The Invisible Library (1 à 6), de Genevieve Cogman

J'ai commencé à suivre Ollivier Robert sur twitter pour des raisons FreeBSDesques, mais il y a plusieurs livres que j'ai découverts grâce au bien qu'il en disait, comme l'Ambassadeur, Nadia Laksheva, ou cette série.

Ça a commencé par ce tweet, qui promet une histoire avec « des bibliothécaires, des dragons, un avatar de Sherlock Holmes, des mystères, des intrigues, et des alligators cyborg », sur un terrain déjà bien préparé depuis de nombreux tweets positifs, donc j'ai acheté le premier tome, pour voir.

The Invisible Library (T. 1)

Ce premier tome commence par une jolie scène d'exposition pleine d'action, pour présenter la Bibliothèque, la magie qu'elle prête, sa mission de conservation multiverselle, et Irène, la bibliothécaire qu'on va suivre pendant tout le livre. J'ai beaucoup aimé la clarté et la construction de cette partie.

Ensuite, j'ai eu un peu plus de mal. La passion des livres qu'a Irène ne résonne pas vraiment avec moi. Les questions en suspens sur les motivations de la Bibliothèque me turlupinent plus que si elles n'avaient pas été évoquées du tout. Je suis gonflée par le trope du grand brun ténébreux mais cool qui devient intérêt romantique dès qu'il point le bout de son nez. L'époque victorienne me repousse plus qu'elle ne m'attire, et du coup j'approche avec prudence le steampunk.

Pourtant, j'ai fait un effort pour continuer, et une fois l'intrigue lancée, je suis bien rentrée dans l'histoire et les personnages.

J'aime bien le reflet de la personnalité de la narratrice dans sa façon de narrer. D'habitude, j'attends du narrateur une certaine neutralité, pour me laisser aller directement dans le monde, en oubliant que c'est un livre. Ce livre déroge à cette attente, mais ça donne plus de relief à Irène en tant que personnage, et donc j'aime beaucoup. J'aime particulièrement l'effet produit par les parenthèses, même si je n'arrive pas à le décrire ou à l'expliquer.

J'aime beaucoup Sherlock Holmes, je ne suis encore loin d'avoir eu une dose satisfaisante de ce type de personnages, et s'il apporte quelque chose à ce livre, il reste un personnage secondaire. En même temps, le côté policier ou enquête de ce livre n'est pas très marqué, je le vois plus comme une aventure fantastique, du coup un Sherlock Holmes n'est pas si utile que ça.

La construction du monde dans lequel se déroule l'intrigue principale est peut-être un peu légère, mais ça ne m'a pas dérangée plus que ça parce qu'il y a déjà beaucoup de construction du multivers, et parce que le monde est surtout caractérisé par son caractère chaotique, donc il y a une certaine cohérence à ce que ses règles sortent plus ou moins du chapeau. Les alligators cyborg et les grosses machines à vapeur ne m'ont pas spécialement impressionnée, ni en positif ni en négatif.

On pourrait aussi reprocher le flou sur les motivations des méchants, aussi bien que sur celles de la Bibliothèque, mais vu la façon le monde est présenté, c'est raisonnable que les personnages ne soient pas au courant, et en tant que lectrice je ne ressens pas encore le besoin de ces informations, je m'attends juste à ce que ce soit développé progressivement au fil des tomes.

J'ai envie de conclure en disant qu'à ce stade de la série, j'aime beaucoup mais pas au point de le faire rentrer dans mon panthéon personnel des meilleures histoires, mais je crois que je commence à avoir assez d'expérience pour considérer l'extension panthéonique comme un niveau injustement strict.

Donc je fais seulement écrire que malgré des petits défauts auxquels je ne suis pas tellement sensible, j'ai beaucoup aimé ce livre, et je vais continuer joyeusement la série.

The Masked City (T. 2)

Dans ce deuxième tome, l'intrigue est lancée par l'enlèvement de Kai, présenté de son point de vue, avec des éléments que les autres personnages principaux mettront du temps à découvrir.

J'ai retrouvé avec plaisir dans ce deuxième tome tout ce qui m'a plu dans le premier : la passion manifeste pour la lecture, un Sherlock Holmes, un multivers, des parenthèses, une bibliothécaire juste assez badass mais pas trop, sa faiblesse par rapport aux autres forces en présence, etc.

Ce tome explore le multivers de façon plus détaillée que le précédent, en laissant de côté la bibliothèque. On découvre beaucoup sur les fées et le chaos, et il y a un peu moins de flou dans le côté des dragons et de l'ordre.

J'aime beaucoup cette idée de multivers, et je trouve cette version du chaos particulièrement intéressante. Je me demande si on va finir par une mise en abyme, ces personnages étant eux-mêmes dans l'histoire que je tiens entre les mains.

Il y a quelques moments où j'ai été un peu gênée par la magie de la Bibliothèque, à savoir la Langue, que j'ai trouvée un petit peu trop deus ex machina pour mon goût. Je crois que je ne vois pas assez les limites de ce système, et du coup ça me semble brutalement trop puissant.

Enfin, ce tome a aussi eu le malheur de mettre en évidence mon inculture crasse, quand il a fallu plusieurs évocations de Venise avant que je comprenne le titre…

L'un dans l'autre, je continue de bien aimer cette série, toujours sans l'ajouter à mon panthéon personnel, et de m'attacher progressivement à ces personnages.

The Burning Page (T. 3)

Dans ce troisième tome, la Bibliothèque elle-même est attaquée, et l'action prend un niveau encore plus large dans le multivers.

