ai eu l'impression de lâcher les gaz un peu trop tôt, mais en même temps j'étais (à peu près) stabilisée à 54-55 km/h au compteur avant de les lâcher, donc il est vraisemblable que ma vitesse à l'entrée du couloir d'évitement soit conforme aux critères de l'épreuve.
J'ai donc eu un « A » du premier coup, et j'ai pu aller ranger la moto avant d'aller faire les fiches.
Comme il y avait pas mal de monde, entre mon école qui attendait et toutes les écoles prêtes à passer ensuite, je n'ai pas trop su où mettre la moto pour ne pas être au milieu du passage, et l'examinatrice attendait, et je suppose qu'un moniteur a dû voir ma détresse et il m'a gentiment proposé de garer ma moto pendant que je passe mes fiches.
Après avoir retiré tout l'équipement qui gêne, j'ai choisi au hasard une fiche (la troisième en partant de ma droite), qui s'est révélée être la fiche n°6, « L'équipement ». L'examinatrice a commenté « très bon choix ».
Je n'avais pas tellement la notion du temps pendant que je parlais, j'ai cherché à épuiser mes connaissances sur chaque tête de chapitre (« Le casque », « La tenue », « Les gants », et « Les chaussures »). Visiblement j'ai dit ce qu'il fallait dire, l'examinatrice n'est intervenue qu'avec des acquiescements invitant à continuer, et j'ai fini avec un « A », malgré la quantité monumentale de choses que je n'ai pas dites.
Résultat, j'ai obtenu mon plateau, du premier coup pour chaque exercice (sauf la marche arrière sans moteur), et il n'y a que le parcours lent pour me distinguer d'une andouillette.
À partir de là, la partie réputée la plus pénible est faite, il ne reste qu'à continuer vers l'épreuve en circulation.
Comme j'ai accumulé seize leçons, dont douze pour lesquelles j'ai fait l'aller-retour entre l'école et le plateau, l'école me compte douze heures en circulation, donc j'ai déjà le minimum légal pour être présentable.
Il reste cependant à acquérir les compétences effectives pour la circulation à moto. Comme je l'écrivais dans mon weblog, je me rassurais par le fait que toutes les décisions compliquées sont prises par le moniteur : je n'ai jamais eu à décider à quelle vitesse rouler, quand dépasser, quand faire de l'inter-file, ou quel chemin suivre ; j'avais juste à maintenir l'espace entre moi et la moto du convoi devant moi. La formation du convoi impose même la demi-voie dans laquelle rouler, donc je n'avais même pas cette décision de trajectoire à prendre.
Bref, il y a encore du pain sur la planche…
Commentaires
1. Le lundi 30 septembre 2019 à 10:43, par Ruxor :
Félicitations ! Et bonne continuation. Je suis curieux de savoir ce que tu penseras de la difficulté de la circulation (mais si tu as plus d'expérience que moi de la voiture, ça ne devrait pas être trop dur, surtout si tu passes avant l'entrée en vigueur de la réforme). Au moins tu auras des trajets variés.
2. Le samedi 5 octobre 2019 à 12:53, par Natacha :
Je ne sais pas trop comment comparer nos expériences de la voiture.
Si, sous prétexte de prescription, on dit qu'on peut négliger ce qu'il s'est passé il y a plus de quinze ans (hypothèse très douteuse, mais sinon mon cas serait beaucoup trop compliqué), je n'ai comme expérience qu'un petit millier de kilomètres répartis dans les huit derniers mois.
Sauf que le kilomètre n'est pas du tout la bonne unité de mesure de l'expérience de conduite, on s'auto-forme beaucoup plus dans dix kilomètres de trafic urbain dense en entités motorisées et non-motorisées, qu'en trois cents kilomètres d'autoroute fluide au régulateur de vitesse.
On pourrait évaluer mon niveau subjectif d'expérience de conduite automobile par le fait que je tourne encore la tête académiquement pour vérifier rétroviseurs et angles morts, j'ai presque le même niveau de stress par le risque d'abîmer la voiture que par le risque d'abîmer mon corps malgré les protections et la surveillance des moniteurs, et je n'ai jamais proféré ni pensé de remarque pire que « oh, ce n'est pas très gentil, ça ».
Du coup je ne sais pas du tout où je me trouve dans l'échelle de difficulté de l'épreuve en circulation…
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- Publié le 29 septembre 2019 à 19h30
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