Trousses de premiers soins
Dans ce billet, je vais vous parler du contenu de ma petite trousse de premiers secours, que vous avez peut-être vue passer dans mon inventaire annuel, mais que je n'avais pas détaillée à l'époque.
J'en profite pour parler aussi de la trousse de premiers soins plus grosse que j'ai faite en même temps, que je vais stocker dans la voiture.
La médecine du quotidien
Ça fait depuis très très longtemps que j'ai des médicaments qui trainent dans mon sac à main. Mon allergie s'est déclarée alors que j'allais à l'école primaire, et c'est depuis que je ne peux plus toujours compter sur mes ressources parentales que je gère mon stock d'antihistaminiques.
Je ne me souviens plus depuis quand je mets du paracétamol à côté des antihistaminiques, je ne suis pas tellement sujette aux maux de tête, mais c'est tellement pénible lorsque ça arrive que j'en ai un stock depuis longtemps aussi.
Pour éviter que le conditionnement se détériore dans la cohabitation avec le reste de mon sac à main, je stocke tout ça dans une boîte rigide. Il fut un temps où c'était dans une boîte de films, dont je pleure la disparition depuis longtemps. Dans la version 2015 de mon EDC, c'était une boîte d'œuf Kinder.
La découverte du concept d'EDC m'a fait réfléchir, et sans aller jusqu'à embrasser le Survivalisme dont il est issu, je me suis dit que faire évoluer ce stock de médicaments en une petite trousse médicale pourrait se révéler parfois très utile.
Du coup, j'ai commencé par stocker mes médicaments dans une boîte d'Altoids, qu'on peut déjà voir dans la version 2016 de mon EDC, suivant les nombreux exemples de mini trousses de premiers soins dans ce format-là.
Résultat, dans la version 2018 de mon EDC j'avais ajouté des pansements et des lingettes désinfectantes, mais je ne m'étais pas encore penchée sérieusement sur la question.
Enfin, dans la version 2019 de mon EDC, on peut voir que j'ai encore agrandi la trousse, mais comme ce billet portait surtout sur le contenant, j'ai attendu le présent billet pour le développer.
Et tant que j'étais à agrandir ma trousse personnelle, j'en ai profité pour acquérir de quoi faire une trousse à mettre dans ma voiture, et quelques bricoles pour l'armoire à pharmacie de mon chez moi.
J'aime croire que c'est une évolution logique et progressive, comme présenté ici, et que le fait que je m'y suis mise sérieusement au lieu de procrastiner arrive peu après l'accident de la route mineur que j'ai subi est une coïncidence complète. Tout comme la concrétisation de cette autre idée ou bien de celle-ci, au lieu de rester en procrastination sine die, ont eu aussi lieu tout à fait coïncidemment dans la même période. Coincidas coincidatum, omnia coincidas.
L'automédication et le secourisme
Il me semble à ce stade prudent de partager avec mon lectorat une information que j'aurais aimé connaître plus tôt, et que j'ai ratée en partie à force de privilégier les ressources anglophones.
Il se trouve qu'en France, distribuer un médicament est le privilège des pharmaciens et des médecins, même pour les médicaments sans ordonnance. Donc partager son stock de paracétamol avec un collègue est illégal, et si ce collègue ne demandait non pas un paracétamol mais quelque chose contre le mal de tête, c'est un exercice illégal de la médecine.
Donc dans le présent billet, et en général dans le reste de ma vie, j'essaye de faire une nette distinction entre une « trousse de premiers soins », ou « trousse de premiers secours », qui contient des choses que moi ou un secouriste peut utiliser sur n'importe qui dans le besoin, et une « trousse médicale », ou une « armoire à pharmacie », qui contient des choses que moi seule utilise, sur mon propre corps.
La distinction conceptuelle est d'autant plus importante que concrètement ce n'est pas évident du tout : la trousse rose avec une croix blanche sur un cœur rouge, que l'on peut voir en photo dans mon EDC 2019, est en fait une trousse de premiers soins dans laquelle se trouve aussi mon stock de médicaments. Du coup je vais en parler ici comme d'une trousse de premiers soins, en passant sous silence les médicaments (antihistaminique, paracétamol, ibuprofène contre les inflammations, et du PEG pour le transit).
Je supporte la situation en me disant que c'est une trousse médicale qui me permet à la fois de pratiquer l'automédication sur moi-même et le secourisme sur le reste du monde, en faisant la distinction extemporanément.
Du coup j'évite de penser à la possibilité de prêter ma trousse à un autre secouriste, contrairement à la trousse pour la voiture, qui est vraiment une authentique trousse de premiers soins (mais c'est un heureux hasard, parce que je ne fais pas trop confiance dans le stockage de molécules actives dans un véhicule potentiellement garé au soleil).
