Journal d'une apprentie motarde, examen n°3
En route vers le centre d'examen
Comme dans les examens précédents, le premier et le deuxième essai du plateau, le parcours entre l'école et le centre d'examen est fait en moto, pour s'échauffer et se remettre dans le bain.
Il y avait cette fois avec moi seulement deux candidats au plateau, qui avaient tellement d'essais infructueux derrière eux qu'ils n'osaient pas les compter (en public), et j'étais la seule présentée pour la circulation.
Du coup, en répétition de la circulation, j'ouvrais la voie en suivant les instructions dans l'oreillette, avec les deux autres derrière moi, et la voiture d'encadrement tout derrière.
Pour être sûre de ne pas rater l'enregistrement GPS, comme c'est arrivé pendant ma seule leçon en circulation, je l'ai activé juste avant d'arriver à la moto-école, et je l'ai laissé enregistrer en continu le trajet vers le plateau, l'attente, l'examen, et le retour.
Je m'attendais à retrouver la tension que j'avais pendant la leçon en circulation, et pourtant non, il n'en restait aucune trace, j'étais aussi sereine que dans la formation sur le trajet entre l'école et le plateau.
Pourtant, je n'étais pas moins attentive, ni moins angoissée par la perspective d'un accident.
Je me demande si c'est une question de richesse de l'environnement : dans les petites rues, aux aurores, il y a beaucoup moins de choses auxquelles il faut faire attention qu'un après-midi ensoleillé au tout début de l'heure de pointe.
Ou alors j'ai suffisamment progressé pendant la leçon précédente pour n'avoir déjà plus besoin d'effort mental conscient pour analyser la situation routière, mais j'ai beaucoup de mal à envisager cette possibilité tant elle me semble pleine d'arrogance, en prétendant avoir fait en une heure et demie ce que j'imaginais prendre des dizaines, sinon quelques centaines, d'heures.
J'ai reçu au début quelques remarques sur ma tête qui ne tourne pas assez pour vérifier les angles morts, mais ça s'est résolu en cours de route. Autrement, tout avait l'air suffisant pour passer l'examen et être lâchée sur la vraie route avec des vrais gens dessus.
Le plateau
Une fois arrivés au centre d'examen, il n'y a pas eu tellement d'attente. J'ai su par la suite qu'il y avait des cours de plateau prévus ensuite, donc des dispositions ont été prises pour que ça aille vite (avec seulement trois candidats) et que nous passions les premiers.
Nous sommes tombés avec l'examinatrice qui m'avait donné le plateau, et qui est réputée plutôt gentille. Deux points qui aident à la mise en confiance…
Cette fois, les candidats au plateau sont passés avant moi, alors que dans mes deux tentatives de plateau, les candidats à la circulation passaient en premiers.
J'avoue ne pas avoir tellement suivi ce qu'ont fait mes condisciples, en partie parce que j'étais prise par la gestion de mon propre stress, et en partie parce que je sentais malsain d'être spectatrice sans la solidarité d'être en train subir la même chose.
J'ai cependant remarqué que le plateau était encore une fois en position de commencer vers la droite, en descente. Je n'ai jamais connu ce plateau dans l'autre sens, et je n'ai même pas discuté avec quelqu'un qui a dit l'avoir connu dans l'autre sens.
Ils ont tous les deux suffisamment réussi le parcours lent pour faire les exercices rapides, le freinage d'urgence n'a pas posé de problème, un des deux a raté ses deux essais d'évitement tandis que l'autre a réussi le deuxième essai, et ensuite ses fiches.
