Voyager léger

Comme le demande la tradition sur ce weblog, le moi de mai est le mois de l'inventaire, et comme je viens juste d'être confrontée à un besoin inhabituel de (contenu de) sac, c'est l'occasion de le documenter.

Contexte du voyage

Ce besoin inhabituel, ça a été partir en avion, pour servir de soutien moral au Perl Toolchain Summit.

Il m'arrive parfois de dire que je déteste l'avion, mais en vrai c'est un raccourci. Je n'ai rien contre le voyage en avion lui-même, je déteste juste les aéroports.

Et même ça c'est un raccourci, parce que je suis en paix avec énormément d'aspects des aéroports, il n'y a vraiment que deux aspects que j'exècre par-dessus (presque) tout.

Le premier, c'est l'impression que les humains y sont réduits à des meubles, entre le bétail et le fret. Dans toute l'expérience limitée de ma vie, je n'ai jamais ressenti plus de déshumanisation que dans un aéroport. Mes expériences les plus proches sont dans les gares, mais il n'y a guère que les gares de RER en heure de pointe avec incident technique ou grève qui pourrait s'en rapprocher ; en général je vis beaucoup moins mal mes passages dans les gares ferroviaires. Mais même si c'est très désagréable, ça reste complètement supportable pour moi.

Le second, que j'ai beaucoup plus de mal à supporter, et qui me met hors de moi à chaque fois, c'est la comédie sécuritaire qui sévit dans ces lieux. Je vomis tous les décideurs et tous les mécanismes et toute la société qui ont pu donner naissance à cette abomination.

Bref, même sans compter les considérations écologiques, qui ne me laissent pas complètement indifférente, je fais tout mon possible pour éviter les contacts directs avec l'aviation commerciale.

Les différentes itérations de mon inventaire ont donc été élaborées avec des contraintes radicalement différentes de celles de l'aviation commerciale et la pseudo-sécurité extrémiste des aéroports.

Donc quand la perspective d'un voyage en avion s'est concrétisée, il a fallu que je reprenne mes listes avec ce tout nouveau jeu de contraintes.

Cahier des charges

Volume et poids

Le plus limitant de prime abord semblait être de faire tout rentrer dans un volume et un poids limités (40×30×20 cm et 10 kg).

Techniquement j'avais droit à deux sacs, le second limité à 55×35×25 cm, avec la limite de poids pour la somme de ces deux bagages. Il parait que la combinaison de ces trois limites suffit à déterminer exactement la compagnie qui m'a fait voyager.

En première estimation, mon ordinateur portable, mon sac-à-dos de vacances habituel vide, et mon sac à main habituel rempli, font chacun environ 1.5 kg. Donc rien que ça épuise presque la moitié de mon budget-poids.

Et rien qu'avec l'indispensable pour dormir et le casque antibruit qui améliore colossalement le confort de l'avion, j'en ai pour pratiquement un kilo de plus.

En voyant les kilos s'accumuler aussi rapidement, je me suis rapidement sentie limitée surtout par le poids.

Comme je me suis sentie très limitée par le poids, je n'ai pas fait spécialement attention au volume, donc je suis partie sur un seul sac. J'ai choisi le plus petit des deux volumes en partie pour ça, et en partie parce que je n'ai pas super-confiance dans la disponibilité des places dans les placards, alors que je suis sûre d'avoir la zone sous le siège.

Remplaçabilité

Une autre contrainte particulièrement prégnante est la résistance aux simagrées pseudo-sécuritaires. J'imagine qu'un vol intérieur dans l'espace de Schengen est beaucoup moins tendu que le worst-of de la TSA qu'on peut voir passer sur les réseaux sociaux, mais ça reste une d'autorité pratiquement arbitraire, vu les coûts de la contestation, tant bureaucratiques que logistiques.

Par exemple, il était donc hors de question d'emmener mon Victorinox, même s'il est complètement neutralisé, parce que c'est une argumentation trop inhabituelle pour un résultat trop aléatoire, et pour un objet dont la perte m'affecterait beaucoup plus que de juste devoir faire sans.

De façon plus générale, les voyages sont presque par définition des ruptures dans le quotidien, ce qui multiplie les occasions d'oublier et de perdre quelque chose. En général j'ai assez confiance dans mes listes et mes conteneurs habituels, mais les circonstances extraordinaires qui invitent une liste extraordinaire invitent également à plus de prudence sur ce front.

Donc il ne fallait pas simplement réduire les bagages au strict nécessaire pour rentrer dans les contraintes de volume et de poids, mais aussi choisir soigneusement des objets remplaçables ou conventionnels.