Construction des trousses
Au fil des années, j'ai passé une quantité de temps assez déraisonnable (quoiqu'en proportion raisonnable du temps passé sur le thème de l'EDC, ou du temps à préparer l'achat de quelque chose qui compte à mes yeux) à chercher toutes les variantes possibles de kit de premiers soins, avant de passer à l'acte d'achat.
Je ne pourrais pas faire justice à toutes les sources d'inspiration qui ont contribué à faire de ces trousses ce qu'elles sont, et je ne peux même pas citer de contributeurs principaux, à l'exception du Deutsches Institut für Normung.
Les Allemands ont en effet eu l'idée intéressante de rendre obligatoire la trousse de premiers soins dans les automobiles et les motos, ainsi que leur utilisation en cas de besoin. Du coup, ils ont en même temps normalisé le contenu de ces trousses, ce qui suit une certaine logique. Mon esprit un peu latin ne peut s'empêcher de se demander si c'était vraiment utile de normaliser à ce point, mais je concède que c'est le genre de cas où il vaut mieux être trop précis que pas assez.
Au fil de mes recherches, j'ai développé l'impression que les trousses de premiers soins, c'est un peu comme les armes, même si le but recherché est à l'opposé. Ce sont des objets dont la valeur est limitée par la compétence de la personne qui les manipule.
Donc mon premier principe base, c'est que je ne mets dans une trousse que des objets dont je suis sûre de pouvoir quelque chose d'utile alors que tout fout le camp, dans le stress et dans l'urgence.
Un bon exemple est le garrot. Je comprends bien que ça sauve des vies, je vois en gros dans quelles situations, mais je n'ai pas assez confiance dans ma capacité à faire moins de mal que de bien face à une telle situation. Donc je préfère ne pas en avoir, et assumer ouvertement que ce n'est pas une possibilité, au moins jusqu'à avoir reçu un minimum de formation et d'exercices appliqués.
Pour le reste, c'est globalement le même genre de compromis que pour le reste du bazar que j'ai tout le temps avec moi : pour chaque objet, le bénéfice de l'avoir sous la main, par rapport à la fréquence où il sert, comparé à l'encombrement de l'avoir toujours dans la trousse.
Comme l'encombrement est un concept assez flou, j'ai tendance à choisir en premier le conteneur, et à arbitrer ensuite en fonction de ce qui peut rentrer dedans ou non.
Trousse médicale du quotidien
Mon quotidien est essentiellement urbain, avec des services d'urgence compétents à proximité, même si une courte distance ne garantit pas un délai d'intervention court.
Du coup, le but cette trousse est surtout de gérer les petites choses, bénignes au point de ne pas faire intervenir de service médical, ou éventuellement des choses tellement urgentes que la situation se dégrade sérieusement avant l'arrivée des secours.
Je dois reconnaître que jusqu'à présent, je n'y ai mis que des choses dans la première catégorie.
Quand j'ai commencé à me sentir à l'étroit dans ma boîte d'Altoids, je suis tombée sur une trousse avec un minimum d'organisation interne, qui pourrait aller jusqu'à 14×10×4 cm en la remplissant à fond. Vous l'avez déjà vue dans mon EDC version 2019, voici son contenu :
Les ciseaux multifonctions Leatherman Raptor ont achevé de me convaincre de sortir de la boîte d'Altoids. J'ai longtemps hésité avant de les acheter, parce que c'est cher et pas utile si souvent que ça. Honnêtement, je les trouve excellents (confortable, efficaces, compacts, avec des fonctions secondaires intéressantes), mais pas au point de valoir leur prix pour l'utilisation occasionnelle d'une ingénieure lambda. Un jour je serai plus rationnelle et je les rangerai. Ou peut-être qu'avant ça j'en aurai l'utilité et la rationalité aura alors définitivement perdu.
La pince à épiler est de la même série que celle dans mon EDC depuis 2018, mais avec un mors pointu, pour pouvoir aller chercher les échardes dans la chair.
Ce petit sac, qui doit faire 5×3×1.5 cm, contient deux gants en nitrile à ma taille. À partir du moment où j'envisage d'intervenir sur quelqu'un d'autre, il faut prendre des précautions, donc mettre des gants avant d'entrer en contact avec des fluides corporels. Je ne sais pas trop comment ça vieillit roulé en boule comme ça, ça va être une expérience intéressante.
Le rouleau de sparadrap va avec les compresses qui sont juste après, lorsqu'il faut gérer des plaies trop grosses pour les pansements, mais quand même assez superficielles pour ne pas nécessiter de médecin à court terme. Celui-ci a la particularité amusante de ne pas avoir colle, et de n'adhérer qu'à lui-même, ce qui n'est finalement pas si pratique que ça. Il sera prochainement remplacé ou complété par du sparadrap plus traditionnel.
