Séparation à l'essai
Comme je l'avais précédemment écrit brièvement dans Filler et détaillé dans Séparation de claviers, il y a quelques nuages qui viennent ternir la relation autrefois idyllique que j'avais avec mon clavier RealForce / Topre, et j'ai commencé à aller voir ce qui se fait ailleurs.
Dans ce billet je vais décrire l'état provisoire de ma situation vis‑à-vis de mes nouveaux claviers, tous les deux fabriqués par splitkb : un Halcyon Elora (en haut sur la photo) et un Halcyon Ferris (en bas).

Chronologie résumée
J'avais terminé le billet Séparation de claviers sur la tentation de clavier scindé (ou « séparé ») de chez splitkb avec la disposition de touches Ergo-L.
Le 6 avril dernier, je suis passée à l'acte, en commandant l'Elora. J'avais pris la version avec le maximum de touches dans l'espoir de pouvoir m'en servir un jour dans World of Warcraft, et parce que je ne savais pas trop à quoi ressemblerait la transition.
Le 11 avril, le colis a été livré dans mon immeuble, et le week-end suivant j'ai commencé le montage et la configuration.
Le 19 avril, je me suis inscrite sur MonkeyType pour travailler l'Ergo-L, et le 6 juin je me suis inscrite sur keybr. Depuis je passe du temps sur ces deux sites presque tous les jours, les rares exceptions sont pendant les vacances ou les déplacements professionnels loin de chez moi. Au début de l'écriture de ce billet, j'avais accumulé 33 heures au compteur (sous-estimé) de MonkeyType et 25 heures sur keybr.
Le 5 mai, le Ferris a été livré sur mon lieu de travail, parce que je n'avais pas trop confiance dans mon propre transport d'électronique jusque-là.
Le 16 mai j'avais l'impression de pouvoir commencer à utiliser ces claviers « pour de vrai », mais je fatiguais encore très vite. Ce n'est que 20 mai que j'ai effectivement commencé à le faire, en retournant à mon clavier habituel en cas fatigue ou de besoin de vitesse de frappe.
Je n'ai pas noté exactement depuis quand je suis capable d'utiliser ces claviers à plein temps, probablement autour du mois de septembre. C'est à peu près depuis cette période que je n'utilise pratiquement que ces claviers, en Ergo-L, sur mon poste de travail, tandis que je garde mon RealForce QWERTY sur mes ordinateurs personnels.
C'est également au début du mois de septembre que j'ai ressenti ma première douleur suspecte, mais je reviendrai plus loin sur ce sujet.
J'avais fait cette répartition pour ne pas « perdre » le QWERTY, et essayer de faire coexister les deux dispositions de touches, mais ça ne marche pas très bien.
Le 21 septembre, j'ai tapé pour la première fois digg eu lieu de diff,
en entrant correctement le di QWERTY, mais en continuant avec le F
d'Ergo-L qui est sur le G du QWERTY.
C'est encore la confusion la plus fréquence, qui reste moins grave que mes
confusions avec l'AZERTY.
La deuxième confusion plus courante est sw au lieu de sc, surtout en
début de mot.
L'entrainement
Les sites
Je ne me souviens plus exactement comment je suis tombée sur MonkeyType, j'imagine avec des termes basiques sur mon moteur de recherches.
J'ai trouvé keybr par l'intermédiare d'un post de Balaji Arumugam (via Hacker News sur #gcufeed) dans lequel il disait avoir « cassé son cerveau » en tapant à 118 mots par minutes.
Ces deux sites proposent du texte à recopier et donnent des statistiques sur la vitesse de frappe, le taux d'erreur, et quelques autres grandeurs, mais avec des « règles du jeu » suffisamment différentes pour que je trouve intéressant d'utiliser les deux de front.
Je ne sais pas exactement pourquoi, mais la façon dont les erreurs sont présentées dans keybr font que ça me perturbe beaucoup plus, ce qui est très bien pour travailler la précision mais use assez vite. À l'inverse, la clémence de MonkeyType me permet de faire des sessions plus longues, à base de 50 mots français au lieu des 20 mots anglais de keybr.
De façon générale, je déteste quand l'entraineur ne se comporte pas comme une vraie zone de texte, et je veux que l'affichage ressemble au maximum à ce que je tape réellement, quitte à perdre le temps qu'il faut pour obtenir le texte que je veux. Exactement comme quand j'écris du texte ou du code dans vim, ou des lignes de commande dans mon shell.