Ça rejoint l'idée de la duplication que j'avais développée dans mon esquisse de go bag : un objet est d'autant plus facilement remplaçable que j'en ai une instance dédiée aux voyages, et s'il venait à être confisqué ou perdu il me resterait l'instance du quotidien pour le reste du temps.

Le choix du conteneur

Entre l'optimisation du poids et l'assurance de tenir dans le petit volume même face à un employé peu coopératif, j'ai laissé tomber mes sacs à dos habituels, au profit du RiutBag Crush.

Le mien est de la génération 2017, légèrement différent de celui de 2024, mais il est sur le même principe : c'est un sac à dos, avec ouverture dans le dos et des bretelles réglables et confortables, qui se replie dans sa poche pour tenir dans 22×15×4 cm (le site parle 6 cm d'épaisseur en 2024). Il pèse 235 g, et mesure 40×25×17 cm une fois déplié.

À titre de comparaison, le RiutBag R15.4 que je prends habituellement en vacances mesure 50×35×20 cm, mais comme dit c'est plus son poids qui m'a arrêtée que la gamme au dessus de taille.

J'ai ressorti mes RiutBag R10 et R15 de première génération, que je savais plus petits, mais ils sont à peu près aussi lourds et mesurent 47×36×8 cm et 47×36×14 cm respectivement.

J'ai aussi brièvement envisagé l'Arosa, qui contient souvent mon EDC du quotidien, mais il est trop petit pour contenir un de mes ordinateurs portables, et je doute que son volume soit suffisant pour des bagages de plusieurs jours. Je l'aurais peut-être pris si j'étais partie sur deux sacs, mais sa robustesse se paye sur son poids, donc je l'ai écarté pour ce voyage.

Le contenu

Une sélection d'objets à emmener dans l'avion

Voici une sélection d'objets que j'ai considérés pour ce voyage, qui sont presque tous déjà apparus dans des billets passés. De gauche à droite puis de haut en bas :

Conception préliminaire

J'ai commencé par la photo et sa légende parce que ça me semblait mieux dans l'organisation du texte, quitte à casser un peu la chronologie.

Mon point de départ a été les diverses listes du billet Conteneurs et contenus, en notant au fur et à mesure les « indispensables », dont le manque me feraient annuler le voyage, et le « confort » qui améliorerait suffisamment mon séjour pour avoir de bonnes chances de finir dans mon sac.

Les indispensables sont :

Les objets de confort sont :

Ajustements

À partir des listes ci-dessus, j'ai commencé par supprimer la lime à ongles et le dentifrice, parce que ça avait trop peu de chances de passer la pseudo-sécurité.

J'ai ajouté les lunettes de soleil, parce que Portugal c'est le grand‐sud‐où‐il‐fait‐trop‐chaud ; un sac de courses, parce que c'est léger et ça peut dépanner sérieusement ; et des vêtements de rechange, parce que ça aide quand même à être sociable ; et ça fait à peu près la photo ci-dessus.

Pour gagner un peu de place et éviter de partir avec trop de trucs précieux, j'ai laissé le porte-monnaie chez moi, et j'ai juste pris le porte-cartes, avec son porte-bloc et son mini-stylo habituels, le passe Navigo (pour se déplacer en région parisienne), ma carte bancaire, et 50 € en liquide.

Sur un coup de tête, j'ai aussi ajouté mon lecteur de livres électroniques, parce que j'avais vraiment trop peur que Bifrost me lâche et qu'il ne me reste plus rien pour m'occuper l'esprit.

Bilan a posteriori

Maintenant que l'évènement est passé, je peux ventiler tous les objets suivant l'utilité qu'ils ont effectivement eue pendant mon voyage.

D'abord, ceux qui ont rempli leurs promesses, et dont je me suis effectivement servie :

Ensuite, les objets que j'ai transportés pour rien :

Et pour finir, les objets que je n'ai pas pris et qui m'ont manqués :

Globalement, je trouve que j'ai été plutôt efficace dans la conception des bagages pour ce trajet, je m'attendais à avoir plus de faux positifs et de faux négatifs.

Je suis un peu triste d'avoir raté l'occasion de faire une photo du sac complet, mais il suffit d'imaginer un sac à dos en nylon noir assez bien rempli, qui rentre tout juste dans l'espace prescrit par la compagnie aérienne.

D'un côté je continue d'espérer ne pas être confrontée rapidement (ou du tout) à un autre voyage avec ces contraintes, mais d'un autre côté je pense que ces notes faciliteront la prochaine fois.

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  • Publié le 31 mai 2024 à 19h55
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