L'examen
Et puis c'est passé à mon tour, la merde est devenue réelle, et elle a touché le ventilateur. J'ai senti le stress monter en flèche. Et oui, c'était vraiment formulé comme ça dans ma tête à ce moment-là, c'est dire les ravages du stress sur les capacités mentales…
Sur le chemin entre les fiches du précédent et la voiture de l'école, l'examinatrice m'a donné l'énoncé de l'épreuve et interrogée sur l'« installation au poste de conduite ». J'avais cru comprendre que c'est plutôt demandé de le faire, mais pour moi ça a été purement oral, et je l'ai fait pour de vrai plus tard. Pour l'archive, il s'agit de régler les rétroviseurs, de vérifier l'extinction du voyant d'alerte après démarrage du moteur, et vérifier le fonctionnement du feu de croisement (l'ordre est libre, et je préfère cet ordre-là parce que ça permet de démarrer le moteur plus tard, ce qui réduit négligeablement la consommation d'essence et la fatigue auditive).
Je ne sais pas trop à quoi sont dues ces variations, mais la signalétique n'était pas la même pendant ma leçon de conduite. Pour la leçon, je pouvais communiquer avec la voiture avec « oui » et « non » en secouant la tête dans un sens ou dans l'autre, et « je n'ai pas entendu » en montrant l'oreille. Pour l'examen, je n'avais que le « oui » pour « j'ai bien entendu » et le « non » pour « je n'ai pas compris ».
J'imagine que le moniteur peut avoir besoin de me poser une question (nécessairement fermée, du coup), alors que l'examen se limite à des ordres.
Je crois avoir bien géré cette communication, il y a une fois où le bruit du vent a couvert l'instruction et j'ai fait un « non », et il y a un certain nombre de « oui » que j'ai zapés, car je pensais avoir suffisamment acquiescé avec mes clignotants.
Sur l'ensemble du parcours, la conduite était largement assez prenante pour ne pas laisser de place au stress. Je n'ai toujours pas retrouvé la tension de ma leçon de conduite, ça continuait de se faire naturellement, avec confiance en moi.
Et dans l'ensemble, j'ai l'impression d'avoir très bien conduit, nettement mieux qu'à mon habitude, même en voiture, et peut-être nettement mieux que jamais dans mon existence. Même le dynamisme, qu'on m'a souvent reproché de manquer, était là.
Conformément aux prédictions de l'encadrement, je n'ai pas été dirigée vers l'autoroute, je n'ai fait que de la ville et des départementales.
D'ailleurs en reprenant la trace GPS sur Google Street View, je suis plutôt étonnée par la faible quantité de voies urbaines. La majorité du parcours était du genre « départementale », c'est-à-dire en double sens avec une voie par sens, peu ou pas d'habitations riveraines, pas de trottoir, un accotement plutôt sauvage, et plus de virages peu visibles que d'intersections ; même lorsque ces routes étaient administrativement en agglomération et/ou limitées à 70 km/h.
Du coup j'ai peut-être été plus jugée sur la trajectoire de sécurité que sur les pièges urbains comme les priorités à droite ou aux piétons, à peu près à l'inverse de ma leçon de conduite. Ce qui d'un côté n'est pas si mal, parce que c'est une spécificité de la moto, alors que mon permis B m'a déjà testée sur les pièges urbains, mais d'un autre côté c'est hors du programme 2019, je n'ai pas du tout vu ça en cours, j'ai juste un peu lu sur internet, je n'ai aucune estimation de mon niveau intrinsèque ou de ce qu'en pense mon école.
Les erreurs
Il n'y a eu que trois moments mémorables dans ce parcours :
-
Il y avait un carrefour à sens giratoire, avant lequel j'ai reçu l'instruction d'aller tout droit, mais après la première sortie j'ai eu un gros gros doute sur la sortie désignée par « tout droit », entre la deuxième ou la troisième. J'avais le nom de la direction correspondant à ce « tout droit », mais il n'y avait pas de panneau au niveau des sorties.
Suivant mon doute, j'ai renoncé à la deuxième sortie, pour aller voir si la troisième a un panneau. Ce n'était pas le cas, mais en la voyant j'ai été convaincue que ce n'était pas « tout droit », et l'instruction dans l'oreillette de continuer dans le giratoire m'a confirmé que c'était le cas.