L'atèle de doigt SAM est un peu comme dans la même situation que les ciseaux : je ne suis pas sûre d'en avoir besoin un jour, mais le concept est tellement amusant qu'il me le faut. C'est un atèle déformable et reformable, qui a la simple propriété d'imposer une courbure de Gauss nulle en tout point. Rien que pour ça, que ce soit pour expliquer la courbure de Gauss ou pour partager l'émerveillement d'appliquer un concept a priori aussi abstrait, ça vaut le coup de l'avoir, en plus ça ne prend presque pas de place (contrairement aux ciseaux).
Les lingettes désinfectantes sont là pour nettoyer une plaie avant de poser un pansement.
Les pansements de diverses tailles sont là depuis longtemps, et sont probablement les éléments les plus utiles de cette trousse (en plus de l'automédication).
Trousse de premiers soins pour la voiture
La voiture me rappelle inévitablement ma jeunesse, avant que je succombe aux facilités de la vie urbaine, donc ma vision de la voiture est du coup empreinte du siècle dernier, et il y a une certaine quantité de bazar que j'imaginerais indispensable mais qui est en fait rendu obsolète par l'assistance de l'assurance et la couverture de téléphonie mobile.
On m'a dit que c'est tellement bien qu'il n'y a plus besoin de rien, sauf peut-être à la limite une couverture s'il faut se tenir chaud en attendant l'Assistance, d'où la couverture de voyage à côté de la trousse dans la photo ci-dessous.
Mais même dans un scénario où l'Assistance fait tout mais avec un délai, la trousse de premiers soins garde sa pertinence pour empêcher la situation de se détériorer pendant ce délai.
Et comme précédemment, tant qu'à faire une trousse de premiers soins, autant y ajouter de quoi gérer les situations bénignes sans urgence. En plus de ça, comme ma voiture est surtout utilisée pour atteindre des endroits moins urbanisés que mon quotidien, je pense aussi aux situations intermédiaires assez graves pour faire appel aux services médicaux mais assez bénignes pour les atteindre par nos propres moyens. En plus, la voiture est plus souvent que moi à proximité d'endroits où peuvent avoir lieu des graves accidents de la route.
Du coup j'ai trouvé une trousse tacticool avec une petite croix rouge, qui fait environ 20×20×10 cm avec plein de compartiments internes pour les petits éléments que peut contenir une trousse de premiers soins. J'ai trouvé que c'est une limite raisonnable de volume pour décider de quel équipement emporter pour ces situations.
Je n'ai pas de photo où tout est étalé, si ça vous manque signalez-le et je tâcherai d'arranger ça.
Dans le petit rabat qui va entre les deux moitiés, je n'ai pour l'instant que quatre gants en nitrile. Dans l'autre trousse, j'avais mis une paire dans le même petit sac, je n'avais pas encore le coup de main ici, donc j'ai un gant dans chaque sac.
Dans le compartiment au milieu de la photo, j'ai au fond un pansement compressif israélien de 15 cm et un autre de 10 cm. C'est un peu technique à utiliser, mais c'est tellement utile quand il le faut que je trouve que ça vaut largement le sacrifice d'un de ces pansements pour se faire la main.
Devant, ce sont deux pansements compressifs DIN-13151-K. Je n'ai pas envie de les appeler « allemands », par rapport aux précédents qui sont israéliens, mais c'est le même principe en plus fin et sans barre de compression. Je ne suis pas sûre qu'un adulte peut avoir une hémorragie qui se règle avec un pansement si étroit, mais ça prend assez peu de place pour en prendre au cas où.
En beige, c'est du sparadrap sans colle dans la même série que précédemment, mais en 5 cm de large. Autant en 2.5 cm je ne sais pas trop ce qu'on peut en faire, autant le 5 cm me semble tout à fait valable comme bandage.
Au-dessus, l'atèle SAM de taille normale. Celle-ci n'est pas là pour jouer avec la courbure de Gauss, mais parce que si j'étais dans la forêt avec une entorse ou une fracture fermée, et quelqu'un de valide, je n'aurais pas envie de mobiliser des ambulanciers au lieu de juste coller un atèle et aller se présenter aux urgences. Je me demande combien de gens que je côtoie partagent ce principe…
De l'autre côté, on voit en surface des ciseaux de secours tout à fait classiques, et une pince à mors pointus pour la même raison que dans l'autre kit.
En dessous, il y a un bandage triangulaire avec ses épingles à nourrices, des lingettes désinfectantes, et un sac contenant un assortiment de pansements et quatre compresses.