Voici ma progression sur ces deux sites pendant ma demi-année d'entrainement :


S'entrainer à quoi, exactement ?
Si cet entrainement s'est révélé très utile pour apprendre la disposition des touches, j'ai l'impression d'être coincée dans un plateau, autour de 50 mots standard par minute, soit un bon 4 Hz, ou la moitié de ma vitesse de frappe QWERTY, pour une précision autour de 94 %, contre 97 % en QWERTY, soit un taux d'erreur double.
Il y a peut-être un lien de causalité, dans un sens ou dans l'autre, mais j'ai commencé à avoir l'impression que le circuit visuel, de la proposition d'un de ces sites au mouvement de frappe, est très différent du circuit génératif, d'une idée dans ma tête au même mouvement de frappe.
Le plateau se trouve être au niveau où la charge mentale de la frappe s'efface devant la charge mentale de la conception du texte. J'ai pu sentir la disparition progressive de l'effort de contrôle de mes doigts, et c'était particulièrement flagrant pendant le mois d'août, où je sentais la baisse d'effort d'un jour à l'autre alors que ma progression était loin d'être flagrante sur les mesures des deux sites.
Tout ça pour dire que je pourrais m'entrainer plus sérieusement à la frappe rapide sur ces sites, et voir les mesures de performance monter, mais j'aurais probablement du mal à me convaincre que cette performance reflète une amélioration dans les situations de la vie qui m'intéressent.
Je ne sais pas trop quel genre d'exercices pourrait mieux se rapprocher de mon quotidien. Je commencerais bien par une dictée, tant que je suis dans des vitesses comparables au langage oral. Je n'ai pas l'impression que ça existe déjà, un de ces jours je ferai peut-être à nouveau des recherches sur ce thème, et ensuite je chercherai comment brancher un TTS sur des fragments aléatoires de wikipédia.
En plus de ça, la vitesse de frappe n'est peut-être pas la bonne métrique. Ces jours-ci j'aimerais beaucoup progresser dans la précision plus que dans la vitesse directement. D'une part, parce que les fautes de frappe m'agacent, et rien que pour la sérénité j'adorerais atteindre 99.9 % de précision ; et d'autre part parce que j'en suis à un stade où la précision a plus de poids sur la vitesse de frappe effective que l'appui les touches.
Au mieux, une faute frappe revient à entrer au moins trois touches (la mauvaise, puis backspace, puis la bonne) au lieu d'une, voire plus si la faute est au début d'un groupe de lettres.
Sauf que je n'arrive pas du tout à trouver comment on s'entraine à la précision. Je n'ai rien trouvé de mieux que faire exactement les mêmes exercices que pour travailler la vitesse, mais en regardant à la fin la mesure de précision au lieu de la mesure de vitesse. Mais c'est idiot, parce que l'interface des sites reste tournée vers la vitesse, et qu'en vrai je fais beaucoup moins attention à l'écran de fin d'exercice qu'aux sensations pendant l'exercice.
Il devrait y avoir quelque chose qui caractérise la précision, pour avoir quelque chose de plus informatif qu'au pauvre pourcentage. Il faudrait pouvoir distinguer les différentes sources d'erreur, comme un doigt mal placé, les mains mal synchronisées, ou le cortex moteur qui exécute une séquence de frappe courante alors qu'elle pas opportune (comme “Iraqui” au lieu de “Iraqi”). Et ensuite travailler sur des exercices appropriés pour combattre une ou plusieurs sources d'erreurs qui se sont révélées pertinentes.
Pourquoi est-ce que je ne trouve aucune trace d'une démarche de ce genre dans tout Internet !?
L'ergonomie
Douleur
En septembre et en octobre, j'ai ressenti des douleurs suspectes, et je suis super-triste de ne pas retrouver de détails dans toutes les notes que j'aurais pu écrire.
Ça n'a pas forcément de rapport avec le changement de clavier, mais la concomitance est suspecte. Ce serait un comble qu'un clavier censément plus ergonomique me fasse plus de mal qu'un clavier traditionnel ; mais comme je l'avais expliqué dans Séparation de claviers, mes mouvements QWERTY ne sont pas du tout académiques, et si je « me range » dans une utilisation standard de clavier scindé, je m'expose peut-être plus aux risques standard.
Bref, de mémoire avant que j'en perde encore plus, il y a eu au moins trois occurrences : en septembre, au tout début d'octobre, et le 10 octobre. À chaque fois c'est survenu pendant que j'utilisais mon clavier QWERTY habituel, et je crois qu'à chaque fois c'était du côté gauche.