D'après la discussion a posteriori, j'ai géré ce doute comme il faut, et le tour-et-demi a été fait correctement et avec sécurité, même si j'étais à l'extérieur tout du long. Je suppose qu'on pourrait arguer qu'une fois la bonne sortie déterminée, je pourrais partir vers l'intérieur jusqu'à revenir à son abord.
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Il y a une zone 30 dont je n'ai pas vu la fin, et je suis restée à 30 km/h (en fait 32-33 au compteur, comme il m'a été ordonné, pour le decorum) jusqu'à ce que je reconnaisse une portion de route à 50 km/h que j'avais prise à l'aller.
J'ai retrouvé le panneau de fin de zone 30 sur Google Street View, et j'ai dû parcourir un petit kilomètre avant de revenir à 50 km/h. Autant je me souviens bien de l'entrée en zone 30, et de la zone générale où j'ai réaccéléré, autant je n'ai aucun souvenir de la fin de la zone 30 et des quelques carrefours qui ont suivi.
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Il y a une sortie de giratoire où la route avait l'air un peu bizarre, avec un damier dessiné dessus, et j'étais sur le point de m'engager dessus quand j'ai pris conscience que la route était en fait plus à ma gauche. J'ai su plus tard que ce damier était le début d'une voie de bus.
J'ai pu rattraper ma trajectoire sans mordre sur la voie de bus, mais je ne sais pas du tout comment. L'instinct que j'avais décrit dans la leçon en circulation a pris le dessus, et dans le champ conscient il n'est arrivé que la montée d'adrénaline et la crainte de tomber causée par le roulis inhabituel de la moto. Je ne sais pas si j'avais conscience sur le coup d'avoir sorti la jambe pour éventuellement rattraper cet équilibre, même si avec le recul je ne crois pas du tout que ce soit possible, et je suis à peu près sûre de ne pas avoir touché le sol.
On m'a dit après coup que pendant que je me dirigeais vers la voie de bus, l'examinatrice répétait « oh non oh non oh non », comme si elle trouvait dommage de devoir me recaler pour ça. Heureusement que je l'ai rattrapé…
Le retour
Une fois de retour sur le centre d'examen, je suis allée garer la moto, et alors que je retournais vers la voiture, j'ai vu l'examinatrice aller vers le groupe de la moto-école suivante. Je n'ai même pas pu lui dire « au revoir ».
Nous sommes repartis vers l'école dans la foulée, avec cette fois la voiture devant. Par défaut, nous avons gardé le même ordre dans la formation.
Je voulais reprendre le comportement normal de formation en quinconce, dans laquelle j'aurais juste par hasard la première place derrière la voiture, mais je n'ai pas pu réprimer les automatismes de la leçon en circulation, vérification des angles morts et placement dans la voie compris, donc les deux autres ont bien été obligés de rester derrière moi.
Comme la pression était retombée, la fatigue recommençait à se faire sentir, quoique nettement moins qu'à la fin de la leçon en circulation. J'imagine que le maintien des automatismes de conduite en circulation malgré la fatigue et le relâchement est une bonne chose, une preuve que c'est vraiment assimilé. Et pour donner le niveau de réflexion disponible, je me souviens d'un moment, arrêtée à un feu, où j'ai trouvé amusant que la voiture derrière moi ait un chapeau marqué « IXAT », ça ne sonne pas très bien comme nom de marque…
L'attente des résultats
Forte de l'expérience de David Madore, j'étais devant mon PC le surlendemain vers 8h10 pour avoir le résultat, et éventuellement le certificat qui permet de conduire. Mais point de résultat.
J'ai réessayé en arrivant au travail, et ensuite à peu près toutes les demi-heures, même si je me doutais bien que ça avait peu de chances de changer quoi que ce soit. Point de résultat.
Le jour ouvré suivant, vers 8h06, même topo, et toujours pas de résultat. L'inquiétude commençait à monter. J'ai vérifié un peu moins souvent, mais je l'ai quand même fait tout au long de la journée, avec une inquiétude croissante.