Encore en dessous, il y a deux couvertures de survie, et deux carrés de 10×10 cm de gel pour le traitement des brûlures. Ce sont les éléments dont j'ai le plus de mal à voir l'intérêt en dehors de la voiture.
Enfin sur le bord, du sparadrap sans colle, des fois que je lui trouve une utilité, et du sparadrap traditionnel.
Les trousses DIN-13164 et DIN-13167
DÉBUT D'ENCADRÉ OPTIONNEL
J'aime bien les normes, mais leur accès est quand même super pénible, et j'ai eu énormément de mal à rassembler les informations ci-dessous, du coup je me les note ici, pour la référence.
Je ne garantis pas la qualité de ces informations, vu le nombre de recoupements que j'ai dû faire pour les obtenir, sans la moindre notion d'allemand, donc prenez-les avec une certaine prudence, et n'hésitez pas à me signaler toute erreur que vous pourriez constater.
Manifestement, en Allemagne les automobiles doivent disposer d'une trousse de premiers soins respectant la norme DIN-13164, et les motos d'une trousse plus petite, suivant la norme DIN-13167.
Ce deux trousses contiennent les objets suivants :
- 1 rouleau de sparadrap DIN 131019-A, de 2,5×500 cm,
- 2 lingettes nettoyantes imprégnées,
- 1 paire de ciseaux à pansements DIN 58279-A-145,
- 1 couverture de survie, dorée/argentée, 160×210 cm,
- 2 paires de gants à usage unique sans latex DIN/EN 455,
- 1 assortiment de 14 pansements DIN-13019 :
- 2 pansements pour le bout des doigts,
- 2 pansements de doigt 2×12 cm,
- 2 pansements 18×72 mm,
- 4 pansements 25×72 mm,
- 4 bandes 10×6 cm.
- 1 guide d'utilisation de la trousse (à vérifier).
En plus de ça, la trousse DIN-13167 (moto) contient :
- 1 pansement compressif stérile DIN-13151-M 8×10 cm,
- 1 pansement compressif stérile DIN-13151-G 10×12 cm,
- 1 pansement stérile pour brûlures DIN-13152-A 80×60 cm.
La trousse DIN-13164 (auto) contient en plus de la partie commune :
- 1 pansement compressif stérile DIN-13151-K 6×8 cm,
- 2 pansements compressifs stériles DIN-13151-M 8×10 cm,
- 1 pansement compressif stérile DIN-13151-G 10×12 cm,
- 1 pansement stérile pour brûlures DIN-13152-A 80×60 cm,
- 1 pansement stérile pour brûlures DIN-13152-BR 60×40 cm,
- 3 bandes élastiques DIN-61631-MB ou DIN-61634-FB 6×400 cm,
- 2 bandes élastiques DIN-61631-MB ou DIN-61634-FB 8×400 cm,
- 3 paquets de deux compresses stériles 10×10 cm,
- 2 bandages triangulaires DIN-13168-D.
FIN D'ENCADRÉ OPTIONNEL
Perspectives
Comme le reste d'un EDC, cette liste n'est pas figée, et au contraire elle doit normalement évoluer au fil de mes trouvailles et de mes rares moments de raison.
Elle a même d'autant plus raison d'évoluer que le critère de compétence avec un objet change normalement avec ma formation. Par exemple, je ne désespère pas d'apprendre à me servir d'un garrot, maintenant que le terrorisme l'a remis dans les formations, et il suffit d'un accident de la route avec un membre broyé pour que ça fasse la différence.
À beaucoup plus court terme, la conception de cet article, en reprenant quelques références que j'avais notées et en jetant un œil dans la trousse du boulot, m'a fait prendre conscience du manque de sérum physiologique, de pansements pour ampoule, et de pansements en « H » pour le bout des doigts.
J'avais négligé le sérum physiologique parce que je ne vois pas clairement quand et comment m'en servir. Les pansements en « H » me semblent facilement remplaçables par un petit pansement « normal » et un bout de sparadrap. Je ne sais pas comment les pansements pour ampoule sont passés à la trappe, j'ai déjà vécu leur bénéfice et on peut facilement leur trouver de la place, je suppose que je n'en ai pas vu assez souvent dans mes recherches récentes.
D'autre part, il me reste un peu de place dans la trousse du quotidien (en dessous du sparadrap et à gauche des ciseaux), je n'ai pas encore trop réfléchi à quoi y mettre. Peut-être un pansement compressif, pour avoir un minimum de sérieux, ou du sérum physiologique.
Ou peut-être avez-vous des suggestions d'autres éléments que j'aurais négligé ?
À moins que vous ne voudriez argumenter de l'inutilité de s'encombrer avec tout ça, quand une app' ferait tout aussi bien l'affaire ?
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- Publié le 31 juillet 2019 à 19h44
- État de la bête : déguisée en infirmière
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