C'était à chaque une douleur continue façon chaleur profondément dans l'avant-bras, côté paume, entre le milieu et le tiers côté poignet. Elle montait progressivement mais rapidement, peut-être une dizaine de secondes pour atteindre son intensité maximale, pour persister plusieurs dizaines de minutes, peut être quelques heures. Pendant ce temps les mouvements étaient désagréables mais sans véritable impact sur le niveau de douleur.
Il est possible que mes expérimentations de position des mains fin octobre ait mis fin à tout ça, mais c'est peut-être juste une coïncidence.
La position des mains
Il y a une question à laquelle j'ai du mal à trouver de réponse claire et fiable, c'est la position exacte des mains pour utiliser un clavier.
Il est communément admis que les index sont sur les touches marquées (F
et J en *ERTY), et les trois autres doigts sur la même rangée, mais ça
laisse un degré de liberté suivant que la main est plus ou moins ouverte,
et donc plutôt basse et proche de soi (à plat, à l'extrême) ou haute et
loin de soir (avec les ongles sur le clavier et le bout des doigts sur le
talon de la main, à l'extrême).
On est d'accord que les deux extrêmes sont indésirables, mais je ne sais pas trop à quel point la zone « ergonomique » entre les deux est large.
Concrètement, sur mon clavier QWERTY habituel, ma main est « au repos » à peu près dans la même position que si je posais le talon de ma main sur mon bureau et que je détendais le reste. Je me retrouve avec à peu près quatre rangées de touches entre le bout des doigts « au repos » et les articulations entre les doigts et la paume (si j'ai les doigts sur la rangée du haut, ces articulations sont au-dessus de la barre Espace).
Mais si je veux pouvoir atteindre toutes les touches du Ferris sans bouger les mains, il faut que ma position de repos soit plus fermée, d'environ une rangée entière. Sur QWERTY ce serait les articulations en question au-dessus de la barre Espace quand j'ai les doigts sur la rangée centrale. Coïncidemment (ou pas ?), c'est à peu la position qu'ont mes mains quand elles sont relâchées avec les bras aussi relâchés le long de mon buste, quand il n'y a pas la surface dure de mon bureau pour lutter contre l'élasticité de mes muscles.
Après moult tergiversations j'ai fait la supposition téméraire que je sentirais suffisamment tôt si je sors du domaine ergonomiquement sain, et j'ai essayé d'adopter la seconde position sur mes claviers scindés. Ça m'a value une chute notable en vitesse et en précision de frappe, le temps de réapprendre tous les mouvements de doigts, et encore maintenant je me demande dans quelle mesure je recule mes mains sans y penser.
Il y a d'ailleurs une question ergonomique profonde sur le Ferris, et dans une certaine mesures les autres claviers scindés plus ou moins minimalistes : est-ce une bonne idée de chercher à ne pas bouger les mains ?
Le corps humain est fait pour bouger, à peu près toutes les poses statiques sont mauvaises à moins d'être complètement relâché. Faut-il chercher explicitement à préserver un minimum de mouvement des mains ? Y a-t-il une configuration de mains immobiles qui soit ergonomiquement saine ? Est-ce un compromis entre ergonomie d'un côté et vitesse ou précision de l'autre ? Ou même pas ?
Et pourquoi les réponses à ces questions ne sont pas placardées partout quand on se lance dans le clavier non-standard !?
La disposition Ergo-L
Après avoir passé six mois à jouer avec Ergo-L, il est temps de regarder les choses en face sur mon ressenti par rapport à QWERTY.
Je m'attendais à y trouver un petit peu de positif, mais malgré ces attentes relativement faibles j'ai été déçue. Peut-être qu'il faut que je passe encore plus temps avec, et que ça fait que débloquer un plafond de vitesse et de confort que je n'ai pas encore atteint parce que je n'ai même pas rattrapé le niveau de mon QWERTY.
En théorie, faire les caractères accentués en deux touches, ★ puis
lettre, devrait être plus sympa qu'en trois touches, Compose puis
ponctuation puis lettre.
En pratique, je ne sens pas tellement la différence.
Même pour les ponctuations plus acrobatiques et anecdotiques, je ne ressens pas tellement de progrès, alors que la touche CapsLock (mapée sur Compose) est beaucoup moins accessible pour les symboles qui ne sont pas couverts par Ergo-L.