Je ne vais pas répéter à chaque tome tout ce qui me plaît, mais la série continue dans sa lancée et les ingrédients qui me plaisent sont au rendez-vous. À l'exception peut-être du Sherlock Holmes local, qui est un peu plus rare que les tomes précédents.

J'ai particulièrement aimé le rééquilibrage de la magie de la Bibliothèque. Dans le tome précédent, je me plaignais de la trouver trop puissante et presque deus ex machina, ici on découvre non seulement une limite sérieuse (la résistance des mondes plus ordonnés), mais en plus un ennemi qui en a une version boostée (en la chargeant avec du chaos).

Je ne trouve rien de plus à en dire, ce qui n'est pas forcément étonnant dans une série fidèle à elle-même (et dont je tarde à rédiger la critique).

The Lost Plot (T. 4)

Dans ce quatrième tome, Irène est jetée au milieu d'une intrigue politique de dragons, ce qui permet de découvrir un peu plus le fonctionnement de leur société, sans perdre la formule efficace des trucs de bibliothécaire.

Dans l'ensemble j'ai bien aimé ce tome, comme tous les autres, même si ce n'est pas sans déception que je vois le Sherlock Holmes local se raréfier encore plus, au point de n'être plus qu'évoqué. J'ai eu aussi le sentiment que les parenthèses tranchantes se sont raréfiées aussi, mais je ne sais pas à quel point c'est effectivement le cas.

En contrepartie, j'aime beaucoup la complexité politique, et la finesse de l'intrigue politique.

Je suis particulièrement fan du dénouement, je m'attendais à une conclusion un peu molle après un climax plein d'action, et si c'était effectivement reposant au niveau action c'était quelque part un climax politique aussi prenant.

Je ne suis pas spécialement fan de l'environnement « prohibition », qui sert de décor principal à ce tome, mais il ne m'a pas dérangée non plus.

En revanche, j'aime beaucoup la dynamique entre Irène et Kai dans ce tome, même si je commence à avoir peur de ce qu'elle va donner dans la suite.

Pour tout le reste, j'ai retrouvé avec plaisir tout ce qui me plaît habituellement dans cette série, et je vais la continuer joyeusement. C'est après ce tome que j'ai découvert qu'il n'en reste déjà plus que deux (bientôt trois), et je commence déjà à redouter le sevrage.

The Mortal Word (T. 5)

Après avoir lu les tomes précédents assez rapidement, il m'a fallu plus d'un an pour revenir à cette série, parce que j'ai diversifié mes séries et que la lecture a moins de place dans ma vie sans les transports en commun. Ce livre m'a donc fait l'effet de revenir après une longue pause, et j'ai beaucoup plus aimé la retrouver que ce à quoi je m'attendais.

Un résultat concret de cette pause est que j'ai eu du mal à replacer les personnages secondaires qui apparaissent dans ce tome. L'auteure appuie bien sur le fait que ces personnages ont déjà été rencontrés, mais sans donner assez de détails pour que je puisse me souvenir de leur lien avec les personnages principaux.

J'ai aussi été un peu frustrée par l'utilisation du Sherlock Holmes local dans ce livre, parce que ses super-pouvoirs sherlockesques sont surtout utilisés en dehors du point de vue de la narratrice. Ça donne un peu l'impression que c'est un personnage « normal » qui apporte juste quelques révélations qui font avancer l'intrigue.

Si le côté « enquête » est un peu faible, c'est pour laisser la place au côté « politique », avec des machinations dans des machinations que j'ai adorées. C'est vraiment ce côté qui m'a la plus plu dans ce tome.

Cela dit, presque tous les éléments qui me plaisent habituellement sont également présents, et j'aime encore beaucoup cette série. J'ai noté l'absence de l'avalanche de parenthèses, alors que j'aimais bien le petit effet qu'elle produisait dans les tomes précédents.

The Secret Chapter (T. 6)

Ce tome est construit sur une intrigue de casse, ce qui commence plutôt bien, parce que j'aime beaucoup ce type d'intrigues. J'ai été un peu surprise de voir le casse se finir aux deux tiers du livre, et la suite est plus « Inivisible library » que « casse », mais ça m'a plu tout autant.

J'ai été un peu attristée par l'absence du Sherlock Holmes local dans ce tome, et je ne suis pas complètement enthousiaste envers la dynamique entre Irène et Kai ces jours-ci, mais c'est à peu près les seuls reproches que je trouve à ce tome, en plus de la disparition des parenthèses déjà entamée dans le tome précédent.

J'ai beaucoup aimé les solutions créatives d'Irène et les machinations dans les machinations, comme d'habitude dans cette série.

Comme cette série est égale à elle-même et que j'ai un peu tardé à rédiger cette critique, je ne trouve rien de plus à en dire. Je continue d'aimer beaucoup, et je vais continuer à lire ces livres.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment.

Poster un commentaire

Mise en forme historique : pour mettre en valeur un mot ou un groupe de mot, tapez une étoile de part et d'autre, sans mettre d'espace entre l'étoile et le mot, comme ceci : *mise en valeur*. Pour insérer un lien, mettez le entre crochets, comme ceci : [http://instinctive.eu/].

Mise en forme markdown : voir le guide détaillé, en résumé c'est le Markdown traditionnel, sans HTML ni titres, mais avec les tables PHP-Markdown-Extra.

Attention : les balises HTML entrées dans les commentaires seront affichées telles quelles, et non pas interprétées.

Autour de cette page

 

Autour de cet article

Site-level navigation and features

 

Instinctive.eu

Contact

Sections

Validation

Copyright © 2008-2024 Natacha Kerensikova

Butterfly images are copyright © 2008 Shoofly