Du coup je suis passée par la moto école après ma journée de travail peu efficace. Ils ont constaté l'absence de résultat administratif, mais ils avaient entretemps reçu un bordereau en papier qui résume les résultats de chaque examen de la session, et donc j'avais au moins la confirmation que j'ai effectivement réussi, même si je n'avais ni le détail ni le papier nécessaire pour pouvoir conduire.
Il paraît que ce n'est pas si rare qu'il faille un jour de plus pour que le résultat sorte, si l'examinateur a besoin de vérifier quelque chose avant de valider un résultat. Comme les résultats sont envoyés en bloc, une seule vérification bloque tous les résultats de la journée.
Donc j'ai pris mon mal en patience, et j'ai mal dormi, et le lendemain à 7h35 le papier était enfin disponible. Et après une vidéo qui semblait durer une éternité, j'ai enfin pu accéder à mon certificat d'examen du permis de conduire.
Comme quoi, il peut arriver de devoir attendre quatre jours ouvrés pour avoir le résultat.
Le résultat
Mon résultat est 24 points sur 27.
Les principales compétences sont notées de 0 à 3, avec en plus la note « E » pour « éliminatoire ». 3 points sont censés représenter une maîtrise parfaite, la moindre erreur fait descendre la note intermédiaire à 2, tandis qu'un 1 représente une erreur grave (mais pas éliminatoire) ou une accumulation d'erreurs plus légères, alors qu'un 0 est catastrophique (plusieurs erreurs graves ?). Il y a une compétence notée de 0 à 2 et des éléments à 0 ou 1, mais je ne vais pas en parler.
Les trois points qui me manquent par rapport à une note parfaite viennent de trois compétences à 2 points sur 3 :
- Savoir se positionner sur le véhicule, connaître et utiliser les commandes,
- Prendre l'information,
- Partager la chaussée.
J'aurais beaucoup aimé avoir plus de détails, parce qu'en l'état je ne vois pas du tout comment utiliser ça pour progresser. Je ne vois même pas tellement le rapport entre ces compétences et mes erreurs.
J'imagine que s'apprêter à prendre une voie de bus pourrait être un défaut de partage de la chaussée. Il est possible que mon rattrapage de la voie de bus ait été fait sans contrôle des bons angles morts, et l'épisode du giratoire pourraient rentrer dans la prise d'information.
En revanche, la position sur le véhicule et les commandes, je ne vois pas du tout à quel niveau j'ai pu fauter.
Bref, je crois que je vais faire comme tout le monde, et utiliser ce papier sans chercher à comprendre plus loin que « maintenant je peux conduire une moto toute seule ».
Et passer aux étapes suivantes : champagne (sans conduire après, de toute façon sans moto aucun risque de conduire ivre), demande de permis de conduire, et achat de moto.
Commentaires
1. Le lundi 14 octobre 2019 à 0:44, par Ruxor :
Félicitations ! 🎉
(Et désolé d'avoir diffusé cette information incorrecte que les résultats sont toujours disponibles deux jours après.)
L'étape de choix et d'achat de la moto devrait sans doute être plus amusante et moins stressante. Je suppose que tu le sais (et que c'est évident), mais à tout hasard : tu n'as pas à attendre le permis définitif pour acheter la moto (ou pour conduire), l'attestation de réussite suffit.
2. Le lundi 14 octobre 2019 à 7:04, par Balise :
Félicitations ! Et merci pour toute cette série de billets - j'ai trouvé ça très chouette :D
3. Le lundi 14 octobre 2019 à 21:35, par Natacha :
Merci beaucoup à tous les deux \o/
Je savais effectivement que je peux conduire avec l'attestation, et d'ailleurs j'étais dans une concession le jour même de son téléchargement, à demander un essai. Il paraît que certaines concessions ne prêtent pas avec seulement l'attestation, et réclament la mention A2 sur le permis rose, mais je n'en ai pas (encore) rencontré.
Et sans vouloir spolier, je vais quand même révéler que le journal ne se finit pas ici, et il va y avoir un autre épisode dimanche prochain ;-)
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- Publié le 13 octobre 2019 à 19h25
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