À la limite, j'aime bien pouvoir entrer un nombre en exposant ou en indice sans faire de séquence Compose pour chaque chiffre, mais c'est tellement rare que ça ne pèse pas très lourd dans mon appréciation.
Et c'est vrai qu'entrer des nombres dans un pavé plutôt que dans une ligne est fort agréable, même si c'est relativement rare dans ma vie.
Je note qu'Ergo-L produit très facilement l'espace insécable fine U+202F, alors qu'en QWERTY je reste sur Compose, Espace, Espace qui produit une espace insécable normale U+00A0. C'est une façon de tracer lesquels de mes textes ont été écrits avec quel clavier, mais je passe trop de temps dans les terminaux pour voir une différence. N'hésitez pas à me dire si vous la voyez et si vous avez une préférence dans un sens ou dans l'autre.
D'un autre côté, la grande force d'Ergo-L est de fonctionner naturellement sur les petits claviers, et on pourrait trouver ça super-élogieux que je ne sente pas tellement la différence entre un QWERTY sur 87 touches et un Ergo-L sur 34 touches.
J'ai aussi des sentiments mitigés envers les “home row mods”, qui consistent à mettre les touches Shift, Control, Alt, etc sur la rangée centrale, avec un comportement différent suivant qu'on tape ponctuellement sur la touche ou qu'on la maintient enfoncée.
J'ai lu des gens qui adorent, j'ai lu des gens qui détestent, et je ne me reconnais dans aucun des deux camps. Je déteste les activations par erreur, surtout « tr » qui rafraîchit la page et tue session d'entrainement en cours, mais ça fait partie de l'entrainement.
S'il y avait un Chocofi ou un 3w6 aussi facile d'accès que les Halcyon j'essayerais peut-être les modificateurs sur le pouce, mais ça ne suffit pas à jeter mes Ferris.
Les motivations
Maintenant que j'ai passé six mois avec ces nouveaux claviers, il est plus-que-temps de se poser la bonne question : pourquoi est-ce que je me fais chi☹r avec tout ça !?
La vitesse de frappe et la charge mentale
Je suis à peine à la moitié de ma « performance » sur QWERTY, et à la vitesse où ça avance, il me faudra des années avant de la rattraper, donc ce n'est pas une bonne raison.
Mais en même temps, la vitesse de frappe en elle-même n'est pas une fin en soi, comme je l'avais déjà écrit dans Séparation de claviers. Je ne suis ni sténo' ni secrétaire, et je n'ai pas assez de texte à entrer pour que la vitesse de frappe soit directement pertinente.
Pour le voir en pratique, voici le temps qu'il m'a fallu pour écrire le premier des derniers articles, avec différents claviers :
| Page | Clavier | Taille | Temps | Vitesse |
|---|---|---|---|---|
| Séparation de claviers | RealForce | 17 139 | 14 482 | 1.18 |
| Solarized, mais ANSI | Elora | 17 982 | 15 515 | 1.16 |
| Vue de trop loin | Elora | 8 745 | 7 816 | 1.12 |
| Séparation à l'essai | Ferris | 13 275 | 10 438 | 1.27 |
À la lecture de ce tableau, on ne dirait pas que le premier a été tapé à 8.3 caractères par seconde, alors que les trois autres à seulement 4.2. Alors qu'à ces vitesses, la frappe prend entre le quart et un huitième du temps total de rédaction, ce qui n'est pas négligeable.
J'en déduis que le processus de génération de texte dans ma tête peut se faire largement en parallèle des gestes sur le clavier, et que le premier est plus lent que le second.
Je me souviens de l'époque où ce n'était pas le cas, et c'est ce que je désignais par « charge mentale » plus haut dans le texte. Et c'est ce qui tue la pertinence des calculs que je viens de faire : j'ai supposé que les temps passés dans les différents processus sont cumulables, alors qu'il y a des effets de seuil et de distribution.
Si je tape plus lentement, je dois tenir plus de choses en tête, et quand ça ne tient pas, l'édifice mental s'effondre.
Mais à l'inverse, si je pouvais taper plus vite, est-ce que de nouveaux édifices mentaux seraient possibles ? Si je tapais beaucoup plus vite que je parle, est-ce que ça changerait ma façon de manipuler les idées ?
D'un autre côté, taper plus lentement fait préférer des alternatives à frappe. Je copie/colle avec le Ferris des petits fragments de texte que j'aurais re-tapé avec le clavier QWERTY. Et la pratique du Ferris m'a incité à découvrir des raccourcis d'historiques de fish dont je bénéficie aussi avec le clavier QWERTY.
Bref, tout ça pour dire que je vois bien que la vitesse n'est pas neutre, et je n'ai pas encore les idées suffisamment claires pour chercher à agir activement dessus, mais ça pourrait changer un de ces jours.
Le confort
Quand j'ai découvert mon clavier RealForce, j'étais tellement éblouie que mon échelle d'appréciation des claviers en a été toute chamboulée. Je me souviens encore de cet émerveillement, si j'avais connu ça à nouveau avec ces nouveaux claviers, ce billet aurait un ton très différent.
Malheureusement, à ce stade je dois regarder les choses en face : ils ont le même niveau de confort tactile que les bons switchs mécaniques que j'ai pu croiser avant de découvrir Topre. Ce qui est très bien, mais largement en dessous de mon ressenti au quotidien depuis plus de dix ans.
Sauf pendant quelques instants très fugaces et labiles, sur mon Ferris avec les switches Ambients Silent Kailh 35 g. C'est un peu comme avec mon vélo, il y a un jeu de circonstances que j'ai du mal à identifier qui brouille la frontière kinesthésique entre l'objet et moi et qui conduit à une délicieuse fusion.
Et j'ai l'impression que ces circonstances sont justement autour d'une diminution des mouvements de la main, au profit de mouvements des doigts, ce qui m'a menée aux expériences décrites ci-dessus.
J'ai du mal à me dire que l'espoir de pérenniser cet état de grâce est la seule chose qui me fait continuer à utiliser ces nouveaux claviers, mais c'est plus crédible que le sophisme des coûts irrécupérables dans leur achat.
Cela dit, le confort n'est pas que tactile, et les Ambients sont excellents sur le plan auditif. Je pensais que c'était normal les claviers dits « silencieux » soient comme le silencieux d'une arme à feu, et ces Ambients m'ont fait découvrir le vrai silence.
C'est une rupture d'échelle au même niveau que les switchs Topre, et si je ne suis pas aussi émerveillée c'est uniquement parce que le confort auditif m'importe moins que le confort tactile. Je ne serais pas surpris que les collègues dans l'open-space ne partagent pas cet ordre de priorités.
La disponibilité
Même si la pérennité de splitkb n'est pas garantie, je doute que le concept du Ferris disparaisse complètement, et je ne serais même pas surprise que les standards de switch durent assez longtemps.
Alors que trouver un clavier RealForce ces jours-ci a l'air plutôt difficile, et les HHKB n'ont pas du tout le même confort tactile.
D'un autre côté, mon travail de prestataire en informatique peut m'amener à servir de chair à clavier sur le matériel du client. Il est beaucoup plus probable d'avoir les droits de changer une disposition standard d'un clavier miteux que de pouvoir installer la disposition Ergo-L et de brancher de l'électronique incontrôlée sur un port USB.
Je ressens une vraie réticence à dépendre d'Ergo-L et d'un clavier particulier, vu le vrai risque qu'on me les refuse.
D'un troisième côté, le Ferris est beaucoup plus facile à transporter qu'un clavier de taille standard, même sans pavé numérique. Donc pour les clients qui ne sont pas pénibles au plus haut point sur l'électronique personnelle, je pourrais espérer un gain en confort. Peut-être même qu'une configuration judicieuse de QMK pourrait permettre une émulation Ergo-L sur un ordinateur configuré pour AZERTY.
Conclusion
À ce stade, le dilemme reste entier.
J'ai une frappe nettement meilleure sur le type de claviers que j'utilise depuis des décennies, et cet avantage a l'air long et pénible à rattraper. Entre la performance établie et la quasi-garantie de pouvoir utiliser sereinement tous les claviers qu'on pourrait m'imposer, il y a de gros arguments en faveur de la fin de cette expérience et du retour au QWERTY de base.
Le sophisme des coûts irrécupérables et la possibilité d'un gain de confort tactile sont des arguments beaucoup trop légers pour expliquer le fait que je me sente encore coincée dans un dilemme.
Je ne comprends toujours pas ce qui m'attire vers les claviers scindés, et je ne suis même pas sûre de pourquoi le Ferris me séduit tellement plus que l'Elora, au point de n'utiliser que les touches communes.
Ou peut-être que je suis trop embourbée dans une pseudo-raison, et que je devrais faire confiance à mon élan instinctif en laissant tomber complètement le QWERTY, malgré les régressions et les risques ?
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- Publié le 30 novembre 2025 à 23h46
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